ANALYSE DES CONSTITUANTS GLUCIDIQUES
DES PLANTES FOURRAGÈRES
1 —
FRACTIONNEMENT DES CONSTITUANTS DE LA MEMBRANE PAR LES HYDROLYSES ACIDES.
R.
JARRIGE
Janine JUNG,Christiane LE GALLO Jacqueline BILLON Station de Recherches sur
l’Élevage,
Centre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas.
SOMMAIRE
1
0
L’objet
de cette étude a été de mettre au point une méthoded’hydrolyse
acide des mem-branes qui permette d’estimer successivement, les hémicelluloses et la cellulose au cours du
dosage
de la
lignine.
L’influence de la durée del’hydrolyse
par S021I, 5p. 100( 1 ,
2, 3, 4, 6 et ioheures)
aété étudiée dans le but de déterminer une
durée optimum
permettant d’extraire laquasi
totalité des hémicelluloses sans causer dedégradation appréciable
de la cellulose.2
° Cette étude a été
poursuivie
survingt
échantillons de feuilles et detiges
de luzerne, de ray grass, dedactyle
et defétuque (tableau 2 ).
Les méthodes utilisées et les définitions des différents cons-tituants sont résumées par la
figure
I. La fraction hémicellulose a été estimée par lepouvoir
réduc-teur
(x 0 , 0 )
del’hydrolysat
parS0zH!
5 p. 100 et la cellulose par lepouvoir
réducteur( X
0,0)de
l’hydrolysat
par SOZH4 72 p. 100. Les sucres de ces hydrolysats ont été séparés par chroma-tographie
surpapier
et mesurés par la méthodecolorimétrique
de So!toGW . Les résultats détaillés sont donnés par les tableaux IOà21 )
et les moyennes pour les feuilles ettiges
de luzerne et de ray grass par lesfigures
3 à 6.3
°
Quand
la durée del’hydrolyse
par S02Hq 5 p. 100a augmenté la teneur dechaque
constituant des membranes aprésenté
une évolution relativement semblable dans tous les échantillons étudiés :- - la
lignocellulose
a diminué suivant une loi curvilinéaire(fig. 2 ) ;
- la
lignine
brute a diminué mais defaçon
très lente ;- les hémicelluloses ont augmenté parce que
S02H, !
p. 100 ahydrolysé
uneproportion
croissante des
xylanes
et des hexosanes totaux(fig.
9) tandis que les arabanes sont demeurésapproxi-
mativement constants ;
- la cellulose a présenté une diminution traduisant d’abord celle des
xylanes
résiduelspuis
celle des glucosanes ;
- une fraction croissante des
xylanes
a été détruite àpartir
des qe-6e heures.4
° Des différences entre les échantillons ont
cependant
été notées avecl’espèce, l’organe
etle traitement antérieur. Les
xylanes
desgraminées
ont étéhydrolysés beaucoup plus rapidement
que ceux de la luzerne et ont subi une destruction
plus importante
(tableau 6). L’extraction des substancespectiques
a peu modifié l’évolution des différentes fractions membranaires des échan- tillons de luzerne en fonction de la durée del’hydrolyse
parS02I-I.
5 p. Iaa. Le mode de dessication des échantillons et la méthode d’extraction desglucides cytoplasmiques
ne semblent exercerqu’une
influence limitée
qui
devra êtreprécisée.
5
° Il est apparu
impossible
de réaliser par leshydrolyses sulfuriques
uneséparation
absolueentre les hémicelluloses et la cellulose des membranes étudiées.
Cependant
unehydrolyse de 3 heures
par
SOzH4
5 p. 100 permet d’extraire lamajeure partie
des xylanes(fig.
9) sans,probablement,
attaquer la cellulose defaçon importante ;
elle permet de recouvrer unequantité
maximum despolysaccharides
totaux, de limiter la destruction desxylane·
et d’obtenir unelignocellulose
rela-tivement pauvre en azote. Les estimations des hémicelluloses, de la cellulose et de la
lignine
obtenuespar ce fractionnement ont été discutées ; il a été
souligné qu’il
n’existait pas de méthode de référence dedosage
de ces constituants et que leur définition même était très incertaine.6&dquo; Le résidu de
l’hydrolyse
par502H,
5 p. Iaapendant 3 heures
oulignocellulose
doit êtremieux défini que la cellulose brute. Il contient la
quasi
totalité de la cellulose et de la lignine et aune
composition
moius variable d’unfourrage
il l’autre. Il serapproche
de la « normal acid fibre » utilisée enGrande-Bretagne
et devrait, êtrethéoriquement
un critère intéressant de ladigestibilité
de la
plante.
- ---
INTRODUCTION
Pour étudier la
composition
et la valeur nutritive desplantes fourragères,
ilfaut
disposer
de méthodesd’analyse
satisfaisantes de leurs constituantsglucidiques (jo
à 75 p. Ioo de la matièresèche).
Ceux-ci serépartissent
en deuxcatégories ;
d’une
part,
lesglucides
ducytoplasme comprenant
les sucres, lespolyholosides
àcourte chaîne ou
oligosaccharides
et lespolyholosides
de réserve : fructosanes-amidon ;
d’autrepart,
lesglucides
de lamembrane,
cellulose(p glucosane),
hémicellu-loses et substances
pectiques, auxquels
on rattache lalignine.
La méthode
d’analyse classique, proposée
voici un siècle par HENNEBERG etSTOHM.!!!,
lessépare
en deux fractions : la cellulose brute et l’extractif non azoté.Elle a
permis
dedégager
lesprincipales
variations de lacomposition
desfourrages
et d’établir des relations entre le coefficient de
digestibilité
et la teneur en cellulosebrute. Elle est
cependant trop grossière,
tant dupoint
de vuebiochimique
que nutri- tionnel.La cellulose brute et l’extractif non azoté sont en effet deux
mélanges
arbitraires et infidèles(NoRMA:!
1935 ; CRAMPTON et MAYNARDIc!38 ;
Louw 1941 ; BONDI et MEV E
R 1943 ; NORDPEI,T et al. 1949 ; ARMSTRONG et THOMAS I950 ; PAI,OHEIMO 1953
; FAUCONNEAU et
JAPRIGE 1957).
La cellulose brute contient la
majorité
de la cellulosevraie,
un résidu d’hémi- celluloses et une fraction de lalignine
très variable avecl’espèce
et le stade de déve-loppement.
L’extractif non azotécontient,
à côté desglucides cytoplasmiques
et desacides
organiques, plus
de la moitié des constituants de la membrane dont la totalité des substancespectiques,
laquasi
totalité des hémicelluloses et uneproportion
va-riable de la
lignine :
il neprésente
aucunesignification
sinon de mesurer notreigno-
rance,
laquelle porte
sur 40 à 45p. Ioo de la matière sèche dufourrage.
Arbitraire sur le
plan biochimique,
cetteséparation
12demeure sur leplan
nutri-tionnel,
avant tout parce que la cellulose vraie est trèsdigestible,
alors que lalignine
est, enprincipe, indigestible.
Sauf dans le cas deslégumineuses
pures, la cellulose brute a un coefficient dedigestibilité
très voisin de celui de l’extractif nonazoté,
voiresupérieur
dans le cas desensilages (cf.
FAUCONNEAU etJ ARRI GE 1955 ).
La teneuren cellulose brute est
cependant
un critère intéressant del’âge
et, parlà,
de ladiges-
tibilité du
végétal.
Après
avoir dénoncé les insuffisances de la cellulosebrute,
de nombreux auteurs ontproposé
soit de lacompléter
par ledosage
d’autresfractions,
soit de l’abandonner pour des méthodesplus complètes.
Le tableau I réunit lesprincipales
de ces propo- sitions et lesrépartit
en deuxcatégories,
en fonction de leursobjectifs
et de leurspossibilités
d’utilisation :a)
Lapremière catégorie
groupe les méthodesqui remplacent
la cellulose brute par un résiduqui
serait un meilleurcritère,
soit de laproportion
des constituantsmembranaires,
soit de ladigestibilité
dufourrage.
Elles ont été conçues pour estimerrapidement
la valeur nutritive desfourrages
dans les laboratoires de contrôle. Laplus prometteuse
est celle de la «normal acid fibre» (WA L KER
et HEPBURNz955a)
utiliséeen
Grande-Bretagne
dans les étudespoursuivies
dans les trois Instituts deRo«·kTT,
de HURLEY et d’AB!RYSTWY TH.b)
La deuxièmecatégorie
réunit les méthodesd’analyse
détailléequi comportent
la détermination des
principaux
constituantsglucidiques,
notamment de ceux desmembranes. Les
plus
récentes d’entre elles utilisent lachromatographie
surpapier
pour
séparer
les sucresprovenant
del’hydrolyse
despolysaccharides (HaRwoov
1953, GAILLARD195 8
a ; WmTE et GORROD 1959b).
Ce sont des méthodes de re-cherches, trop longues
pour les laboratoires de contrôle.Elles
comportent
toutes ledosage
de lalignine,
considérée comme le meilleur critère de ladigestibilité
dufourrage.
Lalignine
étant le résidu obtenuquand
on aenlevé tous les autres constituants du
fourrage,
sondosage
est trèslong
et nécessiteune série d’extractions successives
(NoRn2..!x
etJE NKINS
1935 ; ELUS et al.zg46 ;
ApMiTAGE et al.
1 94 8) :
- par les solvants
organiques
pour extraire les matières grasses, lespigments
et une
partie
des autres constituantscytoplasmiques ;
- par un acide dilué
(le plus
souventSO Z H 45
p. 100àl’ébullition)
pour extraire les hémicelluloses et lamajorité
des constituantscytoplasmiques résiduels ;
ce traite-ment
peut
êtrecomplété
par unedigestion enzymatique
des matièresazotées ;
- par
S0 2 H 4
72 p. iooqui hydrolyse
les constituantscellulosiques.
Nous avons
pensé
que ces traitementsreprésentaient
un schémalogique
de frac-tionnement
progressif
de laplante ;
ils devraientpermettre,
au cours dudosage
de lalignine,
d’obtenir une estimation desglucides cytoplasmiques,
des hemicelluloses et de lacellulose,
ces trois fractions étant dosées par la méthode commune dupouvoir
réducteur. Il faudrait pour
cela,
quel’hydrolyse
par l’acide diluépermette
d’extrairela totalité des hemicelluloses sans
dégrader
la cellulose et lalignine.
Des essais
préliminaires
nous ont montré queS0 2 H 4
5 p. 100(comparé
àS0 2 H 4
2,5 p. 100et à
S0 2 H 4
IOp.ioo) répondait
le mieux àl’objectif
recherché. Nous nous sommes alors limités à l’étude de la durée del’hydrolyse
parS0 2 H 4
5 p. ioo, dontnous
rapportons
ici les résultats.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Prinàpes
des méthodes.La
figure
i résume lesprincipaux
traitements de la méthode de fractionnement étudiée.Nous avons traité une
quantité
Importante (30-35g)
de chacun des échantillons étudiés par l’eau tiède,puis
par lemélange
alcool-benzène. Ces deux traitements ont extraits de 22 à !z p. 100 de la matière sèche (tableau 2) dont la totalité desglucides cytoplasmiques
(sucres-fructosanes),les matières grasses et une fraction
importante
de matières azotées, variant de 3o à G5p. ioo sui- vant les échantillons (tableau 4). Les résidus membranaires obtenus contiennent les constituants cyto-plasmiques
non extraits,principalement
des matières azotées, et la totalité des membranes àl’excep-
tion d’une
partie
des substancespectiques.
Des fractions de ce résidu membranaire ont été
hydrolysées
par SO.I12 p. 100(1’ IB’) pendant
six durées différentes : t-z-,3-4-6 et [0 heures. Les sucres provenant des hemicelluloses et des sub-
stances
pectiques
ont été dosés, d’abordglobalement
par lepouvoir
réducteur deshydrolysats
5 p. roo,puis
individuellementaprès séparation chromatographique
surpapier.
Dans
chaque
cas, le résidu del’hydrolyse
a été séché,pesé, puis hydrolysé
par SO.H2 72 p. 100(P/P)
qui
a extrait la cellulose et les hémicelluloses restantes. Leurs sucres ont été dosés d’abordglobalement
par lepouvoir
réducteur del’hydrolysat
72 p. 100puis
individuellement commedans le cas des
hydrolysats
5 p. 100. Choix desfourrages.
Nous avons voulu étudier des échantillons de
plantes fourragères
aussi nombreux et divers quepossible,
pour voir s’ils avaient un comportement semblable àl’hydrolyse.
S’il en était ainsi, la mé-thode de fractionnement commune à tous ces échantillons, aurait les
plus grandes
chances d’être satisfaisante pour lamajorité
desfourrages
utilisés sous nos climats.Nous avons donc choisi des feuilles et des
tiges
desprincipales graminées
etlégumineuses
four-ragères
prélevées à différents stades dupremier cycle
de croissance : luzerne(Medicago
sativa), ray grassanglais
(Lolium perenne), dactyle(Dactylis
glo1llerata),fétuque
des prés(Festuca p y atensis).
Le tableau 2 en donne la liste, les dates de récolte, ainsi que certains caractères
botaniques
et chi-nuques.
L’étude
complète
de la durée del’hydrolyse
parS04II2
5 p, 100 a été réalisée sur 5tiges
et 5 feuilles de luzerne, 2tiges
et ç feuilles de ray grass, itige
et i limbe dedactyle,
itige
et i limbe defétuque
després.
Sur unepartie
de certains de ces échantillons, des études annexes ontporté
surl’influence du mode de dessiccation, de la méthode d’extraction des
glucides cytoplasmiques
et del’extraction des substances
pectiques.
Enfin, pour permettre une meilleure comparaison
statistique,
nous avons soumis à deshydro- lyses pendant
3heures et ç heures seulement, d’autres échantillons detiges, gaines
et limbes de dac-tyle
et defétuque
ainsi que IOéchantillons de ray grassanglais
entiers et q échantillons d’herbe mixte de pâture.Récolte et traitements
préliminaires
des échantillons.Tous les
fourrages
utilisés pour étudier lacinétique
del’hydrolyse
parSO.H2
5 p. 100(tableau2 )
ont été récoltés par beau temps, dans le milieu de la
journée,
immédiatementcongelés
et ulté-rieurement
déshydratés
sous vide, sans avoir étédécongelés.
C’est sur lefourrage deshydraté
quenous avons séparé les feuilles et les tiges dans le cas de la luzerne et du ray grass, les limbes, les
gaines
et lestiges
dans le cas dudactyle
et de lafétuque.
Les échantillons obtenus ont été
broyés puis
soumis à trois extractions successives par l’eauau bain-marie à 40° ; cette
température
a été choisie parcequ’elle
est voisine de celle du rumen(cf.
J
ARRIGE
1961). Leliquide
a été décanté entrechaque
extraction ; le résidu transféré sur le filtreaprès
la troisième extraction, a été lavé, desséché à l’étuve à 70°, pesé
puis dégraissé
au Soxhlet par lemélange
alcool-benzène( 2 : i) pendant
16 heures.Hydrolyses
acides.Pour chacune des durées
d’hydrolyse
étudiées (1, 2, 3, 4, 6 et la heures comptées àpartir
dudébut de
l’ébullition)
troisprises
d’environ 30o mg de résidu membranaire ont étéhydrolysées
par 60cc de
SO z H 4
5p. loo(P/v) ( 20
cc par ioo mg deproduit).
Leshydrolyses
ont été réalisées à l’ébul-lition sous reflux dans des
Erlenmeyers
à col rodé de 300ceplacés
dans un bain d’huile( 120 °) ; quelques
gouttes d’alcool
octylique
ont étéajoutées
mais elles n’ont pastoujours empêché
la formation demousse dans le cas des feuilles de luzerne.
Les hydrolysats ont été filtrés sur des Buchners garnis d’une rondelle tarée de papier filtre sans cendres ; le résidu a été entraîné et lavé
plusieurs
fois par de petitesquantités
d’eau et séché à l’acé- tone. Il a étédéshydraté
à l’étuve, pesé,séparé
dupapier
filtre et transféré dans unpetit
bécher de3
o ce ou il a été
hydrolysé
par de l’acidesulfurique
72 p. 100(P/P) ( 2
cc p. 100mg de résidu)
à la tem-pérature
de lapièce pendant
4heures. On apris
soin d’écrasercomplètement les particules
de résiduau cours de la
digestion. 1,’hydrolysat
a été ensuite transféré dans unErlenmeyer
à col rôdé, étendupar de
l’eau distillée de façon à amener la concentration de l’acidesulfurique
à environ 5 p. ioo(P/V)
et maintenu à l’ébullition sous refluxpendant
3 heures.Comme
précédemment,
la filtration a étéopérée
sur un buchnergarni
d’une rondelle depapier
sans cendres ; le résidu lavé a été séché à l’étuve,
pesé, puis
calciné au four à 550°pendant
2 heures.Traitements des
hydrolysats.
Pour
chaque
duréed’hydrolyse
de chacun des résidus, nous avons donc eu 3hydrolysats
5 p. ioo et 3hydrolysats
72 p. ioo. Une partie de chacun d’eux (50 cc sur 200cc) a été neutralisée par Na OH aupH
mètre. Nous en avons déterminé, lepouvoir
réducteur par la méthode iodométrique deSontocYi
( 1952 ).
Nous en avons, d’autre part,
mélangé
des fractions neutraliséeségales
defaçon
à fairel’analyse chrotnatographique
d’un seulhydrolysat
5p. ioo et d’un seulhydrolysat
72p. 100pourchaque
essai.Chaque mélange
a été évaporé dans descapsules
à l’étuve à vide(température
40°) et les sucresextraits du résidu par de l’alcool 95 p. 100 ; la solution
alcoolique
a été filtréepuis évaporée
à sontour et le
mélange
de sucres dissous parquelques
cc d’eau bidistillée et filtré.Les sucres ont été
séparés
surpapier
Arches 302 par lemélange
acétated’éthyle ( 3 ),
acide acé-tique (i),
eau( 3 ) (J ERMYN
et IsttExwooD1949 ).
Les spots(en
double ou entriple
pourchaque mélange)
ont été localisés par la révélation de bandes témoins par l’oxalate d’aniline à l’étuve à 105- 110°. Nous avons
découpé séparément
les bandescorrespondant
auxylose,
à l’arabinose, auglucose
des
hydrolysats
72p. ioo et auglucose
-!galactose
deshydrolysats
5p. ioo. Le solvant utilisé nesépare pas suffisamment le
glucose
dugalactose,
cequi
n’a pas une trèsgrande importance
dansnotre étude, car les
galactanes
sont peu abondants dans lesfourrages (GAILLARD
1958) et rapide-ment extraits par l’acide 5 p. 100. Par contre, ce solvant
présente l’avantage
deséparer
defaçon rapide
et satisfaisante le xylose de l’arabinose d’une part, l’arabinose des hexoses d’autre part.Les sucres séparés ont été dosés par la méthode
colorimétrique
de NELSOx-So:ttocm, 1952 ; les lectures ont été faites au colorimètre Lumetron Photovolt( 490 ),
une courbe témoin dechaque
sucre
(xylose-arabinose-glucose)
étant établie àchaque
série. Pourexprimer
la teneur dechaque
sucreen pourcentage de la matière sèche du
fourrage,
nous avons admis que :- les
proportions
relatives dechaque
sucreaprès séparation chromatographique
sont les mêmesque dans
l’hydrolysat,
en d’autres termes que les différents sucres subissent des pertes relatives semblables au cours des différentesopérations (concentration,
extraction, filtration,chromatogra- phie,
élution, etc...). ).- les sucres sont les seuls constituants réducteurs de
chaque hydrolysat.
Calcul et
expression
des yésultats.Les tableaux la à 19 contiennent les résultats détaillés des
hydrolyses
dechaque
échantillon.Les
figures
3 à 6 donnent les moyennes des échantillons de chacun des types defourrages :
5tiges
de luzerne, 5 feuilles de luzerne, 2
tiges
de ray grassanglais,
4feuilles de ray grassanglais (limbes
et
gaines
non séparés), 2limbes dedactyle
etfétuque
des prés, 2tiges de dactyle etfétuquedes
prés.Voici la définition de tous les termes utilisés,
exprimés
enpourcentage
de la matière sèche de l’échantillon(et
non du résidumembranaire) :
- résidu membranaire : résidu obtenu
après
extraction dufourrage
par l’eau,puis
par le mé- ange alcool-benzène ;- lignocellulose : résidu sec de
l’hydrolyse
par l’acidesulfurique
5p. Ioo ; il n’a pas été calcinépuisqu’il
a étérepris
pour l’hydrolyse 72 p. ioo ; il contient donc des matières minérales ;-
lignine :
résidu sec del’hydrolyse
par l’acidesulfurique
72p. ioo(suivie
de lapost-hydrolyse
par
S0 2 H 4
5p.joo)
déduction faite des cendres obtenues par calcination à 550° : ils’agit
donc de lalignine
brute contenant des résidus azotés.- hémicelluloses :
pouvoir
réducteur del’hydrolysat
5 p. iooexprimé
englucose
etmultiplié
par le facteur 0,9admis par la
plupart
des auteurs ;- cellulose :pouvoir réducteur de
l’hydrolysat
72p. ioo,exprimé
englucose
etmultiplié
par le facteur 0,9 ;-
xylanes :
0,9 X teneur enxylose
dechaque hydrolysat;
- arabanes : 0,9 X teneur en arabinose de
l’hydrolysat
5p. 100 ;- hexosanes 5 p. 100 : 0,9 X teneur en
(glucose
+galactose)
del’hydrolysat
5 p. ioo ;-
glucosanes
72 p. 100 : 0,9 X teneur englucose
del’hydrolysat
72 p. ioo ; ilcorrespond
à lacellulose vraie.
Il est
important
desouligner
que nousemplovons
le terme d’hemicelluloses dans un sens trèsparticulier :
ildésigne
l’ensemble despolysaccharides
extraits par SOgHa 5p. 100et mesuré par lepouvoir
réducteur del’hydrolysat
(X 0,0). Cespolysaccharides
extraitsproviennent
simultanément des hemicelluloses proprement dites et des substancespectiqucs (sauf
mentionspéciale
)et devraientêtre
plutôt appelés polysaccharides
non cellulosiques. Nous avonspréféré
le terme d’hémicelluloses parce qu’il est plus facile àemployer
et que les substancespectiques
sont très peuimportantes
dansle cas des
graminées.
Notons enfin que cette estimation des hemicelluloses à partir dupouvoir
réduc-teur de leur
hydrolysat
présente un certain nombre d’insuffisancesthéoriques
etanalytiques qui
seront discutées
plus
loin.RESULTATS
Ligvcocellulose et lignine.
Pour comparer l’évolution de la
lignocellulose
des différentstypes
defourrages,
en fonction de la durée de
l’hydrolyse
parSO I H 2
5p. ioo, nous l’avonsexprimée
dansla
figure
2 enpourcentage
du résidu membranaire.On constate ainsi que la
majeure partie
de la matière sèchehydrolysable
estextraite au cours de la
première heure ;
lalignocellulose représente
alors55 à 65
p. 100 du résidu membranaire dans les
tiges,
45à 50p. ioo dans les feuilles de luzerneet les limbes de
graminées.
Elle continue à diminuer au cours des heures suivantes mais à une vitessedécroissante ;
elle diminuecependant plus
vite chez les feuilles et lestiges
de luzerne que chez les
tiges
degraminées,
les limbes et les feuilles degraminées ayant
un
comportement
intermédiaire.Malgré
ces différences entre familles dans la vitessed’hydrolyse,
il est intéressant de noterqu’on
obtient des valeurs du même ordre(toujours rapportées
au résidu mem-branaire)
pour un organedonné, indépendamment
de la famille.Ainsi,
parexemple,
les
lignocelluloses
obtenuesaprès
unehydrolyse
de 3 heures sont de :- 34 à 40 p. ioo dans les feuilles de
luzerne ;
- 37 à 44 p. Ioo dans les limbes degraminées ;
- 5o à 60 p. ioo dans les
tiges
deluzerne ;
- 52 à 55 p. 100 dans les
tiges
degraminées (dactyle -fétuque
et raygrass).
Pour l’ensemble des 20
échantillons,
la teneur enlignine
brute diminue enmoyenne
quand
la durée del’hydrolyse
5p. iooaugmente : exprimée
enpourcentage
des valeurs iheure,
elle est de03 , 4 - 00 , 4 - 00 ,6-8 5 ,6
et8 3 , 4
p. ioorespectivement
au bout de 2, 3, 4, 6 et io heures. La diminution estplus
élevée au cours de la 2eheureet au-delà de 4
heures,
mais relativement faible entre 2et 4heures. Elle variebeaucoup
d’un échantillon à l’autre dans son
amplitude
et dans sarégularité,
comme lemontre l’examen des résultats détaillés. Elle est sensiblement
plus
élevée etplus régu-
lière pour les luzernes que pour les
graminées.
Leslignines correspondant
à unehydro- lyse
de 3 heures sont ainsi de l’ordre de :-
85
à go p. ioo pour les feuilles ettiges
deluzerne ;
- g5 à ioo p. zoo pour les feuilles et limbes de
graminées ;
-
8 5
à go p. ioo pour lestiges
degraminées.
La
fraction
hemieellulose et ses constituants.La
quantité d’hémicelluloses,
c’est à dire despolysaccharides
extraits par l’acidesulfurique
5 p. 100,augmente
avec la duréed’hydrolyse
suivant une loi curvilinéaire.Elle
augmente
defaçon
trèsimportante
chez la luzerne et cecijusqu’à
la ioeheure : elleprésente
alors des valeurs moyenneségales
à15 8
p. ioo des valeurs i heure dans lecas des feuilles
(figure 4 ),
à 177p. 100dans celui destiges (figure 3 ).
Elle
présente
uneaugmentation plus
limitée chez lesgraminées, plus particuliè-
rement dans les
tiges (figures
5et6) ;
elle atteint au bout de 4 à 6 heures un maximum de 5 à 20p. ioosupérieur
à la valeur iheure ;
elle diminue ensuite soit très lentement(feuilles
de raygrass)
soitrapidement (tiges
dedactyle
et defétuque). Toujours rapportées
à la valeur lheure,
les teneurs en hémicelluloses obtenuesaprès
unehydro- lyse
de 3 heures sont de I30 à 140p. 100pour les luzernes et de io5 à Ils p. ioo pour lesgraminées.
Les
hydrolysats
de cette fraction hémicelluloses contiennenttoujours quatre
sucres :
xylose,arabinose,glucose
etgalactose
que nous avons dosés. En outre, nousavons souvent observé sur le
chromatogramme
delégers spots
que nous n’avons pas identifiés : en avant duxylose (méthyl pentoses?),
entre l’arabinose et leglucose (mannose?),
entre legalactose
et laligne
dedépart.
Ces derniersspots correspondent
sans doute à des
produits d’hydrolyse incomplète
desxylanes
contenant des unitésuroniques
et ont étéfréquents
dans leshydrolysats
i heure et 2heures, plus spécia-
lement dans ceux des
dactyles
et desfétuques.
La
composition
de la fraction hémicelluloses extraite évolue avec la durée del’hydrolyse (figure 7 )
parce que les différentspolysaccharides
sonthydrolysés
à desvitesses variables. Chez tous les échantillons les arabanes sont en
quantité
relativementfaible,
de l’ordre de 2 à 3 p. 100 de la matière sèche. Ils sonthydrolysés
enmajeure partie
au cours de lapremière heure ;
parrapport
à cettevaleur,
ilsprésentent
enmoyenne un maximum au bout de 6 heures dans les feuilles de luzerne
( 124
p.100 ),
de 4 heures dans les
tiges
de luzerne( 117
p.100 ).
Chez lesgraminées,
ilsprésentent
aucours des trois
premières
heures des concentrations du même ordre avec u a m zx11n’irnà 3 heures
(ro 3
à I07 p.100 )
et diminuent ensuite sensiblement. On observe aussi des variationsimportantes
entre les échantillons à l’intérieur dechaque
famille.Il faut
souligner cependant
que l’estimation de l’arabinose est entâchée d’une erreurrelative
plus importante
que celle des autres sucres.La
quantité
dexylanes
obtenue en fonction de la durée del’hydrolyse
évolueégalement
defaçon
très différente chez les luzernes(non dépectinisées)
et lesgrami-
nées. Elle
augmente rapidement
chez les luzernes et atteint au bout de 6 heures unmaximum
égal
à 160 p. 100et à z55 p. IOOde la valeur iheure, respectivement
pour les feuilles et pour lestiges ;
elle diminue ensuite entre 6 heures et 10heuresbeaucoup plus
nettement dans les feuilles que dans lestiges.
Chez lesgraminées,
aucontraire,
les
xylanes présentent
uneaugmentation beaucoup plus
limitée : 10 à 15 p. 100pour le ray grass, 5p. IOOpour la
fétuque,
au bout de 4 à 6 heures dans les deux cas.Mieux,
lesxylanes
diminuent avec la durée del’hydrolyse
dans le cas destiges
etdes limbes de
dactyle.
Ils diminuent d’ailleurs chez tous les échantillons degraminées
entre 6 et io
heures, plus particulièrement
pour les limbes ettiges
dedactyle
et defétuques :
ilsprésentent
alors au bout de io heures des valeurségales
à 75 à 80 p. 100 des valeurs i heure.La
quantité
d’hexosanesaugmente
avec la durée del’hydrolyse
chez tous leséchantillons,
suivant une loigrossièrement
curvilinéaire.L’augmentation
relativeest
approximativement
du même ordre pour les feuilles deluzerne,
les feuilles(ou limbes)
et lestiges
degraminées,
maisbeaucoup plus
élevée povr lestiges
de luzerne.En p. 100 des valeurs i
heure,
les hexosanes 10heures sont de19 6, 2 8 9 ,
213 et1 65
p. IOO
respectivement
pour les feuilles et lestiges
deluzerne,
les feuilles et lestiges
de
graminées.
L’évolution du
pourcentage
d’hémicelluloses avec la duréed’hydrolyse
est essen-et diminuent ensuite très peu. L’évolution des hémicelluloses des
graminées
traduitavant tout celle des
xylanes qui
sontproportionnellement beaucoup plus importants
que chez les
légumineuses (cf. augure 7 ) ;
elle passe donc par un maximum entre 4heures et 6 heures et diminue ensuite parce que
l’augmentation
des hexosanes estplus
faible que la diminution desxylanes.
La
fraction
cellulose et sesconstituants.!
Chez tous les échantillons
étudiés,
la fraction cellulose extraite parS0 4 H 2
72 p. 100 diminue
quand
la durée del’hydrolyse
parS0 4 H 2
5 p. 100augmente.
Outre le
glucose,
elle contient des traces de mannose et unequantité
variable dexylose ;
deplus,
elle aprésenté
engénéral
des traces d’arabinose dans les feuilles etles
tiges
de ray grass, dedactyle
et defétuque après
unehydrolyse
5p. ioo de i heure à 3heures. 1
Le
xylose
diminue trèsrapidement,
suivant une loi curvilinéaire assez semblable pour les différents échantillons : les valeurs 3 heures sont environ deux foisplus
faibles que les valeurs i heure et les valeurs IO
heures,
5 à IO foisplus. Après
ioheures
d’hydrolyse
5 p. ioo, leshydrolysats
72 p. ioo des feuilles de luzerne ne con-tiennent que des traces de
xylose,
décelables sur leschromatogrammes
maistrop
faibles pour être dosées.I,e
glucose,
aucontraire, présente
une diminution sensiblement linéaire et limitée.Celle-ci est
plus
faible dans lestiges
que dans les feuilles ou les limbescorrespondants ;
elle est