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Denis Creissels, Éléments de syntaxe générale

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Cahiers de praxématique 

27 | 1996

Syntaxe et figuration du monde

Denis Creissels, Éléments de syntaxe générale

Michèle Noailly

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/praxematique/3010 DOI : 10.4000/praxematique.3010

ISSN : 2111-5044 Éditeur

Presses universitaires de la Méditerranée Édition imprimée

Date de publication : 2 janvier 1996 Pagination : 165-167

ISSN : 0765-4944 Référence électronique

Michèle Noailly, « Denis Creissels, Éléments de syntaxe générale », Cahiers de praxématique [En ligne], 27 | 1996, document 12, mis en ligne le 01 janvier 2015, consulté le 22 septembre 2020. URL : http://

journals.openedition.org/praxematique/3010 ; DOI : https://doi.org/10.4000/praxematique.3010 Ce document a été généré automatiquement le 22 septembre 2020.

Tous droits réservés

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Denis Creissels, Éléments de syntaxe générale

Michèle Noailly

RÉFÉRENCE

P.U.F., Paris, 1995, 332 p..

1 Le livre de Denis Creissels, Eléments de Syntaxe Générale, repose sur l’idée forte et incontestable qu’on ne peut « appréhender correctement le fonctionnement d’une langue qu’en prenant par rapport à cette langue le recul que seul permet l’approche contrastive ». Ces Eléments en sont une parfaite illustration : ils mettent en regard des faits empruntés à des langues de typologies extrêmement diverses (avec, entre autres, de fréquentes références au zarma, au bambara, au hongrois, mais aussi, bien sûr, aux langues occidentales, en particulier aux langues anciennes et au français). La réflexion est conduite sur un ton très personnel, l’auteur marquant dès l’introduction sa distance à l’égard des grandes théories en vigueur. Malgré le titre, modeste puisque sans prétention d’exhaustivité, l’ouvrage couvre l’ensemble des problèmes que se posent tous ceux qui veulent faire sérieusement de la syntaxe. L’introduction détaillée fournissant un aperçu précis du contenu de chacun des chapitres suivants, je ne reprendrai pas ici cet inventaire, et dirai plutôt les impressions les plus fortes que laisse la lecture de l’ouvrage.

2 Le souci le plus constant de D. C. est une grande défiance à l’égard des notions grammaticales les plus élémentaires et les mieux établies. « En syntaxe, écrit-il, il faut se méfier des choses apparemment les plus évidentes » (p. 38). Une telle discussion des concepts fondamentaux conduit parfois notre auteur à reprendre des analyses ailleurs bien diffusées et connues : c’est le cas, par exemple, lorsqu’il s’agit (p. 26-27) d’opposer syntaxiquement les « indices pronominaux » (clitiques) aux « noms déictiques » (pronoms personnels disjoints), au nom que les premiers, bien que coréférents d’expressions nominales, ne leur sont en aucune façon assimilables. Mais le plus

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souvent, cette préoccupation conduit à une remise à plat salutaire et profitable. Ainsi lorsqu’il s’agit de la répartition adjectifs/substantifs : je suis entièrement d’accord avec D. C. écrivant : « Les prétendus tests distributionnels généralement invoqués pour justifier la séparation que fait la grammaire française entre substantifs et adjectifs, si on se donne la peine de les appliquer de façon tout à fait honnête, s’avèrent inopérants ». Plus loin, de même, c’est une remise en cause de la catégorie des adverbes, catégorie fourre-tout (p. 137), qui n’obéit en totalité à aucun test commun ; ailleurs, c’est une nouvelle définition des tiroirs verbaux, au nombre de trois (le rétrospectif, l’éventuel, l’inactuel). Quand il s’agit des fonctions, si celles de sujet et d’objet (au sens « objet direct ») sont reconnues douées de propriétés remarquables, les autres compléments, regroupés sous le vocable « adjet », n’ont de commun que de ne pas manifester un « maximum de solidarité avec le prédicat verbal », et le classement de ces compléments « reste entièrement à construire » (p. 246). Enfin, dans le domaine des voix, D. C. impose facilement l’abandon de la notion de voix active : ces formes-là, dit-il, sont en réalité non marquées pour la voix. Dès lors, il en reste trois autres : la voix passive, avec être, la voix moyenne, avec se, et la voix causative, avec faire.

3 Dans tous ces chapitres successifs, l’autre grand souci de D. C. est l’absolue nécessité d’articuler dans l’analyse des énoncés les points de vue syntaxique, discursif et référentiel. L’écart du syntaxique et du conceptuel est essentiel par exemple à l’étude du constituant nominal : cette catégorie a certes un ancrage conceptuel (qui, pour D. C., est le nom propre), mais l’ensemble des noms ne présente pas pour autant des caractéristiques conceptuelles constantes qui les distingueraient à coup sûr des unités appartenant à d’autres catégories grammaticales. Ailleurs, et à propos des verbes, il faut d’abord, écrit-il, « délimiter des sous-ensembles morphologiquement homogènes de formes verbales sans préjuger de la nature exacte des significations impliquées ».

4 Au delà de ces grands principes, l’intérêt du livre de D. C. est aussi dans le ton. On trouve à chaque page, à chaque phrase, un mélange très personnel de prudence et de sûreté, de calme attentif et de vigoureuse fermeté. C’est ainsi qu’abondent des tours comme « il serait peut-être imprudent d’affirmer que… » ou « il ne serait pas raisonnable de… », « il semble qu’il ne serait pas raisonnable de… », à côté de formulations plus passionnées comme « il est aberrant de… » ou « il serait urgent de… » (en l’occurrence, « il serait urgent de réformer la terminologie grammmaticale », p. 120). On voit que notre auteur, s’il n’est jamais péremptoire, sait être catégorique ! Ce ton très personnel, joint à la limpidité tranquille de la démarche, rend la lecture de l’ouvrage vraiment agréable, et cela aussi bien, il me semble, pour le linguiste

« professionnel » que pour des étudiants soucieux d’asseoir leurs connaissances en syntaxe générale.

5 Dans le détail, on peut bien sûr n’être pas d’accord sur tout : par exemple, je ne vois pas trop l’intérêt qu’il peut y avoir à poser le nom propre de personne comme prototype des constituants nominaux. Je ne suis pas très convaincue non plus par la définition de l’objet comme type formel de complément « qui manifeste par l’ensemble de son comportement syntaxique un maximum de solidarité avec le verbe ». Il y a incontestablement un petite étourderie dans l’analyse de l’exemple 20 de la page 121, et l’appel au « sentiment linguistique » de la page 304 me semble discutable : pour ma part, je ne perçois pas l’énoncé qu’il prenne cette chaise comme une phrase incomplète.

Mais cela importe bien peu, devant la qualité de l’ensemble.

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6 Pour finir, je ferai une remarque d’ordre pratique. L’ouvrage de D. C. comporte un nombre très réduit de renvois aux auteurs du domaine, ce dont il se justifie lui-même dans son introduction. Non seulement la bibliographie finale propose peu de titres, mais dans le corps même de l’ouvrage, il n’est cité à peu près personne, à l’exception de Jespersen une fois, et, plus régulièrement, de Tesnière (p. 16, 46, etc.), pris visiblement comme auteur de référence. Cette disposition délibérée, finalement, ne fait que rendre la lecture plus unie, et, au fond, contribue à l’agrément général. En bref, on l’aura compris, j’aime beaucoup cet ouvrage et j’en recommande vivement la lecture.

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