DANS LE PLACARD
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Scénario écrit par B. Nassim
PROJET COMMUN SCÉNAGORA AYANT POUR THÈME LE MENSONGE
SÉQ. 1/ INT. JOUR/ À L'INTÉRIEUR D'UN PLACARD SÉQ. 1
Dans un tohu-bohu, une femme en petite tenue (LA MAÎTRESSE) est entrée de force dans un placard par une personne dont, à cause de la rapidité de la scène, on ne distingue même pas la
silhouette. La porte du placard se referme alors sur elle et, sans même avoir eut le temps de dire "ouf", La Maîtresse se retrouve ainsi au milieu de chemises suspendues à un cintre et autres pantalons. Au même moment, une voix-off émanant de
l'extérieur du placard (celle du MARI) se fait entendre à laquelle…
LE MARI :
Oh ! Chérie ! Tu es là ?
…une autre (celle de LA FEMME) lui répond…
LA FEMME :
Oui, et ça faisait déjà un petit moment à vrai dire…
LE MARI :
Ah ? ! Et ton colloque sur le gaspillage de l'eau ?
LA FEMME :
Annulé faute de public. Faut croire que ça n'intéresse pas grand monde de parler de ce genre problème…
LE MARI :
Tu parles d'un monde de branleurs ! Faudra pas venir pleurnicher le jour où tous les robinets seront à sec !
LA FEMME : Tu m'étonnes…
Alors que Le Mari et La Femme continuent de discuter entre eux et que leur discussion résonne en bruit de fond, La Maîtresse, un peu à l'étroite dans le placard, se tourne alors sur elle- même et aperçoit, horrifiée, qu'une autre personne lui aussi en sous-vêtement (L'AMANT) est également présente dans le placard.
Terrifiée par cette vision plus qu'inattendue, La Maîtresse s'apprête alors, par réflexe, à crier d'effroi mais L'Amant intervient en lui mettant la main sur la bouche et, d'un signe de l’autre main, lui demande de se taire. Au même moment, à l'extérieur du placard, Le Mari et La Femme, tout en continuant leur conversation, finissent par sortir de la pièce où se trouve le placard. Se retrouvant seuls, La Maîtresse et L'Amant en
profitent alors pour se parler en chuchotant…
LA MAÎTRESSE :
M…Mais enfin, qui êtes-vous ?
L'AMANT :
J'allais justement vous poser la même question. Remarquez…(considérant de la tête aux pieds La Maîtresse)…à voir votre tenue, c'est pas difficile à comprendre…
LA MAÎTRESSE :
(mettant par pudeur ses mains devant sa poitrine)
Oh ! Et vous alors ! Vous pouvez parler ! Vous vous êtes regardé ?
L'AMANT :
Du calme ! Du calme ! Je ne cherchais pas à vous énerver !
Mais le mal est fait et malgré ces paroles d'apaisement, La Maîtresse, vexée, se détourne alors de L'Amant et, les bras croisés, se met à l'ignorer. Quand, au bout de plusieurs
secondes, la colère de La Maîtresse se mue inextricablement en un profond désarroi.
LA MAÎTRESSE : (se lamentant)
Merde ! Mais comment j'ai fait pour en arriver là ? Mes copines m'avaient
pourtant toutes prévenues : sortir avec une personne mariée n'apporte que des emmerdes ! Et moi, comme une conne, je ne les ai pas écouté ! Putain, mais pourquoi je l'ai pas fait ? Pourquoi ?
L'AMANT :
(interrompant La Maîtresse) Je ne suis pas de votre avis.
LA MAÎTRESSE :
(en se tournant vers L'Amant) Quoi ?
L'AMANT :
(il insiste en haussant un peu la voix)
Je ne suis pas de votre avis. Pour moi…
A cet instant, L'Amant, se reprenant, se remet à chuchoter.
L'AMANT :
Pour moi, ça ne sert à rien de chercher à mettre des barrières à ses sentiments.
L'amour, qu'on le veuille ou non, ça nous tombe dessus, comme ça, sans
prévenir et on n'y peut rien. Et essayer de lutter contre, au final, ce n'est que se mentir à soi-même…
LA MAÎTRESSE : Se mentir à soi-même ? L'Amant acquiesce de la tête.
LA MAÎTRESSE : (ironique)
Drôle de philosophie venant d'un type qui se cache dans un placard.
L'AMANT : (bafouillant)
Euh… Bon, c'est vrai… Sur ce coup là, vous avez pas tort mais…
LA MAÎTRESSE : (interrompant L'Amant) Chut ! Quelqu'un vient…
Aussitôt, La Maîtresse et L'Amant se taisent. Dans le calme qui prévaut alors, des bruits de pas grinçant sur le sol et qui semblent se rapprocher du placard se font entendre et font
frissonner de peur La Maîtresse et L'Amant. A raison car, après un hiatus d'une dizaine de secondes, la porte du placard s'ouvre alors subitement via Le Mari qui…
LE MARI : (ravi)
Coucou ! J'espère que je t'ai pas fait trop attendre mon amour !
…tombe alors nez à nez sur La Maîtresse. Son visage radieux se change aussitôt en surprise.
LE MARI :
(regardant, étonné, La Maîtresse) Mais… Mais qui êtes-vous et que faites- vous dans mon placard ?
Mais La Maîtresse, gênée, ne sait quoi répondre. Quand, tout à coup…
L'AMANT :
(sortant sa tête d'entre les deux jambes d'un pantalon suspendu à un cintre)
Mais enfin, voyons, mon sucre d'orge, tu ne devines pas ? Il s’agit de la maîtresse de ta femme, bien sûr !
LE MARI : (interloqué) La quoi ? !
