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LES ASPECTS PSYCHOLOGIQUES DE LA PELADE

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Academic year: 2022

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Maroc Médical, tome 28 n°1, Mars 2006 9 Résumé : Introduction : Le poil ou cheveux plus spécifiquement, joue un rôle primordial aussi bien dans la vie relationnelle que pour le sujet lui-même : ornement naturel, lien privilégié du narcissisme, et aussi le symbole, de la puissance et la virilité chez l'homme; de la séduction et la féminité chez la femme. La perte de cheveux " pelade " est une vraie catastrophe: blessure narcissique profonde, sensation de mise à nu…

Observations :La première patiente âgée de 22 ans a présenté une pelade suite au stress ayant accompagné la maladie du père.

Le bilan dermatologique s'est révélé négatif. L'examen psychiatrique a mis en évidence un mode de pensée opératoire.

La deuxième patiente âgée de 14 ans, nous a été adressé du service de dermatologie pour pelade d'apparition brutale sans facteurs déclenchant. Le bilan étiologique s'est révélé négatif. L'entretien psychiatrique a révélé des trais de personnalité hystérique.

Discussion :Bien que l'étiologie de la pelade soit multifactorielle, les facteurs psychologiques seraient déterminants..

Dans notre premier cas clinique, le stress était aigu, alors qu’il était chronique dans le deuxième cas. Les bénéfices secondaires pourraient entretenir le trouble, comme c’est le cas dans la deuxième observation. Le premier cas clinique illustre la decompensation d’une personnalité psycho-somatique

Mots-clés : pelade – psychosomatique.

Les aspects psychologiques de la pelade

Psycological aspects of the alopecia

A. Belaouchi, H. Amine, K. Raddaoui, J.E. Ktiouet

Iô©°ûdG hCG ô©°ûdG

Abstract :Introduction :Hair plays a primordial role both in relational life for the subject himself: natural ornament, privileged belonging of narcissism, and also a symbol of power and virility in man, of seduction and femininity in woman. The loss of hair

" alopecia " is a real catastrophe: deep narcissism injury, feeling of uncovering…

Observations : The first patient, aged 22, has shown an alopecia owing to stress which came with the father's disease.

Dermatologic results were negative, psychiatric exam showed.

The second patient, aged 14, was sent to us to dermatology service for alopecia of brutal appearance with no triggering factor, etiological results were negative. Psychiatric interview pointed out traits of a hysterical personality.

Discussion :Though alopecia aetiology is of various factors, psychological ones would be determining. In the first case the stress was acute, when as it was chronic in the second. Secondary benefit might could to maintain the disorder, than is a situation in the second case. The first case illustrates a decomposition of psychosomatique personality.

Key-words :alopecia – psychosomatic.

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Tiré à part :A. Belaouchi : Clinique universitaire hôpital Ar Razi. CHU de Rabat - Salé Maroc

Cas cliniques

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10 Maroc Médical, tome 28 n°1, Mars 2006

Les aspects psychologiques de la pelade A. Belaouchi et coll.

Introduction

La pelade est une chute soudaine de cheveux ou de poils en une zone unique ou en de multiples zones, par progression et confluence. Le cuir chevelu peut se dénuder, souvent de façon rapidement progressive.

Le revêtement cutané peut être considéré comme un organe à part entière, il a une place primordiale dans la vie relationnelle, il est le miroir des émotions et un organe de sens.

Les liens entre peau et psychisme ont été reconnus depuis longtemps, ainsi, l’importance de la peau dans la constitution de la psyché a été largement soulignée par les travaux de psychanalystes comme Winnicot et Anzieu [1].

C’est par le contact avec sa mère, par les soins, le toucher que l’enfant se perçoit comme une personne distincte de son environnement [1], le parallélisme entre les fonctions de la peau et les fonctions du moi a été repris par Anzieu sous le terme du « Moi-peau » [2]

Le poil ou cheveux plus spécifiquement est un ornement naturel, véhicule de la beauté, lien privilégié du narcissisme, il traduit puissance et virilité chez l’homme, séduction et féminité chez la femme.

Aussi bien dans sa partie discrète, intime, que dans sa partie apparente, le poil bénéficie de soins particuliers, d’investissement spécial surtout au cours de l’adolescence où son apparition et sa distribution marque le passage à l’âge adulte. Malheureusement, le manque ou l’excès du poil posent de grands problèmes.

La perte du poil, de la chevelure est donc d’ordinaire une catastrophe ; chez la femme, c'est une perte de sa féminité et de sa séduction, c’est plus une perte de la puissance chez l’homme.

Observations

De nombreux travaux dans le domaine de la psychosomatique ont tenté de repérer un lien entre des événements de la vie et le déclenchement ou la survenue d’une pelade [3]essentiellement par des patients chez lesquels la somatisation est le seul langage émotionnel possible [4]

Nous allons exposer le cas de deux patients qui ont présenté, dans des circonstances variables, une perte de la chevelure (pelade.)

L’intérêt de nos deux observations réside dans le fait que les patientes ont présenté une pelade à la suite d’évènement stressant. La prise en charge était multidisciplinaire (dermatologie-psychiatrie).

1èr cas clinique

Mlle G, âgée de 22 ans, issue d’une famille modeste, réside à Marrakech.

Il y a 2 ans, le père de Mlle G a présenté une maladie cardiaque grave et de survenue brutale qui a nécessite une prise en charge urgente avec grande somme d’argent.

Toute la famille s’est alors mobilisée pour rassembler cette somme en vendant tous ses modestes biens. Par la suite, la sœur de notre patiente a accompagné le père à Rabat pour qu’il puisse bénéficier de l’acte chirurgical, notre patiente est restée à Marrakech en compagnie de sa mère âgée.

Après son départ, la sœur est restée quinze jours sans donner aucune nouvelle du père, la patiente est restée inquiète et perplexe, n’ayant pas de moyens de communication, elle passait de longs moments à attendre le facteur ; quelques jours plus tard, la patiente a présenté une chute totale des cheveux dans un laps de temps de trois jours.

La patiente a consulté au service de dermatologie, elle a bénéficié d’un bilan étiologique qui s'est révélé négatif, et dans le cadre d’une prise en charge multidisciplinaire, elle a été adressée à la consultation psychiatrique.

L’entretien a trouvé une patiente voilée, le contact est laborieux, le discours se limite à des réponses brèves et concises, centrées sur une demande de soins (de sa pelade), l’humeur est dépressive.

L’examen de la pensée a trouvé un appauvrissement de la vie fantasmatique et une difficulté à décrire les états affectifs (hypercontrôles des émotions), on n’a pas relevé d’idée de culpabilité ni de velléités suicidaires.

Elle a facilement établi un lien direct entre les difficultés existentielles de la famille pendant cette période et la chute de ses cheveux.

2ème cas clinique

Mlle D, âgée de 14ans, l’aînée d’une fratrie de trois filles, a été adressée du service de dermatologie pour pelade : la patiente qui n’aurait pas d’antécédents psychiatriques notables, a présenté, il y a 7 mois et sans facteur déclenchant apparent, une chute progressive de ses cheveux, d’abord par des plaques puis en quelques jours la totalité de la chevelure.

Depuis, elle est suivie en dermatologie où un bilan étiologique fait s’est révélé négatif.

L’entretien a trouvé une patiente coquette qui porte le voile, le contact est familier, séducteur, très théâtral. Son discours est cohérent avec une forte demande d’aide à la limite du défi. L’humeur est légèrement dépressive, l'affect adapté, mais sans propos dépressifs.

La tante a révélé que depuis son enfance, Mlle D a toujours eu des difficultés avec son père qu’elle décrit comme rigide et autoritaire, alors que sa mère avec laquelle elle entretenait des contacts étroits, est soumise et passive.

La patiente est décrite comme une personne sensible, suggestible, ne tolérant pas les frustrations, pour que ses exigences soient accomplies, tous les moyens sont bons :

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Maroc Médical, tome 28 n°1, Mars 2006 11

A. Belaouchi et coll. Les aspects psychologiques de la pelade

crises de pleur, chantage, agitation…

Depuis l’apparition de la pelade, toute demande de la patiente est satisfaite (achats de vêtements, sorties…)

Discussion

La pelade est une maladie multifactorielle : à côté de prédisposition génétique et des mécanismes auto- immunitaires, une composante psychogène serait en cause. [5]

Deux conditions doivent être réunies en même temps : - Une vulnérabilité organique constitutionnelle ou acquise de l'organe cible: C'est le facteur X

- Une situation de déclenchement dite " situation de vie

" comme un deuil ou une contrariété soudaine. [6]

Selon certains auteurs, un stress est le plus souvent incriminé comme pouvant être à l’origine de cette chute de cheveux et/ou poils : un événement ou un changement stressant est incriminé dans 75% des cas au cours des semaines, ou des mois précédant la survenue de la pelade. [7]

Il est incontestable qu’il existe des cas de pelade après des chocs psychoaffectifs majeurs. Ces cas représenteraient, selon Miller 12% des cas ; il s’agit en général, de pelade de survenue brutale et d’extension importante, pouvant parfois aboutir à une pelade décalvante ou bien même universelle[7]

La pelade est une maladie psychosomatique à étiologie multifactorielle avec une participation psychique importante poussant à prêter attention aux facteurs émotionnels, relationnels, aux conditions de vie des malades et d’événements stressants : le stress peut être aigu ou chronique, dans notre premier cas clinique, c’était un événement de vie survenant de façon brutale (maladie du père), dans la deuxième observation clinique, la patiente vivait dans un état de stress permanent (l’autorité du père.) La pelade de la chevelure peut avoir des retentissements

sur le malade, sur son vécu et sur son insertion sociofamiliale et professionnelle.

Toutes les conséquences graves poussent le patient à avoir une très forte demande, à faire l’impossible pour récupérer sa chevelure (sacrifice matériel considérable, tour des marabouts, méthodes traditionnelles, chirurgie esthétique….)

Le foulard et la perruque chez la femme, la casquette chez l’homme jouent souvent le rôle de cacher la lésion.

En effet dans nos deux observations, les patientes portaient le voile.

Le statut du malade (pelade) pourrait apporter des bénéfices secondaires (affectif, matériel, social…) ce qui entretient les troubles, d’ailleurs, notre deuxième cas clinique illustre bien cette situation.

Certains auteurs ont d’écrit la personnalité psychosomatique pour ainsi définir un fonctionnement psychique particulier marqué par une carence de la mentalisation, un mode de pensé dit opératoire car accroché au concret, à la matérialité est centrée sur le présent. Les fantasmes apparaissent pauvres et les capacités de symbolisation sont réduites, c’est le cas de notre première observation clinique. Ce mode d’organisation psychique, s’il favorise l’adaptation sociale et la productivité, rend le sujet très sensible aux divers traumatismes de l’existence (deuil, blessure narcissique…) [6]

Pour casser le cercle vicieux, il faut une prise en charge multidisciplinaire essentiellement dermatologique et psychiatrique. Nos deux patientes ont bénéficié d’une collaboration entre dermatologue et psychiatre.

Conclusion

Le rôle des facteurs psychologiques semble déterminant dans la genèse de la pelade. La prise en charge multidisciplinaire s'avère prometteuse.

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Les aspects psychologiques de la pelade A. Belaouchi et coll.

Références

1. Winnicot D.W Processus de maturation chez l’enfant.

Paris : Payot, 1970.

2. Anzieu D. Le Moi-peau. Paris : Dunod, 1985.

3. Koo JY, Shellow WV, hallmann CP, Edwards.

Alopecia areata and increased prevalence of psychiatric discorders. Int J Dermatol 1994; 33: 849-850.

4. Mc Daniel S.H., Hepworth J, Doherty W.J. Medical Family therapy. New York: Basic Book, 1992

5. Consoli SG. Psychiatrie et dermatologie. Encycl Md chir (Elsevier, Paris), psychiatrie, 37-670-B-10, Dermatologie, 12-965-A-10, 1997, 12p.

6. M Alagille : Les troubles psychosomatiques. Comment les reconnaîtrent et les prendre en charge ? La revue du praticien-Médecine générale Tome 7-n° 221 du 14 juin 1993.

7. Van Der Steen P, Boezeman J, Duller P, Happle R.

Can alopecia areata be triggered by emotional stress? An uncontrolled avaluation of 178 patients with extensive hair loss. Acta Derm Venereol 1992; 72: 279-280.

Références

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