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P aul Louis S IMOND (1858-1947).

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é le 30 juillet 1858 à Beaufort-sur-Gervanne, le docteur P. L. SIMONDétait le fils d'un pasteur protestant dont la famille, de vieille tradition huguenote, était originaire du Jura, d'où les guerres de religion l'avaient fait émigrer en Suisse, d a n s le canton de Vaud. Son grand-père, revenu en France, s'éta- blit dans la Drôme à quelques kilomètres de Va l e n c e . Le jeune SI M O N Dfit ses études secondaires au lycée de To u rn o n et commença ses études médicales à la faculté de Bordeaux, où il avait de la famille. A l'époque, pour devenir médecin de m a r i n e , il fallait d'abord faire campagne comme aide-méde- cin après un concours ouvert aussi bien aux élèves des facul- tés de médecine qu'à ceux des écoles annexes de médecine navale de Brest, Rochefort et Toulon. C'est la première voie que suivit SIMOND.

Après cette première campagne, l'aide-médecin reprenait ses études et passait sa thèse pour être nommé médecin de 2e classe de la marine et servir soit à bord, soit outre-mer, dans les colonies. En 1882, il part en Guyane où il sert durant quatre ans et, en 1886, rentré à Bordeaux, il passe sa thèse en 1887 sur “la lèpre en Guyane française”.

Nommé médecin de 2e classe, il fait campagne au Tonkin de 1890 à 1894 et participe à la mission dirigée par GA L L I É N I

pour la délimitation des frontières sino-indochinoises. Il fait un long séjour en Chine d'où il rapportera des notes “d'his- t o i re naturelle et médicale” publiées dans les A rchives de Médecine navale de 1895.

Médecin des Colonies, il entrera dans le Corps de santé des t roupes coloniales dès sa fondation vers 1900. Mais dès 1895, il entre à l'Institut Pasteur, où il va connaître A l b e rt CA L M E T T E, Emile RO U X, Alphonse LAV E R A N, Elie ME T C H N I K O F F, qui vont l'initier à la microbiologie, et à la parasitologie part i c u l i è re- ment. Dans le laboratoire de ME T C H N I K O F F, il fait d'excellents travaux, d'où il conclut l'analogie qui existe entre les coccidies et l'hématozoaire du paludisme quant à leurs modes de re p ro- d u c t i o n .

Mais passons sur ces recherches, malgré leur intérêt, pour en a rriver à l’heure de la grande découverte. La peste, qui s'est ral- lumée après un long silence et va envahir le monde au départ de l'Inde en 1894, a permis la découverte de son agent étio- logique cette même année par YE R S I Nà Hong-Kong ; le bacille de YE R S I Nest bien la cause de la peste bubonique de l'homme et du rat qui précède par ses épizooties les épidémies humaines.

Mais comment se transmet la maladie de rat à rat et du rat à l'homme? Enigme qui donne lieu à des hypothèses que rien ne vient étayer, certaines aussi fantaisistes qu'invraisemblables.

SI M O N Dest à Bombay où la peste sévit intensément. Une minutieuse observation lui fait re c o n n a î t re sur la jambe de c e rtains pesteux buboniques une petite lésion qu'il dénomme

« phlyctène précoce » au centre de laquelle il découvre à la loupe un point minuscule hémorragique. Pour lui, ce ne peut ê t re qu'une piqûre d’insecte. Mais lequel ? Alors il pense aus- sitôt à la puce qui abonde dans le pelage des rats vivants ou m o rts de la peste, ces puces piquant vraisemblablement l'homme aussi bien que le rat. SIMONDva entreprendre des expériences à Saïgon en 1898 pour justifier son hypothèse.

Ces expériences sont préparées avec le plus grand soin et démontrent de la manière la plus convaincante la justesse de son intuition vraiment géniale. Un long mémoire paru dans les Annales de l'Institut Pasteur donne à cet égard toutes les précisions.

Et pourtant, le scepticisme est presque total chez les médecins.

Ce n'est que bien des années plus tard, quand la Commission anglaise de la peste aux Indes aura exploité la découverte de SIMONDen la développant au reste magnifiquement - préci- sant les espèces de puces pestigènes, le processus de la trans- mission, etc… - durant plus de dix ans que les expériences initiales du pionnier seront confirmées, mais on oubliera vite celui-ci pour re p o rter l'honneur de la découverte aux savants de la Commission anglaise.

Dans la sérénité de la retraite, SI M O N D, en 1936, âgé de 78 ans, a tenu à rappeler dans quelles conditions il avait été appelé à à expérimenter sur la base de sa géniale hypothèse. Dans la Revue d’hygiène de 1936, il a écrit : “Ce jour-là, le 2 juin 1898, j ' é p rouvai une émotion inexprimable à la pensée que je venais de violer un secret qui angoissait l'humanité depuis l'appari- tion de la peste dans le monde”.

Comme nous avons écrit dans des publications magnifiant l’œuvre de P. L. SIMOND, sa découverte eût mérité l'attribu- tion du prix Nobel. Elle était comparable à celle de LAV E R A N

découvrant en 1880 l'hématozoaire du paludisme, à celle de Ronald ROSSdémontrant le rôle de l'anophèle dans sa trans- mission et celle de Charles NICOLLEsur le rôle du pou dans la transmission du typhus exanthématique, ces trois savants ayant été à tour de rôle honorés du prix Nobel de médecine.

De 1901 à 1905, une mission d'importance capitale le conduit au Brésil en compagnie de MA R C H O U Xet SA L I M B E N I, de l’Ins- titut Pasteur. Pendant quatre ans, il consacrera toute son acti- vité à des recherches sur la fièvre jaune qui y sévit gravement et confirmera les travaux antérieurs de Carlos FINLAYsur le rôle du Stegomyia fasciata, jadis méconnu, et sur la prophy- laxie qui devait, par l'éradication de ce moustique dans les foyers endémiques, juguler ce fléau.

Au retour du Brésil, SI M O N Ds e rt quelque temps à l'hôpital MI C H E L- LÉ V Yà Marseille et se trouve sur place pour collabo- rer à la création de l’Ecole d’application du Service de santé des troupes coloniales en 1907, dont il fut nommé sous-dire c-

P aul Louis S IMOND (1858-1947).

G. GIRARD

Président de la SPEde 1954 à 1958

In : Hommes et destins. Académie des sciences d’Outre-Mer, 1975,571-574.

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t e u r. Il est alors médecin principal de 1ère classe (colonel). Mais il ne garde cette fonction que pendant un an car il est envoyé à la Martinique où un foyer de fièvre jaune vient d’apparaître. Il y appliquera avec succès la prophylaxie dont il a acquis l'ex- périence au Brésil.

En 1911, sur les instances du Docteur RO U X, il est mis à la dis- position du Ministère des affaires étrangères pour assumer la direction de l'Institut Pasteur qu’organise à Constantinople le Gouvernement turc pour lutter en particulier contre le cho- léra. Il y fera d'excellents travaux publiés dans les Annales de l’Institut Pasteur. Il y demeurera deux ans, après quoi, pro m u Médecin inspecteur (général), il terminera sa carr i è re comme Directeur du Service de santé de l'Indo-Chine.

De l’œuvre de P. L. SIMOND, c'est la part concernant la peste et son mode de transmission qui domine. Mais il fut aussi le plus fidèle collaborateur de YERSINquand celui-ci, après sa d é c o u v e rte du bacille de la peste, prépara le sérum spéc i f i q u e qui, pendant longtemps, fut la seule médication de la peste bubonique, et les essais faits par SI M O N Den Chine contri- b u è rent largement à la sérothérapie jusqu'à ce que, quarante ans plus tard, les antibiotiques se substituent avec avantage au sérum, qui n'avait pas d’efficacité, contre les formes sévère s de l’infection bubonique et surtout pulmonaire .

Les travaux de SI M O N Dsur la fièvre jaune, le choléra, les spo- ro z o a i res, etc, ont donné lieu à une cinquantaine de mémoire s publiés la plupart dans les Annales de l’Institut Pasteur. C ' e s t avec un égal bonheur qu'il a rédigé dans le traité de GRALLet CL A R A C“Pathologie exotique” ou dans le grand traité de CH A N T E M E S S Eet MO S N Y“ H y g i è n e ” les pages les plus magis- trales qui aient jamais été écrites sur ces sujets et qui sont tou- jours consultées par les épidémiologistes et les cliniciens. A noter qu'il travailla seul, presque sans moyens matériels, d a n s un pays livré à la peur et à la misère ,o b s e rvateur incessant, dans une ambiance peu favorable, mais comme bien des décou- v reurs qui, comme lui, furent des solitaires. Dans ses aventure s , il fut guidé par ses solides connaissances acquises à l'école pastorienne.

M e m b re correspondant de l’Académie de médecine et membre non résident de l'Académie des sciences coloniales, P. L . SI M O N Ds'était retiré à Valence, non loin de son village d’ori- gine. Il n'y resta pas inactif, son rayonnement ne subit pas d'éclipse. Adjoint au maire de Valence pendant plusieurs années, m e m b re du Conseil départemental d’hygiène de la Drôme, il se consacra à l’hygiène sociale, créa la pouponnière et le dis- p e n s a i re antituberculeux. Sa personnalité fait de lui un être d’élite dont la leçon et l'exemple méritent d'être médités.

Paul-Louis SIMOND, Mme SIMONDet son frère Henri LAROUE. Maison de LAROUE, vers 1945.

Paul-Louis SIMOND, Mrs. SIMONDand her brother Henri LAROUE. LAROUE's home, around 1945.

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