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Profil épidémiologique des cancers de la cavité orale et de la lèvre inférieure au service de stomatologie et chirurgie maxillofaciale de l’hôpital du 20-Août, CHU Ibn-Rochd de Casablanca

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Academic year: 2021

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ARTICLE ORIGINAL /ORIGINAL ARTICLE

Profil épidémiologique des cancers de la cavité orale et de la lèvre inférieure au service de stomatologie et chirurgie maxillofaciale de l’hôpital du 20-Août, CHU Ibn-Rochd de Casablanca

Epidemiological profile of cancers of the oral cavity and lower lip in the department of oral and maxillofacial surgery, August 20thhospital, Ibn-Rochd university hospital of Casablanca

F. Slimani · T. Aboussaouira · M. Belhallaj · S. Nadifi · A. Oukerroum · A. Chekkoury-Idrissi

Reçu le 24 septembre 2012 ; accepté le 17 décembre 2012

© Springer-Verlag France 2013

RésuméIntroduction: Les cancers de la cavité orale et des lèvres sintègrent dans le cadre plus général des cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) dont ils partagent les mêmes caractéristiques épidémiologiques. Dans plus de 90 %, lhistologie retrouve un carcinome épidermoïde. Les deux facteurs de risque principaux sont le tabac et lalcool.

Le but de ce travail est de décrire le profil épidémiologique des cancers de la cavité buccale et de la lèvre inférieure en insistant sur le carcinome épidermoïde dans notre service.

Patients et méthodes : Il sagit dune étude rétrospective concernant 129 patients opérés pour un cancer de la cavité orale ou de la lèvre inférieure dans le service de stomatologie et chirurgie maxillofaciale de lhôpital du 20-Août du CHU Ibn-Rochd de Casablanca entre avril 2004 et avril 2012.

Résultats: Lâge moyen de nos patients a été de 55 ans. Une nette prédominance masculine a été notée (67,4 % des cas).

Lintoxication alcoolotabagique a été retrouvée dans 69 % des cas, les lésions potentiellement malignes (leucoplasies) dans 21 % des cas et la mauvaise hygiène buccale dans 52 % des cas. Les localisations les plus fréquentes ont été les lèvres inférieures (35 % des cas), la langue (33 % des cas), le plancher buccal (11,5 % des cas), la face interne de la joue (8 % des cas), le palais (7,5 % des cas) et le trigone rétromo- laire (5 % des cas).

Discussion: Les cancers buccaux représentent environ 3 % des cancers. Ils occupent la sixième place de tous les cancers dans le monde. Les facteurs de risque principaux de ce type

de cancer sont le tabac et lalcool. Dautres facteurs pour- raient être incriminés, comme linfection par le papilloma- virus humain et des facteurs génétiques. Les cancers de la cavité buccale sont de mauvais pronostic malgré le dévelop- pement de la chirurgie et de la radiothérapie. Cest un véri- table problème de santé publique. Le nombre exact de can- cers observé au Maroc nest pas connu.

Mots clésCancer de la cavité orale · Carcinome épidermoïde · Épidémiologie

Abstract Introduction: Cancers of the oral cavity and the lower lip are integrated into the broader context of head and neck cancer (SCCHN) that they share similar epidemio- logical characteristics. In more than 90% of cases, histology found a squamous cell carcinoma. The two main risk factors are tobacco and alcohol.

Patients and methods: This is a retrospective study invol- ving 129 patients collected at the department of oral and maxillofacial surgery at the university hospital, Ibn-Rochd of Casablanca, between April 2004 and April 2012.

Results: The mean age of patients was 55 years. A male predominance was noted (67%). Tobacco use and alcohol consumption was found in 69% of cases, premalignant oral lesions in 21% of cases and poor oral hygiene in 51% of cases. The most common sites were the lower lip (35% of cases), tongue (33% of cases), floor of mouth (11.5% of cases), palate (7.5% of cases) and retromolar trigone (5% of cases).

Conclusion: Oral cancers represent approximately 3% of can- cers. It ranks fifth of all cancers worldwide. The main risk factors for these cancers are tobacco and alcohol. Other fac- tors could be involved, such as infection with human papillo- mavirus and genetic factors. Cancers of the oral cavity are of poor prognosis despite the development of surgery and

F. Slimani (*) · T. Aboussaouira · S. Nadifi · A. Chekkoury-Idrissi

Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca, centre d’études doctorales en sciences de la santé, Maroc e-mail : slimanifaical@yahoo.fr

F. Slimani · M. Belhallaj · A. Oukerroum · A. Chekkoury-Idrissi Service de stomatologie et de chirurgie maxillofaciale,

hôpital du 20-Août, CHU Ibn-Rochd de Casablanca, Maroc J. Afr. Cancer (2013) 5:84-87

DOI 10.1007/s12558-013-0253-1

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radiotherapy. It is a real public health problem. The exact number of cancers observed in Morocco is not known.

KeywordsMouth neoplasms · Squamous cell carcinoma · Epidemiology

Introduction

Les cancers de la cavité orale et des lèvres sintègrent dans le cadre général des cancers des voies aérodigestives supérieu- res (VADS), en dehors du rhinolarynx, dont ils partagent les mêmes caractéristiques épidémiologiques. Ces cancers des VADS représentent le sixième cancer le plus fréquent au monde [1]. Les cancers de la cavité buccale représentent environ 25 à 30 % des cancers des VADS [1].

Le carcinome épidermoïde représente 90 % des cancers de la cavité buccale et des lèvres. Lâge moyen des patients est de 60 ans. Dans 90 % des cas, ces cancers sont en rapport avec une intoxication alcoolotabagique. Dautres facteurs pourraient être incriminés, notamment linfection par les papillomavirus humains (HPV) et des facteurs génétiques [2,3]. Les données épidémiologiques actuelles relèvent une modification liée au changement de mode de vie de notre population. Un nombre croissant de cas a été rapporté ces dernières années chez de jeunes patients sans facteur de risque. De plus en plus les femmes sont atteintes par ce can- cer, phénomène lié probablement par lalcoolotabagisme qui se répand [1,2].

Le carcinome épidermoïde de la cavité buccale est de mauvais pronostic malgré le développement de la chirurgie et de la radiothérapie. Le coût est élevé, posant un véritable problème de santé publique [4,5]. Le nombre exact de can- cers observé au Maroc nest pas connu. Le but de ce travail est de faire une mise au point sur le profil épidémiologique des cancers de la cavité buccale et de la lèvre inférieure en insistant sur le carcinome épidermoïde dans notre service.

Patients et méthodes

Entre avril 2004 et avril 2012, 129 patients ont été opérés pour cancer de la cavité orale ou de la lèvre inférieure dans le service de stomatologie et chirurgie maxillofaciale de lhôpital du 20-Août du CHU Ibn-Rochd de Casablanca entre avril 2004 et avril 2012. Les données analysées ont été : lâge, le sexe, les conduites addictives, les affections poten- tiellement malignes, lhygiène buccale, les carences nutri- tionnelles, les délais de prise en charge, la localisation tumo- rale et le type histologique. La réalisation dune biopsie a été systématique chez tous nos patients.

Résultats

Lâge moyen de nos patients a été de 55 ans (9 à 97) (Fig. 1).

La série se répartissait en 87 hommes et 42 femmes. Linto- xication alcoolotabagique a été trouvée dans 69 % des cas, les affections potentiellement malignes de la muqueuse buc- cale (leucoplasies) dans 21 % des cas, la mauvaise hygiène buccale dans 52 % des cas et les carences nutritionnelles dans 19 % des cas. Le taux dhémoglobine moyen a été de 8,5 mg/dl (Fig. 2). Le délai moyen de prise en charge a été de neuf mois (1 mois à 14 ans). Les localisations les plus fré- quentes sont les lèvres inférieures (partie muqueuse des lèvres) dans 35 % des cas, la langue mobile dans 33 % des cas (dont le bord latéral représentait 91 % de ces cas), le plancher buccal dans 11,5 % des cas, la face interne de la joue dans 8 % des cas, le palais dans 7,5 % des cas et le trigone rétromolaire dans 5 % des cas (Fig. 3). Le carcinome épidermoïde représentait 92 % des cancers. Les 8 % des cas restant se répartissaient en mélanome malin, carcinome adé- noïde kystique et sarcomes. Quarante-deux pour cent des

Fig. 1 Répartition des cancers oraux selon lâge

Fig. 2 Les facteurs de risques des cancers oraux

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carcinomes ont été classés T3 contre 13 % classés T1 selon la classification TNM.

Discussion

Dans notre série, le profil épidémiologique des cancers de la cavité buccale semble légèrement différent par rapport à la littérature [6,7]. Cela peut être expliqué par les particularités de notre population et lincrimination dautres facteurs car- cinogènes, notamment les HPV.

Les cancers buccaux représentent environ 3 % des can- cers. Il occupe la sixième place de tous les cancers dans le monde [1]. Le nombre exact de cancers de la cavité buccale observé au Maroc nest pas connu.

La plupart des cancers buccaux surviennent au-delà de 60 ans [6,8], alors que dans notre étude, lâge moyen était de 55 ans. Comme certains auteurs lindiquent, les HPV pourraient contribuer à lapparition de plus en plus crois- sante de carcinome épidermoïde de la cavité orale chez les sujets jeunes sans facteur de risque classique (alcooltabac) [2,9,10]. La transformation carcinomateuse se fait selon de multiples mécanismes aboutissant aux altérations moléculai- res : dérégulation doncogènes, de gènes suppresseurs de tumeurs, modifications cytogénétiques, changements épigé- nétiques et mutations mitochondriales [2,9,10]. Actuelle- ment, aucune étude na encore été réalisée sur les détermi- nants moléculaires dans la survenue des cancers de la cavité orale au Maroc.

Si les facteurs de risque classiques (alcooltabac) prédomi- nent dans notre travail, leur pourcentage est moindre (69 %) par rapport aux données de la littérature (90 %) [6,7]. La consommation moyenne du tabac est de 35 paquets/année avec des extrêmes allant de 8 et 64. Il sagit surtout du tabac

fumé. Pour des raisons culturelles et religieuses, notre popu- lation consomme moins dalcool.

Le mauvais état buccodentaire (caries dentaires, dents en état de racine, parodontites) a été souvent cité comme facteur de risque de cancer de la cavité buccale. Dans notre série, 52 % des patients ont un mauvais état buccodentaire dont la responsabilité est difficile à mettre en évidence en tant que facteur de risque isolé. Bien évidemment, il sintègre de manière fréquente dans le contexte dintoxication éthylota- bagique. Il semblerait que la flore buccopharyngée particu- lièrement développée en cas de mauvaise hygiène participe de manière importante à la dégradation de léthanol en acé- taldéhyde et augmenterait les concentrations locales de ce carcinogène [11].

La carence martiale chronique est responsable dune sto- matite susceptible de dégénérer en cancer de la langue. Dix- neuf pour cent de nos patientes avaient une anémie ferri- prive. Certaines femmes en période de grossesse consom- ment des cendres connues pour être des chélateurs de fer.

Les carences vitaminiques par malnutrition isolée ou dans le cadre dun éthylisme chronique facilitent probablement la survenue de cancers de la cavité buccale, en particulier les déficits en vitamines C et A [12,13].

Les cancers de la cavité orale apparaissent le plus souvent sur une muqueuse apparemment saine. Toutefois, ils peuvent survenir sur des affections potentiellement malignes de la muqueuse buccale. Environ 21 % de ces cancers évoluent sur des leucoplasies [14,15].

Le carcinome épidermoïde est le type histologique le plus fréquent. Il représente plus de 90 % des cancers de la cavité orale et de la lèvre inférieure. Dans notre série, le sexe mas- culin est atteint dans 67,4 % des cas, alors que cette prédo- minance est de plus 85 % dans la littérature [1]. Cela peut Fig. 3 Répartition topographique des cancers de la cavité orale

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être expliqué par la faible consommation dalcool. Mais aussi on voit de plus en plus des femmes tabagiques.

Le carcinome épidermoïde de la langue mobile est plus fréquent (33 % des cas) que dans la littérature, latteinte dans cette localisation est de seulement 16 % des cas [1]. Cette fréquence est en rapport avec le mauvais état dentaire des patients et surtout la présence dune dent sentinelle (souvent la canine) qui irrite dune manière chronique le bord latéral de la langue. Latteinte labiale de 35 % est plus importante que dans la littérature [7]. Le carcinome épidermoïde des lèvres inférieures est lié à lirritation chronique par la dent sentinelle et à lexposition solaire mais aussi au tabac. La cigarette associe différents mécanismes physiques et chimi- ques (le mégot au coin des lèvres dégage la chaleur et les facteurs cancérigènes). 89,7 % des carcinomes épidermoïdes des lèvres de notre série ont eu le tabac comme facteur de risque.

Nos patients consultent tardivement. Quarante-deux pour cent des carcinomes ont été classés T3 contre 13 % classés T1 selon la classification TNM. Cela est en rapport avec labsence du dépistage des carcinomes, mais aussi du niveau socio-économique défavorable des patients.

Conflit dintérêt : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit dintérêt.

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Références

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