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A 4000 MILLIARDSPAR JOUR...

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Texte intégral

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Supplément à L’US n° 700 du 16 octobre 2010

4 000 MILLIARDS PAR JOUR...

A

u moment où l’équilibre du financement des retraites est à l’ordre du jour, pour quelques dizaines de milliards par an, il est bon de rappeler que le mar- ché des changes atteint 4 000 milliards de dollars chaque jour (environ 3 200 milliards d’eu- ros), un volume dix fois supé- rieur à celui des actions... et le double du PIB annuel de la France.

Le marché des changes contribue à injecter de la liquidité dans l’économie, mais de telles sommes sont évidemment virtuelles et Londres comme New York, autrement dit les places des pays les plus hostiles à une régulation rigoureuse, représentent 54 % du marché.

La moralisation du capitalisme est une fable grotesque ; les diri- geants politiques continuent de tenter de nous faire prendre des vessies pour des lanternes : la réforme des retraites n’a rien à voir avec la démographie.

Imposer aux populations les conditions actuelles de valorisa- tion du capital, telle est la rai- son des réformes sur les retraites partout en Europe : un racket sur le travail.

Choix de société, choix politique.

Défendons collectivement nos intérêts de retraités, de salariés, de citoyens !

Le monde peut changer de bases...

J.-P. BEAUQUIER, secrétaire de catégorie

PORTRAIT Charles Piaget : L.I.P.

LOISIRS/CULTURE Jean Ferrat,

citoyen d’Ivry VIE SYNDICALE

Des nouvelles de la SFR

ACTUALITÉ La bataille des retraites

© DeVice/Fotolia.fr

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S O M M A I R E

ÉDITORIAL p. 1

ACTUALITÉ

DÉVELOPPEMENT DES LUTTES, AFFAIRES D’ÉTAT ET DÉRIVES SÉCURITAIRES

Drôle d’été,

drôle d’automne ? p. 2 LES LUTTES EN EUROPE 29 septembre, des

manifestations imposantes p. 3 LA BATAILLE DES RETRAITES EN SIX LEÇONS

Bilan d’étape p. 4

INTERVIEW ACTUALITÉS SYNDICALES Questions à Frédérique Rolet p. 5 ACTUALITÉ

UN CONGRÈS

STUDIEUX ET PROMETTEUR, MAIS SANS AUDACE Au pied de la montagne p. 6 BUDGET

Austérité et injustice p. 7 SANTÉ-SOCIÉTÉ QUOI DE NEUF À LA MGEN ? Des changements en cours p. 8 POUR UN FINANCEMENT DE LA DÉPENDANCE PAR L’ASSURANCE PRIVÉE ! Le Rapport Rosso-Debord p. 9 VIE SYNDICALE COMPTE RENDU DE LA RÉUNION DU 30 SEPTEMBRE Des nouvelles de la Section fédérale

des retraités nationale p. 10 DOSSIER

RETRAITES

Nouvelle tranche de vie p. 12 LOISIRS CULTURE MUSIQUE

Et si nous parlions un peu musique... p. 20 À L’OCCASION

DE LA SORTIE DU FILM

Hors-la-loi p. 20

IL ÉTAIT L’HOMME DE MA VILLE

Jean Ferrat p. 21

COUP DE CŒUR

Une femme des Lumières p. 22 REVUE DE PRESSE JACKY BRENGOU A LU POUR NOUS

C’était écrit... p. 23 PORTRAIT

Aujourd’hui comme hier p. 24

ACTUALITÉ

7 septembre à Figeac :

10 000 habitants, 5 000 manifestants

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DÉVELOPPEMENT DES LUTTES, AFFAIRES D’ÉTAT ET DÉRIVES SÉCURITAIRES

Drôle d’été, drôle d’automne ?

De contre-vérités en omissions, le gouvernement n’arrête pas d’essayer de leurrer les Français ; ils sont de moins en moins dupes. À l’appel des organisations syndicales, ils se sont mobilisés et sont disposés à le faire encore.

Un feuilleton scandaleux qui montre la connivence étalée entre des ministres prétendu- ment en charge de l’intérêt général et une poignée de milliardaires...

Un ministre, de surcroît trésorier de son parti et de la campagne de 2007*, qui n’a pas la décence élé- mentaire de démissionner...

Des enquêtes dilatoires multipliées par un parquet dont l’indépendance est plus que sujette à caution...

Des mensonges proférés sans vergogne, y compris sur la question des retraites...

Dans une vieille histoire, Robert Lamoureux scan- dait : « Et le septième jour, le canard était toujours vivant ! » ; après la soixante-dix-septième révélation, Woerth est toujours ministre !

Ce serait une grossière erreur de croire qu’une question politique comme la réforme des retraites peut être traitée du seul point de vue « social » ; outre que le syndicalisme est partie intégrante de la société politique, le traitement de l’affaire Woerth- Bettencourt montre à l’évidence que la réforme des retraites est l’expression d’une volonté délibérée et constante de peser sur la redistribution des richesses créées en faveur du capital.

Faut-il ne pas s’en prendre à un ministre qui porte un projet d’appauvrissement des salariés, de confusion

entre les activités productrices et les missions de l’État, de dévalorisation du travail, sous prétexte d’une présomption d’innocence ? Certains diront qu’on ne tire pas sur une ambulance ; eh bien si ! Le mépris du pouvoir envers les salariés est le même que celui dont il fait preuve à l’encontre des citoyens. Faire donner, pendant les vacances, sur le sécuritaire, un quarteron d’élus du Sud-Est, peu réputés pour leur goût des concepts, est une preuve de ce mépris. Se mobiliser pour riposter au dis- cours abominable de Grenoble et dénoncer les expulsions de Roms – en sachant que pour le gou- vernement il s’agit aussi, mais pas seulement, d’un leurre électoraliste, mais sans en tirer les conclusions que Sarkozy et les siens ont un projet global – serait comme se battre contre la corrida en oubliant qu’un enfant meurt de faim dans le monde toutes les cinq secondes!

L’ordre des urgences n’impose pas de négliger tel ou tel terrain de lutte, mais il est certain que les prio- rités doivent être lisibles : le gouvernement veut imposer un projet de loi sur les retraites, identifié comme le plus dur des régimes existants en Europe,

© Jean-François Fabriol

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ACTUALITÉ

puisqu’il ajoute à une borne d’âge pour l’ouverture des droits, la contrainte d’annuités plus nombreuses et d’une décote érosive. Depuis des mois, le mou- vement syndical uni a fait progresser l’idée que d’autres principes sont possibles pour une réforme dont il ne conteste pas la nécessité : les réformes Balladur de 1993 et Fillon de 2003 ont de telles conséquences désastreuses qu’un bilan et des mesures nouvelles s’imposent en effet.

La solidité du front syndical, les mobilisations du printemps, leur reconduction cet été et cet automne ont progressivement conduit l’opinion publique à entendre les syndicats, à analyser les atteintes majeures au droit à la retraite elle-même que porte le projet, à rejeter ce que le gouvernement présente comme le nœud gordien de la réforme, l’aboli- tion du droit à la retraite à 60 ans. Le camouflage démographique ayant fait long feu, le gouverne- ment et la majorité ont voulu faire croire qu’ils se penchaient sur la pénibilité : la liquidation de la médecine du travail a éclairé les Français ! L’es- sentiel de l’effort est demandé aux salariés ; les nantis sont dispensés d’efforts significatifs.

La question de l’emploi des jeunes et des seniors, le sort fait par la réforme aux polypensionnés, aux

salariés ayant connu une entrée précoce dans l’ac- tivité professionnelle, la situation des femmes sont maintenant des éléments forts du débat public et obligent le gouvernement à des circonvolutions de langage destinées à cacher un embarras certain. Le coup de force du président de la Chambre des dépu- tés, B. Accoyer, outre un mépris de la représentation parlementaire, montre la fébrilité du pouvoir devant un débat qui, dans sa durée, favorise la prise de conscience et la mobilisation. Les 7 et 23 sep- tembre, le 2 octobre, dans l’unité, les actifs et les retraités ont montré par l’ampleur de leur riposte leur volonté d’empêcher un nouveau racket dont serait victime, une fois de plus, le monde du travail.

Il faut amplifier encore cette riposte et obtenir de vraies négociations balayant les régressions annon- cées pour les remplacer par de réelles améliora- tions du droit à la retraite. C’est possible, et le 12 octobre sera une étape déterminante.

Le 4 octobre 2010

JEAN-PAUL BAUQUIER ET BÉNÉDICTE VRAIN

* Petit détail : l’affaire Woerth-Bettencourt-César- Wildenstein-Tapie, c’est, entre autres, le soupçon de financement illégal d’une campagne...

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L E S L U T T E S E N E U R O P E

29 septembre, des manifestations imposantes

À l’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES), des milliers de salariés ont défilé dans les rues de Bruxelles contre l’austérité, pour l’emploi et pour la défense des acquis sociaux ; ils étaient des milliers aussi à Lisbonne, Bucarest, Riga, Varsovie, Helsinki ou Nantes.

Le même jour, l’Espagne était paralysée par une grève générale.

Les syndicats européensespéraient réunir 100 000 manifestants à Bruxelles ; selon la presse belge, ce chiffre a été largement dépassé alors que plus de cent manifestations se déroulaient au même moment en Espagne et que des dizaines de défilés avaient lieu aussi dans nombre de capitales européennes. Pour le président de la GSEE (Confédération générale du tra- vail grecque), « la mobilisation de tous les travailleurs européens révèle que tous ont compris que la Grèce n'est que le premier pays d'Europe auquel les poli- tiques et mesures néolibérales ont été imposées ».

« NON à l’austérité, priorité à l’emploi », pouvait-on lire sur les banderoles, dans toutes les langues euro- péennes. Pour les organisateurs, ce premier rendez- vous réussi en appelle d’autres et doit se traduire par- tout dans des luttes locales ; le porte-parole du

syndicat allemand IG Metall annonçait d’ailleurs des journées d’action contre l’austérité, dans son pays, à l’automne.

En France, des manifestations avaient été organi- sées à Nantes, Lyon, Toulouse et Nice ; une impor- tante délégation des syndicats français était présente à Bruxelles, fortement motivée par la lutte contre la réforme des retraites.Venue en voisine, Frédérique Rolet représentait la direction du SNES.

Il est donc regrettable que les médias français, à quelques exceptions près, n'aient accordé qu’un regard discret à ce 29 septembre qui marquait une étape importante de la riposte contre les politiques économiques et sociales que veulent mettre en œuvre les gouvernements européens. ■

JEAN-PIERRE BILLOT, JEAN-LOUIS VIGUIER

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ACTUALITÉ

UNE SITUATION INQUIÉTANTE : DE PLUS EN PLUS DE RETRAITÉS PAUVRES

Une enquête très récente* tire la sonnette d’alarme : de nombreuses personnes âgées sont de nouveau victimes d’une grande pauvreté.

Les organismes de lutte contre la grande pauvreté mentionnent l’arrivée, en tant que demandeurs, de personnes âgées, alors que cette catégorie d'âge était jusque-là peu représentée. L'isolement, la faiblesse des ressources propres, le coût des soins, les difficultés financières des enfants qui ne peuvent plus apporter une aide à leurs parents vieillissants sont autant d'éléments générant une précarité peu visible. Certains cherchent à compléter leur retraite : « Ils ont des loyers trop importants, des retraites autour de 800 euros, parfois moins. Ils cherchent des petits boulots... ». Pour d’autres, c’est le retour à la soupe populaire (on parle des Restos du cœur maintenant !), qu'ils avaient parfois fréquentée comme bénévoles.

* Enquête du CREDOC : Consommation et mode de vie, n° 230, juin 2010.

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L A B A T A I L L E D E S R E T R A I T E S E N S I X L E Ç O N S

Bilan d’étape

Après trois grandes vagues de manifestations, le gouvernement prétend ne rien céder. Avant le mouvement de grève du 12 octobre, on peut déjà retenir au moins six leçons de cette bataille contre la réforme gouvernementale des retraites.

La première leçonconsiste à ne pas sous- estimer l’ampleur du mouvement qui traverse la société et dont les retraites ne sont sans doute que l’écume des jours.

En second lieu, la situation actuelle est singulière, car il s’agit moins, comme en 2003, d’une bataille dont l’enjeu serait de peser sur la négociation d’une réforme sociale que d’une bataille pour le pouvoir.

Cette situation a été créée par Sarkozy, qui a choisi une stratégie de la confrontation avec une réforme brutale : alors qu’en 2003 la stratégie était de jouer sur la division public/privé et de s’appuyer sur un consensus relatif à l’allongement de la durée de coti- sation, en présentant sa réforme comme le marqueur de la fin de son mandat présidentiel et le signal nécessaire à envoyer aux marchés financiers, il s’est installé dans la position de celui qui ne peut reculer sans jouer sa place de candidat en 2012.

De là des « concessions » misérables sur les femmes ou la pénibilité qu’il oppose au mouvement, car pas question de toucher aux fondamentaux : bornes d’âge et financement à 85 % par les salariés.

La troisième leçonest que la clé de la bataille réside dans la capacité du mouvement syndical à réaliser l’unité des différentes fractions du salariat, stables et précaires, des hommes et des femmes, des diffé- rentes générations, notamment des jeunes, mais aussi à assumer la dimension citoyenne du mouvement qui traduit une aspiration à une société plus juste et plus solidaire.

Quatrièmement, le mouvement a su porter la ques- tion des pensions des femmes au premier rang et a

perçu que la mobilisation des jeunes était un facteur décisif. Il faut rappeler que la jeunesse est la classe d’âge la plus opposée à la réforme.

Cinquièmement, l’unité syndicale est d’une impor- tance capitale. Si elle a tenu, ce n’est pas par miracle, mais parce que personne ne peut y échapper sous la pression de la mobilisation et face à la stratégie de confrontation du pouvoir.

La sixième leçonconcerne la situation spécifique de la fonction publique, qui est particulièrement mal- traitée. La réforme est financée par la baisse des traitements nets des fonctionnaires à hauteur de 5 mil- liards. Côté pénibilité, on est dans la provocation, puisque les députés UMP veulent supprimer la CPA.

Autres provocations : la remise en cause de la validation des services de non-titulaires, le refus de revenir sur l’injustice faite en 2003 aux femmes fonctionnaires avec la remise en cause des bonifica- tions pour enfants, la suppression brutale des départs anticipés pour les mères de trois enfants, qui s’ap- plique aux femmes nées après 1954 et va poser des problèmes de fonctionnement dans tous les services publics du fait de nombreux départs accélérés avant la mise en application de cette mesure.

Un comité de pilotage, dont les organisations syn- dicales représentatives de la fonction publique sont absentes, est chargé de « proposer des mesures cor- rectrices justifiées par la situation financière des régimes de retraite ». Le projet de loi annonce le gel de la contribution de l’État au financement des pen- sions des fonctionnaires de l’État au niveau de 2008 : il y a de quoi se mobiliser! ■ DANIEL RALLET

© Jean-Louis Viguier

Sans commentaire

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A C T U A L I T É S S Y N D I C A L E S

Questions à Frédérique Rolet

Frédérique Rolet a longuement répondu à nos questions ; nous ne pouvons reproduire l’intégralité de ses propos ; c’est regrettable, car ils sont particulièrement pertinents. Vous trouverez sur le site du SNES, dans l’espace retraités, l’intégralité de l’interview : une bonne raison pour aller découvrir ce nouvel outil d’information.

Comment analyses-tu le climat social actuel ?

Nous nous trouvons à une sorte de tournant en matière de climat social ; après des années de désillusions [...] les choses bougent. La dureté inégalée du gouvernement actuel, son cynisme, sa volonté d’affrontement produisent l’effet inverse de celui qu’il escomptait [...]. La politique honteuse de propagation de la peur et de désignation de boucs émissaires suscite gêne et malaise y compris au sein de la droite.

Dans ce contexte, les organisations syndicales ont un rôle décisif [...]. Ce qui se passe dans le mouvement syndical est inédit : unité d’action, unité dans le refus d’un projet réactionnaire, unité durable. Alors que les organisations syndicales avaient pris du retard dans la prise en compte des mutations du salariat et de nouvelles composantes – femmes, jeunes, immi- grés... – des actions comme les manifestations du 2 octobre ont rassemblé largement [...]. Reste aux organisations et à l’ensemble du mouvement social à ne pas laisser passer cette opportunité de redonner sens et lisibilité à des projets alternatifs.

Sans l’action du SNES, les immenses difficultés de la rentrée scolaire auraient-elles été occultées ?

La décision de maintenir l’action de grève du second degré à la rentrée fut source de discussions ser- rées... Je faisais le pari, à titre personnel, que le 6 pouvait contribuer à la construction d’un grand mouvement social. Le résultat a prouvé que si les taux de grévistes étaient très contrastés, les col- lègues ont apprécié le fait de voir pointées les ques- tions éducatives. Les dossiers les plus cités furent ceux des postes, de la réforme des lycées, de la for- mation des maîtres, mais, à travers les débats des salles de professeurs, c’est bien toute la question des métiers qui a affleuré : avec les réformes imposées [...], c’est le sens même de ce que nous faisons qui est remis en cause. Dans les collèges, dont on parle trop peu, les personnels se voient accablés de pres-

criptions diverses et variées, chargés de tâches mul- tiples, au moment même où le gouvernement aban- donne ce segment de la scolarité [...].

Et que dire de l’éducation prioritaire, à laquelle on réserve la portion congrue [...]. La question des inégalités traverse l’Éducation nationale au même titre que toute la société.

Rentrée difficile aussi pour la secrétaire générale ?

Rentrée difficile, mais j’y ai trouvé une tonalité plutôt encourageante de la part de nos collègues [...].

Au sortir de périodes moroses, où l’absence de résultats pesait sur l’action syndicale, il me semble qu’on voit pointer l’idée qu’on peut gagner [...].

Alors, au-delà de la fatigue engendrée par le nombre de réunions syndicales, le stress des décisions à prendre, la rentrée professionnelle a donné lieu à des débats renouvelés.

Un message pour les retraités du SNES ? Les retraités sont de plus en plus nombreux à rester syndiqués au SNES, ce dont je me réjouis ; encore reste-t-il à mieux analyser leurs attentes et leurs besoins [...]. Dans un temps où le gouvernement cherche à opposer actifs et retraités, jeunes et moins jeunes..., maintenir liens et solidarités est décisif.

Les problématiques propres aux retraités se posent de manières diverses : du fait notamment de l’allonge- ment de la vie, des différences existent. Mais tous ont leur place au SNES. À l’organisation de répondre au mieux à leur situation, à mieux prendre en charge leurs revendications.

La participation des retraités aux débats, dans les instances ou ailleurs, est une richesse dont doit se nourrir le SNES [...], sans pour autant les reléguer dans le rôle de « grands témoins ». Avoir vécu, par- ticipé à des périodes agitées de l’histoire, été acteurs de combats sans cesse renouvelés pour la justice sociale, la démocratisation du système éducatif, donne aussi sens aux problématiques actuelles et les éclaire. ■

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INTERVIEW

Frédérique Rolet cosecrétaire

générale du SNES

© Thierry Nectoux

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ACTUALITÉ

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U N C O N G R È S S T U D I E U X E T P R O M E T T E U R , M A I S S A N S A U D A C E

Au pied de la montagne

Le congrès de la FGR-FP s’est tenu à Pau les 8, 9 et 10 juin. L’US Retraités a posé trois questions à Marylène Cahouet, une des six délégués du SNES.

C’était ton premier congrès ; quand tu y repenses, qu’est-ce qui te vient d’abord à l’esprit ?

Un congrès revendicatif, qui balaye l’ensemble des questions posées aux retraités : pouvoir d’achat, sys- tème des retraites, protection sociale, fiscalité... Un congrès soucieux d’unité : unité avec les autres orga- nisations syndicales de retraités, unité avec les actifs (la FGR appelle à participer à toutes les actions intersyndicales, même quand certains en sont absents), unité interne aussi, qui s’est traduite par un vote quasi-unanime après des débats approfondis, et par la volonté de la direction nationale de s’appuyer sur toutes les forces vives, notamment la FSU.

Qu’est-ce qui t’a le plus surprise ?

Les points négatifs : le peu de temps réservé aux com- missions, et la difficulté d’y débattre avec autant de participants. Les SD et les SN avaient bien travaillé, il y avait beaucoup d’amendements à étudier (j’ai eu l’impression qu’on ne les a pas tous vus) et, du coup, beaucoup d’interventions allant un peu dans tous les sens. J’étais dans la commission « protection

sociale », qui aborde de multiples questions, et il aurait fallu structurer le débat, peut-être faire des votes indicatifs pour éviter une désagréable impres- sion d’autoritarisme parfois de la part de la tribune.

Les points positifs : l’organisation. Un exemple : à la fin du congrès, tous les textes votés étaient tirés et remis aux participants.

L’élection des délégués à la commission exécutive est un moment important.

Oui, car c’est un peu la vie de la FGR dans les deux ans à venir qui se joue là. La délégation du SNES a fait preuve de responsabilité, d’une part, en portant tous ses mandats sur l’ensemble des candidats sortants dans un esprit d’unité, d’autre part, en œuvrant pour éviter les candidatures multiples de syndiqués FSU, afin de ne pas disperser les voix. Je me réjouis de l’élection de Michel Salingue (SNUIPP), qui monte au secrétariat national et aura en charge la fonction publique, les retraites et la fiscalité. Mais une centaine de mandats lui ont été refusés ; l’histoire de la FEN n’a pas fini de laisser des traces... ■

Toulon le 23 septembre, des militantes prennent en charge la banderole unitaire

DERNIÈRE MINUTE

Réunie fin septembre, la commission exécutive nationale de la FGR-FP s’est conclue par le vote unanime d’un texte qui rappelle son attache- ment aux valeurs de la République, dénonce la politique gouverne- mentale en matière de retraites, de perte d’autonomie, de baisse du pouvoir d’achat et appelle à l’action pour la prochaine période. Ce sera une fois encore une action unitaire avec l’ensemble des UCR et, sur les retraites, avec l’ensemble des organisations syndicales ; des contacts sont pris avec le pôle des retraités.

La question de l’avenir de la FGR a été posée à la fin du congrès de Pau par l’un des délégués et reprise à la commission exécutive de septembre. Les assemblées régionales d’automne seront saisies de la question.

Avec plus de 50 000 adhérents, la FGR-FP est une force qui compte, qui est entendue, au plan national comme local, dans les départements, les conseils généraux, via les CODERPA.

Le nombre croissant des retraités, leur implication dans la vie sociale, le poids qu’ils représentent dans la société et, dans le même temps, les difficultés qu’ils rencontrent : tout concourt à dire qu’il y a place pour la FGR-FP et qu’elle a de l’avenir !

JACKY BRENGOU, ANNIE CLAVEL-EVENO, FRANÇOISE EIDEN-GROSSMAN

© DR

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ACTUALITÉ

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B U D G E T

Austérité et injustice

Le défi que le gouvernement s’est donné, réduire le déficit public de 8 à 6 % du PIB de 2010 à 2011, n’a jamais été réalisé depuis la guerre : « au mieux », un exercice budgétaire n’a permis de diminuer le déficit que de 0,5 %. C’est dire la radicalité de cette politique d’austérité.

Cependant, le gouvernement risque fort de se prendre les pieds dans le tapis, car la moi- tié de la réduction du déficit est attribuée aux recettes nouvelles liées à la reprise économique que le gouvernement attend pour 2012 (+ 2 %), or cette reprise est directement menacée par les poli- tiques d’austérité qui se sont répandues en Europe, notamment avec celle qui inspire le budget 2011.

Le gouvernement annonce une augmentation des impôts de 10 milliards, baptisée « réduction des niches fiscales », mais c’est loin de remettre en cause la politique de baisse d’impôts pratiquée depuis 2000 (70 milliards en moins dans les caisses de l’État). On ne touche pas aux « fondamentaux » (bouclier fiscal, loi TEPA maintenue, sauf le cré- dit d’impôt pour les intérêts du crédit immobilier), et les mesures fiscales sur l’épargne ou sur les revenus les plus élevés sont à dose homéopathique.

Les ménages subiront la hausse de la TVA sur les offres internet (de 5,5 à 19 %) et la taxe sur les complémentaires santé sera certainement répercu- tée sur les assurés (coût : 26 euros par personne), sans parler de la fin de l’avantage fiscal pour les couples qui se marient ou divorcent. Mais comme le dit F. Baroin, « nous agissons avant tout sur les dépenses » ! On y va franco, sans se cacher : dimi- nution des emplois aidés, alors que le chômage augmente, taxe supplémentaire de 350 millions sur les HLM (nouvelle hausse des loyers et baisse de la construction attendues), poursuite de la sai- gnée de l’Éducation nationale (16 000 emplois en moins), blocage de la dotation de l’État aux col- lectivités locales (bonjour les dégâts sur les dépenses sociales et les transports).

De son côté, le projet de loi de finances de la Sécu- rité sociale annonce de nouveaux dérembourse- ments de médicaments, la réduction de la prise en charge des frais d’hospitalisation (le ticket modé- rateur de 20 % sera perçu sur les actes jusqu’à 120 euros au lieu de 91).

Pour être complet, il faut évoquer l’enquête de l’UFC-Que Choisir qui montre que se soigner coû- tait 407 euros par personne en 2001 (reste à charge

et prime de complémentaire santé) et 618 en 2008, soit une progression de 50 % !

Sur cette période, le niveau de prime a bondi de 44 % quand le revenu disponible des ménages n’augmentait que de 29 %. Cela traduit un trans- fert de la Sécurité sociale sur les complémen- taires, mais c’est aussi le produit d’une certaine opacité dans leur gestion, puisque leurs presta- tions n’ont augmenté sur la période que de 27 %.

Il faut dire qu’en sept ans leurs frais de fonction- nement sont passés de 10 à 20 % de la prime, notamment pour financer la publicité destinée à attirer les « clients ». L’enquête indique que l’as- suré placé face à des contrats illisibles s’assure mal et que la part du budget que chacun consacre à sa santé est inversement proportionnelle à son revenu.

Tout est dit ! ■

DANIEL RALLET

© DR

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SANTÉ SOCIÉTÉ

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Q U O I D E N E U F À L A M G E N ?

Des changements en cours

Les assemblées générales du groupe MGEN (MGEN, MGEN Filia, MGEN Vie...) se sont tenues à Paris les 6, 7 et 8 juillet 2010. Elles ont entériné le regroupement de ces différentes mutuelles ;

c’est à l’usage qu’on pourra juger des conséquences.

Les deux faits politiques marquants de ces AGsont le rappel du « référencement » obtenu au prix de quelques concessions sur les- quelles je ne reviendrai pas et surtout sur la création de l’Union mutualiste de groupe (UMG) regroupant la Mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN), la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH), la Mutuelle des affaires étrangères (MAE), la Mutuelle nationale territoriale (MNT) et la Mutuelle générale environnement et territoires (MGET). Ce nouveau regroupement a deux objectifs :

profiter de la synergie des réseaux des cinq acteurs pour se placer sur d’autres segments que l’assurance à la personne et offrir la possibilité de réfléchir aux développements de nouveaux produits;

améliorer la solidité financière dans la perspective de Solvabilité II. Il faudra pour cela procéder à la cin- quième étude quantitative d’impact (QIS 5). Elle aura lieu entre août et fin octobre 2010. Selon ce calendrier, le nouveau groupe espère se réunir pour sa première assemblée générale début 2011.

Ces cinq mutuelles fondatrices se disent ouvertes à un élargissement à d’autres acteurs, qu’ils soient positionnés ou non dans la fonction publique, à condition qu’ils partagent les valeurs mutualistes de ce nouveau pôle. Rappelons que, dans le code de la mutualité (article L112-1), « les mutuelles et les unions ne peuvent moduler le montant des cotisations qu’en fonction du revenu ou de la durée d’apparte- nance à la mutuelle ou du régime de sécurité sociale d’affiliation ou du lieu de résidence ou du nombre d’ayants droit ou de l’âge des membres partici- pants », c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas, comme le font certaines assurances privées, fixer les cotisa- tions en fonction de l’état de santé. Ce qui explique pourquoi la MGEN a pu augmenter la cotisation des

retraités et minorer celles des mutualistes les plus jeunes l’an dernier et que les cotisations de la MGEN Filia varient en fonction de l’âge dans le respect des principes de la mutualité !

Les AG de Paris ont entériné les projets en cours ; elles ont notamment confirmé les prestations « perte temporaire d’autonomie » ou « dépendance totale », incluses dans la protection globale MGEN(1). Deux propositions annoncées ont retenu mon atten- tion, car elles peuvent faire craindre un virage de la MGEN vers une optique optionnelle :

possibilité de renforcer le niveau de prestation « dépen- dance totale », prévu dans le socle de l’offre globale par une offre complémentaire « dépendance faculta- tive »qui permettrait d’être couvert pour un montant plus important en dépendance totale et d’être assuré en dépendance partielle (GIR 3), soit deux niveaux de rente possible donc deux packs proposés ; la tarification de cette prestation serait, en fonction de l’âge à l’ad- hésion, fixe jusqu’à 45,5 ans puis progressive chaque année jusqu’à 74 ans. L’accord sur cette proposition a été fait et sera mis en place au plus tard le 1erjuillet 2011 ;

possibilité d’offrir, à la MGEN Filia, trois

« gammes » de prestations : l’une de base, pré- nommée « entrée de gamme », la seconde « milieu de gamme » et la troisième « haut de gamme » ! On parle de « gammes » et pas d’options ; mais cette sub- tilité de langage n’échappera à personne, c’est bien une offre optionnelle qui est proposée à nos col- lègues mutualistes Filia.

Dans son discours de clôture, Thierry Beaudet, pré- sident de la MGEN, a clamé haut et fort son attache- ment à la Sécurité sociale créée en 1945 : « Patri- moine commun des Français qu’il faut sauvegarder ».

Il a souligné par ailleurs que seul le bénéfice de la Sécu- rité sociale peut garantir un droit universel, égal pour tous. Espérons que les valeurs mutualistes seront aussi sauvegardées – « chacun cotise suivant ses moyens et reçoit suivant ses besoins » – et que les cotisations optionnelles ou facultatives ne vont pas se mettre à fleurir comme les champignons après la pluie...

FRANÇOISE EIDEN-GROSMANN

(1) Voir article dans Valeurs Mutualistes ; numéro de juillet/août 2010.

Millau (12) : une des premières pharmacies mutualistes.

© J.-L. Viguier

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Valérie Rosso-Debord (députée UMP de Meurthe-et-Moselle)a remis au gouvernement, en juin 2010, les conclusions du rapport de la mission de l’Assemblée nationale qu’elle conduisait sur la prise en charge des personnes âgées dépendantes. Ce rapport pro- pose une réorganisation de la prise en charge des per- sonnes âgées en situation de handicap, en particulier de leurs modes de financement. Éparpillées au milieu de propositions de réformes anodines, quatre d'entre elles ont suscité une explosion de colère :

récupération sur succession de l’APA versée aux béné- ficiaires possédant un patrimoine d’au moins 100 000 euros ;

souscription d’une assurance perte d’autonomie liée à l’âge dès 50 ans ;

une meilleure révision des taux de la contribution sociale généralisée applicable aux pensions de retraite, avec un taux de 7,5 % pour les montants les plus élevés ;

restriction de l’allocation personnalisée d’autonomie aux personnes les plus dépendantes classées dans les groupes iso-ressources 1 à 3 de la grille AGGIR(1). En procédant ainsi, la majorité présidentielle indique très clairement son refus de financer la dépendance par le biais de la solidarité nationale. Elle va même plus loin en proposant un dispositif basé essentiellement sur l’assu- rance privée.

Même si, pour certains, ce rapport est un ballon d’essai clas- sique, l’exécutif ayant l’habitude de tester l’opinion publique avant toute réforme importante et impopulaire, une proposition de loi en ce sens a déjà été déposée le 13 juillet par le député UMP Jean-Pierre Marcon. Le sec- teur social et gérontologique s’est immédiatement mobilisé et a crié au scandale. L’indignation s’est fait aussi entendre du côté de personnalités proches du gouvernement. Philippe Bas, ancien ministre délégué à la Sécurité sociale, a déclaré :

« Créer une assurance obligatoire, sur le modèle de l’as- surance-automobile, cela s’analyse purement et simple- ment, en termes économiques, comme l’attribution d’une rente légale aux sociétés d’assurance et aux mutuelles !...

La vocation du cinquième risque n’est pas d’enrichir les actionnaires des plus grands groupes du CAC40(1)».

Face à ce tollé général, le gouvernement adopte la position de repli classique.

Nora Berra, secrétaire d’État aux Aînés, assure le 23 juillet

que « la solidarité nationale continuera à jouer son rôle ».

Mais elle ne condamne pas le recours à l’assurance pri- vée ni la récupération sur succession et fait appel à la

« responsabilité individuelle » face à la crise des finances publiques. Voilà le clou bien enfoncé...

La perspective de voir ces mesures se concrétiser en 2011 doit inciter le mouvement syndical à se mobiliser.

Les retraités SNES avec ceux de la FSU défendront le principe réaffirmé au congrès de Lille : « La perte d’au- tonomie, le handicap, quels qu’en soient la cause ou l’âge de la personne concernée, doivent relever de la soli- darité nationale dans le cadre de la Sécurité sociale tout au long de la vie. La FSU se prononce contre l’assurantiel de type privé préconisé par le président de la Répu- blique et contre les contours actuels du “5erisque”, d’ailleurs régulièrement repoussé par ses promoteurs eux-mêmes. Elle exige que la perte d’autonomie soit rat- tachée, dans le cadre de la solidarité nationale, aux branches existantes de la Sécurité sociale. »

FRANÇOISE EIDEN-GROSMANN

(1) La grille nationale AGGIR (Autonomie gérontologie groupes iso-ressources) constitue un outil destiné à évaluer le degré de perte d’autonomie ou le degré de dépendance physique et psychique des demandeurs de l’APA.

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SANTÉ SOCIÉTÉ

REMBOURSEMENTS À GÉOMÉTRIE VARIABLE

Pour en finir avec le système actuel du « tout ou rien », les complé- mentaires santé veulent pouvoir « faire le tri dans les médicaments remboursés », annonçait Le Parisien (18 août).

Une expérience a été réalisée de façon anonyme dans quelques pharmacies à des fins statistiques.

« Si l’on ne veut pas que les contrats coûtent de plus en plus cher, il faut arriver à ne rembourser que les choses reconnues comme efficaces par la communauté médicale », explique le directeur général de la Mutualité française.

« C’est une avancée vers les couvertures maladie à plusieurs vitesses.

Nous allons voir apparaître des contrats de plus en plus low-cost qui ne rembourseront que les médicaments à utilité élevée », estime Christian Saout, du Collectif interassociatif sur la santé.

Quant à l’Union fédérale des consommateurs-Que Choisir, elle estime qu’il s’agit d’une mesure peu efficace, dommageable aux seuls consommateurs.

Des projets à rapprocher de la réorganisation des mutuelles...

ANNIE CLAVEL-EVENO

P O U R U N F I N A N C E M E N T D E L A D É P E N D A N C E P A R L ’ A S S U R A N C E P R I V É E !

Le Rapport Rosso-Debord

L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) est attribuée en fonction du degré de perte d’autonomie et des ressources du bénéficiaire ; le président Sarkozy a annoncé que le financement de la dépendance serait la dernière grande réforme de son quinquennat ; elle ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices si l’on en juge par le rapport parlementaire qui vient d’être rendu public.

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VIE SYNDICALE

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Les participants ont d’abord fait un point d’actualité en évoquant le pouvoir d’achat : entre janvier et août, l’inflation a été de 1,4 %, un chiffre à comparer avec l’augmentation de 0,9 % du 1er avril. Le projet de budget 2011 semble épargner les retraités (pas d’augmentation de la CSG, pas de sup- pression de la déduction de 10 % pour le calcul de l’IRPP), mais une taxe sur les mutuelles et des mesures augmentant le reste à charge des patients sont prévues.

De plus en plus de retraités vivent au-dessous du seuil de pauvreté (950 euros). Dans l’actualité figurait aussi le rapport Rosso-Debord sur la dépendance ; il contient des dispositions que nous rejetons : récupération d’une partie de l’APA sur la succession, exclusion de l’APA des personnes classées en GIR 4, obligation de souscrire une assurance dès 50 ans, rôle renforcé de la CNSA.

Toutes les associations y sont opposées, mais la Mutua- lité française ne rejette pas l’intervention d’opérateurs privés. La journée d’action des retraités du 25 novembre porte sur le pouvoir d’achat et la dépendance.

Il fut ensuite question de l’initiative UCR-CGT/SFR- FSU : il s’agit pour nos deux organisations de mener un travail commun dans les départements volontaires (faire un état des lieux), de produire un document national en trois parties : cet état des lieux, les projets du gouver- nement, nos propositions. Ce travail devrait déboucher sur un colloque national. La SFRN va travailler sur le document et des départements vont être sollicités.

La seconde partie du débat a été consacré à la vie et à l’organisation de la SFRN. La SFRN va se réunir mensuellement ; le SNES y sera représenté. Parmi ses objectifs, une meilleure organisation, l’information des sections, la promotion de la place des retraités dans la FSU et la reconnaissance du syndicalisme des retraités.

Les journées d’automne de la SFRN se tiendront les 8 et 9 décembre rue Cabanis. Elles ont le statut de stage fédéral, mais tout syndiqué qui le souhaite doit pouvoir y participer. En projet : l’analyse des résul- tats de l’enquête sur l’engagement des retraités dans la vie sociale, le témoignage d’un syndicaliste alle- mand, une table ronde sur la dépendance avec d’autres organisations et un universitaire, la suite du travail sur l’activité des retraités, une fin de jour- née réservée à l’expression des SFRD. Le prochain numéro de Syndicalisme et retraités en fera état.

Pour terminer, même si tous les syndicats de la FSU ne sont pas membres de la FGR-FP, il a semblé nécessaire d’évoquer l’avenir de cette organisation. Il est à l’ordre du jour de ses journées régionales d’au- tomne. La question en débat est simple : conserver à la FGR son caractère syndical et revendicatif, ou bien la transformer en une association d’associations, donc rompre le lien avec les actifs, ou encore la faire disparaître sous prétexte que chaque organisation a maintenant une structure pour retraités. C’est croire que la fonction publique et le code des pensions méri- tent qu’on les défende ou bien œuvrer pour leur extinction. Dans ce débat lancé au congrès national, il y a, même si ce n’est pas exprimé, la montée en puissance des effectifs de la FSU. Une lettre de cadrage de la secrétaire générale A. Merlen et des contributions de divers membres de la CE nationale (pour la FSU, de camarades du SNES, du SNUipp, du SNESup) seront envoyées dans les Régions et les départements. Après les régionales, le débat aura lieu lors des départementales, puis fin mars se tiendra un groupe de travail national. ■ BÉNÉDICTE VRAIN

Le 25 novembre 2010, les retraités seront à nouveau dans la rue...

C O M P T E R E N D U D E L A R É U N I O N D U 3 0 S E P T E M B R E

Des nouvelles de la section fédérale des retraités nationale

Les SFR départementales ont déjà fait la preuve de leur existence dans la plupart des départements, mais les interrogations sont encore nombreuses quant à l’activité, voire même l’existence, de la section fédérale des retraités de la FSU au plan national. Elle existe pourtant ; les camarades du SNES participent à son animation. Elle a tenu le 30 septembre l’une de ses trois réunions plénières annuelles et les questions de fonctionnement n’ont pas été éludées.

© DR

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Le

débat

Préparer sa retraite L’espace retraités

Organisation des retraités

Politique des retraités, qui décide ? Dossiers d’actualité

Action communication Revendications du SNES

et de la FSU pour les retraités Sites spécialisés

Retraites et retraités

www.snes.edu

LE SITE DU

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DOSSIER

Le directeur général du Centre d’analyse stratégique a remis à Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’État à la Prospec- tive et au Développement de l’Économie numé- rique, le rapport « Vivre ensemble plus longtemps : enjeux et opportunités pour l’action publique du vieillissement de la population française », dont on trouve ci-dessous des éléments.

Le vieillissement des sociétés présente dans chaque

R E T R A I T E : S O L I D A R I T É S P R I V É E S

Vivre ensemble p

Au moment où s’annoncent des décisions dans le même sens : effacement des solid familles... Attention : virages dangereux.

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© Jean-Louis Viguier

R E T R A I T E

Nouvelle

tranche de vie

De 1970 au milieu des années 90, la situation économique et sociale des retraités s’était améliorée ; leur place dans la société était de mieux en mieux reconnue. La retraite devenait peu à peu une nouvelle tranche de vie.

Depuis la réforme Balladur et ses avatars successifs, la situation se dégrade :

la retraite est-elle réellement une nouvelle vie pour les 12 millions de Français qui sont âgés de plus de 60 ans ?

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Dossier réalisé par Annie Clavel-Eveno ; Marylène Cahouet ; Jean-Pierre Billot

avec la participation de Françoise Eiden-Grosmann ; Michèle Farey ; Bénédicte Vrain ; Stéphane Batignes, Daniel Rallet et Jean-Louis Viguier.

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DOSSIER

pays des singularités. Entre mini baby-boom, maintien de sa population active et papy-boom, la société française présente des atouts et des vulnérabilités spécifiques. Il s’agit de formuler une réponse originale aux défis du vieillissement dans le cas de la France.

L’équation sociodémographique française se compose d’abord d’un processus accéléré de vieillis- sement « par le haut » (augmentation du nombre de personnes âgées) dans les quinze ans à venir :

l’espérance de vie moyenne a dépassé les 80 ans depuis 2004 ;

les générations nombreuses du baby-boom franchis- sent le seuil des 60 ans depuis 2006 (avec un passage de 12,8 à 20,9 millions de 60 ans et plus d’ici à 2035) ;

le nombre de personnes dépendantes devrait atteindre un premier pic dès 2020-2025 (1,2 million en 2020) et se maintenir à un niveau élevé jusqu’en

2050-2060.

S E T F A M I L I A L E S

plus longtemps

s sur les questions de perte d’autonomie, sont déposés des rapports qui vont tous

darités publiques, opposition jeunes-vieux, déqualification des métiers, appel au privé et aux

7 septembre à Toulouse : toutes générations confondus.

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DOSSIER

Simultanément, la société française présente le taux de fécondité le plus élevé en Europe (presque 2,1 enfants par femme). C’est incontestablement une chance pour le futur, mais nous serons, plus que d’autres, soumis à un stress de « prise en charge » dans les quinze années à venir, avec le cumul des besoins de la petite enfance et d’une population âgée dépendante en probable augmentation. Ce point illustre une perspective plus globale sur le pacte

social : nos choix collectifs devront concilier les aspirations et les besoins de non plus trois, mais quatre générations, en distinguant les seniors et les aînés (au-delà de 75 ans).

V i v r e e n s e m b l e p l u s l o n g t e m p s incite à actionner plusieurs leviers, notamment :

promouvoir la carrière professionnelle « durable » ;

réorienter les dépenses sociales des prestations en espèces et des avantages sociaux-fiscaux vers les prestations en nature, pour financer la montée en

nombre et en gamme des professionnels des ser- vices à la personne et améliorer la qualité de vie des aînés en difficulté ;

continuer à faire évoluer le marché du travail des services à la personne sans créer de barrières à l’égard des moins qualifiés, mais en cherchant à lever celles existant aujourd’hui entre les publics (enfance, han- dicap, dépendance) et les lieux d’exercice (domi- cile ou établissement).

Les politiques publiques peuvent contribuer à amé- liorer le bien-être de tous et fonctionner comme un

« multiplicateur » de solidarités privées-familiales qui risqueraient sinon de s’épuiser. Malheureusement, elles n’en prennent pas le chemin. ■

Globalement, sauf accidents de santé, un retraité peut espérer vivre une période de retraite active de l’ordre d’une quinzaine d’années, puis une période « de retraite de sa retraite » avec un repliement sur la sphère familiale et des activités personnelles et, enfin, une période de grand âge, voire de dépendance.

Actuellement, suivant les conditions économiques, sociales et familiales et les tempéraments, les nou- veaux retraités réagissent différemment :

soit ils ne changent pas vraiment leur mode de vie ;

soit ils choisissent, après un certain temps de réflexion, des activités plus hédonistes ou socialement utiles en utilisant leurs compétences ;

La valeur n’attend pas le nombre des années.

L’HUMEUR DU TEMPS

« Le monde qui vient » est un séminaire de prospective, à l’initiative et sous la houlette de Nathalie Kosciusko-Morizet. Il ne s’agit pas de réfléchir à la construction d’une société res- pectant les valeurs de la République, mais d’observer les transformations qui dessinent la société de demain.

La preuve : première séance le 22 juin ; thème : Quels liens entre les générations ?

Deux sociologues invités. Le tout doit tenir en deux heures, débat avec la salle compris.

J.-P. Le Goff, chercheur au CNRS, souligne qu’il est plus pertinent de distinguer les caté- gories sociales plutôt que les catégories d’âge.

L. Chauvel, professeur à Sciences Po, stigma- tise sans nuances les retraités actuels, tous nantis plus encore que les actifs, et les oppose à la jeunesse en grande difficulté à cause d’eux ; au nom du nécessaire pluralisme de la recherche sans doute !

B I E N V I V R E S A R E T R A I T E , C ’ E S T P O S S I B L E

Quand le COR ne perdait pas le nord...

En 2005, le groupe de travail « emploi des seniors » du Conseil d’orientation des retraites a présenté un dossier important et intéressant sur la « gestion d’une transition harmonieuse entre travail et retraite, un facteur

indispensable de la qualité de la retraite ». Leur analyse pertinente concluait : « La retraite, un vrai projet de vie ».

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© J.-L. Viguier

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DOSSIER

Beaucoup de retraités s’investissent dans l’humanitaire.

© J.-L. Viguier

P A R T I C I P A T I O N A S S O C I A T I V E E T B É N É V O L A T D E S S E N I O R S

Continuité ou Rupture ?

D’après une étude réalisée en 2001, l’adhésion à une association croît globalement avec l’âge.

Dans un article paru à La Documentation française*, Lionel Prouteau et François-Charles Wolff

s’interrogent : la fréquentation des associations remplit-elle une fonction de substitution ? Pour répondre à cette question, ils étudient les déterminants de la participation des seniors à la vie associative.

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soit ils veulent une rupture totale avec leurs anciennes préoccupations d’actifs. Ils choisissent alors des activités totalement différentes, soit prio- ritairement hédonistes, soit centrées sur la vie fami- liale ou de quartier, soit plus structurées (engage- ment associatif, politique...) ;

soit ils n’arrivent pas à faire la transition : inoccu- pation totale ou sous-occupation, qui révèle de toute façon un état proche de la déprime.

L’entrée en retraite est bien un tournant de la vie, un passage. Pour qu’il soit bien vécu et fécond, il est important de faire le bilan positif de sa vie passée, accompagné d’un travail de deuil de ce que l’on a raté, d’approfondir son identité propre et de faire une projection de ce que pourrait être cette nouvelle

vie : vie familiale, nouvelles études, engagements sociaux bénévoles, loisirs... Il faut aussi « repenser les conditions et le processus de préparation à la retraite et amorcer un débat sociétal sur la qualité et la place des retraités dans la société ».

Les projets gouvernementaux actuels sur la réforme des retraites, les décisions prises sur les déroule- ments de carrière, le gel de la revalorisation des fonctionnaires, l’allongement du temps de travail, les suppressions ou les diminutions des aménage- ments de fins de carrière sont des projets et des mesures négatives pour tous.

C’est pourquoi nous devons nous impliquer dans toutes les actions pour une réforme positive des retraites en France.

Les deux chercheurs s’appuient sur une enquête de l’Insee de 2002sur la vie associative, qui montre que la fréquentation des associations par les plus de 60 ans est supérieure à celle des plus jeunes. Le domaine « loisirs, culture » vient en premier ; en revanche, la participation aux domaines sportifs et éducatifs est plus limitée. Les associations de défense des droits (défense des consom- mateurs, des usagers du service public, des locataires, des propriétaires, organisations syndicales et profes- sionnelles...) voient logiquement une participation des aînés inférieure à celle des plus jeunes, notamment du fait de la diminution de l’engagement syndical.

L’engagement dans l’action sociale, citoyenne, cari- tative et humanitaire ne fléchit pas.

La participation associative est plus importante chez les hommes et elle décroît, chez tout le monde, avec l’âge et la mauvaise santé. Elle s’élève avec le niveau de diplôme et le revenu domestique. Ceux et celles qui ont occupé un emploi avant de partir en retraite adhèrent plus volontiers aux associations, qui jouent un rôle de substitution de l’activité profes- sionnelle. L’étude de Prouteau et Wolff montre aussi que la sélectivité sociale de la participation (bien réelle dans les premières années) s’atténue chez les seniors les plus âgés, mais uniquement

dans les associations dédiées aux loisirs et dans le domaine religieux.

Les motivations principales des adhésions offrent peu de surprise : c’est avant tout le souhait de rencontrer des personnes. Viennent ensuite le désir de pratiquer un sport, la volonté de faire respecter des droits, d’être utile à la société. L’enquête Insee de 2002 permet de préciser le statut de l’adhérent : même si les seniors consa- crent au bénévolat un temps plus important que leurs cadets, cinq heures par semaine en moyenne, leur par- ticipation dans les associations est plus celle d’usagers que de participants impliqués activement : c’est tout par- ticulièrement dans le domaine des loisirs que les seniors se comportent en consommateurs. Et le monde des responsabilités est encore plus masculin que celui de l’ensemble des adhérents : 9,9 % des retraitées et 18,9 % de retraités occupent des responsabilités dans les associations.

Le départ en retraite joue un rôle d’incitation pour construire des réseaux de sociabilité qui peuvent se sub- stituer éventuellement à ceux qui ont été noués lors de l’activité professionnelle. Mais dans ce domaine-là aussi, il n’est pas possible de globaliser. ■

* La Documentation française n° 50 (janvier 2007) :

« Retraite et Société ».

Références

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