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53 Politique culturelle: nouvelles perspectives? (2)Sommaire Pour une politique culturelle : p

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PRO FRIBOURG Juin 1982 INFORMATIONS Trimestriel N" 53

Politique culturelle:

nouvelles perspectives?

(2)

Sommaire

Pour une politique culturelle : p. 5 Le domaine musical

27 Les revendications des jeunes 32 Le Théâtre au Stalden

37 D'un point de vue officiel Circulation :

39 Le groupe Velo

43 2x recalé, le parking du Bourg émerge à nouveau Photos : p. 13 à 16, Eliane Laubscher, Fribourg, p. 22 et 23,

Primula Bosshard, Fribourg.

Imprimerie Saint-Paul, Fribourg. Tirage : 4 'OOO exemplaires.

CONVOCATION

A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE PRO FRIBOURG mardi 22 juin à 18 h 15 à la Grenette *)

Ordre du jour : Rapports d'activité et financier Rapport des vérificateurs des comptes Cotisation-abonnement 83 à fixer Election du comité - Divers

*) Un repas simple suivra pour ceux qui désirent participer au débat public. Prière de s'annonaer au 24.70.69 (heures bureau)

à 20 h 30, DEBAT PUBLIC

Pour une politique du logement à Fribourg A Fribourg de 1968 à 1981, les voitures ont augmenté de 5'000 unités, alors que la population a diminué de 2'700 habitants.

Et la Commune investit plus pour la circulation que pour la construction et l'amélioration des logements...

PRO FRIBOURG Secrétariat: Stalden 14, 1700 Fribourg Cotisation :

donnant droit: l'envoi du bulletin Ordinaire: 20 fr.; de soutien 30 fr.

avec Védition en langue allemande (deux numéros par an) : 26 fr.

Tarif réduit: 14fr. (étudiants, apprentis, 3e âge) CCP 17-6883 1700 Fribourg

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POUR UNE POLITIQUE CULTURELLE

Un proverbe arabe dit :

"Celui qui pousse son âne au sommet d'un minaret doit être aussi capable de le faire redescendre."

Après les deux échecs successifs de projets de théâtre-maison des congrès et le prochain départ de Fribourg du Conservatoire malgré un Hôpital des Bourgeois vide depuis dix ans, des responsables de la politique culturelle locale, l'un, le syndic, se retire, et l'autre s'en va aux finances. C'est à un nouveau Conseiller, Jean- Pierre Dorthe, qu'incombera la tâche délicate de faire redescen¬

dre l'âne du minaret et de le faire retrouver le plancher des va¬

ches, en l'occurrence, les réalités de notre vie culturelle, de la vie tout court.

PRO FRIBOURG n'a pas à jouer maintenant les donneurs de conseils.

Mais il nous a paru utile de faire un bref tour d'horizon, en don¬

nant, comme il se doit dans les circonstances présentes, la pre¬

mière place à la vie musicale.

Après l'échec du "Théâtre des Habitants", d'une greffe de l'exté¬

rieur, l'activité persévérante du Théâtre au Stalden, confinée dans sa petite cave du quartier de l'Auge, mérite qu'on s'y arrê¬

te sérieusement. Depuis 1968, cette troupe francophone et alémani¬

que maintient par un théâtre vivant un pont entre nos deux cultu¬

res. Il serait temps de l'aider à sortir de son étroite coquille.

Des aspirations nouvelles se font jour, en dehors des schémas tra¬

ditionnels. Le besoin de locaux, d'espaces de liberté, est exprimé par des groupes multiples, souvent très jeunes et parfois éphémè¬

res, mais sans cesse renaissants. En face, comme un défi, des bâ¬

timents anciens à l'abandon font l'effet d'un gaspillage alors que tant de demandes restent insatisfaites.

Ce tour d'horizon est certes incomplet. Il faudrait parler des ar¬

tistes qui, manquant d'ateliers, revendiquent les écuries du Varis.

Et de tant d'autres qui contribuent à faire de notre vieille cité une ville vivante.

Mais ce retour aux réalités de la vie ne saurait se cantonner au seul domaine culturel, il doit englober toute la conception de no¬

tre ville, pendant qu'il est temps encore. A quoi bon restaurer, réanimer des édifices, si c'est pour les laisser se dégrader en¬

suite par la pollution et l'envahissement de la circulation ? Gérard Bourgarel

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■ FRIBOURG ADIEU L'HÔPITAL DES BOURGEOIS

Le conservatoire

quitte Fribourg

GRANGES-PACCOT (PTS) — Le syndic de Fribourg voyait prises culturelles Jouaient sur les déjà le Conservatoire de musique, coincé à côté du Musée "?émes tableaux. Prestige d'abord.

d'art et d'histoire dans « son » hôpital «les Bourgeois rénové. iffLS' _ . . . .. .. . 7 J1.I j. suite. Mic-mac enfin : pour le theatre, PfttstiMi le Conseil d Etat vient de décider de I installer une foliation chargée de ratisser les dans l'ancien institut pour aveugles du Sonnenberg, prôs de deniers dont la commune se montre l'étang du Jura, aux portes de Fribourg, mais sur territoire avare. Pour l'hôpital des Bourgeois, de Granges-Paccot. La solution a des avantages, surtout

financiers.

Mîor. au Sonnenberg, le conartitor Bourgeois. Le syndic de Fribourg a

« —«-montait la jugé Te conservatoire peu intéressant M iailiiäfffis;' ' " aue 1? ss?.ssrv.a:

Mercredi 15

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le Conservatoire de musique se i

—4—- OHrn, il im Lj j._. Silui dtn, u .sä Mi. .

un système de location où la Ville — qu'elle soit bourgeoisie ou commune

— tentait de récupérer ce qu'elle doit verser comme subvention pour tout élève musicien, comme toutes les communes du canton. Le tour de rtacce-nasse, orchestré par un syndic • Am 1À.

d'Etat. h|Il n c°*««u parcage olu/r^?;? «<f«ordinaire»:

Mari» Confer dirwie«/!?^! P»Mtqu*. AÂî•ntnC- ' •«Ci«« hffi d~ «rt ,,ud><* et Mlles vil,e- Ä* T>îi

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Echec culturel pour la ville?

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A TOUT SEIGNEUR, TOUT HONNEUR .,.

1982 :

Le Conservatoire quitte la ville pour sa périphérie.

Cet événement, aboutissement de piteux marchandages, est une conclusion qui n'est pas à l'honneur de notre Commune,

Notre ville avait les moyens, les locaux, pour donner à notre principale institution culturelle un cadre digne d'elle, un centre de rayonnement au coeur de la cité :

l'Hôpital des Bourgeois.

Le mal est fait, il faut en prendre son parti.

Mais il serait temps encore de corriger les effets les plus néfastes du transfert du Conservatoire en lui permettant de reprendre pied en ville. Quelles que soient les utilisations multiples prévues pour le quadrilatère de l'ancien Hôpital, sa Chapelle reste disponible. Elle devrait être (après tant de pingrerie) généreusement offerte à notre Conservatoire, Enfin, notre ville, toujours à la recherche d'un renom international (et qui n'a pas craint de s'aventurer dans une triennale de la photo au succès mitigé que l'on sait) se devrait de ne pas laisser passer une chance unique : La convergence des talents, du savoir et d'instruments exceptionnels nouvellement restaurés que nous offre

le domaine de l'orgue,

Là encore, ne faut-il pas construire à partir de ce que nous avons ?

Pro Fribourg

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UN ENTRETIEN AVEC JEAN-MICHEL HAYOZ, Directeur du Conservatoire

Le Conservatoire de Fribourg va vivre, à la rentrée scolaire de 1982-1983, un instant déoisif de son histoire, en ■prenant pied dans le bâtiment, en voie d'aménagement, laissé vacant à la suite du départ de l'institution des jeunes aveugles. Quel sentiment éprouvez-vous à une telle perspective?

Un profond sentiment de soulagement! A lire les chroniques, les procès-ver¬

baux de séances de la commission du Conservatoire, les rapports de fin d'année de tous les directeurs qui m'ont précédé, depuis les "origines" du Conservatoire (au début de ce siècle) à maintenant, toujours et toujours s'est posée la lancinante question de l'insuffisance des locaux. L'augmen¬

tation constante (et en soi réjouissante) du nombre des élèves et par con¬

séquent du nombre de professeurs n'a cessé de rendre la situation plus dra¬

matique d'année en année.

Un sentiment de soulagement, mais aussi un sentiment de reconnaissance à l'égard de tous ceux qui, en particulier à l'Etat de Fribourg et à la Di¬

rection de l'Instruction publique, ont vigoureusement empoigné le problème pour lui apporter une solution. A cet égard, je puis témoigner à Pro Fri- bourg qui, depuis sa fondation, lance de légitimes cris d'alarme pour que soit pratiqué à Fribourg une véritable politique "culturelle": nos auto¬

rités cantonales ont compris l'enjeu "culturel" que représente un Conserva¬

toire prospère, à la disposition, sans élitarisme, d'enfants, de jeunes et de moins jeunes désireux de pratiquer un instrument de musique ou de s'ini¬

tier à la musique. (Un premier pas décisif a été franchi en 1978 lorsqu'une Loi sur le Conservatoire fut élaborée, puis approuvée par un Grand Conseil unanime, enfin, mise en vigueur.)

N ' avez-vous cependant pas l'impression qu 'en "mettant le Conservatoire au vert" hors les murs de Fribourg, c'est un peu le mettre "en marge", en comp¬

liquer inutilement l'accès à des enfants, à cause de l'êloignement et de la précarité des transports publics?

J'aurais préféré pour ma part un conservatoire central. Cependant, la solu¬

tion de n'importe, quel problème ne saurait découler d'un simple procès

"manichéiste". En réalité, il y a "balance": sur un plateau le poids des inconvénients, sur l'autre celui des avantages. Je reconnais volontiers 1'inconvénient de l'êloignement (encore que, dans le cas d'une ville comme Fribourg, le problème de la distance a bien un peu l'air d'un faux pro¬

blème). Les conservatoires de Lucerne et de Winterthur sont eux aussi implan tés à l'écart de la ville: ils ne s'en portent pas plus mal. Je pense au contraire que les enfants et les jeunes qui viendront au "Sonnenberg" éprou¬

veront un salutaire sentiment de "dépaysement". La musique aura tout à gag¬

ner à être pratiquée dans un espace tranquille, à l'abri de l'agitation urbaine.

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Lorsque vous dites que vous auriez préféré un conservatoire situé en centre de Fribourg, pensez-vous à l'ancien Hôpital des bourgeois? fie regrettez- vous pas que la solution "Hôpital des bourgeois" ait été finalement écarté a' Oui à la première question. Oui et non à la seconde. Prenons d'abord la question concernant l'Hôpital des bourgeois. C'est vrai que j'ai ardemment préconisé cette solution, que j'ai participé activement à la planification du Conservatoire dans ces anciens bâtiments, un avant-projet à même été es¬

quissé dans les détails. Mais c'est faux de prétendre que l'Etat de Fribourg et le directeur du Conservatoire auraient balayé le projet sans autre forme de procès, au grand dam des autorités communales de Fribourg. Je puis vous faire, très résumé, l'historique de ce projet avorté.

Fin 1975, venant à peine de prendre en mains les destinées du Conservatoire, j'ai, avec le syndic de l'époque, évoqué la possibilité d'installer le Con¬

servatoire dans l'ancien Hôpital des bourgeois. (Je n'étais d'ailleurs pas le premier à avoir envisagé pareille possibilité.) Pour la Commune de Fribourg, le Conservatoire n'était, hélas, pas un "partenaire intéressant".

Au début de 1977, j'ai sollicité de M. le Conseiller d'Etat Ferdinand Masset, alors nouveau directeur du département des "Travaux publics" dont dépend tout le secteur des bâtiments, qu'il nous aide à trouver de nouveaux locaux, en suffisance, qu'il intervienne le cas échéant auprès de ses an¬

ciens collègues du Conseil communal (dont il fut membre avant d'être élu Conseiller d'Etat) pour que la solution "Hôpital des bourgeois" fasse des progrès. Il m'a dit, à l'époque: "Vous n'aurez jamais l'Hôpital des bour¬

geois"! Il m'a suggéré alors d'examiner une autre solution, celle d'un pos¬

sible aménagement dans ce qui est désormais 1'"ancien séminaire". A plus d'un égard, la solution "séminaire" (qui fait couler beaucoup d'encre au¬

jourd'hui) aurait été assez idéale. Une première estimation des coûts de rénovation fut même ébauchée.

En septembre 197b, mise en vigueur de la Loi sur le Conservatoire qui de¬

vient un "Etablissement d'Etat"! Nous devenons un "partenaire intéressant".

Les portes de l'HÔoital des bourgeois jusqu'alors irrémédiablement fermées s'emblent s'entrouvrir. La Ville de Fribourg déclare opposer son veto for¬

mel à la solution concurrente du futur "ancien séminaire". Une commission bourgeoisiale, présidée par le syndic, est constituée; mandat.est donné à des architectes d'élaborer les plans d'un avant-projet d'aménagement dans 71Hôpita 1 des bourgeois, selon les indications, voeux et besoins de divers utilisateurs potentiels, dont le Conservatoire. Les discussions vont bon train. Le projet prend bonne forme jusqu'au jour où il s'agit de chiffrer le coût probable de l'opération et de déterminer quel serait le montant dps locations demandées au Conservatoire. Je n'entre pas dans le détail.

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A l'Etat de Fribourg, on estime que les locations pronostiquées sont beau¬

coup trop onéreuses. A la Commune de Fribourg, on estime que la Ville de Fribourg n'a pas de cadeau à faire à l'Etat".

Je vous donne un avis personnel qui n'engage que ma responsabilité: le "ca¬

deau" que la Ville aurait éventuellement fait à l'Etat de Fribourg n'aurait pas été un cadeau à l'Etat, mais aux enfants et aux jeunes de Fribour-g même, qui profitent en premier lieu du Conservatoire. Il ne sert plus à rien d'épiloguer. Lorsqu'au printemps de 1981, l'Etat de Fribourg entrevoit de mettre en concurrence de la solution "Hôpital des bourgeois", la solution

"Sonnenberg", finalement bien moins coûteuse, il s'agit bien entendu de comparer les avantages et les inconvénients de l'une et de l'autre.

L'éventualité d'implanter le Conservatoire de Fribourg "au vert" avait déjà été envisagée par M. Henri Mauron, président jusqu'en 1978, de l'ancienne commission administrative du Conservatoire. A l'époque cependant, il n'y avait "au vert" aucun bâtiment disponible qu'on puisse songer à aménager en Conservatoire. Seule une construction entièrement nouvelle aurait pu entrer en considération. Son coût aurait été tel que le projet même s'il avait passé la rampe au Grand Conseil, n'aurait pas trouvé grâce en vota- tion populaire! Voilà les faits. C'était bien pourquoi l'on avait purement et simplement renoncé de songer aux avantages que représenterait un Conser¬

vatoire installé dans un espace de verdure en bordure de Fribourg! La sou¬

daine possibilité d'aménager un complexe de bâtiments devenus libres, pré¬

cisément en bordure de Fribourg, changea du tout au tout les données du problème.

Voyons maintenent votre deuxième question: "Ne regrettez-vous pas que la solution "Hôpital des bourgeaois" ait été finalement êcartelée"? Je la re¬

grette pour les avantages qu'elle aurait représentés: situation centrale;

proximité des transports publics, gare, bus, trolleybus; sécurité de l'accès. Je ne la regrette pas pour ses inconvénients: nuisances par le bruit (rues, trains passant à proximité sous un tunnel à claire-voie, par¬

king souterrain prévu entre l'aile nord de l'Hôpital et le Criblet); je songe d'ailleurs aussi aux nuisances par le bruit dont le Conservatoire aurait été la cause pour le voisinage. Je la regrette surtout parce que j'aurais été heureux que les gens de Fribourg aient un peu le sentiment que le Conservatoire est leur "bien", leur "chose", leur "possession" et qu'ils en soient fiers. J'espère désormais que les Fribourgesois de tout le canton auront le sentiment que le "Sonnenberg" leur appartient, sans discrimination ni favoritisme. Je trouve assez symbolique à cet égard que le Conservatoire, ne l'oublions pas "cantonal", plante ses racines sur le territoire de la commune de Granges-Paccot, à proximité de cette grande artère traversant tout le canton qu'est la nationale 12.

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Le déménagement du Conservatoire au complet dans les nouveaux bâtiments amé¬

nagés va sûrement être la cause de quelques difficultéss momentanées, à sur¬

monter. Pouvez-vous définir quelques-unes de ces difficultés et les moyens de les maîtriser?

Le problème le plus urgent à résoudre est sans conteste celui de l'équipe¬

ment en instruments. Le Conservatoire dispose actuellement de 37 pianos au total, dont plusieurs sont terriblement délabrés. Les experts ont chiffré à Fr. 40'000 les frais nécessaires de remise en état. Il ne faudra pas néces¬

sairement doter tous les studios d'un piano, mais si l'on veut que le

"Sonnenberg" devienne "opérationnel", c'est-à-dire qu'il compense enfin l'insuffisance actuelle, dramatique, en locaux, l'acquisition de 25 pianos au moins, est inéluctable: 1 piano à queue de concert (pour notre future grande salle aménagée dans l'ancienne salle de gymnastique), 4 pianos à queue d'environ 180 cm (les classes professionnelles de piano sont floris¬

santes), 20 pianos droits. Neuf, un piano de concert de grande marque (à cet égard, ce n'est pas seulement la marque qui coûte, mais l'incomparable qua¬

lité de sonorité et la "fiabilité" de l'instrument - pardonnez-moi ce mot à la mode!) coûte de Fr. 65'000 à Fr. 70'000. Au demeurant, on peut tomber sur une bonne occasion. (Mais y a-t-il sur le marché de "bonnes occasions"

d'un piano à queue de concert?) Un piano à queue de 180 cm coûte de Fr.

35'000 ä 45'000. A condition de commander une série de 15 à 20 pianos droits, on peut envisager de compter fr. 8'000 par piano.

Autre acquisition indispensable: des orgues. Une particularité du canton de Fribourg, c'est d'avoir maintenu vivante une tradition de l'orgue. Il ne nous sert à rien d'avoir de belles orgues sans organistes. La tâche de for¬

mer des organistes appartient au Conservatoire. Trois salles au moins, dans une première étape, sont prévues pour l'enseignement de l'orgue: mais elles doivent simultanément permettre aux futurs organistes de s'exercer. J'ai chiffré à environ Fr. 230'000 le coût des orgues à commander. C'est énorme et en même temps raisonnable.

Comment financer de tels projets? La précarité des finances cantonales est bien connue. Nous allons tenter une campagne auprès de "mécènes". Ce n'est pas un "cadeau à l'Etat" que je leur demande de faire, mais à la Jeunesse musicienne qui fréquente le Conservatoire.

Un autre problème à résoudre: celui du parcage des voitures à proximité du conservatoire. Il faut compenser l'inconvénient de 1'éloignement. Surtout, il faut que le public soit tenté de venir souvent et régulièrement aux con¬

certs et auditions organisés par le Conservatoire dans la future grande salle. Le public viendra s'il sait qu'il peut parquer tout près. S'il ne peut pas, inutile de lui prêcher la beauté des transports publics ou de la

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marche à pied sur deux ou trois cents mètres, inutile de lui prôner l'éco¬

logie, surtout ne pas chercher à résoudre le problème avec des "il n'y a qu'à..." et des "il n'y a qu'à pas...", car le public ne bougera pas, pré¬

férera les programmes TV à un concert ou une audition du Conservatoire.

C'est, hélas, une question de mentalité. Je suis désolé de plaider pour des places de parc en suffisance dans une revue qui, précisément, ne cesse de lutter contre ce fléau des temps modernes.

Lié au problème précédent, il y a celui de l'accès facilité au Conservatoi¬

re, grâce aux transports publics. La Ville de Fribourg, après l'échec de la solution "hôpital des Bourgeois", ne va-t-elle pas simplement nous rétor¬

quer: "Vous vouliez chanter, eh bien!, dansez maintenant"! En d'autres ter¬

mes, "débrouillez-vous", ce n'est pas notre problème! Il est tout de même frappant que les feux pour piétons, installés près du terminus de la ligne du Jura, permettant une traversée de la route du Jura sans trop de risque, aient été déplacés de deux ou trois cents mètres vers Fribourg, à peu près au moment où l'on a su que le Conservatoire allait s'installer au Sonnen¬

berg. N'y a-t-il donc à Fribourg aucun homme politique capable, au su et au vu d'une information nouvelle, de voir des liens entre des tenants et des aboutissants? d'en tirer les utiles conclusions? Qu'au moins les enfants qui viendront jusqu'au Conservatoire, au Sonnenberg, ne servent pas d'enjeu, de pions qu'on tire à hue et à die sur l'échiquier, dans cette étrange guer¬

re que la Ville de Fribourg et l'Etat se livrent dès qu'il est question de partage des charges financières. J'espère aussi qu'à Granges-Paccot, on ne nous considérera pas comme des intrus et que le Conseil communal acceptera d'améliorer l'éclairage des rues menant au Sonnenberg. Ce qui me préocuppe, ce n'est pas seulement la facilité de l'accès au Conservatoire mais la sé¬

curité de 1'accès.

Envisagez-vous l'avenir avec optimisme?

Quand je regarde en arrière, je vois bien l'énormité du chemin parcouru.

Quand je regarde en avant, je me rends compte de ce que l'institution cul¬

turelle appelée "Conservatoire" est une "création continue". Je me fais parfois l'impression d'être un peu le Sisyphe de la mythologie grecque, condamné dans les Enfers à rouler une grosse pierre au sommet d'une montag¬

ne d'où elle ne cesse de retomber. Je n'aurai pas la vanité de prétendre que je suis seul à pousser la pierre vers le haut... Je suis en tous les cas reconnaissant à "Pro Fribourg" de m'avoir donné l'occasion de m'expri- mer.

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Dates marquantes de l'histoire du Conservatoire de Fribourg

10 oct. 1904 A l'initiative de MM. Delgouffre et Favre, fondation du Con¬

servatoire. Premier directeur: Edouard Vogt. 14 professeurs, 85 élèves.

1905-1906 Nouveau directeur: Antoine Hartmann. 122 élèves.

1909-1910 Dans le rapport annuel: nombre insuffisant de locaux.

1912-1913 Fusion du Conservatoire avec une école de musique privée, sous le titre: Conservatoire et Académie de musique.

1914-1915 Construction d'un étage supplémentaire sur le bâtiment de la rue de Morat.

1917-1918 Décès d'Antoine Hartmann. Nouveau directeur: Paul Haas.

1920-1921 Nombre d'élèves: 195.

1925-1926 Engagement d'un professeur, Joseph Gogniat, chargé de la for¬

mation d'organistes liturgiques.

289 élèves. Disposer d'une salle de concerts et d'auditions devient une nécessité de plus en plus pressante.

1930-1931 Nombreuses discussions pour résoudre le problème de l'insuf¬

fisance des locaux.

1935-1936 Inauguration des orgues du Conservatoire (Jean Bénett).

1937-1938 Premier examen pour l'obtention d'un diplôme de virtuosité de piano.

1939-1940 Le nombre d'élèves tombe à 215.

1942-1943 Décès de Paul Haas. Nouveau directeur: Joseph Gogniat.

1943-1944 Le Conservatoire compte 426 élèves et 34 professeurs.

Fondation de classes réservées à la musique religieuse, sous le nom de "Schola Cantorum Friburgensis".

1947-1948 Le chanoine Joseph Bovet quitte la présidence de la Commis¬

sion administrative du Conservatoire, qu'il a assumée dès 1912.

1948-1949 Le Conservatoire compte ,484 élèves pour 9 studios !

1951-1952 Démolition de l'ancienne salle de la Grenette où auditions et concerts du Conservatoire se donnaient.

1953-1954 Décès de Joseph Gogniat. Nouveau directeur: Aloys Fornerod.

Nombre d'élèves: 520.

1964-1965 Inauguration de 10 nouveaux studios construits au dos du bâti¬

ment principal, et de la grande salle à partager avec le Musée

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d'Art et d'Histoire. Nombre d'élèves: 800, nombre de profes¬

seurs: 31. Décès d'Aloys Fornerod. Nouveau directeur : Jean Piccand.

1970-1971 Près de 1'400 élèves et 48 professeurs.

1973-1974 Locaux supplémentaires mis à disposition à la rue Pierre- Aeby, dans l'ancien Hôpital cantonal et au Stalden. Des "fi¬

liales" du Conservatoire sont créées à Morat, à Estavayer- le-Lac et à Guin.

1974-1975 Démission de Jean Piccand. Nouveau directeur: Jean-Michel Hayoz. Près de 1'700 élèves et de 75 professeurs.

1978-1979 Mise en vigueur de la Loi sur le Conservatoire, votée en mai 1978 par le Grand Conseil fribourgeois unanime. Le Conserva¬

toire est désormais un Etablissement d'Etat placé sous la juridiction de la Direction de 1'Instruction-publique. Les communes de domicile des élèves participent pour 50 % aux charges financières.

L'Ecole de musique de la Gruyère, à Bulle, est intégrée au Conservatoire. De nouvelles "filiales" s'ouvrent un peu par¬

tout dans le canton.

Près de 2'200 élèves et de 120 professeurs.

Problème des locaux de plus en plus urgent à résoudre.

Mise à disposition de la "Maison Chantai" (18 locaux) en fa¬

ce du bâtiment principal, mais abandon des salles de l'an¬

cien Hôpital cantonal.

1981-1982 Près de 3'400 élèves et de 190 professeurs.

Ecole de jazz, créée au Conservatoire en 1979, florissante.

De plus en plus nombreux, des élèves-du Conservatoire sor¬

tent lauréats de concours d'exécution musicale régionaux ou nationaux ou obtiennent des bourses d'études, après concours, auprès de fondations suisses.

L'aménagement du Conservatoire, décidé en été 1981, dans les bâtiments du "Sonnenberg", qui abritaient une institution pour jeunes aveugles, est planifié, mis en soumission et, actuellement en chantier.

Le Conservatoire déménagera au "Sonnenberg" l'été qui vient.

Remarque: L'institution musicale s'appelle "Conservatoire de Fribourg"

et non plus "Conservatoire de musique", parce qu'il n'y a pas d'autres conservatoires (par exemple "des Arts et Métiers") dans le canton, et parce qu'il est ouvert à des classes d'art dramatique et de ballet. "De Fribourg": sous-entendu "du can¬

ton de Fribourg". Les autres dénominations (Académie de musique et "Schola cantorum friburgensis") ont disparu avec le temps.

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Au début du siècle, Préfecture et arsenal sommeillaient dans une rue tranquille.

De nos jours, le Musée et le Conservatoire sont plantés à un carrefour, sur la voie

d'accès à l'autoroute N 12...

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Elèves et professeurs en nombre croissant s'entassent dans des locaux exposés au bruit de la circulation...

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Le manque de place chronique imposait le recours à de multiples solutions provisoires

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L'Orchestre de la Ville de Fribourg

Cet orchestre, l'une des plus anciennes institutions de Fribourg, est un orchestre d'amateurs. Une périodicité d'ères de prospérité et d'ères de dé¬

clin marque son histoire. Le déclin est quasiment toujours contrebalancé par la naissance et l'épanouissement d'un ensemble concurrent, autour et sous la direction d'une jeune personnalité: au début des années 50, par exemple, con¬

stitution de l'Orchestre Pro Musica, avec, à sa tête, Armin Jordan, puis fu¬

sion avec l'Orchestre de la Ville qui prend le nom d'"Orchestre de la Ville Pro Musica". Selon le même mécanisme, création vers les années 70 d'un "Or¬

chestre de l'Université", sous la direction de Fritz Voegelin, puis fusion avec l'Orchestre de la Ville" qui prend le titre d"'0rchestre de la Ville et de 1'Université". Conjointement, naissance, en 1971, d'un ensemble de jeunes qui, avec les années, devient 1'"Orchestre des Jeunes de Fribourg"

et connaît, sous la conduite de Théophanis Kapsopoulos, une réputation sans précédent. Existence éphémère, autour des années 75, d'un Orchestre de Cham¬

bre de Fribourg, constitué en partie de professeurs au Conservatoire. Autre existence éphémère, autour des années 80, d'un "Orchestre des Jeunesses musi¬

cales" , semi-symphonique pourrait-on dire. En 1978, création d'un "Orchestre de chambre de Villars-sur-Glâne", assumant en partie le rôle joué par l'ex- Orchestre de chambre de Fribourg. Pour compléter la liste, citons encore

"l'Orchestre des élèves du Conservatoire", sans autre prétention que d'ini¬

tier de tout débutants violonistes et violoncellistes aux premières pratiques du jeu d'ensemble et de fournir la relève nécessaire aux autres orchestres.

L'avenir de 1 "'Orchestre de la Ville et de l'Université"? Disons que, d'une part, le capital des jeunes années s'épuisant plus vite que celui de l'âge adulte, les apprentis musiciens et musiciennes qui vouaient quantité d'heures de loisir à un orchestre de jeunes finissent par exercer une profession, un métier, par se marier et fonder des familles: ils ont envie de continuer de jouer dans un orchestre, mais selon un horaire réduit, et vont ainsi rejoin¬

dre des aînés de longue date dans l'orchestre de la ville. Disons, d'autre part, que nombre de souffleurs (Dieu sait s'il y en a en quantité dans le Canton de Fribourg, et de qualité) ont envie de pratiquer de la "musique sym- phonique". L'Orchestre de la Ville répond à un besoin. Qu'il subisse périodi¬

quement des "crises" n'a rien que de très normal. Sa survie dépend cependant du choix d'un chef d'orchestre compétent et très pédagogue. Il faudrait hono¬

rer ce chef d'orchestre d'un salaire décent. Il faudrait d'ailleurs pratiquer la même politique à l'égard de plusieurs chefs de chorales de chez nous, avant qu'ils ne soient tentés de fuir sous un ciel plus hospitalier: ils ont donné des preuves éclatantes de leur valeur en dotant la ville et le canton de Fribourg de choeurs de très haut niveau.

Un subventionnement plus généreux que jusqu'à maintenant, des orchestres et des choeurs de la place, paraît être une inéluctable nécessité.

Jean-Michel Hayoz

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Les Jeunesses Musicales de Fribourg

Depuis 1971, les Jeunesses musicales de Fribourg organisent chaque saison une série de concerts (plus de 250 jusqu'à aujourd'hui). Parmi les interprè¬

tes des concerts, nombreux ont été les jeunes artistes fribourgeois. Dési¬

rant offrir des prestations de qualité et en même temps garder une politi¬

que de prix d'entrée qui permette à l'auditeur d'assister à nos concerts pour une somme modique, les JMF sont fort dépendantes des subventions. Dans ce domaine, les efforts de la ville et du canton ont toujours été des plus favorables à notre égard. Les JMF ne veulent pas être qu'une agence de con¬

certs mais elles veulent tout d'abord donner aux jeunes musiciens le plus d'occasions possibles de se produire en public et cherchent en même temps à étendre encore plus leurs activités. Un atelier musical, un choeur, des commandes d'oeuvres à des compositeurs et la création d'un fonds pour des bourses aux jeunes musiciens sont les nouvelles activités qui sont en partie déjà réalisées.

Le festival international "Jeunesse et Musique", qui trouvera cet été sa deuxième édition est devenu une manifestation des Jeunesses musicales de Fribourg, qui a eu la faveur d'une grande attention de la part du monde de la musique. Nous sommes certains.que la qualité et l'importance de cette ma¬

nifestation musicale aura des conséquences économiques et touristiques non négligeables pour la ville et le canton de Fribourg. Les JMF souhaitent pou¬

voir organiser ce festival à un rythme régulier, mais ceci ne sera possible qu'avec la professionnalisation d'une partie de notre infrastructure. Malgré le manque pressant d'une salle de concert, abritée de tous bruits de voitu¬

res, Fribourg est une ville idéale pour attirer les mélomanes de musique du monde entier qui désirent passer leurs vacances dans un cadre aussi pitto¬

resque et en même temps pouvoir apprécier la musique, devenue un des plai¬

sirs les plus précieux que nous offre la vie d'aujourd'hui.

Jean-Claude HAYOZ Président des JMF

"JEUNESSE ET MUSIQUE - FRIBOURG 1982"

Du 3 au 18 juillet 1982, Fribourg sera un centre de musique sacrée et de forte-piano, sous l'égide du festival "Jeunesse et Musique", organisé par les Jeunesses Musicales en collaboration avec la Radio Suisse Romande, no¬

tamment .

Le forte-piano sera à l'honneur et particulièrement le célèbre facteur d'or¬

gue et de piano fribourgeois Aloys Mooser (1770-1839) auquel le musicologue Franz Seydoux consacrera deux conférences.

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Un concours de forte-piano, organisé en collaboration avec le Festival es¬

tival de Paris, Radio-France et la Radio Suisse Romande, aura lieu du 3 au 9 juillet 1982. Les candidats auront à disposition deux instruments origi¬

naux du facteur Mooser ainsi qu'une copie d'un forte-piano de Walter et de Tomkinson. Le jury, formé de Luigi-Ferdinando Tagliavini, Jörg-Ewald Dähler, Huguette Dreyfus, Luciano Sgrizzi et John-Henry Van der Meer décernera un seul prix (soit un 1er prix de 6'000 Frs ou un deuxième prix de 3'000 Frs).

Du 12 au 17 juillet, Jörg Demus et Luciano Sgrizzi donneront deux cours d'interprétation du forte-piano, consacrés aux périodes préclassique et classique.

Le festival proprement dit aura lieu du 9 au 18 juillet. Deux concerts sont programmés chaque jour, le premier à 18 heures et le second à 20 heures trente. Le forte-piano aura une place dans ce festival avec des concerts de Jörg Demus, Luciano Sgrizzi, l'Ensemble 415 de Genève et le lauréat du con¬

cours qui interprétera un concerto de Mozart avec 1'Academy of Ancient Mu¬

sic. Les autres concerts, consacrés à la musique sacrée, permettront au pu¬

blic d'écouter des ensembles prestigieux comme le Pro Cantione Antiqua, le Clemencic Consort, 1'Academy of Ancient Music, le Collegium aureum, le Choeur de la Radio Suisse Romande ainsi que deux choeurs d'enfants de très haut niveau comme le Choir of Westminster Abbey et le Tölzer Knabenchor et des organistes remarquables comme Jean Gui 11 ou, René Oberson et Hans Vollen- weider.

La deuxième série de concerts de musique sacrée regroupera des ensembles de jeunes fribourgeois et suisses, tels que l'Ensemble féminin de musique voca¬

le de Lausanne, le Choeur de 1'Université et des Jeunesses Musicales de Fribourg, le Choeur du Conservatoire de Fribourg, l'Ensemble vocal du Kammer Chor Seminar de Küsnacht, l'Orchestre des Jeunes de Fribourg, le Choeur des XVI de Fribourg ainsi que Michel Brodard, Christa Lutz, Nicole Rossier et Klaus Slongo.

Ces ensembles et ces artistes illustreront magnifiquement les manifestations les plus diverses de l'art sacré européen, laissant une place à l'art con¬

temporain, plusieurs pièces sacrées "a cappella" ayant été commandées à des compositeurs comme Henri Baeriswyl, Serge Arnauld ou Fritz Vögelin.

Des renseignements peuvent être obtenus au sujet de cette manifestation, à cette adresse: Secrétariat du Festival "Jeunesse et Musique - Fribourg 1982"

Criblet 4, CH-1700 FRIBOURG (tél. 037 22 48 00 ou télex CH - 36470 0T0UR).

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A la découverte d'un grand Fribourgeois

Le nom du facteur d'orgue et de piano Aloys Mooser (1770-1839) a toujours fi¬

guré en bonne place dans la galerie des "grands fribourgeois" bien que son oeuvre ait été quelque peu oubliée ces dernières décennies. Toutefois, l'i¬

nauguration des anciens abattoirs transformés en musée a remis en évidence le nom de A. Mooser puisque c'est pendant la période où il était membre des au¬

torités communales que ce bâtiment a été érigé et il est fort probable qu'il soit l'auteur des plans. D'autre part, l'instrument le plus célèbre qu'il a construit, les orgues de la cathédrale St Nicolas, sont maintenant restaurés;

enfin, le prochain festival "JEUNESSE ET MUSIQUE" va permettre à un grand pu¬

blic de découvrir un aspect moins connu du travail de Mooser: sa facture de pianos.

Deux pianos d'Aloys Mooser seront utilisés pour le Concours international de Forte Piano qui se déroulera du 3 au 9 juillet à Fribourg ainsi que pour des concerts organisés dans le cadre du festival. Ces deux instruments très sem¬

blables ont été construits à la fin du XVIIIe; siècle. Il s'agit donc d'ins¬

truments de l'époque mozartienne. Ils ressemblent d'ailleurs beaucoup aux instruments utilisés à Vienne à l'époque de Mozart. Cela s'explique par le fait qu'Aloys Mooser a travaillé un certain temps à Vienne chez Anton Walter

(1752-1826) un des plus célèbres facteurs de piano de son époque qui a d'ail¬

leurs construit un instrument pour Mozart.

Le piano apparaît au début du XVIIIe siècle et son invention est généralement attribuée à Bartolommeo Cristofori (1655-1731). C'est lui qui a trouvé le moyen de varier de manière continue le volume du son en fonction du toucher de l'interprète. Dans le clavecin, la corde est mise en mouvement par un bec, fixé sur un sautereau; le bec pince la corde comme le guitariste pince la corde de son instrument avec son ongle. L'intensité du son du clavecin ne va¬

rie pour ainsi dire pas qu'on frappe fortement la touche ou avec douceur. Or, au début du XVIIIe siècle, les musiciens ressentent toujours plus le besoin de disposer d'un instrument à clavier permettant de faire un crescendo ou un diminuendo. L'instrument qui va permettre cela, sera le piano forte. Dans l'instrument inventé par Cristofori, la corde est mise en mouvement non pas par ùn bec mais par un marteau. Ce marteau frappe plus ou moins fortement, suivant l'intensité du toucher de l'interprète. Mais extérieurement, l'instru¬

ment reste encore très proche du clavecin, il n'a pas de cadre métallique et la sonorité très claire n'est pas très loin de celle d'un clavecin, si l'on fait abstraction de l'attaque évidemment. A l'époque de Mozart, les instru¬

ments atteignent déjà une étonnante perfection technique, mais la sonorité reste celle d'un instrument pour des salles relativement petites.

Dès 1800, l'évolution de la facture va être très rapide. Les instruments de¬

viennent de plus en plus grands, en 1824 Sébastien Erard invente à Paris l'é¬

chappement double proche de celui existant dans les instruments modernes. Au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, on verra apparaître le grand pia¬

no de concert tel que nous le connaissons aujourd'hui. Michel R Flechtner

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Un des deux pianos à queue d'Aloys Mooser qui sera utilisé durant

"JEUNESSE ET MUSIQUE" et pour le concours de forte piano.

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Les instruments d'Aloys Mooser sont des pièces intéressantes parce qu'ils témoignent du haut niveau de la facture atteint dans l'atelier de Mooser mais aussi parce que ce sont les ra¬

res témoins de la construction de pianos à queue en Suisse à la fin du XVIIle s. De plus, étant donné qu'ils sont très proches par leur construction des instruments viennois de la même époque, ils permettent de se faire une idée comment son¬

nait la musique des Haydn et Mozart sur les instruments dont ces compositeurs disposaient. (MF!)

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Le piano à queue a toujours été l'instrument des virtuoses et des classes aisées. L'instrument de M. Tout-le-Monde, avant l'invention du piano droit, était carré, les cordes étant tendues en diagonale à travers la caisse de l'instrument. L'instrument ci-dessus est un

"Kriegelstein & Arnaud" de facture parisienne datant de 1845 env.

Ce piano carré (Tafelklavier) sera utilisé par Jörg Demus à l'occa¬

sion du cours d'interprétation qu'il donnera à Fribourg.

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Une spécificité fribourgeoise : les orgues.

Fribourg ne pourra pas financer les activités d'un orchestre symphonique pro¬

fessionnel, ni même celles d'un orchestre de chambre professionnel, à moins forte raison encore, l'existence d'une troupe professionnelle d'opéra ou de ballets. Le réservoir en public est manifestement trop petit pour justifier de telles activités sur le mode professionnel. Cela ne doit pourtant pas em¬

pêcher, en revanche, un financement accru des concerts organisés par exemple par la Société des Concerts de Fvibourg ou par les Jeunesses musicales de Fribourg, ou encore par les sociétés locales sous régime "amateurs".

Fribourg cependant ne peut pas demeurer à l'écart de toute activité musicale exercée professionnellement. A cet égard, les professeurs du Conservatoire, voués à l'enseignement, sont, eux, déjà des professionnels de la musique. Il faut quand même jauger de surcroît ce qui à Fribourg et dans le canton, méri¬

terait d'être considéré comme caractéristique sur le plan musical: notre ca¬

pital en orgues. Voilà un terrain que l'on pourrait encore mieux cultiver, en aidant les paroisses à rénover les éventuelles orgues de valeur ou à en acheter de nouvelles.

Le Conservatoire est parfaitement à même de former des organistes de haut ni¬

veau de virtuosité. A la tête de l'Institut de musicologie de l'Université de Fribourg, le professeur F.-L. Tagliavini, organiste de réputation mondiale, est un atout majeur. Faire de Fribourg une sorte de "capitale de l'orgue"

n'est pas une utopie. Les moyens à engager pour réussir une telle opération seraient infiniment moindres que s 'il fallait assurer l'existence de ne se¬

rait-ce que vingt musiciens d'un orchestre de chambre professionnel.

Jean-Michel Eayoz Les orgues dans le Canton de Fribourg: richesse et responsabilité Depuis la construction du grand orgue de l'église Collégiale (aujourd'hui ca¬

thédrale) de Fribourg entre 1824 et 1834 par Aloyse Mooser (1770-1839), Fri¬

bourg jouit, en matière d'orgue, d'une célébrité européenne. Cette renommée est due essentiellement à la qualité extraordinaire de l'instrument de Mooser d'une part, aux talents de son premier organiste Jacques Vogt (1810-1869) et de ses successeurs d'autre part, ainsi qu'au célèbre "orage" qui fut exécuté jusque dans les années soixante de notre siècle à l'intention des mélomanes et des touristes, souvent même plusieurs fois par jour.

A côté de cet instrument de prestige, remanié à plusieurs reprises et dont la restauration-reconstruction confiée à la maison Neidhart & Lhôte-touche à sa fin, le canton de Fribourg possède divers instruments historiques de valeur : Bulle, Estavayer-le-Lac (Collégiale et Hôpital), Abbaye de la Fille-Dieu et

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Abbaye d'Hauterive, Couvent de la Visitation à Fribourg, Monastère de Mon- torge, église française de Morat, Villaz-St-Pierre, etc.)- Cette richesse en instruments historiques confère au canton de Fribourg une place de choix parmi les cantons romands.

Un événement attendu avec impatience est l'achèvement de la restauration d'un instrument du 17e siècle (1667), oeuvre du facteur Sebald Manderscheids constructeur de l'orgue de choeur de la Cathédrale de Fribourg. L'orgue de 1667 a pu être racheté par les Bourgeois de Fribourg du Canton de Zurich et reprend ainsi place dans la ville même pour laquelle il avait été construit.

Cet instrument unique dans son genre possède un clavier manuel avec octave courte (sans Do#-| et Ré«,) et trois touches "brisées" (Ré^/Fa*^, Mi -,/Sol +t-|

et RëH,/mi£>,) ainsi qu'un pédalier avec deux touches "brisées" (Ré-./Faw^ et Mi1/SoT«1).

Outre l'achèvement des travaux de restauration du grand orgue de la Cathé¬

drale et du positif de Manderscheidt - événements qui marqueront sans doute l'année 1982 - Ton attend d'ici quelque temps l'installation de plusieurs instruments considérables; à Fribourg: à l'église du Christ-Roi et à l'égli¬

se Saint-Pierre, dans les environs : à celle d'Alterswil, de Marly et de Praroman. A Dirlaret, l'orgue d'Aloyse Mooser, dont subsiste en partie le buffet et la tuyauterie d'origine, sera reconstruit avec des compléments de¬

mandés par les paroissiens et acceptés par les Services des Monuments fédé¬

raux et cantonal. La reconstruction d'instruments neufs dans des buffets an¬

ciens est envisagée à l'église de Saint-Maurice à Fribourg et à celle de Riaz. Quant au problème de restauration de l'orgue de la Collégiale d'Esta- vayer-le-Lac [véritable serpent de mer, pour reprendre une expression de la presse locale), il n'est pas encore résolu pour l'instant. Par contre, le petit instrument de Michael Gassler de la chapelle de l'Hôpital staviacois sera restauré selon sa physionomie originale.

Sans aucun doute, on peut affirmer qu'on construit de nos jours avec les réa¬

lisations mentionnées une partie importante de la vie musicale fribourgeoise de demain et l'on est en droit de se poser certaines questions: est-ce que les restaurations en cours sont réalisées avec assez de soin et de respect du travail des facteurs d'orgue d'antan ou ne risque-t'on pas un jour d'es¬

suyer des reproches de la génération qui nous suit ? Est-ce que les cons¬

tructions récentes s'inscriront bien dans le cadre général que nos confrères de Suisse alémanique appellent "Orgellandschaft" ?

Voilà autant de questions auxquelles nous essayerons de répondre dans un pro¬

chain numéro spécial qui sera consacré aux orgues du Canton de Fribourg. Il est peu probable qu'on possède jamais à Fribourg un orchestre symphonique ou un théâtre pouvant concurrencer ceux des grandes villes. Mais avec ses orgues de qualité, ses organistes, ses institutions (telles que l'Institut de Musico¬

logie de l'Université), le Canton de Fribourg jouera sans doute un rôle pré¬

pondérant en Suisse dans le domaine de l'orgue. Pour autant que notre Canton sache veiller jalousement sur ses trésors et préparer l'avenir avec clair¬

voyance.

François Seydoux

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COLLECTIF D'ASSOCIATIONS "Donnez-nous de la place!"

Les associations et groupes d'intérêts suivants: Uni-populaire, Théâtre au Stalden, folk-club, P.S.A.S. (peintres et sculpteurs), rail-club, groupe d'intérêts "bistro autogéré", AGEF (assoc. des étudiants), GAF (groupe ani¬

mation Fribourg). "Release" (aide pour drogués), groupe-musiciens, avaient (et l'ont encore actuellement) de plus en plus de difficultés à trouver des locaux répondant aux besoins de leurs activités. En outre, les associations et groupes d'intérêts suivants: groupe "fri-art", COF (cercle ornithologi- que fribourgeois), groupe d'architectes "Théâtre", groupe "Bistro", Pro- Fribourg, se déclaraient pleinement solidaires des soucis des susdits.

Le vide culturel à Fribourg est reconnu de la part des autorités communales elles-mêmes. Cependant leur solution du projet de théâtre aux Grand'Places n'avait trouvé guère d'échos auprès de la population et a été finalement refusé par le Conseil Général. Les associations et groupes d'intérêts men¬

tionnés demandaient la création d'un centre culturel et d'animation à Fri¬

bourg, avec les buts:

- de donner aux associations et groupes d'intérêts membres des locaux et de la place pour leurs activités internes;

- et d'avoir à disposition des salles et des locaux pour des activités cul¬

turelles publiques (projections de films, théâtre, concerts, expositions).

Les associations et groupes d'intérêts membres se chargent de l'organisa¬

tion de leurs activités selon leurs statuts. Ils voyaient dans le "Grand- Séminaire" le bâtiment idéal pour réaliser leurs buts immédiats. Devant un tel besoin d'espace, le "Grand-Séminaire" aurait rendu possible cette ex- périence-essai nécessaire et importante pour Fribourg: évitant ainsi la destruction irréfléchie et prématurée d'un bâtiment historique et culturel digne d'intérêt.

Le collectif d'associations "Donnez-nous de la place!" n'a pas ménagé les moyens pour une prise de conscience d'une telle nécessité. Un dossier dé¬

taillé de 30 pages (budget de fonctionnement, organigramme, planification, liste de besoins), à l'attention du Conseil Communal, du Conseil d'Etat, de l'Association du Centre professionelle la presse, une demande écrite pour l'utilisation du Grand-Séminaire, prise de position contre sa démoli¬

tion, des entretiens avec les autorités concernées, une conférence de presse et la participation à des débats publics n'ont mené à aucun résultat concret.

Après une attente de deux mois et suite â une lettre ouverte au début fév¬

rier 82, la Commune et l'Etat répondaient d'une façon non satisfaisante un mois plus tard, en révélant des faits déjà connus depuis Novembre 81. Ils ne prennaient aucune position en ce qui concernait notre demande de créa¬

tion d'un centre culturel et d'animation (pas nécessairement au Grand-Sémi- naire). Depuis lors, rien de bien nouveau s'est passé, si ce n'est un tra¬

vail sérieux qui nous a amené â certaines réflexions.

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Nous devons reconnaître que la façon d'agir de nos Conseillers n'est peut- être pas si fausse! En effet, il existe déjà une belle et exemplaire infra¬

structure pour les enfants et la jeunesse. N'oublions pas que la commune a gâté les enfants avec de magnifiques cours d'école bétonnées, des places de jeux qui favorisent le développement de la créativité et de la fantaisie, des stades de football et de hockey, qui donnent 1'occasion aux jeunes d'un divertissement très varié et intelligent et ils ont même mis à disposition des abris atomiques pour y installer un centre de loisirs. Ceci nous amène à la conclusion, qu'un centre culturel et d'animation ne se justifie pas dans notre ville. Il est vrai, que l'investissement de temps et de finances dans des projets tels que les Parkings et l'aménagement de la place de la gare sont plus importants. Parce que la réalisation de tels projets rendra la ville plus humaine et vivable, il est évident qui 1 s ayent la priorité sur un centre culturel et d'animation.

Nous avons pris conscience que l'apport de propositions constructives s'était montré superflu . C'est pourquoi nous prions les autorités d'excuser le dé¬

rangement provoqué par une initiative inopportune au développement de notre

v^0, Jean-Marie Egger et Bernard Wandel er

Un de la "Pythonade" :

Les rues et les places de notre ville ont-elles une dimension culturelle ? Je pense que oui. C'est par la rue, dans la rue que les hommes se déplacent, se rencontrent. De tous temps, les artistes l'ont bien compris. Qu'ils soient peintres, musiciens, comédiens, lequel d'entre eux n'est pas descendu dans la rue ? Elle est pour eux le moyen le plus direct de confronter leur art avec tout le public, sans distinctions. C'est aussi une piste d'essai avant de passer au petit, ou au grand chapiteau.

Il est donc indispensable de conserver, de redonner à nos rues cette dimen¬

sion culturelle, si nous ne voulons pas voir se détruire ces espaces de vie, de contacts, de confrontations.

Mais sur le plan de Fribourg, je pense que l'on peut être négatif. Que sont devenues nos rues et nos places ? (voir ci-contre...). La circulation a pris le dessus. L'utilisation même du kiosque de la place Python est rendue impos¬

sible par les obstacles administratifs. Pourquoi ne prenons-nous pas exemple sur d'autres villes, tel-les que Berne ? Voulons nous cultiver l'automobile au dépend de la culture artiste ? Il y a des choix à faire. Nos autorités en

sont-elles conscientes ? Samuel Genin

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Tu crois qu'on peut faire quelque chose ?

Non vraiment, il n'y en a que pour la circulation

Peut-être

est-ce notre seule chance

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Le Café des Grand'PIaces est fermé depuis Noël et nul ne sait quand il rouvrira. A la désolation du terrain vague de l'UBS répond maintenant la tristesse des volets clos de ce bâtiment communal.

Le Conseil Communal n'avait pas imaginé que l'UBS renoncerait à occuper le Café des Grand'PIaces, le temps pour cette banque de démolir et de reconstruire ses immeubles de la rue St-Pierre.

C'était pourtant une hypothèse à envisager dès lors que l'UBS hésitait à affronter une opinion publique de plus en plus in¬

quiète de la disparition des cafés populaires au profit des affaires et des activités de prestige dans le centre-ville.

Or donc, quand l'hiver fut venu... Gouverner, en la circonstan¬

ce, c'aurait été non seulement de prévoir, mais aussi de vou¬

loir concrétiser les objectifs du concept d'aménagement :

"Rechercher une composition équilibrée de la population et des usagers de la ville à travers les équipements collectifs et une répartition harmonieuse, quantitative et qualitative, des affectations."

Le Conseil Communal, maintenant, déclare le vouloir et assure que l'affectation du Café des Grand'PIaces ne sera pas remise en question.

Il s'agit dès lors d'entreprendre et de mener à bien les tra¬

vaux de conception, de rénovation et de réanimation du lieu.

A la demande que le groupe B.I.S.T.R.O. lui a adressé d'être associé à cette tâche, le Conseil Communal vient de répondre qu'il sera consulté.

La loi sur l'aménagement du territoire préconise pour sa part que les autorités ont à mettre en place les moyens d'une véri¬

table participation des personnes et des groupes intéressés...

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En 1978, par de pseudo annonces à louer, nous attirions (une fois de plus) l'attention sur les bâtiments aban¬

donnés, désaffectés ou sous-utilisés dans notre ville,,.

A LOUER

LIBRE DE SUITE: situation exception¬

nelle centre-ville. Nombreux locaux dans bâtiment historique (classé) du 17e siècle, chapelle attenante (bonne acoustique). Utilisation polyvalente souhaitée. Rens. : Maison de Ville.

CAUSE DEPART : Bâtiment bientôt dé¬

saffecté, volume spacieux, à aména¬

ger. Proximité grandes écoles. Vue imprenable. Renseignements: Evêché.

En 1982 :

Ecartés les grands pro¬

jets à coup de béton...

et la restauration des anciens abattoirs et de la Maison Vicarino étant probantes et convaincantes,

la Commune s'apprête à continuer dans cette voie, avec l'ancienne Douane et, bientôt (ou enfin) l'Hôpital des Bourgeois. C'est bien.

Mais d'autres bâtiments attendent le même sauve¬

tage et la même réanima¬

tion : le Grand Werkhof, et, pourquoi pas, le Grand Séminaire, entre autres ...

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"Coincé" depuis des années dans sa cave,

le Théâtre au Stalden rêve de réutilisation d'un espace existant, (le Werkhof), à l'exemple du Théâtre Kléber-Méleau de Renens, lo¬

gé dans une ancienne usine à gaz (ci-dessus).

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Le Théâtre au Stalden dans la politique culturelle

I CULTURE: essai d'une définition

Politique culturelle, culture. Le mot est dans toutes les bouches; sur tous les programmes, dans toutes les revendications. Un mot à la mode.

Que veut-il dire?*

La culture, qu'est-ce que c'est? Pour le profane, culture égale musées, théâtre, bibliothèques, concerts, expositions, université. C'est une pre¬

mière réponse, un lieu commun plutôt qu'une définition.

Et le dictionnaire? Sous culture, je lis: Ensemble des aspects intellectuels d'une civilisation; développement de certaines facultés de l'esprit par des exercices appropriés. Donc, selon le Petit Robert, un savoir. Mais la cul¬

ture n'est-elle qu'un savoir? Le concept est plus large, il-englobe l'ac¬

tion, le faire. Culture est activité qui présuppose le savoir. Le savoir et le faire sont donc deux des éléments constitutifs de la définition de cul¬

ture. Il s'y ajoute un troisième élément, la finalité, la valeur. Pour que le savoir faire soit culture, il doit être mis au service du bien de l'hom¬

me, de son épanouissement.

Ainsi la culture est-elle une activité supposant un savoir et subordonnée au bien de ]'homme. En conclusion, la culture ne "vient pas de Paris", con¬

trairement à une opinion trop largement répandue dans certains milieux.

Elle vient de l'homme pour aller à l'homme. Elle concerne donc chacun de nous.

II THEATRE AU STALDEN: outil culturel?

La définition étant posée, nous pouvons entrer dans le vif du sujet. Le théâtre au Stalden a-t-il une place dans la politique culturelle fribour- geoisé?Et tout d'abord, qu'est-ce que c'est exactement que le Stalden? Le Stalden, c'est un lieu. En soi, un lieu est neutre, il n'est ni culturel, ni anti-culturel, tout dépend de l'usage qu'on en fait, donc des usagers.

Les usagers, ce sont d'une part les membres du Théâtre. Ce lieu leur permet de développer leurs facultés créatrices. On y apprend à "jouer" c'est-à- dire à maîtriser le verbe, la diction, à découvrir un texte, à maîtriser son corps. En d'autres mots, à devenir un artisan de la parole, un faiseur d'images, â découvrir cette dimension poétique qui est inhérente à chacun de nous. Mais aussi, à développer ses talents de graphiste, de décorateur, de couturière, de photographe, d'éclairagiste, de technicien, de bricoleur.

Chacun étant autodidacte, c'est l'apprentissage permanent, dans le sens noble du mot amateur, de amare, celui qui aime.

Ve reprendrai pour l'essentiel la définition du Professeur Felix Wubbe, in Où va la culture, Fribourg 1977

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Et les autres usagers, me direz-vous, sont-ils de simples consommateurs de spectacles? Pour certains, oui, le Stalden n'est qu'un lieu de consommation de spectacles. Pourtant, il peut être plus que cela. Vivre la poésie, par¬

tager l'émotion n'est-ce pas un acte culturel? Et peut-être le premier pas vers la création. Car la possibilité est ouverte à chaque spectateur de de¬

venir membre et de développer ses talents créateurs. Cette possibilité fait du Stalden un outil culturel permettant "que chacun jette sa poignée de sa¬

ble pour trouver les grains de poésie qui bloqueront la lourde machine des habitudes."

II est donc une des composantes de la vie culturelle fribourgeoise et comme telle devrait être un révélateur de besoins, un réservoir de projets. En ce¬

ci, il peut et doit influencer directement la politique culturelle de la Cité.

III NECESSITE D'ELARGIR L'OUTIL

Pour qu'un outil culturel vive, il doit se développer. Sinon, il risque de se scléroser. Je l'ai expliqué dans le dernier cahier, le Stalden a atteint certaines limites qui ne lui permettent plus de se développer. Les dimen¬

sions de la cave sont en effet très contraignantes et nous cantonnent dans un théâtre intimiste. Or le répertoire de chambre n'est pas illimité. Après 10 ans d'un tel répertoire, la troupe voit son choix de plus en plus limité.

D'autre part, les spectacles extérieurs qui s'adaptent à notre espace scé- nique sont de moins en moins nombreux (2 seulement cette année). Même cer¬

tains récitals poétiques doivent passer dans d'autres salles à cause de leur décor. Quant à la possibilité d'avoir plusieurs groupes travaillant parallè¬

lement, elle est impensable. Avec une salle de répétition de 5 m sur 4 et une scène de 5 m sur 3, on ne peut avoir plusieurs productions parallèles.

Cette unique salle de répétition risquant d'ailleurs de disparaître par transformation de l'immeuble no 5 de la Samaritaine.

Pour progresser, la troupe doit sortir du genre intimiste pour aborder le théâtre de grand répertoire. C'est-à-dire un théâtre plus spectaculaire donc plus populaire (Molière, par exemple). Ce qui signifie un élargissement du public et de l'intérêt du public. Ce regain d'intérêt pourrait amener un accroissement de la troupe permettant alors une diversification des produc¬

tions.

La nécessité de disposer d'une deuxième salle plus grande est primordiale.

Cette deuxième salle permettrait au Stalden de présenter plusieurs genres de théâtre: grand répertoire, populaire ou classique, dans la grande salle, répertoire de chambre et spectacles poétiques dans la cave. La galerie fonc¬

tionnant comme lieu d'exposition, certaines expositions pourraient être sui¬

vies de débats et couplées avec un spectacle sur le même thème. Cette deux¬

ième salle serait d'autant plus utile qu'il n'existe actuellement pas de

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véritable salle de théâtre en ville. Les spectacles à l'abonnement se don¬

nent dans un cinéma où l'acoustique et la visibilité sont mauvaises. Sur les 5 spectacles qui passent annuellement au Capitole, certains pourraient être donnés dans la grande salle dont nous disposerions.

A ce moment, le Stalden deviendrait un outil culturel à large rayonnement.

Notre public, d'environ l'OOO personnes actuellement, pourrait se multipli¬

er par 2 ou 3 puisqu'il semble qu'une moyenne de 5% à 1% de la population s'intéresse au théâtre, selon les revues spécialisées en la matière.

IV LE GRAND WERKHOF: UNE POSSIBILITE

Une nouvelle salle, oui,mais comment? Quelques mots suffisent à la définir:

un espace plus grand, flexible, adaptable, dominé par le principe de l'éco¬

nomie des moyens.

Tout d'abord, un espace plus grand que la cave du Stalden, offrant surtout une plus grande aire de jeu et un plus grand nombre de places pour les spec¬

tateurs, environ deux cents places.

Ensuite, un espace adapté à ce que l'on veut en faire, c'est-à-dire à plu¬

sieurs genres de théâtre. Donc un espace flexible, malléable, comprenant des éléments amovibles qui s'adaptent à chaque dramaturgie. Il importe de ne pas se limiter au départ par une structure donnée, de refuser toute for¬

me de salle ou de scène définie par avance et rigide. Selon la formule d'Appia: "pas de scène, pas d'amphithéâtre, simplement une pièce nue et vide". Un tel espace doit permettre la reconstitution des structures grec¬

ques, élisabéthaines, à l'italienne ou à scène centrale. Il pourrait être utilisé également comme salle de danse.

Cette salle doit être dominée par une seule grande règle : économie des mo¬

yens. Pas de politique de prestige, pas de luxe, pas de tape-à-l'oeil ni de folie des grandeurs, c'est anti-culturel!

Faisons donc avec ce qu'on a, réutilisons et transformons les espaces exis¬

tants. C'est ce qui se fait ailleurs. Par exemple, à Renens, où une usine à gaz désaffectée a été transformée en théâtre, à Bel fort, où une tour en rui¬

ne du 17ème siècle a subi le même sort, à Yverdon dans le château, etc.etc.

Ouvrons les yeux sur ce qui se fait ailleurs et sachons en tirer les leçons.

Entre l'Auge et la Neuveville s'élève une vieille bâtisse, vestige d'une époque où l'économie du drap était florissante: le grand Werkhof, propriété de la Commune. Comprenant trois étages, il sert d'entrepôt à l'armée et de dépôt de meubles au rebut au Service social de la ville. L'armée s'en ira en 87 et le Service social serait théoriquement d'accord d'entreposer ces vieux meubles ailleurs. Alors, ne pourrait-on pas envisager de redonner vie au grand Werkhof, en le transformant en centre culturel? Un centre cul-

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turel reliant les deux quartiers de la vieille ville, d'un accès facile, situé à proximité d'une place de parc, loin de la circulation et du bruit, l'idéal!

V NOTRE PROPOSITION

Le Werkhof comprend trois niveaux: un rez-de-chaussée compartimenté, un pre¬

mier étage et un espace sous le toit. Imaginons sa transformation.

Sous le toit, l'espace serait aménagé en lieu théâtral avec possibilité de spectacles de danse.

Le premier étage serait transformé en foyer de rencontres, conférences, ex¬

positions, éventuellement salle de projection. Le rez-de-chaussée pourrait être divisé en ateliers d'art ou d'artisanat, tels que: peinture, photo¬

graphie, marionnettes, tissage, céramique, menuiserie, etc. Les usagers vir¬

tuels ne manquent pas. Partout des jeunes et des moins jeunes réclament de tels locaux, sans aucune possibilité de les obtenir. Il est temps de mettre sur pied un projet qui réponde à tous ces besoins.

Pour transformer un tel espace, il faut une ligne directrice: économie des moyens. Pas de projets coûteux, pas de grands bureaux d'architectes et d'in¬

génieurs, mais une prise en mains par les intéressés. Pour la salle de spec¬

tacle, par exemple, la transformation supposerait:

- rénovation de la toiture

- installation d'une chaufferie, chauffage, eau chaude - installation de sanitaires

- achat d'un échafaudage ou d'éléments modulaires supportant les sièges des spectateurs, la mobilité des gradins doit permettre le remodelage de la salle et de l'aire de jeu

- achat d'un jeu d'orgues et de projecteurs

- aménagement de l'espace de jeu qui doit rester adaptable pour diversifier le rapport scène/public

- pas de machinerie lourde, avantageusement remplacée par une scénographie différente et adaptée à chaque spectacle.

Le coût d'une telle transformation? Pour la salle proprement dite:fr.200'000, dérisoire en comparaison de certains projets, deux fois moins que le déficit du Festival du 500ème!

Notre proposition est la suivante: nous ne voulons pas d'une salle "clefs en main", nous souhaiterions plutôt que la Commune mette à notre disposition l'espace en question. Nous nous chargerions de le transformer, comme nous l'avons fait pour la cave, la galerie et le secrétariat du Stalden. La métho¬

de a fait ses preuves. Mettre à disposition des usagers des espaces qui per¬

mettront de développer le potentiel créateur du groupe social, n'est-ce pas la définition même de politique culturelle?

DOMINIQUE CENCINI

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UNE PREMIERE REACTION DU RESPONSABLE COMMUNAL DE LA CULTURE :

Nous avons soumis les textes précédents au nouveau responsable de la culture, le Conseiller Communal Jean-Pierre DORTHE. Nous publions sa réponse, datée du 21 mai, pour clore ce rapide tour d'horizon. Une réponse prudente, comme il se doit. Mais qui

laisse espérer une écoute plus attentive des propositions et des idées. Affaire à suivre.

Cher Monsieur,

En réponse à votre lettre du 19 mai 82, je me permets les commentaires suivants.

Il eût été malhonnête de ma part de briguer un poste à la commune pour lequel je n'aie pas eu des affinités profondes. J'ai des idées et des projets plein la tête que je souhaiterais vivement voir se réaliser.

Pourtant, plus encore qu'ailleurs, la politique culturelle d'une cité n'est l'affaire d'un individu, fût-il très imaginatif.

Aussi, avant de faire de grandes déclarations, il me paraît évident d'a¬

nalyser le problème avec tous les intéressés, puis d'en faire la synthè¬

se. L'analyse portera sur :

- un inventaire des besoins,

- un inventaire des moyens et "outils" (locaux, etc.)

- la synthèse devrait permettre la définition d'une politique culturelle.

Mes prédécesseurs ont, tour à tour, procédé à une large consultation, dé¬

fini en grand une ligne politique, désigné une commission et établi un règlement. Il y a un budget culturel, des locaux, du personnel. Les mé¬

rites de ceux qui ont réalisé ces projets sont grands, même si les arbres plantés n'ont pas encore tous portés leurs fruits. Un nouveau projet de règlement culturel, qu'avait envisagé déjà mon prédécesseur, devrait être également proposé au Conseil cet automne encore.

Aussi vous comprendrez que, malgré l'envie que j'ai de vous faire part de mes projets, je me dois d'abord d'écouter les intéressés, de faire une synthèse des besoins et des moyens, avant de proposer des solutions dont, peut-être, personne ne voudrait.

Figure

table participation des personnes et des groupes intéressés...

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