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L enfant et les violences conjugales

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Academic year: 2022

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L’enfant et les violences conjugales

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© L’Harmattan, 2011

5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com

diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr

ISSN : 1279-7766 ISBN : 978-2-296-55256-2

EAN : 9782296552562

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La revue internationale de l’éducation familiale, n°29, 2011 3

La revue internationale de l’éducation familiale

N°29, 2011

L’enfant et les violences conjugales

Dossier coordonné par Andrée Fortin et Monique Robin

Andrée Fortin est professeure de psychologie à l’Université de Montréal et membre du Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes (CRI-VIFF). Psychologue du développement, elle mène depuis plusieurs années des recherches sur les violences familiales et la situation de l’enfant exposé aux violences conjugales.

Monique Robin est chercheure en psychologie du développement au CNRS au laboratoire de recherches sur les liens sociaux (CERLIS) de l’université Paris Descartes et directrice de publication de La revue internationale de l’éducation familiale. Son domaine de recherches porte sur la parentalité chez les femmes et sur la construction de la famille dans une perspective écosystémique.

Référente de l’équipe de rédaction pour ce numéro : Véronique Francis

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La revue internationale de l’éducation familiale

n°29, 2011

L’enfant et les violences conjugales

Sommaire

Éditorial

Véronique Francis………….………...…...….Page 7 Présentation du dossier

Andrée Fortin………..…..…..……...…...Page 9 Points de repères pour examiner le développement de l’enfant

exposé aux violences conjugales

Nathalie Savard et Chantal Zaouche-Gaudron………..………Page 13 Cooccurrence de violence conjugale et de maltraitance envers

les enfants : facteurs individuels et familiaux associés

Chantal Lavergne, Marie-Ève Clément, Dominique Damant, Chantal Bourassa, Geneviève Lessard et Pierre Turcotte...Page 37 La parentification chez l’enfant exposé à la violence conjugale

Andrée Fortin et Lise Lachance…………....…………..…….Page 63 Les violences conjugales post-séparation et le devenir

des femmes et des enfants

Patrizia Romito………Page 87 Enfants exposés à l’homicide conjugal. Quelques éléments

de réflexion

Myriam Dubé………..……..…….………...Page 107 Varia

Peau d’âme. Enjeux psychiques de la séparation père-fille d’après le conte de Peau d’âne

Frédéric Caumont………...………..Page 125

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Notes de lecture………...………...…Page 145 Actualités des congrès et colloques………....……..….Page 152 Formations ……….………..…………..Page 153 Actualités des revues………...…………...….…..…Page 154 Liste des lecteurs pour 2010……….……….Page 155 Précédents numéros et tarifs……….………....……Page 156 Note aux auteurs……….………...…...…...Page 158

Communiqué de la rédaction

La revue internationale de l’éducation familiale fait désormais partie du catalogue de prêt numérique de l’Harmathèque (e-books) www.harmatheque.com/

L’harmathèque a intégré le portail BiblioSHS de l’INIST-CNRS http://biblioshs.inist.fr/

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Éditorial

Ce numéro 29 est structuré autour d’un dossier thématique sur l’enfant et les violences conjugales coordonné par Andrée Fortin et Monique Robin. Les contributions réunissent des recherches de deux champs différents et étroitement complémentaires : celui des violences faites aux femmes et celui de la protection de l’enfance.

Voici plus de dix ans déjà, la Revue Internationale de l’Éducation Familiale publiait un article précurseur d’Andrée Fortin intitulé L'enfant en contexte de violence conjugale : témoin ou victime ? En conclusion, le texte soulignait l’importance de développer des recherches examinant les réalités de l’enfant exposé à la violence conjugale et s’attachant à mieux repérer la diversité des types de violence au sein des familles. Si cette exigence est toujours valide, ce dossier apporte des éclairages qui attestent non seulement des différentes approches de la question dans les politiques publiques mais aussi du développement des recherches et de l’enrichissement des connaissances sur les enfants exposés à la violence conjugale, en particulier les répercussions sur leur équilibre psychologique, sur leur insertion sociale ou encore sur le lien mère- enfant. Le lecteur constatera en outre que la place attribuée à la présentation des instruments de recherche témoigne d’une préoccupation importante, celle d’outiller les professionnels, en vue de repérer les enfants concernés et d’assurer leur suivi. Ce point s’avère d’autant plus important que les services de protection, souvent amenés à intervenir auprès des familles confrontées à la violence conjugale, se trouvent dans certains cas aux prises avec une cooccurrence de violence conjugale et de maltraitance envers des enfants.

À la suite de ce dossier, en varia, un article de Frédéric Caumont, nommé Peau d’âme Enjeux psychiques de la séparation père-fille d’après le conte de Peau d’âne aborde les enjeux de la séparation entre l’enfant et le parent de sexe opposé. L’investigation psychanalytique propose une fine analyse de la version de Peau d’âne par Perrault publiée en 1694 et du texte des frères Grimm, Peau-de-Mille-Bêtes qui date de 1812. L’approche repose sur une analyse comparative des deux récits et se propose de penser les conditions de l’humanisation chez le sujet.

Remarquons que la RIEF accueille peu fréquemment des travaux se référant au modèle psychanalytique. Il nous a semblé que la problématique de l’inceste, sous jacente dans ce texte, trouvait bien sa place dans ce numéro consacré aux maltraitances au sein de la famille.

Plusieurs notes de lecture d’ouvrages parus en 2010 enrichissent cette livraison.

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Monique Robin présente un ouvrage collectif dirigé par Olivier Prévôt. Cette publication Intervenir auprès des parents. Réfléchir, construire et expérimenter des projets dans un contexte européen, financée avec le soutien de la Commission européenne, propose un large tour d’horizon sur la notion de parentalité et les programmes de soutien à la parentalité. Les éléments de théorisation précèdent les questions de méthode sur les processus de mise en œuvre d’un projet, de son diagnostic à l’évaluation. Accompagné de nombreuses références, il permettra aux lecteurs, y compris les plus avertis, d’approfondir leur réflexion.

Catherine Sellenet présente un ouvrage coordonné par Hélène Join- Lambert Milova, La famille d’accueil et l’enfant. Grâce à différentes approches, les textes abordent de manière dynamisante l’accueil familial alors que les écrits sur ce thème sont déjà nombreux. De nouveaux savoirs sur les assistantes familiales et leur métier sont proposés en élargissant le regard sur la dimension culturelle de l’accueil, en questionnant la professionnalisation et ses aléas, la place du conjoint de l’assistante maternelle ou encore les liens d’attachement qui se nouent au quotidien.

Enfin, une note rédigée par Daniel Gayet porte sur le livre Enquêtes au domicile des familles : la recherche dans l’espace privé. Son originalité doit être saluée, en particulier du fait de la présence d’un texte construit sous la forme d’un dialogue d’une grande richesse entre les deux coordinatrices, Bernadette Tillard et Monique Robin qui abordent, l’une avec le regard de la psychologue, l’autre avec celui de l’anthropologue, des questions liées à la recherche dans l’espace privé des familles. Le livre s’intéresse exclusivement à des questions méthodologiques et, si les ancrages théoriques peuvent s’avérer différents, les questionnements des psychologues, sociologues, anthropologues et chercheurs en sciences de l’éducation se rejoignent sur leur façon d’approcher le terrain. Il témoigne d’une préoccupation qui rassemble la communauté scientifique des chercheurs en Éducation Familiale en montrant la richesse des approches qualitatives.

Ce numéro 29 se clôt ainsi par un rapide tour d’horizon de quelques-unes des prochaines manifestations scientifiques avec notamment l’annonce du prochain colloque de l’AIFREF organisé par l’équipe du Luxembourg, du 7 au 9 septembre 2011, colloque qui sera précisément consacré aux questions méthodologiques en Éducation Familiale. Enfin, nous publions dans ce numéro la liste des experts ayant évalué les propositions d’articles soumis en 2010. Nous remercions vivement ces collègues pour leur collaboration à la RIEF.

Véronique Francis

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Présentation du dossier

L’enfant et les violences conjugales

Andrée Fortin Les premiers travaux sur les enfants exposés à la violence conjugale sont apparus en Amérique du Nord au cours des années 1980. Ils faisaient suite aux recherches sur les effets du divorce sur le développement de l'enfant qui montraient que la sévérité des conflits conjugaux, bien davantage que la séparation d'avec un parent ou la modification de la situation économique de la famille, prédisait les difficultés d’adaptation de l'enfant. L'analyse de la situation de l’enfant confronté aux violences conjugales a ensuite été intégrée à celle des mauvais traitements envers l'enfant. L’exposition à la violence conjugale a ainsi été jugée comme une forme de mauvais traitement psychologique que le parent exerce sur l’enfant puisqu’elle a pour effet de terroriser l’enfant, de l’isoler par crainte ou honte de la violence et, enfin, de le corrompre en le socialisant à l’abus de pouvoir et à des formes inadaptées de relations interpersonnelles.

Les enfants exposés à la violence conjugale peuvent présenter des niveaux de détresse élevés et des difficultés comparables à celles associées aux autres formes de maltraitance. Les recherches sont nombreuses à identifier ces conséquences néfastes pour l’enfant. Elles permettent également une analyse de plus en plus fine des mécanismes qui rendent compte de ces effets. Les connaissances acquises conduisent progressivement à des propositions d’interventions diversifiées. Ce numéro spécial de La revue internationale de l’éducation familiale intitulé « L’enfant et les violences conjugales » se compose de cinq contributions qui jettent un regard différent et complémentaire sur la réalité de l’enfant confronté à ces violences.

En France, l’intérêt pour l’étude de l’enfant exposé à la violence conjugale est relativement récent. À ce propos, Nathalie Savard et Chantal Zaouche-Gaudron notent qu’en 2010 les violences conjugales ont été déclarées par le gouvernement français « Grande cause nationale ».

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Les répercussions qu’elles entraînent sur les enfants qui y sont exposés sont encore trop peu prises en compte. C’est pourquoi, ces auteures proposent un bref rappel des différents effets que peut entraîner l’exposition à la violence conjugale sur le développement des enfants et des adolescents. Elles présentent ensuite une sélection d’instruments de recherche en langue française utilisés soit dans le domaine précis que sont les violences conjugales, soit dans une perspective plus large qui concerne certains secteurs du développement des enfants et des adolescents et qui sont susceptibles d’intéresser les professionnels, notamment psychologues et travailleurs sociaux, soucieux de repérer et d’examiner les dysfonctionnements de l’enfant et de mettre en place des suivis thérapeutiques adaptés.

Depuis 2006, la Loi sur la Protection de la jeunesse au Québec reconnaît l’exposition à la violence conjugale comme un motif de signalement aux services de protection de l’enfance. Ces services sont ainsi de plus en plus appelés à intervenir auprès des familles aux prises avec une cooccurrence de violence conjugale et d’autres formes de maltraitance envers les enfants. Or, le profil des familles présentant des situations de cooccurrence reste peu connu. Dans une étude réalisée à partir d’un échantillon de 1025 enfants dont le signalement a été retenu par les Services de protection de l’enfance de la région montréalaise, Chantal Lavergne et ses collaborateurs vérifient dans quelle mesure les situations de cooccurrence de violence conjugale et de mauvais traitements envers les enfants sont associées à un portrait plus lourd au plan des formes de maltraitance, des conséquences pour l’enfant et des facteurs de risques parentaux et familiaux.

La violence conjugale favorise une diffusion des frontières entre les différents systèmes au sein de la famille, ce qui peut amener l’enfant à jouer un rôle de parent. L’enfant parentifié devient responsable des tâches domestiques, éducateur des plus jeunes, protecteur du parent, confident, ami, médiateur ou gardien de la paix. Au-delà de la violence elle-même, la parentification contribue à la détresse de l’enfant. À ce jour, les variables associées à la parentification de l’enfant exposé à la violence conjugale sont peu étudiées. Andrée Fortin et Lise Lachance présentent une recherche menée auprès de 117 dyades mère-enfant victimes de violence conjugale et examinent les facteurs associés à la parentification de l’enfant. Les auteures vérifient la contribution respective des caractéristiques propres à l’enfant, à la mère ainsi qu’à la relation mère- enfant.

La séparation du couple pourrait laisser croire à la fin des violences conjugales. Patrizia Romito présente une série d’évidences montrant au contraire que ces violences peuvent se poursuivre après la séparation

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mais restent une réalité peu visible et encore occultée. Les conflits liés aux droits de garde et les rencontres entre ex-conjoints rendues nécessaires pour confier les enfants à l’autre parent deviennent souvent l’occasion de ces violences. Dans un texte aux nombreuses références et à l’aide de cas recensés dans plusieurs pays, l’auteure montre combien la violence conjugale post-séparation est fréquente, souvent très grave, et représente un obstacle majeur à ce que les femmes et les enfants qui ont subi des violences conjugales retrouvent leur sérénité. Un texte engagé qui ne manquera pas d’interpeller les divers intervenants auprès des familles aux prises avec les violences conjugales.

Enfin, Myriam Dubé aborde la question des enfants confrontés à la perte d’un parent suite à un homicide conjugal. Ce type d’homicide s’inscrit trop souvent dans la continuité des violences conjugales les plus graves où les femmes sont davantage victimisées que les hommes.

L’impact de l’homicide conjugal pour les enfants est dévastateur. Aux conséquences néfastes de l’exposition aux violences conjugales, s’ajoutent celles liées à la mort d’un parent et à la perte de l’autre parent condamné par la justice. Les données de recherche sur ce sujet sont encore très rares. À partir de données surtout rétrospectives, l’auteure tente de dresser un premier bilan des expériences vécues par l’enfant.

En résumé, ce numéro présente un condensé d’études qui reflètent bien la diversité des thèmes abordés dans les recherches sur les enfants exposés à la violence conjugale. En 1998, dans cette même revue, nous avons publié un article sur l’enfant exposé à la violence conjugale1dans lequel nous rappelions combien la recherche et l'intervention portant sur la violence faite aux femmes et celle faite aux enfants avaient évolué dans des univers conceptuels et institutionnels distincts et relativement hermétiques. Nous soulignions alors que la réalité de l’enfant exposé à la violence conjugale appelait à une analyse mieux arrimée des divers types de violence au sein de la famille. Une exigence qui reste d’actualité.

Fortin, A.(1998). L'enfant en contexte de violence conjugale: témoin ou victime ? La revue internationale de l'éducation familiale, 2(1), 41-56

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Points de repères pour examiner le développement de l’enfant exposé aux violences conjugales

Nathalie Savard et Chantal Zaouche Gaudron1

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Les conséquences de la violence conjugale sur le développement de l’enfant sont encore trop peu prises en considération en France. Les chercheurs et les professionnels intervenants dans ce domaine soulignent le manque d’outils utilisables en langue française pour repérer ces effets.

Pour pallier cette insuffisance et permettre l’évaluation de la situation des enfants exposés à la violence conjugale, cet article a pour but de recenser les outils utilisables en langue française afin de pouvoir analyser l’impact des violences conjugales sur le développement social, cognitif, intellectuel et affectif des enfants et des adolescents (0-18 ans).

Mots-clés : violence conjugale, développement de l’enfant, évaluation Tests for assessing children exposed to domestic violence

In France, the consequences of domestic violence on a child’s development have not been substantially explored. Researchers and professionals working in this field have emphasized the lack of French- language instruments to identify these consequences. To remedy this insufficiency and enable the assessment of the situation of the child exposed to domestic violence, this article describes the inventory of instruments available in French in order to measure the impact of domestic violence on the social, cognitive, intellectual and emotional development of children and teenagers (0-18 years-old).

Key-words : domestic violence, child development, assessment

1 Laboratoire Psychologie du Développement et Processus de Socialisation, Université de Toulouse, Toulouse II Le Mirail, 5 allées Antonio Machado, 31058 Toulouse Cedex 9, France.

Contact : nathalie.savard@oned.gouv.fr ; zaouche@univ-tlse2.fr

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En France, à l’heure où les violences conjugales ont été déclarées

« Grande cause nationale pour l’année 2010 » par le gouvernement, les répercussions qu’elles entraînent sur les enfants qui y sont exposés sont encore trop peu prises en compte. Il apparaît important de rappeler que, à ce jour, il n’existe aucune étude dans notre pays, en psychologie du développement, qui évalue les effets de la violence conjugale sur les enfants. Or, ces conséquences sont importantes à prendre en considération puisqu’elles vont retentir sur l’ensemble de la personnalité de l’enfant, son organisation psychique ainsi que sur sa construction. De plus, l’exposition à la violence s’accompagne souvent de circonstances qui peuvent considérablement aggraver ces effets : fréquence, intensité, durabilité. L’Observatoire National de l’Enfance en Danger1 en partenariat avec le Service du Droit des Femmes et de l’Égalité soulignent, dans leurs préconisations à destination des pouvoirs publics concernant l’enfant exposé à la violence conjugale, l’importance de l’évaluation de l’impact des violences sur l’enfant qui permet notamment une prise en charge adaptée aux besoins de l’enfant. Les préconisations issues de ce partenariat ainsi que de nombreuses conférences organisées sur ce thème2 déplorent le manque d’instruments disponibles pour repérer les effets de la violence sur le développement de l’enfant et encouragent la construction ainsi que l’adaptation d’outils de repérage et d’évaluation.

Or, certains existent et sont souvent utilisés dans le Nord de l’Amérique, mais sont apparemment à ce jour peu connus des chercheurs et des professionnels intervenant dans ce contexte en France. Le recensement d’outils disponibles en langue française et utiles au repérage de la gravité des conséquences sur le développement de l’enfant nous apparaît donc nécessaire.

Dans une première partie, sera exposé un bref rappel de certains effets que peut entraîner l’exposition à la violence conjugale sur le développement de l’enfant, rappel réalisé à partir d’études principalement nord-américaines et québécoises dans le champ de la psychologie (et non de la pédopsychiatrie). L’objectif de la seconde partie est de présenter une sélection d’instruments de recherche utilisés soit dans le domaine précis que sont les violences conjugales, soit dans une perspective plus

1http://www.oned.gouv.fr/

2 Colloque du 9 Mars 2009 organisé par l’Observatoire Départemental des violences envers les femmes (93) sur le thème : impact des violences dans le couple sur les femmes et les enfants ; Colloque organisé à l’occasion du 20ème anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant par le Conseil Général du Val d’Oise sur le thème : crise conjugale et maltraitance.

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large qui concerne certains secteurs du développement des enfants et des adolescents au vu des précisions apportées dans la première partie.

Il convient de préciser d’emblée que la plupart de ces outils sont issus du champ de la recherche et qu’ils ne sont pas directement transposables et utilisables dans le domaine des pratiques professionnelles, même si certains d’entre eux indiquent des seuils cliniques. Ils ne sont donc que des points de repères pour apprécier le développement des enfants et pour réaliser au besoin une évaluation par des psychologues au sein d’une équipe pluridisciplinaire.

Conséquences de la violence conjugale sur le développement de l’enfant

Conséquences de la violence conjugale sur le développement comportemental et social de l’enfant

Les recherches qui analysent les conséquences de la violence sur le développement comportemental et les compétences sociales de l’enfant rapportent divers problèmes observés chez ces derniers comparativement à ceux qui ne sont pas exposés à la violence (Wolfe, Jaffe, Wilson, &

Zak, 1985). Ainsi, ces enfants sont plus agressifs envers l’adulte mais également envers leurs pairs. En ce qui concerne la relation avec l’adulte, qu’il s’agisse de professionnels ou de leurs propres parents, ils sont souvent désobéissants, ils utilisent beaucoup de mots grossiers et ont tendance à mentir (Winstok & Eisikovits, 2003). Leurs comportements agressifs, pour résoudre leurs problèmes interpersonnels, les amènent également à avoir une mauvaise relation avec leurs camarades (Katz &

Woodin, 2002). Ils adoptent plus de comportements de retrait social ou relationnel, s’isolent et ont plutôt tendance à être secrets et à refuser de parler (Fortin, Trabelsi, & Dupuis, 2002). On peut également observer des comportements d’hyperactivité et de désadaptation sociale (Moe, King, & Bailly, 2004) comme le fait de tricher en classe, voler, se battre, casser des objets et se montrer cruels notamment envers les animaux. Les études menées auprès des adolescents révèlent que les filles sont plus agressives, violentes et délinquantes et les garçons manifestent plus de comportements de désadaptation sociale (Bourassa, 2007 ; Becker &

McCloskey, 2002 ; Llomaki, Viilo, Hakko, Marttunen, Makikyro, &

Rasanen, 2006).

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Conséquences de la violence conjugale sur le développement affectif de l’enfant

Sur le plan affectif et émotionnel, les recherches indiquent que ces enfants manifestent plus de problèmes intériorisés comparativement à ceux n’étant pas exposés à la violence conjugale (Hughes, 1988 ; Rodriguez, 2006). On repère ainsi des symptômes d’anxiété et de dépression (Maughan & Cicchetti, 2002 ; Fortin, 2005), mais aussi des signes de forte dépendance envers l’adulte. L’exposition des enfants à la violence conjugale amène aussi une désorganisation au niveau de leur attachement. Ces derniers présentent, en effet, pour la majorité, un attachement de type insécurisé/désorganisé (Savard & Zaouche-Gaudron, 2010b ; Zeanah, Danis, Hirshberg, Benoit, Miller, & Heller, 1999). Ils sont souvent coléreux, tristes et inquiets (Katz, Hessler, & Annest, 2007) et ont une faible estime d’eux-mêmes (Grych & Fincham, 1993). Les scores obtenus par la plupart de ces enfants à l’échelle des troubles intériorisés du Child Behavior Checklist (Achenbach, 1991) évaluent d’ailleurs des symptômes suffisamment sévères pour être considérés comme étant d’ordre clinique (Christopoulos, Cohn, Shaw, & Joyce, 1987).

Le syndrome de stress post-traumatique

Selon le DSM-IV, l’un des critères diagnostiques du syndrome de stress post-traumatique est l’exposition du sujet à un évènement traumatique intense, comme la mort d’une personne, une menace de mort, une blessure grave ou une menace pour son intégrité physique. Le sujet a une réaction de terreur, de détresse ou d’horreur et son comportement devient désorganisé. La littérature indique que la plupart des enfants exposés à la violence conjugale de façon prolongée ou intense manifestent des symptômes de stress post-traumatique (Kilpatrick, Litt, &

Williams, 1997 ; Chemtob & Carlson, 2004), plus fréquemment observés chez les très jeunes enfants (Lehmann, 1997). Des études rétrospectives mettent en exergue le fait que l’exposition à la violence conjugale durant l’enfance entraîne aussi des syndromes de stress post-traumatiques à l’âge adulte (Taft, Schumm, Marshall, Panuzio, & Holtzworth-Munroe, 2008).

Conséquences de la violence conjugale sur la santé de l’enfant

Sur le plan physique, les enfants exposés à la violence conjugale manifestent plus de problèmes de santé que ceux non exposés (Kérouac,

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Taggart, Lescop, & Fortin, 1986). Ils souffrent de maladies diverses comme des infections respiratoires, des insomnies, des allergies, des problèmes gastro-intestinaux, mais également de problèmes visuels et auditifs, de même que de retards de croissance (Sinclair, 1985), de maux de tête (Chénard, 1994) et de troubles alimentaires (Layser, Goodson, &

De Lange, 1986). English, Marshall et Stewart (2003) constatent notamment que plus la violence entre les parents est fréquente et intense, plus l’enfant présente des problèmes de santé.

Conséquences sur le développement cognitif et scolaire de l’enfant Les études soulignent que les enfants exposés à la violence conjugale ont plus de difficultés de concentration ainsi qu’un manque d’intérêt pour les apprentissages, ce qui entraîne des difficultés au niveau de leur scolarité (Fantuzzo & Lindquist, 1989). On constate aussi souvent une déficience des habiletés intellectuelles, verbales et mentales (Chénard, Cadrin, & Loiselle, 1990).

Le renversement des frontières entre les microsystèmes La parentification

Le phénomène de parentification concerne l’enfant lorsque celui-ci est amené à exercer des rôles qui ne sont pas les siens (Boszormenyi- Nagy & Spark, 1973). Il incombe donc à l’enfant « parentifié » des tâches diverses telles que venir arbitrer les conflits parentaux, consoler et prendre soin de son parent ou de ses frères et sœurs ou encore préparer le repas, s’occuper de corvées domestiques, être responsable du budget ou encore servir de confident (Earley & Cushway, 2002). Ces différentes responsabilités, souvent peu adaptées à son âge et à son degré de maturité, peuvent être à l’origine de détresse. L’enfant aura alors du mal à s’individualiser et à évoluer positivement, les besoins de ses proches devenant alors plus importants que ses propres besoins. Byng-hall (2002) a étudié la parentification, dans le cadre de suivis familiaux basés sur la prise en compte de l’attachement pour les divers membres de la famille en conflit. Les rôles s’inversent et l’enfant va alors prendre la place du parent dans ses tâches de caregiving. Selon Bowlby (1988), le

« caregiving » est défini comme le versant maternel de l’attachement. Il représente la capacité à donner des soins, à s’occuper d’un plus jeune que soi, que ce soit au niveau physique ou affectif. Ainsi, les différents signaux produits par l’enfant, qu’ils soient internes ou externes, que les parents considèrent comme dangereux pour lui, vont venir activer le système de caregiving. Celui-ci sera par la suite désactivé lorsque

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