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Thème 6 : L enjeu de la connaissance

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Chapitre 2. La connaissance enjeu politique et géopolitique.

Séance 1

Au cours des dernières décennies, les acteurs, les formes, les modes de production et de circulation de la connaissance ont connu des bouleversements profonds. L’émergence puis la diffusion de nouvelles technologies de l’information et de la communication ainsi que l’accélération des logiques de la mondialisation ont entrainé la naissance de sociétés dans lesquelles la connaissance représente un enjeu central pour les particuliers, les entreprises et aussi pour les Etats.

Problématique : En quoi la maîtrise de la connaissance constitue-t-elle un enjeu politique et géopolitique ? C’est ce que nous verrons à travers deux jalons qui s’inscrivent dans des contextes temporels et géopolitiques différents : le 1er dans celui de la Guerre froide entre 1947 et 1991 et le second à l’époque contemporaine de la mondialisation.

JALON 1 : Le renseignement au service des États : les services secrets soviétiques et américains durant la guerre froide.

Explication des termes du sujet :

Le renseignement = Cela renvoie à une connaissance liée à la collecte d’informations. Le renseignement est donc un enjeu politique au service des États.

Cette information est de nature clandestine et récoltée par des institutions spéciales.

Les États ici sont les EUA et l’URSS ainsi que leurs alliés respectifs, dans un contexte historique où les deux camps rivaux ne se font pas une guerre.

Activité 1 : Travail maison contexte guerre froide.

Contexte : Les services doivent s’adapter à un nouveau contexte géopolitique où deux camps de disputent le contrôle du monde. Les deux camps se disputent le contrôle du monde. Les deux camps ennemis sont engagés dans une course aux armements impliquant qu’aucun camp ne soit distancé, notamment quant sont mises au point des armes décisives telles que les bombes A et H. Or la détention de l’arme nucléaire par les EUA et l’URSS interdit tout conflit armé direct (équilibre de la terreur par le biais de la dissuasion nucléaire) sous peine de déclencher une guerre nucléaire dévastatrice. Ainsi la connaissance de l’ennemi est essentielle (connaître des découvertes scientifiques, ses institutions stratégiques) pour mieux connaitre l’adversaire et donc le déstabiliser.

La connaissance peut être ainsi vue comme une « nouvelle arme au coeur d’une guerre secrète entre

« États ».

Comment la connaissance participe-t-elle à la puissance des Etats-Unis et de l’URSS dans un contexte de relations très tendues entre ces deux pays ?

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Séance 2

I. Une connaissance née du renseignement au service de la puissance des États.

Le renseignement est la collecte d’informations réalisée par des services de renseignement ou services secrets appartenant à l’administration publique. Ces informations apportent des connaissances sur l’ennemi, susceptibles de protéger les intérêts de l’Etat. Elles sont obtenues par l’espionnage et le contre-espionnage.

A. Deux agences des services de renseignement concurrentes :

La CIA : Central Intelligence Agency fondée en 1947 par le président des Etats-Unis H.

Truman pour améliorer le renseignement extérieur (hors du territoire national) face aux menaces des manoeuvres soviétiques. Sa création est liée à la politique de « l’endiguement » instaurée par Truman pour stopper l’expansionnisme communiste soviétique dans d’autres pays. Cette politique a besoin du renseignement car elle contourne l’usage de la force directe, trop dangereuse et de la diplomatie jugée insuffisante.

Le KGB : En russe : comité pour la sécurité de l’Etat fondé en 1954. Principale agence de renseignement soviétique en même temps qu’une police politique au service du parti communiste d’URSS. Elle se met au service de la lutte contre « l’impérialisme » américain.

Séance 3

B. Les espions et contre-espions : des acteurs qui assurent la collecte clandestine d’informations sur la puissance ennemi.

Activité 2 : Étude du témoignage d’un ex-espion français + réalisation d’exposés

Les espions sont recrutés dans des secteurs stratégiques liés au contexte de la Guerre froide comme l’armée, la diplomatie (Ex : Département d’Etat aux Etats-Unis ou ministère des Affaires étrangères), le secteur industrialo-scientifique et les services secrets adverses. A travers l’exemple des conditions du recrutement du KGB en Syrie (1975), on entrevoit des exigences qui doivent s’appliquer à toutes les missions, quel que soit le camp : adhésion au modèle idéologique à défendre, parfaite maîtrise de plusieurs langues et notamment l’anglais, bonne condition physique, avoir des compétences recherchées dans les pays de mission…. Mais au sein du KGB, au fil des années, une crise du recrutement des sources (espions) s’est faite ressentir pour deux raisons conjuguées : la baisse des vocations et les nombreuses défections, toutes deux liées à une érosion de la foi dans le communisme.

Leur motivation première est de collecter en secret des informations sur une puissance étrangère, au service de son pays. Ici, Farewell (son nom de code) est agent double du KGB au service de la France. Dans les années 1980, il permet d’identifier 400 espions du KGB à l’Ouest et transmet des documents sur les programmes militaires soviétiques et le pillage technologique et scientifique auquel d’adonnent les soviétiques pour combler leur retard en matière de recherche.

Les cibles des espions sont le plus souvent des institutions comme l’armée, la diplomatie (Ex : Département d’Etat aux Etats-Unis ou ministère des Affaires étrangères), le secteur industrialo-scientifique et les services secrets ennemis.

L’espionnage est une activité risquée car illégale et donc sévèrement punie. Les risques sont :

Le procès mais souvent, les Etats ne veulent pas attirer l’attention sur les failles de ses services de contre-espionnage (du FBI ou de la NSA sur le sol américain ou sur certaines activités qu’il

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conduit (Ex : entre 1940 et 1994, les autorités judiciaires américaine ont condamné 139 personnes pour des activités d’espionnage).

L’emprisonnement de manière secrète, dans le but de procéder à des échanges d’espions (Ex : en 1986, sur le pont des espions de Glienicke à Berlin, échange entre un espion tchécoslovaque Karl Kosher qui a infiltré la CIA et un dissident soviétique).

L’exécution (Ex : en 1953 ; les époux Rosenberg meurent sur la chaise électrique pour avoir espionné pour le compte de l’URSS. Cela est dû au fait que l’URSS a pu se doter de l’arme atomique en grande partie grâce aux secrets qu’ils ont dérobés aux EUA.).

Séances 4 et 5

II. Une connaissance marquée par les innovations technologiques appliquées au renseignement (évolution des modalités du renseignement).

A. Le renseignement d’images à l’origine de deux crises majeures de la guerre froide.

Dans le contexte de la Guerre froide, le survol du territoire ennemi devient l’une des meilleures manières de récupérer des informations sous la forme de photographies. Ces données sont précieuses car il est difficile de dissimuler de grands complexes militaro-industriels depuis les airs.

L’évolution technique du renseignement d’images : ballon, aéronefs, avion Lockheed U2 et satellites . Durant la Guerre froide, les services américains passent de l’usage du ballon d’observation équipé de caméras à des aéronefs puis recourent à l’aviation et notamment au Lockheed U2, avion de reconnaissance mis en service en 1956. Entre 1956 et 1960, il effectue 23 opérations au-dessus de l’URSS à une altitude si haute qu’il ne peut être repéré.

Or, le 1er mai 1960, un U2 piloté par l’espion US Gary Powers est abattu par l’URSS alors qu’il survolait son territoire pour photographier des sites militaires. Le pilote saute en parachute et finit capturé. Cette affaire est rare et sensationnelle. C’est pourquoi les responsables politiques s’en emparent. Ici, Khrouchtchev dirigeant de l’URSS) a tout intérêt à médiatiser ce cuisant revers des Etats-Unis à qui il peut être reproché ses activités illégales et dont on peut moquer la capture de l’agent.

Activité 3 : La crise des missiles de Cuba : la photographie aérienne au service des EUA.

La crise des fusées (missiles) de Cuba en 1962 Des photographies aériennes prises depuis un avion espion U2 de la CIA montrent sur l’île communiste de Cuba, un site de lancement de missiles soviétiques capables de frapper le territoire des Etats-Unis. Cela permet au président J. F. Kennedy de justifier une opération militaire comme le blocus de l’île de Cuba en 1962 pour empêcher la livraison de missiles. Après deux semaines d‘une tension à son comble, alors que le monde est au bord d’une guerre nucléaire, l’URSS renonce à son projet et retire ses missiles de Cuba.

B. Le renseignement d’origine électromagnétique.

La mise sur écoute : Le matériel d’écoute artisanal glissé dans des objets comme des chaussures ou une brosse, a cédé la place à des stations radars comme celle installée par les Etats-Unis à Berlin en 1963. Elle intercepte les signaux satellites, les ondes radio et les liaisons hertziennes.

Le chiffrement : Procédé de cryptographie par lequel on rend un message lisible uniquement avec une clé de chiffrement ou un code. Un des tournants de la Seconde Guerre mondiale a été le déchiffrement du code de chiffrement allemand appelé Enigma, par une équipe de scientifiques autour d’Alan Turing. Le codage est un aspect important du secret et durant la Guerre froide,

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beaucoup de services de renseignement cherchent à bénéficier des technologies les plus avancées pour collecter ou transmettre des informations en toute discrétion. La société suisse Crypto-AG est devenue le leader mondial sur le marché des équipements de chiffrement pendant la Guerre froide mais en fait, elle était contrôlée par la CIA, ce qu’aucun pays client ne savait. Les smartphones permettant aujourd’hui d’accéder à une technologie de chiffrage fort, cette entreprise a été revendue par la CIA en 2018 . 1

C. Le renseignement à l’heure d'Internet aujourd’hui.

Cf. activité 2 - Réponse à la Question 3 :

Seule évolution notable pendant la Guerre froide : la montée en puissance de l’informatique de bureau qui permet un meilleur stockage, une gestion plus efficace et une analyse plus fine des données. A la fin des années 1990, apparaît Internet et se développent très rapidement de nouvelles technologies de communication et d’information avec notamment les téléphones intelligents ; d’où les polémiques autour du rôle de la NSA et les révélations d’Edouard Snowden.

Mais Internet a permis d’élaborer un renseignement de « source nette » c'est-à-dire que depuis son bureau, on peut avoir accès à une masse d’informations (blanches ou accessibles à tous / grises et censées être peu disponible car classifiée comme des thèses).

Séance 6 et 7

III. Une connaissance qui débouche sur des opérations spéciales au service des États.

A. Les opérations de déstabilisation politique et les coup d’États.

Durant la Guerre froide, les services secrets américains comme soviétiques, sur la base des informations récoltées lors du renseignement, engagent des actions sur le terrain ennemi en vue de déstabiliser un régime ou, de façon plus radicale, de le supprimer par un coup d’Etat.

Ainsi, on voit sur la carte que de nombreux régimes politiques d’Amérique latine ont été renversés par les services secrets américains dans le contexte de la politique d’endiguement du communisme. Comme le cas du Chili en 1973 et le renversement de la République socialiste de Salvador Allende par Augusto Pinochet soutenu par la CIA lors de l’opération Condor.

Au Moyen Orient on retrouve aussi des interventions comme en Iran en 1953. Il s’agit d’organiser la chute d’un gouvernement soupçonné de sympathie socialiste, et de le remplacer par un pouvoir acquis aux intérêts américains (pro-occidental) sous la direction du Shah.

B. Les opérations de soutiens financiers.

Les opérations, sans aller jusqu’au coup d’Etat, consistent aussi à soutenir à l’intérieur des pays, les forces opposées au pouvoir ennemi. L’URSS est beaucoup intervenue dans le monde en développement et notamment sur le continent africain. Dans certains pays, les leaders des deux camps se font face pour soutenir des factions opposées comme en Angola, au Nicaragua ou en Afghanistan.

C. L’élimination de la dissidence.

Si le renseignement favorise une circulation, certes clandestine, de l’information, il peut aussi œuvrer à son contrôle. Ainsi, l’URSS traque-t-elle ses dissidents (terme utilisé pour désigner les

Pour aller plus loin voir les révélations sur le Site du Courrier International.

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opposants politiques dans les régimes communistes au XXème siècle) jusque dans les pays étrangers. La mort par empoisonnement au moyen du « parapluie bulgare » de l’écrivain Georgi Markov en 1978 en est la preuve. Réfugié en Angleterre, il s’était montré un virulent critique du régime communiste de Bulgarie sur les ondes de la BBC. Aux États-Unis le gouvernement fat la chasse aux sorcières à travers le Maccarthysme.

Conclusion :

La connaissance participe à la puissance des Etats-Unis et de l’URSS sous la forme du renseignement qui permet de connaître son ennemi pour mieux l’affronter de façon indirecte, comme l’impose le contexte particulier de la Guerre froide. De plus, elle prend vite une forme innovante, de plus en plus scientifique et technologique qui rend le renseignement plus efficace et par là même, consolide la puissance des Etats rivaux. Enfin, la connaissance prépare des actions politiques et militaires spéciales par lesquelles les Etats affirment leur souveraineté.

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