Énoncé
Pour tout x ∈ R, les entiers bxc et dxe sont dénis par
bxc ∈ Z , dxe ∈ Z , bxc ≤ x < bxc + 1, dxe − 1 < x ≤ dxe.
Dans tout le problème
1: (p, q) ∈ N
∗2avec p impair et p ∧ q = 1 . On note :
s(p, q) = X
j∈ [ 0,
p2[
∩Zjq p
.
Partie 1. Sommes.
1. Transformation d'Abel.
Soit m ∈ N
∗et u 0 , u 1 , · · · , u m , v 0 , v 1 , · · · , v m−1 réels. Montrer que
m−1
X
r=0
(u r+1 − u r )v r = −u 0 v 0 +
m−1
X
r=1
u r (v r−1 − v r ) + u m v m−1 .
2. Intervalles et parties entières.
a. Soit x réel. Montrer que dxe = min {k ∈ Z , tq x ≤ k} .
b. En déduire que [a, b[ ∩ Z = J dae, dbe − 1 K pour a , b réels tels que a < b . c. Soit r ∈ N. Montrer que
Card
j ∈ Z tq jq p
= r
=
(r + 1)p q
− rp
q
.
d. Montrer que s(p, q) = P
j∈J 0,
p−12 Kj jq
p
k . 3. Montrer que
s(p, 2q) − s(p, q) = X
j∈ ] 0,
p2[ j
impair(q − 1) − 2 jq
p
.
En déduire que q impair entraine s(p, q) ≡ s(p, 2q) mod (2) .
1
D'après Donald E. Knuth, The Art of Computer Programming vol 1, p 43-45
4. a. Montrer que
jq p
, j ∈ h 0, p
2 h ∩ Z
⊂ h 0, q
2 h ∩ Z .
b. En utilisant la question 2.c., montrer que
s(p, q) = −
X
r∈ [ 0,
q2]
∩Zrp q
+ p
q l q
2 m l q
2 m − 1
.
5. On suppose ici p < q avec q impair et on rappelle que p ∧ q = 1 . a. Montrer que p−1 2 < p(q+1) 2q < p+1 2 . En déduire d p(q+1) 2q e . b. Montrer que q ne divise pas rp pour r ∈ J 1, q−1 2 K. En déduire
s(p, q) + s(q, p) = (p − 1)(q − 1)
4 .
Partie 2. Arithmétique.
Dans cette partie, p est premier (toujours impair) et q premier avec p . Pour x ∈ N on note r p (x) le reste de la division euclidienne de x par p .
1. On dénit une fonction µ de J 1, p − 1 K dans J 0, p − 1 K par :
∀k ∈ J 1, p − 1 K , µ(k) = r p (qk).
Montrer que µ est à valeurs dans J 1, p − 1 K et dénit une bijection de cet ensemble dans lui même.
2. On dénit une fonction ϕ de J 1, p−1 2 K dans J −(p − 1), p − 1 K par :
∀k ∈ J 1, p − 1
2 K , ϕ(k) = (−1)
b2kqp cr p (2kq).
Montrer que ϕ est injective.
3. Soit k ∈ J 1, p−1 2 K. On rappelle que p est impair dans tout le problème.
a. On sait que r p (2kq) désigne le reste de la division de 2kq par p . Comment s'ex- prime le quotient de cette division ?
b. Montrer que b 2kq p c ≡ r p (2kq) mod (2) .
c. En déduire r p (ϕ(k)) ≡ 0 mod (2) .
4. On note ψ = r p ◦ ϕ .
a. Soit v et v
0tels que −p < v < v
0< p et v ≡ v
0mod (p) . Montrer que v
0= v + p . En déduire v 6≡ v
0mod (2) . b. Montrer que ψ est une bijection de J 1, p−1 2 K dans D =
2v, v ∈ J 1, p−1 2 K .
Partie 3. Réciprocité quadratique.
On suppose p premier impair et q premier avec p . 1. Produit et µ .
a. Montrer que (p − 1)! ≡ q p−1 (p − 1)! mod (p) .
b. En déduire le petit théorème de Fermat : q p−1 ≡ 1 mod (p) . 2. Produit et ψ .
a. Montrer que
(−1) s(p,2q) (2q)
p−12( p − 1
2 !) ≡ (2)
p−12( p − 1
2 !) mod (p).
b. En déduire (−1) s(p,2q) ≡ q
p−12mod (p) . 3. Carrés et résidus quadratiques.
Un entier x est appelé résidu quadratique modulo p si et seulement si il existe y ∈ Z tel que x ≡ y 2 mod (p) . On note Q p l'ensemble des résidus quadratiques dans J 1, p − 1 K.
a. Exemple avec p égal à 3 ou 5 . Préciser Q 3 et Q 5 . b. On dénit une relation binaire C dans J 1, p − 1 K par :
∀(v, w) ∈ J 1, p − 1 K
2 , v C w ⇔ v 2 ≡ w 2 mod (p).
Montrer que C est une relation d'équivalence, que les classes d'équivalence sont des paires à préciser. En déduire Card Q p = p−1 2 .
c. Montrer que q ∈ Q p ⇒ q
p−12≡ 1 mod (p) . On admet la réciproque de sorte que q ∈ Q p ⇔ q
p−12≡ 1 mod (p).
4. On dénit le symbole de Legendre q
p
par :
q p
=
( 1 si q est un résidu quadratique modulo p.
−1 si q n'est pas un résidu quadratique modulo p.
Montrer que
q p
= (−1) s(p,2q) .
5. Loi de réciprocité quadratique. Soit p et q premiers impairs distincts.
a. Montrer que q
p
= (−1) s(p,q) . b. Montrer que
q p
p q
= (−1)
(p−1)(q−1)4. 6. Application. Soit p > 3 un nombre premier (donc impair).
a. Montrer que p 3
= 1 ⇔ p ≡ 1 mod (6) . b. Montrer que
−3
p
= 1 ⇔ p ≡ 1 mod (6) .
c. Soit p 1 , p 2 , · · · , p s des nombres premiers congrus à 1 modulo 6 et n = 1 + 12 × (p 1 p 2 · · · p s ) 2 .
Montrer que les diviseurs premiers de n sont congrus à 1 modulo 6. Que peut-on
en déduire ?
Corrigé
Partie 1. Sommes.
1. Transformation d'Abel. On développe en indexant avec l'indice de u :
m−1
X
r=0
(u r+1 − u r )v r =
m
X
r=1
u r v r−1 −
m−1
X
r=0
u r v r = −u 0 v 0 +
m
X
r=1
u r (v r−1 − v r ) + u m v m−1 .
2. Intervalles et parties entières.
a. Par dénition, x ≤ dxe donc dxe ∈ {n ∈ Z tq x ≤ n} . Pourquoi est-il un minorant ? Car
n < dxe ⇒ n ≤ dxe − 1 ⇒ n < x ⇒ n / ∈ {n ∈ Z tq x ≤ n} . Par contraposition : n ∈ {n ∈ Z tq x ≤ n} ⇒ dxe ≤ n .
On en déduit (avec les notations des intervalles entiers) : [x, +∞[ ∩ Z = J dxe, +∞ J .
b. D'après la question précédente, Z \ [b, +∞[ = K − ∞, dbe − 1 K. D'où [a, b[ ∩ Z = J dae, +∞ J ∩ J −∞, dbe − 1 K = J dae, dbe − 1 K .
c. Soit r ∈ N. Pour tout j ∈ Z, jq
p
= r ⇔ r ≤ jq
p < r + 1 ⇔ rp
q ≤ j < (r + 1)p
q .
L'ensemble cherché est donc rp
q , (r + 1)p q
∩ Z = J rp
q
,
(r + 1)p q
− 1 K
dont le cardinal est l (r+1)p
q
m − 1 − l rp
q
m
+ 1 = l (r+1)p
q
m − l rp
q
m . d. Il sut de remarquer que p étant impair : p
2
= p+1 2 ⇒ p 2
−1 = p−1 2 et d'utiliser b. pour obtenir J 0, p−1 2 K =
0, p 2
∩ Z.
3. Les sommes s(p, 2q) et s(p, q) ont en commun les termes associés aux petits mul- tiples pairs de q . Ils disparaissent dans la diérence. Plus précisément :
s(p, 2q) − s(p, q) = X
j∈]0,p[∩
Z, j
pairjq p
− X
j∈ ] 0,
p2[
∩Zjq p
= X
j∈ ]
p2,p [
∩Z, j
pairjq p
− X
j∈ ] 0,
p2[
∩Z, j
impairjq p
Comme p est impair, on peut passer des grands j pairs aux petits impairs : j ∈ i p
2 , p h
∩ Z , j pair ⇔ p − j ∈ i 0, p
2
h ∩ Z , p − j impair En changeant de nom avec k = p − j :
X
j∈ ]
p2,p [
∩Z, j
pairjq p
= X
k∈ ] 0,
p2[
∩Z, k
pair(p − k)q p
.
De plus,
(p − k)q p
=
q − kq p
= q +
− kq p
= q − 1 − kq
p
. En revenant au nom j pour cette somme, on obtient bien
s(p, 2q) − s(p, q) = X
j∈ ] 0,
p2[
∩Z, j
impairq − 1 − 2 jq
p
Si q est impair, la parenthèse est paire donc s(p, 2q) − s(p, q) ≡ 0 mod (2) . 4. a. Pour tout j ∈ Z,
0 ≤ j < p
2 ⇒ 0 ≤ jq p < q
2 ⇒ jq
p
∈ h 0, q
2 h ∩ Z .
b. Les termes de la somme s(p, q) peuvent prendre plusieurs fois une même valeur r . La question 4.a. indique que ces valeurs sont des entiers dans
0, q 2
. La question 2.c. indique combien de fois cette valeur gure dans la somme. En regroupant les valeurs égales, on obtient
s(p, q) = X
r∈ [ 0,
q2[
∩Z(r + 1)p q
− rp
q
r.
Comme 0, q 2
∩ Z = J 0, q 2
− 1 K, on se trouve dans le cas de la transformation d'Abel de la question 1. avec m = q
2
, u r = l rp
q
m et v r = r . Avec u 0 v 0 = 0 et v r−1 − v r = −1 , on obtient bien
s(p, q) = −
X
r∈ [ 0,
q2]
∩Zrp q
+ p
q l q
2 m l q
2 m − 1
.
5. On suppose p < q avec q impair et on rappelle que p ∧ q = 1 . a. On montre l'encadrement en formant les diérences :
p(q + 1)
2q − p − 1
2 = p + q 2q > 0 p(q + 1)
2q − p + 1
2 = p − q 2q < 0
⇒ p − 1
2 < p(q + 1)
2q < p + 1 2 .
Comme p est impair, p−1 2 et p+1 2 sont deux entiers consécutifs. On en déduit p(q + 1)
2q
= p + 1 2 . b. Ici q est impair donc q
2
= q+1 2 d'où
h 0, q
2
h ∩ Z = J 0, q − 1
2 K et p q
l q 2
m
= d p(q + 1)
2q e = p + 1 2 d'après la question 3.
Comme q est premier avec p , il ne divise pas rp car sinon d'après le théorème de Gauss, il diviserait r ce qui est impossible car r < q . On en déduit que rp q n'est pas entier donc, pour r 6= 0 ,
d rp
q e = b rp
q c + 1 ( q − 1 2 fois )
⇒ X
j∈
J0,
p−12 Kb jq
p c + X
r∈
J0,
q−12 Kb rp
q c = − q − 1
2 + p + 1 2
q − 1
2 = (p − 1)(q − 1)
4 .
Partie 2. Arithmétique.
Dans cette partie, p est un nombre premier impair ( p 6= 2 ) et q est premier avec p c'est à dire qu'il n'est pas un multiple de p .
1. Par dénition, µ(k) est le reste modulo p de qk avec 1 ≤ k < p . Le nombre premier p ne divise ni k ni q donc il ne divise pas non plus kq . Le reste µ(k) est donc non nul. La fonction µ prend ses valeurs dans J 1, p − 1 K. Pour montrer que µ dénit une bijection il sut de démontrer l'injectivité car l'espace de départ et d'arrivée ont le même nombre ( p − 1 ) d'éléments.
Considérons k et k
0tels que 1 ≤ k ≤ k
0< p tels que µ(k) = µ(k
0) . Alors qk ≡ qk
0mod (p) donc p divise q(k
0− k) . Comme p est premier avec q , il divise k
0− k . Or 0 ≤ k
0− k < p donc k
0= k .
2. Remarquons que |ϕ(k)| = r p (2kq) .
Soit k et k
0tels que 1 ≤ k ≤ k
0≤ p−1 2 . Alors ϕ(k) = ϕ(k
0) entraine r p (2kq) = r p (2k
0q) puis, en réinjectant (−1)
b2kqp c= (−1)
b2k0q p c