• Aucun résultat trouvé

Des femmes valaisannes à la fin du Moyen Age : quelques reflexions métholodogiques et un choix d'exemples

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Des femmes valaisannes à la fin du Moyen Age : quelques reflexions métholodogiques et un choix d'exemples"

Copied!
10
0
0

Texte intégral

(1)

Des femmes valaisannes

à la fin du Moyen Age

Quelques réflexions méthodologiques

et un choix d’exemples

Pierre DUBUIS

L’histoire médiévale des femmes alpines reste à faire. Elles jouent dans leurs maisons et leurs familles, dans les petites villes et les villages où elles demeurent, un rôle social et économique fondamental, que la précarité du quotidien rend souvent héroïque. Pourtant, tout cela nous échappe grandement, car plusieurs faits culturels, anciens mais aussi actuels, se liguent pour tout à la fois déformer le miroir que nous tendent les documents, et brouiller la lecture que nous tâchons d’en faire. C’est pourquoi l’image que nous avons des femmes médiévales est souvent floue et ombreuse, mais parfois des contextes particuliers leur donnent une soudaine visibilité, avec les apparences d’un relief plus personnel.

On trouvera dans ces pages une brève présentation des sources les plus propices à une recherche sur les Valaisannes de la fin du Moyen Age, quelques réflexions assez générales sur les pièges dont les chercheurs devraient se méfier, et une série d’exemples.

Une vallée riche de sources prometteuses

Grâce aux registres paroissiaux, on dispose, sur les femmes des XVIIe

-XIXe siècles, d’une documentation extraordinaire par sa masse et sa densité;

parallèlement, de riches archives permettent de donner chair à bon nombre de ces femmes et de les situer assez exactement dans leur contexte économique et social1. Il n’en va certes pas de même pour les siècles antérieurs, mais, par rapport

à d’autres régions des Alpes et de l’Europe, le Valais des XIIIe-XVesiècles

bénéfi-cie d’une documentation de grande qualité2.

Il existe dans ce petit pays deux monumentaux ensembles de documentation médiévale. Le premier consiste en un corpus de quelque 500 registres de chancel-lerie et de notariat, conservés aux Archives du Chapitre cathédral de Sion, bourrés

1 A cet égard, la vallée de Bagnes est exemplaire. Voir en dernier lieu Sandro GUZZI, Passions

alpines. Sexualité et pouvoirs dans les montagnes suisses (1700-1900), Rennes, 2014.

2 On en trouvera un précieux panorama dans Robert-Henri BAUTIER, Janine SORNAY, Les sources de

l’histoire économique et sociale du Moyen Age. Provence, Comtat Venaissin, Dauphiné, Etats de la Maison de Savoie, 3 volumes, Paris, 1968-1974.

(2)

de milliers d’actes, rédigés entre la fin du XIIIesiècle et le milieu du XVIesiècle

par des notaires du Valais central surtout, plus précisément de Sion, la ville épisco-pale, et des campagnes montagneuses qui l’environnent3. Ces registres d’une

extraordinaire densité d’information et d’une grande diversité4 regorgent de

contrats de mariage5, de testaments féminins6et de toutes sortes d’autres actes

impliquant des femmes. Le second ensemble est formé par la documentation administrative laissée, entre le XIIIeet le XVesiècle, par les officiers des comtes

de Savoie dans le Valais occidental, de Conthey au Léman. Il s’agit essentielle-ment de comptes rendus chaque année par les châtelains, de rôles de contribuables astreints au «subside», et de reconnaissances foncières, précieuses pour situer les gens et leurs biens fonciers dans le territoire7.

Les données que proposent ces deux corpus documentaires sont complétées par celles qui proviennent des archives des communautés villageoises et urbaines, des paroisses, des couvents et des familles. De plus, il subsiste de nombreux registres de justice8, qui bruissent d’une très révélatrice petite délinquance

fémi-nine, avec parfois l’éclatement bruyant d’une grosse affaire!9Ce copieux matériel

permet aussi bien le regard à l’échelle de l’individu et du petit groupe, dans un terrain restreint, que l’observation sur une échelle spatio-temporelle large.

Il faut savoir qu’avant le XVIesiècle, ces richesses documentaires sont le fait

surtout du Valais occidental et roman. En effet, la partie germanique du diocèse a malheureusement (de mon point de vue d’historien!) échappé au pouvoir savoyard et à ses comptables, et le notariat s’y est moins répandu.

Pour voir des femmes médiévales en Valais, il faut explorer ces registres notariaux, ces interminables rouleaux de comptes, ces rôles de contribuables, ces épais volumes de reconnaissances foncières ou d’actes de procédure judiciaire,

3 Sur l’histoire du notariat dans le Valais médiéval, voir les travaux de Chantal Ammann-Doubliez,

et en particulier son récent Chancellerie et notariat dans le diocèse de Sion à l’époque de maître Martin de Sion (†1306), Sion, 2009.

4 Voir Pierre DUBUIS, Les vifs, les morts et le temps qui court. Familles valaisannes, 1450-1550,

Lausanne, 1995.

5 Voir Fabienne BYRDE, «Le régime matrimonial valaisan au Moyen Age (XIIIe-XVesiècles)», dans

Annales valaisannes, 68, 1993, p. 199-216.

6 Voir Gregor ZENHÄUSERN, Zeitliches Wohl und ewiges Heil. Studie zu mittelalterlichen

Testamen-ten aus der Diözese SitTestamen-ten, Sion, 1992. Aurélia LUGON, Velud umbra. Portraits de quelques

Valai-sannes de la fin du Moyen Age d’après les testaments conservés aux archives du Chapitre cathé-dral de Sion, Mémoire de maîtrise inédit, défendu en 2009 à l’Université de Genève (sous la direction de Philippe Genequand).

7 Outre les utiles indications données dans BAUTIER, SORNAY, Les sources de l’histoire économique

et sociale du Moyen Age, voir l’exploitation massive faite de ces sources dans Pierre DUBUIS, Une économie alpine à la fin du Moyen Age. Orsières, l’Entremont et les régions voisines, 1250-1500, 2 volumes, Sion, 1990, et dans Pierre DUBUIS, Le jeu de la vie et de la mort. La population du Valais, XIIIe-XVIesiècles, Lausanne, 1994. Une version numérisée des comptes de châtellenie du

Valais savoyard est maintenant accessible aux Archives de l’Etat du Valais (Sion).

8 Nos collègues modernistes pourraient faire des merveilles en exploitant systématiquement les

registres de justice des «châtelains» (juges de commune), conservés en masse dans les archives des communes valaisannes.

9 Par exemple Pierre DUBUIS, «Le curé, sa nièce et leur fille. Une enquête secrète à Port-Valais en

1472. Présentation, édition et traduction», dans Vallesia, 49, 1994, p. 191-210. Les procès de «sor-cellerie» offrent bien sûr de spectaculaires exemples; outre le cas de Françoise Bonvin, qu’on développera plus bas, voir Inquisition et sorcellerie en Suisse romande. Le registre Ac 29 des Archives cantonales vaudoises (1438-1528), textes réunis par Martine OSTOREROet Kathrin UTZ

TREMP, en collaboration avec Georg MODESTIN, Lausanne, 2007. Tout proche du Valais, le cas de Chamonix, dans Carine DUNANT, Des montagnards endiablés. Chasse aux sorciers dans la Vallée de Chamonix (1458-1462), Lausanne, 2009. Sur le Tessin, voir Niklaus SCHATZMANN,

Verdor-rende Bäume und Brote wie Kuhfladen. Hexenprozesse in der Leventina 1431-1459 und die Anfänge der Hexenverfolgung auf der Alpensüdseite, Zürich, 2003.

(3)

sans oublier le tout-venant des archives locales. Malgré différents travers, sur lesquels je reviendrai, ces documents donnent accès à une multiplicité de femmes, dans tous les milieux de la société et dans des contextes d’une réjouissante variété. On peut y appuyer aussi bien l’histoire de femmes individuelles que l’étude de telle catégorie socio-économique ou de tel type d’activité, de fonction ou de rôle féminins. Très denses, ces ensembles documentaires (les registres de notaires et les comptes savoyards en particulier) offrent un terrain favorable non seulement à des enquêtes quantitatives larges dans la durée et l’espace, mais aussi à des essais de reconstitution des réseaux presque toujours informels que les femmes tissent entre elles.

Des pièges à connaître

Quelle que soit leur richesse, ces sources d’information ont des caractéris-tiques qui, selon les questions posées par les chercheurs, peuvent devenir autant de défauts, qu’il s’agit de repérer et d’apprivoiser.

La situation institutionnelle et sociale, de même que sa traduction documen-taire influencent de différentes façons les textes et leur langage. Ainsi, le lecteur venu du XXIe siècle pour les interroger remarquera avec une certaine surprise

que les femmes se définissent en général par rapport à un homme: «fille de», «nièce de», «pupille de», «épouse de», «veuve de», voire «concubine de» ou «ser-vante de». Ces dénominations se construisent à partir d’une relation de dépen-dance. Il en va évidemment de même entre un jeune mâle et son père. En revanche, on ne définit jamais un homme comme «époux de», «veuf de» ou «concubin de». Pour autant, cela ne signifie pas nécessairement que la femme ainsi dénommée se trouve sous le contrôle effectif et dans l’ombre d’un père, d’un mari, d’un oncle, d’un frère ou d’un tuteur. On le voit assez bien avec les veuves non remariées: on les dénomme certes par rapport à leur défunt époux, tandis qu’un père, un oncle ou un frère les représentent et les conseillent, mais leur statut juridique et leur dot leur donnent une certaine dose d’autonomie.

Le corpus documentaire propose des femmes de toutes espèces et catégories. Cependant, celles qui proviennent des couches supérieures des différents milieux observés (noblesse et familles de l’«élite» locale, campagnarde ou urbaine) s’avè-rent surreprésentées. Il faut bien sûr tenir compte, en étudiant ces femmes-là, de leurs spécificités économiques et sociales, mais il serait faux de les isoler, en exagérant ce qui les différencie des «simples femmes». Que de points communs en effet entre ces vies féminines déroulées à des altitudes sociales différentes! Songeons au déracinement de celle qui, pour rejoindre son époux, quitte son monde; à l’expérience des grossesses rapprochées et dangereuses; à la difficulté et à la subtilité, si bien évoquées dans le Mesnagier de Paris10, du rôle de l’épouse

auprès de son mari, qu’il lui faut épauler, conseiller, parfois aussi gronder, et rem-placer lors de ses fréquentes absences.

Pour plusieurs raisons, les sources valaisannes renseignent aussi, à l’autre extrémité de l’éventail social, sur les femmes pauvres, marginales et déracinées. Les châtelains savoyards enregistrent dans leurs comptes, aux XIIIe-XVesiècles,

10 Le mesnagier de Paris, texte édité par Georgina E. BRERETONet Janet M. FERRIER, traduction et

notes par Karin UELTSCHI, Paris, 1994. Ce texte est bien éloigné du monde alpin, mais, en fait, les points communs y sont nombreux avec ce que l’on entrevoit dans le Valais médiéval à propos de la tonalité des relations entre époux chez les paysans ou les bourgeois de bonne (mais roturière) famille (DUBUIS, Les vifs, les morts et le temps qui court).

(4)

le paiement de centaines d’amendes (banna) pour des délits impliquant des femmes, comme actrices ou comme victimes11. La brève description du motif de

la peine nous donne l’occasion exceptionnelle de rencontrer des prostituées, des femmes adultères, des victimes de viol, des femmes violentes et d’autres battues, des voleuses, toutes personnes rarement issues de familles bien établies, souvent de passage et manifestement dépourvues de biens et de liens12. Ces femmes sont

quasi introuvables dans les autres sources, à l’exception bien sûr de textes norma-tifs généraux, comme les Statuta Sabaudiae de 143013, ou locaux, comme les

chartes de franchises14. Assez nombreux dans la région, les procès pour «hérésie»

(ce que nous appelons maintenant «sorcellerie») nous mettent en contact avec des femmes aux activités et aux comportements inhabituels ou qui, d’une manière ou d’une autre, intriguent: veuves aisées et actives, expertes en herbes et en potions, femmes sans ancrage spatial ou familial stable15. Plus rares, les sources

hospita-lières révèlent des femmes malades ou pauvres, indigènes ou itinérantes16.

Nos indispensables relais avec le passé sont des hommes, ceux qui écrivent, au moins clercs, souvent prêtres, et participant d’une vision très négative de la femme, bien plus Eve que Marie, faible et de ce fait envieuse et perfide. Cette vision imprègne les écrits des théologiens, des moralistes, des écrivains ou des juristes. Dans les sources valaisannes, elle affleure ici ou là dans le formulaire des actes notariaux. Elle se fait plus visible lorsqu’il s’agit de juger de la validité de tel mariage clandestin17, ou de poursuivre les femmes «sorcières». En revanche, dans

les textes (de loin les plus nombreux) qui décrivent les aspects les plus concrets du quotidien, on ne s’occupe guère de savoir si la femme est tentatrice et de nature faible; on l’envisage dans les rôles pratiques qu’elle joue dans la vie courante, où les critères d’appréciation sont d’une autre nature. Et, pour nous souvenir qu’en ces domaines rien n’est noir ou blanc, méditons cette supplique notée par le notaire sédunois Nicolas Nanset dans son registre le 22 octobre 1516: Pro

scripto-ris pena sibi detur vita eterna aut pulcra mulier18.

11 Deux échantillons de ces textes: Pierre DUBUIS, «Documents sur le clergé, les fidèles et la vie

reli-gieuse dans le Valais occidental et les vallées d’Aoste et de Suse aux XIVeet XVesiècles (textes

tirés des comptes de l’administration savoyarde)», dans Vallesia, 43, 1988, p. 165-204. Pierre DUBUIS, «Documents sur la vie économique en Entremont à la fin du Moyen Age (XIIIe

-XVesiècles)», dans Vallesia, 45, 1990, p. 349-408.

12 Pierre DUBUIS, «Documents sur la prostitution dans la vallée d’Aoste et dans les régions voisines

au XIVeet au XVesiècle», dans Bulletin de la Société académique de Saint-Anselme, nouvelle

série, VII, 2000, p. 161-184. Prisca LEHMANN, La répression des délits sexuels dans les Etats savoyards. Châtellenies des diocèses d’Aoste, Sion et Turin, fin XIIIe– XVesiècle, Lausanne,

2006.

13 Voir Rinaldo COMBA, «Les Decreta Sabaudiae d’Amédée VIII: un projet de société?», dans

Amé-dée VIII – Félix V, premier duc de Savoie et pape (1384-1451), études publiées par Bernard ANDENMATTENet Agostino PARAVICINIBAGLIANI, avec la collaboration de Nadia POLLINI, Lau-sanne, 1992, p. 179-190.

14Voir Ruth MARIOTTE-LÖBER, Ville et seigneurie. Les chartes de franchises des comtes de Savoie,

fin XIIesiècle – 1343, Annecy, Genève, 1973.

15 L’imaginaire du sabbat. Edition critique des textes les plus anciens (1430-1440), sous la

direc-tion de Martine OSTOREROet al., Lausanne, 1999.

16 Voir Pierre DUBUIS, «Pèlerins et indigènes dans l’Entremont (XIVe-XVesiècles)», dans Pierre

DUBUIS, Dans les Alpes au Moyen Age. Douze coups d’œil sur le Valais, Lausanne, 1997 (Mémoires et documents publiés par la Société d’histoire de la Suisse romande, 4e série, 5),

p. 211-240. Jean-Daniel MOREROD, «Jubilés et passages de pèlerins: les hôpitaux de Vevey et de Lausanne au XVesiècle», dans Ceux qui passent et ceux qui restent. Etudes sur les trafics

trans-alpins et leur impact local. Actes du Colloque de Bourg-Saint-Pierre, 23-25 septembre 1988, publiés par Pierre DUBUIS, Saint-Maurice, 1989, p. 115-130.

17 Valérie LAMONZUCHUAT, Trois pommes pour un mariage. L’Eglise et les unions clandestines

dans le diocèse de Sion, 1430-1550, Lausanne, 2008.

18 «Que, pour sa peine, celui qui a écrit reçoive la vie éternelle ou une jolie femme» (Archives du

(5)

L’historien attentif prendra aussi garde à ses propres représentations, à celles de ses collègues et à celles qui circulent volontiers dans les cerveaux occidentaux! Le rôle des femmes médiévales dans la reproduction biologique, économique et sociale de leur communauté peut apparaître comme un cas parfait de confinement à la cuisine, aux enfants et à l’église. Ce serait oublier que, dans l’Europe de la fin du Moyen Age, dans les campagnes et dans les petites villes, la maison, ses habi-tants et leurs ressources terriennes ou artisanales sont des cadres et des acteurs fondamentaux de la vie économique, et que les femmes y jouent des rôles de premier plan19.

Quelques exemples

Pour rendre concrets les points sur lesquels j’ai ci-devant attiré l’attention, voici quelques exemples, choisis dans ce cadre d’observation fondamental que forment la maison, la microsociété familiale qu’elle abrite et ancre dans le lieu et la durée, et le patrimoine (foncier, mobilier et immatériel) dont elle est le centre de gravité20.

Commençons notre périple par deux femmes notables, mais situées aux deux extrêmes de l’éventail des qualités morales.

En été 1527, le notaire Nicolas Nanset, que nous avons déjà rencontré, écrit en latin, dans un espace resté libre sur une page de son registre d’actes, l’éloge de l’épouse qu’il vient de perdre:

Que tous ceux qui liront les présentes sachent que l’an du Seigneur 1527, le 23 juillet, veille de la Saint-Jacques, entre la cinquième et la sixième heure, à Varone, dans la salle de la maison d’Antoine Martinet l’Ancien, du dizain de Loèche, est morte Marguerite, ma femme légitime très aimée, qui fut fameuse en tout auprès des notables et des voisins, tenue dans l’estime publique pour exempte de défauts. De cette amère séparation, je suis et je serai très triste, à moins que Dieu, le Très haut, me soit propice et me pourvoie de nouveau. Que l’âme de Marguerite, ma femme, repose en paix, et que tous ceux qui liront cet écrit disent avec dévotion, à chaque fois, un

Pater nosteret un Ave Maria, pour sa perpétuelle mémoire et pour le repos de son âme.21

Au début de 1378, Béatrice, fille de feu Guillaume Flamen de Sembrancher, veuve du notaire Péronnet Maramel, «pleine d’un esprit diabolique», empoisonne son second mari, Péronnet Quintin, notable de Sembrancher22. Après 40 jours

d’enquête, cette femme est condamnée au bûcher, en compagnie d’Isabelle, femme d’Antoine Chardonaz de Sembrancher, la complice qui a fourni le poison. Cette dernière est qualifiée de «pauvre mendiante», mais son époux a tout de même une maison, dans laquelle les enquêteurs découvrent d’ailleurs un petit coffre caché là par la meurtrière et contenant 130 actes écrits par le défunt premier mari de celle-ci. Pendant l’enquête, Béatrice est emprisonnée à Sembrancher, sous la surveillance de quatre bourgeois du lieu. Cependant, «comme on se méfie de ses amis», on ajoute à ce quatuor cinq Valdôtains et un homme de Villeneuve. Fait

19 Voir le cas exemplaire des domus pyrénéennes, dans Emmanuel LEROYLADURIE, Montaillou,

village occitan de 1294 à 1324, 2èmeéd., Paris, 1982, chapitres II, III et XXVIII. 20 Voir DUBUIS, Les vifs, les morts et le temps qui court.

21 Texte et contexte dans DUBUIS, Les vifs, les morts et le temps qui court, p. 191.

22 Pour le résumé et la mise en contexte de l’affaire, voir Pierre DUBUIS, «Sembrancher (XIIIe

(6)

extraordinaire, le comte lui-même ordonne à son châtelain d’Entremont de demander secrètement aux amis de Béatrice s’ils ne préféreraient pas un autre lieu d’exécution que Sembrancher. De fait, les deux condamnées sont transportées en char jusqu’à Evian, sous forte escorte, et c’est là que la sentence est exécutée.

Dans le premier de ces cas, c’est la perte de l’épouse et l’espoir d’une suppléante qui rendent la femme visible; dans le second, c’est le meurtre du mari qui joue ce rôle. Voici un troisième dossier, dont l’occasion est aussi une crise, mais dont le contenu permet de décrire une existence domestique à peu près normale. En 1467, au pied du bûcher qui va les dévorer, trois personnes inculpées d’«hérésie» désignent, parmi les gens qui participaient avec elles aux réunions tenues autour de leur diable, une certaine Françoise Bonvin, paysanne de Chermignon (Valais central), une veuve plutôt aisée. Par conséquent, selon les règles de procédure en vigueur, celle-ci va faire l’objet d’une enquête et d’un pro-cès. Françoise bénéficie de l’aide d’un défenseur (c’est une rareté), dont le dossier a été en partie conservé (c’est une grande rareté). Il se nomme Heyno am Troyen, est juriste et demeure à Sion. Sa tactique consiste à démontrer que sa cliente ne peut pas être coupable du délit d’hérésie dont on l’accuse. Sa démonstration se fonde sur les dépositions de 67 témoins compétents, que le tribunal interroge, à la requête du défenseur et sur des questions qu’il a proposées. Ces hommes et ces femmes, gens tout à fait ordinaires, sont ainsi amenés à dire ce qu’ils savent de Françoise et de sa famille, de sa religion et de ses fréquentations. A petites touches, ils racontent une personne si «normale» qu’il est impossible de l’imagi-ner en hérétique «sorcière»23. L’historien peut écouter ces dépositions

indépen-damment de leurs fonctions dans la procédure, comme autant de témoignages sur les paysans de Chermignon et des alentours. Plus précisément, nombre de petits détails nous introduisent dans l’intimité d’une femme alpine de la fin du Moyen Age. Pour l’exemple, observons-la dans sa maison.

En raison à la fois des faits reprochés à Françoise et de la tactique choisie par le défenseur, la religion tient une bonne place dans ce dossier, à travers les attitudes et les gestes censés dépeindre l’accusée comme une bonne chrétienne. Ainsi que le préconisent les conciles et les synodes, Françoise enseigne à sa fille Pérussie les bases de sa religion. Alors qu’il se trouvait une fois dans la maison de la veuve, Pierre Blanchet de Chermignon «l’a entendue enseigner la foi catho-lique24 à sa fille Pérussie; elle le faisait d’une manière très compétente, à la

manière des paysans»25. En maîtresse de maison consciente de ses devoirs, elle en

fait autant pour sa jeune servante. Les «pauvres du Christ» viennent chez elle. Pérussie, veuve de Jean Masseleret de Chermignon, «commère» et proche voisine de l’accusée, «a vu souvent Françoise donner l’aumône dans sa maison»26.

Antoine Jaquemin de Lens est plus précis: Françoise donnait aux pauvres, «sous forme de pain, de vin, de fromage et autres de ces victuailles que Dieu lui avait accordées»27.

23 On trouvera le texte latin de ce dossier, accompagné d’une introduction, d’une traduction et d’un

commentaire, dans Sandrine STROBINO, Françoise sauvée des flammes? Une Valaisanne accusée de sorcellerie au XVesiècle, Lausanne, 1996. Belle mise en contexte de ce dossier dans Kathrin

UTZTREMP, «Una bona mulier. Vergleich zwischen einer freiburgischen Häretikerin und einer Walliser ‘Hexe’», dans Vallesia, LXVI, 2011, p. 115-123.

24 Comprendre «le Credo».

25 STROBINO, Françoise sauvée des flammes?, p. 202. 26 STROBINO, Françoise sauvée des flammes?, p. 216. 27 STROBINO, Françoise sauvée des flammes?, p. 188.

(7)

La générosité de Françoise se manifeste aussi dans des circonstances plus banales. Antoine Brancher de Chermignon raconte que, à son retour d’une absence, «il a trouvé Françoise dans sa maison, où elle lui a offert du vin»28. Un

jour de gros mauvais temps, Jean Truchal de Chermignon «s’est trouvé dans la maison de Françoise, qui lui a offert à boire dans sa cave»29. On notera que ces

verrées offertes la posent aussi en maîtresse de sa cave, et donc de sa maison. Le défenseur de Françoise prend également grand soin de montrer que sa cliente se comportait tout à fait normalement quand se produisaient certains événements bizarres que la rumeur publique et les prétendus aveux des «sorciers» attribuaient au diable et à ses fidèles. Les questions posées dans ce sens aux témoins les conduisent à raconter un peu de la vie de cette femme comme ména-gère et comme paysanne. Jean Lamon de Chermignon, l’un de ses proches voi-sins, déclare que, «le jour de la chute de neige30, le matin, il a entendu Françoise

qui s’organisait dans sa maison pour que son domestique monte à l’alpage d’Er pour apporter du sel aux vaches»31. Jeannette, fille de Jean Nicod de Chermignon,

servante de Françoise depuis quatre ans, dépose que, «la nuit où s’est effondré le mur de la maison de Pierre Chedal32, à Diogne, Françoise se trouvait dans sa

maison, et elle l’y a vue aller dormir avec sa fille. Le lendemain de grand matin, elle a vu Françoise, sa maîtresse, faire son ménage comme d’habitude, à la manière des femmes paysannes»33. Pierre Truchard, lui aussi domestique de la

veuve, était «occupé au village de Chermignon à réparer et à aiguiser sa faux, au jour et à l’heure où la grêle tomba34. Il cessa aussitôt de travailler à sa faux dans le

pressoir de sa maîtresse, et courut se mettre à l’abri dans l’habitation de celle-ci. Il la trouva à l’intérieur, qui se lamentait de ce mauvais temps». Il raconte également que «la nuit où tomba la neige, il a dormi dans la chambre chauffée de Françoise, sa maîtresse, et il a vu que celle-ci et sa fille s’y trouvaient et dormaient»35.

Toutes les femmes jusqu’ici rencontrées s’inscrivent dans le cadre écono-mique et social de la maisonnée paysanne. On ne doit cependant pas négliger celles qui, dans les petites villes alpines, exercent en femmes de métier des activi-tés de type artisanal ou commercial. On les trouve surtout dans le domaine de l’ali-mentation et du petit commerce. A Sion par exemple, les listes de membres de la confrérie du Saint-Esprit mentionnent, au milieu du XIVesiècle, des boulangères

(ou «panatières») et des mercières, tandis que des recherches récentes sur la vigne et le vin en Valais éclairent tout un petit monde de tavernières et d’aubergistes36.

Les comptes des recettes et des dépenses de Barthélemy, abbé de Saint-Maurice, pour les années 1334-1348 relèvent, parmi les fournisseurs de poisson frais, une certaine Marguerite de Vérossaz, demeurant à Saint-Maurice, particulièrement

28 STROBINO, Françoise sauvée des flammes?, p. 226. 29 STROBINO, Françoise sauvée des flammes?, p. 226.

30 Chute de neige que les «sorciers» revendiquent dans leurs aveux, et dont le caractère diabolique

est garanti par le fait que c’est en plein été qu’elle touche les vignobles de Sierre.

31 STROBINO, Françoise sauvée des flammes?, p. 252.

32 Les «sorciers» déclarent avoir provoqué cet effondrement; le défenseur montre, témoignages à

l’appui, que les causes sont naturelles (voir plus bas, p. 23).

33 STROBINO, Françoise sauvée des flammes?, p. 260. 34 Une autre tempête revendiquée par les «sorciers». 35 STROBINO, Françoise sauvée des flammes?, p. 264.

36 Sabine CARRUZZOet al., Histoire de la vigne et du vin en Valais, des origines à nos jours, sous la

(8)

active37, mais aussi la femme d’un notable, François Astier, ainsi que la veuve de

Martin du Villars38.

Dans une catégorie de métiers qu’on imaginerait exclusivement masculins, on rencontre, entre 1308 et 1310, trois femmes de Vouvry, Brunette, sa sœur Jean-nette et une certaine Guillemette, toutes trois appelées «du Port»; chacune paie 10 sous mauriçois d’amende au châtelain de Chillon, au motif suivant: avoir refusé de «tenir son bateau dans le port»39; on subodore une petite entreprise de

transport sur le Rhône, alors navigable en aval de Saint-Maurice. Les recherches d’histoire vitivinicole déjà signalées relativisent quelque peu l’idée selon laquelle la viticulture serait un fief masculin. Les châtelains valaisans du comte de Savoie engagent des femmes, parfois nombreuses, pour des travaux importants aux vignes du maître, comme les effeuilles et, mieux encore, les vendanges; il est vrai cependant que, comme de coutume, les femmes n’ont droit qu’à la moitié du salaire des hommes40. En revanche, je n’ai pas rencontré de ces engagements, bien

attestés au XVIIIesiècle, de femmes vigneronnes engagées par des propriétaires

qui attendent d’elles qu’elles soignent leurs vignes aussi bien que le feraient des hommes41. Au printemps 1323, c’est à un couple que les bourgeois de Sion

confient la tâche très importante de «l’entretien des fontaines dans la cité de Sion»; Guillaume de la Croix et sa femme Antoinette devront les soigner convena-blement, tout comme la conduite d’alimentation principale (aqueductus)42.

Parmi les femmes qui jouent des rôles multiformes dans le minuscule univers de la maison, on n’oubliera pas les servantes. On les trouve nombreuses parmi les délinquants et les victimes que révèlent les amendes distribuées par les châtelains savoyards. En voici une, dont le cas n’est pas banal: Guillemette, servante du curé d’Etroubles (vallée d’Aoste), paie en 1337 ou 1338 au châtelain d’Aoste l’amende très considérable de 4 livres viennoises, due «parce qu’elle s’est baignée dans la source bénite (in fonte benigno) alors qu’elle était enceinte»43; cette baignade est

probablement sanctionnée parce qu’on lui suppose des fonctions abortives. Les archives judiciaires fournissent elles aussi de très intéressantes données. Au début des années 1470, par exemple, le cas de Jeanne, nièce et servante du curé de Port-Valais, et victime de ses appétits sexuels, apporte des éclairages précis sur la condition de la servante, sur sa vie quotidienne et sur des manières fort condam-nables de «faire partie de la famille»44.

Enfin, les sources normatives, administratives et judiciaires attestent de la forte présence des prostituées dans les villes et les petits bourgs qui jalonnent les chemins transalpins, où elles reçoivent les hommes en voyage. Leur activité est,

37 Remo BECCI, Le journal des recettes et dépenses de l’abbé Barthélemy de Saint-Maurice, ou la

gestion familiale d’une mense abbatiale (1334-1348), Université de Lausanne, s.d. (mémoire de licence dactylographié), p. 64, n° 45; p. 65, n° 51; p. 67, n° 87; p. 72, n° 174; p. 87, n° 439; p. 89, n° 483; p. 93, n° 546; p. 120, n° 1041; p. 121, n° 1057; p. 122, n° 1081; p. 125, n° 1122; p. 131, n° 1249; p. 157, n° 1726; p. 170, n° 1978; p. 173, n° 2039. Marguerite vend également des harengs secs (p. 87, n° 440; p. 113, n° 902). Cette femme est à plusieurs reprises payée par l’abbé pour des motifs non indiqués (p. 64, n° 30; p. 70, n° 146; p. 91, n° 515; p. 92, n° 522; p. 105, n° 774; p. 115, n° 951; p. 120, n° 1026; p. 126, n° 1140; p. 142, n° 1460; p. 160, n° 1777 et n° 1782; p. 162, n° 1839; p. 163, n° 1847; p. 164, n° 1866; p. 166, n° 1917). Marguerite est morte le 10 avril 1349, pendant l’épidémie de peste (DUBUIS, Le jeu de la vie et de la mort, p. 155).

38 BECCI, Le journal des recettes et dépenses, p. 72, n° 174. 39 ASTO/SR, Savoie, 69/5/2, 1308-1310, banna.

40 CARRUZZOet al., Histoire de la vigne et du vin en Valais, p. 34. 41 CARRUZZOet al., Histoire de la vigne et du vin en Valais, p. 197.

42 Jean GREMAUD, Documents relatifs à l’histoire du Vallais, 8 volumes, t. III, n° 1466. 43 ASTO/SR, Savoie, 68/2/5, 1337-1338, banna.

(9)

ici comme ailleurs dans l’Europe de ce temps, organisée comme un vrai métier, dont les règles, les pratiques et les difficultés sont évoquées par les descriptifs d’amendes. Ici ou là, on entrevoit aussi une prostitution rurale, d’ordinaire insai-sissable en raison de son caractère informel45.

Dans un autre registre dont nous avons eu déjà des avant-goûts, la maison est un peu le coffre-fort familial, qui abrite les semences, les pécunes et les archives, les objets et les meubles nécessaires au stockage, à la cuisine et aux repas, au som-meil et à l’artisanat, ainsi que des discussions orageuses et parfois de lourds secrets. A cette petite société, les femmes sont liées de multiples manières, à travers leurs fonctions et leurs rôles actifs et positifs, mais aussi par des contraintes sociales fortes et sans doute aliénantes.

La maison compte rarement plus de deux pièces d’habitation; le reste abrite les bêtes, les provisions et toutes sortes de travaux indispensables au bon fonction-nement de l’entreprise domestique. On y vit donc une étroite cohabitation, que l’on saisit bien dans l’enquête sur les relations entre le curé de Port-Valais et Jeanne, sa nièce-servante. Celle-ci a son lit, mais lorsque le prieur du lieu vient à Port-Valais, le curé lui cède son propre lit et dort avec sa servante46. L’un des

témoins interrogés déclare «qu’il a vu de temps en temps ladite Jeanne dormir nue dans le lit du curé, et qu’il n’y avait pas dans la cure d’autre lit que celui du curé»47. Jeanne elle-même raconte que «deux hommes qu’elle ne connaissait pas

sont venus à la cure avant la Toussaint, et ils ont dormi dans le lit qu’elle occupait. Cette nuit-là, elle a dormi avec le curé, et celui-ci l’a connue charnellement»48.

Dans le cadre du procès de Françoise Bonvin, Jaquète Chedal, fille de feu Pierre Chedal de Diogne, déclare que le mur inférieur de la maison de son père49

s’est effondré une nuit, environ trois ans auparavant, peu avant le jour.

Cette nuit-là, Pierre Chedal dormait dans cette maison, dans le cellier. A la question de savoir comment elle le sait, elle répond qu’elle dormait aussi dans la maison, avec deux de ses enfants. Sitôt après l’effondrement, elle appela Pierre Chedal, son père, pour qu’il porte secours à elle et à ses enfants, et qu’il leur ouvre la porte. Celui-ci se leva immédiatement de son lit et, arrivé sur place, il lui répondit qu’il ne pouvait pas, parce que la porte de la maison était bloquée par le mur effondré. Sur ce, Jaquète est sortie de la maison avec ses enfants, en passant par un trou, puis elle a rejoint le dit Pierre Chedal, qu’elle a trouvé de retour dans son lit; il lui a dit alors qu’il avait aussi eu peur.50

On se souvient que Françoise Bonvin dormait avec sa fille, et que d’autres personnes, domestiques ou hôtes de passage, séjournaient dans sa maison.

Les membres de la famille sont plus ou moins fortement soumis aux exigences de l’intérêt supérieur de la maison. Les tensions qui peuvent surgir à cause de ces contraintes se manifestent parfois à propos du mariage. Ainsi, les pères n’hésitent pas à exercer de fortes pressions pour orienter les choix matrimo-niaux de leurs enfants. En 1462, Greta Gasser de Münster (Conches) déclare à un prétendant: «Si je te prends comme époux, que Dieu ait pitié de moi, car je sais bien que mon père me détruira»51. Dans son testament de 1473, Wilhelm

45 DUBUIS, «Documents sur la prostitution». 46 DUBUIS, «Le curé, sa nièce et leur fille», p. 204. 47 DUBUIS, «Le curé, sa nièce et leur fille», p. 206. 48 DUBUIS, «Le curé, sa nièce et leur fille», p. 208. 49 Il a été condamné et exécuté pour «hérésie».

50 STROBINO, Françoise sauvée des flammes?, p. 256 (traduction retouchée). 51 DUBUIS, Les vifs, les morts et le temps qui court, p. 83-84.

(10)

Neuhaus, métral de l’évêque à Sierre, avertit sa fille qu’elle sera privée des 30 livres de dot prévues pour elle si elle fornique avec son amant52.

Je ne serais pas étonné que la «raison de famille» et l’honneur de la maison, générateurs de tensions et d’angoisses53, aient été pour quelque chose dans les

suicides de femmes révélés par les comptes des châtelains savoyards54. La

violence du suicide doit évidemment se lire aussi en lien avec d’autres violences, souvent extrêmes elles aussi, faites aux femmes. Les petites informations récol-tées en masse dans les comptes d’amendes racontent la dureté qui, dans la maison et dans la parenté, accompagnait souvent la vie des femmes. S’esquisse une sorte de géographie des tensions: les épouses face aux maris, les filles face aux pères, les brus face aux belles-mères, les enfants (du fœtus55à l’adulte) face aux parents.

On imaginera mieux l’intensité de ces tensions en ayant conscience que la plupart des jeunes couples vivaient dans la maison et sous l’autorité des parents, ceux de l’époux en général56.

En guise de conclusion

Les exemples ci-dessus proposés illustrent bien, me semble-t-il, la richesse documentaire, et en même temps les travers et les insuffisances des sources relatives aux Valaisannes de la fin du Moyen Age.

Pour qu’il y ait mention écrite, il faut que soient remplies certaines conditions, qui conduisent souvent à mettre exagérément en évidence soit ce que devraient être les choses dans l’idéal de la loi, soit ce qui ne fonctionne pas ou sort de l’ordi-naire. A l’opposé, sont estompées des fonctions féminines très importantes, comme la reproduction biologique de la population, dans laquelle elles ont l’exacte moitié d’une importance capitale; la transmission aux enfants de savoirs fondamentaux sur l’environnement, le corps, l’animal et la plante; l’initiation aux comportements corrects à la maison, dans le village, à l’église; ou encore l’apprentissage par les filles de leurs futurs rôles.

52 DUBUIS, Les vifs, les morts et le temps qui court, p. 88.

53 Ces questions ont été développées dans DUBUIS, Les vifs, les morts et le temps qui court,

p.175-201.

54 Voir Pierre DUBUIS, «Autour du suicide (XIVe-XVesiècle)», dans DUBUIS, Dans les Alpes au

Moyen Age, p. 93-107.

55 Pierre DUBUIS, «Enfants refusés (XIVe-XVesiècle)», dans DUBUIS, Dans les Alpes au Moyen Age,

p. 61-78.

56 Ces questions ont été développées dans DUBUIS, Les vifs, les morts et le temps qui court,

Références

Documents relatifs

Le sujet et les développementa de notre thèse sur la ville de Diest au floyen Age se situent dans les perspectives ouvertes par feu le Professeur P. BOIîEKPANT dans son étudë

Par exemple, le dominicain et Nicolas de Damas semblent se contredire quand le premier affirme que certaines plantes sont stériles quand elles sont jeunes, car elles absorbent tout

La cosmétique a par ailleurs des frontières poreuses, et des points de contact étroits d‟une part avec la gynécologie ou l‟obstétrique, ce qui est manifeste dès le De

Mais, pour cette raison même, la référence éventuelle à la puissance de Satan n’en sera que plus significative (précisons que nous ne prenons pas en compte les rares images de

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des

Comme la plupart de ces surenchères furent faites par des membres de l'oligarchie dirigeante sur les comunes et la surtaxe des mois de mars adjugés d'abord par des juifs, on peut

1 - Bibliothèque municipale de Poitiers (BMP), Archives de la commune de Poitiers (AP), casier 35, K4, fol. pour sol tournois et d. pour denier tournois.. Les prix faits sont,

Audit receveur la somme de soixante trois livres treze solz et cinq deniers tournois pour semblable somme que lesdits maire et commis lui ont fait paier pour ladite ville depuis