14353
Journal of Applied Biosciences 141: 14353 - 14363
ISSN 1997-5902
Proportion de vente des poissons frais locaux et importés dans les marchés de Kinshasa en République
Démocratique du Congo (cas des marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa ).
1,2* Willy Lusasi Swana, 2Plamedi Makiese Mungongo, 3Lardin Kunonga Nzadimwena, 1,2Clément
Munganga Kilingwa, 1,2Santos Kavumbu Mutanda et 1,2Victor Pwema Kiamfu.
1Laboratoire de Limnologie, Hydrobiologie et Aquaculture, Département de Biologie, Faculté des Sciences, Université de Kinshasa (UNIKIN), B.P. 190 Kinshasa XI, R.D Congo.
2Département de Biologie, Faculté des Sciences, Université de Kinshasa (UNIKIN), B.P. 190 Kinshasa XI, R.D Congo.
3Section des Sciences Exactes, Institut Supérieur Pédagogique de Panzi, B.P. 7245 Kinshasa I, Kwango, R.D Congo.
⃰ Auteur correspondant, E-mail: willy.lusasi@unikin.ac.cd , Tél. : +243 813 662 026
Original submitted in on 11th June 2019. Published online at www.m.elewa.org/journals/ on 30th September 2019 https://dx.doi.org/10.4314/jab.v141i1.2
RESUME
Objectif : cette étude vise à mettre en évidence le niveau de vente et l’apport des poissons frais issus de la pisciculture et pêche artisanale dans quelques marchés de Kinshasa afin de proposer des pistes des solutions adéquates aux problèmes liés à la disponibilité des poissons frais locaux pour promouvoir la pisciculture et pêche artisanale en République Démocratique du Congo.
Méthodologie et résultats : une enquête de 8 mois a été réalisée entre les mois de mars et octobre 2018 auprès de 350 vendeurs des poissons frais des marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa en R.D Congo. Les résultats issus de cette enquête révèlent que les poissons frais locaux et importés vendus sur les deux marchés prospectés appartiennent à 7 ordres, 19 familles, 29 genres et 36 espèces. Trente (30) espèces sont produites localement (dont 4 par la pisciculture et 26 par la pêche artisanale) et 6 autres espèces sont issues des importations. Les poissons frais importés (dont Trachurus capensis et Sardina madarensis) sont les plus vendus (68%) que les poissons frais locaux (32%). Nous avons constaté que les poissons frais locaux coûtent doublement cher (soit 6.000 Franc Congolais/kg) que les poissons frais importés (soit 3.000 Franc Congolais/kg), ce qui pourrait justifier leur succès de vente sur les marchés kinois.
Conclusion et application des résultats : la mise en place des techniques de production intensive des poissons par la pisciculture, l’aquaponie et une pêche durable répondant aux normes et à la demande de la population sur les marchés de Kinshasa contribuera sans doute à abaisser le prix de vente d’un kilogramme des poissons frais locaux. Les résultats de cette étude alimenteront les réseaux d’encadrement des pisciculteurs et pêcheurs artisanaux à mieux définir leurs stratégies pour développer leur filière et avoir une bonne rentabilité.
Mots-clés : Poissons frais locaux et importés, prix de vente, nutrition, besoin alimentaire, Kinshasa.
14354 ABSTRACT
Objective: this study aims to highlight the level of sales and the supply of fresh fish from fish farming and artisanal fisheries in some markets of Kinshasa in order to propose ways of finding adequate solutions to the problems related to the availability of local fresh fish to promote fish farming and artisanal fisheries in the Democratic Republic of Congo.
Methodology and results: An 8-month survey was conducted between March and October 2018 among 350 fresh fish sellers in the Liberté of Masina and Central of Kinshasa markets in DR Congo. The results of this survey reveal that local and imported fresh fish sold in the two markets surveyed belong to 7 orders, 19 families, 29 genera and 36 species. Thirty (30) species are produced locally (four by fish farming and 26 by artisanal fisheries) and six other species are imported. Imported fresh fish (including Trachurus capensis and Sardina madarensis) are the most sold (68%) as local fresh fish (32%). We found that fresh local fish cost twice as much (6.000 Congolese Francs/kg) as imported fresh fish (3.000 Congolese Francs/kg), which could justify their sales success in the Kinois markets.
Conclusion and application of the results: the introduction of intensive fish production techniques through fish farming, aquaponics and sustainable fisheries that meet the standards and the demand of the population in the Kinshasa markets will undoubtedly contribute to lowering the price selling one kilogram of fresh local fish. The results of this study will feed the supervisory networks of fish farmers and artisanal fishermen to better define their strategies to develop their sector and have a good profitability.
Keywords: Fresh local and imported fish, selling price, nutrition, food needs, Kinshasa.
INTRODUCTION
La République Démocratique du Congo, classée quatrième pays le plus peuplé de l’Afrique après l’Egypte, l’Ethiopie et le Nigéria avec plus de 80 millions d’habitants, n’échappe pas au problème de carence des protéines animales. La production alimentaire doit croître de manière significative en vue de répondre aux besoins d’une population en expansion permanente (Goossens et al., 1995 ; PNUD/RDC, 2009 ; Binama, 2017). L’alimentation constitue le premier besoin de base de l’humanité et la sécurité alimentaire se doit d’être considérée comme un bien public mondial (Duquesne et al,.
2010). Le régime alimentaire des congolais est constitué principalement des végétaux. La production agricole quoique traditionnelle accuse une tendance générale à la baisse. Pour ce qui concerne la production animale, les activités de pêche et d’aquaculture, de gros et petit bétail ont connu une diminution avec une baisse moyenne de production de 45 et 80% respectivement pour la pêche et l’aquaculture (Okitayela, 2004 ; Tollens, 2009). Le poisson constitue l’une des ressources naturelles les plus précieuses tant dans les pays développés que dans ceux en voie de développement (Lusasi et al., 2019). La consommation des produits piscicoles tend alors à
augmenter de nos jours pour des questions de goût, des raisons diététiques ou de santé. La chair de poisson contient peu de cholestérol mais beaucoup d’acides gras mono et polyinsaturés (Masaba, 2018 ; Moanda, 2018) dont, le rôle préventif et protecteur contre les maladies cardio- vasculaires a été démontré par plusieurs études (Corraze et Kaushik, 1999 ; Regost et al., 2001 ; Cahu, 2004 ; Bourre, 2004 et 2005). Cependant, la sécurité alimentaire n’est pas seulement une question de disponibilité des denrées alimentaires sur les marchés mais également de pouvoir d’achat et d’accessibilité (Bonfiglioli, 2007 ; FAO, 2008). Les poissons locaux produits par les activités de pêche artisanale et d’aquaculture (pisciculture et aquaponie) n’arrivent pas à combler les besoins alimentaires quotidiens de la population congolaise en générale et kinoise en particulier. A cette carence des poissons frais locaux sur le marché local, s’ajoutent le problème de la pauvreté qui ne permet pas à certains ménages de Kinshasa de dépenser aisément certaines sommes d’argent pour manger à leur faim et goût. Il est donc important de faire un diagnostic sur l’apport des poissons frais issus de la pisciculture et pêche artisanale sur le
14355 développement socio-économique du pays, dans la lutte contre la faim et l’insécurité alimentaire en R.D Congo. La présente étude évalue la proportion de vente des poissons frais locaux et importés dans les marchés de Kinshasa (cas des marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa) dont l’objectif général est d’évaluer le niveau de vente et l’apport des poissons élevés et pêchés artisanalement dans l’approvisionnement des denrées alimentaires par les Kinois dans les
deux marchés. Plus spécifiquement, il s’agit de : dresser la liste des espèces des poissons élevées, pêchées artisanalement et importées vendues dans les deux marchés ; évaluer l’apport de chaque catégorie des poissons vendus dans ces marchés ; mettre en évidence le groupe des poissons le plus vendus et en fin examiner la compétitivité commerciale présente entre les poissons locaux et importés.
MATERIEL ET METHODES
Sites d’étude : Les enquêtes ont été réalisées dans les marchés de la Liberté de Masina situé à 04° 39' 86" S et 15° 30' 90" E et Central de Kinshasa situé à 04°31' 09" S et 15° 31’ 20’’ E. Ces deux marchés sont situés respectivement dans les communes de Masina et Kinshasa dans la ville province de Kinshasa, capitale de la R.D Congo.
Matériel : Différentes espèces des poissons frais locaux et importés vendues dans les marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa ont constituées le matériel biologique de cette étude.
Méthodes
Méthode d’enquête
Pré-enquête : Cette étape nous a servis de faire une descente sur terrain pour nous rassurer de l’effectivité de la vente des poissons frais locaux et importés dans les deux marchés ciblés. Elle a été suivie de la prise de contact avec les vendeurs concernés, question de préparer le terrain.
Enquête effective : Nous avons fait appel à la technique d’entretien (des interrogations ont été réalisées grâce à une fiche d’enquête préétablie) pour s’échanger avec les vendeurs des poissons frais dans ces marchés afin d’avoir les données escomptées.
Hormis ces interrogations, nous avons aussi usés des interviews libres pendant plusieurs minutes avec les vendeurs motivés à nous en dire plus.
Identification systématique des poissons : En ce qui concerne l’identification systématique des poissons, nous nous sommes servis des noms vernaculaires (en lingala) et communs (en français) des poissons recueillis auprès des enquêtés pour identifier les ordres, familles, genres et espèces des poissons vendus dans les deux marchés. En cas de confusion liée à l’identification systématique des poissons par les noms vernaculaires et communs, des prises des photos des spécimens concernés étaient faits et, quelques poissons étaient également achetés et conservés dans
le formol à 10% pour leur identification ultérieure. C’est au Laboratoire de Limnologie, Hydrobiologie et Aquaculture du Département de Biologie de la Faculté des Sciences de l’Université de Kinshasa que cette partie d’identification a été finalisée à l’aide des clés d’identification systématique des poissons selon Lévêque et al., (1990, 1992) ; Sullivan et al., (2002) ; Mbega et al., (2003) ; Lévêque et Paugy (2006) ; Stianssny et al., (2007).
Méthode documentaire : Différents documents (ouvrages, travaux de fin de cycle et de fin d’étude, thèses, documents de vulgarisation et de formation) trouvés dans des bibliothèques et à l’internet qui ont traits avec notre thématique nous ont été d’une grande importance pour aborder ce sujet.
Méthode d’échantillonnage : Les enquêtés ont été choisis d’une manière aléatoire dans les deux marchés.
Les critères d’inclusion étaient basés sur l’âge (avoir
±18 ans) et le type de denrée alimentaire vendue (être celui ou celle qui vend les poissons frais locaux ou/et importés). Trois critères d’exclusions étaient tenus en compte dont : les vendeurs des poissons frais ayant moins de 18 ans, autres vendeurs que ceux des poissons frais et leurs clients. Au total, 350 enquêtés ont été retenus dont 200 au marché Central de Kinshasa et 150 à celui de la Liberté de Masina. Cette répartition déséquilibrée des enquêtés par marché a été orientée par rapport à la grandeur de chaque marché ; le marché Central de Kinshasa étant plus grand que celui de la Liberté de Masina a eu beaucoup d’enquêtés. La réalisation de l’étude s’étend de la période allant du mois de mars jusqu’au mois d’octobre 2018, soit huit mois et, un total de seize descentes sur terrain ont eu lieu pendant cette étude en raison de deux par mois.
Traitement des données : Après dépouillement, les données obtenues ont été soumises aux analyses statistiques. Les logiciels Origin (Version 6.1) et Excel
14356 2010 ont été utilisés pour cette fin. L’abondance relative des ordres et familles, le niveau de vente des différentes espèces et catégories des poissons ont été exprimé en pourcentage par la formule mathématique :
Pourcentage (%) où : Fra = Fréquence absolue et T.ech = Taille de l’échantillon.
RESULTATS
Profil des répondants : Le tableau 1 résume les
caractéristiques générales des vendeurs des poissons frais locaux et importés aux marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa.
Tableau 1 : Caractéristiques générales des vendeurs des poissons frais enquêtés
Variable Marchés
Fréquence absolue %
Liberté Central Sexe
Masculin 42 54 96 27,42
Féminin 108 146 254 72,57
Total 150 200 350 99,99
Statut matrimonial
Célibataires 37 41 78 22,28
Mariés 88 127 215 61,42
Divorcés 17 21 38 10,85
Veufs 8 11 19 5,42
Total 150 200 350 99,97
Age (ans)
18-25 8 19 27 7,71
26-40 109 133 242 69,14
41-60 31 43 74 21,14
Autres 2 5 7 2
Total 150 200 350 99,99
Il ressort du tableau 1 ci-dessus que les femmes sont les plus actives (72,57%) dans les activités de vente des poissons frais que les hommes (27,42%). La majorité des sondés est constituée des mariés (61,42%) suivi des célibataires (22,28 %) puis des divorcés (10,85%) et les veufs (5,42%) viennent en dernière position. La plupart des enquêtés (69,14%) ont l’âge compris entre 26 et 40 ans suivi de ceux ayant 41
à 60 ans (21,14%) puis ceux ayant une tranche d’âge comprise entre 18 et 25 ans (7,71%) et les sondés d’une autre catégorie d’âge ne représentent que 2%.
Espèces de poissons frais locaux recensées aux marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa : Les espèces des poissons frais locaux identifiées aux marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa sont reprises dans le tableau 2.
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Tableau 2 : Poissons frais locaux vendus aux marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa
Ordres Familles Genres Espèces Marchés
Liberté Central Ceratodontiformes Protopteridae Protopterus Protopterus doloï + + Characiformes Citharinidae Citharinus Citharinus gibbosus + + Distichodontidae Distichodus Distichodus fasciolatus - +
D. affinis + -
D. maculatus + +
Cypriniformes Cyprinidae Labeo Labeo lineatus + +
L. sorex - +
L. weeskii - +
Barbus Barbus lincatus - +
Osteoglossiformes Mormyridae Mormyrus Mormyrus anguiloides + +
Marcusenius Marcusenius thomasi + +
M. moorii - +
M. greshoffi + +
Gnatonemus Gnatonemus petersi - +
Petrocephalus Petrocephalus microphtalmus - + Osteoglossidae Heterotis Heterotis niloticus + +
Perciformes Cichlidae Hemichromis Hemichromis spp + ++
Oreochromis Oreochromis niloticus - ++
Centropomidae Lates L. niloticus + +
Channidae Parachanna Parachanna obscura ++ +
Characidae Hydrocynus Hydrocynus goliath - +
Siluriformes Bagridae Auchenoglanis Auchenoglanis occidentalis - +
Clariidae Clarias Clarias gariepinus ++ +
C. gabonensis - +
Channalabes Channalabes apus - +
Mochokidae Euchilichthys Euchilichthys guntheri - +
Synodontis Synodontis spp + +
Schilbeidae Schilbe Schilbe mystus - +
Parailia P. congica + +
Malapteruridae Malapterurus Malapterurus electricus - +
6 15 23 30 15X 29X
Légende : + : issus de la pêche artisanale ; ++ : issus de la pisciculture ; X : présence et - : absence Trente (30) espèces des poissons frais locaux sont
vendues aux marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa. Ces dernières appartiennent à 6 ordres, 15 familles et 23 genres. La majorité des espèces (29 espèces) sont inventoriées au marché Central de Kinshasa et 15 espèces sont signalées à celui de la Liberté de Masina.
Espèces de poissons frais importés recensées aux marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa : Le tableau 3 reprend les espèces des poissons frais importées qui sont vendues aux marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa.
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Tableau 3 : Poissons frais importés vendus aux marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa
Ordres Familles Genres Espèces Marchés
Liberté Central Characiformes Prochilodontidae Prochilodus Prochilodus lineatus - X
Clupeiformes Clupaeidae Sardina Sardina madarensis X X
Perciformes Carangidae Trachurus Trachurus capensis X X
Elagatis Elagatis bipinnulata X X
Lutyanus Lutyanus goreensis X X
Cichlidae Tilapia Tilapia spp - X
Haemulidae Pomadasys Pomadasys rogeri X X
Siluriformes Clariidae Clarias Clarias gariepinus - X
Schilbeidae Schilbe Schilbe mystus - X
4 7 9 9 5X 9X
Neuf (9) espèces des poissons frais importées appartenant à 4 ordres, 7 familles et 9 genres sont vendues aux marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa. Toutes les neuf espèces identifiées sont répertoriées au marché Central de Kinshasa et 5 espèces sont signalées à celui de la Liberté de Masina.
Importance relative des ordres des poissons vendus : Selon la figure 1, l’ordre des Perciformes (31,6%) est le plus représenté suivi de celui des Siluriformes (26,3%) puis ceux des Characiformes (15,8%) et l’ordre des Osteoglossiformes représente 11,1%. Les restes des ordres sont moins représentatifs.
5.26%
31.6%
5.26%
10.5%
15.8%
5.26%
26.3%
Siluriformes Cypriniformes Characiformes Osteoglossiformes Clupeiformes Perciformes Ceratodontiformes
Figure 1 : Abondance relative (%) des ordres des poissons frais locaux et importés recensés Importance relative des familles des poissons
vendus : Sur l’ensemble des 19 familles des poissons vendus, celle des Mormyridae est majoritaire (soit 16%) suivie des celles des Cyprinidae et Clariidae (soit 11 %
respectivement) suivies des familles des Distichodontidae, Carangidae et Cichlidae (soit 8%
respectivement) et les autres familles sont moins représentatives (figure 2).
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Figure 2 : Abondance relative (%) des familles des poissons frais locaux et importés vendus Espèces des poissons frais locaux et importés les
plus vendues : La figure 3 indique que les poissons frais importés dont : Trachurus capensis (55,3%) et Sardina madarensis (12,7%) sont les plus vendus que les poissons frais locaux : Parachanna obscura
(6,67%), Protopterus doloï et Clarias spp (soit 6%
respectivement) et Marcusenius spp (4,67%). Les autres espèces des poissons représentent une faible proportion de vente aux marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa.
4.67%
2%
6.67%
2%
6%
2.67%
12.7%
6%
2%
55.3%
Trachurus capensis Synodontis spp Clarias spp Sardina madarensis Oreochromis spp Protopterus doloï Labeo spp
Parachanna obscura Distichodus spp Marcusenius spp
Figure 3 : Espèces des poissons frais locaux et importés les plus vendues
14360 Avis des vendeurs sur leur choix par rapport au type des poissons vendus : Les avis des vendeurs des poissons frais locaux et importés aux marchés de
la Liberté de Masina et Central de Kinshasa en rapport avec le choix de la catégorie des poissons vendus sont repris dans le tableau 4.
Tableau 4 : Avis des vendeurs sur leur choix de vente d’une catégorie des poissons frais
Catégorie de
poissons Raisons du choix de vente Inconvénients
Pêchés
Bonne qualité de chaire ;
Prix assez abordable aux ports d’embarquements des pêcheurs ;
Rentables avec moins de risque de perte.
Moins des clients en achètent vu le prix élevé par rapport aux poissons importés ;
Se font de plus en plus rares aux ports.
Elevés Bonne qualité et coûtent très cher ;
Aimer par la population locale. Difficile à trouver dans des fermes ;
Risque de manque de bénéfice après la vente ;
Importés Coûtent moins cher ;
Accessibles sans faire beaucoup des déplacements ; Gain après la vente ;
Rapidité d’écoulement sur le marché.
Qualité de chaire douteuse ; Conditions de conservation peuvent influencer négativement la santé des consommateurs.
Selon les données reprises au tableau 4, le coût, l’accessibilité, le gain après la vente ainsi que la rapidité d’écoulement sur le marché sont les raisons qui poussent les vendeurs des poissons frais à opter pour les poissons importés que ceux qui sont élevés et pêchés artisanalement.
Prix d’un kilogramme des poissons selon la catégorie : Il ressort des données de la figure 4 que, les poissons issus de la pisciculture coûtent cher (6.000 FC) suivis de ceux qui sont pêchés artisanalement (5.000 FC) et les poissons importés sont le moins cher (3.000 FC). FC = Franc Congolais (1 USD = 1.650 FC).
Figure 4 : Prix d’un kg de poissons frais en fonction de leur source de provenance Clients potentiels des poissons vendus : La figure 5
nous renseigne que les ménages (78%) sont les plus grands consommateurs des poissons frais vendus dans
les deux marchés suivis des détaillants (12%) et restaurateurs (7%) et les vendeurs en gros (3%) ne représentent pas grande chose.
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Figure 5 : Clients potentiels des poissons frais locaux et importés vendus dans les deux marchés enquêtés DISCUSSION
Cette étude a permis de mettre en évidence la proportion de vente et l’apport des poissons frais locaux (élevés et pêchés artisanalement) et importés dans deux marchés de Kinshasa. Après traitement et analyse des données récoltées lors des différentes enquêtes, les résultats obtenus ont montrés qu’au total 7 ordres, 19 familles, 29 genres et 36 espèces des poissons frais locaux et importés sont vendus dans les marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa. Parmi les 36 espèces recensées, 30 ont été catégorisées dans le groupe des poissons locaux et 6 comme étant des poissons importés. Au niveau des familles, celles des Mormyridae, Cyprinidae, Clariidae, Distichodontidae, Carangidae et Cichlidae sont les plus représentatives. L’étude menée par Binama (2017) aux marchés d’Alivia et Liberté de Masina sur l’inventaire des poissons frais vendus dans ces deux sites a fait état de 21 espèces appartenant à 18 familles et 6 ordres. Les informations sur les pêcheries artisanales effectuées dans le Pool Malebo (fleuve Congo) dans la partie Kinoise à travers ses différentes stations des pêches démontrent que l’apport des familles des poissons cités ci-haut dans les marchés de Kinshasa est importante (FAO,2009; Lububuku, 2017 ; Mboponga, 2018). D’après nos résultats, les poissons frais importés sont les plus vendus que ceux qui sont produits artisanalement (par la pisciculture et pêche artisanale). Ceci serait causé par plusieurs raisons : la variation du prix de vente d’une catégorie des poissons à l’autre ; actuellement la pisciculture est quasi
abandonnée dans toutes les provinces du pays et, sa production est insignifiante (Lusasi et al., 2019) ; la plupart des pisciculteurs congolais perçoivent cette activité comme une spéculation d’appoint pour la consommation alimentaire familiale et, se limitent à pratiquer la pisciculture de subsistance (Micha, 2013) mais aussi, la pêche pratiquée au pays est restée artisanale au fil du temps (Kalibu, 2002). Cette situation justifie la faible contribution des poissons frais issus de la pisciculture et pêche artisanale par rapport aux poissons frais importés. La forte demande des poissons de consommation (importation de plus de 100.000 tonnes par an de chinchard), la faible production des poissons frais locaux (Micha, 2013) ; la rareté des poissons frais locaux au niveau des stations des pêches où se procurent les mareyeuses suite aux multiples difficultés rencontrées par les pêcheurs artisanaux (FAO, 2017 ; Mboponga, 2018) et les difficultés socio-économique de la population Kinoise (PNUD/RDC, 2009 ; Katalayi, 2014) seraient à l’origine de la hausse du prix des poissons frais provenant de la pisciculture et de la pêche artisanale, considérés comme étant une viande de bonne qualité que celle des poissons surgelés et importés. CEPLANUT (2000) ; Mavinga (2008) ; Mujinga et al., (2009) ont aussi rapporté que les poissons frais importés sont vendus moins cher que ceux qui sont produits localement surtout à cause du prix de vente d’un kilogramme de chaque catégorie se ces poissons.
14362 CONCLUSION
Cette étude a évaluée la proportion de vente et l’apport des poissons frais locaux et importés dans les marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa en R.D Congo. Les observations faites auprès de 350 vendeurs des poissons frais (soit 150 au marché de la Liberté et 200 au marché Central de Kinshasa) ont révélées que les espèces des poissons importées sont celles qui sont le plus vendues et coûtent moins cher au détriment des poissons frais locaux vendus dans ces marchés. Les résultats de cette étude sont utiles en ce qui concerne la lutte contre la faim et la malnutrition dans le sens où, les décideurs politiques dans leur stratégie nationale peuvent y puiser des informations nécessaires pour une autosuffisance alimentaire en
République Démocratique du Congo. Les entreprises et les projets de développement intervenant dans les filières de la pisciculture, l’aquaponie et la pêche en R.D Congo pourront utiliser ces informations pour renforcer leurs dispositifs de formation des agents de vulgarisation et d’appui aux pisciculteurs et pêcheurs pour une production des poissons locaux plus rentable.
En perspective, seule la mise en place des techniques de production intensive des poisons et une gestion efficace et durable de la pêche seraient une solution pour promouvoir la vente des poissons frais locaux en réduisant significativement leur prix de vente dans les différents marchés de Kinshasa.
REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient vivement les autorités des marchés de la Liberté de Masina et Central de Kinshasa ainsi que les vendeurs des poissons frais
locaux et importés de ces marchés pour les interviews accordées.
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