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Texte intégral

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168 Trimestriel

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WAREtäUR

Prospectus de présen¬ tation du film Metro¬ polis : déjà à partir de mars 1927, une version américaine (amputée d'une heure) du film est projetée dans les pays anglo-saxons. Dos de couverture : Une photo parue sur un

encart de la revue néer¬ landaise de protection du patrimoine HEEMSCHUT.

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LE CORSO, ENTRE OUVERTURE PROMETTEUSE ET

FERMETURE SANS GLOIRE

1 1 OCT. 2010 V Éditeur PRO FRIBOURG Stalden 14 1700 Fribourg Tél. 026 322 17 40 E-mail: profribourg@greenmail.ch CCP 17-6883-3 www.pro-fribourg.ch Responsable de rédaction Monique Durussel Rédaction

Gérard Bourgarel, Michel Charrière, David Collin, Monique Durussel

Mise en page

Caroline Bruegger, Givisiez Impression

Imprimerie MTL, Villars-sur-Glâne

Cotisation annuelle donnant droit à la revue trimestrielle

Ordinaire: Fr. 55- De soutien: Fr. 88- Réduit: Fr. 44-

(AVS, étudiants, apprentis) Tirage: 4200 ex.

Prix: 18 francs ISSN: 0256-1476

Crédits photographiques:

Archives Pro Fribourg: p. 5, 9, 12, 26, 31, 32, 33, 40, 41, 42. Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg, fonds cartes postales: p. 6; fonds Eugène Gross: p. 7; fonds Mülhauser: p. 8, 20; fonds Jacques Thévoz: p. 10, 11, 15, 25, 29; fonds Benedikt Rast: p. 24, 27. Albums famille Salafa: 13, 14, 16, 17, 18, 19, 22, 23, 28. Eliane Laubscher: p. 36-38. Emmanuel Gavillet: p. 44-49.

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LE CORSO

IN MEMORIAM: VRAIMENT? Gérard Bourgarel

La fermeture du Corso passe mal. Elle s'est faite dans l'indifférence de nos instances politiques et ...cultu¬ relles. Qu'est-ce qu'une salle de ciné¬ ma en moins alors qu'un multiplexe comble le vide? Il ne le comble pas, il l'approfondit... car, paradoxalement la pléthore des salles engendre un appauvrissement de l'offre culturelle. Mais qui s'en soucie?

Lancé pompeusement, mais vic¬ time de mauvaise gestion et même d'une escroquerie, Capciné a fait le deuil d'une véritable programmation. Il nous offre désormais à jet con¬ tinu des productions bourrées d'ef¬ fets spéciaux et grand-gignolesques ouvrant sur un vide sidéral.

Cette situation n'est pas particulière à Fribourg: elle marque la fin de l'âge d'or du cinéma qui, en un siècle, avait conquis son statut de Septième Art. Ce cahier retrace toute une époque où les salles, parées de noms presti¬ gieux se présentaient telles des palais de la modernité. Elles ont contribué à balayer d'un grand courant d'air l'at¬ mosphère renfermée de nos socié¬ tés cloisonnées à l'extrême sous la

tutelle de l'instituteur, du pasteur ou du curé, eux-mêmes étroitement encadrés et surveillés.

Le cinéma, même au travers de ses outrances et de sa grandilo¬ quence, a rendu accessible au plus grand nombre les oeuvres majeures de la littérature et d'un art nouveau porté par de grands créateurs et visionnaires. Abel Gance, Fritz Lang, Eisenstein, Chaplin sont parvenus à exalter l'aventure humaine et même à ridiculiser les dictateurs... Il est par¬ venu à transmettre des émotions, du mystère, créant une dimension magique. Il nous a mis au contact d'autres cultures, Ainsi, pour seul exemple, Rashomon (1950) et les Sept Samourais (1954) de Kurosawa, ont fait découvrir le cinéma et, par¬ tant, la culture d'un pays diabolisé au lendemain de la guerre. Aujourd'hui, le film Oncle Boonmee est en passe de nous ouvrir l'esprit à la culture thaïlandaise...

Mais, au train où vont les choses, ne restera-t-il plus à Fribourg, ville uni¬ versitaire, qu'un festival annuel et la proximité de Berne ou de Lausanne

pour étancher la soif du public ciné¬ phile? Alors un Corso enterré sans fleurs ni couronnes, non merci. Il est encore temps, in extremis, de sauver la mise. Et seul l'Etat est en mesure de réunir Cinéplus, le ciné-club universitaire, la lanterne Magique et des projections scolaires. Le moyen de sauver un cinéma de caractère, en y réunissant des projec¬ tions à visées pédagogiques et ciné¬ philes. Un effort salutaire, nécessai¬ re, pour freiner l'avancée du désert culturel.

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4 6 14 18 20 22 23 24 27 30 36 39 44 SOMMAIRE

Des noms qui nous ont fait rêver

Abrégé des débuts du cinéma à Fribourg Le Corso, entre ouverture prometteuse et fermeture sans gloire

Le cinéma: une histoire de famille Hugo Coraptaux: l'avenir, c'est la 3D ! Les salles de cinéma en quelques chiffres Des archives, s.v.p.

L'évêque n'aimait pas le cinéma Bibliographie

Les espaces publics du quartier du Bourg

Six graveurs au pied de la cathédrale

A propos du projet d'aménagement de l'ancien couvent des Augustins

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DES NOMS QUI NOUS ONT FAIT RÊVER David Collin

Il arrive qu'en oubliant ses mots, qu'en perdant la mémoire de ses noms, une civilisation meurt. Le ciné¬ ma doit beaucoup aux noms de salles qui dès ses débuts sont devenus les emblèmes d'un nouvel eldorado: le rêve électrique. Les noms de salles se sont mis à scintiller dans les villes. Les noms ont fasciné une nouvelle espèce d'humains: les cinéphiles et les cinévores. On n'allait pas seule¬ ment au cinéma, on allait aussi au Livio, au Capitole, au Lux, au Sirius, à l'Eden, on se rendait non sans une certaine fierté au Royal Biograph et au Majestic, on aimait le charme désuet de l'Alpha, et du Corso. Et si l'on se rend toujours au Rex, par conviction ou simplement parce qu'on y passe de bons films dont les versions sous- titrées ne sont pas bradées, on ne sait pas pour combien de temps. Ce sont des noms qui ont marqué des vies. Synonymes de souvenirs inou¬ bliables, de premiers flirts et de diver¬ tissements, à une époque où d'abord la télévision n'existait pas, puis où elle a pris de plus en plus de place. Même si en définitive, ce n'est pas la télévision qui a tué les petites salles. Le Corso n'a été inauguré qu'en 1947. Pourtant c'est un peu notre 4

Cinéma Paradiso, le dernier rejeton ou presque d'un siècle de cinéma, de ces noms perdus qui rappellent dans quelques rares villes la grande aventure qu'a été et qu'est encore le cinéma. On aimerait le croire. On retrouve ces noms dans le monde entier. Il y a toujours un fameux ciné¬ ma Corso à Venise et dans de nom¬ breuses villes d'Europe. Car heureu¬ sement toutes les salles de cinéma n'ont pas encore été transformées en de grands supermarchés anony¬ mes. Aller dans ces salles dont les noms ont accompagné l'histoire du cinéma c'est aussi se rendre dans un lieu familier et bien souvent familial. Où rôdent encore de la caisse au bar, les images fantômes d'une succes¬ sion de générations qui ont appris au cinéma, à voir, à ressentir, à expéri¬ menter le monde et la vie.

Bien sûr une salle de cinéma ce n'est pas seulement un nom. C'est aussi une architecture qui témoigne d'un passé et de ceux qui l'ont traversé. Même si parfois il n'en reste plus grand-chose. Mais l'atmosphère ne s'éteint pas. Une salle de cinéma, c'est aussi un patrimoine auquel appartient le nom de la salle et des films qui y ont été projetés. C'est un

lieu de tous les possibles et de toutes les émotions possibles. On ne refait pas un Corso, on ne refait pas un Livio. Ce sont des lieux uniques dont il faut prendre soin. Le Corso est tou¬ jours là, vide mais intact. L'enseigne lumineuse brille encore mais les affi¬ ches ont disparu des vitrines. Et on se demande si ce nom, ce lieu qui a survécu il y a quelques années à un incendie dévastateur et pour lequel on espérait un grand avenir, si ce lieu ne mériterait pas d'être sauvé au nom d'une mémoire qui n'est pas seulement matérielle, mais dont les noms, à préserver avec les lieux, sont aussi synonymes de culture et de fonds commun.

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Le Royal-Biograph, installé aux Grands- Places en 1920, projette Anne Boleyn, film allemand d'Ernst Lubitsch, de la même année.

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ABRÉGÉ DES DEBUTS DU CINEMA A FRIBOURG Michel Charrière et David Collin

Un cinéma est un hangar noir judicieusement disposé dans lequel est donné un spectacle nouveau. Un cinéma est forcément moderne.

Robert Mallet-Stevens, 1924. Les débuts du cinéma à Fribourg se

confondent avec son histoire. La pre¬ mière projection d'images animées a lieu en 1896 alors que la naissance officielle du cinéma ne date que du 28 décembre 1895.

Les frères Lumière lancent le mouve¬ ment au Salon indien du Grand café à Paris. Suivie de près en 1896, dans le cadre de l'Exposition Nationale de Genève, par la première projection helvétique proposée par les mêmes frères Lumière. Fribourg n'attend pas, et très vite en juillet 1896, Otto Thiélé et Blaeser Frères présentent «les Sciences du Cinématographe Edison» à la grande salle de la Grenette de Fribourg. Salle qui accueillera de 1896 à 1907, les trou¬ pes de cinématographes ambulants. Une fois par an. Autres salles à les programmer: le Théâtre de Fribourg, dans le quartier du Bourg, la grande salle de l'Hôtel Kreuz à Morat et l'Hô¬ tel des Alpes à Bulle.

Le cinéma ambulant est à distinguer du cinématographe des familles de forains qui s'installe à l'occasion des foires et grandes fêtes comme

la bénichon. Parfois sous de grands chapiteaux (jusqu'à 1200 places). La première visite de ce genre d'attraction remonte au printemps 1898 et s'installe aux Grand-Places. Périodiquement, les forains tournent à Bulle, Morat, Châtel-Saint-Denis, Estavayer-le-Lac et Chiètres. Ils y présentent les actualités, des fée¬ ries, des pièces comiques, des dra¬ mes et parfois des scènes locales comme le tableau intitulé «Fête-Dieu à Fribourg» en juillet 1906. Parmi les

forains qui reviennent souvent: la Famille Weber-Clément d'Yverdon, le Théâtre moderne Weissenbach, et le Théâtre Wallenda. Ce phénomène de projections ambulantes s'étein¬ dra avec l'arrivée de la Première Guerre Mondiale. Annoncées par des publicités dans la presse ou par voie d'affiches, les projections doi¬ vent recevoir l'aval des autorités, peu préparées et plutôt méfiantes face à cette nouveauté. L'Eglise s'affirme rapidement, et pour longtemps, la

Le Cinématographe sera installé à la rue de Lausanne en 1909. A l'emplacement de l'avant-dernier store à droite sur cette carte postale datant d'avant 1901.

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Avant que le Royal-Biograph s'installe aux Grands-Places, le bâtiment était occupé par un garage. plus réservée, soucieuse de la pro¬

tection de la morale telle qu'elle la définit rigoureusement encore à la Belle Epoque.

En 1907, Charles Pathé invente la distribution des films, ce qui permet au cinéma de s'installer dans des salles permanentes, mais cela signe par la même occasion le déclin des forains. A Fribourg, la première salle de «cinématographe permanent»

est inaugurée le 21 février 1909 en haut de la rue de Lausanne, à l'em¬ placement de l'actuel Commerce de Fer. Représentations d'environ une heure tous les jours. Programme dif¬ férent chaque semaine, et accompa¬ gnement par un phonographe ou un piano. Fin 1910, le Cinématographe déménage rue de Romont, où se trouvent aujourd'hui les Chaussures Dénervaud. En 1917, il prend le nom de Royal Biograph. Cinq ans plus tôt,

en 1912, une seconde salle s'ouvrait à Pérolles: le Casino Simplon qui deviendra en 1914leCinéma Simplon, puis le Grand Cinéma Central Casino Simplon. Par beau temps les repré¬ sentations ont lieu à l'extérieur, dans les jardins du Casino.

Le déclenchement de la Première Guerre Mondiale provoque quelques restrictions. Ainsi, le 4 août 1914 le Conseil d'Etat fribourgeois interdit

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La façade arrière du cinéma Livio. toutes représentations théâtrales ou cinématographiques. Après des recours, les autorités assouplissent ces mesures et délivrent quelques rares autorisations.

L'ère du muet

Après la guerre, le cinéma retrouve un nouveau souffle avec l'âge d'or du cinéma muet et l'ouverture de nouvelles salles. En 1920, le Royal Biograph s'installe aux Grand-Places. Dans un bâtiment détruit depuis, qui

accueillera également un garage, et plus tard la Librairie Dousse. Le ciné¬ ma sera rebaptisé Royal en 1928. La même année, en septembre 1920, Romont inaugure son nouveau Casino-Théâtre où seront jouées régulièrement des «représentations cinématographiques».

A Bulle en 1921, le Cinéma Closeau concurrence le Cinéma Lux. Pendant les années 20, l'Hôtel de la Grue à Broc a également sa salle, connue

sous le nom de Cinéma Majestic. Et de 1922 à 1924, sont créés plusieurs lieux de projection: Le Cercle parois¬ sial de Saint-Pierre (1922), le Cinéma Central Criblet (1923) et le Casino- Théâtre Livio à Pérolles (1924) qui aura son propre ensemble instrumen¬ tal: l'Orchestre Miquette, et qui vivra de grandes heures dans des domai¬ nes aussi variés que le théâtre, la chanson ou les concours de gymnas¬ tique. A Morat, Henri Dériaz inaugure son premier cinéma en 1927. Enfin

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Le Casino-Théâtre de Romont est inauguré en 1920.

£ ^ Les salles de cinéma de 1896 rougiraient de se trouver comparées aux ins¬ tallations luxueuses de 1925. Comme elles en sont éloignées et chétives! Trente ans ont suffi pour les remplacer sans retour, par ce que nous admi¬ rons aujourd'hui : et celles-ci sont claires, aérées, spacieuses, confortables ; l'on s'y assied tout à son aise sur des fauteuils et des strapontins élégants, sans être obligé, comme dans d'autres théâtres, de rentrer ses genoux sous le siège pour ne pas les plonger dans les reins du voisin. Quel luxe aussi dans la décoration.

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à Fribourg, où la Grande Dépression n'a pas encore fait sentir ses effets, une dernière salle, le Capitole, ouvre ses portes en mars 1930. Dès son ouverture il rend un dernier homma¬ ge au cinéma muet, en organisant un festival qui reprend ses grands suc¬ cès (tels que Koenigsmark, Le signe de Zorro, Michel Strogoff, La Ruée vers l'or et Le Voleur de Bagdad). En effet, rapidement les cinémas s'équi¬ pent de systèmes pouvant diffuser des films sonores, puis parlants.

Successivement le Royal en 1930, puis le Capitole, le Lux, le cinéma de Morat et tardivement le Livio (1936). La crise, puis la Seconde Guerre mondiale freinent toutes les initiati¬ ves et le nombre de salles ne bouge plus jusqu'en 1948, si l'on excepte la salle qui est aménagée dans les locaux de l'Université, à Miséricorde. Le temps des installations éphémè¬ res n'a cependant pas entièrement disparu puisque des paroisses (celle

de Saint-Pierre par exemple) et nom¬ bre de sociétés organisent des pro¬ jections pour leurs membres, ce que des ecclésiastiques font aussi dans les paroisses rurales, sous le regard généralement peu complaisant de Mgr Marius Besson, évêque du dio¬ cèse.

A chacun son créneau

Avec l'ouverture, en quelques mois, de deux nouvelles salles, le Corso puis le Rex, 1948 marque un peu le Le bâtiment du Royal sous la neige des Grands-Places.

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Le hall d'entrée du cinéma Corso au boulevard de Pérolles 15.

passage à ce que l'on pourrait appeler l'âge de la maturité des cinémas de la capitale. Dans les années qui suivent, deux autres salles apparaissent dans le paysage urbain: le cinéma Eden, dans le même bâtiment que le Corso et plus particulièrement destiné à la diffusion de films en langue alleman¬ de, et le Studio, petite salle toute pro¬ che, à la rue de Locarno.

Dans l'intervalle, constatant les défauts de la législation en vigueur, les autorités refondent la loi sur les théâtres et les cinématographes, en 1949. Si la surveillance reste tou¬

jours assez stricte, conforme aux normes morales du temps, son exer¬ cice change: c'est désormais une commission cantonale, nommée par le Conseil d'Etat, qui l'assume. Elle visionne les extraits ou les films en entier dès qu'on lui signale des pas¬ sages dangereux et décide de les couper ou, cas extrême, d'interdire simplement le film. Toutes ses déci¬ sions sont cependant susceptibles d'être contestées par un recours. Et bien des films, partiellement ou totalement censurés sur le moment, pourront être projetés sans encom¬ bre quelques années plus tard, ce

qui témoigne à l'évidence de l'évolu¬ tion de la sensibilité des censeurs. Les années soixante et septante sont peut-être une forme d'âge d'or pour les salles obscures de la ville. Leur nombre a atteint un maximum alors que le 7e art fait son entrée dans les classes avec les cours donnés par Joseph Rey. Des clubs voient le jour, réunissant les passionnés qui com¬ mencent à craindre la concurrence de la télévision dont la diffusion coïn¬ cide avec la décennie. Ce que l'évolu¬ tion statistique confirme: le nombre des salles et surtout celui des pla¬ ces proposées vont baisser irrésis¬ tiblement dès 1970. La concurrence entre les exploitations n'est bientôt plus possible et un regroupement se fait avec la prise de contrôle de pra¬ tiquement toutes les salles de la par¬ tie francophone du canton, et même de Payerne, par le groupe Salafa. Le Livio, transformé en Alpha, ne résis¬ te pourtant pas longtemps et ferme ses portes, suivi par d'autres. Le cinéma autrement

Ces fermetures ne sont que les pre¬ mières alertes. Le déclin se confirme en effet jusqu'au seuil du XXIe siècle, malgré les synergies, malgré l'orga¬ nisation d'un festival et malgré aussi des modernisations techniques. Vaut- il encore la peine d'investir face aux nouvelles technologies? Les écrans de télévisions s'agrandissent, les cassettes puis les dvd multiplient les

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occasions de voir des films sans aller au cinéma. Alors tant pis pour l'Eden, pour l'Alpha, pour le Studio et pour le Capitole.

Certains semblent y croire pourtant: en quelques mois, plusieurs multiplexes sont annoncés en ville de Fribourg et dans sa périphérie autour de 2000 - 2002. Projets plus ou moins solides ou avancés stratégiquement pour en con¬ trer d'autres, ces salles auraient dû voir le jour à Avry-sur-Matran, à Granges- Paccot, à Cormanon, au centre de la ville et dans les Galeries du Rex, à côté du cinéma du même nom qui avait

entre temps augmenté le nombre de ses salles. De tous ces projets, un seul a vu le jour: Capciné, dû à l'initiative de la Société Nordmann et qui ouvre ses portes en 2007, deux ans après la reconstruction et la modernisation du Corso. Ce dernier est la victime suivante de la concurrence des nou¬ veaux moyens de diffusion des films, du multiplexe et de l'effondrement de la publicité qui déserte les cinémas. Il ferme le 31 mai 2010, ne laissant, parmi les salles anciennes, que celles du Rex alors que Capciné compte, à lui seul, plus de salles que la ville n'en avait jamais comptées.

Un siècle d'histoire en forme de courbe ascendante puis irrésistible¬ ment déclinante d'un élément du patrimoine culturel qui se termine sur une note en demi-teinte en forme de question. Ville de festival, ville d'étu¬ des, Fribourg peut-elle se permettre de voir disparaître l'une après l'autre ses salles de cinéma et ne leur réser¬ ver en guise d'adieu qu'un discret faire-part de décès avant de les relé¬ guer dans la mémoire de quelques nostalgiques?

Le cinéma Capitole, à côté de l'hôtel Terminus, à l'avenue de la Gare 34.

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LE CORSO, ENTRE OUVERTURE PROMETTEUSE ET FERMETURE SANS GLOIRE

Michel Charrière

L'histoire de cette salle de cinéma est à l'image de toutes celles de la ville de Fribourg. Les archives officielles n'en parlent pratiquement pas, sauf lors¬ que la censure croit devoir intervenir, et la presse ne relate que les événe¬ ments spectaculaires qui jalonnent le gros demi-siècle de son histoire. Une histoire donc encore à écrire dont on ne propose ici que quelques jalons. Annoncé par la publicité comme «la nouvelle salle attendue avec impa¬ tience» et même «une réalisation moderne digne d'une grande ville», le cinéma Corso ouvre en mars 1948. Propriété d'une Mme Beaud-Ruffieux, son directeur est Marcel Torriani, qui restera de nombreuses années à la

CORSO Mrolles 15

La nouvelle Mlle attendu« ave© impatience

Annonce publiée dans La Liberté des 27 et 28 février 1948.

tête de l'entreprise. L'après-midi du 11, un jeudi, est réservé aux autori¬ tés - on note la présence de Pierre Glasson et de Paul Torche, conseillers d'Etat -, et à la presse. Tout ce beau monde découvre une salle flam¬ bante neuve, avec les équipements techniques les plus modernes pour l'après-guerre. De la manifestation, ne restent que les photos de Jacques Thévoz qui nous permettent de voir

ce qu'était le Corso originel, tout en clarté et avec des barrières en fer forgé qui rappellent un peu le style de celles de l'Université ou de l'Ecole normale.

Le lendemain, vendredi 12 mars, c'est l'ouverture au public, avec un film annoncé sur une pleine page du quotidien fribourgeois: Les Cloches de Sainte-Marie, film musical améri-

Le 11 mars 1948, lors de l'inauguration du Corso, tout à gauche Paul Torche et à sa droite Pierre Glasson, tous deux conseillers d'Etat; tout à droite, Marcel Torriani, directeur du Corso. 14

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EN GALA D'OUVERTURE dès vendredi 12 mars, à 20 h. 30

UN QRAND FILM

Publicité pleine page parue dans La Liberté du 11 mars 1948, veille de l'ouverture au public du Corso.

Le hall du Corso et ses belles ferronneries qui sont restées jusqu'à la fin.

L'histoire d'un jeune homme qui s'intéresse principalement à l'ultra-violence et à Beethoven !

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cain, réalisé en 1945 et œuvre de Leo McCarey, avec, la publicité le souli¬ gne, Bing Crosby et Ingrid Bergman. En conclusion à son compte rendu de l'événement, La Liberté espère que la salle présentera de «beaux et bons films».

Durant soixante-deux ans, le Corso va offrir une large palette de films au public fribourgeois et effectuer plu¬ sieurs mues destinées à suivre l'évo¬ lution de la technique de projection et les exigences des spectateurs. La série commence avec l'aména¬ gement d'une deuxième salle, des¬ tinée aux cinéphiles alémaniques: le

cinéma Eden, qui disparaîtra pourtant après quelques lustres. La censure intervient assez rarement; la grande majorité des films sont projetés sans difficulté. Une exception pourtant, et de taille, avec Orange mécanique. Le film de Stanley Kubrick n'est projeté qu'après une intense polémique qui occupe toute une partie de l'hiver 1972 - 1973 et provoquera à terme la disparition de la censure.

Plus discrètement, l'exploitation de la salle change de main avec sa prise en charge par le groupe Salafa SA. En 2007, ce dernier cède la place à une nouvelle entité: Cinémotion.

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L'ère des turbulences

C'est au seuil du XXIe siècle que tout se précipite. Avec, bonne nouvelle a- t-on pu croire un moment, un projet d'extension présenté par les frères Anton et Roger Cottier: à la tête de la société Pérolles 2000 SA, ils se propo¬ sent de redistribuer les salles du Corso pour en ouvrir une troisième. Plus de places (une cinquantaine), mais dans trois salles désormais, pour élargir l'offre à un moment où eux-mêmes, leur exploitant et une autre société annoncent également leur intention d'ouvrir des multiplexes dans la péri¬ phérie de la ville. Autant de projets qui n'auront pas de suite. Ce qui n'arrange même pas les affaires du Corso dont, aux dires de son exploitant, la fré¬ quentation ne cesse de s'éroder. Le dossier pour la mise à l'enquête est tout de même déposé en 2002, et en reste momentanément là. Parce que, probablement, tout n'est pas aussi prometteur qu'il n'y paraît dans le pay¬ sage cinématographique fribourgeois. Le dossier ressurgit cependant, en 2005. Les choses commencent plutôt mal, puisque le Corso est partiellement détruit par un incendie, dans la nuit du 4 au 5 janvier. Son bar et son espace d'accueil sont la proie des flammes et les dégâts sont estimés à 500'000 francs. Les deux salles doivent fermer plusieurs mois, sérieusement endom¬ magées par la fumée. Les promoteurs ressortent alors leur projet et, après

des travaux rondement menés, le Corso nouveau peut ouvrir ses por¬ tes le 22 octobre de la même année, avec les trois salles prévues et 569 fauteuils offerts au public. Un indice autorise même à croire que le bon choix a été fait: la fermeture momen¬ tanée du Corso a provoqué une bais¬ se de la fréquentation au Festival de films de Fribourg. C'est dire si ces salles semblent être un apport non négligeable à la manifestation. Et le programmateur comme le directeur soulignent, reprenant pratiquement les termes utilisés lors de l'ouverture de la salle en 1948, que le Corso offre désormais tout ce qu'il y a de mieux comme confort et comme équipe¬ ment technique (image et son).

Mais un double danger ruine rapide¬ ment tous les espoirs de développe¬ ment. Avec une publicité qui s'effon¬ dre, une fréquentation qui ne suit pas et la concurrence d'un multiplexe au centre-ville, le Corso se retrouve dans les cordes. A tel point que son histoire s'interrompt brutalement, à la fin du printemps 2010. Annoncée par Marc Salafa, la fermeture du Corso est défi¬ nitive, le 31 mai. Fribourg perd, de nouveau, une enseigne et trois salles. Dans l'indifférence, ou presque.

Sources: La Liberté, La Gruyère

Ci-contre: la salle du Corso le 11 mars 1948, jour de son inauguration. Ci-dessous: une des salles du Corso le 31 mai 2010, jour de sa fermeture.

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LE CINÉMA: UNE HISTOIRE DE FAMILLE David Collin

Depuis ses débuts, le cinéma est une histoire de famille. A Fribourg comme partout, ce sont d'abord des familles de forains qui font tourner les ima¬ ges vivantes d'un village à l'autre, avant de s'installer dans une, puis plusieurs salles. Ainsi pour exemple, la famille Salafa-Torriani en Gruyère et à Fribourg, et la famille Dériaz à Morat (le père d'André Dériaz crée la premiè¬ re salle de cinéma à Morat en 1923).

l'un des premiers cinémas ambulants en Gruyère. Plus tard la famille ouvre en 1916 la première salle obscure de Bulle, le cinéma Lux. Une salle qui passera ensuite de mains en mains. Avant de vendre une première fois le Lux, la famille ouvrira aussi le cinéma du Prado, toujours à Bulle.

Dans les années 20, Marcel Torriani épouse la grand-mère du futur Marc

Salafa. Marcel Torriani, qui est donc son grand-père maternel, reprend le Lux le 29 avril 1930. En mars 1948, au moment de son ouverture, Torriani sera l'exploitant du Corso. Les proprié¬ taires sont tour à tour Mme Beaud, puis MM Laufer, Schaller puis des sociétés immobilières. En 1959 (Cf. extrait de la convention), le Corso est réaménagé pour devenir un duplex, à condition d'avoir une salle dédiée Quand je rencontre Marc Salafa dans

ses bureaux de Pérolles, c'est la fin de l'été. Et la fin du «creux» d'une longue période de vacances. De sa fenêtre une vue inhabituelle des toits du cinéma Rex, propriété de la société CinEmotion-Rex Sàrl que dirige Marc. Cette notion de propriété, est impor¬ tante et explique en partie la fermeture du Corso. Le propriétaire n'avait pas les mêmes objectifs financiers que l'exploitant. Sans parler de la chute du marché publicitaire qui n'a pas facilité les choses. Aujourd'hui toutes les sal¬ les labellisés CinEmotion sont entre les mains de la famille Salafa. Sauf Guin.

Le conseiller d'Etat Paul Torche en discussion avec Marcel Torriani, directeur du Corso et grand-père de Marc Salafa, lors de l'inauguration du cinéma en 1948.

L'histoire de la famille Salafa remon¬ te au tout début du cinéma dans le canton, puisque l'arrière grand-père de Marc Salafa s'occupait déjà de 18

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au public alémanique, l'Eden, et de passer des films en allemand ou en version originale. La grande salle est coupée en 2.

Il est ensuite un peu compliqué d'ex¬ pliquer à qui appartenaient les salles et quand. Qui en était l'exploitant ou le propriétaire. Par exemple, au moment où le père de Marc Salafa, Jean, reprend le théâtre du Livio en 1962 (où Marc Salafa va grandir), le grand- père lui, a toujours entre ses mains les salles du Capitole à Fribourg et Prado à Bulle. Comme exploitant! Son fils les reprendra plus tard à son compte.

Dans les années 1975-1980, les sal¬ les de cinéma subissent de nombreu¬ ses mutations. La vidéo et les triplex apparaissent. La télévision prend de plus en plus d'importance. «C'était un moment où il fallait y croire» dit Marc Salafa. Traduisez: soit l'aban¬ don, soit l'engagement dans de nouveaux investissements. C'est la deuxième solution que choisit alors la famille Salafa. Avec un hic toute¬ fois, puisqu'en 1980, il y a encore cinq exploitants différents à Fribourg. La concurrence est rude, et seul un regroupement peut permettre de ren¬ tabiliser un domaine qui se métamor¬

phose. La famille Salafa reprend donc peu à peu les autres salles: Corso et Eden (la partie alémanique), puis Alpha et Studio. Les mêmes salles, qui vont peu à peu disparaître, à l'ex¬ ception en ville de Fribourg du Rex, avec l'entrée en jeu du multiplexe de Capciné, et des salles qui n'ont plus de noms, qui ne sont hélas plus que des numéros.

(Merci à Marc Salafa de nous avoir ouvert ses archives et d'avoir répondu à nos questions)

Convention signée le 12 mars 1959 entre l'ACSR (Association cinématographique

suisse romande) et la Société Pérolles 15 S.A. d'autre part (EXTRAITS)

Il est convenu ce qui suit:

1. L'ACSR autorise la Société Pérolles 15 S.A. à construire dans l'immeuble du Corso (...) 2. Cette salle sera exclusivement

réservée au passage de films en version originale. (...) 3. Elle ne passera sous aucun pré¬

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L'AVENIR, C'EST LA 3D ! Monique Durussel

Hugo Corpataux (86 ans) a vécu active¬ ment toute l'histoire du cinéma fribour- geois. Il se qualifie volontiers de vision¬ naire à son propos. La fermeture du Corso n'est pas une surprise pour lui. Il brosse, pour PRO FRIBOURG, le paysage cinématographique à venir. «Il y a encore 2 à 3 cinémas de trop. Le Rex, bien placé à proximité de la gare, peut tenir, en se profilant comme une alternative aux multi¬ plexes. A long terme, la gestion de toutes les salles devra être centrali¬ sée, notamment pour la distribution des films. Les petites salles restent plus faciles d'accès pour un public âgé, un peu désorienté dans les mul¬ tiplexes. D'autre part, dans quelques années, le 3D sera partout et, dans environ dix ans, nous aurons l'holo¬ gramme. Actuellement c'est encore trop cher techniquement, mais on y arrivera. Dans l'entretemps, on attend le 3D sans lunette».

Quand Hugo Corpataux parle de l'ave¬ nir proche et plus lointain du cinéma, il n'est pas pessimiste. Il accepte cette évolution avec une fascination évidente pour les progrès techniques

Le cinéma Studio que créa Hugo Corpataux à la rue de Locarno pour y programmer des films français.

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qui, en un siècle, nous ont amenés du cinéma muet à la 3D, des projections ambulantes aux multiplexes. Lui qui fut un artisan du métier, de la projec¬ tion à la production en passant par la réalisation de films, croit au cinéma de demain. Il dit: «J'ai toujours cru au 3D. J'ai d'ailleurs une télévision 3D chez moi. Et lorsque Jean-Luc Nordmann construisait Capciné, il a bien fait de s'en équiper malgré les coûts. Il s'en félicite aujourd'hui». Des salles très typées et autono¬ mes des années soixante à la con¬ centration d'aujourd'hui, il analyse le produit sous toutes ses facettes artistiques et économiques. Lorsque le Corso a été reconstruit avec une salle supplémentaire après l'incen¬ die du cinéma, Hugo Corpataux se souvient que son exploitant a créé la société Cinémotion alors que la situa¬ tion était encore saine. De ce monde du cinéma, dans lequel il baigne, Hugo Corpataux connaît toutes les ramifications. Il a un avis autorisé et le donne volontiers à qui le consulte. Jamais négatif, mais réaliste. De la critique, il salue l'existence, notam¬ ment des fiches de travail qu'Ivan Stem avait créées ou des Cahiers du cinéma, «mais, il y a aussi n'importe quoi», lance-t-il.

Hugo Corpataux, fils du postier de Chevrilles, est tombé dès l'enfance dans la marmite cinéma. Son père a eu le premier appareil de photo du

village, puis une caméra Pathé Baby de 9,5 mm. Durant une dizaine d'an¬ nées, il fit des projections dans les villages singinois, puis dans tout le canton, avec un matériel lourd (35 mm.), d'où l'envie d'avoir son propre cinéma. Une envie qu'il put réaliser à la rue de Locarno après bien des péripéties administratives. Il y ouvrit, à côté de son local de distribution de films (un métier qu'il pratiqua durant 40 ans), le cinéma Studio. 100 pla¬ ces où il programmait des films de qualité: des classiques du cinéma français. «Ça marchait bien, mais j'ai vendu après deux ans. J'avais une

famille avec trois enfants. J'ai donc été raisonnable», explique celui qui fut également producteur et laisse un patrimoine vivant d'une soixan¬ taine de films dont «Ballade fribour- geoise» et «Fribourg autrement». Il fut aussi à l'origine du Festival de films de Fribourg, dont le siège était, au début, dans les locaux de Cortux- Films, et resta à son comité jusqu'à plus de 80 ans. Hugo Corpataux a été durant 65 ans cameraman, distribu¬ teur et producteur, jusqu'au décès de son épouse Inès à Noël 2009. Continuera-t-il ses métiers d'excep¬ tion? La question est ouverte.

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LES SALLES DE CINÉMA EN QUELQUES CHIFFRES Michel Charrière

Les statistiques officielles ne per¬ mettent pas de suivre l'évolution de la fréquentation des salles. Seul le nombre de celles-ci, et celui des pla¬ ces qu'elles proposent sont disponi¬ bles régulièrement depuis 1960. A l'échelle du canton, les salles de cinéma subissent une très lente et très faible érosion. De 16 en 1960, elles ne sont plus que 9 en 1992, pour remonter à 13 en quelques années. L'ouverture de Capciné, en 2007, fait bondir ce total à 23 salles, ce que le canton n'avait jamais connu dans son histoire. Mais, derrière cette tendance au repli et le bond de 2007, se cachent des redistributions que la statistique n'identifie pas explicitement; la ferme¬ ture d'une salle peut être compensée par le réaménagement d'une autre: le total ne change pas alors que le nom¬ bre d'enseignes diminue.

Il y a cependant plus préoccupant. Il s'agit du nombre de places offertes. Et là, c'est l'effondrement. En 1960 toujours, le canton recense 5430 fauteuils, et ce nombre reste plus ou moins stable durant quelques années, avant un recul qui se fait par paliers. De 1970 à 1989, le canton perd près d'un millier de places. Et la descente continue par la suite en s'accélérant.

A tel point qu'on ne compte plus que 1705 places en 1992. La tendance s'inverse durant les années nonante, reflet des réaménagements décidés par les propriétaires. Et c'est 500 places supplémentaires qui apparais¬ sent, le total se stabilisant autour de 2200 vers la fin de la même décennie. Ce n'est qu'un répit: la baisse reprend en 2003. Mais, là aussi, l'ouverture de Capciné provoque une inversion de la tendance, à court terme en tout cas, puisque son ouverture ajoute près de 1900 places au total cantonal. Un indice confirme l'évolution irré¬ versible des places de cinéma: rap¬ porté au nombre d'habitants, leur total passe de 34 %o en 1960 à 8 %0 en 1992, pour remonter faiblement à 9 %o cinq ans plus tard, et à 15 %0 avec Capciné. Observation qui con¬ firme à l'évidence que le multiplexe de Fribourg est bien le pôle principal des salles obscures du canton. Centrée sur le district de la Sarine, c'est-à-dire sur la ville de Fribourg, un constat confirme l'observation faite dès l'ouverture des premières salles au début du XXe siècle: la capi¬ tale cantonale accueille à elle seule la moitié des salles et des places, proportion qui devient écrasante dès

2007: le canton compte alors 23 sal¬ les pour 3924 places, soit, on l'a vu, une proportion de 15 %o. De ce total, la ville accueille 17 salles et 3154 pla¬ ces, soit un rapport à la population de 33 %o.

En conclusion, la statistique confirme en la précisant l'évolution des salles fribourgeoises: recul lent des exploi¬ tations et effondrement des places offertes avant un sursaut récent qui renforce comme jamais auparavant la centralisation de l'offre sur la capitale cantonale.

Source: Annuaire statistique du canton de Fribourg. Fribourg, 1971 —2010. La salle du Corso.

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DES ARCHIVES, S.V.P. Michel Charrière

Faire l'histoire du cinéma, à Fribourg, exige beaucoup de patience tant les sources sont lacunaires. La presse d'abord, qui n'accorde guère d'im¬ portance au 7e art avant les années 1920, n'offre que des renseigne¬ ments très partiels et, surtout, dis¬ persés dans le temps. Il faut

donc pas mal d'abnégation pour dépouiller les titres sur des années, pour ne trouver que quelques chroniques et, avec un peu de chance, des informations sur les salles et leur exploitation. Son apport est cependant indispensa¬ ble à la connaissance de la réception des films selon les critères moraux puis esthéti¬ ques qui évoluent au fil des décennies.

Lessourcesofficiellesnesont guère plus riches. Dispersés entre les institutions officiel¬ les et les services qui en con¬ servent parfois des séries, les fonds mériteraient un regroupement et une mise en valeur qui permettraient aux chercheurs de trouver l'ensemble des documents existants sans devoir comp¬ ter sur le seul hasard.

Le plus préoccupant reste cependant les archives des sociétés qui exploi¬ tent les salles et celles des associa¬ tions ou festivals qui attirent les ciné¬ philes à Fribourg: leurs archives et la mise à disposition de celles-ci dépen¬ dent naturellement du bon vouloir

des dirigeants de ces sociétés et des responsables de ces associations ou festivals. Or, à ce jour, rien n'a été conservé de la documentation des salles ouvertes depuis un siècle dans le canton. Chaque fois qu'une salle a fermé ses portes, ses archi¬ ves ont disparu avec elle. Et ^ les archives du Festival de films ou de Cinéplus, pour I I ne prendre que ces deux exemples, restent aux mains rde leurs animateurs. On ne peut dès lors qu'encoura¬ ger vivement ces derniers et les exploitants actuels à conserver leurs archives et à les déposer régulièrement auprès des institutions offi¬ cielles. Le faire, ce n'est pas seulement permettre des recherches futures, c'est aussi manifester une forme de reconnaissance pour l'im¬ portance du travail effectué dans la promotion du cinéma à Fribourg.

1948, l'entrée du Corso sur le boulevard de Pérolles.

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L'EVEQUE N'AIMAIT PAS LE CINEMA Michel Charrière

Monseigneur Marius Besson et le 7e art

Lorsqu'il prend ses fonctions d'évê- que de Genève, Lausanne et Fribourg, en 1920, Mgr Besson (1876 - 1945) arrive dans un contexte de méfiance assez grande envers le cinéma. Dès l'ouverture de la première salle per¬ manente en ville de Fribourg, des personnalités politiques conservatri¬ ces et des ecclésiastiques étaient en effet intervenus pour mettre le public et les autorités en garde contre les effets dangereux de la projection des films. Ces prises de positions faisaient partie d'une vague puritaine traversant le canton et assimilant le cinéma à de la littérature immorale. Dix ans plus tard, au sortir de la Grande Guerre, l'état d'esprit n'a pra¬ tiquement pas changé et la loi sur les cinématographes de 1914 a bien été conçue dans une perspective restric¬ tive, malgré les lacunes évidentes qu'elle ne tardera pas à révéler dans son application. Il appartient au pré¬ fet d'endosser la responsabilité de la censure, en s'aidant, si besoin est, d'une commission. Le clergé fribour- geois n'a de ce fait pas de rôle spéci¬ fique dans la prévention, sauf en cas de consultation par l'autorité civile.

Alors que le Vatican se montre plutôt ouvert aux bons films susceptibles de jouer un rôle éducatif, le nouvel évêque se manifestera tout au long de son épiscopat (1920 - 1945) sinon hostile, du moins très réservé envers le cinéma. Ce qui se perçoit dans sa réticence à encourager des films à sujet religieux, parce que leur portée spirituelle est jugée trop limitée; ou lorsqu'il tente d'augmenter le nom¬ bre de jours chômés durant lesquels l'ouverture des salles est interdite. Plus strictement encore, selon lui les membres du clergé ne devraient pas fréquenter les salles obscures, quel que soit le programme proposé. Le cinema, agent de destruction Ses diverses interventions sur le sujet montrent que sa réserve plus ou moins forte tourne autour d'une série de défauts qu'il reproche au cinéma: en attirant les spectateurs le dimanche, celui-ci les détourne de la sanctification de ce jour réser¬ vé à Dieu et au repos, et qui de ce fait doit se vivre en famille. Il y voit aussi une source de dépenses qui ne peuvent qu'appauvrir des familles de condition déjà modeste. On touche là également à l'aspect mercantile du cinéma et que l'évêque rejette fermement. Plus gravement encore,

Pour l'évêque Mgr Marius Besson, le ci¬ néma est aux mains de l'esprit du mal. le cinéma est, en regard de la mora¬ le chrétienne, porteur en soi d'une dépravation inévitable et hautement dangereuse. Montrer des divorces, des vols, des couples illégitimes, iro¬ niser sur le mariage, mettre en scène des crimes et glorifier leurs auteurs, autant d'images indéfendables à ses yeux sur le plan moral. Il y a là suffi¬ samment de travers pour qu'il classe le cinéma parmi les maux de son temps. En 1925, il ne voit dans tout cela qu'une banalisation du mal qui fait du cinéma un «agent de destruc-

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tion» aux mains de «l'esprit du mal». Dans un texte de la fin des années trente et destiné aux jeunes filles se préparant au mariage, il lance un avertissement:

«Malheur [...] à celles qui, perverties par des lectures licencieuses, par de mauvaises compagnies, par des spectacles immoraux, par les dan¬ cings et les cinémas, quelquefois même par l'abus d'alcool, finissent par céder aux tentations et tombent dans le déshonneur.»

Il s'en prend même aux affiches atti¬ rant le chaland, mais, comme pour d'autres de ses interventions, il tient à ce que ses démarches auprès de la police locale restent confidentiel¬ les; ce qui ne l'empêche pas d'ob¬ tenir gain de cause. Cautionner la projection d'un film, et plus encore un organisme de diffusion, c'en est trop pour lui, surtout après une expé¬ rience financièrement douloureuse dans ce domaine. Il refuse son appui, moral ou matériel, aux paroisses et aux ecclésiastiques qui organisent des séances de projection. L'abbé Etienne Dumas (1892 - 1955), curé d'Echarlens (1920 - 1952), en fait l'amère expérience, même si la res¬ ponsabilité de ses mésaventures financières lui reviennent entière¬ ment et le récompensent bien mal de son enthousiasme pour le cinéma comme distraction contrôlée. Les

mises en garde de l'évêque ou de son porte-parole sont même par¬ fois singulièrement cinglantes pour l'abbé Dumas sans que cela semble l'avoir incité à refréner sa coûteuse passion.

En fin de compte, et contrairement à ce qui s'était produit deux généra¬ tions plus tôt avec la presse écrite, le cinéma n'a pas trouvé dans le clergé fribourgeois un partisan capa¬ ble de renverser les tendances hos¬ tiles envers le 7e art manifestées par l'évêché. Les seules initiatives sont dues à la base: quelques paroisses et quelques ecclésiastiques, qui agis¬ sent tous sous leur propre responsa¬ bilité financière et morale. L'évêché, lui, reste complètement en retrait.

Méfiant, prudent à l'extrême, il n'in¬ tervient, pas toujours à visage décou¬ vert, que pour mettre en garde et interdire le plus souvent, s'érigeant en défenseur de la famille et de la morale chrétienne menacées par la licence inhérente selon lui au ciné¬ ma. S'il consent à quelque encoura¬ gement, c'est du bout des lèvres, et encore, il préfère que ce soit tacite¬ ment, pour éviter tout engagement qu'il pourrait regretter par la suite. On peut se demander si cette prudence et cette rigueur morale, pourtant bien de leur temps, n'ont pas fait rater une occasion et contribué à éloigner l'autorité ecclésiastique du peuple dont elle voulait être le berger vigilant contre les assauts d'une modernité pernicieuse à ses yeux.

38' CINEMA PERMANENT 17, KIJEC DE ROMONT, 17 So BILLET de PUBLICITÉ 50 % -se-ae»

EXCEPTÉ AUX PLACES A 50 CENTIMES NON VALABLE SAMEDIS, DIMANCHES ET

JOURS FÉRIÉS ÉCHANGER AU GUICHET

& Un billet du Cinématographe installé à la rue de Romont de 1910 à 1917. 26

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BIBLIOGRAPHIE Pour en savoir plus

Michel Charrière

Quelques études permettent d'aborder l'histoire du ciné¬ ma dans le canton de Fribourg. On ne peut qu'espérer qu'elles seront complétées par de nouvelles et prochai¬ nes recherches. La presse et les sources officielles offrent également des renseignements épars, mais précieux. Abd-Rabbo, Nadya. Archéologie du spectacle cinémato¬ graphique dans le canton de Fribourg: 1896 - 1939: l'ar¬ rivée du cinéma et son accueil: initiatives et résistances. Fribourg, 1994.

Diserens, Laurent. L'initiation au cinéma et aux mass- média dans les écoles du canton de Fribourg: 1960 - 1988: deux tentatives de former les élèves à la lecture de l'image. Fribourg 2003.

Gex, Philippe. Radio et cinéma en Suisse, 1936 - 1942: le cas de la Suisse romande en période de repli culturel: «approche d'une mentalité». Fribourg, 1983.

Haver, Gianni et Pierre-Emmanuel Jacques. Le specta¬ cle cinématographique en Suisse (1895- 1945). Lausanne, 2003.

Knubel, Laurent. Images et représentation de la Suisse dans les actualités cinématographiques suisses de l'im¬ médiat après-guerre (1945- 1950). Fribourg, 1997. Page, Sarah. Ordre moral et contrôle des films dans le canton de Fribourg: le regard de la censure cinématogra¬ phique (1949- 1978). Fribourg, 2007.

Appareils de projection à l'Université de Fribourg.

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LES ESPACES PUBLICS DU QUARTIER DU BOURG Monique Durussel

Le plan directeur du quartier du Bourg est en consultation depuis le 3 sep¬ tembre 2010. L'occasion pour PRO FRIBOURG de présenter les études réalisées et leurs étapes. La réflexion porte sur la ville historique, plus pré¬ cisément les quartiers du Bourg, de l'Auge et de la Neuveville. Elle est motivée par l'adaptation du réseau routier - en point de mire le pont de la Poya - qui va libérer le Bourg ou encore la mise en sens unique de l'avenue de la Gare et ses inciden¬ ces sur l'Auge et la Neuveville. Le groupe de travail, constitué de repré¬ sentants de divers secteurs de la ville de Fribourg et de la commission des biens culturels, s'est penché sur l'aménagement des rues et pla¬ ces du centre historique. Les plans directeurs du Bourg, de la Neuveville et de l'Auge seront ensuite liés au PAL (plan d'aménagement local) de la ville. Le Conseil communal a lancé la mise en consultation du plan direc¬ teur avant d'amorcer la phase de mise en œuvre et afin de répondre à une demande expresse du Canton en charge du projet du pont de la Poya. Thierry Bruttin, Architecte de ville, en débat avec PRO FRIBOURG.

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PRO FRIBOURG: Que pourra-t-on voir se réaliser dans un avenir proche dans l'aménagement du quartier du Bourg?

Thierry Bruttin: L'étude s'est faite au fil d'un processus participatif réunissant les différents services et partenaires concernés. Elle a pu s'ap¬ puyer sur le travail de fond réalisé dans les années nonante par Michel Waeber, architecte. Cette étude d'aménagement des espaces publics du quartier du Bourg a été prolon¬ gée récemment et conclue dernière¬ ment. La clé de voûte de ce travail, c'est l'espace public. Les objectifs sont de supprimer, en partie, les par¬ kings et places de parc pour mettre en valeur le patrimoine bâti, les édifi¬ ces en créant notamment des places et parvis. Les moyens de requalifica¬ tion sont multiples. Il faut cependant, au départ, avoir le courage d'extraire le trafic des véhicules du quartier et de réduire le nombre de places de parc. Le réaménagement des lieux peut se faire par un travail sur le sol, ses revêtements, par l'arborisation et l'installation de mobilier urbain ou œuvres d'art ayant une signification forte pour les habitants qu'il s'agisse de statues ou de fontaines par exem¬ ple. Il faut permettre aux piétons de

s'approprier les lieux en installant judicieusement des bancs, un équi¬ pement de marché... en veillant à anticiper cette réappropriation. D'où notre travail actuel avec différents partenaires, en particulier les usagers de l'espace public et de son anima¬ tion. Nous avons conscience que le Bourg a une identité complexe. C'est pourquoi, nous devons déterminer des secteurs cohérents avant la mise en œuvre de l'aménagement. Tout cela doit également tenir compte des finances et du fonctionnement de la ville dans son ensemble. Il faut voir au-delà de la réappropriation d'un lieu en ayant une vision globale de l'aménagement. Il faut également s'entendre pour identifier le lieu emblématique de cette revitalisation. La première opération sera déter¬ minante pour la réussite de la réap¬ propriation. Le lieu emblématique identifié, il faut ensuite concevoir un projet en le confiant à un auteur, en calculer le coût, convaincre le Conseil général de sa réalisation. Un parcours obligé! Je pense que le parvis de la Cathédrale Saint Nicolas pourrait être la pièce maîtresse de l'identification du Bourg. De cette étape de départ, on peut ensuite concevoir l'aména¬ gement du quartier et son extension, par étape.

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PRO FRIBOURG: Comment vous êtes-vous enquis des attentes de la population?

Thierry Bruttin: Nous avons lancé un sondage dans le cadre de la révision du PAL. 2000 questionnaires ont été envoyés à un échantillon significatif de la population et nous avons eu plus de 30% de retour. Un beau succès pour un sondage. Ce questionnaire aborde différents thèmes dont la pré¬ sence de la voiture en ville historique. En lançant ce sondage nous voulions

PRO FRIBOURG veut que la parvis de la Cathédrale soit réaménagé en même temps que l'ouverture du Pont-tun- nel de la Poya en 2014. La finalité de cet ouvrage à 200 millions n'était-elle pas de délester la cathédrale du trafic de transit? Un nouvel aménagement s'impose !

nous adresser directement au citoyen. La question de la circulation est claire¬ ment posée. Nous aurons les répon- Le trafic automobile autour de la cathédrale de Fribourg.

ses dans quelques semaines. Ça nous permettra, dans le courant de l'année 2011, d'apprécier l'état d'esprit de la suite page 34

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La première brasserie de Paul-Alcide Blancpain au quartier de la Neuveville. LORSQUE LES PIETONS ETAIENT ROIS

Le plan directeur du quartier du Bourg veut requalifier les espaces publics. Le parvis de la cathédrale St Nico¬ las pourrait être la pièce maîtresse de l'identification du Bourg. Vision pertinente si l'on s'arrête sur ces photos d'une époque où les piétons étaient rois et où les céré¬ monies se déroulaient, en toute sérénité sur le parvis de la cathédrale.

En effet, en 1890, Gaspard Mermillod promu Cardinal, est reçu en grande pompe sur le parvis de St Nicolas (ci-contre).

Un modeste brasseur de la Neuveville, nommé Blancpain, a alors l'idée de génie de brasser une bière du Cardinal !

Qui de nos jours, quand Joseph Deiss accède à la présidence de l'ONU, aurait l'idée de lancer une bière du Président? Comme il se devrait sans alcool, sans saveur et sans couleur, brassée à l'eau de source de Barberêche.

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population à l'égard de l'ensemble du PAL et du réaménagement, sachant que l'usager doit être identifié avant d'élaborer le projet d'aménagement. Ce sondage porte notamment sur la réappropriation de la ville historique par un projet de réaménagement de l'espace urbain et de son statut. Ne perdons pas de vue que le plan directeur doit fixer des règles et des objectifs. Il doit poser un projet d'en¬ semble en fonction du périmètre à réaménager et il doit tenir sur la durée et sur l'ensemble des réamé¬ nagements.

PRO FRIBOURG: Les plans directeurs sont parfois en contradiction avec le PAL actuel. Ne devrait-on pas inscrire ces projets de réaménagement dans les plans d'affectations actuels? Thierry Bruttin: dans le cadre de la révision du PAL, les contradictions vont s'annuler au fur et à mesure du traitement du dossier. En cas de con¬ tradiction, l'autorité peut figer une situation durant la phase intermédiai¬ re de révision.

Les études des architectes Michel Waeber et Team+ proposent une belle contribution de la ville histori¬ que à la révision du PAL. La méthode développée pourra être appliquée à tous les quartiers de la ville. Réfléchir sur la substance, d'abord, puis extrai¬ re les éléments liants.

PRO FRIBOURG: La réflexion sur le stationnement des voitures a été faite pour le Bourg, mais pas sur la Neuveville et l'Auge?

Thierry Bruttin: C'est exact. Ce tra¬ vail reste à faire.

PRO FRIBOURG: Quelles sont les phases qui vont suivre l'élaboration de ces plans directeurs?

Thierry Bruttin: Je suis partisan du concours d'aménagement pour faire avancer cette réflexion selon deux échelles, l'une globale et l'autre tenant compte du caractère du lieu où il faudra intervenir. Celle-ci est essentielle pour les lieux historiques. Le concours doit porter sur les places urbaines, mais pas forcément sur les espaces de services.

PRO FRIBOURG: Quelles seront les étapes politiques du projet?

Thierry Bruttin: Les deux études Waeber et Team+ ont été admises par le Conseil communal. La mise en consultation est en cours. Il res¬ tera au Conseil communal à adap¬ ter son projet et à le soumettre au Conseil d'Etat. Le processus est lancé même si tous les secteurs ne sont pas encore pris en compte. Mon vœu est d'agir assez rapide¬ ment. Dans les cinq ans, les crédits devraient être votés pour le Bourg, dans la mesure du possible, mais il faut tenir compte que la Ville a mis la priorité sur ses projets scolaires. On a le feu vert du Conseil communal pour ouvrir le processus de mise en œuvre, donc pour agir.

Contacté par PRO FRIBOURG, Pierre-Alain Clément, syndic de Fribourg, confirme que la mise en œuvre de ce plan directeur est à l'ordre du jour du programme d'investissements. «Le budget 2011 est actuellement en préparation, de même que la réactualisation du programme d'investissements. Il m'est donc impossible de don¬ ner une réponse dans l'immédiat sur ces investissements. Ce pro¬ gramme est ambitieux, mais je suis dans le même état d'esprit que Thierry Bruttin», explique le syndic. MDL

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Extrait de l'étude d'aménagement de l'es¬ pace public du quartier du Bourg (dessiné sur la base d'un plan de Michel Waeber). La ville de Fribourg étudie l'affectation des espaces en lien avec l'ouverture du pont de la Poya.

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SIX GRAVEURS AU PIED DE LA CATHEDRALE Monique Durussel

L'atelier de gravure Trait Noir a pris ses quartiers à la rue du Pont- Suspendu 10, sous l'ombre protec¬ trice de la cathédrale Saint Nicolas de Fribourg. Une vitrine sur rue avec une presse ancienne et quelques gravures, c'est l'espace galerie. Puis, dans son prolongement, l'atelier. Pour y entrer, il faut pousser la porte cochère et pénétrer dans une cour intérieure pavée et fleurie. «Une cour inspirante», dit Jean-Michel Robert, l'un des six graveurs fondateurs de

l'association trait noir, qui parle du lieu et des projets qu'il va générer. «Trait Noir a été créée en janvier 2010. C'est ce lieu plein de poésie, cet atelier au cœur de la cité qui nous a rassemblés. Qu'allions-nous en faire? Nous sommes six artistes aux sensibilités et aux parcours très différents. L'envie de l'investir, d'y travailler, de le partager et d'ouvrir ses portes au public le samedi nous a tous motivés», s'exclame l'artiste.

Dans la cour de l'atelier de gravure trait noir. De gauche à droite: Vital Simonet, Diana Rachmuth, Ivo Vonlanthen et Jean-Michel Robert.

L'association trait noir rassemble Diana Rachmuth, Gisèle Poncet, Miriam Tinguely, Vital Simonet, Ivo Vonlanthen et Jean-Michel Robert. Chaque artiste a son propre lieu de travail et sa carrière. L'atelier qu'ils louent en commun, qu'ils ont amé¬ nagé ensemble et qu'ils dédient à la gravure est un lieu de partage, entre eux, mais aussi avec le public. «La gravure est un art fascinant et com¬ plexe. Nous allons faire des démons¬ trations publiques. On a d'ailleurs commencé en septembre. Nous avons envie de montrer la diversité des techniques et ce qu'elles appor¬ tent à la gravure. Notre but: travailler ici et exposer régulièrement nos gra¬ vures», explique Jean-Michel Robert. D'ailleurs, les statuts de l'association sont clairs: trait noir se donne pour but la promotion de la gravure sous forme de l'estampe. Les six artistes travaillent respectivement sur le cui¬ vre, le zinc et le bois... Ils impriment leurs œuvres à l'atelier et les expo¬ sent dans l'espace galerie.

«Nos projets nécessiteront quel¬ ques moyens financiers. Ensemble, nous pouvons assumer la location de l'atelier, mais l'association recru¬ te des membres qui nous soutien¬ nent, notamment pour l'organisation 36

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d'événements. Pour ma part, je vais démarrer avec un projet ramené de Bénarès où j'ai pu séjourner durant six mois en 2009 dans un atelier mis à disposition par la Conférence des villes suisses pour la culture. Ce pro¬ jet, en plusieurs volets, comporte un livre d'artiste numéroté et signé avec des pensées en hindi et en français. Un film raconte l'histoire et le monta¬ ge du livre et sera glissé dans ce der¬ nier. Mon travail illustre le thème du Pèlerinage qui s'imposait à Bénarès. Sur place, j'ai sculpté une oreille géante de deux mètres de haut. Cette pièce colorée s'est promenée dans différents lieux de Bénarès jus¬ que dans le Gange. Un périple filmé. L'oreille symbolise la voix de la mère. Et le Gange est perçu comme une mère, d'où la raison de s'y baigner. J'ai aussi des gravures. Mon exposi¬ tion, encore en chantier, devrait être itinérante. Le travail de tirage de l'eau forte de l'oreille sera réalisé ici», dit Jean-Michel Robert.

Chaque artiste va participer à l'ani¬ mation de l'atelier avec un ou deux projets. «Ivo Vonlanthen a notam¬ ment un travail autour de la poétesse Ingeborg Bachmann, Vital Simonet travaille le thème du carnaval et pré¬ pare une exposition pour 2011 », pré¬ cise encore Jean-Michel Robert.

Vital Simonet travaille à la presse.

Ivo Vonlanthen et Diana Rachmuth entourent Jean-Michel Robert dans l'atelier.

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Comment soutenir la démarche de Contact courriel: l'association Trait Noir?

En devenant donateur.

association.traitnoir@gmail.com

et CCP:

trait noir, 1700 Fribourg, 10-709519-6.

L'enfilade de l'atelier, au fond la vitrine, avec Jean-Michel Robert au travail.

W V

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A PROPOS DU PROJET D'AMÉNAGEMENT DE L'ANCIEN COUVENT DES AUGUSTINS

Le 18 août dernier, PRO FRIBOURG a communiqué ses observations sur le projet d'aménagement de l'ancien couvent des Augustins à la presse fribourgeoise, qui les a reprises. Le mouvement les rap¬ pelle ci-dessous.

Préambule

Notre mouvement PRO FRIBOURG a renoncé à faire opposition au pro¬ jet de transformation et d'aménage¬ ment de ce bâtiment historique de notre vieille ville pour l'évidente rai¬ son qu'elle serait contre-productive en le bloquant, alors que le transfert prévu du Service cantonal des biens culturels à l'ancienne commanderie de Malte va enfin permettre de res¬ taurer et de préserver un site tout aussi important.

Enfin nous ne nous opposons pas au projet en lui-même, de bonne qualité architecturale. La question de savoir si le bâtiment sera adapté à sa nou¬ velle affectation reste évidemment ouverte, mais il s'agit là d'une déci¬ sion politique prise sur le long terme. Depuis la création de notre mouve¬ ment en 1964, nous avons toujours été soucieux de promouvoir le bon

usage de notre patrimoine archi¬ tectural public. Et surtout d'inciter les Pouvoirs publics - Canton et Commune - à collaborer dans ce but. Une nécessité puisque le partage en 1811 des bâtiments de l'Etat entre ces deux entités, dans la logique de leur utilisation de l'époque ne corres¬ pond plus à la réalité actuelle: plus besoin de grenier d'Etat, de halle de construction de barques fluviales, de même que les couvents sécularisés (Augustins et Ordre de Malte) ont changé d'affectation. Force est de constater que la collaboration entre Etat et Commune a été depuis lors à hue et à dia, sans vision d'ensemble. Le résultat est le spectacle actuel de projets avortés, de demi-mesures qui font de l'ancien secteur indus¬ triel médiéval un ensemble sinistré. Le Grand Werkhof désaffecté et négligé a brûlé et les projets concoc¬ tés avant et après ce sinistre majeur n'ont abouti qu'à la reconstitution d'une enveloppe toujours sans réelle affectation. La Commanderie et l'an¬ cienne caserne de la Planche n'ont guère été mieux traitées et il a fallu le veto du Grand Conseil pour que la première ne soit pas transformée en annexe de la prison et la Caserne res¬

taurée de façon à retrouver la volu- métrie de l'ancien Grenier, contre l'avis du Service des bâtiments de l'Etat. Encore s'agit-il pour ce dernier que d'une demi-mesure puisque le projet de Musée archéologique a été renvoyé aux calendes grecques... Pour compléter ce triste tableau, l'emplacement de l'ancienne usine à gaz se présente comme un terrain vague gravement pollué en profon¬ deur... Le seul bâtiment à avoir une fonction à 100 % et plus est celui de la prison, mais est-ce une référence? Sans vouloir recenser et rappeler nos multiples interventions pour un bon usage d'un secteur qui reste, en puissance, un espace naturel primor¬ dial qui donne à notre ville sa carac¬ téristique majeure d'une présence naturelle en plein milieu urbain, nous avons, en 2005, publié un cahier spé¬ cial (N°146) intitulé «Libre Sarine»: un vibrant exposé aux illustrations lumineuses et convaincantes. Avec, en conclusion, le plaidoyer fort argu¬ menté d'un urbaniste fribourgeois, Patrice Bulliard, auquel il est encore temps de se référer. Ce fut, à dire vrai, un magistral coup d'épée dans l'eau!

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Le couvent des Augustins et la Sarine avec une première phase du remblais. Depuis lors, on n'a pas avancé d'un

pas dans cette bonne direction. Il y a eu pourtant, des signes d'alerte. Une crue dite «centennale» de la Sarine, fort spectaculaire et dangereuse, se présentant de plus non comme un accident exceptionnel mais un évé¬

nement potentiellement à répétition. D'autres régions de Suisse en savent quelque chose et s'efforcent d'y remédier (voir la Matte à Berne ou Aarberg comme récent «bon exem¬ ple»). Autre signal d'alerte négligé, l'échec, à dire vrai programmé, de la

candidature de Fribourg au patrimoi¬ ne mondial de l'UNESCO, balayée au premier tour.

Cela n'a pas tiré le Fribourg cantonal et communal de sa conjointe torpeur...

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Pour en venir au fait:

Faut-il que, quand on prend une décision engageant l'avenir, faire nécessairement deux pas en avant et un pas en arrière?

Trouver à l'ancien couvent des Augustins, tour à tour prison, archi¬ ves cantonales, service des biens culturels, une utilisation nouvelle pour le Tribunal cantonal, dans des locaux transformés et adaptés dans le respect du patrimoine existant? Pourquoi pas?

Mais alors qu'on s'efforce, du côté communal, en paroles du moins, à limiter la circulation de transit en Basse Ville, en proposant une «zone de rencontre» (malheureu¬ sement sans financement à la clé), est-il judicieux, du côté cantonal, de pérenniser le parking des Augustins en creusant la falaise pour installer un ascenseur le reliant au futur tri¬ bunal?

Si l'emplacement de l'ancienne patinoire a été réutilisé comme par¬ king, cela n'a jamais été qu'un pis- aller et qu'un de ces «provisoires qui durent», car d'un accès malaisé et provoquant des mouvements de voitures au cœur même de cette «zone de rencontre». Et qui plus est, sur un terrain inondable!

Quant à la place située devant l'Egli¬ se des Augustins, son utilisation sous forme de parking est à revoir, pour établir un parvis, conforme à sa fonction religieuse.

Nous demandons en conséquence à la ville et au canton de planifier conjointement une mise en valeur réelle des espaces publics bordant les Augustins.

Nous vous remercions de l'attention que vous porterez à ce cri d'alarme et vous adressons, Mesdames, Messieurs nos salutations les meilleures. PRO FRIBOURG Stalden 14 1700 Fribourg le Président: Jean-Luc Rime le Secrétaire général: Gérard Bourgarel Fribourg, ce 18 août 2010.

La boucle de la Sarine et le quartier de l'Auge vus d'avion. On y cerne bien l'ancien sec¬ teur industriel médiéval avec, à droite, le pont Zaehringen, et au centre, le couvent des Augustins. L'actuel parking n'est pas totalement remblayé.

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LES GASTLOSEN, LA MONTAGNE QUI FASCINE Monique Durussel

Gastlosen: le nom suffit à susciter l'évocation d'images fortes, puis¬ santes et minérales. Le photogra¬ phe Emmanuel Gavillet consacre un beau livre à la chaîne fribourgeoise. Des photographies en noir et blanc «entre lumières et ténèbres» écrit le sculpteur Hugo de Matran dans sa préface. Choisir un sculpteur pour évoquer des images des Gastlosen, quelle pertinence! La chaîne monta¬ gneuse est si proche de la sculpture. Puissante muraille dentelée qui se dresse telle une cathédrale vers le ciel. Pour Caroline Bruegger, graphis¬ te et auteur du texte de la jaquette de l'ouvrage, les Gastlosen sont «comme un lieu sacré, une chaîne de roches mythiques pareilles à l'échiné d'un dragon...dotée d'une beauté et d'une noblesse qui forcent le res¬ pect».

Les superlatifs abondent lorsqu'on évoque les Gastlosen. C'est dans cet esprit que le photographe Emmanuel Gavillet a mené son projet. Pendant 8 ans, il a parcouru la montagne, obser¬ vé, tous les sens aux aguets, pour comprendre plus intérieurement les Gastlosen et finalement en faire les clichés qu'il publie et expose. Chargé de 25 kilos de matériel photographi-

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que à chacune de ses expéditions, Emmanuel Gavillet a arpenté inlas¬ sablement les sentiers rocailleux ou enneigés des Gastlosen. Il a suivi un chemin initiatique dont il nous offre l'essence. «Un théâtre du monde tour à tour dantesque et émouvant... Une nature où l'être humain retrouve sa place... où il fait partie de la créa¬ tion», écrit en substance Hugo de Matran.

Explorateur dans l'âme, Emmanuel Gavillet passe par l'Ecole d'arts appliqués de Vevey, avant d'en¬ treprendre ses expéditions. Il ira à plusieurs reprises en Norvège, tout d'abord sur terre avec «Histoire d'un peuple de légende», puis vers les profondeurs océanes où il fixe sur la pellicule les trésors des épaves englouties. Il en fera plusieurs expo¬ sitions. En 2001, au cours d'un péri¬ ple de quatre mois, il réalise des pri¬ ses de vues sous-marines de l'épave du navire du commandant Charcot, le «Pourquoi-pas?». Il en fait, à nou¬ veau une exposition. Dès 2002, commence l'aventure Gastlosen. Un projet de travail à la chambre photo¬ graphique 20x25 en montagne. Le défi était de taille, notamment en rai¬ son du matériel lourd et encombrant dont le photographe se chargeait. Il a dû trouver, en cours de réalisation, des solutions pour les endroits les plus escarpés.

La chambre photographique, aussi appelée chambre technique de grand format, est l'héritière des premiers appareils photographiques qui utili¬ saient des émulsions photosensibles sur plaques de verre. Les négatifs sur verre ne s'utilisent plus et sont rem¬ placés depuis de nombreuses années par des plans films. Alors, pourquoi choisir la prise de vue à la chambre à l'heure du tout numérique? Parce qu'elle restitue les détails les plus infimes. C'est ce que ce livre photo¬ graphique nous montre en de splen¬ dides images et de subtiles nuances lumineuses.

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Emmanuel Gavillet GASTLOSEN Format 24 x 30 cm 120 pages 80 illustrations Impression bichromie Préface de Hugo de Matran Textes de Mary-Laure Zoss Prix: CHF 69-

Le livre peut-être commandé par mail à egavillet@pourquoi-pas.ch. Il est également en vente dans certai¬ nes libraires.

Emmanuel Gavillet expose à la galerie J.-J. Hofstetterà Fribourg du 15 octobre au 13 novembre 2010, ses nouveaux clichés pris j lors de sa dernière expédition au ; volcan EyjafjallajökulI en Islande en mai et juin de cette année.

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Figure

graphique dans le canton de Fribourg: 1896 - 1939: l'ar¬
graphique 20x25 en montagne. Le  défi était de taille, notamment en rai¬

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