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LA CONNAISSANCE DES CONSULTATIONS

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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DES CONSULTATIONS

Enjeux pour la politique d’acquisition des ressources électroniques du CNRS

MAGALI COLIN

SONIA LAUNAY

SOPHIE PETITJEAN

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Introduction

Avec le report d’une partie des budgets des abonnements papier vers ceux de l’électronique, est apparu le besoin de mesurer les usages faits de ces ressources afin de s’assurer de la pertinence des choix effectués en matière d’abonnement. Aujourd’hui, l’enveloppe budgétaire a atteint un seuil maximum qui ne pourra plus dans l’avenir évoluer.

Les établissements, en proie à des baisses budgétaires, n’ont pas d’autres choix que d’optimiser leur politique d’acquisition. Ceci s’organise à partir de la constitution et l’étude d’indicateurs d’un type nouveau, les statistiques d’utilisation. La mise en place, dans les établissements de grande taille, de groupes travaillant sur la création de statistiques locales d’utilisation est apparue rapidement incontournable.

Cette évidence s’est imposée face aux limites d’exploitation des données, qui ne répondaient pas toutes aux même normes et méthodes de comptage, fournies par les éditeurs. Ainsi, la création de ces statistiques locales d’utilisation établies à partir des logs de connexion aux portails d’accès à l’information mis en ligne, relèvent d’une grande fiabilité.

L’INIST 1, acteur national en information scientifique et technique, participe à ces analyses et expose, dans le présent article, l’avancée de ses travaux ainsi que les méthodes utilisées.

L’acquisition des ressources électroniques du CNRS par l’INIST Le contexte général de la politique documentaire au CNRS

Dans le paysage professionnel français de l’information scientifique et technique, l’INIST, de par ses activités et son expérience, est partie prenante des réflexions actuelles sur le thème de l’acquisition d’information. Depuis 1988, la mission de l’INIST est de collecter, produire et diffuser de l’information à destination des chercheurs du CNRS.

Au-delà des premiers services mis en place, notamment la production des bases de données bibliographiques Francis et Pascal et la fourniture de documents primaires, le besoin de s’adapter à un secteur en évolution est apparu au début des années 2000 avec l’avènement et le développement des ressources électroniques.

1. http://www.inist.fr

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Naturellement, les activités de l’INIST ont suivi cette nouvelle orientation.

On peut rappeler l’ouverture, en 2001, du premier portail, BiblioSciences, offrant l’accès à des bases de données bibliographiques (Medline, Pascal, Francis, Current Contents, Inspec, INIS, Sigle…). Dès 2002, des accès au texte intégral de revues telles que Science et Nature ont été ajoutés. Les années suivantes ont vu la mise en place de différents portails d’accès 2 à l’information scientifique selon les domaines de recherche, répondant aux besoins du CNRS (Drouard et al., 2009). Les portails, créés sur un modèle commun, rassemblent ainsi un ensemble de ressources payantes et gratuites disponibles en ligne et/ou hébergées par l’INIST.

En complément à l’accès aux ressources, les portails offrent des services et outils documentaires tels que des actualités et informations éditoriales, des listes de diffusion et des sessions de formation à distance aux produits en ligne. Ils permettent des actions de communication et de formation qui transforment les portails en vecteurs d’animation de la communauté scientifique représentée.

Une volonté politique de mutualisation des acquisitions et des accès s’est traduite au travers de ces portails thématiques. Les laboratoires ont la possibilité de se désabonner des revues papier au profit d’abonnements électroniques accessibles à tout moment depuis leurs propres ordinateurs ; abonnements négociés par l’INIST et financés par le CNRS. En s’appuyant sur les acquisitions réalisées pour son propre fonds et destinées à nourrir ses activités, depuis 2000, l’INIST a organisé les acquisitions de ressources numériques pour le CNRS, en tant qu’opérateur technique.

Repenser les acquisitions dans le contexte électronique

L’acquisition de ressources électroniques a fait émerger la nécessité d’une nouvelle organisation suivant des procédures adaptées. L’INIST a mis en place un service dédié à l’acquisition des ressources électroniques destinées aux portails thématiques du CNRS. C’est une équipe de quatre personnes qui contactent les soixante-dix éditeurs actuellement concernés par des abonnements ou des tests, mis en place pour les utilisateurs au cours du premier semestre de l’année.

Dans ce contexte, les relations, jusqu’alors stables et reconnues avec les agences d’abonnement, se trouvent modifiées. En effet, en période de

2. Entre 2004 et 2006 naissance des portails BiblioVIE, BiblioSHS, BiblioST2i, TitaneSciences et BiblioPl@nets.

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transition, les intermédiaires s’interrogent et évoluent pour s’adapter aux attentes d’un marché en construction.

Les éditeurs retrouvent leur place dans la négociation et apprécient le contact direct avec les utilisateurs finaux, renforcé par des rencontres régulières sur des salons professionnels 3. Ce contact est, par ailleurs, nécessaire pour offrir une meilleure compréhension des communautés utilisatrices des ressources négociées dans un paysage en pleine mouvance. Dans l’avenir, le monde de l’édition se positionnera assurément, d’un modèle économique papier simple et ordonné, vers des modèles électroniques multiples où nombre d’usagers, de sites, d’équivalents temps plein, des origines de rattachement mixtes des chercheurs de même laboratoire, etc. compliquent déjà la tarification.

L’obtention d’un devis et la phase préalable de négociation imposent alors un contact direct entre client et éditeur.

Au cœur des discussions s’introduisent des éléments nouveaux liés à ce support électronique : éléments techniques préalables au bon fonctionnement des accès aux ressources en ligne. Le métier des documentalistes évolue et demande de nouvelles compétences pour répondre aux exigences techniques de ce nouveau modèle, notamment la définition des accès et la question de l’identification. Un volet juridique s’inscrit désormais dans les relations avec les éditeurs, permettant d’assurer la pérennité des accès aux collections acquises, d’évoquer les contraintes d’archivage des utilisateurs et de contrôler la liste des droits et devoirs de l’utilisateur vis-à-vis de l’éditeur (Kalfon, 2009).

Négociations nationales : mutualiser les efforts, mutualiser les acquisitions Des discussions ayant pour objet l’acquisition de bouquets ou de collections complètes pour l’ensemble du CNRS, pour mise à disposition sur tous les portails, sont organisées avec d’autres établissements publics à vocation scientifique et technique ainsi qu’avec les universités.

Ces négociations, parfois nommées « Big Deals », ont vu le jour dans les années 1990 (Boukacem-Zeghmouri et al., 2008). Ces réseaux ou consortia se sont mis en place pour faire face à la multitude d’éditeurs, de titres, et à la charge de travail imposée par le suivi de telles négociations (Kalfon, 2009).

Aujourd’hui, le CNRS participe aux accords nationaux avec des éditeurs comme Elsevier ou Springer et porte le groupement de commande français pour les bases de données de Thomson Scientific.

3. I-Expo à Paris, Online à Londres, UKSG au Royaume-Uni et la Foire du livre à Francfort.

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Le regroupement des établissements permet de dénombrer les ayants droit, d’éviter un double comptage de populations mixtes et par voie de conséquence un double paiement. Centralisant les négociations, il réduit également les frais de gestion pour l’éditeur et apporte aux établissements une plus grande force de négociation. L’obtention de meilleures conditions financières est ainsi favorisée.

Une des motivations fortes de ces regroupements ou ententes est économique afin d’obtenir l’acquisition, au meilleur prix, de revues électroniques et autres ressources (Nuttin, 2009). Une autre est la mutualisation des compétences sur les plans juridique, administratif et de gestion. Enfin, la mutualisation des acquisitions permet à de petits établissements de bénéficier d’accès à des conditions favorables non proposées par les éditeurs hors groupement de commande.

Quelles que soient les discussions menées avec les éditeurs, les négociations reposent sur des bases communes et nécessitent une grande connaissance des publics destinataires, de l’évolution des usages et des coûts renforcés par la présence d’indicateurs complets et comparables.

La connaissance des consultations utilisateurs. Généralités

Le report d’une partie des budgets des abonnements papier vers l’électronique s’est accompagné du besoin de mesurer les usages faits de ces ressources afin de s’assurer de la pertinence des choix effectués en matière d’abonnement. Pour ce faire et ainsi optimiser la politique d’acquisition des ressources pour les portails du CNRS, il est apparu nécessaire de mettre en place des outils d’aide à la décision. Le travail d’analyse a débuté sur les statistiques d’utilisation fournies par les éditeurs. Deux axes sont étudiés :

– la cohérence entre les besoins des utilisateurs et les ressources acquises ; – la rationalisation des coûts et l’adéquation avec les budgets alloués.

L’usage des ressources identifie les thématiques porteuses des portails, les ressources indispensables pour les chercheurs d’une discipline mais pointent également les titres faiblement consultés susceptibles de ne pas être renouvelés l’année suivante. Les résultats de cette analyse remettent en cause la politique des bouquets proposée par les éditeurs. Ils permettent d’envisager un désabonnement partiel ou total des collections faiblement utilisées ; il en ressort pourtant que les offres éditeurs dans ce contexte ne sont pas toujours avantageuses. Selon les éditeurs et les bouquets ciblés, une limite apparaît rapidement : la contrainte de reconduire les abonnements à un package pour maintenir l’accès aux titres « phares » de celui-ci. Or, dès 2005, des études anglo-saxonnes sur les statistiques d’usage portant sur les « Big Deals »

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démontrent que les titres ajoutés dans le bouquet aux titres précédemment souscrits par une bibliothèque ne recueillent que peu de consultations. Les titres ajoutés restent en marge des collections « cœurs » pour les bibliothèques (Bevan, 2005).

Le travail sur les statistiques d’utilisation rapporté au coût d’un titre, établit un coût par consultation qui peut être utilisé dans les négociations avec les éditeurs ; la condition étant de rationaliser les dépenses faites. La construction d’indicateurs statistiques de l’utilisation s’inscrit dans cette orientation d’une politique documentaire optimisée.

Ce constat est encore renforcé dans un contexte où les budgets destinés à l’achat d’information scientifique et technique sont voués à diminuer progressivement. Afin de se préparer à aborder sereinement une période plus difficile, il est important de construire sa réflexion en posant un certain nombre d’axes de travail. Cette démarche, amorcée à l’INIST, consiste en l’analyse de l’existant pour proposer des axes de travail visant à améliorer et optimiser les négociations avec les éditeurs. Parmi ceux-ci, on peut envisager que :

– l’établissement d’un calendrier où les périodes de préparation des acquisitions et négociations des ressources, selon les hypothèses de travail déterminées pour respecter le budget qui sera alloué en fin d’année, se succéderont de façon optimale ;

– la gestion du circuit de flux des revues, afin de suivre au mieux les phases d’intégration et de suppression des titres sur les portails, sera mise en place ;

– la détermination fine des communautés d’ayants droit selon les thématiques retenues afin de négocier une ressource pour la population d’utilisateurs réelle et non potentielle sera appliquée ;

– la répartition des revues des portails en classes identifiées selon les critères retenus visant à les marquer selon trois critères : indispensables à renouveler, potentiellement acquises à un prix négocié ou non renouvelées, sera déterminée.

Travailler à partir des consultations et faire ainsi « parler » les statistiques, nécessite d’avoir des données homogènes, comparables, stables et fiables entre les éditeurs. Or, toutes, ne sont pas aujourd’hui en conformité avec la norme en vigueur, nommée COUNTER 4 (Boukacem et al., 2006).

4. COUNTER : Counting Online Usage of NeTworked Electronic Resources http://www.projectcounter.org site original anglais, et http://counter.inist.fr site créé par l’INIST pour supporter ce projet avec mise à disposition des traductions des codes de bonnes pratiques préconisés par celui-ci.

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Ce phénomène engendre des formats hétérogènes de données et des statistiques enregistrées selon des méthodes différentes. La comparaison de ces données s’avère difficile, tout comme leur obtention en continu ou à des périodes fixes. Pour résoudre ces problèmes, l’INIST a mis en place, en 2006, un groupe de travail réalisant des statistiques locales.

La production de statistiques d’utilisation des ressources électroniques Choix des statistiques locales

La question de l’analyse des logs est assez ancienne. On peut ainsi définir de grandes périodes visant soit à mesurer la performance des systèmes (milieu des années 1960 à fin des années 1970), puis portant sur l’étude des OPACS (jusqu’à la fin des années 1980) pour aller, ensuite, vers une totale diversification. Les sujets de recherche se multiplient et les travaux portent alors autant sur le comportement des utilisateurs que sur la structure des plateformes et le fonctionnement des systèmes d’information. Dès lors, l’étude des logs a évolué vers une combinaison des différents vecteurs, pour aboutir à l’intérêt actuel d’analyse des logs de consultations, en tant qu’indicateur d’évaluation des revues électroniques, pour parfaire et consolider les politiques d’acquisition.

Les deux projets CLIR 5 et TULIP 6 ont été parmi les plus célèbres et les plus représentatifs de ces mouvements (Jamali et al., 2005).

Après avoir exploré les discussions et les avancées de projets en cours sur ce sujet 7, nous avons retenu la création d’un système local de collecte des statistiques basé sur le comptage des fichiers de journalisation (« logs 8»).

5. CLIR : Council on Library and Information Resources 6. TULIP : The University Licensing Program

7. Via les conférences que l’UKSG consacre à ce thème chaque année ; la participation à la réflexion menée par le GFII en France et à la rédaction d’un vade-mecum intitulé Des abonnements papier aux abonnements électroniques paru en juin 2007 ; la mission d’étude confiée à Sabine Barral par le ministère de l’Enseignement supérieur, dont le rapport final Indicateurs d’usages des ressources électroniques est disponible depuis septembre 2007.

http://www.sup.adc.education.fr/bib/Acti/Electro/mission_barral.pdf

8. Fichiers log. Fichiers texte contenant la liste des transactions réalisées par une application. Dans le cas des serveurs web, les fichiers log contiennent l’ensemble des demandes des navigateurs clients au serveur web. Dans le cas d’une page HTML contenant par exemple quatre images, cela donnera lieu à cinq requêtes (aussi appelées hits) qui correspondent à une requête pour la page HTML et une par image, soit cinq lignes dans le journal des transactions.

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Figure 1. Principe de fonctionnement du portail BiblioCNRS

Sa position d’opérateur technique des portails permet à l’INIST de disposer directement des données nécessaires. Nous avons choisi de nous appuyer sur la méthodologie recommandée dans le cadre du projet COUNTER.

Si les recommandations visant à structurer les chiffres de consultations sont à présent suivies par la plupart des éditeurs scientifiques internationaux, certains toutefois ne sont toujours pas en conformité avec cette norme ou mettent à jour leurs rapports avec retard. De plus, il demeure encore des imprécisions quant à ce que les éditeurs comptabilisent réellement.

En revanche, le lien entre les unités à l’origine des consultations d’articles et les consultations elles-mêmes, à partir de la solution technique de l’EZproxy 9 est incontestablement un plus.

9. EZproxy fournit aux utilisateurs un accès à distance au contenu web sous licence, proposé par les bibliothèques ou des organismes fédérateurs. Il s’agit d’un intergiciel permettant d’authentifier les utilisateurs d’une communauté par rapport aux données du système d’authentification local. Sous réserve que l’utilisateur dispose des autorisations requises, cette solution fournit un accès distant au contenu sous licence de la communauté. Il joue le rôle d’intermédiaire entre le navigateur de l’utilisateur et le contenu sous licence qu’il rend accessible.

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Méthodologie Un entrepôt unique

L’objectif étant de mesurer l’usage des ressources et de le mettre en relation avec des informations de différentes origines, une base de données de type

« DATA Center » a été construite. Elle permet de centraliser les données bibliographiques (extractions du SIGB Millennium d’Innovative Interface), tarifaires des revues, le facteur d’impact (Journal Citation Report), ainsi que des données descriptives sur les laboratoires (localisation, nombre de chercheurs, sections du comité national), extraites de l’annuaire Labintel du CNRS. Cette base de données centralise également les transactions (logs).

Certaines tables résultent d’extractions, d’autres sont issues de diverses sources, d’autres enfin ont dû être créées entièrement afin d’introduire des renseignements qui existaient de manière aléatoire et dispersée.

Figure 2. Fonctionnement du prototype d’élaboration des statistiques de consultation des ressources électroniques du portail

Des écarts constatés entre les comptages des éditeurs et les nôtres

Chaque plateforme éditeur étant spécifique, il a fallu écrire des algorithmes de reconnaissance des consultations propres à chaque plateforme. Les fichiers de transactions délivrés par EZproxy sont constitués de données brutes qui sont triées, dédoublonnées puis épurées sur la base des recommandations

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COUNTER. Des tests manuels permettent de vérifier la conformité des consultations mesurées avec les consultations fournies par les éditeurs. Une fois ce travail d’épuration effectué, par dédoublonnage, des transactions réalisées ainsi que de la totalité des plateformes et des éditeurs présents testés, nous étions en mesure de garantir les relevés issus de la base de données créée en interne, en conformité avec la seule norme internationale admise.

Les résultats obtenus ont alors pu être rapprochés des statistiques fournies par les producteurs des ressources. La comparaison avec ces derniers a permis de mettre en lumière des écarts importants, allant du simple au double.

Pour quelques éditeurs (moins de dix sur quarante-sept pour le portail en Sciences du vivant), nous nous sommes trouvés confrontés à une impossibilité de reconstruire la structure syntaxique des transactions permettant l’identification des ressources consultées (revue, plateforme, article). Nous avons décidé alors de compléter les consultations par les données produites et transmises par les éditeurs. En revanche, nous disposons à présent de statistiques sur des ressources pour lesquelles les éditeurs n’en proposent pas.

Finalement, nous sommes parvenus au terme d’une année et demie à la production d’un tableau de bord, composé d’indicateurs permettant de décrire de manière quantitative les revues acquises par mode payant, à partir de la traçabilité des consultations d’articles (pdf et html équivalent à COUNTER – JR1) par les utilisateurs des portails BiblioVIE et BiblioSHS.

Inspirés des normes ISO 11620 et 2789 adaptés au contexte des consultations distantes, les indicateurs produits sont fiables, répétables et permettent des comparaisons entre ressources, éditeurs, portails, ayants droit et périodes analysées.

Difficultés rencontrées

Le volume des fichiers générés nécessite le développement d’une base de données dédiée spécifiquement aux utilisations des ressources électroniques, ainsi qu’un fort investissement en personnel et en temps de travail. Pour mener à bien le projet, un groupe de travail composé de huit personnes s’est constitué dès janvier 2006, dont trois à quatre personnes avec un fort investissement temporel (3/4 de temps) durant les étapes de tests systématiques.

Les premières études ont été délimitées aux revues payantes (qui représentent la plus grande partie des budgets) et seront à l’avenir déployées aux bases de données. En revanche, la consultation de ressources en accès libre, qui ne nécessite pas d’authentification, échappe aux statistiques.

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Exploitation des indicateurs

A partir des statistiques de consultation, il est possible de construire de nombreux indicateurs utiles à la compréhension de l’utilisation des ressources et à la négociation avec les éditeurs.

Ainsi, nous pouvons identifier les revues qui sont les plus utilisées et dans quelle proportion, de les comparer aux autres qui a contrario intéressent peu les utilisateurs, connaître l’utilisation des ressources par les laboratoires CNRS et disposer de chiffres clés tels que le nombre moyen de consultations, le coût moyen de consultations, par portail, par revue, par éditeur. D’autres chiffres permettent de disposer de grilles d’informations riches et utiles afin de définir la politique documentaire des ressources électroniques au CNRS.

Voici à titre d’exemple et d’illustration quatre tableaux de statistiques issues des deux portails BiblioVIE et BiblioSHS relatifs à l’année 2007.

Tableau 1. Top 10 des éditeurs (portail BiblioVIE)

Rang Editeurs Nb de titres

accessibles

Part des consultations

totales

1 Elsevier 1918 29 %

2 Nature Publishing Group 32 14 %

3 Cell Press 10 7 %

4 Blackwell Publishing 71 5 %

5 AAAS 5 4 %

6 Springer 1157 4 %

7 American Society for Biochemistry

and Molecular Biology 3 3 %

8 National Academy of Sciences 1 3 %

9 Ovid 140 3 %

10 American Society for Microbiology 11 3 %

3 348 75 %

Parmi les 3 655 revues payantes accessibles et publiées par 46 éditeurs, la part des consultations de ce Top 10 des éditeurs est relativisée par le nombre de revues composant les collections.

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Tableau 2. Top 5 des éditeurs (portail BiblioSHS)

Rang Éditeurs Nb de titres

accessibles Part des consultations totales

1 J-Stor 863 63 %

2 Elsevier 2 012 17 %

3 Muse 297 9 %

4 Springer 1 156 3 %

5 ProQuest 463 2 %

4 791 94 %

Le classement montre l’importance des consultations par collection sur un total de 4 916 revues payantes issues de sept éditeurs consultables.

Tableau 3. Part des consultations par domaine scientifique (portail BiblioVIE)

Rang Domaines scientifiques Part des

consultations totales

Part des titres accessibles 1 Biochimie, biologie moléculaire, biophysique 15 % 6,1 %

2 Multidisciplinaire 12 % 0,2 %

3 Biologie cellulaire, histologie 9 % 2,5 %

4 Neurologie 4 % 3,0 %

5 Physiologie, morphologie 4 % 3,3 %

6 Génétique 4 % 1,6 %

7 Biotechnologies 3 % 1,9 %

8 Immunologie, immunopathologie, allergologie 3 % 1,6 % 9 Microbiologie, maladies infectieuses 3 % 2,2 %

10 Cancérologie 3 % 1,4 %

11 Médecine et chirurgie générales 3 % 3,4 %

12 Biologie végétale 3 % 1,0 %

66 %

Sur 124 domaines scientifiques représentés, douze concentrent 66 % des consultations.

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Tableau 4. Part des consultations par domaine scientifique (portail BiblioSHS) Rang Domaines Scientifiques Part des

consultations totales Part des titres accessibles

1 Economie 9 % 2,1 %

2 Sociologie 8 % 3,7 %

3 Ethnologie 6 % 2,6 %

4 Gestion, économie, management 5 % 1,8 %

5 Histoire 5 % 3,2 %

6 Philosophie 4 % 1,8 %

7 Archéologie 4 % 0,6 %

8 Pollution 3 % 2,5 %

9 Linguistique 3 % 1,9 %

10 Littérature 2 % 3,4 %

11 Musique, musicologie et arts de la scène 2 % 1,6 %

12 Religion 1 % 1,1 %

13 Art 1 % 1,5 %

14 Gestion, management 1 % 0,5 %

15 Droit 1 % 1,0 %

16 Géographie, cartographie, pôles 1 % 0,7 %

56 %

Sur 123 domaines scientifiques représentés, seize concentrent 56 % des consultations.

Le partage d’expériences inter-établissements : apport de l’INIST

Les premiers résultats obtenus par le groupe de travail « Statistiques d’utilisation » mis en place à l’INIST permettent de s’associer à d’autres établissements dans le travail sur les indicateurs. En effet, la participation à différentes réunions de travail ou conférences met en lumière les problématiques communes des équipes travaillant sur les usages des ressources électroniques.

Au sein du groupe de travail mis en place par COUPERIN pour aborder la question des Electronic Resources Management Systems (ERMS), la question des statistiques d’utilisation a immédiatement été évoquée. Ce groupe réunit les différentes universités membres de COUPERIN autour du projet d’acquisition et de la mise en place d’un système de gestion des ressources électroniques

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commun, dans un but de partage des informations. La difficulté, concernant les statistiques d’usage de chaque établissement impliqué, est de mutualiser les données en provenance de différents sites et de rédiger un parseur 10 commun.

Face à cette question, qui dépasse le cadre défini du groupe actuellement en place, l’étude sur les statistiques a été arrêtée. Elle sera reprise ultérieurement dans un groupe dédié aux questions statistiques.

Diverses manifestations, dont la conférence NFAIS et des journées d’étude organisées par l’Université de Lille 3 et l’ADBS, ont donné lieu à des présentations de méthodologie et de résultats obtenus à l’INIST.

La diversité des intervenants et des démarches permet d’élargir le champ des réflexions menées autour de la production d’indicateurs pour optimiser la politique documentaire des établissements. Des discussions, il en ressort un panorama intéressant, des suggestions aux problématiques communes :

– difficultés rencontrées par les petits éditeurs pour rendre leurs statistiques conformes à COUNTER, norme reconnue et demandée par les utilisateurs ;

–confrontations à des incertitudes relatives au comptage des téléchargements, à la valeur tarifaire d’une revue, à la distinction qu’il convient de faire entre une archive et le courant d’une revue, et enfin à la détermination d’un poids à attribuer à une revue faisant partie d’un bouquet ;

– relativisation nécessaire des résultats, notamment, en raison d’accès multiples proposés aux chercheurs (CNRS, Université, INSERM...) ;

– nécessité évidente d’obtenir techniquement des identifiants communs et normalisés pour promouvoir l’interopérabilité des acteurs du domaine de l’information, qu’ils soient universitaires, éditeurs ou revendeurs.

Des études qualitatives déjà abordées par différents établissements, se dégage un axe intéressant soulignant la non-corrélation entre le facteur d’impact et les consultations : si quelques titres à fort FI sont très consultés, le reste est très disséminé. Quelques résultats plus détaillés ont été présentés récemment pour le portail BiblioVIE (Badolato et al., 2009).

Avec l’avancée des travaux du groupe « Statistiques d’utilisation », l’INIST se rapproche du projet EPEF 11. Les résultats de ce projet donnent de nouvelles

10. Analyseur syntaxique. Dans le contexte de l’application portail_stat, un parseur exploite la structure syntaxique des lignes des journaux de transaction pour en déduire la demande du navigateur client : identité du client, plateforme éditeur demandée, revue demandée, type de consultation demandée.

11 « Evaluation des périodiques électroniques dans le réseau universitaire français : approche comparée par les usages » : projet ANR « Jeunes Chercheuses et Jeunes

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perspectives sur l’usage des ressources acquises. Une des conclusions suggère que les statistiques doivent être étudiées, en France, à la fois à un niveau consortium et local (Boukacem-Zeghmouri et al., 2008).

On pourra ainsi obtenir d’un côté des tendances globales établies à partir des usages et localement, couplé avec les données budgétaires, obtenir des informations pour construire une aide à la négociation, orienter les politiques documentaires et le partage des ressources.

Mise en pratique : utiliser les statistiques d’usage pour orienter la politique documentaire

Face aux baisses budgétaires survenues pour le CNRS fin d’année 2008 (budget en diminution de 30 % pour l’acquisition de ressources électroniques), l’INIST a été contraint de se désabonner de revues et bases de données disponibles sur les portails du CNRS. Ce choix s’est fait en utilisant, entre autres, des critères quantitatifs. Le recours aux tableaux de bord, déjà réalisés sur les portails BiblioVIE et BiblioSHS, a servi de base au raisonnement.

En effet, les ressources avaient été classées à l’aide des différents indicateurs que nous venons de présenter. La production de tels indicateurs a permis un étalonnement des ressources payantes, des comparaisons entre elles et un éclairage en matière de choix de reconduction des abonnements ou de désabonnement lors des trois dernières campagnes d’acquisition. Ainsi, ces données nous ont aidés à établir un nouveau dialogue avec les éditeurs en les amenant à travailler sur plusieurs offres selon les hypothèses de renouvellement retenues.

Notre limite a pourtant été d’aborder la question des packages desquels nous souhaitions supprimer des titres. Les éditeurs n’ont pas encore assoupli leur politique pour répondre favorablement et de façon intéressante aux demandes des établissements : les prix pour les packages restant toujours plus attractifs que les prix établis pour quelques titres choisis. Notre décision a alors été de se désabonner du package total, lorsque le nombre de titres peu utilisés était majoritaire chez un éditeur.

Il semble que les indicateurs tels que les statistiques d’usage deviennent des éléments forts dans les négociations avec les éditeurs. Si certains proposent déjà des modèles tarifaires s’appuyant sur l’usage, il semble que les utilisateurs se

Chercheurs » porté par C. Boukacem-Zeghmouri (GERiiCO, Lille 3) dont la mission est d’accompagner la mise en place d’une méthodologie visant à construire des indicateurs pour analyser l’usage d’une collection de revues électroniques.

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soient déjà appropriés ces éléments dans les négociations. Les établissements reconnaissent que les tarifs doivent s’appuyer sur une étude des consultations.

Dans le contexte budgétaire actuel, nous envisageons fortement de pouvoir obtenir de meilleures offres à l’avenir, en les établissant non seulement sur la base de la population d’utilisateurs déclarés mais plus encore sur le nombre d’utilisateurs réels, sachant que consultations et nombre d’utilisateurs sont fortement liés (Jamali et al., 2005).

Conclusion. Les enjeux d’une mutualisation

Au vu des études mises en place au niveau français et international, il semble aujourd’hui évident que la production d’indicateurs, notamment à partir de l’analyse des statistiques d’utilisation, représente un enjeu pour les années à venir qui permettra d’optimiser les politiques d’acquisition.

Les premiers résultats de ces études, présentés et échangés lors de journées d’études des professionnels de l’information, conduisent à renforcer les arguments de négociation auprès des éditeurs.

L’enjeu est alors de réussir à favoriser et poursuivre le partage d’expériences, amorcé ces dernières années, pour obtenir une mutualisation des méthodes de recherche et des résultats, pouvant bénéficier à tous.

Vision globale de l’usage des ressources acquises

L’importance d’une mise en commun des résultats est particulièrement évidente dans le cas des négociations au niveau national. En effet, chacun des partenaires obtient des statistiques qui reprennent des consultations venant d’autres établissements. Le problème étant d’obtenir les consultations faites au travers de tous les portails de revues électroniques mis à disposition des chercheurs. Ceux-ci peuvent, selon le laboratoire d’appartenance, se voir offrir à la fois un accès CNRS et un accès universitaire. Selon leurs pratiques de consultation, les usages seront retenus sur l’un ou l’autre des portails. Cette perte d’information vient fausser les analyses qui sont faites d’une collection de titres et seule une analyse de l’ensemble des chiffres d’utilisation sur le plan national autoriserait une conclusion définitive.

Mutualiser les efforts entre les différents acteurs

La mise en place d’un système local de collecte des informations de consultation des documents numériques apporte une valeur ajoutée à la gestion

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stratégique des ressources des portails. Cependant, la mise en place de ce système représente un investissement lourd en moyens humains et de nombreux opérateurs de portail souhaiteraient pouvoir en disposer. Le respect des normes et des standards du domaine permet d’envisager de partager les travaux réalisés, en particulier au niveau de la reconnaissance des consultations des plateformes éditeurs et ce, dans une dynamique française ou européenne.

Perspectives

Pour poursuivre la réflexion sur les travaux organisés autour des statistiques d’utilisation, une alternative aux méthodes de comptage a posteriori se dessine et consiste à mettre en place des trackers dédiés à l’enregistrement des consultations en temps réel. Cependant, elle suppose une pleine collaboration des éditeurs (Goettmann, 2009).

D’autres réflexions sur le comportement des utilisateurs, face aux ressources électroniques qui leur sont proposées, apporteront des facettes intéressantes à l’interprétation des statistiques si l’on parvient à tenir compte d’éléments extérieurs influençant les usages, comme les outils et technologies mis à disposition sur les portails, notamment la recherche fédérée (Boukacem- Zeghmouri et al., 2008).

Bibliographie

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