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Une pyomyosite à staphylocoque epidermidis chez un patient immunocompétent révélant une drépanocytose.

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Academic year: 2022

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Revue Marocaine de Rhumatologie

CAS CLINIQUE

Résumé

La pyomyosite est une infection à pyogènes du muscle squelettique, rencontrée essentiellement chez des patients immunodéprimés. Nous rapportons le cas d’un jeune sportif de 20 ans, hospitalisé à l’occasion d’une douleur trochantérienne aigue febrile, entrainant une impotance fonctionnelle totale. Le diagnostic de pyomyosite était confirmé au scanner et à l’IRM.

Les hémocultures avaient isolé un staphylocoque blanc et la recherche d’un terrain prédisposant a permis de révéler deux facteurs favorisants:

des traumatismes musculaires répétés et une drépanocytose AS. Un traitement médical par une bi-antibiothérapie adaptée a permis une bonne réponse clinque et biologique. La pyomyosite est une affection rare chez l’immunocompétent qui peut guérir sans séquelles. La recherche des facteurs favorisants reste indisponsable pour une bonne prise en charge des malades.

Mots clés :

Pyomyosite; Staphylocoque epidermidis; Drépanocytose.

Abstract

Pyomyositis is defined as suppurative infection of the skeletal muscle and mainly occurs in immunocompromized patients. We report the case of a 20 years old athlete presenting to our institution with an acute gluteal pain resulting in total functional impotence. The diagnosis of pyomyositis was confirmed by computed tomography and magnetic resonance imaging.

Blood cultures had isolated staphylococcus epidermidis. Two predisposing factors were suggested: repeated muscle trauma and AS sickle cell disease. Appropriate antimicrobial therapy ensured complete resolution of the infection. Pyomyositis is a rare condition in the immunocompetent patient that can heal without sequelae. The research of the predisposing factors remains important for a good care of patients.

Key words :

Pyomyositis; Staphylococcus epidermidis; Sickle cell disease.

Correspondance à adresser à : Dr. J. Bahha Email : jihane.bahha@gmail.com

Disponible en ligne sur www.smr.ma

La pyomyosite est une infection primitive à pyogènes du muscle squelettique et une affection rare du sujet immunocompétent dans les pays tempérés [1].

Nous rapportons un cas de pyomyosite du moyen fessier à staphylocoque epidermidis chez un jeune immunocompétent révélant une drépanocytose hétérozygote.

OBSERVATION

Monsieur D.T, âgé de 20 ans, mécanicien de profession, pratiquant régulièrement le taekwondo, ayant comme antécédents : une tuberculose pulmonaire traitée en 2009, était hospitalisé pour une douleur trochantérienne droite, intense et insomniante, irradiant vers la face latérale de la cuisse et entrainant une impotence fonctionnelle totale.

Cette douleur évoluait depuis 5 jours dans un contexte

Une pyomyosite à staphylocoque epidermidis chez un patient immunocompétent révélant une drépanocytose.

A staphylococcus epidermidis pyomyositis in an immunocompetent patient revealing sickle cell anemia

Jihane Bahha, Bouchra Amine, Latifa Tahiri, Mariam Erraoui, Imane Elbinoune, Samira Rostom, Rachid Bahiri

Service de Rhumatologie, Hôpital El Ayachi, CHU Rabat-Salé - Maroc.

Rev Mar Rhum 2017; 41: 57-9 DOI 10.24398/a.253.2017

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Revue Marocaine de Rhumatologie

CAS CLINIQUE

de fièvre chiffrée à 39 °C. L’examen clinique trouvait un patient fébrile à 39 °C, tachycarde à 110 bpm, la mobilisation du membre inferieur droit était impossible vu l’intensité de la douleur qui siégeait préférentiellement au niveau de la région trochantérienne avec présence d’une rougeur cutanée en regard. Le reste de l’examen somatique était sans particularité. Le bilan biologique montrait : une protéine C-réactive à 420 mg/L, une augmentation de la vitesse de sédimentation à 88 mm à la première heure, une hyperleucocytose à 11210 / mm³ à prédominance polynucléaires neutrophiles et une anémie à 10,5 g/dl normochrome normocytaire.

Les hémocultures mettaient en évidence la présence d’un Staphylococcus Epidermidis. La radiographie standard était sans anomalie, l’échographie montrait une infiltration liquidienne non collectée s’infiltrant entre les fascias des muscles fessiers. Le scanner objectivait une myosite du moyen fessier non collectée sans atteinte articulaire ou osseuse. L’IRM confirmait le même aspect retrouvé au scanner : collection abcédée du moyen fessier (Fig 1). La recherche d’une immunodépression était négative, notamment une infection au VIH et un diabète. Par ailleurs, l’électrophorèse de l’hémoglobine avait objectivé une drépanocytose hétérozygote AS. Le diagnostic d’une pyomyosite du moyen fessier droit à staphylocoque epidermidis chez un patient portant un trait drépanocytaire était donc retenu. Le traitement a duré 6 semaines, à base d’une bi-antibiothérapie associant la

Gentamycine 160 mg par jour pendant les trois premiers jours et la Ceftriaxone 2 g par jour, avec une bonne réponse clinique et biologique, suivi d’une rééducation douce à visée musculaire et articulaire permettant au patient de retrouver une marche et une amplitude articulaire normales. Le patient est suivi régulièrement depuis 18 mois et il n’a pas présenté de rechute.

DISCUSSION

La pyomyosite, décrite pour la première fois par Scriba en 1885 [2], est une infection bactérienne aigue du muscle squelettique et une complication rare de la drépanocytose.

Elle est endémique dans les pays tropicaux d’où son nom de pyomyosite tropicale. L’incidence annuelle dans certains pays, est comprise entre 1 pour 1000 et 1 pour 5000 [3]. Elle est particulièrement fréquente chez les adolescents et les hommes jeunes.

La pyomyosite est exceptionnellement présente dans las pays tempérés, mais sa reconnaissance a progressé avec l’augmentation de la prévalence de l’immunodépression et de la toxicomanie par voie intraveineuse. Néanmoins, la pyomyosite peut toucher les sujets immunocompétents.

Son mécanisme de survenue est méconnu ; de nombreux facteurs favorisant ont été décrits : une notion de traumatismes musculaires répétés, une immunodépression:

essentiellement une infection à HIV, mais également : le diabète, une néoplasie, une hémopathie, une connectivite, une corticothérapie, une chimiothérapie, une carence alimentaire, une infection virale ou parasitaire préexistante, une infection dentaire ou cutanée et la drépanocytose [3].

En étant la maladie génétique humaine la plus fréquente, la drépanocytose correspond à la synthèse d’une hémoglobine anormale, l’HbS, différente de l’Hb normale (HbA). L’HbS est capable de polymériser dans certaines circonstances, provoquant la falciformation des globules rouges [4].

Le mécanisme de survenue de la pyomyosite chez notre patient pourrait être expliqué par des traumatismes musculaires répétés au cours de sa pratique sportive (taekwondo), provoquant des hématomes musculaires qui vont surinfecter et ainsi feront le lit de survenue de la pyomyosite, sans oublier la présence d’une drépanocytose hétérozygote AS qui pourrait être responsable d’une formation de thrombus drépanocytaire favorisé par l’anoxie relative du muscle surmené.

J. Bahhaet al.

Figure : IRM du bassin en coupe coronale (séquence pondérée en T1 avec injection de gadolinium). Anneaux d’hypersignal limitant les zones d’hypo-signal correspondant aux abcès musculaires. Les flèches indiquent la pyomyosite du moyen fessier.

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Une pyomyosite à staphylocoque epidermidis chez un patient immunocompétent révélant une drépanocytose

Cliniquement, la pyomyosite évolue en 3 stades : le premier stade est le stade présuppuratif (le cas de notre observation), caractérisé par douleurs musculaires localisées avec fièvre et signes inflammatoires localisés, le deuxième stade est le stade suppuratif, caractérisé par la formation d’un ou de plusieurs abcès musculaires avec une fièvre plus marquée. Le troisième stade est caractérisé par la généralisation de l’infection avec risque de choc septique. [5]

La pyomyosite atteint préférentiellement les gros muscles du tronc et des membres inférieurs. Notre patient fait partie de la moitié des cas de pyomyosite où les muscles les plus touchés sont les muscles des cuisses et les fessiers, suivis des psoas dans 20 % des cas. Par ailleurs, tous les muscles peuvent être concernés [6].

Dans la pyomyosite, le staphylocoque doré est en cause dans plus de 90 % [7]. Les staphylocoques blancs sont plus occasionnellement en cause de la pyomyosite en dehors de toute immunodépression, ce qui est le cas de notre patient. Cependant, plusieurs autres germes ont été identifiés: les streptocoques, les bacilles gram négatif et les anaérobies.

L’isolement du germe est réalisé le plus souvent grâce à la ponction de l’abcès. Par ailleurs, les hémocultures sont plus rarement positives (30 à 40% des cas). Dans notre observation, nous avons isolé un staphylococcus epidermidis à l’hémoculture.

Le traitement associe en général le drainage de l’abcès et une antibiothérapie adaptée. Le traitement médical seul peut suffire quand le diagnostic est posé précocement, au stade présuppuratif, ce qui est le cas de notre patient. La durée du traitement est fonction du tableau clinique. Elle est de 3 semaines en moyenne [8]. La guérison se fait généralement sans séquelle.

CONCLUSION

La pyomyosite est une infection primitive du muscle squelettique, qui peut être présente chez les immunocompétents dans les pays tempérés.

Notre observation illustre l’importance du diagnostic et du traitement précoce de la pyomyosite garantissant une évolution favorable sans séquelles. La recherche des facteurs favorisants reste primordiale pour une meilleure prise en charge des malades.

RéféRENCES

1. Small LN, Ross JJ. Tropical and temperate pyomyositis. Inf Dis Clin N Am 2005;19:981e9.

2. Scriba J. Beitrag zur Aetiologie der Myositis acuta. Dtsch Z Chir 1885;22:497–502.

3. I. Tonolli-Sérabian, A. Demoux b, M. Luc, J. Graueret.

Pyomyosites tropicales. Revue du rhumatisme 2003 ; 70 :115–18 4. F. Lionnet, J-B. Arlet, P. Bartolucci , A. Habibi , J.-A. Ribeil, K.

Stankovic, pour le groupe de recommandations et d’étude de la drépanocytose de l’adulte (GREDA). Recommandations pratiques de prise en charge de la drépanocytose de l’adulte. La Revue de médecine interne 2009; 30 :162–223

5. Chekir T, Omezzine Letaief A, Bahri F, Jamel A, Aloui S, Jemni L.

La pyomyosite chez l’adulte en Tunisie centrale. Rev Méd Interne 1996;17:300–4.

6. Schecter W, Rintel T, Slutkin G, Schecter G, Tuato’o V. Tropical pyomyositis of the iliacus muscle in American Samoa. AmJ Trop Med Hyg 1983;32:809–11

7. Christin, L, & Sarosi, G. A. Pyomyositis in North America:

case reports and review. Clinical Infectious Diseases 1992;15:668−677.

8. Armstrong D. G, D’Amato C. R, Strong M. L. Three cases of staphylococcal pyomyositis in adolescence, including one patient with neurologic compromise. Journal of Pediatric Orthopedics 1993;13: 452−455.

Références

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