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Article pp.659-660 du Vol.27 n°5 (2008)

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CHRONIQUE

Les scientifiques doivent-ils continuer à écrire en français ?

Il est admis que la recherche scientifique est une activité dans laquelle les chercheurs du monde sont en compétition dont la lingua franca est l’anglais. Dès lors la question posée en titre peut paraître saugrenue. Il y a pourtant de bonnes raisons pour répondre par l’affirmative.

D’abord, la recherche reposant beaucoup sur des financements publics, une élémentaire considération voudrait que les contribuables de base puissent avoir accès à ce qu’ils ont, sur leurs impôts, soutenu.

La deuxième raison concerne l’enseignement. Dans le premier cycle de l’enseignement supérieur et même jusqu’à l’issue du master, beaucoup d’étudiants, d’élèves des écoles et d’enseignants s’obstinent à parler leur langue maternelle, il y a donc un urgent besoin de supports de cours et de travaux dirigés en cette langue. La production de livres de synthèse et de manuels en français est donc une tâche extrêmement honorable et même nécessaire, sinon les étudiants ne disposent que de bouts de cours manuscrits ou d’origines diverses qui même mis bout à bout n’ont pas la profondeur et la force de persuasion d’un bon manuel ou d’un bon article de synthèse qui constitueront une référence pour la suite des études. Comment faire aimer une discipline en offrant que des livres en anglais qui ne sont en général pas adaptés, ni au niveau, ni à la didactique, ni aux habitudes que nous avons de structurer nos enseignements.

La troisième raison relève de l’apprentissage. Il faut un grand entraînement pour pouvoir s’exprimer dans une autre langue que sa langue maternelle avec le même sens de la nuance, avec la même richesse d’image, avec le même humour et avec la même complicité. Il est donc très utile qu’un jeune chercheur ou un thésard puisse travailler avec son superviseur dans sa langue maternelle. Cela seul facilite une totale complicité. Et quel meilleur moyen de travailler que de rédiger des articles préparatoires, même si l’ultime version finit, dans un conditionnement standard, en anglais.

Voilà au moins trois bonnes raisons de considérer la publication scientifique en français comme une nécessité. Et on n’abordera pas dans cet article la question de la publication en langue maternelle dans le domaine des humanités puisqu’elle est un peu moins menacée qu’en sciences. Au fil de notre plaidoyer, on a compris que la mise à disposition du savoir scientifique à différents niveaux sauf le plus haut doit continuer à se faire en français. Pour que cette production continue, il est urgent de valoriser normalement cette activité ce qui n’est pas le cas en ce moment en France.

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur tsi.revuesonline.com

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660 RSTI - TSI. Volume 27 – n° 5/2008

En effet, les systèmes de référencement des publications alimentés par les grands éditeurs anglo-saxons ne prennent en compte que les publications en anglais, avec un biais marqué pour les leurs ! Si bien que, ou notre système national valorise à sa juste valeur cette production, ou elle disparaîtra, ce qui se passe actuellement.

Reconnaître à leur juste valeur les publications en français, suppose que les sections du comité national du CNRS, du CNU et de l’AERES prennent en compte, peut-être dans une rubrique particulière, les revues en français, en fonction de leur exigence de qualité, et prennent en compte les livres et manuels en français. Il n’est pas normal qu’à l’heure actuelle, un bon livre qui met à la disposition du public français les recherches en grande partie payées par les contribuables français ne soit pas pris en compte dans l’évaluation d’un chercheur. C’est contraire à l’esprit de la loi qui fixe comme mission aux Universités, je cite « la diffusion de la culture et l’information scientifique et technique » et cela choque le bon sens. Et qu’on ne vienne pas nous dire qu’il est difficile d’évaluer la valeur d’un livre : le bouche à oreille fait vite connaître l’intérêt d’un livre dans la communauté concernée. On pourrait d’ailleurs procéder par interrogations directes des membres d’une section donnée du comité national du CNRS pour savoir ce qu’ils ont lu dans l’année.

Avec un peu d’imagination et de bonne volonté on trouvera des solutions, le pas à franchir est celui de décider que notre communauté française ou francophone a encore la capacité de penser par elle-même et ne pas rejeter comme insignifiant tout ce qui s’écrit en français.

Les rédacteurs des revues RSTI

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