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Concepts, monnaie et institutions.

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Concepts, monnaie et institutions.

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Qu’est-ce que la monnaie?

Sans elle, les économies modernes ne pourraient pas fonctionner

Presque tout le monde a sans doute eu l’occasion de manipuler de la monnaie, souvent au quotidien. Mais, bien que la monnaie soit un objet familier, il est souvent difficile de la définir ou d’en expliquer les rouages. En bref, la monnaie sert :

de réserve de valeur, ce qui signifie qu’on peut la garder et s’en servir plus tard, pour lisser ses achats dans le temps;

d’unité́ de compte, c’est-à-dire de base commune des prix;

ou

de moyen d’échange pour acheter ou vendre.

La façon la plus simple de définir le rôle de la monnaie est peut-être de songer à ce qui changerait en son absence.

Sans monnaie, nous serions réduits à une économie de troc.

Pour acquérir quelque chose, il faudrait donner autre chose en échange. Par exemple, un mécanicien, pour se procurer des aliments, devrait trouver un agriculteur dont la voiture serait en panne.

Et si l’agriculteur n’avait rien à faire réparer? Et s’il ne pouvait offrir au mécanicien que des œufs en quantités dont il ne saurait que faire? S’il faut trouver un interlocuteur particulier avec qui faire du troc, il devient très difficile de se spécialiser.

On risque de mourir de faim avant de le trouver.

Mais avec la monnaie, pas besoin de trouver cet interlocuteur.

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Il suffit qu’il y ait un marché sur lequel vendre ses biens ou services. Sur ce marché, vous n’échangez pas un bien contre un autre : vous échangez vos biens et services contre un moyen de paie- ment commun, la monnaie.

Ensuite, vous l’utilisez pour acheter ce dont vous avez besoin à d’autres personnes, qui acceptent le même moyen de paiement. Avec la spécialisation, il est facile de produire davantage, ce qui accroit la demande de transactions et donc la demande de monnaie.

Profusion de monnaies

Pour dire les choses autrement, la monnaie est quelque chose qui garde longtemps sa valeur, qui peut aisément servir à exprimer les prix et qui est largement accepté. Au cours des siècles, beaucoup de choses différentes ont servi de monnaie : coquillages, orge, grains de poivre, or ou argent, entre autres.

Au départ, la valeur de la monnaie était fondée sur les différents emplois qu’on pouvait en faire et sur le fait qu’elle avait un cout de remplacement. On pouvait, par exemple, manger l’orge et utiliser le poivre pour assaisonner la nourriture.

La valeur assignée à cette consommation en fixe la valeur plancher. N’importe qui peut en faire pousser davantage, mais cela prend du temps et, si l’orge a été mangée, la masse de monnaie diminue.

Beaucoup de gens voudraient, par exemple, des fraises et seraient ravis de s’en servir pour commercer, mais les fraises ne sont pas une bonne monnaie d’échange, car elles sont périssables. Il est difficile de les conserver pour les utiliser dans un mois, encore moins dans un an, et il est quasiment impossible de les échanger dans des contrées lointaines.

S’ajoute le problème de la divisibilité́ — toute valeur n’est pas facile à diviser, et il n’est pas aisé non plus de normaliser chaque unité́; il n’est pas facile, par exemple, d’établir la valeur d’une

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barquette de fraises par rapport à un autre article et de maintenir cette valeur constante. Les fraises ne sont pas une bonne monnaie d’échange, mais c’est aussi le cas de la plupart des autres biens.

Les métaux précieux, par contre, semblent posséder les trois qualités requises : unité́ de compte stable, réserve de valeur durable et moyen d’échange commode. Ils sont difficiles à extraire.

Il y en a une quantité́ limitée dans le sous-sol. Ils supportent bien l’épreuve du temps. Ils sont aisément divisibles, en pièces or- malaisées, et ne perdent pas leur valeur lorsqu’ils sont morcelés en unités plus petites.

Leur durabilité́, leur disponibilité́ en quantité́ limitée, leur coût de remplacement élevé́ et leur portabilité́ font des métaux précieux une solution plus attrayante pour la monnaie que d’autres biens.

Jusqu’à une période relativement récente, l’or et l’argent étaient le principal mode de paiement utilisé.

Mais ce sont des métaux lourds et, à la longue, au lieu de transporter le métal précieux et de l’échanger contre des biens, il est apparu plus commode de le déposer auprès d’une banque et d’utiliser, pour acheter et vendre, des billets correspondant à un titre de propriété́ de l’or ou de l’argent donné en dépôt.

N’importe qui pouvait se présenter à la banque et recevoir le métal précieux en échange de billets. La créance de papier finit par se désolidariser du métal. Lorsque ce lien a été rompu, est née la monnaie fiduciaire. Celle-ci n’a pas de

Valeur matérielle; elle n’a de valeur que celle qu’une nation décide collectivement de lui assigner.

La monnaie fonctionne donc parce que les gens y croient. Les moyens d’échange ont évolué, et leur source aussi : du troc entre individus, on est passé à l’acceptation collective de la monnaie d’orge ou de coquillages, puis à celle qui est émise par l’Etat de nos jours.

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Même si l’utilisation de pièces et de billets normalises facilitait la détermination des prix des biens et services, la masse de monnaie en circulation jouait encore un rôle important dans la fixation des prix.

Un producteur de blé́, par exemple, peut détenir de la monnaie pour au moins deux raisons : pour ses transactions (comptant d’avance) et pour faire face à ses besoins futurs (épargne de précaution).

Supposons que l’hiver arrive et que l’agriculteur veuille mettre de l’argent de côté en prévision de futures dépenses. S’il a du mal à trouver des gens qui ont de l’argent et veulent acheter du blé́, il peut être obligé d’accepter un moindre montant de pièces et billets en échange de ses céréales.

Du coup, le prix du blé́ baisse parce que la masse de monnaie qui circule est trop restreinte. Cela peut être dû au fait qu’il n’y a pas assez d’or pour frapper de nouvelles pièces. Lorsque l’ensemble des prix baisse, on parle de déflation.

Par contre, s’il y a plus de monnaie en circulation, mais le même niveau de demande de biens, la valeur de la monnaie va chuter.

On parle alors d’inflation — quand il faut payer plus pour obtenir la même quantité́ de biens ou niveau de services (voir «Qu’est-ce que l’inflation?» dans le numéro de mars 2010 de F&D).

Il peut être difficile de maintenir l’équilibre de la demande et de l’offre de monnaie.

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Comment mesure-t-on la monnaie?

Dans les statistiques officielles, on mesure en général le montant de monnaie dans un pays par la masse monétaire au sens large, qui comprend tout ce qui représente une réserve de valeur et de liquidité́.

La liquidité́ d’un actif financier est la mesure dans laquelle il peut être vendu à bref délai pour un montant proche de sa pleine valeur marchande. Cela signifie qu’il est facilement transformable en une autre forme de monnaie, en numéraire par exemple.

Bien que tous les pays incluent la monnaie fiduciaire et les dépôts transférables (définition de la monnaie au sens étroit) dans la masse monétaire au sens large, celle-ci comporte d’autres composantes qui fournissent suffisamment de valeur et de liquidité́.

Parmi les éléments entrant dans la monnaie au sens large, le FMI (2000) définit :

La monnaie nationale (généralement émise par l’administration centrale).

Les dépôts transférables, qui comprennent les dépôts à vue (transférables par cheque ou mandat), les chèques bancaires (utilises comme moyen d’échange), les chèques de voyage (uti lisés pour des transactions avec les résidents) et les autres dépôts communément utilisés pour effectuer des paiements (tels que les dépôts en devises).

Les autres dépôts, tels que les dépôts d’épargne non transférables, les dépôts à terme (fonds laissés en dépôt pour une période donnée), ou les pensions livrées (par lesquelles une des parties vend un titre et s’engage à le racheter ultérieurement à un prix défini).

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Les titres autres qu’actions, tels que les certificats de dépôts négociables et les billets de trésorerie (qui sont essentiellement des reconnaissances de dettes émises par des sociétés).

Fabrication de la monnaie

La monnaie fiduciaire est plus commode à utiliser que les métaux précieux. L’ajustement de la masse monétaire ne dépend pas du montant de métaux précieux disponible. Mais cela crée en soi une complication : précisément parce que le montant de métaux précieux est fini, il y a une limite au montant de billets que l’on peut émettre.

S’il n’y a pas d’or ou d’argent pour garantir la monnaie, comment les autorités savent-elles combien de billets imprimer? C’est le dilemme auquel elles sont confrontées. Elles seront toujours tentées d’émettre de la monnaie, qui leur permettra de faire plus d’achats, d’embaucher plus d’employés, de payer plus de salaires et de gagner en popularité́.

Par contre, si elles font trop tourner la planche à billets, les prix se mettent à monter. Si les gens s’attendent à ce que les prix continuent à augmenter, ils peuvent accroitre leurs propres prix encore plus vite.

Si le gouvernement ne freine pas les anticipations, la confiance dans la monnaie s’émousse et elle risque en définitive de perdre toute valeur. C’est ce qui se produit en période d’hyperinflation.

Pour conjurer cette tentation d’imprimer de l’argent à tout va, la plupart des pays confient de nos jours à une banque centrale indépendante le soin de déterminer combien de monnaie imprimer, en fonction de son analyse des besoins de l’économie et la charge de ne pas transférer des fonds à l’État pour financer ses dépenses (voir «Qu’est-ce que la politique monétaire?» dans l’Edition de septembre 2009 de F&D).

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L’expression «imprimer de la monnaie» est trompeuse : de nos jours, la masse monétaire consiste principalement en dépôts bancaires, et non en monnaie de papier (voir encadré).

La confiance peut s’émousser

Les pays qui ont vécu une période d’inflation enlevée ne savent que trop bien que la valeur de la monnaie dépende essentiellement de la foi que les gens mettent en elle.

Dans les années 80, les citoyens de certains pays d’Amérique latine, comme l’Argentine et le Brésil, ont peu à peu perdu confiance dans leur monnaie, car l’inflation en rognait rapidement la valeur.

Ils ont commencé à utiliser à la place une monnaie plus stable, le dollar américain.

Ce phénomène a été́ appelé́ dollarisation de facto. L’État perd le monopole de l’émission de monnaie, et la dollarisation peut être très difficile à inverser.

Les mesures prises par certains gouvernements pour restaurer la confiance dans la monnaie illustrent bien la part de «foi»

nécessaire au bon fonctionnement de la monnaie. En Turquie, par exemple, le gouvernement a créé en 2005 une nouvelle livre en supprimant six zéros. Du jour au lendemain, 1 million de livres est devenu 1 livre.

Le Brésil, quant à lui, a institué en 1994 une nouvelle monnaie, le real. Dans un pays comme dans l’autre, les citoyens ont suivi le mouvement, ce qui montre que, si tout le monde c’est de la monnaie.

Irena Asmundson et Ceyda Oner sont économistes au Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation du FMI.

Bibliographie: Fonds monétaire international (FMI), 2000, Manuel de statistiques monétaires et financières (Washington)

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Monnaie

La monnaie est un instrument économique qui a pour fonction première de servir de moyen de paiement et donc de faciliter les échanges en permettant une division du travail très élaborée. Son autre fonction est de stocker de la valeur (dépôts, épargne).

Définition et types de monnaies

On peut définir une monnaie dans son sens le plus large comme

« un accord au sein d’une communauté pour utiliser quelque chose comme moyen d’échange ». C'est donc une convention sociale, spontanée ou imposée, destinée à faciliter les échanges de biens et services, et qui peut se "matérialiser" de différentes façons (y compris non matérielles).

Monnaie métallique

Historiquement, toute marchandise "universelle" a pu servir à mesurer les valeurs de biens échangés dans un troc. Mais le choix s'est porté rapidement sur les métaux précieux, du fait qu'ils sont recherchés par tous les peuples. Un métal précieux peut être utilisé comme monnaie-marchandise (commodity money).

Un métal, tel l'or, est durable, homogène, facilement divisible et relativement rare (il y aurait 171 300 tonnes au total sur Terre[1]).

Une production agricole n'a pas ces qualités monétaires.

Au fil des siècles, des métaux tels que l'argent et l'or se sont imposés. En effet, ils répondent parfaitement aux critères de durabilité, de relative rareté et de divisibilité. Le bimétallisme a duré jusqu'au XIXe siècle, jusqu'à ce que l'or soit préféré.

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Des entreprises spécialisées, les banques, sont apparues originellement pour stocker et protéger les dépôts de métaux précieux remis par les individus. Elles ont pu émettre des substituts papier à cette monnaie qui pouvaient avoir cours.

Un tel substitut est le support monétaire d'une monnaie de référence. Ces substituts étaient des promesses de verser la monnaie métallique elle-même. Un tel substitut est une monnaie- promesse (representative money). Le dollar était à l'origine un substitut à une quantité fixe d'or.

L'or restait la monnaie de référence (étalon-or). Les transactions n'étaient pas exprimées nécessairement en quantités d'or. L'or était un moyen de mesurer un valorimètre de monnaie, un moyen de mesurer la valeur des choses.

L'or et l'argent physique, bien qu'étant un investissement stérile attire de plus en plus les particuliers qui y voient une valeur refuge pour leurs économies.

Au cours de la dernière décennie, les échanges de pièces de monnaie de collection comportant ces métaux précieux ont considérablement augmenté, d'autant qu'ils présentent un véritable anonymat et une échappatoire à l'ISF[2].

Monnaie fiduciaire

Au cours du XXe siècle, l'étalon-or a été abandonné. La monnaie n'est plus qu'une convention sociale, sans aucune valeur intrinsèque (papier-monnaie), à cours forcé par la loi. On parle alors de monnaie fiduciaire (fides : la confiance) ou de monnaie décrétée, dite encore monnaie-fiat (fiat money).

La valeur des monnaies varie entre elles selon la quantité de crédit émise par chaque pays (une politique monétaire laxiste est

« punie » par une baisse de la valeur de la monnaie locale par rapport aux autres devises).

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Il n'y a plus de contrepartie métallique à la monnaie émise, seulement de la dette, c'est une masse de reconnaissances de dettes. La tentation est grande pour l'Etat de créer de la monnaie à partir de rien pour subvenir à ses besoins ou pour mettre en oeuvre ses politiques ; le résultat est alors l'inflation et une baisse de la valeur de la monnaie.

Il n'est pas sans intérêt, si l'on peut dire, de rappeler que deux visions se sont de tous temps opposées sur la nature de la monnaie. Le grand savant Nicolas Oresme, évêque de Lisieux à la fin du XIVe siècle, remarqua ainsi, dans son Traité du commencement et première invention des monnaies (1366) que, pour les Grecs, elle était une émanation de la Cité et de la loi (nomos).

De là, le terme "numismatique" qui en est dérivé. Cette optique relève donc du pur conventionnalisme, défendu en l'occurrence par Aristote.

En revanche, le vocable latin moneta provient du verbe monere, qui signifie "avertir, informer". Dans cette acception, la monnaie permet de réduire l'incertitude dans l'esprit des personnes contractant dans un échange. La préférence d'Oresme va à cette seconde interprétation, qui interdit au souverain de manipuler la monnaie.

On rejoint là, les préoccupations de l'École autrichienne qui voit la monnaie comme un instrument de mesure : pas plus qu'il n'est licite de changer la valeur du mètre ou du gramme, il n'est légitime de falsifier celle de la monnaie.

On remarquera cependant que le mètre et le gramme sont définis de manière à être étalonnés relativement à des objets de référence, ce qui n'est plus le cas de la monnaie.

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Monnaie scripturale

La monnaie scripturale, comme son nom l'indique, n'existe que sous forme d'écritures comptables. Le support monétaire de la monnaie scripturale est, aujourd'hui, une information contenue dans des fichiers informatiques.

Elle est constituée de l'ensemble des dépôts dans les organismes financiers. Elle circule par jeux d'écritures (électroniques le plus souvent) entre comptes par l'intermédiaire d'instruments tels que les chèques ou les virements.

Elle a aussi un aspect fiduciaire (mais on réserve exclusivement le terme de "fiduciaire" à la monnaie qui se présente sous la forme de billets et de pièces).

Le rôle des banques

Une banque crée de la monnaie scripturale pour répondre à un prêt bancaire sollicité par un agent non financier. En échange, l'emprunteur remet une reconnaissance de dette à la banque.

Dans le système actuel, cette création se fait selon certaines règles édictées par la banque centrale. La monnaie actuelle est une monnaie-promesse.

Chaque support monétaire de monnaie fiduciaire ou de monnaie scripturale représente une promesse du monnayeur, c'est à dire de la banque qui a émis la monnaie.

Inversement, cet argent est « détruit » au cours du remboursement de cette dette. Une promesse envers soi-même ne vaut rien. Cette monnaie est une promesse qui ne vaut rien lorsqu'elle est entre les mains du monnayeur. On dit alors que la monnaie est détruite, démonétisée.

Dans le système monétaire actuel, une banque ne peut créer de la

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monnaie fiduciaire. Elle ne peut non plus créer de la monnaie scripturale pour régler ses dettes avec les autres banques (compensation, prêts interbancaires...). La création monétaire a donc des limites, renforcées par l'action de la banque centrale (taux d'intérêt, contrôle de la base monétaire, appelée « monnaie banque centrale »).

Monnaie privée

L'État cherche le plus souvent à monopoliser l'émission de monnaie, c'est là l'origine de la plupart des Banques Centrales aux XIXe et XXe siècles. Ainsi, en France, le monopole d’émission de la monnaie fut donné par Bonaparte à la Banque de France.

La Banque de France était une des banques privées de l'époque.

Elle avait soutenu financièrement son coup d’État. Bonaparte était un des fondateurs de cette banque. Elle fut nationalisée plus tard au XXe siècle, en 1945.

L'intérêt de l'État à contrôler la création monétaire (notamment depuis l'abandon de l'étalon-or) est évident d'un point de vue politique : il peut subventionner ses politiques « sociales » par la planche à billets (inflation) ou par l'endettement (qui peut mener jusqu'à la faillite, voir le cas de l'État argentin en 2001), la dette publique étant "rachetée" par la banque centrale (les Etats-Unis emploient le terme euphémistique de quantitative easing).

Pour les libéraux classiques, l’État doit se limiter à assurer la valeur de la monnaie sans jamais chercher à la dévaluer.

Cependant ils reconnaissent que cela ne s'est jamais produit, l’État se comportant toujours en faux-monnayeur :

«Et pendant ce temps, à côté de ces voleurs, […] sur le trône, avec le prestige de la puissance suprême et croyant exercer un des droits inaliénables attribués à cette puissance, le gardien même de la probité commune, devenu un faussaire de profession, un voleur

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officiel et public, pratiquait en grand et d’une manière cent fois plus dommageable ces mêmes procédés de fraude et de dol ! »

— Frédéric Passy, Histoire d’une pièce de cinq francs et d’une feuille de papier, 1909

Cependant, une monnaie peut fonctionner sans être d'origine étatique : un contrat de monnaie privé remplace alors le cours forcé, lequel est imposé par la loi. L'intérêt d'une monnaie privée dépend de sa diffusion et de ses garanties.

En pratique, quelques monnaies privées existent. Une monnaie privée des plus abouties est e-gold (devise or numérique). Une des plus simples est le Liberty dollar, basée sur l'argent. Sur Internet, des monnaies virtuelles, comme Bitcoin, se développent.

Stabilité monétaire

Le premier et principal critère à considérer pour évaluer la stabilité d'une monnaie est la masse des créances douteuses détenues par l'émetteur de la monnaie. La question de stabilité de la Banque Centrale est de savoir si la valeur des créances qu'elle détient reste supérieure à la masse monétaire émise.

Cette condition est la condition majeure de la stabilité monétaire d'une monnaie. La masse de la dette dans un pays n'est pas une menace pour la stabilité, bien au contraire. Une dette importante signifie une grande quantité de monnaie, signifie une économie en forte activité. Le système monétaire actuel est en bonne santé.

Son fonctionnement est logique et cohérent. Cependant, son principal défaut est qu'il est difficile d'évaluer la valeur des créances sur les États avec suffisamment d'objectivité. Si un État fait faillite, la valeur des créances sur cet État diminue, les actifs de l'émetteur de monnaie diminuent. L'équilibre comptable de l'émetteur de monnaie peut s'en trouver alors déséquilibré.

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Les créances sur les agents économiques privés, individus et entreprises, sont évaluées et suffisamment maîtrisées par les banques commerciales. Il est légitime qu'un État s'endette, même pour des montants très importants. De la même manière, une entreprise peut s'endetter puisqu'elle a une valeur marchande.

Mais un excès de l'endettement d'un État peut le conduire à la faillite.

Or, la valeur d'une créance à long terme sur un État est difficile à évaluer. Elle dépend de la capacité d'un État à percevoir durablement une certaine masse d'impôts. Même un risque de faillite d'un émetteur de monnaie est faible, ce risque s'accroit actuellement à cause de l'endettement excessif de certains États.

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Les fonctions et les formes de la monnaie

L'économie sans monnaie, c'est le troc. La monnaie revêt plusieurs fonctions intrinsèquement liées à l'activité économique. L'évolution de la société et des techniques multiplie l'apparition d'outils monétaires.

1. Sans monnaie, comment pourrions-nous nous procurer des biens de consommation ?

• Sans monnaie, il faudrait, pour se procurer un bien, le produire ou l'échanger contre un autre bien (ou service). Le troc consiste à échanger des biens utiles à certaines périodes. Aujourd'hui, le troc se limite le plus souvent à des actes économiques sans importance (échanger un livre contre un autre, par exemple).

Dans les sociétés primitives où l'activité économique se réduit à quelques échanges, le troc permet la plupart des transactions. Il est alors nécessaire que les besoins des divers intervenants coïncident et que la valeur des biens soit équivalente (comment échanger quelques œufs contre une vache ?!) De plus, le barème de valeur des biens doit être défini à l'occasion de chaque échange. Enfin, certains biens peuvent s'altérer rapidement, ce qui pose des problèmes de conservation ou de consommation immédiate.

• Dans les sociétés évoluées, il a donc fallu trouver une solution permettant de résoudre le triple problème que nous venons d'évoquer. Dans le cadre d'une économie de marché, l'activité économique suppose en effet l'existence d'une monnaie et de moyens de financement pour fonctionner correctement.

2. Quelles sont les fonctions de la monnaie ?

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• La monnaie représente un moyen de paiement accepté par une communauté ; instrument essentiel de l'activité économique, elle permet de se procurer tout bien ou service vendu sur un marché. Les fonctions de la monnaie découlent directement des problèmes posés par le troc.

Elles sont triples : la monnaie sert à la fois d'intermédiaire dans les échanges, de moyen de réserve de valeur et d'unité de compte.

À la différence des autres actifs, elle est un moyen de paiement universel, immédiat et sans coût.

• La monnaie est d'abord un intermédiaire qui permet l'achat et la vente, donc la circulation des biens, ce dont nous faisons l'expérience lorsque nous achetons des produits fabriqués dans différentes contrées. Ainsi, avec l'argent récupéré lors de la vente de produits textiles, les Chinois pourront acheter du champagne ou des Airbus.

• La monnaie est aussi un instrument de mesure qui sert à évaluer la valeur des biens et des services. La perception que nous avons du prix des produits, devenue habituelle, ne doit pas nous faire oublier que l'étalonnage est fondé sur la monnaie.

Lorsque nous pratiquons le troc, nous recourons toujours à la notion de monnaie pour évaluer la valeur des biens échangés (on n'échangera pas un bonbon contre un livre relié). Cette mesure dépend évidemment de différents facteurs liés au marché (prix de revient, concurrence, rareté).

• Enfin, en tant qu'instrument de réserve de pouvoir d'achat, la monnaie permet l'épargne. En effet, personne n'est obligé de dépenser immédiatement tout ou partie de son argent s'il n'en éprouve pas le besoin. La monnaie constitue ainsi une réserve de valeur pouvant être utilisée à tout moment. Elle peut prendre la forme de pièces, de billets de banque ou de dépôts sur différents comptes que l'on pourra utiliser à l'aide d'outils spécifiques.

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3. Quelles sont les différentes formes de la monnaie ?

• Les formes de la monnaie sont au nombre de deux. Procédons à un bref rappel historique des formes prises par la monnaie au cours des âges (monnaie marchandise, monnaie métallique, monnaie papier, monnaie scripturale, monnaie électronique). La monnaie marchandise constitue un bien accepté de tous, qui sert de moyen d'échange contre l'ensemble des autres biens.

Ainsi, on a pu trouver de la monnaie sous forme de blé, de riz, de coquillages rares, de blocs de thé ou de sel, etc. Les Romains se servaient des bœufs pour les échanges onéreux (ventes de champs, par exemple).

• Lorsque les échanges se développent, toute marchandise, aussi utile soit-elle, devient complexe à manier. Il faut donc trouver un moyen facile d'utilisation. Peu à peu, les monnaies métalliques se sont imposées en raison notamment de leur caractère (relativement) inaltérable : l'or, l'argent, parfois le cuivre ont aussi l'avantage d'être divisibles, ce qui permet de faire face à des échanges de toute taille. Le système a longtemps fonctionné de la sorte. Puis le développement économique est devenu tellement important qu'il a fallu trouver un moyen encore plus simple de créer de la monnaie.

Le billet de banque, mis en œuvre progressivement par les établissements financiers à partir de la lettre de change moyenâgeuse, n'est au départ que la reconnaissance écrite d'un dépôt métallique auprès d'un « banquier ». Le détenteur de ce billet peut toujours « revenir » au métal en exigeant la conversion de son billet. Mais l'habitude va se répandre d'utiliser le billet comme moyen de paiement, car la procédure est plus simple et moins risquée. On parle alors de monnaie fiduciaire (du latin fides, la confiance) car l'usage des billets est fondé sur la certitude que chacun a de pouvoir à tout moment « revenir » au métal. En réalité, c'est bientôt une illusion, car le banquier, constatant que

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peu de billets sot présentés à la conversion, va prendre l'habitude d'émettre plus de billets que la couverture métallique dont il dispose.

• L'étape suivante est liée à la difficulté d'utiliser les billets lors de grosses transactions. Le risque de les perdre et la sophistication des mécanismes bancaires ont conduit à gérer la monnaie directement par des écritures comptables excluant toute forme matérielle. On parle alors de monnaie scripturale.

• Dans les économies contemporaines, la monnaie ne revêt plus que les formes fiduciaire (billets, pièces, porte-monnaie électronique) et scripturale. Ces deux formes circulent grâce à de multiples instruments qui tendent à devenir de plus en plus dématérialisés. Il convient de dissocier la monnaie scripturale elle-même des outils (les moyens de paiement) qui permettent de la faire circuler.

En effet, les moyens de paiement, qui ne sont pas en eux-mêmes de la monnaie mais simplement des outils, sont utilisés pour effectuer les transcriptions sur les comptes. On distingue essentiellement le chèque, le virement, les cartes bancaires, les titres interbancaires de paiement. La progression importante des cartes bancaires repose sur l'évolution des technologies de l'informatique.

Zoom sur…

La structure des moyens de paiement a beaucoup évolué en France, ces dernières décennies. Aujourd'hui, la plus grande partie des paiements est effectuée sous forme de monnaie scripturale (90 % environ), la monnaie fiduciaire, billets et pièces, n'intervenant plus que pour 10 %. Le paiement par carte bancaire progresse, assurant en 2009 plus de 40 % des opérations scripturales. Plus de 100 millions de cartes circulent en France en 2010. Le chèque est en perte de vitesse mais la France est le pays européen où on l'utilise encore le plus.

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Économie monétaire

L'économie monétaire est une branche de la macroéconomie qui étudie l'influence de la monnaie sur le fonctionnement de l'économie d'un pays ou d'une zone monétaire.

Fonction et formes de la monnaie

L'approche la plus courante de la monnaie la définit comme un moyen de paiement accepté par tous, au sein d'un espace géographique donné, directement utilisable pour effectuer les règlements sur les marchés des biens et services ou pour régler définitivement toutes les dettes au sein d'un espace monétaire donné. L’Étude de la monnaie nous oblige à délimiter le champ de nos investigations.

-La monnaie est un bien indivisible qui s'échange sur un marché.

Elle est donc offerte et demandée sur le marché monétaire.

La monnaie dans l'économie moderne

La simple observation de la réalité démontre que la monnaie joue un rôle fondamentale dans l'économie moderne: il existe plusieurs interactions entre la sphère financière: contrainte de financement, l'influence de l'endettement le rôle des marchés.

Les agrégats monétaires au sens de la banque centrale=

On distingue 3 agrégats monétaires:

L’agrégat M1 :

Les actifs liquides divisibles et transférables sans coûts de transaction et sans rendement (billets de banque, dépôts a vue...)

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L’agrégat M2 :

L’agrégat M1 auquel s'ajoute l'ensemble des actifs liquides non transférables et rapportent un rendement (caisse d'épargne nationale)

L’agrégat M3 :

Regroupe en plus de M2, les autres actifs monétaires moins liquides avec un coût potentiellement élevé

Position des secteurs économique par rapport à la monnaie=

Secteur émetteur

Se sont des institutions de dépôt dont la fonction principale est l’intermédiation financière (la banque centrale, les banques commerciales, OPCVM...)

Secteur neutre

La banque centrale est considérée comme neutre parce qu’elle ne réagit pas aux phénomènes macroéconomiques

Secteur détenteur

-les sociétés non financières -les administrations publiques

-les ménages et les institutions sans but lucratif La création monétaire

La création monétaire est l'accroissement de la monnaie en circulation, et dans le cas inverse il s'agit d'une destruction monétaire

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Quelques principes sur la création monétaire

-en disant une création monétaire, lorsqu'on parle de la monnaie scripturale

-la création monétaire signifie une mise en circulation d'une nouvelle quantité de moyen de paiement

La création monétaire d'un système simplifier

On suppose ici qu'il y a une seule banque et tous les règlements des agents non financiers se fait par la monnaie scripturale, donc la création monétaire se fait à propos de 3 types d'opérations

Les créances sur l'économie priver

La banque ici crée de la monnaie lorsqu'elle procédé par exemple à l'achat d'un bien réel, actions et obligations, billet d'ordre

La logique de la création monétaire ici se traduit par le fait qu'un agent qui a le pouvoir monétaire achète un actif non monétaire et on parle ici de la monétarisation

Les créances sur le trésor public

Des BDT se propose à la banque soit par le trésor soit par les clients veulent escompter dans leurs BDT, alors la banque achète et elle crée de la monnaie nécessaire pour effectuer cette transaction.

Les créances sur l'étranger

La logique de la création monétaire ici repose sur le fait de monétariste les devises en contrepartie la monnaie locale

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Par Michael McLeay, Amar Radia et Ryland Thomas des Etudes monétaires de la Banque d’Angleterre.

Les mécanismes de création monétaire sont souvent considérés comme mystérieux, ou objet de débats entre les économistes. Or il s’agit d’un enjeu économique et politique considérable. C’est aussi un enjeu démocratique. Refuser de comprendre ces questions, au motif qu’elles seraient techniques et du domaine des experts c’est, de fait, abandonner son pouvoir sur une question qui détermine notre vie, aujourd’hui en Europe.

Ce texte de trois économistes de la Banque Centrale d’Angleterre, remarquablement bien traduit par Julia Grandjean, est le bienvenu. Il permet, je crois, d’abandonner certaines idées reçues

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et de bien comprendre la monnaie, sa création et son fonctionnement.

Extrait de l’introduction :

La monnaie est essentielle au fonctionnement d’une économie moderne, mais sa nature a sensiblement varié au fil du temps. Cet article a pour objectif de donner un aperçu de ce qu’est la monnaie de nos jours.

Aujourd’hui, la monnaie est une dette, dont la spécificité est que chaque acteur du système économique est sûr qu’elle sera acceptée par les autres en échange de biens et de services.

Il existe trois grands types de monnaie : les espèces, les dépôts bancaires, et les réserves de la Banque Centrale.

Chacun représente une dette entre un secteur de l’économie et l’autre.

Dans l’économie moderne, les dépôts bancaires, qui sont créés par les banques commerciales elles-mêmes, constituent la majeure partie de la monnaie.

La monnaie est un type de dettes particulier en ce qu’il est reconnu universellement. Il peut prendre la forme de billets émis par la banque centrale, ou de dépôts gardés par les personnes dans leurs banques commerciales.

Enfin, pour les banques commerciales elles-mêmes, les réserves gardées par la Banque Centrale constituent une autre forme de monnaie.

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LA CRÉATION MONÉTAIRE, ŒUVRE DU DIABLE

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Jens Weidmann, président de la Bundesbank s’est opposé à la récente opération OMT de Mario Draghi,président de la BCE.

Dans un de ses discours, il cite le Faust II de Goethe, génie littéraire allemand né… à Francfort, siège de la BCE et de la BUBA. Et rappelle cette scène : l’Empereur est à court d’argent.

Il se lasse des propositions mesurées qui lui sont faites et proclame : « J’en ai assez de ces éternels « Mais » et « Si » ; Je manque d’argent, alors qu’on en crée donc ! » Et le Diable, Mephisto, d’abonder dans le sens du Souverain : « Je crée ce que vous voulez, et j’en fais même bien plus. » L’histoire finit évidemment mal.

Cette allusion pourrait passer pour une simple preuve de culture littéraire, si le Faust II n’était en fait présent sur les

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murs de la Banque Centrale Allemande ! Impossible de rentrer dans ce temple moderne sans penser à Faust. Nous sommes là au cœur du dogmatisme.

En fait en pleine religion. Il est en effet bien connu, et enseigné dans tous les livres d’économie, que les banques secondaires créent de l’argent par un simple jeu d’écritures. Les « prêts » font les « dépôts », dit-on en résumé. Si la banque me prête 1000 euros, elle les inscrit ex nihilo sur mon compte bancaire, inscrit en contrepartie à son actif la créance qu’elle a sur moi.

Créance éteinte et monnaie détruite quand je rembourse ma dette. Tout cela, si l’on en croit Goethe et avec lui Jens Weidman, serait diabolique ?

La monnaie satanique si elle publique angélique si elle est privée ?

On pourrait presque le penser pour plusieurs raisons qui mettent en cause la création monétaire publique :

les Allemands ont connu l’hyperinflation en 1923 avec la crise de Weimar et les brouettes de billets

la puissance du troisième Reich a reposé en partie sur le financement des grands travaux par la création monétaire : les

« bons de travaux » ont permis au gouvernement allemand dès 1933 de payer des commandes et de remettre au travail 6 millions de chômeurs.

après la deuxième guerre mondiale l’Allemagne a connu un nouvel épisode inflationniste et n’a trouvé la stabilité monétaire que grâce au dispositif institutionnel actuel.

plus généralement l’histoire abonde d’épisodes hyper inflationnistes (des assignats révolutionnaires en France au

Zimbabwe au début de ce siècle en passant par la Yougoslavie en

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1993 et le Brésil dans les années 60 puis 80) qui accréditent cette these.

Mais peut-on penser que la création monétaire privée serait, elle, à l’abri de Méphisto ?

Comment ne pas voir que la gigantesque crise financière actuelle est due fondamentalement au fait que les banques ont pu créer de la monnaie pour alimenter la machine à subprimes et plus généralement toutes les opérations spéculatives ?

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Elles ont même mis au point la « titrisation » pour sortir de leurs bilans ces prêts et retrouver des droits à création monétaire, en contournant ainsi les dispositifs de régulation, qui visent à limiter ce pouvoir exorbitant.

Plus profondément la démesure faustienne est clairement au cœur du capitalisme financier : si dans les siècles passés la

« dématérialisation » de la monnaie n’avait pas été inventée, la croissance économique eût été impossible.

Comment des flux croissants de marchandise pourraient aujourd’hui être échangés avec des pièces métalliques en quantité limitée ? La disproportion entre la quantité d’échanges et l’or a obligé Nixon à déclarer le dollar inconvertible en or, en 1971. Cela n’a été possible parce que l’idée que la monnaie pouvait n’être qu’une simple convention s’est progressivement imposée.

En Europe aujourd’hui les pièces de monnaie ne représentent qu’une masse de 25 milliards d’euros pour une masse monétaire de 4500 Milliards. Les 10 000 tonnes d’or dans les caisses du SEBC ne valent que… 400 Milliards (au prix astronomique actuel du métal précieux) soit moins de 10 % de la valeur de la monnaie en circulation.

Bref Méphisto nous a inspiré les moyens d’une croissance sans limite. Goethe n’a pas été si mal inspiré en associant à la création monétaire l’image de l’incarnation de la démesure.

Lucifer, autre nom de Satan, représente celui qui veut s’élever au-dessus de se condition d’homme et refuse de se soumettre à Dieu. C’est l’image de la transgression, du dépassement des limites.

Pour autant, le dogme moderne se limite à considérer que seule la « planche à billets » (monnaie créée par la Banque Centrale) est inflationniste.

Il oublie de préciser que la création monétaire (de monnaie

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scripturale) par les banques privées est à l’origine de l’inflation des actifs et des bulles financières. Dès lors quand Mario Draghi lance son OMT il subit les attaques de Jens Weidmann, qui ne les adresse pas à tous les banquiers de la planète.

Comment sortir de cette sorcellerie ?

Tout d’abord, comme on le sait, le prince des Ténèbres a peur de la lumière. La priorité est donc d’éclairer les mécanismes de création monétaire. La prolifération sur internet des thèses conspirationnistes, complotistes voire antisémites à ce sujet n’est que le symptôme d’un manque de culture généralisé.

Si la création monétaire est mal comprise c’est parce qu’elle est le résultat de mécanismes comptables qui sont difficilement compréhensibles, sans culture comptable minimale. Dès lors l’illusionnisme et son corollaire l’illusion peuvent prospérer. Et les banquiers peuvent passer a minima pour des magiciens, au pire pour des suppôts de Satan.

Le président de la Société Générale, Frédéric Oudéa ne vient-il pas de déclarer à la commission des affaires économiques :

« Nous ne pouvons créer de l’argent.

Il nous faut le collecter à travers les dépôts des particuliers et

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des entreprises ainsi que par des émissions sur les marchés. » Pour paraphraser une célèbre phrase d’Arnaud Lagardère, est- ce une preuve d’incompétence ou la défense cynique de ses intérêts et de ceux de la communauté financière ? Une interprétation plus charitable serait qu’il a oublié ses cours d’économie et ne comprend pas les mécanismes macro financiers, qui ne sont en rien de sa responsabilité.

La pédagogie en matière monétaire est donc indispensable, mais elle ne suffira pas à l’évidence pour résoudre l’actuelle crise mondiale, ce qui nécessitera de tourner la page du modèle actuel. Le statu-quo n’est manifestement pas une option.

Vu de Sirius, il va falloir choisir entre quatre options :

• Première solution :

Partagée par tous ceux qui ne voient que diablerie dans la création monétaire, l’interdire tout net, aux banques privées, publiques et centrales.

C’est la dépression assurée. L’immense majorité de l’argent en circulation étant temporaire (elle est détruite quand les prêts sont remboursés), s’il n’était pas recréé ex nihilo il se mettrait à manquer dans toute l’économie. C’est ce qui se passe pendant les grands krachs économiques.

• Deuxième solution :

Qui ne voit diablerie que dans la création monétaire publique, la confier intégralement aux banques privées. C’est la voie promue par des ultralibéraux comme David Friedmann [5]. Qui semblent oublier les dérives et excès de la monnaie privée qui ont connu leur apogée en 2008.

• Troisième solution :

Symétrique de la précédente, la confier intégralement au secteur

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public. C’est le 100% money plaidé par Irving Fisher au moment de la crise de 1929 et le (seul) prix Nobel français Maurice Allais qui n’hésite pas à traiter les banquiers de faux-monnayeurs.

Solution radicale, pas facile à mettre en œuvre aujourd’hui, au vu du pouvoir de la communauté bancaire.

• Quatrième solution :

Plus pragmatique. Redonner le pouvoir de création monétaire à la puissance publique, pour des opérations d’investissement d’avenir bien identifiées. Ce qui permettrait de relancer la machine économique, de limiter le risque d’inflation et de dérive financière et d’orienter l’économie vers l’avenir. A mes yeux, la priorité serait de flécher cette création monétaire vers la transition énergétique et écologique.

Références

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