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Faire le secret

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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NUMERO 5 DE LA REVUE MONDES CONTEMPORAINS,

REVUE D’ANTHROPOLOGIE SOCIALE ET CULTURELLE

PARUTION 15MAI 2013

« FAIRE LE SECRET »

Coordinateur du numéro : Nicolas Adell

Objet-frontière des sciences humaines et sociales, le secret n’a pas manqué, notamment depuis les années 1970, de susciter des rencontres, des confrontations disciplinaires comme en témoigne le numéro que lui a consacré la Nouvelle Revue de Psychanalyse (NRP) en 1976. Mais ces rencontres laissaient un goût d’inachevé. Hors du texte de P. Nora, l’histoire et la sociologie se sont largement ignorées sur la question jusqu’à la synthèse importante, mais sans trop de continuateurs, de Gérard Vincent ; de même que l’histoire et la philosophie à l’exception de la discussion, favorisée par l’amitié, entre Pierre Boutang et Philippe Ariès et qui transparaît dans les derniers séminaires de P. Ariès. Et si les rapports entre la psychanalyse, la sociologie et l’anthropologie ont été plus étroits (dès le départ avec les travaux de Jean Jamin, András Zempléni, René Girard entre autres), ils n’ont pas manqué de révéler une évolution dans les manières de se saisir de la question qui signale l’emprise d’une discipline sur la question. Le numéro de la NRP se situe à un point de basculement. L’intérêt pour l’intérieur du secret, et donc corrélativement le souci de la divulgation, de la révélation, le goût du dit du secret et de ses « sécrétions » l’emportait largement jusque dans les années 1970 (à quelque exceptions notables près : Reinhart Koselleck, Edward Shils notamment). C’est la perspective qui s’est en quelque sorte dégradée dans un genre littéraire, celui des « histoires secrètes » dévoilées que nos sociétés de la transparence ont particulièrement favorisées. Et la psychanalyse a sans doute joué un rôle considérable dans la structuration de ce type d’approche. De même, la transformation de cet intérêt, à partir du milieu des années 1970, en celui qui privilégie l’étude des contours du secret, les manières de taire, les « lois du silence », les relations qu’instaure le secret, attestent l’impact neuf de la perspective anthropologique. Cette structuration du champ par l’anthropologie s’est renforcée dans les années 1980 et 1990, notamment grâce aux apports consistants de G. Herdt, B. Bellman et M. Taussig (1999).

A l’heure actuelle, cette approche semble souffrir d’une double réduction. La première conduit à aplatir le « problème » du secret autour d’une confrontation entre son contenu,

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considéré comme de plus en plus insignifiant, et sa forme (la situation qu’il crée et le jeu d’acteurs qu’il suscite), de plus en plus fondamentale auto-suffisante. Cela conduit à négliger le fait que la matière secrète importe aux acteurs et que la surprise feinte de la découverte d’un contenu déjà su n’implique pas son insignifiance. D’autre part, seconde réduction, le secret a largement été replié autour de la question du dit et du dire, en une autre confrontation : entre le silence et la parole. Cela a fait perdre de vue, dans un grand nombre de cas, l’action et la dynamique du secret : dévoiler n’est pas que dire, tandis que cacher ne résume pas à taire. La langue ici nous trahit. « Etre » dans le secret ou « avoir » un secret nous ont rendu sensibles à la saisie du secret comme objet ou comme état alors qu’il est fondamentalement un processus toujours en voie de se faire et de se défaire.

« Faire le secret » donc1. Ce numéro de Mondes contemporains tâchera de rendre compte de ces nouvelles perspectives. Les contributions attendues pourront porter sur des formes hautement structurées mettant en œuvre de telles dynamiques du secret (organisations secrètes, communautés à secrets, etc.) ou sur des secrets circonstanciels qui n’ont pas nécessairement vocation à construire un groupe et encore moins une communauté (le secret de la confession par exemple).

Taille maximale : 22 000 signes (espaces compris) Date de remise des textes : 15 mars 2013

Contact : nicolasadell@yahoo.fr   mondes.contemporains@wanadoo.fr

 

                                                                                                                         

1 En référence à, mais aussi pour se démarquer d’un numéro récent de la revue Modernités (2001, n°14) dirigé par Dominique Rabaté autour d’une thématique intitulée « Dire le secret ».

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