0 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 29 janvier 2014 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 29 janvier 2014 277 La prudence reste de mise avec la prescrip
tion d’AINS chez ces patients. La prescrip
tion des antalgiques demande de respecter les règles de prudence d’adaptation des doses en fonction de la fonction rénale, hé
patique et des autres traitements prescrits.3 Les effets indésirables présentés par Mme D.
avec la morphine ne doivent pas nous em
pêcher de prescrire un autre opiacé (rota
tion d’opiacés).4 Le passage d’un opiacé à l’autre impose une connaissance de la phar
macologie de la substance et le respect des doses équianalgésiques.5 Vu les retentis
sements des douleurs, la polypathologie et la polypharmacie, toutes les mesures non médicamenteuses doivent être également utilisées, comme les techniques de physio
thérapie et d’ergothérapie, l’application de chaud ou froid, la stimulation nerveuse trans
cutanée et des techniques de relaxation, massages et autres médecines complémen
taires.
Douleurs et personnes âgées
Quadrimed 2014
Rev Med Suisse 2014 ; 10 : 277
S. Pautex
Dr Sophie Pautex Unité de soins palliatifs communautaires
Service de médecine de premier recours HUG, 1211 Genève 14
sophie.pautex@hcuge.ch
Implications pratiques
L’impact physique et psychosocial de la douleur doit faire partie intégrante de l’évaluation détaillée de la douleur chez un patient âgé avec des douleurs évoluant de longue date Dans ces situations, l’objectif ne peut être que rarement la suppression de la douleur L’objectif devrait être fixé selon les critères SMART (spécifique, mesurable, acceptable, réaliste, au bon tempo) et correspondant aux attentes du patient et de son entourage En cas d’effets indésirables suite à l’introduction d’un traitement d’opiacés, une rotation d’opiacés peut être faite
Une prise en charge multidimensionnelle doit être privilégiée : introduction d’un autre opiacé que la morphine, mais également physiothérapie, autohypnose, application chaud ou froid, par exemple
Les douleurs neuropathiques doivent être recherchées activement et si nécessaire traitées E
E E E E
E
Bibliographie
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La douleur chronique est très fréquente chez les personnes âgées et ses con
séquences sont souvent graves. Plu
sieurs études récentes ont montré que la douleur est, dans bien des cas, insuffisam
ment contrôlée chez les personnes âgées.
Ceci peut être expliqué par la banalisation de la douleur par les personnes âgées, elles la considèrent comme un fait inéluctable sur
venant avec l’avance en âge. De plus, les soignants identifient mal les plain tes dou
loureuses, souvent en raison d’une forma
tion insuffisante sur l’évaluation de la dou
leur et sa prise en charge chez la personne âgée. La crainte d’introduire des opia cés dans une population souvent polymorbide et polymédiquée reste très importante.
vignette clinique
Mme D., 86 ans, mariée, deux enfants, trois petitsenfants, est connue pour une cardiopathie ischémique, un diabète de type II non insulinorequérant et une os
téoporose. Elle présente des lombalgies de longue date, qui se sont récemment aggravées sans notion de chute, effort particulier ou faux mouvements. Une ra
diographie de la colonne lombaire montre d’importants troubles dégénératifs, mais pas de tassement vertébral récent. Elle prend comme traitement antalgique du paracétamol 3 x 1 g/jour et des AINS occasionnellement. Vous souhaitez intro
duire un traitement de morphine, mais elle refuse. En effet, elle a eu d’importantes nausées et un état confusionnel lors de l’introduction d’un traitement de morphine
il y a quelques années et elle ne sou
haite pas revivre cette expérience dont elle garde un très mauvais souvenir.
Que faitesvous ?
commentaire
L’évaluation de la douleur fait partie inté
grante de la prise en charge, en particulier pour les patients avec une douleur chroni
que avec d’importantes répercussions. Cette évaluation permet la validation des plaintes, de mieux comprendre l’étiologie, mais aussi de dépister les douleurs neuropathiques encore insuffisamment diagnostiquées et traitées.1 Cette évaluation doit bien enten
du être adaptée aux troubles sensoriels et cognitifs des patients. Les prin cipes de base de l’antalgie médicamenteuse chez une pa
tiente âgée et polymorbide comme Mme D.
sont identiques à ceux d’un patient jeune.2
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