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Academic year: 2022

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Fondements idéels et logiques institutionnelles de la domination sociale en Occident.

Pour une histoire du dominium ecclésial au Moyen Âge

Séminaire animé par Dominique Iogna-Prat, Michel Lauwers et Florian Mazel.

Est-il possible d’étudier une société hétéronome, comme la société chrétienne médiévale, en faisant toute sa place, sa vraie place, structurelle, au « religieux » ? En s’attaquant aux fondements idéels et aux logiques institutionnelles de la domination sociale en Occident, les maîtres d’œuvre de ce séminaire aimeraient proposer une synthèse de ce que l’histoire sociale de l’Occident médiéval doit à l’Église en tant qu’institution globale d’encadrement de la société, en tant que structure de « domination » (dominium) ancrée dans l’économie chrétienne du salut suivant laquelle l’Église se définit comme une instance médiatrice, comme la visibilité et la matérialité du divin sur Terre.

Ce séminaire double portera sur les modalités d’inscription de l’Église médiévale au sein des structures sociales. En référence aux catégories utilisées par les clercs du Moyen Âge, selon lesquels l’Ecclesia résidait dans des « personnes » (in personis), dans des « lieux » (in locis) et dans des « biens » (in rebus ), il s’agit de s’intéresser à la manière dont les clercs ont structuré la société en pensant de manière inédite et en organisant les relations entre les « personnes » ; d’observer la façon dont l’Église s’est ancrée en des « lieux » spécifiques, hautement valorisés, qui ont polarisé l’espace, et produit une territorialité propre ; de s’attacher au rôle de l’Église dans la hiérarchisation et dans la circulation des « biens » au sein de la société.

La question des « lieux » ayant fait l’objet des conférences complémentaires de Michel Lauwers en 2011-2012 à l’ÉHESS, on s’attachera, dans ce cycle à plusieurs voix, aux « biens » et aux

« personnes ».

En traitant des « biens », il s’agira d’étudier la façon dont l’Église sacralise les « choses » et fait circuler les biens. On s’attachera ainsi à bien mesurer la place de l’institution ecclésiale dans l’élaboration des formes médiévales de l’ « économie », avant l’âge de la « grande transformation » et l’avènement de l’Économie moderne : processus d’accumulation et de redistribution des richesses au sein d’une société qui ne connaissait pas le

« marché » et dans laquelle les clercs définissent un « bon usage » des richesses, élaborent un lexique, puis une idéologie de la circulation et de la redistribution des biens, tout en contrôlant, dans le cadre seigneurial, une part importante des terres, des transferts et des échanges au sein de la société.

En traitant parallèlement de la socialisation des personnes, on s’attachera à éclairer ce qui « fait lien » en régime chrétien, à une époque où le social se confond avec l’ecclésial ; on s’intéressera notamment aux relations

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entre stratifications sociales et ecclésiales, et à la manière dont l’Église a investi et transformé la parenté, en particulier par la production de nouveaux liens, « spirituels », dans le champ de la filiation (à travers le baptême, la profession ou l’ordre) et de l’alliance (à travers le mariage).

Dans cette société, l’Église, elle-même définie comme une « personne », a pour fonction de « faire corps ». Ce corps métaphorique du Christ réalise l’unité et la cohésion dans la différence suivant une conception originale de la « hiérarchie », qui structure la domination des clercs et de leur institution, suivant un mode stratification sociale homologique à l’ordre du monde permettant aux clercs de penser l’ensemble des formes d’englobement créatrices du cosmos, du social et de la personne comme

« microcosme ». On essaiera de montrer en quoi les clercs, maîtres des rituels, fabriquent du social, la communauté des fidèles devenant une société chrétienne par engendrement sacramentel et par rejet de tout élément étranger, c’est-à-dire non consacré.

I. Des « choses sacrées » et de la circulation des biens avant le marché

[M. Lauwers, le jeudi de 13h à 15h]

1. Naissance des res ecclesie : économie ecclésiale ou modèle social ? (7 février)

1.1. L’idéal de l’aumône et la circulation de la caritas.

1.2. Le patrimoine ecclésiastique comme « biens des pauvres » et l’aristocratisation de l’aumône.

1.3. L’émergence de la catégorie des « biens d’Église ».

Intervention de Valentina Toneatto (Université Rennes 2).

2. Transferts de richesses, prélèvements et thésaurisation (7 mars) 2.1. Un processus d’accumulation et de sacralisation : les « trésors » à l’époque carolingienne.

2.2. De nouveaux lieux de stockage et de dépôt (à la lumière de l’archéologie) ?

2.3. Modalités de gestion patrimoniale et rationalisation ecclésiale.

Interventions de Philippe Cordez (Kunsthistorisches Institut in Florenz) et de Laurent Schneider (LA3M, CNRS).

3. Res sacre et matérialité de l’Église (4 avril)

3.1. Des res ecclesie aux res sacre : les catégories de la réforme grégorienne.

3.2. Spiritualisation et inscription matérielle de l’Église.

Intervention de Patrick Henriet (ÉPHE).

4. Droits et seigneuries ecclésiastiques I (16 mai) 4.1. Société d’« ordres » et rente seigneuriale.

4.2. Relation seigneuriale et espaces de la domination monastique.

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4.3. Le dominium monastique en question : seigneuries et granges cisterciennes.

Intervention de Didier Panfili (Université Paris 1).

5. Droits et seigneuries ecclésiastiques II (30 mai) 5.1. L’Église et les prélèvements.

5.2. Seigneuries épiscopales et droits épiscopaux.

Intervention de Florian Mazel (Université Rennes 2).

6. Pauvreté, économie marchande et dominium de l’Église (6 juin) 6.1. Des clercs et des pauvres

6.2. Le dominium ecclésial en question

Interventions de Emmanuel Bain (Université Nice Sophia Antipolis) et Sylvain Piron (ÉHESS).

*

II. Socialiser des personnes [D. Iogna-Prat, le jeudi de 15h à 17h]

1. Personne du fidèle, personne de l’Église (7 février) 1.1. La question du personnalisme chrétien

1.2. Prévalence à long terme de la personne privée 1.3. La construction sociale de la personne

1.4. L’Église comme personne des personnes

2. Stratifications ecclésiales, stratifications sociales (7 mars, 4 avril, 16 mai)

2.1. Cursus et grades ecclésiastiques (7 mars)

- de l’« héritage commun » (sors) des origines à la clergie universitaire - ego sacerdotal et coupure clercs/laïcs

Intervention d’Alain Rauwel (Université de Bourgogne, Dijon) 2.2. Égalité substantielle et différences existentielles (4 avril) - les cadres classificatoires : mérites et fonctions

- naissance et affirmation d’un cadre hiérarchique - la dynamique fonctionnelle de la caritas

2.3. Faire lien : parenté, alliance, amitié (16 mai) Intervention de Florian Mazel (Université Rennes 2) 3. Faire corps (30 mai, 6 juin)

3.1. Corps, communauté, société : - dire le social : un peu de sémantique - pour une histoire sociale des sacrements - la grande transformation (Eucharistie) - la foi pour l’autre (baptême, mariage) 3.2. Exclusivité chrétienne

- communauté sacramentelle et société chrétienne

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- le traitement de l’altérité

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