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Le part dystocique chez la jument : revue des techniques de gestion et desmanipulations obstétricales

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Academic year: 2021

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Le part dystocique chez la jument : revue des techniques de gestion et des manipulations obstétricales

Auteur : Garcia, Anaïs

Promoteur(s) : De La Rebiere de Pouyade, Geoffroy Faculté : Faculté de Médecine Vétérinaire

Diplôme : Master en médecine vétérinaire Année académique : 2019-2020

URI/URL : http://hdl.handle.net/2268.2/9646

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LE PART DYSTOCIQUE CHEZ LA JUMENT : REVUE DES TECHNIQUES DE GESTION ET

DES MANIPULATIONS OBSTETRICALES

EQUINE DYSTOCIA: REVIEW OF MANAGEMENT TECHNICS AND OBSTETRICAL MANIPULATIONS

Par Anaïs GARCIA

Travail de fin d’études présenté en vue de l’obtention du grade

de Médecin Vétérinaire.

ANNEE ACADEMIQUE 2019/2020

Le contenu de ce travail n’engage que son auteur.

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LE PART DYSTOCIQUE CHEZ LA JUMENT : REVUE DES TECHNIQUES DE GESTION ET

DES MANIPULATIONS OBSTETRICALES

EQUINE DYSTOCIA: REVIEW OF MANAGEMENT TECHNICS AND OBSTETRICAL MANIPULATIONS

Par Anaïs GARCIA

Tuteur : Geoffroy DE LA REBIERE DE POUYADE, MSc, PhD

Travail de fin d’études

présenté en vue de l’obtention du grade de Médecin Vétérinaire.

ANNEE ACADEMIQUE 2019/2020

Le contenu de ce travail n’engage que son auteur.

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LE PART DYSTOCIQUE CHEZ LA JUMENT : REVUE DES TECHNIQUES DE GESTION ET DES MANIPULATIONS OBSTETRICALES

Objectif du travail : l’objectif de cette revue est de donner une marche à suivre aux vétérinaires et propriétaires de chevaux face à une dystocie, ainsi que de permettre la prévention de cette dernière et de ses complications par la gestion péri-partum de la jument.

Résumé

La dystocie est une véritable urgence chez la jument, car la vie du poulain, de la poulinière ainsi que le futur reproducteur de cette dernière sont menacés. Les causes de dystocie ont multiples et peuvent provenir à la fois de la jument ou de son poulain. Certaines causes, si elles sont connues, peuvent être anticipées ou corrigées avant la mise-bas.

Lorsque le praticien est face à une jument en dystocie, la gestion du temps est le maître mot si l’objectif est de sauver la mère et le poulain. Des manipulations obstétricales peuvent être tentées sur place ou bien une décision de référer dans un hôpital vétérinaire doit être prise.

L’euthanasie est malheureusement dans certains cas, le dernier recours.

La césarienne se poste cependant comme l’option chirurgicale de choix pour traiter la dystocie si les tentatives de correction n’ont pas été fructueuses, ou par choix premier du propriétaire ; il est souvent possible de conserver chez les juments opérées une bonne fertilité.

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EQUINE DYSTOCIA: REVIEW OF MANAGEMENT TECHNICS AND OBSTETRICAL MANIPULATIONS

Aim of the work: the aim of this review is to provide guidelines to veterinarians and horses owners facing a dystocia along with preventing it and its consequences, with a correct peripartum management of the mare.

Summary

Dystocia is an emergency, as it threatens the life of the unborn foal, the mare and her reproductive career. Causes of dystocia are multiple and may come from the fœtus of the mare.

Some of them, when they are known, can be anticipated or corrected before birth.

When the veterinarian faces a mare suffering from dystocia, time management must be his priority if the main goal is to save both mother and foal. Obstetrical manipulations can be attempted in situ, or the decision to refer to the nearest hospital must be taken. In some cas, euthanasia is unfortunately the last resort.

Cesarean section stands up as the best surgical option to treat dystocia if the provious attempts have failed, or as a first choice stated by the owner. The mares who undergo the surgery often get a beautiful reproductive career thereafter.

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Remerciements

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Table des matières

1. Le part ... 8

1.1 La parturition normale ... 8

1.2. La parturition dystocique ... 10

1.2.1. Facteurs liés à la mère ... 10

1.2.2. Facteurs liés au poulain ... 13

2. Gestion du cas : approche individuelle ... 15

2.1 L’importance du timing ... 15

2.2. Les premiers gestes ... 16

2.3 Examen de la jument et du fœtus ... 18

3. Manipulations obstétricales (hors chirurgie) et complications ... 19

3.1 Résolution sur place : mutation et extraction forcée ... 20

3.2 Extraction sur jument anesthésiée ... 22

3.3 Fœtotomie ... 23

4. Manipulation chirurgicale et complications ... 24

4.1 Anticipation de la chirurgie ... 24

4.2 Anesthésie de la jument gestante ... 25

4.3 Technique de chirurgie ... 26

4.4 Complications et pronostic ... 28

5. Application au cheptel belge ... 29

Discussion ... 31

Bibliographie ... 32

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Introduction

La dystocie chez la jument découle d’une complication altérant le bon déroulement du poulinage. Il s’agit d’une urgence qui touche jusqu’à 10% des juments (McCue et Ferris, 2012) avec des variations interraciales (Vandeplassche, 1993; Maaskant et al., 2010) et qui peut conduire très rapidement à la perte de la mère et de son poulain.

A ce risque s’ajoutent de nombreuses complications telles que la rétention d’arrière-faits, les métrites, les hémorragies ou traumas divers (Volkmann, 2009) qui peuvent altérer la santé de la jument en post partum et même impacter sa fertilité sur le long terme. Une manipulation obstétricale inappropriée peut également être à l’origine de ces problèmes, étant donné que dans la plupart des cas, le praticien est appelé en cas de dystocie grave, lorsque des tentatives ont déjà été effectuées au préalable par les propriétaires ou des confrères.

La césarienne est parfois la chirurgie effectuée en dernier recours permettant de sauver la jument et/ou son poulain dans 15-25% des cas de dystocie (Freeman et al., 1999 ; Byron et al., 2002 ; Abernathy-Young et al., 2012 ). Toutefois, ce n’est pas une solution miraculeuse et les pertes fœto-maternelles sont fréquentes, associées à des complications post-chirurgicales.

Il est cependant possible d’éviter ce scénario en maîtrisant le maximum de facteurs péri-partum qui sont capables d’influencer le bon déroulement de la mise bas, tels que le suivi rigoureux de la gestation et l’historique de la jument par exemple (Freeman et al., 1999 ; Canisso et al., 2013 ; Sabbagh et al., 2013).

Dans le cadre de cet évènement stressant à la fois pour l’animal que pour son propriétaire, tous les éleveurs et praticiens devraient avoir sous la main un plan d’urgence, une marche à suivre en cas de suspicion ou de dystocie avérée pour avoir les bons réflexes en toutes situations et limiter in fine les pertes.

Ce travail abordera dans un premier temps la caractérisation d’un part eutocique puis dystocique, en soulignant les facteurs liés à la mère ou au fœtus. Dans un deuxième temps, l’approche de la jument en dystocie sera détaillée. Par la suite, les approches obstétricales et leurs éventuelles complications ainsi que la technique de la césarienne seront abordées. Après une rapide application au cheptel belge, un arbre décisionnel exposera une marche à suivre selon les cas de figure rencontrés, ainsi des moyens de préventions de la dystocie pouvant actuellement être mis en place.

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1. Le part

1.1 La parturition normale

Une mise-bas normale chez la jument, ou part eutocique, se décompose en trois étapes et est généralement précédée de signes annonciateurs. Ces derniers ne sont pas des indicateurs de précision mais lorsqu’ils sont observés, il est temps de préparer la jument, son environnement et le personnel à l’arrivée proche du poulain.

Parmi ces signes annonciateurs, le plus visible est l’évolution des mamelles. Le colostrum, qui surcharge la mamelle, va créer des « chandelles » ou sécrétions cireuses à l’extrémité des tétines, et ce 1 à 4 jours avant la mise bas, parfois jusqu’à deux semaines. Il arrive aussi qu’elles n’apparaissent jamais (Brinsko et al., 2011). La composition ionique et le pH du lait changent (Canisso et al., 2013), et des fuites lactées peuvent avoir lieu en même temps : il est recommandé dans ce cas de récolter ce colostrum et de le congeler ou de prévoir une source d’immunoglobulines pour supplémenter le poulain. Un relâchement et un œdème de la vulve peuvent apparaître, accompagnés de maigres pertes vulvaires. Chez les vieilles juments, un relâchement des ligaments sacro-ischiatiques est parfois visible. L’altération du drainage lymphatique par l’utérus gravide peut provoquer un œdème ventral indolore, à ne pas confondre avec une rupture du tendon prépubien ou une hernie ventrale (accompagnée de douleur) (Frazer et al., 2002).

Lors du part à proprement parler, la première phase ou phase de dilatation est caractérisée par des contractions du myomètre (passives). L’allantochorion est poussé vers le col de l’utérus et provoque sa dilatation. Ce phénomène commence environ 4h avant l’expulsion. Ces contractions donnent des manifestations cliniques que l’on pourrait apparenter à une colique : la jument est agitée, elle se regarde les flancs, alterne les phases de coucher et relever, défèque en petites quantités et urine fréquemment. Une sudation localisée et une émission de colostrum en jet peuvent aussi apparaître (Frazer et al., 2002, Brinsko et al., 2011).

Durant cette phase, le fœtus, initialement en position dorso-pubienne avec la tête et les antérieurs fléchis va passer lors d’une rotation en position dorso-iliaque avec la tête en extension et les antérieurs dans le canal pelvien. A ce moment, l’allantochorion va se rompre et les fluides allantoïdiens vont s’échapper, c’est la perte des eaux.

Cet évènement conclut la première phase et introduit la phase d’expulsion, caractérisée par des contractions myométriales toujours présentes assistées par des contractions abdominales volontaires de la part de la jument afin d’expulser le fœtus. Ces contractions volontaires sont

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accentuées par le réflexe de Ferguson ; l’engagement du fœtus dans la filière pelvienne augmente l’intensité des contractions utérines via la libération d’ocytocine par l’hypophyse.

Lors de cette phase, la jument a tendance à se coucher sur les flancs, augmentant ainsi la pression intra-abdominale.

Les sabots du poulain doivent commencer à apparaître l’un après l’autre à quelques centimètres d’écart, et la tête est située au niveau des carpes. La sole des sabots doit faire face au sol (témoins d’un positionnement correct du poulain après rotation). La phase d’expulsion est rapide, la partie la plus difficile étant le passage de la tête et du thorax du poulain dans le canal pelvien, particulièrement les épaules. Habituellement, la rupture de l’amnios s’effectue à ce moment. Une fois les hanches du poulain passées dans le canal, les contractions cessent et la jument se repose 15 à 20 minutes.

Il est conseillé de ne pas déranger la jument pendant ce temps de repos, car c’est à ce moment que le sang du placenta retourne vers le poulain via le cordon ombilical. Une rupture prématurée (avant 5 minutes post mise-bas) du cordon peut mener à des pertes sanguines significatives (Bradford, 2009). Cette théorie réfute celle donnée par Card et Hillman, (1993) puis par Carleton (1995) qui maintiennent qu’il n’y avait pas de risques concernant la volémie du poulain si le cordon était rompu trop précocement.

Globalement l’expulsion du poulain se fait en 20 à 30 minutes une fois que l’allantochorion est rompu.

La troisième phase est la phase placentaire. Ce dernier est expulsé dans les 30 minutes à 3 heures après la délivrance du poulain, aidé par des contractions utérines qui le détachent de l’endomètre. Il est possible de nouer le placenta afin que la jument ne le piétine pas. Les lèvres vulvaires peuvent être solidarisées par un clamp afin d’éviter la pénétration d’air dans le vagin (créant ainsi un pneumovagin chez les juments de mauvaise conformation vulvaire (Brinsko et al., 2011)).

Une fois détaché, il est recommandé d’examiner le placenta afin de s’assurer que l’intégralité s’est correctement détachée. Le côté maternel est de couleur rouge veloutée alors que le côté fœtal est rose et brillant. La membrane amniotique également présente est blanchâtre et transparente. Une rétention de ces membranes fœtales peut conduire à des séquelles telles que la métrite ou la fourbure chez la jument.

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1.2. La parturition dystocique

Un part dystocique par définition est l’absence ou l’allongement de la phase d’expulsion à cause d’une anomalie. Toutefois, il arrive qu’un incident arrive à la fin de la phase de dilatation, ou durant la phase placentaire. Ce dernier évènement se traduira plutôt comme une complication de la dystocie en elle-même. On peut incriminer deux catégories de facteurs responsables de dystocie : les facteurs maternels et les facteurs fœtaux.

1.2.1. Facteurs liés à la mère

Les facteurs de race, de l’âge et de la carrière reproductrice de la jument sont à prendre en compte. En 2013, Sabbagh et collaborateurs ont montré lors d’une étude menée en France que les juments de races lourdes et âgées de moins de 3 ans présentent un haut risque de dystocie, comparé aux juments de 4 à 9 ans. Les poneys de race Shetland sont aussi une race prédisposée ; toutefois toutes les jeunes juments primipares constituent une population à risque (Maaskant et al., 2010). Mc Cue et Ferris (2012) ont observé une prévalence de dystocies plus élevée chez les juments de selle (13,7%) que chez les juments Quarter Horse (7,9%), observation inexpliquée et contradictoire aux résultats obtenus par Ginther et Williams (1996) qui énonçaient une différence significative : 16% de dystocie chez les juments Quarter et environ 9% chez les juments de selle. Entre les différentes races de juments de selle, il ne semble pas y avoir de différences (Mc Cue et Ferris, 2012).

Les juments présentant des pathologies connues telles que des fractures du bassin, des anomalies de conformation vulvaire ou vaginale, ou un historique de dystocie doivent être surveillées à l’approche du part, idéalement référées dans une clinique de référés avant la date prévue de la mise bas pour anticiper le moindre problème ou planifier une césarienne élective (Byron et al., 2002).

Mis à part les problèmes de conformation pelvienne et du tractus génital, d’autres pathologies d’origine maternelle peuvent conduire à une mise-bas dystocique ; elles sont cependant bien moins fréquentes que les anomalies fœtales.

L’inertie utérine est une pathologie pouvant causer une dystocie mais également une rétention des membranes fœtales. Dans le cas précis de rétention des arrières-faits causée par une atonie utérine, il a été démontré par Rapacz-Leonard et collaborateurs (2015) qu’il y avait une composante raciale et une composante génétique (consanguinité), ainsi qu’une influence environnementale telle que le régime alimentaire et individuelle (âge) sur l’expression des récepteurs à ocytocine du myomètre.

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Dans ce cas précis, le traitement par administration d’ocytocine détaillé ci-après sera inefficace, mais il est possible par l’évaluation de certains paramètre biochimiques sanguins, d’essayer d’anticiper la pathologie.

Selon Frazer et collaborateurs (1997), l’inertie utérine atteint les juments faibles, âgées ou malades. Lors de cette étude, trois juments sur les 150 dystocies de l’étude étaient atteintes (2%

des dystocies) et deux cas sur les trois impliquaient des fœtus mal positionnés dans l’utérus ; l’inertie était donc secondaire à l’épuisement du myomètre suite à un effort expulsif infructueux. En 2002, Byron et collaborateurs ont relevé 2 cas d’inertie utérine primaire sur 166 dystocies (1,2%), score qui conforte la fréquence d’apparition publiée par Frazer et collaborateurs en 1997.

Un autre problème peu fréquemment rencontré lors de dystocie est la torsion utérine. Toutefois chez la jument cette pathologie est bien moins fréquente que chez la vache, représentant 5 à 10% des cas de dystocie. En effet, la topographie de l’utérus et des ovaires est bien différente chez les deux espèces, et la plus grande laxité ligamentaire chez les bovidés permet une plus grande mobilité de l’utérus. La fréquence de torsions utérines lors de dystocie peut atteindre 65% des cas chez cette espèce (Erteld et al., 2012).

Autre différence, on distingue chez la jument les torsions précoces, majoritaires, qui se manifestent sous forme de coliques aux alentours de 7,5 mois à 10,5 mois de gestation et les torsions au terme, qui comptent pour 2,5 à 5% des torsions et sont une cause de dystocie. Lors de leur étude, Frazer et collaborateurs (1997) ont reçu 5 juments sur 150 référées pour dystocie atteintes de cette pathologie. Leur fréquence de 3,3% ainsi obtenue correspond bien à une valeur attendue dans l’intervalle. Ils ont également noté que 4/5 de ces fœtus étaient en position dorso- sacrée lors de la correction de la torsion, insinuant que le réflexe de redressement fœtal pourrait jouer un rôle dans cette pathologie. Les causes de torsion sont encore spéculées, mais certains pensent que cela a lieu lorsque la jument gestante se couche brutalement (Brinsko et al., 2011).

Les déchirures utérines (de la paroi ou de l’artère utérine) sont également décrites, Abernathy- Young et collaborateurs (2012) ont relevé deux cas sur 95 dystocies lors de leur étude (2,1 %), et de manière assez similaire Mc Cue et Ferris (2012) ont répertorié trois cas sur 106 dystocies (2,8%).

L’hydropisie des membranes fœtales est une pathologie répertoriée dans 4% des dystocies (Blanchard et al., 1989). Elle résulterait d’une dysfonction placentaire et se manifeste par une augmentation du volume dans la cavité amniotique (hydramnios) ou allantoïdienne

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(hydrallantoïde). Le volume de ces cavités atteint à terme selon la race 3 à 7 litres pour l’amnios et 8 à 18 litres pour l’allantoïde. Lors d’excès de fluide allantoidien, plus fréquemment recontré, le volume de la cavité peut excéder les 200 litres (Brinsko et al., 2011). Les juments atteintes sont souvent en milieu ou fin de gestation, et présentent un élargissement de l’abdomen progressif (sur quelques semaines) pouvant mener à une rupture du tendon prépubien. Lors d’hydramnios, la distension utérine est bien moins importante et d’apparition moins rapide.

Cette distension exagérée des parois de l’utérus rend les contractions inefficaces, jusqu’à atteindre l’atonie utérine. Frazer (2000) a montré que lors de cette pathologie, 50% des fœtus étaient viables ; toutefois la jument et le poulain sont en danger et le part doit être déclenché dès que la pathologie est diagnostiquée. Il faudra dans ce cas de figure penser à mettre en place une fluidothérapie avant l’intervention, indispensable pour compenser les pertes de liquide ; et pour éviter une déplétion liquidienne trop brusque, Frazer (2000) conseille le placement d’un cathéter transcervical afin de vidanger graduellement l’utérus et ainsi éviter un choc cardio- vasculaire.

Comme évoqué précédemment, il est possible de rencontrer des cas de rupture du tendon prépubien chez des juments atteintes d’hydropisie des membranes fœtales ou gestantes d’un gros fœtus (ou de jumeaux). De ce fait, elle atteint plus souvent les juments de trait. Une zone œdématiée se forme ventralement et contrairement à l’œdème physiologique, est très douloureuse. Le bassin de la jument n’étant plus soutenu ventralement, et avec le poids de l’abdomen, la colonne se fléchit en lordose et le bassin bascule vers le bas, occasionnant une élévation des tubérosités ischiatiques et du port de queue. La jument se positionne également avec les antérieurs et les postérieurs campés, en « petit cheval à bascule ». Les contractions abdominales sont très réduites dans ce cas de figure, et une assistance lors de la mise-bas sera nécessaire. Il est possible si la jument est presque à terme et qu’elle porte un poulain de valeur de bander l’abdomen pour apporter du support en attendant la parturition. Si la rupture est partielle, il est préférable de ne pas remettre la jument à la reproduction car il y a des risques de déchirure complète.

La rupture de la paroi abdominale (ou hernie) est gérée de la même manière que la précédente, bien que souvent moins grave en termes de santé et de carrière reproductrice. Le poulain qui peut être délivré sans assistance et une fois sevré, il est possible de recoudre la hernie sans craintes de récidives lors de la gestation suivante (Brinsko et al., 2011).

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La disproportion fœto-pelvienne est rare chez la jument en l’absence de défaut de conformation du bassin, étant donné que la taille du poulain est génétiquement régulée par la taille de la mère (Sabbagh et al., 2013). Il est intéressant de noter également que l’héritabilité de la caractéristique « poulinage facile » provient à la fois de la jument, à hauteur de 28% mais aussi de l’étalon, à hauteur de 5% (Sabbagh et al., 2013).

La séparation précoce du placenta est une entité plutôt rare, (1.6% reportés par Mc Cue et Ferris entre 2002 et 2010, 2% reportés par Ginther et Williams en 1996). L’allantochorion ne se déchire pas à la fin de la première phase et il apparaît au niveau des lèvres vulvaires un tissu rouge velouté indiquant le décollement du placenta, appelé aussi « red bag ». Il s’agit d’une urgence qu’il faut résoudre en déchirant la membrane et tractant le poulain rapidement, car ce dernier est privé d’oxygène dès lors que le placenta est décollé. Durant cette manipulation, la délicatesse est de mise car une traction mal effectuée sur un col de l’utérus incomplètement dilaté peut occasionner des lacérations cervicales.

Si une pathologie prédisposant à la dystocie est connue chez une poulinière, une césarienne élective peut être programmée, avec un monitoring précis de la gestation et des signes annonciateurs de la mise-bas. La mesure du pH et des ions du lait est un test réalisable par les propriétaires, et la mesure des orbites fœtales par échographie est un examen précis qu’il est possible de mettre en place avec un imageur expérimenté. La jument doit idéalement être envoyée dans un centre de référés quelques temps avant la mise bas, afin d’éviter tout stress inutile en cas de dystocie avérée.

1.2.2. Facteurs liés au poulain

Comme vu chez la jument, la race influence la fréquence de dystocies. Les poulains de race lourde peuvent présenter une hypertrophie musculaire, surtout des membres postérieurs, ce qui augmente l’incidence des dystocies (Frazer et al., 1997). Les poneys de race Shetland et les chevaux de trait Belge sont les deux races connues pour leur prédisposition à avoir des fœtus surdimensionnés (Vandeplassche et al., 1993), bien qu’il soit connu que la taille du poulain est régulée par la taille de l’utérus (Sabbagh et al., 2013).

On utilise trois critères pour décrire la disposition du fœtus in utero : la présentation, la position et la posture. Les anomalies de posture, qui font référence à la position des membres, de la tête et du cou, sont les plus fréquentes et la première cause de dystocie dans l’espèce équine. On répertorie par exemple la déviation de la tête et du cou, les flexions du carpe, de l’épaule, de la hanche ou du coude (plutôt extension incomplète), ou encore les antérieurs croisés au-dessus

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de la tête. Les extrémités particulièrement longues des poulains en sont à l’origine (Brinsko et al., 2011). Les anomalies de présentation font référence à la présentation du poulain, s’il est dans l’axe longitudinal de la jument ou transverse, et s’il se présente antérieurement ou postérieurement. En 1997, Frazer et collaborateurs ont comparé leurs données d’incidence de ces défauts de présentation lors de dystocies avec les résultats obtenus par Vandeplassche en 1987 et ont obtenu les résultats ci-dessous. La présentation antérieure est la présentation attendue lors d’un poulinage classique.

Vandeplassche (1987) Frazer et al. (1997)

Présentation antérieure 68% 76%

Présentation postérieure 16% 14%

Présentation transverse 16% 10%

Les anomalies de position concernent l’orientation du dos du fœtus en comparaison avec le bassin de la mère. Lors d’une mise bas eutocique, le poulain est censé se présenter en position dorso-iliaque après avoir effectué sa rotation ; il arrive cependant qu’il se trouve en position dorso-sacrée ou qu’il reste en position dorso-pubienne. Un fœtus mort peut causer une dystocie car la rotation ne se fera pas et la position sera anormale.

Les malformations fœtales sont à différentier des anomalies précédemment énoncées. On répertorie par exemple la contracture des tendons ou le torticolis, à ne pas confondre avec une anomalie de posture. Toutefois, une légère ankylose ou un léger torticolis peuvent découler d’un défaut de position chez le fœtus : une position transverse par exemple réduit drastiquement l’espace disponible pour le fœtus si celui-ci se bloque dans la corne utérine controlatérale au cours de la gestation (5-7 mois). L’hydrocéphalie est causée par une augmentation de la pression intracrânienne et il en résulte une déformation des os du crâne qui peut occasionnellement donner lieu à des dystocies surtout chez les poneys. Les monstruosités telles que les poulains cœlosomiens ou bicéphales sont peu évoquées dans la littérature.

La gémellité dans l’espèce équine est une cause de dystocie. Lorsqu’une jument est gestante de jumeaux, et qu’elle n’a pas éliminé un des deux concepti avant le 40ème jour de gestation, la compétition placentaire est telle qu’elle va avorter, souvent tardivement, dans 65 à 70% des cas (la gémellité compte jusqu’à 30% des cas d’avortement chez la jument) (Brinsko et al., 2011).

Lorsqu’un des deux fœtus (ou les deux) est (sont) mort(s) in utero, la rotation et le

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positionnement ne se feront pas, et l’entrelacement des membres des deux fœtus rentra la tentative d’extraction manuelle très compliquée.

2. Gestion du cas : approche individuelle

2.1 L’importance du timing

Le but du traitement de la dystocie est, idéalement, de sauver la jument et son poulain.

Toutefois, la survie de la mère et la conservation de sa fertilité future deviennent prioritaire en cas de mort du fœtus.

La décision de référer rapidement donne de meilleures perspectives pour la fertilité de la jument et lorsque le poulain est encore vivant, donne le meilleur pronostic de survie (Samper et al., 2007). Le praticien doit être conscient de ses propres limites, autant matérielles que sur le plan de l’expérience personnelle dans la résolution de la dystocie. Il doit aussi prendre en compte les moyens mis à sa disposition, en termes d’infrastructures, de matériel et de moyens financiers.

Si la survie du poulain est prioritaire, la jument doit être précautionneusement surveillée à toute heure du jour et de la nuit, et un transport vers une structure spécialisée doit être prêt à l’avance.

Lorsque le praticien est appelé pour une dystocie, la gestion du temps est le mot d’ordre.

L’intervalle entre la rupture de l’allantochorion et la naissance est de 17 minutes (McCue et Ferris, 2012) et une fois les 30 minutes dépassées, chaque intervalle de 10 minutes supplémentaires augmente de 10% les risques de décès du poulain. Un poulain survivra rarement à une seconde phase de la mise-bas qui durerait plus de 60 à 90 minutes (Embertson, 1999 ; Volkmann, 2009).

En 2002, Byron et collaborateurs ont évalué sur 247 dystocies la proportion de mortinatalité en relation avec la durée de la dystocie. Il en est ressorti que dans les 42% de poulains nés vivants, la durée de la seconde phase du part était de 60 minutes en moyenne alors que chez les mort- nés ou les poulains euthanasiés, la moyenne était de 79 minutes, à peine 17 minutes de plus.

Cette étude souligne l’importance de la réactivité nécessaire en cas de suspicion ou de dystocie avérée. Les juments Frisonnes font cependant une légère exception à la règle, avec des poulains délivrés vivants après 380 minutes de dystocie. Maaskant et collaborateurs (2010) ont attribué cela à un décollement plus long du placenta chez cette race (et de ce fait une prédisposition à la rétention des membranes fœtales) ainsi qu’une incidence plus élevée au sein de la race aux dystocies en présentation transverse (moins de contractions responsables du décollement placentaire).

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Si c’est la survie de la jument qui prime, une délivrance vaginale assistée peut être effectuée sur place et en cas d’échec après maximum 15 à 20 minutes (Blanchard et al., 2011) , elle doit être transférée dans un centre spécialisé pour tenter une délivrance contrôlée ou une fœtotomie.

La césarienne n’est pas proposée si la valeur du poulain n’excède pas le coût de l’opération.

Les propriétaires doivent être informés de toute la démarche et des options possibles, du prix et des risques encourus.

Selon McCue (2013), les signes qui doivent pousser les propriétaires à appeler le vétérinaire sont :

- S’il n’y a aucun signe de progression du part 10 à 15 minutes après la rupture de l’allantochorion.

- Si le part s’arrête brutalement.

- Si la jument devient subitement très douloureuse ou si elle montre des signes de choc.

- Si le propriétaire n’est pas sûr de reconnaître un poulinage dystocique - Si le propriétaire croit reconnaître un poulinage dystocique

- Si le propriétaire n’a pas la connaissance, l’entrainement ou la capacité de reconnaître ou de remédier à un problème.

L’éducation et la responsabilisation des propriétaires ou managers de chevaux peut, en cas d’urgence, permettre d’agir vite et de sauver la jument et son produit.

2.2. Les premiers gestes

En attendant que le vétérinaire arrive, les propriétaires sont incités à faire marcher la jument afin de diminuer les efforts expulsifs. Blanchard et collaborateurs (2011) ne conseillent pas l’administration de molécules sédatives dans ce but. Les manipulations doivent être stoppées afin de ne pas léser la jument et éviter la détresse fœtale.

Les premiers gestes à effectuer sont le bandage de la queue de la jument et le lavage de la zone périnéale à l’eau chaude savonneuse (savon antiseptique). Cette étape permet déjà de recueillir des informations en observant l’aspect de la vulve, si on aperçoit des membres du poulain sortir, s’il y a des écoulements, l’aspect des enveloppes fœtales ou des prolapsus (rectal, inversion de la vessie, anses intestinales…) (Paul Jeanjean, 2012). En même temps, le praticien se lave les mains et les bras de la même manière. L’emploi d’une blouse de vêlage ou de manches stériles dépend de la préférence personnelle et est optionnelle (Frazer et al., 2002). Lors de cette

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préparation, l’anamnèse doit être prise rapidement et efficacement, en commençant par l’âge de la jument, ses antécédents reproducteurs, sa valeur et si elle reçoit des traitements. Des questions spécifiques sur le poulinage en cours sont aussi indispensables (Paul Jeanjean, 2012) : - Induction ou non de la mise-bas ? Heure du début du poulinage ?

- Présence de contractions ? Périodes d’interruption des contractions ?

- Ecoulements vaginaux ou pertes des eaux fœtales ? Apparition à la vulve d’appendices fœtaux, lesquels ?

- Production de méconium ? - Signes de vitalité du fœtus ?

- Arrêt de la progression du poulinage ? - Assistance de la jument ?

- Marche en main de la jument ?

Une fois les informations recueillies, un examen général de la jument est réalisé, en vérifiant les muqueuses, le temps de remplissage capillaire, le pouls, l’état d’hydratation, les efforts expulsifs, la température et la fréquence cardiaque et respiratoire entre autres. Sur base de ces données il est possible de rapidement évaluer si la jument est en état de choc, déshydratée ou en hémorragie (Paul Jeanjean, 2012).

Une contention sécurisante pour tous doit être appliquée, étant donné que la jument peut présenter un comportement violent durant les manipulations. On peut contenir mécaniquement la jument à l’aide d’un tord-nez ou chimiquement. L’emploi de molécules tranquillisantes est à considérer avec parcimonie, car elles circuleront dans le fœtus via le placenta et peuvent induire une sévère dépression cardiorespiratoire délétère s’il est déjà en souffrance. Les alpha-2- agonistes ont pour effet de diminuer la perfusion utérine, et de ce fait limiter l’apport d’oxygène au fœtus. Bidwell (2013) conseille l’utilisation d’un alpha-2-agoniste seul (400 à 500 mg de xylazine pour une jument de 500 kg) ou associé à du butorphanol (0.01-0.08 mg/kg). Frazer et collaborateurs (2002) déconseillent l’utilisation de molécules alpha-2-agoniste seules, telles que la xylazine et la détomidine pour la sédation, car elle rendrait certaines juments hypersensibles au niveau des postérieurs et préfèrent l’association à du butorphanol afin de diminuer les doses de xylazine (0.3-0.5 mg/kg de xylazine avec 0.01-0.02 mg/kg de butorphanol). Blanchard (2011) déconseille l’utilisation de molécules sédatives à cause de leurs

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actions néfastes sur les fonctions cardiorespiratoires du poulain, mais en cas de nécessité absolue préconise également l’association de xylazine (0.44 mg/kg) et de butorphanol (0.044 mg/kg) ou l’utilisation seule de maléate d’acépromazine (0.07 mg/kg). Cette dernière n’a que peu d’effets sur le fœtus mais augmente le risque d’hypotension si la jument doit subir une anesthésie générale.

2.3 Examen de la jument et du fœtus

Une palpation transrectale peut être effectuée avant le nettoyage du périnée et l’examen vaginal, bien qu’elle ne soit pas obligatoire. Après avoir vidé le rectum, on peut récolter quelques informations sur l’utérus, comme la présence d’une torsion, d’une déchirure ou d’un spasme, mais également sur le fœtus, en donnant une première idée de la disposition de celui-ci (Frazer et al., 2002, Paul Jeanjean 2012).

L’examen vaginal n’est performé que si la jument est correctement bandée et nettoyée.

L’opérateur doit également nettoyer consciencieusement ses mains et ses avant-bras avec un savon antiseptique, avant de copieusement les lubrifier. Cette étape est primordiale, surtout si la jument est en dystocie depuis longtemps et que les muqueuses ont commencé à s’œdématier et à sécher.

L’examen vaginal permet de s’assurer de l’absence de lésions, d’anomalies et d’évaluer le degré de dilatation du col. Toute lésion présente au moment de la palpation doit être signalée afin de protéger le praticien en cas de litige Cette étape est essentielle car l’extraction forcée d’un poulain au travers d’un col insuffisamment dilaté peut occasionner de sévères lésions telles que des adhérences et des fibroses, mettant ainsi en péril la carrière reproductrice de la jument (Samper et al., 2007 p 108). Durant cet examen, la position du poulain et sa viabilité sont déterminées. A savoir qu’un poulain très mobile dans l’utérus peut interférer avec les manœuvres de l’obstétricien, dans ce cas Frazer (Samper et al., 2007) conseille de placer une corde passant par la bouche et derrière les oreilles du fœtus, afin de pouvoir contrôler les mouvements de la tête.

Dans le cas où le fœtus ne semble pas bouger, il est possible de tester certains réflexes en pinçant le bourrelet coronaire, appuyant sur l’orbite, le réflexe anal ou le réflexe de succion. Une palpation directe du choc précordial sur le thorax peut être réalisée si la position du poulain le permet. La réponse négative à ces réflexes ne permet pas néanmoins de certifier le décès du fœtus, seule une échographie trans-abdominale peut le confirmer (Frazer et al., 2002, Samper et al., 2007 p 422).

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C’est à ce moment que la décision de référer doit être prise, le praticien doit annoncer au propriétaire les coûts et les risques de chaque intervention possible. Les pronostics vitaux ainsi que le pronostic reproducteur de la mère doivent être discutés et la décision de traitement prise en accord. Si la carrière de la jument prime, les manipulations vaginales prolongées sont déconseillées en raison de la fragilité des tissus.

Le choix de la méthode de délivrance est influencé par le choix et les moyens du client de même que la viabilité du fœtus, la durée de la dystocie, la valeur de la jument et de son poulain, l’expertise du vétérinaire et l’accessibilité aux installations (McCue, 2013).

3. Manipulations obstétricales (hors chirurgie) et complications

Depuis des années, d’éminents cliniciens se penchent sur la recherche de la procédure la plus adaptée en comparant les taux de survie, les complications et l’impact sur la fertilité future de la jument. Bien évidemment, l’objectif est de faire naître un poulain vivant en préservant la santé de la jument, en sachant que la résolution de la dystocie ne suit pas un protocole standard, chaque situation nécessite une approche et des adaptations différentes. On décrit quatre méthodes différentes pour traiter une dystocie : la mutation et extraction fœtale sur jument debout (délivrance vaginale assistée), l’extraction sur jument anesthésiée (délivrance vaginale contrôlée), la fœtotomie et la césarienne (développée dans la quatrième partie).

Certains cas de dystocie, comme le « red bag » peuvent être facilement résolus sur place après la rupture manuelle de l’allantochorion. Certains praticiens laissent la jument pouliner seule par la suite si le poulain est dans une position adéquate. Cette pratique comporte cependant un risque d’asphyxie pour le poulain, qui n’est plus correctement oxygéné via le cordon ombilical.

Volkmann (2009) préconise d’extraire le fœtus de manière forcée, en connaissant les risques de lésions cervicales associées et l’impact sur la carrière reproductrice future : ce cas précis de résolution de dystocie souligne l’importance d’établir la priorité lors de l’urgence, si elle est de préserver la mère ou le poulain.

Le recours à l’euthanasie est possible dans certains cas gravissimes ou faute de moyens, mais ne sera pas développé ici.

Le praticien peut juger, dans la mesure où il dispose des moyens suffisants, de traiter la jument sur place plutôt que de la référer dans un centre spécialisé (Blanchard et al., 2011).

A l’inverse, si la jument doit être transportée, il est conseillé de contrôler les contractions de la jument grâce à une injection de clenbutérol (0.3-0.5mg dose maximale) par voie intraveineuse

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(Volkmann, 2009 ; Blanchard et al., 2011). Il est indiqué chez les juments traitées avec cette molécule de clamper dorsalement les lèvres vulvaires pendant 6 à 8h après la délivrance, pour réduire le risque de prolapsus utérin (Brinsko et al., 2011). Palmer et Wilkins (2005) ont développé une technique consistant à intuber le fœtus in utero, ce qui permettrait d’augmenter les chances de survie du poulain. Elle a toutefois été qualifiée de « performance héroïque » par Blanchard (2011), insinuant la difficulté et la technicité à mettre en place dans l’urgence avant un transport.

3.1 Résolution sur place : mutation et extraction forcée

La mutation suivie de l’extraction forcée est la technique la plus employée pour délivrer les juments en dystocie. Elle consiste à manipuler le poulain et ses membres in utero par répulsion, rotation, flexion, transformation et extension afin de le positionner correctement (présentation, position et posture eutociques). Si le poulain est vivant, et comme énoncé précédemment, le vétérinaire dispose d’une quinzaine de minutes pour procéder à cette manipulation, et en cas d’échec la décision d’adapter le traitement ou de référer devra rapidement être prise. Si le fœtus est déjà mort, le temps qui lui est accordé dépendra de la tolérance de la jument à l’anesthésie Volkmann, 2009). Cette procédure, bien que moins invasive qu’une chirurgie, n’est pas sans danger et les risques de lésions du vagin et de l’utérus sont considérables. Les muqueuses génitales sont fragiles, et les frottements induits par la manipulation peuvent être à l’origine d’adhérences. A savoir que si la conservation de la fertilité de la jument est l’objectif premier, alors les tentatives de délivrance manuelle doivent être oubliées, et le choix directement porté sur une fœtotomie ou une césarienne (Frazer, 2001).

Pour correctement manipuler le fœtus dans l’utérus, la jument ne doit idéalement pas avoir de contractions. Même si la jument a déjà reçu des tocolytiques (clenbutérol), une anesthésie épidurale peut être mise en place (ses propriétés anesthésiques et analgésiques sont aussi recherchées). Toutefois, la profondeur de l’anesthésie doit être anticipée en fonction de la possibilité de transport de la jument : si un déplacement en hôpital vétérinaire est envisagé, alors une anesthésie légère doit être administrée afin de réduire le risque de chute lors du transport (Blanchard et al., 2011). Les molécules préférentiellement utilisées lors d’anesthésie épidurale sont la lidocaïne et la xylazine. Dans le cadre d’une anesthésie « légère », c’est-à-dire le minimum requis pour une anesthésie correcte, d’utiliser 1 à 1.25 mL de lidocaïne 2% pour 100 kg (Blanchard et al, 2011 ; Brinsko et al, 2011) ou 0.4 mL de xylazine avec 2.6 mL de lidocaïne 2% et 3 mL de solution saline pour 500 kg (Blanchard et al, 2011). La mépivacaïne peut être utilisée en remplacement de la lidocaïne aux mêmes doses (Brinsko et al., 2011). La

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xylazine utilisée seule à la dose de 0.17 mg/kg confère une très bonne analgésie du périnée sans les effets dépresseurs sur les nerfs moteurs (Samper et al., 2007). L’association de molécules est conseillée par de nombreux auteurs, car elle permet de réduire considérablement les doses d’anesthésiques, à savoir qu’une dose totale supérieure à 7-9 mL de lidocaïne chez une jument de 500 kg peut occasionner une ataxie et une perte de contrôle moteur des postérieurs, induisant un décubitus ou nécessitant un support pendant 2 à 4 h (Samper et al., 2007). Le point négatif d’une telle association se retrouve dans la durée de mise en place de l’anesthésie. De la lidocaïne utilisée seule mettra 5 minutes pour anesthésier la zone, alors qu’un cocktail peut prendre 30 minutes avant de délivrer son effet anesthésique maximal, mais il sera efficace plus longtemps (Brinsko et al., 2011 ; Paul Jeanjean, 2012). La perte de ce temps précieux peut mettre en péril la survie du poulain et dans les cas urgents, Brinsko et collaborateurs (2011) conseillent la mise en place d’une anesthésie générale.

L’épidurale inhibe les contractions utérines et influence indirectement les contractions abdominales : la perte de sensibilité vaginale diminue l’arc réflexe de Ferguson et in fine les contractions myométriales (Samper et al., 2007). L’inhibition du réflexe de Ferguson peut être obtenue autrement par le passage d’un tube naso-gastrique dans la trachée de la jument (en empêchant la fermeture de la glotte, les contractions abdominales sont arrêtées (Paul Jeanjean, 2012).

Avant de commencer les manipulations, quelques litres de liquide lubrifiant tiédi (4 à 8 litres) sont instillés dans l’utérus au moyen d’une sonde naso-gastrique afin de relaxer légèrement l’utérus et de disposer de plus d’espace. Le praticien doit s’assurer de l’intégrité de l’utérus avant de pomper le liquide, surtout si des manœuvres ont été tentées par le propriétaire avant son arrivée (Samper et al., 2007).

La mutation du fœtus commence souvent par une répulsion, c’est-à-dire le refoulement du fœtus au fond de l’utérus afin de disposer de plus d’espace pour manipuler. Cette manipulation est tout à fait proscrite chez les juments qui ont déjà perdu les eaux et dont l’utérus est très contracté autour du fœtus, et une solution alternative doit être trouvée (Blanchard et al., 2011 ; Brinsko et al., 2011).

Les plupart des anomalies de posture de la tête et du cou et des membres antérieurs peuvent être résolues par répulsion. Pour les membres postérieurs, la manipulation est souvent très difficile étant donné que le thorax du poulain se trouve dans le canal pelvien et que le praticien ne dispose que de très peu de place.

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La rotation consiste à remettre le poulain dans une position correcte, si elle n’a pas naturellement eu lieu durant la première phase du part. Si le poulain a déjà progressé, une répulsion peut être nécessaire afin de profiter d’un espace supplémentaire, puis d’appliquer une pression latérale au niveau de l’épaule. Lorsque le fœtus est vivant, la manipulation est facilitée par la réponse qu’il manifeste à la pression (Samper et al., 2007).

Lors d’anomalies de posture de la tête, la flexion des carpes peut être initiée après y avoir placé des chaines, cette mesure permet de gagner l’espace pris par les antérieurs lorsqu’ils sont en extension vers le canal pelvien, et de pouvoir remettre plus facilement la tête dans l’axe (Blanchard et al., 2011 ; Brinsko et al. 2011 ; Paul Jeanjean, 2011).

L’extension des extrémités permet également de résoudre les problèmes de flexion des membres et de la tête. Un soin tout particulier doit être adressé lors de la tentative d’extension ; pour protéger l’utérus, le vétérinaire doit coiffer le sabot de la main pour prévenir les lacérations. Si le poulain a commencé à s’engager, une répulsion est effectuée avant l’extension du ou des extrémités fléchies. Des lacs obstétricaux peuvent être passés autour de la tête ou des membres du poulain pour faciliter la manipulation.

La transformation consiste en une correction de la position transverse, par mouvements de répulsion et traction successifs. La probabilité de succès de réduction de la dystocie est plus élevée lorsque la jument est anesthésiée avec les postérieurs surélevés (voir ci-après) (Samper et al., 2007 ; Brinsko et al., 2011). Les juments de race frisonne sont comparativement bien touchées par ce type de dystocie que les autres races, mais la faiblesse des contractions de par l’absence du réflexe de Ferguson et le décollement lent du placenta leur confèrent un taux de survie bien supérieur. La césarienne est l’option préférée dans ce cas (Maaskant et al., 2010).

La traction est initiée une fois que les anomalies ont été corrigées et que le poulain est dans une position, posture et présentation eutociques. Le col de l’utérus doit être dilaté à son maximum, et les voies génitales copieusement lubrifiées. La traction doit être appliquée très précautionneusement pour préserver au maximum le tractus génital de la jument. Si malgré la force appliquée le poulain ne semble pas passer, une vérification du canal pelvien est effectuée pour s’assurer de l’absence d’un membre bloqué sous le fœtus (Blanchard et al., 2011).

3.2 Extraction sur jument anesthésiée

Après 10 à 15 minutes de manipulations (sur jument debout), lorsqu’il n’y a aucune possibilité de référer, ou par choix du propriétaire, le praticien peut tenter une délivrance vaginale contrôlée, c’est-à-dire en mettant la jument sous anesthésie générale et en élevant ses

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postérieurs de 30° par rapport au sol pour augmenter ses chances de réussite (Blanchard et al., 2011 ; Brinsko et al., 2011). Cette option doit être réfléchie car une fois la jument anesthésiée, le transport vers un centre devient compliqué, en plus du risque anesthésique en lui-même.

Cette méthode facilite la répulsion du fœtus et augmente la probabilité de réussite de réduction d’une dystocie en présentation traverse (Samper et al., 2007).

3.3 Fœtotomie

La fœtotomie est l’option de choix lorsque le fœtus est mort, que la mutation et l’extraction n’ont pas donné de résultats convaincants ou que le propriétaire ne souhaite pas de césarienne.

Elle peut être performée sur la jument debout, ou sous anesthésie générale, selon la préférence du praticien, bien que l’anesthésie générale confère une sécurité bien supérieure au vétérinaire et à la jument, en plus de la diminution des contractions qui réduit le temps de manipulation et donc augmente les chances de survie (90% de survie selon Vandeplassche, 1971) et la conservation d’une bonne fertilité (Voelk et al., 2015). Volkmann (2009) conseille la pratique sur jument debout (sous une forte sédation et épidurale) avec les antérieurs en position déclive, pour de meilleurs résultats. Si la jument est référée pour fœtotomie et que son tractus génital est déjà traumatisé, la meilleure option est de pratiquer une césarienne à la place. Cette technique consiste en la réduction de la taille du fœtus en le découpant au moyen d’un fœtotome et d’une scie-fil. Les extrémités à sectionner et la zone de découpe diffèrent selon la nature de la dystocie, et sont détaillées par Frazer (2001).

Si le fœtus est encore vivant au moment de la décision de fœtotomie, il doit être préalablement anesthésié et exsanguiné in utero, ce qui implique que la jument doit être elle aussi anesthésiée, et dans ce cas la fœtotomie se pratique sur la jument couchée (Volkmann, 2009).

Il est possible d’effectuer une fœtotomie partielle ou totale. Les cas de flexion du cou ou des membres ne requièrent généralement que deux coupes. La fœtotomie totale (plus de trois découpes) va concerner les cas où la chirurgie est inenvisageable, économiquement parlant ou de par les risques de contamination trop élevés (autolyse du fœtus). Le recours à cette dernière méthode n’est cependant pas idéal (Frazer, 2001 ; Brinsko et al., 2011).

La fœtotomie n’est pas une procédure sans risques (hémorragies, blessures) et peut menacer la fertilité future de la jument (Frazer, 2001 ; Byron et al., 2002). Si le praticien n’est pas expérimenté, le mieux et de référer pour une césarienne (Freeman et al., 1999 ; Frazer, 2001 ; Samper et al., 2007) . La manipulation étant plus aisée chez les bovins, de par leur canal pelvien plus court, il est conseillé de s’entrainer en obstétrique bovine, ou de pratiquer sous la

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supervision d’un vétérinaire expérimenté avant de tenter la manipulation sur des juments (Frazer, 2001). Une fois maitrisée, il s’agit d’une alternative à la césarienne tout à fait acceptable et efficace.

Les taux de survie reportés sont variables selon les études. Abernathy-Young et collaborateurs (2012) ont noté que 40% des juments sont décédées après la manipulation. Une étude rétrospective menée en 1983 a relevé une mortalité globale de 29% pour les juments ayant subi une fœtotomie, avec des variations selon le temps écoulé depuis le début de la dystocie et selon la technique employée (fœtotomie partielle ou totale), les juments ayant attendu plus de 24h avant de subir la fœtotomie ou ayant eu une fœtotomie totale étant les plus à risques (Voelkl, 2015). Une étude plus récente (Carluccio et al., 2017) se basant sur 72 dystocies a relevé un taux de survie après fœtotomie de 95,8%, bien plus acceptable que les résultats précédemment obtenus. Volkmann en 2009 relève 100% de survie chez les juments traitées par fœtotomie.

4. Manipulation chirurgicale et complications

4.1 Anticipation de la chirurgie

La césarienne est la chirurgie de choix pour traiter une dystocie. Il est possible d’y avoir recours dans le cadre de la gestion d’une urgence ou au contraire, de la planifier à l’avance. On parlera dans ce cas de césarienne élective.

Les indications pour la césarienne en urgence comprennent les anomalies détectées par le praticien lors de sa visite en urgence, telles que les anomalies maternelles (lésions vaginales ou cervicales, hémorragies, torsion ou rupture utérine…), les anomalies de présentation (transverse surtout) ou de posture (flexion des extrémités incorrigibles par mutation ou foetotomie), les cas de disproportion fœto-maternelle, lorsque les tentatives de mutation ont échoué après 20 minutes ou après une tentative de fœtotomie infructueuse (Juzwiak et al., 1990 ; Maaskant et al., 2010 ; Brinsko et al., 2011 ; Paul Jeanjean, 2012).

Il est possible de prévoir une césarienne à l’avance, si on sait que la jument est gestante de jumeaux et que les tentatives d’éclatement de l’ampoule fœtale ont échoué, lors de défauts anatomiques connus tels qu’une obstruction du canal pelvien (après une fracture par exemple), des adhésions cervicales, un historique de dystocie ou en présence d’un poulain de très grande valeur (Watkins, 1990 ; Maaskant et al., 2010).

Si l’accès à une clinique équipée est aisé en cas de dystocie, le choix d’une césarienne donne le meilleur pronostic concernant la survie du poulain et la fertilité de la jument (Samper et al.,

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2007). Si des conditions optimales de temps sont atteintes, on peut espérer une survie du poulain autour des 30% (Juzwiak et al., 1990 ; Byron et al., 2002 ; Samper et al., 2007 ; Abernathy Young et al., 2012) et jusqu’à 90% pour la jument (Juzwiak et al., 1990 ; Freeman et al., 1999 ; Byron et al., 2002 ; Maaskant et al., 2010 ; Abernathy Young et al., 2012). La fertilité post- opératoire dépendra surtout des manipulations vaginales que la jument a subies et du management global de la dystocie avant le recours à la chirurgie (Juzwiak et al., 1990).

A noter que dans le cas des césariennes électives, les pronostics de survie de la mère et du poulain sont plus élevés encore. Ainsi, Abernathy Young et collaborateurs (2012) ont obtenu une survie de 100% de la mère et du poulain lors de leur étude. Cependant toutes ces juments ont aussi présenté comme complication une rétention des membranes fœtales.

4.2 Anesthésie de la jument gestante

Les protocoles anesthésiques utilisés dans le cadre d’une dystocie se doivent d’être faciles d’administration et efficaces rapidement, afin de permettre une manipulation du fœtus aisée (Bidwell, 2013). De nombreux protocoles ont été détaillés dans la littérature. La condition du fœtus peut être un bon indicateur pour le choix du protocole, à savoir si l’on préfèrera un protocole court et réversible afin de pouvoir rapidement reverser le poulain à sa naissance ou si cela n’a pas d’importance, dans ce cas on choisira l’anesthésie la plus adaptée à la condition de la jument.

L’anesthésie de la jument gestante n’est pas une tâche facile, sa condition physiologique va modifier de nombreux paramètres à prendre en compte. L’ocytocine circulante va par exemple induire une vasodilatation généralisée, conduisant à une pression sanguine basse. Le fœtus repoussant le diaphragme va diminuer la capacité ventilatoire de la jument et donc sa capacité à bien oxygéner son sang ; la position de la jument lors de la chirurgie (le train postérieur surélevé) peut également empirer ce paramètre en augmentant encore plus la pression. La relaxation du sphincter œsophagien augmente les risques de fausse route (Bidwell, 2013).

Le protocole le plus fréquemment décrit dans la littérature comporte une induction de la jument à la xylazine 0,8-1,1 mg/kg (ou romifidine), kétamine 2,2 mg/kg (Frazer et al., 2002 ; Voelkl, 2015) et diazépam 0,04-0,08 mg/kg (Byron et al., 2002 ; Bussy, 2008 ; Abernathy-Young et al., 2012 ; Bidwell, 2013). La maintenance de l’anesthésie se fait par inhalation d’halothane (ou d’isoflurane) et d’oxygène après intubation (Juzwiak et al., 1990 ; Byron et al., 2002 ; Frazer et al., 2002 ; Bussy, 2008 ; Abernathy-Young et al., 2012 ; Bidwell, 2013). Si le poulain est vivant, il est préconisé d’utiliser une anesthésie « triple drip » qui associe le guaiacol glycéryl éther

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(GGE ou guaïafénésine) à de la kétamine et de la xylazine (ou romifidine) (Frazer et al., 2002 ; Bussy, 2008 ; Bidwell, 2013 ; Voelkl, 2015) puis de repasser à une anesthésie gazeuse lorsque le poulain est extrait. La guaïafénésine a un effet relaxant sur le myomètre, ce qui facilite encore plus les manipulations (Bidwell, 2013 ; Voelkl, 2015).

Lors de procédures initiées « dans le champ », une anesthésie locale peut être mise en place après une sédation à l’acépromazine (0,02-0,04 mg/kg IV) en injectant localement en sous- cutané et intramusculaire de la lidocaïne 2% sur la zone d’incision (Gandini et al., 2013)

4.3 Technique de chirurgie

Une fois l’anesthésie en place, le site d’incision tondu et rigoureusement aseptisé, plusieurs approches pour l’incision peuvent être envisagées : sur la ligne blanche, en paramédial ou sur le flanc gauche par exemple. Toutefois, la grande majorité des chirurgiens (en Amérique du Nord surtout) opèrent la jument en décubitus dorsal sur la ligne blanche (Juzwiak et al., 1990 ; Freeman et al., 1999 ; Byron et al., 2002 ; Bussy, 2008 ; Maaskant et al., 2010 ; Abernathy- Young et al., 2012 ; Purohit, 2019). Cette approche est préférée car la plaie peut être suturée sans tension excessives sur les points et elle ne nécessite pas d’incision musculaire, réduisant les risques d’hémorragie et d’œdème post-opératoires (Purohit, 2019). Un article décrivant l’approche paracostale (laparotomie par le flanc gauche) de la césarienne a été édité en 2013 (Gandini et al.), et traite de l’option d’opérer directement dans le champ, comme pour les bovins. Il est alors compréhensible que dans ces conditions l’option d’opérer sur jument en décubitus latéral avec une sédation et une anesthésie locale se soit imposée face à l’approche ventrale sous anesthésie générale.

Lorsque la jument est abordée par le flanc gauche, l’incision se fait en arrière de la dernière côte, à partir du milieu de celle-ci en descendant verticalement jusqu’à la corde du flanc. Le fascia abdominal profond ainsi que le muscle oblique externe sont incisés dans le sens des fibres. L’aponévrose du muscle oblique interne ainsi que du muscle transverse de l’abdomen sont aussi disséquées dans le sens de leurs fibres. Une fois le péritoine atteint il est perforé d’un geste franc, et avant d’extérioriser la corne utérine les intestins sont contrôlés (Gandini et al., 2013.

Lorsque l’abord se fait par la ligne blanche, la jument est positionnée en décubitus dorsal. Un drap chirurgical est placé de la mamelle jusqu’à l’appendice xyphoïde du sternum. L’incision est pratiquée sur la ligne blanche, environ 10 cm crânialement à la mamelle jusqu’à 20cm en dessous de l’appendice xyphoïde (Maaskant et al., 2010). Dans sa totalité elle doit mesurer de

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30 à 40 cm (Juzwiak et al., 1990). L’incision traverse la peau et les fascias des muscles abdominaux superficiel et profond, des muscles obliques interne et externe ainsi que du muscle transverse. Le péritoine est la dernière couche à transpercer et donne accès à la cavité abdominale.

Avant d’extérioriser l’utérus, il est préférable de recouvrir les bords de la plaie avec des tissus stériles humidifiés afin de limiter la contamination de la cavité abdominale par du sang, des liquides ou des tissus fœtaux (Maaskant et al., 2010). Bussy (2008) propose une suture en surjet simple entre l’utérus gravide et les lèvres de la plaie dans le même but, surtout s’il y a eu une contamination ou que le fœtus est mort.

La corne gravide contenant les membres (postérieurs idéalement) du poulain est ensuite extériorisée et l’utérus est incisé sur sa grande courbure afin d’éviter au maximum les gros vaisseaux (Juzwiak et al., 1990 : Maaskant et al., 2012. Il faut veiller à faire une incision suffisamment large pour permettre une délivrance en toute sécurité et ne pas déchirer l’utérus (Bussy, 2008).

Après avoir rompu l’allantochorion, des lacs obstétricaux sont placés sur les membres du poulain et ce dernier est extrait. S’il est vivant, le poulain est immédiatement transféré à une équipe dédiée à la réanimation et aux premiers soins (Byron et al., 2002 ; Bussy, 2008 ; Maaskant et al., 2010). Juzwiak et collaborateurs (1990) ont lors de leur étude laissé le cordon ombilical attaché au fœtus quelques minutes avant de le rompre.

Le placenta n’est pas décollé sauf sur quelques centimètres autour de la plaie d’incision afin d’éviter qu’il ne s’intègre à la suture (Juzwiak et al., 1990 ; Bussy, 2008 ; Maaskant et al., 2010 ; Abernathy-Young et al., 2012 ; Gandini et al., 2013), toutefois s’il est très lâche et se sépare déjà au moment de la chirurgie, il peut être extrait manuellement (Juzwiak et al., 1990).

L’utérus est suturé une première fois par un surjet simple au travers de toutes ses couches afin d’assurer l’hémostase de la plaie (Juzwiak et al., 1990 ; Maaskant et al., 2010 ; Abernathy- Young et al., 2012). Deux surjets invaginants (surjet de Cushing ou Lembert) ont appliqués pour suturer l’utérus avec du fil de type PDS taille USP 0 (Juzwiak et al., 1990) ou du Vicryl taille USP 2 (Abernathy-Young et al., 2012). La cavité abdominale est ensuite abondamment rincée avec une solution saline tiède (6 à 9 litres pour une jument de grande taille sont nécessaires) afin de diminuer encore les risques de contamination (Juzwiak et al., 1990 ; Maaskant et al., 2010 ; Abernathy-Young et al., 2012).

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Une infusion d’ocytocine (40 U.I./500kg) est ensuite administrée à la jument par voie intraveineuse (Byron et al., 2002 ; Bussy, 2008 ; Maaskant et al., 2010) ou intramusculaire (Juzwiak et al., 1990) pour permettre l’expulsion des membranes fœtales et l’involution utérine.

Il est également possible d’administrer cette molécule par voie intramusculaire, à raison de 20 U.I. toutes les deux heures (Maaskant et al., 2010) si les membranes n’ont pas été expulsées après 3 heures post-opération.

Les couches musculaires de l’abdomen sont suturées individuellement par des points simples, suivies par un surjet sous-cutané et enfin le surjet cutané termine la suture de l’abdomen lors d’une approche par le flanc, lors d’approche par la ligne blanche, trois couches de sutures sont appliquées, une sur la ligne blanche, une sous-cutanée et une cutanée.

On peut inclure dans les soins post-opératoires des antibiotiques, surtout si la jument a été opérée dans le pré ou s’il y a eu une contamination de la cavité abdominale par des liquides fœtaux, ainsi que des anti-inflammatoires tels que de la flunixine-méglumine pour le confort de la jument (Juzwiak et al., 1990 ; Byron et al., 2002 ; Bussy, 2008 ; Maaskant et al., 2010).

4.4 Complications et pronostic

Pendant la chirurgie, il est possible d’assister à un collapsus cardio-vasculaire lorsque le poulain est extrait de l’utérus. Des déchirures ainsi que des hémorragies utérines sont parfois observées, et plus particulièrement lorsque des manipulations obstétricales ont été tentées avant le passage en chirurgie (Bussy, 2008).

Freeman et collaborateurs (1999) ont reporté un taux de complications de 42% chez les juments ayant subi une césarienne, parmi lesquelles les déchirures et hémorragies utérines représentent 12,5%. Embertson (1999) insiste particulièrement sur la mise en place d’une bonne suture hémostatique afin de limiter au maximum l’incidence de cette complication.

Le taux de mortalité relevé par Freeman est de 15%, avec 40% des juments de trait décédées qui ont présenté une myopathie post-anesthésique qui leur a été fatale.

Abernathy-Young et collaborateurs (2012) ont relevé 72% de complications sur les juments césarisées avec une mortalité de 16%. Les juments en dystocie depuis moins de 90 minutes présentent significativement moins de complications que les autres.

Byron et collaborateurs (2002) annoncent 15% de mortalité suite à une césarienne, et préconisent d’attendre au moins 6 semaines avant de remettre la jument à la reproduction.

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Les péritonites suivies de fourbure sont aussi répertoriées, ainsi que les infections de la plaie chirurgicale ( Bussy, 2008 ; Abernathy-Young et al., 2012 ;

Une complication fréquente chez les juments ayant subi une césarienne élective reste la rétention d’arrière-faits, qui peut toucher jusqu’à 100% des poulinières (Abernathy-Young et al., 2012). Elle doit être traitée sérieusement car peut mener, elle aussi, à une fourbure.

Juzwiak et collaborateurs ont noté 50% de fertilité l’année suivant la césarienne. En 2010, Maaskant et collaborateurs ont relevé 100% de fertilité sur 23 juments remises à la reproduction, après avoir attendu au moins 3 cycles œstraux.

5. Application au cheptel belge

Les articles consultés pour la réalisation de ce travail proviennent majoritairement des Etats Unis, où l’élevage et le management des équidés diffèrent beaucoup des nôtres. Les chevaux sont parfois élevés dans des fermes à très gros effectif et encadrés par un personnel habitué et entrainé à gérer les situations d’urgence, cadre qui diffère beaucoup du cadre retrouvé en Belgique. La gestion des dystocies s’en retrouve in fine affectée, l’élément ressortant principalement des études étant la mauvaise gestion du temps, lorsque que des propriétaires tardent trop à contacter un vétérinaire ou lorsque le praticien ne réfère qu’en cas d’échec et tardivement (après bien plus de 15 minutes de manipulation).

La composition des troupeaux varie aussi d’un pays à l’autre, et historiquement on s’attendrait à une population largement constituée de chevaux de trait en Belgique, de par leur utilité antan dans les mines, les champs, pour la pêche et, encore actuellement, le débardage.

Afin de se rendre compte de la composition du cheptel belge, et après un entretien auprès de la Confédération Belge du Cheval, de précieuses données répertoriant le nombre de chevaux de race identifiés en Belgique ainsi que les naissances de l’année 2018 ont été recueillies. Les races ont été triées selon quatre catégories : les chevaux lourds, les chevaux légers, les poneys et les ânes.

Après analyse et organisation des données, les graphiques suivants ont été obtenus.

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Ce qui ressort de cette rapide analyse est la majoritaire proportion de chevaux légers dans la population et en termes de naissances. Les chevaux de race BWP (Cheval de Sang Belge) représenté à elle seule 36% des naissances, suivie par la race Zangersheide avec 27% des naissances.

Dans les chevaux lourds, le Trait Belge (ou Brabançon) ne représente que 5% des naissances, suivi par l’Ardennais à 3%. Les Frisons n’atteignent eux que 0,8% de l’effectif de naissances.

Les naissances chez les poneys, majoritairement de race Shetland, atteignent 2,6% de l’effectif ; les chevaux miniatures 1%.

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