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Statistique des solutions solides quaternaires régulières dans les structures à deux sous-réseaux identiques
A. Laugier
To cite this version:
A. Laugier. Statistique des solutions solides quaternaires régulières dans les struc- tures à deux sous-réseaux identiques. Journal de Physique, 1975, 36 (6), pp.555-558.
�10.1051/jphys:01975003606055500�. �jpa-00208286�
STATISTIQUE DES SOLUTIONS SOLIDES QUATERNAIRES RÉGULIÈRES
DANS LES STRUCTURES A DEUX SOUS-RÉSEAUX IDENTIQUES
A. LAUGIER
(*)
Laboratoire de
Physique
de la Matière(**)
Institut National des Sciences
Appliquées
deLyon (Reçu
le 21janvier 1975, accepté
le 24janvier 1975)
Résumé. 2014 On tient compte de la répartition des quatre sortes d’atomes sur deux sous-réseaux
identiques
pour les systèmes quaternaires du type A, A’, A", B et A, A’, B, B’. L’étude statistique estbasée sur un modèle en paires. L’utilisation des approximations des solutions strictement régulières
conduit à n’exprimer
l’énergie
libre demélange
et les activités qu’en fonction des seuls paramètres déduits desmélanges
binaireslimitrophes.
Abstract. 2014 The distribution of four
species
on two identical sub-lattices is taken into account for the quaternary systems A, A’, A", B and A, A’, B, B’. The activities and the free energyof mixing
arededuced from a statistical treatment of a regular mixture of four kinds of atoms based on pairwise
interactions. The
thermodynamic
parameters are deduced fromneighbouring
binary mixtures only.Classification
Physics Abstracts
7.460 - 9.122
Introduction. - Dans les structures à deux sous-
réseaux
identiques
comme la structure blende ouNaCl,
la formation d’une solution solidequaternaire s’accompagne
de larépartition
des quatre sortes d’atomes sur les deux sous-réseaux. On va en tenir compte pour déduire lespropriétés thermodynami-
ques
compliquées
de ce type de solutions. Le cas des semiconducteurs III-V serapris
commeexemple,
bien que les résultats obtenus
puissent s’appliquer
immédiatement aux
composés II-VI, IV-VI,
auxhalogénures
alcalins et à d’autressystèmes équi-
valents. Les
alliages quaternaires
semiconducteursprésentent l’avantage
de permettre le contrôle indé-pendant
duparamètre
cristallin(qui
suit assez bienla loi de
Vegard)
et de lalargeur
de la bande interdite.Par
exemple,
lesalliages AlxGa 1 _ xPyAs 1 _ y [1] ]
per-mettent d’améliorer les lasers à
hétérostructure,
lesalliages AlxGayln 1 _ x _ yP
etGaxln 1 _ xPyAs, _ y
sont
potentiellement
intéressants pour lesdispositifs électroluminescents,
ce derniersystème
conduisantaussi à de bons matériaux pour
photocathode [2].
1. Choix du modèle. - On considère 4
espèces correspondant respectivement
aux indices1, 2, 3, 4
= iou
j, répartis
dans le solide sur 2 sous-réseaux identi- ques.Soit ni
le nombre de moles del’espèce
i. Unsous-réseau est
occupé
par1,
2 ou 3 atomes(*) Adresse complète : Institut National des Sciences Appliquées
de Lyon, Laboratoire de Physique de la Matière, Bâtiment 502, 20, avenue Albert-Einstein, 69621 Villeurbanne, France.
(**) Equipe de recherche associée au C.N.R.S., n° 544.
du groupe III
qui
serontrepérés
parA, A’, A",
l’autre étant alorsoccupé
parrespectivement 3, 2,
1 atomes du groupe V
repérés
parB, B’,
B" selon lecas. La solution se
distingue
desmélanges
binairespar la
perturbation
desproches voisinages
affectantl’ensemble des deux
premières sphères
de coordina- tion caractérisées par les nombres z’ et zqui
sontsupposés
constants.On se propose d’estimer les
grandeurs thermodyna- miques
dusystème quaternaire
àpartir
de celles desmélanges
binaireslimitrophes.
Onprend
commeétat standard de référence les
composés
binairessolides du type AB associés à ces
mélanges.
Soit nij leur nombre de moles. Pour lescomposés
semi-conducteurs
III-V,
les modèles des solutionsrégulières [3]
ont conduit au calcul de tous les dia- grammes ternairesliquide-solide correspondants [4]
avec un excellent accord avec
l’expérience.
Les
approximations générales
des solutions stricte-ment
régulières
vont d’abord être utilisées. Onprend
comme support à l’étude
statistique
lespaires ij
formées entre
premier
et second voisins. SoitNi
lenombre de sites
occupés
parl’espèce i : Ni
=JV’nl (n’ :
nombred’Avogadro). Nij
est le nombre depaires U
constituant la solution solidequaternaire, auxquelles
est associéel’énergie
wij.L’énergie libre, F,
de la solutionqui
doit être considérée estl’énergie
libre de
configuration :
la somme étant étendue aux r états de
configuration.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01975003606055500
556
L’énergie potentielle
est alors :Les activités aij des constituants
binaires il
du solidequaternaire
serontexprimées
àpartir
del’enthalpie
libre de
mélange
AG en fonction desénergies
d’inter-action
aij’.
définies par :Deux types de solutions solides sont à considérer : le type 1 + 3
correspondant
aumélange
deA, A’,
A"avec B et le type 2 + 2
correspondant
aumélange
de
A,
A’ avecB,
B’.2. Cas des solutions
quaternaires
1 + 3. - On a1 atome sur un sous-réseau et un
mélange
de 3 atomes(du
mêmegroupe)
sur l’autre. Le solide est alorsreprésenté
par :et il
correspond
aumélange
des binairesAB,
A’B,
A" B. Les
espèces A, A’,
A"forment,
parhypothèse,
une solution
régulière
sur leur sous-réseau. Laconfiguration
se détermine en ne considérant que lespaires ij
=12, 13,
23. Les atomes sont enposition
de seconds voisins avec le nombre de coordination z.
Comme il
n’y
a pasd’échange
d’atomes sur le secondsous-réseau,
on est ramené au cas d’une solution ternairerégulière.
Posant oc ij =zaij
N, on a pourles coefficients d’activité :
Les
expressions
pour A’ B et A" B se déduisent parpermutation
circulaire.3. Cas des solutions
quaternaires
2 + 2. - 3 .1 CONFIGURATION DELA
SOLUTION. - Le solide estreprésenté
par :Chaque
sous-réseaureçoit
deux atomes différentsdu même groupe :
On a :
Sur les sites
plus proches voisins,
on a :Pour les seconds voisins :
Compte
tenu de(3), (7)
et(8),
leséq. (2)
et(1)
devien-nent :
La
somme E
s’étend sur toutes lesconfigurations Nii
c
compatibles
avec les bilans(5), (6), (7), (8).
Il fautmaintenant connaître les
Nij
dans lequaternaire.
Dans les
composés
binaires purs, on a :N°
= z’ N.Dans les
quaternaires,
lesNij
ne sont passimplement
donnés par nij
N°.
Lacomplication provient
desmodifications de la distribution des
paires
corres-pondant
à la réactiond’échange :
Cette réaction traduit le fait que, par
exemple, ,AN13
=Nl3 - n13 N?3
nouvelles liaisons AB sontformées ainsi que des liaisons A’ B’ en même nombre.
Simultanément,
il y adisparition
d’autant de liaisons AB’ et A’ B et inversement.D’où,
utilisant(6) :
Portant
(12)
dans(10) :
avec
On va alors estimer la fonction de
partition
deconfiguration
utilisantl’approximation
d’ordre zéro deGuggenheim [3].
Il reste dans(13)
une sommeétendue aux seules
configurations possibles
liéesaux
permutations
des atomes1,2
et3,4
sur leur sous-réseau
respectif.
Leur nombre est :On
peut
définir uneconfiguration
moyenne corres-pondant
à une distributioncomplètement
aléatoireavec un nombre moyen
Ni2, N34’ Ni3
depaires.
Alors :
Les
paires
13 sont despaires
entre atomes de sous-réseaux différents. Il y a
z’(nl
+n2) N’ paires
de cetype d’où :
Les
paires
12 et 34 se constituent entre atomes de même sous-réseau. Il y aalors 2 z(n,
+n2)
Npaires
de ce type, mais la
probabilité
de formation d’unepaire
12 est2 ni n2l(n,
+n2)’.
D’où :En posant selon le cas a = a’ zN’ ou a’ z’ N, avec :
(oc,
estl’énergie d’échange correspondant
à la réac-tion
( 11 )),
et en utilisantl’approximation
deStirling, (13)
devient :3.2
ENERGIE LIBRE DE MÉLANGE. -Confondant,
comme c’est habituellement le cas pour les
phases condensées, l’énergie
etl’enthalpie
libre demélange
et
puisque,
dansl’approximation utilisée, l’entropie
de
configuration
est nulle :L’énergie
libre deconfiguration
pour l’état de réfé-rence est :
L’énergie potentielle
pourchaque
constituant est donnée par(9) :
Compte
tenu de(14),
on obtient en portant(19)
dans
(18) :
Les
expressions (16)
et(20)
permettent d’obtenir AG.Pour n1,
+ n2moles,
on a :Cette
expression
peuts’exprimer
en fonction des nijpar les relations
(6).
Les activités des constituants binaires dans la solutionquaternaire
sont obtenuespar dérivation :
On trouve :
4. Discussion. - Les deux
énergies
d’interaction binaires a12, a34suffisent,
avecl’énergie d’échange
de la réaction
(11),
ac, àexprimer
les activités ainsi quel’enthalpie
libre d’excès AG XS déduite de(21)
par la relation de Gibbs-Helmotz :
Ce résultat est une
conséquence
du modèle choisiet des
hypothèses
effectuées. C’est un casparticulier
du traitement
plus général
obtenu récemment[5]
par extension du modèle en ion entouré aux
systèmes réciproques
de selsfondus, systèmes analogues
auxsystèmes
considérés ici. Dans cemodèle,
leshypo-
thèses de
l’indépendance
des contributionsénergéti-
ques dues aux diverses couches et de la variation linéaire des
énergies potentielle
et de vibration[6]
conduisent à
(23) (éq. (4)
référence[6]).
Toutes ces
approximations
conduisent à admettre la même valeur del’enthalpie
demélange
pour lessystèmes (A, A’)
B et(A, A’)
B’ d’une part et(B, B’)
Aet
(B, B’)
A’ d’autre part.Physiquement incorrecte,
558
cette conclusion est
cependant
vérifiée[7].
Elle permet de considérer lequaternaire
2-2 comme unmélange,
binaire de
composés
ternaires. Un bon accord avecl’expérience
a été ainsi obtenu pour lesystème
AIGaPAs
[1].
Il est, par contre, incorrect de consi- dérer lequaternaire
AA’ BB’ comme unmélange régulier
deAB, AB’,
A’B,
A’ B’ sur un réseau uni-que
[8].
Parmi les 6énergies
d’interaction correspon-dantes,
les deuxparamètres
OCAB-A’B’ et OCAB’- A’B n’ont pas designification physique
et sont, de toutefaçon,
inconnus.En
conclusion,
on peutexprimer
lespropriétés thermodynamiques
du solidequaternaire
àpartir
des ay
qui peuvent
être déduits desmélanges
binairesou ternaires. Dans les modèles considérés
ici, l’entropie
de
mélange
est celle de la solution idéale. Dans lecas où une contribution
énergétique d’origine
vibra-toire est
prise
enconsidération,
lesparamètres
aqui
sontindépendants
de latempérature
pour les solutions strictementrégulières
deviennent linéaire-ment
dépendants
de latempérature.
Cesparamètres
sont connus pour les
composés
III-V[4].
Pour lessystèmes
II-VI etIV-VI, quelques
uns ont été déter-minés récemment
[9]. L’expression
des activités dans leliquide quaternaire
est connue[10].
On peutdonc,
en
généralisant
leséquations
de Vieland[11],
calculerles
diagrammes
dephase quaternaires liquide-solide
en n’utilisant que les données
thermodynamiques
relatives aux constituants binaires.
Remerciements. - L’auteur remercie J. C. Mathieu pour ses remarques et
critiques positives qui
l’ontaidé
pendant
la rédaction de ce travail.Bibliographie [1] ILEGEMS, M., PANISH, M. B., J. Phys. & Chem. Solids 35 (1974)
409.
[2] ANTYPAS, G. A., MOON, R. L., JAMES, L. W., EDGECUMBE, J., BELL, R. L., Proc. 1972, Symposium on GaAs p. 48 (The
Institute of Physics, London) 1973.
[3] GUGGENHEIM, E. A., Mixtures (Oxford University Press, London) 1952.
[4] PANISH, M. B., ILEGEMS, M., Progress in Solid State Chemistry 7, p. 39 (Pergamon Oxford) 1972.
[5] GAUME-ESCARD, M., MATHIEU, J. C., DESRE, P., DOUCET, Y.,
J. Chim. Phys. 6 (1973) 1003.
[6] GAUME-ESCARD, M., MATHIEU, J. C., DESRE, P., DOUCET, Y., J. Chim. Phys. 7-8 (1973) 1033.
[7] KLEPPA, O. J., HERSH, L. S., TOGURI, J. M., Acta Chem. Scand.
17 (1963) 2681.
[8] HUBERT, D., J. Phys. & Chem. Solids 34 (1973) 1859.
[9] LAUGIER, A., Rev. Phys. Appl. 8 (1973) 259.
[10] JORDAN, A. S., Metall Trans. 2 (1971) 1959.
[11] VIELAND, L. J., Acta Metall 11 (1963) 137.