Dépôt postal : Louvain-la-Neuve
Adresse d'expédition
Ecole de Chimie, Bâtiment Lavoisier Place Pasteur, 1
Boîte L4.01.07
B-1348 Louvain-la-Neuve
Le mot du président 2
La vie de l'Association et de ses membres 2
Les nouveaux diplômés 2
Photo de la promotion 2014 3
Légende de la photo 4
Compte rendu de l’assemblée générale statutaire du 26 avril 2014 5
Comptes et budget 2013-2014 7
Nécrologie 8
In memoriam 9
A la découverte de la chimie 10
Editeur responsable : Bernard Mahieu, rue de la Ferme du Coq, 24 B1490 Court-‐St-‐Etienne
informations
A L C
Association des Chimistes de l’ Université catholique de Louvain
Le mot du Président
C'est la rentrée ! Nous vous la souhaitons excellente avec de beaux succès pour tous en perspective. Du côté de notre association, après la réussite de la rencontre 2014 à Tour et Taxis (120 participants !) voici une nouvelle en primeur : en 2015, la réunion de tous les membres aura lieu à Mons, capitale européenne de la culture. Notez déjà la date dans votre agenda, ce sera le samedi 25 avril.. Nous comptons sur votre présence, nombreuse et enthousiaste.
A l'Institut de chimie de Louvain-‐la-‐Neuve, nous souhaitons à tous les organiciens de trouver dans leurs nouveaux locaux les conditions optimales pour leurs recherches. Ils viennent en effet d'investir l'aile A du bâtiment Lavoisier, entièrement rénovée. Le magasin et le soufflage de verre retrouvent également leur localisation antérieure.
Nous formons des vœux pour que la chimie continue à attirer et à passionner de nombreux jeunes en quête d'avenir. Les prévisions sont bonnes puisque, le 12 septembre, le nombre d'inscrits en première année atteignait déjà la cinquantaine.
La vie de l'Association et de ses membres
Les nouveaux diplômés
Toutes nos félicitations aux étudiants qui ont obtenu leur diplôme de maîtrise (Master en chimie), au terme de leurs cinq années d'études. Nous leur souhaitons encore beaucoup d'autres réussites dans l'avenir.
CERFONTAINE Simon avec grande distinction DEVOS Marine avec distinction
DIERCXSENS Nicolas avec grande distinction GILLARD Laurent avec distinction
JOSSE Florence avec distinction KRYVUTSA Nadzeya avec distinction LELOUX Sébastien avec distinction
LIBIOULLE Pierre avec grande distinction L'HOOST Anaëlle avec distinction
MERCIER Gabriel avec distinction
NAGY Audric avec distinction
NSHIMYUMUREMYI Jean-Boris avec distinction RENDERS Coralie avec distinction
SOETENS Mathieu avec grande distinction WITTOUCK Kyril avec distinction
Nos congratulations vont également à ceux qui ont atteint le grade de bachelier (CHIM1BA), après leurs trois premières années d'études. Nous souhaitons une brillante continuation à nos futurs collègues.
BOUCHAAL Nassim distinction DECOURRIÈRE Laura satisfaction DEVAUX Alexandre satisfaction DOLPHIJN Guillaume satisfaction DUBART Amaury satisfaction FLEURY Guillaume grande distinction
MAHIN Julien distinction MASSET Julien satisfaction MOENS Charlotte satisfaction OUVRY Wolfgang satisfaction QUERTENMONT Mathilde distinction SIEUW Louis satisfaction
Photo de la promotion 2014
Légende de la photo de la promotion 2014
18
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Enseignants
13 Fustin Charles-André 2 Robiette Raphaël 14 Markó Istvan 4 Peeters Daniel 15 Gohy Jean-François 5 Leyssens Tom 16 Riant Olivier 22 Filinchuk Yaroslav 23 Hermans Sophie
Etudiants
19 Cerfontaine Simon 10 Devos Marine 7 Diercxsens Nicolas 18 Gillard Laurent 8 Josse Florence 9 Kryvutsa Nadzeya 24 L'Hoost Anaëlle 6 Leloux Sébastien 12 Libioulle Pierre 1 Mercier Gabriel 17 Nagy Audric
3 Nshimyumuremyi Jean‐Boris 11 Renders Coralie
21 Soetens Mathieu 20 Wittouck Kyril
Compte rendu de l’assemblée générale statutaire du 26/4/2014
1. M. B. Mahieu, président, ouvre la séance
1.1 Il fait part du courrier reçu des consœurs et confrères qui demandent à être excusés de ne pouvoir être présents :
Jean-‐Pierre BEX (1954), Jean-‐Marie BORSUS (1971), Jean-‐Pierre BUCHET (1964), Bernard CAILLAUX (1974), Anne-‐Marie CEUTERICK (1964), Philippe DEGAND (1967), Marc DORMAL (1973), Jacques DUPUIS (1967), Monique FAYT (1974), Nicole FESTRAETS (1957), Michel FONDU (1954), Jacques GILON (1964), Nicolas GROSJEAN (1962), Jean HEIN (1955), Robert JENARD et Christiane HASSELLE (1964), Cécile KUMPS (1964), Michel LEBBE (1964), Marc MICHIELSEN et Claire BOMBAERT (1974), Michèle MUSICK (1989), Ludovic RODRIGUEZ (1944), Paul VANDEWYER (1964), Marie-‐Joëlle VANZIELEGHEM (1989), Jacques VERBIST (1965), Jean-‐Marie VIGNERON (1964), Jean WEBER (1973).
1.2 Il fait mémoire des membres décédés au cours de l’année précédente et dont le Conseil a été informé:
Mr Raymond Timmermans (promotion 1974) décédé en 2014 Le professeur José Fripiat (promotion 1945) décédé en février 2014 Mr Philippe de Bruyn (promotion 1960) décédé en avril 2014 Le mari de Françoise Stévaux (promotion 1969), Philippe ALEXANDRE L'épouse de Michel Fondu (promotion 1954), Ghislaine Aupaix
L'abbé Jean Demal ancien Vice-‐Recteur de l'Université, que de très nombreux chimistes ont eu comme professeur de zoologie, décédé le 6 avril 2014
L’assemblée observe quelques instants de recueillement à leur souvenir.
2. L’assemblée approuve l’ordre du jour de la séance proposé
3. L’assemblée approuve le compte rendu de l’Assemblée générale statutaire du 20 avril 2013, publié dans ACL informations, Vol 69, N° 3, 2013, pp. 4-‐6
4. Le président présente le rapport d’activité de l’année 2013
4.1 Depuis l’assemblée générale qui s’est tenue le 20 avril 2013 à Bruxelles, le conseil d’administration s’est réuni à cinq reprises, respectivement les 22 mai, 4 septembre et 6 novembre 2013 ainsi que les 8 janvier et 19 mars 2014.
4.2 Le 19 octobre 2013, le président a participé au banquet de l'ACLg, auquel il avait été invité par son président, José Bontemps, qui s'est excusé de na pas pouvoir être présent ce soir.
4.3 Le bulletin « ACL informations » a été publié au rythme régulier de quatre numéros sur l’année 2013 ; ces numéros forment le volume 69.
Il a été décidé de continuer à envoyer le premier numéro de l'année à tous les anciens chimistes dont nous connaissons l'adresse (environ 1500 personnes dont 725 emails) mais de n'envoyer les 3 autres numéros qu'aux membres en règle d'adhésion (335 personnes dont 300 emails). Très bientôt, ces 3 numéros ne seront plus imprimés mais seront expédiés par voie électronique.
4.4 L’Association a continué à soutenir financièrement l’a.s.b.l. MémoSciences (Présidente Brigitte VAN TIGGELEN) qui propose des conférences dont le thème général est l'histoire des sciences, et en particulier celle de la chimie, ainsi que les Olympiades de chimie organisées par l'ACLg. Nous n'avons toutefois pas reçu de demande des organisateurs cette année. L'A.C.L. a contribué au cadeau offert en
hommage au professeur Coche, président des Alumni, et à celui offert au professeur Jacqueline Marchand, à l'occasion de son accession à l'éméritat.
4.5 L'A.C.L. a l'honneur et le plaisir de compter cette année 4 membres protecteurs : MM Jean Hein (1955), Alfred Campus (1963), Guy de le Hoye (1944) et Ludovic Rodriguez (1944). Pour rappel, le titre de membre protecteur est accordé aux membres qui soutiennent l'A.C.L. par une contribution financière au moins égale à 100 euros.
4.6 Les relations avec le réseau Alumni, rejoint il y a quatre ans, se sont poursuivies.
M. B. Mahieu rappelle que la carte "Alumni" est délivrée par l'UCL (et pas par l'A.C.L.) et qu'elle donne droit à toute une série d'avantages : annuaire virtuel par faculté, par année de promotion ou par nom : réductions pour abonnements (UDA, théâtre et journaux), accès aux bibliothèques de l'université. Nous reversons aux Alumni 5 € par adhésion.
M. B. Mahieu invite aussi les membres à visiter régulièrement le site web de l’A.C.L., avec ses nouvelles, ses photos et ses archives.
5. Approbation des comptes de l’exercice 2013
5.1 M. L. Van der Maren, trésorier, présente les comptes de l’association pour l’exercice 2013.
5.2 Mme H. Bois d'Enghien et M. J. Flémal, vérificateurs aux comptes, déclarent que, le 14 avril 2014, ils ont trouvé ceux-‐ci en parfaite conformité avec la comptabilité.
5.3 L’Assemblée générale approuve les comptes de l’année 2013.
6. Décharge aux vérificateurs aux comptes et nomination des vérificateurs pour l’exercice 2014
6.1 L’Assemblée générale donne décharge aux vérificateurs. Ceux-‐ci sont remerciés pour les services rendus à l’association.
6.2 Madame Marie-‐Anne Mureau et monsieur Jacques Flémal acceptent d’être vérificateurs aux comptes pour le nouvel exercice.
7. Décharge aux administrateurs et (ré)élection des membres du Conseil d’administration
Les membres actuels du Conseil d'Administration sont reconduits dans leur charge: Marc Bourguignon (président d'honneur), Bernard Mahieu (président), Brigitte Leclef (vice-‐présidente), Louis Tonneau (secrétaire), Luc Van der Maren (trésorier), Claire Asinari di San Marzano, Sophie Hermans, Françoise Liégeois et Pierre Van Tiggelen.
8. Fixation des montants de l’adhésion à l'ACL pour l’année 2014
L’Assemblée générale établit les montants de l’adhésion pour l’année 2014. Ceux-‐ci restent fixés à :
9. Fixation du budget 2014
9.1 M. L. Van der Maren, trésorier, présente le budget de l’association pour l’exercice 2014.
9.2 L’Assemblée générale approuve le budget pour l’exercice 2014.
10. Commentaires et suggestions des membres 11. Clôture de l’assemblée générale
30 euros pour les membres isolés ;
45 euros pour les couples de chimistes ;
100 euros minimum pour les membres protecteurs.
Comptes et budget 2013-2014
Trésorerie 2014.xlsx 26/04/2014
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Nécrologie
Nous avons appris le décès de notre collègue Liliane Passau, survenu le 16 août 2014.
Elle appartenait à la promotion 1949 et avait effectué son mémoire de licence et sa thèse de doctorat chez le professeur Breckpot. L'A.C.L. partage la tristesse de toute sa famille.
Nous avons appris le décès de notre collègue Françoise Stevaux, survenu le 26 mars 2014. Elle appartenait à la promotion 1969 et avait effectué son mémoire de licence chez le professeur Ghosez. L'A.C.L. présente ses condoléances à toute sa famille.
Notre collègue Philippe De Bruyn nous a quittés le 1 avril 2014. Il était de la promotion 1960 et avait effectué son mémoire et son doctorat chez le professeur A. Van Tiggelen.
L'A.C.L. présente ses condoléances à toute sa famille.
Notre collègue Paul vander Straeten est décédé le 10 juillet 2014 à Anvers. Il était de la promotion 1953 et avait effectué son mémoire et son doctorat chez le professeur A.
Bruylants. L'A.C.L. partage la peine de son épouse et de toute sa famille.
Nous avons été informés par le Dr Joseph G. Fripiat du décès de son père, le professeur José Fripiat, survenu à Mexico, le 17 février 2014. Le professeur Fripiat avait obtenu son diplôme de licence à l'UCL en 1945, dans le laboratoire de W. Mund. Nous reproduisons ci-‐dessous l'éloge et le portrait que lui a dédiés le professeur Paul Rouxhet Le Professeur Fripiat a enseigné dans notre université de 1950 à 1987. Ses cours (Chimie analytique, Chimie physique, Physico-chimie de sol, Chimie des surfaces, Chimie du solide) étaient principalement destinés au programme d’Ingénieur chimiste et des industries agricoles, maintenant intitulé « Bioingénieur : chimie et bioindustries ». Il a été l’initiateur de l’activité de recherche sur les colloïdes et les surfaces à l’UCL. A partir de travaux sur les argiles des sols tropicaux, sa soif de savoir, sa volonté de comprendre, son sens du concret l’ont amené à couvrir un large domaine de matériaux, parmi lesquels les catalyseurs ont pris une place particulièrement importante. La qualité de ses travaux a été reconnue notamment par l’octroi du Prix Francqui en 1967.
Le Professeur Fripiat a grandement contribué à la dynamisation de notre université. On peut penser à la modernisation des programmes d’études, à la création de l’Institut Interfacultaire des Sciences Naturelles Appliquées. On pense aussi à l’animation, à la fin des années ‘60, du Groupe de Programmation Académique (GPA), dont les propositions avaient été jugées trop osées… et dont une idée dominante, la gestion différenciée de l’enseignement et de la recherche, a refait surface après une trentaine d’années et s’est concrétisée. Au début des années 1960, son sens de la vie universitaire l’a amené à être l’initiateur d’un parrainage de chaque étudiant de première année dans sa faculté par un jeune chercheur.
Il a également exercé ses talents dans d’autres institutions. Il a œuvré à l’Université d’Illinois (Urbana) et a dirigé le Centre de Recherche sur les Solides à Organisation Cristalline Imparfaite (CNRS, Orléans). Après sa « retraite » du CNRS, il a créé un laboratoire de recherche en catalyse à l’Université du Wisconsin (Milwaukee). Par la suite, il s’est déplacé au Mexique, et jusqu’il y a deux mois, il a poursuivi des activités de recherche au sein de l’Institut Mexicain du Pétrole.
Maître exigeant et généreux, homme de cœur et d’action, doué d’un dynamisme hors du commun, le Professeur Fripiat a marqué de nombreuses générations d’étudiants et de chercheurs dans plusieurs pays. Le sillon qu’il a ouvert dans notre université s’est élargi, diversifié, enrichi et s’est révélé particulièrement fécond.
Paul Rouxhet, Professeur émérite
In memoriam
Mariette Robbi nous a fait parvenir un message pour nous signaler que Marie-‐Paule Collard, dont le nom figurait dans le bulletin ACL de janvier 2014 parmi les cornues d’argent, est décédée à Uccle, le 5 mars 2007.
Elle se souvient que, en 2005, elles étaient allées à trois, avec une amie pharmacienne, ayant toutes travaillé à l’ICP, à une conférence de Marie de Hennezel sur la mort.
"Nous y avions rencontré Philippe Sauvage, licencié en chimie de l’UCL, ayant aussi travaillé longtemps à l’ICP et ensuite aux cliniques Saint-Luc. Philippe Sauvage a toujours été une personne extrêmement gentille, et nous savions qu’il était atteint d’un cancer.
Pendant la pause tout le monde était debout sauf Philippe qui, déjà très affaibli, était assis sur le côté dans un fauteuil. Lorsque j’ai été le saluer, il m’a dit « Bonjour Mariette, je suis content de te voir... Sais-tu que je vais mourir bientôt, et je n’ai encore que 60 ans ? » Je lui ai répondu « Je sais effectivement que tu es assez malade », mais j’étais très touchée par ses paroles et très embarrassée ensuite de parler avec lui de son état.... Je lui ai quand même dit qu’il avait eu une vie bien remplie, et il m’a dit « oui, je le pense ».
Après la conférence, Marie-Paule m’a aidée à remettre la veste de Philippe pour le retour.
Philippe était accompagné de son frère Jésuite qui allait évidemment le reconduire.
Philippe est mort le 10 novembre 2005 à l’âge de environ 60 ans, c’est-à-dire très vite après notre entrevue.
N’ayant personnellement pas de voiture, Marie-Paule Collard avait offert de me reconduire après la conférence. Sur le chemin du retour, nous avons évidemment parlé de Philippe... Et puis elle m’a demandé « Et toi Mariette, comment vas-tu ? ». Je lui ai répondu « Moi, je vais très bien, et je me sens très heureuse ». Elle m’a dit alors « Pour moi aussi, tout va très bien, et je suis aussi très heureuse : j’ai toujours l’impression d’avoir un petit ange-gardien sur mon épaule.... ». Mais peu de temps après, elle aussi était atteinte d’un cancer, et elle en est morte au début du mois de mars 2007, après tous les traitements...."
Mariette Robbi
Marie-‐Paule Collard était de la promotion 1974 et avait réalisé son mémoire de licence dans le laboratoire du professeur Ghosez. Docteur ès Sciences en biochimie de l’UCL, membre de Solvay Research & Technology Center, elle avait travaillé pendant de nombreuses années à l’I.C.P.
Elle était née à Kisantu (Congo belge) le 14 septembre 1952.
A la découverte de la chimie
La fantastique saga des anesthésiques généraux
Les interventions chirurgicales étaient jadis redoutables, au vu des horribles souffrances encourues et de l’inadéquation des moyens mis en œuvre pour insensibiliser le patient.
En pratique, on s’arrangeait pour plonger celui-‐ci dans un été d’ébriété proche du coma ou encore on lui administrait de puissants narcotiques tels que l’opium, voire du laudanum…
Un revolver sponsorisé par du gaz hilarant
Joseph Priestley, ce remarquable chimiste (1733-‐1804) qui découvrit l’oxygène et inventa l’eau gazeuse, synthétisa aussi en 1775 un gaz de formule N2O en décomposant thermiquement du nitrate d’ammonium fondu. L’opération était certes risquée car il s’agit, comme on le sait à présent, d’un explosif puissant qui a donné lieu par la suite à de très nombreux accidents (Tessenderlo en 1942, Texas City en 1947, Toulouse en 2001 et Barracas en 2004, notamment). Un autre chimiste, Humphry Davy (1778-‐1829, le découvreur des métaux alcalins et alcalino-‐terreux et l’inventeur de la lampe de sûreté à toile métallique pour les mineurs), remarqua en inhalant du N2O que ce gaz faisait rire de manière incontrôlée, d’où le nom qu’il lui donna « laughing gas », c’est-‐à-‐dire gaz hilarant. À l’époque, des personnes allaient de ville en ville aux États-‐Unis pour faire respirer ce gaz, moyennant une modique somme, à des personnes désireuses de se détendre. Ce fut le cas notamment de Samuel Colt, lequel venait d’inventer un célèbre pistolet à barillet – le colt – qu’il se proposait de construire à la chaîne ! Pour ce faire, il avait besoin d’argent et il n’hésita pas à traverser l’ensemble des États-‐Unis avec son laboratoire mobile pour faire connaître ce fameux gaz dans un but lucratif. D’autres s’empressèrent de l’imiter. Le 10 décembre 1844, à Hertford, dans le Connecticut, un volontaire, S. Cooley, venait d’inhaler une bonne dose de ce gaz hilarant. L’individu se mit à rire et à danser comme un fou sur l’estrade. Ce faisant, il se blessa sérieusement à la jambe sans même s’en rendre compte. Un dentiste assistait à la scène : il s’appelait Horace Wells. Comprenant que le N2O supprime toute sensation de douleur, il décida de prouver cet effet à ses collègues en se faisant « anesthésier » par ce gaz avant qu’on ne lui arrache une dent de sagesse. Par la suite, Wells fit la démonstration, plutôt ratée (en raison d’une mauvaise administration de N2O), à la Harvard Medical School. Les témoins de son échec crièrent « Humbug », ce qui signifie « Charlatan ». Wells tombera en disgrâce, et le gaz hilarant sera bientôt remplacé par l’éther puis par le chloroforme.
Wells expérimentera sur lui même les effets du chloroforme. Il en deviendra dépendant et ceci l’amènera à devenir un dangereux personnage, le « vitrioleur de Manhattan » qui, sous l’emprise du chloroforme, jetait de l’acide sulfurique au visage des jeunes filles qui se promenaient dans Broadway. Arrêté, il reprendra ses esprits et réalisera la gravité de ses actes. Il se suicidera en prison le 24 janvier 1848, en se tranchant l’artère fémorale ! Il avait 33 ans !
Un article du 1er octobre 2007 dans le New York Times signale que des notes de Wells ont été retrouvées, lesquelles attestent qu’il cherchait bel et bien à rendre les opérations chirurgicales indolores et ce, avant qu’il n’ait assisté aux effets du gaz hilarant. Une statue de Horace Wells à Paris, place des États-‐Unis, rend hommage à ce dentiste méritant. Idéalement, l’anesthésie générale doit être caractérisée par l’inconscience, l’analgésie (disparition de la sensibilité à la douleur), l’amnésie (perte de la mémoire) ainsi que par une relaxation des muscles (avec des réflexes amoindris).
La grande controverse de l’éther
L’éther « sulfurique » ou éthoxyéthane, C2H5-‐O-‐C2H5, a été obtenu en 1275 par l’alchimiste espagnol, Raymond Lulle (1235-‐1315), à la suite de la déshydratation intramoléculaire de l’esprit de vin (éthanol) par de l’huile de vitriol (acide sulfurique).
L’histoire de l’anesthésie à l’éther fait intervenir simultanément trois personnes. Tout d’abord Crawford W. Long, un médecin américain qui, le 30 mars 1842, réussit à exciser une tumeur cervicale, sans que le patient – un certain James M. Venable – ne souffre, en lui faisant respirer un chiffon imbibé d’éther. Malheureusement, il ne publia sa découverte qu’en 1849 ! Entre-‐temps, William T. G. Morton, un dentiste américain, réalisa une opération sans douleur à l’aide d’un inhalateur à l’éther devant divers collègues. L’événement se passe le 16 octobre 1846 dans l’amphithéâtre de chirurgie du Massachusetts General Hospital de Boston. Il s’écriera : « Gentlemen, this is not humbug ! » (Messieurs, ceci n’est pas du charlatanisme !). Morton est apparemment actuellement reconnu aux États-‐Unis comme étant le découvreur de l’anesthésie à l’éther. Et en réalité il semble que la palme doive finalement revenir à Charles T. Jackson, un médecin, chimiste et géologue de Harvard. C’est lui qui a conçu le télégraphe, ce dont il fit part à un certain S. Morse alors qu’ils s’étaient rencontrés en 1835 sur un transatlantique – le Sully – qui les menait en France. À son retour, Morse s’empressa de faire breveter l’invention à la place de Jackson ! L’autre invention de Jackson relève d’un malencontreux accident. En 1845, ayant été intoxiqué par du chlore, Jackson réussit à survivre en inhalant successivement de l’éther et de l’ammoniaque. Jackson découvrit le pouvoir insensibilisant de l’éther et c’est donc lui qui, en fait, suggéra à Morton d’employer de l’éther en guise d’anesthésique ! Morton suivra ses conseils et entreprendra ensuite toutes les démarches possibles pour être reconnu en tant que découvreur de ce mode d’anesthésie, ce que contestera Jackson. Accablé par la rage de gagner son accréditation, Morton finira par succomber à une crise cardiaque dans Central Park à New York. Quant à Jackson lui même, toutes ces déconvenues le rendront fort dépressif. Il passera les sept dernières années de sa vie dans un asile !
L’analgésie au chloroforme
Le chloroforme, CHCl3, a été découvert en 1831, indépendamment, par trois chimistes.
L’un d’eux est Samuel Guthrie, l’inventeur, aux États-‐Unis, des amorces pour cartouches.
En nettoyant un soir son verre à whisky avec de l’eau de Javel, il avait remarqué le dégagement d’une substance volatile capable de le plonger dans une relative inconscience. Le second est Eugène Soubeiran, un pharmacien français intéressé dès son plus jeune âge par la chimie du chlore alors qu’il aidait son père dans sa blanchisserie à Paris. Le troisième est le chimiste allemand Justus von Liebig, surtout connu pour sa méthode d’analyse organique. Cette substance chlorée, dont l’odeur est suave et la saveur piquante, s’obtient en traitant de l’acétone (ou de l’éthanol) par de l’hypochlorite.
Un jeune obstétricien écossais, James Y. Simpson, commença en 1846 à aider ses patientes à accoucher, à la lueur d’une bougie, en leur faisant inhaler de l’éther, l’anesthésique en vogue à l’époque. Plusieurs accidents se produisirent en raison de l’inflammabilité de l’éther. Voilà pourquoi il songea au chloroforme, ininflammable, qu’il testa d’abord sur lui-‐même. Étant un meilleur anesthésique que l’éther, le chloroforme commença à être couramment employé dès 1847. Pour preuve, le 7 avril 1853, la reine Victoria donna naissance au prince Léopold, sous analgésie à l’aide de chloroforme, dont l’action rapide semblait dénuée de tout effet délétère. C’est la firme Squibb qui s’activa pour produire du chloroforme de qualité « anesthésie » durant la guerre de Sécession aux États-‐Unis. En fait, le chloroforme a dû être abandonné car il est hépatotoxique et occasionne parfois des fibrillations ventriculaires aux conséquences mortelles. Une
jeune fille de quinze ans, Hannah Greener, mourra ainsi le 28 janvier 1848 lors de l’ablation, sous anesthésie au chloroforme, d’un ongle incarné.
À la recherche d’un fluide frigorigène chez General Motors
Dans les années 1930, les dirigeants de la division Frigidaire de General Motors demandèrent à Thomas Midgley et Albert Henne de mettre au point un nouveau fluide frigorigène ininflammable, non toxique et à bas point d’ébullition pour leurs réfrigérateurs. En examinant les caractéristiques des éléments repris dans le tableau de Mendeleïev, leur choix se porta sur l’incorporation de fluor dans diverses molécules d’alcanes. Parmi les produits synthétisés, une molécule particulière se distingua étrangement par ses propriétés anesthésiantes. Il s’agit de l’halothane, F3C-‐CHBrCl, qui permet d’induire confortablement l’anesthésie et ce, sans effets cardio-‐vasculaires indésirables et sans nausées postopératoires. Jusque dans les années 1990, ce fut l’anesthésique par inhalation le plus employé de par le monde. En fait, l’halothane est toxique. Cette molécule est en effet métabolisée par les cytochromes P450 : il y a oxydation puis perte de brome (parce que le brome est un bon « groupe sortant »). Le chlorure d’acide obtenu attaque ensuite les protéines du foie. Cette molécule fut dès lors remplacée par d’autres, dépourvues de brome. Ainsi fut développée la famille des
« fluranes », dont le desflurane, CHF2-‐O-‐CHF-‐CF3.
Au début des années 1930, le thiopental sodique (Pentothal®), un barbiturique administré en intraveineuse fit son apparition, cette fois en tant qu’anesthésique général à action rapide et courte. Son emploi intensif ne débuta véritablement qu’après le bombardement de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Au contraire de l’oxyde nitreux, de l’éther et du chloroforme, le thiopental était facile à transporter et il suffisait de l’injecter pour provoquer, quasi immédiatement, un état d’inconscience. L’anesthésie moderne était née !
Actuellement, l’anesthésie générale est classiquement induite par voie intraveineuse à l’aide de propofol (Diprivan®).
Propofol
Cette technique est devenue très fiable, encore que le risque zéro n’existe pas ! Ainsi, le 17 janvier 2004, Olivia Goldsmith, l’auteure du célèbre roman « The First Wives Club » mourrait lors d’une banale opération de chirurgie esthétique, à la suite de complications survenues durant son anesthésie générale. Ou encore, que penser de la mort de Michael Jackson, le 25 juin 2009, cette fois à la suite d’une intoxication aiguë au propofol !
Pour en savoir plus, lire « La fabuleuse histoire des bâtisseurs de la chimie moderne » par Paul Depovere, 2ème édition, De Boeck 2013, 170 pages.
Paul Depovere, Professeur émérite à l’UCL-Bruxelles et à l’Université Laval (Québec)