Contrôles et équilibres, leadership politique et autonomie bureaucratique :
Constats au sujet des banques nationales de développement
1Beichen Huang (École nationale du développement, Université de Pékin), Tianyang Xi (École nationale du développement, Université de Pékin), Jiajun Xu (Institut de la nouvelle économie structurelle, Université de Pékin)
Objectifs et questions de recherche
Ce papier de recherche avance que les agences de développement font preuve d’une solide autonomie et de capacités robustes lorsqu’un leadership fort et des contrôles institutionnels robustes coexistent. Les équilibres institutionnels sont nécessaires pour contenir les aléas moraux du leadership politique. En parallèle, un leadership fort contribue de manière déterminante à autonomiser les agences de développement et à rallier des soutiens politiques aux projets de développement à long terme. Les auteurs utilisent un nouvel ensemble de données relatives aux banques nationales de développement pour tester cette hypothèse, et réalisent deux études de cas : une sur la banque brésilienne de développement (BNDES) et l’autre sur la banque nigériane de développement industriel (NIDB). Leurs résultats confirment clairement leur postulat de départ.
I
nspiré par la divergence constatée entre les institutions politiques formelles et les fortes variations de gouvernance bureaucratique au niveau national, ce travail de recherche avance que la structure de gouvernance et la capacité des agences de développement dépendent étroitement de l’interaction entre les contraintes institutionnelles formelles, imbriquées dans le système politique, et de la puissance du leadership politique. Sans leadership fort, les contrôles et équilibres institutionnels peuvent donner lieu à des droits de veto trop étendus dans le cadre de l’élaboration des politiques, et menacer l’autonomie bureaucratique. Par ailleurs, en l’absence de contrôles et équilibres institutionnels appropriés, les aléas moraux d’un leadership fort compromettent l’autonomie et la capacité des agences de développement.Méthodes
S’appuyant sur la littérature des organisations bureaucratiques et l’économie politique du développement, l’article propose un diagramme de l’environnement institutionnel qui crée les banques nationales de développement, en fonction de la présence de contrôles et équilibres et de la force du leadership politique. Il prédit de manière théorique que les agences de développement font preuve d’une solide autonomie et de capacités robustes lorsqu’un leadership fort et des contraintes institutionnelles robustes coexistent. Les auteurs ont testé cette hypothèse sur un ensemble de données relatives aux banques nationales de développement de différents pays.
L’essentiel
Cette synthèse est publiée dans le cadre des groupes de travail de l’International Research Initiative on Public Development Banks, et à l’occasion de la 14ème conférence internationale de recherche de l’AFD sur le développement
1 Titre original : Checks and balance, Political Leadership, and Bureaucratic Autonomy: Evidence from National Development Banks
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CHECKS AND BALANCE, POLITICAL LEADERSHIP,
AND BUREAUCRATIC AUTONOMY:EVIDENCE FROM NATIONAL DEVELOPMENT BANKS
Contrôles et équilibres, leadership politique et autonomie bureaucratique :Constats au sujet des banques nationales de développement
Beichen Huang (Ecole nationale du développement, Université de Pékin), Tianyang Xi (Ecole nationale du développement, Université de Pékin), Jiajun Xu (Institut de la nouvelle économie structurelle – INSE, Université de Pékin)
Résultats
Les résultats de régression et les études de cas confirment l’hypothèse testée.
Les auteurs observent que la combinaison d’un leadership fort et de contrôles et équilibres forts produit une forte indépendance des BND. En outre, ils observent que l’autonomie des BND garantit un équilibre entre la réalisation des objectifs de développement et la préservation de la viabilité financière.
L’article présente aussi deux études de cas : une sur la banque brésilienne de développement (BNDES) et une sur la banque nigériane de développement industriel (NIDB). Ces deux agences s’inscrivent dans des systèmes politiques fragmentés et présentent apparemment des différences dans leur degré d’autonomie et la réalisation de leurs objectifs de développement. Une étude plus poussée de l’historique des agences confirme que ces différences sont façonnées par l’interaction entre le leadership politique et les contrôles institutionnels.
Recommandations
è Les pays enregistrant de bons résultats au niveau de leurs agences de développement doivent poursuivre dans cette voie, à savoir tenter de réaliser les objectifs de développement, avec le soutien plein et entier du leadership, tout en laissant le volet élaboration des politiques aux contrôles institutionnels.
è Pour les agences de développement qui doivent renforcer leurs capacités, les auteurs recommandent d’introduire davantage de professionnalisme, de promouvoir le pouvoir discrétionnaire des agences, et, pour le leadership, de travailler sur l’établissement d’un consensus sur l’ensemble du spectre idéologique.
2020 ©AFD L’essentiel
Le programme de recherche « Réaliser le potentiel des banques publiques de développement pour atteindre les ODD » est initié par l’INSE et financé par l’AFD, la Fondation Ford et l’IDFC.