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Le <i>Michael Sars</i> dans la mer de Norvège et dans l&#039;Atlantique nord

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Le Michael Sars dans la mer de Norvège et dans l'Atlantique nord

COLLET, Léon William

COLLET, Léon William. Le Michael Sars dans la mer de Norvège et dans l'Atlantique nord. La Géographie , 1911, vol. 24, p. 297-305

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:138444

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Le

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Mich:i'él Sars

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et dans

dans la mer de nord

1' Atlantique

Norvège

C'est à la suite des splendides travaux du Dr Hjort, directeur, depuis 1900, du Service des Pêcheries de Norvèg·e que fut construit le 1~/ichael Sars, navire de 226 tonnes, équipé pour des recherches scientifiques.

De 1900 à 1904 le Michael Sars fit des croisières dans la mer do Norvège, étudiée pour la première fois par l'expédition du Voring en de '1876 à 1878. Les résultats de cos investig·ations ont été exposés clans un beau volume par MM. Helland-Hansen et Fridtjof Nan sen sous le titre de The Noi·wegian Sea, its physical oceanograpliy based upon the 11orwegian i·esearches 1900-1904 1 • Puis, on '1910 nous voyons le ilfichael Sars se lan cer audacieusement dans des recherches en mer profonde à travers l'Atlantique nord avec, à bord, le fondateur de l'océanographie, Sir John Murray.

Voyons un peu maintenant les résultats scientifiques de cos différentes expédi- tions en commençant par la mer de Norvège.

Instruments et méthodes . - Dans les premières croisières du iYlichael Sai·s, les sondages thermiq uos furent effectués au moyen d'un thermomètre à renversement de Negretti et Zambra et avec la bouteille à eau. Durant les dernières croisières on utilisa surtout le thermomètre à renversement de Richter, qui doune une précision de+ 0°,01 C. Il no fout, en effet, pas oublier que, dans la partie centrale de la mer de Norvège, la salinité oscille entre los limites de 31',05 p. 1 000 et de 35,20 p. ·I 000.

Avec un écart si faible les variations saisonnières et annuelles seront lrès petites.

Des instruments d' une grnnde précision s'imposaient donc, la précision réclamée par -le Bureau international pour l'étude de Io mer étant dans bea ucoup de cas insuffisante. Les savants océanographes, que sont i\LVI. Helland-Hanson et Nansen, ont donc raison lorsqu'ils disent en se basant sur l'étude des couches profondes ùe l'eau de la mer de Norvège, que la qualité des observations importe plus que leur quantité. Nansen apporta une importante modification ù la bouteille rle Pelterson, en fixant un thermomètre ùans le couvercle même de la bouteille. Celte dernière, d'une capacité de 5 à 6 litres porte Je nom de << grande bouteille de Nansen 2 ll. D'autres bo11teille,; construites sur le principe de colle de Buchanan,

L Ueporl on Nonvegian Fis/te!'!) and Illarine investigations, 1·01. li, i909, 2. Bergen.

2. IJ;·eat Nansen lnsulated 1\Tatei• Boille.

LA GfoORAPH!C. - T. XXI\', 1911. 20

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attachées à la ligne, rendirent de grands services pour collecter des échantillons d'eau aux prof6ndieur~i1lle~mtl'!iaï.;es.

Ca1'te bathymétl'ique-." - 011 donne k nom de mer de Norvège à l'aire océa- nique limitée par la Norvège, les Sh~Ùanqs, les Fœrüer, l'Islande, le Grünland, le Spitzberg et Becrcn Eiland. Elle se,di_vise. en trois parties : Jù la mer d'Islande, entre l'Islande, Jan Mayen, le Grünland (au sud du 71° Lat. N.) et ln crête sous- marine qui s'étend du Gron land à l'Islande; 2° la mer du Gronland, entre le Grtinland (à partir du 71° Lat. N.), Jan Mayen et le Spitzberg; 3° le détrnit de Danemark, entre l'Islande et le Gronland. Par sa position entre le bassin polaire et l'Atlantique, la mer de Norvège possède une circulation spéciale, comme nous le verrons claus ln suite.

Le bassin norvégien, ainsi que le montre la carte de Helland-Hansen cl de Nansen , se divise eil deux pnrlies : la fosse uorvégieuue el lu fu88e Llu Grônland. li se pour- rait que la partie centrale de ln première de ces fosses fut traversée par une. crèle continue de Jan Mayen à la côte du Helgeland, en Norvèg·e, comme semblent l'indi- quer quelques rares coups de sonde. Les deux fosses sont séparées par la crête de .Mohn qui, de Jan Mnyen, se dirige vers la grande vallée sous-marine de la mer de Barents. L'expédilion de la Belgica trouva un fond de 3 QOO mètres au nord de la fosse du Grbnland, séparé de cette dernière par une crête s'étendant il l'ouest de l'ile du priuce Charles (/'rince Charles Fore land) (Spitzberg occi- dental). La pnrtie la plus importante du relief sous-marin est sans contredit la crête Wyville Thomson qui s'étend de l'Écosse nu Grünland par les Frcroer et Ilslande. Celte crête fut décou1'erte par les expr\rlit.ions anglaises du K11ight E1Tant et du Triton, après les i1wesligalious de Wyville Thomson et de Carpenter dans le canal des Fœrôer. La plus grande profondeur trouvée sur cette crête, entre l'Écosse et le banc des Fœrüer, est de 1Jï6 mètres. La partie située entre les Fœrüer et l'Islande forme plutôt un plateau sous Q00-500 mètres d'eau avec une profondeur maxi- mum de 1:\12 mètres. Entre le Gronland et l'Islande on a trouvé c1wiron 600 mètres d'eau. L'eau allantique entre clans la mer de Norvège par le chenal entre les Frcrber et lPs Shetlnnds, tandis que l'eau qui en sort passe clans le chennl entre le Gronland et l'Islande.

Les di/fé1.:e11tes masses d'eau. - L'eau de la mer de Norvège peut être divisée en cleux parties : une couche superficielle, de la surface à une profondeur de 1l00 à 500 mètres, puis une couche profonde. La différence entre ces deux couches est très grande, la première est hétérogène, la seconde très uniforme. L'explicntion de cc contraste réside Llnns la situation mème de la mer de Noryège, entre la mer polaire et l'Atlantique. Les différentes masses d'eau que l'on renconlre dan,; ln couche superficielle sont : '1° l'ean atlantique, avec une forte salinilé (au-dessus de 315 p. 1 000); 2° l'eau côtière provenant de ln mer du Nord, de la Baltique et de la mer de Barents (salinité au-dessous de 315 p. 1 000); et 3" la masse d'eau centrale, formée par un mélange d'eau atlnntique et d'eau polnire (salinité en dessous de :i;) p. l 000).

L'eau de la couche profonde possède une salinité (un peu nu-dessous de :1uw p. J 000) et une température constantes. Celte eau n'est pus limitée à la mer

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LE 11'1ICHAEL SARS DANS LA MER DE NORVÈGE ET DANS L'A TLAN,TIQUE NORD. 2og norvégienne, comme l'a montré le D1' Hjort 1 à la suite de l'expédition du Michael Sars, dans l'Atlantique nord. En effet, elle se rencontre même -entre les Canaries et les Açores. Elle se trouve à une plus grande profondeur dans la partie est de l'Atlantique nord, au sud de l'Europe et au nord de l'Afrique que dans les régions nord-ouest de l'Atlantique. Il semble donc résulter de cette constatation que l"eau profonde vient du nord-ouest.

L'étude des densités amène Helland-Hansen et Nansen à une conclusion qui semble devoir s'appliquer à l'océan en général, à savoir que la densité aug·menle graduellement de la surface vers le fond. Les irrégularités inexplicables rencontrées par d'antres expéditions seraient simplement dues à des erreurs d'observation.

Irrégularités apparentes dans la distribution hoi'izontale de la température, de la saliirité et de la densite. MM. Helland-Hansen et Nansen ont remarqué que les courbes réunissant les points de même température, salinité et vitesse, qu'ils désignent sous Je nom d' << équilignes >l, dessinent souvent des angles on ondulations, sortes de vagues tantôt petites, tan tôt grandes. Cette question, de l'aveu même de ces savants, est loin d'être résolue. On peut néanmoins, pour le moment, expliquer la formation de ces oscilla lions des<< équilig·nes n de trois manières différentes: 1'' par des ondes qui se produiraient à la séparation de volumes d'eau de densité différente; 2° par une soudaine variation d'un courant de surface; 3° par de grands mouvements tourbil- lonnaires ou mouvements horizontaux à axes verticaux, comme le montrent les sections des Lofoten. Pour résoudre ce curieux problème les océanographes devront établir le plus grand nombre possible de stations d'observation, très rapprochées.

Ils devront, en outre, à quelques-unes des stations au moins, répéter aussi souvent que possible les observations à la même profondeur, à des heures différentes du jour et de la nuit, aux fins de découvrir si le niveau des différents volumes d'eau a changé.

les courants. - Le<< courant de Norvège» qui est la continuation du Gulf-Stream, est formée par l'entrée d'eau atlantique à travers deux ouvertures: le chenal Fœroer- Shetlands et le chenal Fœréier-Islande. Le courant d'Irminger passe par le détroit de Danemark et entre dans la mer de Norvège au nord de l'Islande.

La partie la plus profonde de la crête vVyville Thomson ne dépassant pas 550 mètres, si nous rencontrons de l'eau d'une salinité de 35 p. 1000 à de plus grandes profondeurs, nous pouvons être certains qu'elle n'y est parvenue qu'à la suite de mouvements verticaux. D'autre part, l'eau allantique forme des tourbillons sinistr01·sum ou dextroTsum2 qui emmènent l'eau dans des directions plus on moins différentes de celle du courant de Norvège. En nous basant sur l'étude des << équi- lignes >J voyons avec MM. Helland-Hansen et Nansen le trajet et l'extension du courant de Norvège.

La majeure partie de l'eau atlantique qui forme le courant de Norvège, enlre dans la mer de Norvège par la région sud du chenal Fœréier-Shetlands, suivant une direction nord-est. Elle longe généralement le banc des Shetlands et au nord de ces

1. Johan Hjort, The Michael Sars North Atlantic. Deep Sea EJ:pedition, in The Geogmpl!ical Joui·nal, XXXVII, 4, avril i911, p. 3'•9 et lûid., n' 5, p. 500.

2. Les auleurs emploient les termes de cyclonic el anticyclonic.

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îles se mêle à de l'eau également d'origine atlantique, en sorte que le courant de Norvège, dans la région sud de la mer du même nom, se trouve formé par de l'eau atlantique venue soit par le st1d, soit par le nord des Shetlands.

Dans la dépression de la crête F;crèier-Islande on rencontre une (< langue n d'eau froide, d'une 8alinité de 3~ p. 1 000 se mouvant vers le sud. Le partie super- flcielle de cette langue est arrêtée par l'eau aUantique coulant au nord-est, tandis que ses parties profondes avancent plus loin vers le sud, franchissant probablcmen t la crête pour venir tomber dans le bassin profond de l'Atlantique. L'eau de ce dernier océan, immédiatement à l'est de la« langue n froide, prend une direction nord pour quelque temps, puis est déplacée brusquement vers l'est. C'est l'eau atlantique que nous avons vu passer an nord des Shetlands. L'eau atlantique immédiatement à l'ouest de la langue, se déplace en tourhillon dextrorsum et nous la retrouvons, animée d'un mouvement vers l'ouest, sur la côte sud de l'Islande.

Dans la mer de Norvège, le tronc principal du courant longe le talus conti- nental. Sa partie ouest rencontre le courant arctique de l'Islande oriental et forme un tourbillon sinistrnrsûm dans la partie sud de la mer de Norvège, par 65-66° de Lat. N. et 0-'1,0 de Long. O. de Gr. - L'eau du courant de Norvège, d'une salinité de 35 p. 1000, recouvre le fond des dépressions et fjords du plateau continental sm· la côte occidentale de Norvège et supporte toujours dans cette dernière région de l'eau côtière. Voyons maintenant les différentes portes de sortie de la mer de Norvège :

1° L'ouverture entre la Norvège et Beeren Eiland permet au C( courant du cap Nord n, branche est du courant de Norvège, de passer dans la mer de Barents, ou bien pour revenir de nouveau dans la mer de Norvège, au sud du Spitzberg, ou pour entrer dans le bassin polaire nord et revenir avec le courant polaire du Grëmland orientaL

20 L'ouverture entre le Spitzberg et le Grèinland qui permet au« courant atlan- tique du Spitzberg n, branche nord du courant de Norvège, d'entrer dans le bassin polaire nord.

3° L'ouverture entre l'Islande et le Griinland, à travers laquelle le principal émissaire trouve une sor tie par-dessus la crête Isla nde-Grèinland.

4° L'ouyerture entre les Fœroer et l'Islande.

Seules l~s deux premières ouvertures contiennent de l'eau allantique avec une salinité de 35 p. 1000 et cela en faible quanti.té, montrant ainsi que la plus grande partie de l'eau atlantique qui entre dans la mer de Norvège est transformée à l'inté- rieur de ce bassin par mélange avec des eaux d'autres provenances.

La vitesse du courant de Norvège, en surface, dans la partie est du chenal Fœrtier-Shetlands, est de 0 m. 30 par seconde en mai et de 0 m. 20 en août. Ces chiffres montrent donc un maximum de vitesse au printemps et un minimum en automne. Ces vitesses se maintiennent jusqu'à la profondeur de 100 à 200 mètrea, puis décroissent pom tomber à zéro de i:îOO ù 700 mètres.

L'étude des variations annuelles du courant de Norvège ont amené MM. Helland- Hansen et Nansen à formuler les conclusions suivantes :

Les observations sur la température moyenne de l'eau atlantique dans la partie sud de la mer de Norvège, à la surface, comme en profondeur, permettent de pré-

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LE ilfICllAEL SARS DANS LA MER DE NORVÈGE ET DANS L'ATLANTIQUE NORD. 3CI dire plusieurs mois à l'avance les anomalies de la température de l'air en Norvège, l'époque des pêcheries des Lofoten, la croissance des bois de sapins, le rendement des cultures, probablement aussi la quantité de frai qui i:t son tour détermine l'époque des pêcheries plusieurs années plus tard (sept ans environ). Comme le font remarquer les savants océanographes norvégiens, quelques-uns des pronostics ci-dessus pourraient être basés sur des observations météorologiques. Mais ces dernières devraient, pour cela, être effectuées en grand nombre sur une très grande surface. En ce faisant, elles ne donneraient pas des résultats plus dignes de con- fiance que ceux fournis par la méthode océanographique.

Les conditions thermiques de l'eau atlantique ont une importance primaire et secondaire sur les conditioris thermiques de l'air en '.'forvège·. Les conditions ther- miques sous la surface sont primaires, car elles déterminent les anomalies de la température de l'air en Norvège, spécialement en hiver et au printemps. En effet une certaine quantité de chaleur est fournie à l'atmosphère par la circulation ver- ticale de l'eau pendant l'hiver. La température de l'eau de surface a une action secondaire. Donc à une basse température sous la surface, correspondra l'année suivante nue basse température à la surface et vice ve1·sa.

La température moyenne et le volume de l'eau allantique en profondeur, calculés sur une section à travers la partie méridionale de la mer de Norvège au mois do mai, peut servir à pronostiquer la température de l'air en Norvège, l'hiver suivant, l'époque avancée ou tardive (les pêcheries des Lofoten l'hiver suivant et probable- ment aussi les conditions du frai et la quantité relative de foie de morue. La tempé- rature de surface le long de la même section, en mai, peut servir à pronostiquer la croissance des bois de sapin l'été de l'année suivante et le rendement des cultures l'automne suivant, tout comme la température de l'air au printemps peut servir aux mêmes fins.

La courbe représentant la quantité de foie de morue pour 1 000 poissons montre des périodes qui paraissent coïncider avec les périodes de taches du soleil. Pour les pêcheries des Lofoten les courbes du foie de morue, des œufs de morue et des taches du soleil correspondent étonnamment. Le maximum de production du foie de morue ayant une tendance très marquée à coïncider avec un minimum de taches sofa.ires.

Il est hors de doute qu'il existe une relation entre les périodes de taches el les varia- tions de différents phénomènes terrestres. MM. Helland-Hansen et Nansen pensent que la périodicité des taches solaires cause des variations périodiques des couran ls océaniques directement ou indirectement par l'intermédiaire de l'atmosphère, varia- tions qui à leur tour influencent les poissons et par là la production des œufs et du foiè de morue.

L'eau de la côte de Norvège. - L'eau côtière possède toujours une salinité infé- rieure à 35 p. 1000. Sa séparation avec l'eau atlantique est le plus souvent nettement tranchée. La salinité à la surface, le long de la côte ouest de Noryège, est généra- lement au-dessus de 31 p. 1000, teneur qui augmente au fur et à mesure que l'on s'approche du courant de Norvège. Cette eau côtière, étant la continuation du

cc courirnt de la Baltique n par le Kattegat et le Skagerack, se dirige vers la mer de Barents. La salinité de ce courant côtier augmente le long de sa route, ce qui est le

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contraire pour le courant de Norvège. La température de l'eau côtière, dans le Skagerack, est presque semblable à celle du continent, tandis que du côté de la mer de Norvège l'eau côtière possède un <c climat océanique >>avec de faibles variations.

La vitesse du courant est de

t

mètre par seconde.

Les variations de ce courant dépendent de plusieurs facteurs tels que les préci- pitations atmosphériques et la fonte des neiges sur le continent, la température de l'air et l'insolation. MM. Helland-Hansen et Nansen ont trouvé d'intéressantes relations entre les variations de l'eau côtière et les pêcheries du spratt et du hareng. En effet, des observations. portant sur une période de ci~q ans, montrent qu'à une faible étendue d'eau côtière en mai correspondent de faibles prises de Clupea sprattus en automne de la même année et de Clupea hai'engus l'année sui- vante. Or, comme les variations de l'eau côtière correspondent aux variations de chutes de pluie l'année précédente, il en résulte une relation entre la chute de pluie d'une certaine année et les pêcheries de spratt l'année suivante et de hareng· deux ans plus tard.

les coui'ants polaires. - L'étude de ces courants est basée sur des observations faites à la surface de la ~er par des capitaines de baleiniers, par le capilaine Roald Amundsen et par l'expédition de la Belgica.

L'eau polaire est une eau côtière typique avec une salinité variant de 30 p. 1 000, à la surface, à 3~,7 p. 1000 de 180 à 200 mètres et une température variant de l,8° C. à 0°. Les mers et courants arctiques sont caractérisés par la présence d'une couche d'eau chaude entre la couche superficielle légère et la couche profonde beaucoup plus lourde. Cette eau chaude est d'origine atlantique, sa densité corres- pondant à la lacune qui existe entre les deux couches froides. Les courants polaires qui entrent dans la mer de Norvège sont au nombre de trois :

t

0 le coorant arctique de Beeren Eiland; le courant polaire du Spitzberg et 3° le courant polaire du

Grünland oriental.

Le courant arctique de Beeren Eiland vient de la mer de Barents et suit la partie sud du banc de Beeren Eiland. Il est formé par de l'eau arctique avec des températures variant de 0° C. à 1° C. et dr.s salinités au-dessous de 3~,ï p. 1 000.

Ce courant, étroit et presque insignifiant, charrie souvent des glaces loin au sud- ouest de Beeren Eiland et peut de ce fait devenir désagréable pour la navigation.

Le courant polafre du Spitzbei·g double le cap Sud du Spitzberg, puis se dirige au nord le long de la côte occidentale, entre la côte et le courant atlantique du Spitzberg. Il est un obstacle à la navigation , transportant des glaces le long de la côte au commencement de l'été.

lecoumn t polafre du Grün land oriental vient du bassin polaire nord, coule le long·

de la côte orientale du Griinland, traverse -la crête Spitzberg-Gronland, puis suit le bord du plateau continental grëmlandais vers le sud. Les eaux ont une tempéra- ture au-dessous de 0° et une faible salinité. Le maximum de vitesse, tout comme pour le courant de Norvège, se rencontre le long du bord du plateau continental, la vitesse diminuant considérablement sur le plateau même. Le tronc principal du courant est étroit et profond seulement de 200 mètres.

La cour1mt arctique de l'Islande oi·ie11tal est formé par un mélang·e d'eau atlan-

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LE M/CllAEL SARS DANS LA MER DE NOHVÈGE ET DANS L'ATLANTIQUE NOilD. 303 tique venant du courant de Norvège, d'eau polaire, arctique et côtière. On a souvent qualifié, à tort, ce courant de cc polaire n, car il ne contient que fort peu d'eau polaire, MM. Helland-Hansen et Nansen donnant le nom d' c< arctique » à l'eau formée dans la mer de Norvège par un mélange d'eau atlantique avec de l'eau polaire et avec de l'eau refroidie durant l'hiver et qui peut être diluée durant l'été par l'eau provenant de la fonte de la glace.

La glace. - On rencontre deux espèces de glaces dans la région du courant polaire du Gronland oriental, de la glace polaire et de la glace arctique. La première vient, comme son nom l'indique, du bassin polaire nord. Elle forme des glaçons de deux à trois mètres d'épaisseur avec de grands hummocks. La seconde se forme entre Jan Mayen, le Gronland et l'Islande. Elle consiste en glaçons, d'un mètre d'épaisseur environ, formés durant l'hiver et fondant l'été. L'étude de la glace et des températures en verticale permettent à MM. Helland-Hansen et Nansen de confirmer la loi qui dit que la couverture de glace protège la mer sous-jacente contre le refroidissement par rayonnement durant l'hiver et celle qui dit qu'une g-rande chaleur est dégagée par la formation de nouvelle glace.

Systèmes tourbillonnaires de la mer de Norvège. - Le système primaire de circulation est formé, comme nous l'avons vu, par le c< courant de Norvège ii, con- tinuation du Gulf-Stream . li faut y ajouter le courant du Gronland ~riental. Ce système primaire est divisé en une quantité de systèmes secondaires dus au relief sous-marin.

La carte de la circulation des eaux dressée par MM. Helland-Hansen et Nansen correspond à la carte de la distribution de Calanus fi,nmarchicus, Calanus h!Jper- horeus, et Pseudocalanm dressée par Dana. En effet, suivant Gran et Dana, diffé- rents organismes planktoniques, comme les Calanides, sont caractéristiques de certaines parties de la mer ouverte oü ils sont stationnaires. Or, les régions où ces org·anismes ont été trouvés correspondent précisément aux régions où les eaux sont stationnaires.

La direction ouest du mouvement des eaux dans la partie nord de la mer de Norvège (environ 7!5° de Lat. N.) ressemble au mouvement de la même eau à l'ouest des Lofoten. Cette direction paraît devoir être déterminée par la crête hypothétiqüe qui se dirigerait au sud-ouest à partir du Spitzberg. Dans la mer à l'ouest du Spitzberg, la branche du courant atlantique passe sous le courant polaire et forme la couche intermédiaire d'eau chaude, dont nous avons parlé précédemment. La formation de cette branche correspond à la position d'une crête sous-marine qui ; se dirige à l'ouest à partir de la région nord du Prince-Charles Foreland. C'est dans la partie centrale du grand système tourbillonnaire de la mer de Norvège que se ' forme durant l'hiver l'eau de fond.

L'eatt de fond. - Grâce à la formation de la g'lace en hiver et au printemps, la salinité de l'eau de surface est augmentée. Cette eau, devenue plus lourde, descend vers le fond oü elle formera la couche d'eau profondè.

Les caractéristiques de cette eau sont sa basse température (entre 0° et -1,3° C.) et sa salinité très uniforme de 34,92 p. 1000. MM. Helland-Hansen et Nansen ayant · pour ainsi dire suivi pas à pas la formation de cette eau, cette question peut donc

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être considérée comme résolue. La densité de la couche d'eau profonde détermine la limite que peut atteindre la densité de l'eau de surface de la même mer.

En 1910 le Michael Sars ayant à bord MM:. H. H. Gran, E. l{oefoed, Helland- Hansen, le capitaine Thor et Sir John Murray a accompli une splendide croisière dans l'Atlantique nord. Les frais de l'expédition ont été supportés pÙr Sir John Murray, tandis que le gouvernement norvégien prêtait le Michael Sal'S.

Tout d'abord l'expédition a travaillé sur la côte ouest d'Irlande, puis de là a gagné le détroit de Gibraltar par le golfe de Biscàye, les côtes du Portugal et d'Espagne. De Gibraltar les savants océanographes se sont dirigés verR les Cannries et les Açores. Nous les voyons ensuite dans la mer des Sargasses, sur les côtes de Terre-Neuve, enfln au sud et au nord de la crête Wyville-Thomson aux fins d'y étudier la tr1rnRition entre la mer de Norvège ·et l'Atlantique.

Le D" Hjort n'a publié jusqu'ici que des résultats préliminaires qui font bien augurer de cette expédition. Comme l'a fait remarquer Sir John Murray 1, celle expédition a prouvé que l'on pouvait se lancer dans les problèmes de la mer profonde avec un bateau d'un faible tonnage, mais avec des savants rompus au travail à la mer. Retenons ici quelques-uns des résultats préliminaires commu- niqués par le Dr Hjort:

Des mesures directes de courants furent effectuées en plein détroit de Gibraltar, après avoir mouillé une ancre par environ 350 mèfres de fond, de 2 heures 30 du matin à 5 heures du soir. Ces mesures montrèrent que les effets des marées sont très grands de la surface au fond. Avec le flux le courant de surface Atlantique- Méditerranée atteint une vitesse de 1 mètre par seconde, tandis que la vitesse du courant de fond Méditerranée-Atlantique n'est que d'un tiers de mètre. Avec le reflux, il y a à peine un courant de surface, mais ù 309 mètres de profondeur le courant de fond a une vitesse de 2 mètres par seconde.

Le chalut s'étant eng·agé sur le fond, par 958 mètres sur le banc au sud des Açores, les océanographes no1·végiens profitèrent de celte circonstance pour faire 90 mesures de courant jusqu'à la profondeur de 800 mètres. Ces mesures effectuées an moyen de l'appareil d'Ekman indiquent des mouvements, dus aux marées, même jusqu'à la profondeur de 800 mètres.

Sur les pentes des bancs du sud-ouest de l'Irlande le chalut ramena, par 1 797 mètres de fond, un grand nombre de cailloux. Le D' B. N. Peach, le célèbre géologue écossais, qui les a examinés, estime que '.20 p. 100 sont d'origine gla- ciaire. Dans beaucoup de cas ces cailloux n'étaient pas complètement enfouis dans la vase. Pourquoi ce dépàt glaciaire n'a-t-il pas été recouvert par des sédiments marins? Telle est la question qui se pose naturellement à l'esprit. Il est probable que des coura.nts de foud existent avec une vitesse suffisante pour entraîner les coquilles et restes d'organismes marins qui chaque jour tombent de la surface vers le fond.

Citons encore parmi les éludes accomplies à bord du Michael Sars les mesures

i. The Deep Sea, in The Scoltish Geographical Magazine , n• l.2, 1910.

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LE MICllAEL SARS DANS LA MER DE NORVÈGE ET DANS L'ATLANTIQUE NORD. 305 photométriques exécutées par M. Helland-Hansen au sud et à l'ouest des Açores : Les rayons lumineux pénètrent jusqu'à 100 mètres de profondeur. A cette profon- deur les rayons rouges sont les plus faibles et les bleus et les violets les plus forts.

A :lOO mètres seuls les rayons bleus et violets sont encore visibles. A 1 000 mètres 1 es rayons violets et ultraviolets sont encore perceptibles. A 1 700 mètres il n'y a plus la moindre trace de lumière.

Au point de vne biologique l'expédition du 1Jfichael Sars aura rendu également de grands services ù la science. Le problème des limites de profondeur auxquelles les poissons de mer profonde vivent est bien près d'être résolu, s'il n'est peut·être pas absolument résolu; il faut toujours éviter de généraliser trop tôt; il est en bonne voie. On sait que, le premier, Sir John Murray àvait émis l'idée que des poissons devaient se rencontrer dans les couches intermédiaires des eaux de I'Océan.

Gunther, le savant qui étudia les poissons de mer profonde du Challen.qei', con- firma ces vues. Cependant les faits d'observation étaient encore trop peu nombreux pour généraliser. A la suite des observations faites ù bord du ~Michael Sai·s et bien que peu de prises aient été efJectuées entre en 1500 et 5 000 mètres, le D" Hjort estime que les grandes profondeurs sont beaucoup plus pauvres que les profon- deurs intermédiaires. Les plus petits et les plus jeunes individus de vingt à trente millimètres de longueur, vivent 'l 000 mètres plus haut que les individus plus grands et plus vieux.

LÉON "\<V. COLLET.

Musée de la Plata.

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