SPECTROSCOPIE DE LA MOL´ ECULE HCl corrig´e
Les m´ethodes spectroscopiques s’int´eressent `a l’´emission ou l’absorption de lumi`ere par la mati`ere et permettent de connaˆıtre les diff´erents ´etats d’´energie de celle-ci.
Nous nous int´eresserons ici aux ´etats li´es de la mol´ecule HCl. La figure 1 donne l’allure d’un spectre d’intensit´e de cette mol´ecule en fonction de la fr´equenceν du rayonnement incident, dans le domaine de l’infra-rouge. L’objectif du travail est d’interpr´eter cette figure.
(a) intensit´e relative I/I0 ´emise par la mol´ecule en fonction de la fr´equence ν du rayonnement incident (c est la vitesse de la lumi`ere)
(b) Sch´ematisation de la mol´ecule HCl comme un oscillateur harmonique et un rotor
Fig.1 –Spectre d’absorption de HCl (a) et rotor rigide (b)
Pour interpr´eter le spectre de la figure 1a, nous allons sch´ematiser la mol´ecule HCl comme la superposition d’un oscillateur harmonique (vibration des ions autour de leur distance d’´equilibre) et d’un rotor (vibration de la mol´ecule en rotation autour de sa d’´equilibre). Ceci est repr´esent´e dans la figure 1b.
1 R` egles de s´ election
Dans un atome ou une mol´ecule, la transition d’un ´etatψn (´energieEn) `a un
´
etatψm(´energieEm) correspond `a l’absorption ou `a l’´emission d’un photon de fr´equence ν = (Em− En)/h. Mais toutes les transitions ne sont pas possibles.
Elles ob´eissent `a des r`egles de s´election.
1
1. Le potentielV associ´e `a un champ−→
E homog`ene estV =−−→
E .−→r car dans ce cas le champ d´erive du potentiel sous la forme−→
E =−−−→
grad(V). Les ´etats propres stationnaires de la mol´ecule sont d´ecrits par des fonctions d’onde ψl ind´ependantes du temps, correspondant chacune `a une ´energie El, et satisfaisant l’´equation de Schr¨odinger 2.2 (polycopi´e page 29). La fonction d’onde globale du syst`eme s’´ecrit comme une combinaison lin´eaire des fonctions propres ψl, qui forment une base orthonorm´ee. On peut donc
´ecrire en l’absence de champ : Hψˆ l=Elψl
ψ(−→r ,t) =X
l
alψl(−→r)e−~iElt Introduire le champ−→
E revient `a introduire le potentielV. Pour savoir ce que devient le syst`eme, on utilise l’´equation de Schr¨odinger 2.1 (polycopi´e page 28) qui donne l’´evolution au cours du temps de la fonction d’onde ψ. Il suffit donc de calculer les termes intervenant dans cette ´equation en utilisant l’expression ci-dessus de la fonction d’onde :
i~
∂ψ
∂t = ( ˆH+V)ψ ⇒i~ X
l
( ˙al− i
~Elal)ψle−~iElt=X
l
al( ˆH+V)ψle−~iElt
⇒X
l
(i~a˙l+Elal)ψle−i~Elt=X
l
(alEl+alV)ψle−~iElt
⇒i~X
l
˙
alψle−~iElt=X
l
alV ψle−~iElt
L’´egalit´e des deux expressions ci-dessus nous permettent d’´ecrire, en mul- tipliant chaque terme par le complexe conjugu´e d’une fonction propre quelconque, soitψk∗, et en int´egrant sur le domaine :
i~ X
l
˙
ale−~i(El−Ek)t Z
ψk∗ψld−→r =X
l
ale−~i(El−Ek)t Z
ψk∗V ψld−→r En utilisant maintenant le fait que les fonctions propres forment une base orthonorm´ee dans l’espace des fonctions d’ondes, on peut simplifier le pre- mier terme de la derni`ere ´equation et obtenir en rempla¸cant le potentiel V par son expression :
˙ ak= −1
i~ X
l
ale−~i(El−Ek)t−→µkl.−→
E avec−→µkl= Z
ψk∗−→r ψld−→r Partant d’un ´etat propreψn, c’est-`a-dire avecan = 1 et tous les autresal nuls, on obtient :
˙ ak =−1
i~
−
→µkn.−→
E e−~i(En−Ek)t
On voit bien que, pour passer dans un ´etatψk, il faut que le terme ˙aksoit non nul, et donc que le moment dipolaire de transition−→µkl lui-mˆeme soit diff´erent de z´ero.
2
2. Dans le cas d’un oscillateur harmonique, une seule fonction propre ψn est associ´ee `a chaque valeur propre En = ~ω0(n+ 1/2). On dit que la d´eg´en´erescence des fonctions propres est 1. Ces fonctions propres s’´ecrivent (polycopi´e page 44) :
ψn(x,t) = 1
√2nn!
mω π~
1/4
e−mω2~x2Hn
x
rmω
~
e−~iEnt
Dans cette expression, Hn est le polynˆome d’Hermite de degr´en. Il est appliqu´e `a la quantit´eξ d´efinie par ξ=xpmω
~ . Il est d´efinit page 43 du polycopi´e. En particulier, il satisfait la relation de r´ecurrence suivante :
Hn+1(ξ) = 1
2ξ(Hn+2(ξ) + 2(n+ 1)Hn(ξ))
Le moment dipolaire de transition µkn s’´ecrit donc dans ce cas sous la forme suivante (c’est un scalaire car on raisonne en 1D, et A est une constante) en utilisant la formule de r´ecurrence ci-dessus :
µkn =AR+∞
−∞ ξe−ξ2/2Hk(ξ)e−ξ2/2Hn(ξ)dξ
=A
1/2R+∞
−∞ e−ξ2Hk(ξ)Hn+1(ξ)dξ+nR+∞
−∞ e−ξ2Hk(ξ)Hn−1(ξ)dξ Comme les polynˆomes d’Hermite sont par construction orthogonaux entre eux avec la fonction poidse−ξ2, le termeµkn ne pourra ˆetre non nul que lorsquek=n+1 ouk=n−1 dans l’expression pr´ec´edente. Les transitions possibles pour un oscillateur harmonique sont donc seulementn→n+ 1 etn→n−1.
3. dans la description des atomes, l’´equation de Schr¨odinger devient la sui- vant (polycopi´e page 61) :
~2 2m
d2(ul(r))
dr2 + (E −Vl(r))ul(r) = 0 , avec
Z ∞
0
|ul(r)|2dr= 1 Vl(r) = l(l+ 1)~2
2mr2 +V(r) Pour un rotor rigide, la distance entre les deux ions est constante,r=R.
Cette ´equation donne donc directement les niveaux d’´energie sous la forme El=Vl(R), tandis que les fonctions propres sont obtenues en int´egrant les fonctionsulet en les incorporant dans les fonctions propres d´ecrites page 60 du polycopi´e. Comme les ´energies sont d´efinies `a ne constante pr`es, on peut ´ecrire que les niveaux d’´energie d’un rotor rigide sont quantifi´es sous la forme (la masse en jeu ici est en fait la masse r´eduite de l’oscillateur harmonique, soitm=m1m2/(m1+m2), o`um1etm2sont les masses des deux ions) :
EJ =~ω1J(J+ 1) avecω1= ~ 2mR2
Il est dit dans l’´enonc´e que, `a chaque valeur propreEJ, il est associ´e 2J+ 1
´etats propres (fonctions d’onde diff´erentes).
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2 Populations des niveaux d’´ energie
La population des niveaux d’´energie est donn´ee par la distribution de Boltz- mann. En notant k la constante de Boltzmann, T la temp´erature et gi la d´eg´en´erescence du niveau d’´energie Ei, la population du niveau d’´energie En
est :
pn = gne−En/kT P
igie−Ei/kT
1. Dans le cas d’un oscillateur harmonique, la somme mise en jeu dans l’ex- pression pr´ec´edente est :
Z =X
i
e−~ω0(i+1/2)/kT =e−~ω0/2X
i
(e−~ω0/kT)i
En notant a la quantit´ee−~ω0/kT, on constante qu’apparaˆıt la quantit´e Pai, qui vaut 1/(1−a). Ceci donne finalement l’expression suivant pour la populationpn du niveau d’´energieEn:
pn=e~ω0/2(1−e−~ω0/kT)e−~ω0(n+1/2)/kT = (1−e−~ω0/kT)e−n~ω0/kT = (1−a)an Dans le cas de HCl, ω0 = 5,63.1014s−1, et `a T = 300K on obtient
~ω0/kT = 14,4. Ceci signifie que x << 1, et donc que le seul niveau d’´energie occup´e etn= 0. On peut d’ailleurs v´erifier que la fr´equence ν0
associ´ee donneν0/c≈2990cm−1, ce qui correspond au centre de la figure 1.
2. En utilisant la propri´et´e donn´ee dans l’´enonc´e, on peut ´ecrire : Z=X
i
(2i+ 1)e−~ω1i(i+1)/kT ≈ −kT
~ω1
X
i
d
die−~ω1i(i+1)
≈ −kT
~ω1
he−~ω1i(i+1)i∞
0
≈ kT
~ω1
La population du niveau d’´energieEn est donc donn´ee par l’expression : pn= ~ω1
kT (2i+ 1)e−~ω1i(i+1)/kT
Dans le cas de HCl, ω1 = 1,99.1012s−1, et `a T = 300K on obtient
~ω1/kT = 0,051. Ceci donne p0 = 0.05, p1 = 0,13, p2 = 0,18, ... En cons´equence, diff´erents niveaux d’´energie sont peupl´es.
3. Les diff´erents niveaux d’´energie autour deν0/c(calcul´e pr´ec´edemment et au centre de la figure 1) peuvent ˆetre observ´es sur la figure 1. Ils sont en effet distants de νJ = (EJ+1− EJ)/h = (J + 1)ω1/π. L’application num´erique donne un ´ecart constant entre ces diff´erents niveaux d’´energie,
∆ν/c≈21cm−1.
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