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Quelques mots sur les médicaments biosimilaires

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Quelques mots sur les médicaments biosimilaires

L

e développement de médicaments issus de la biotechnologie est consécutif à l’évolution récente des connaissances en biologie et a permis de grandes avancées dans les traitements des cancers, en complément des traitements traditionnels. Ils sont de fabrication complexe et leur coût est élevé. Les médicaments biosimilaires suscitent un grand intérêt pour la prise en charge des patients en oncologie, comme en témoigne récemment la mise en place de sessions complètes consacrées au sujet dans des congrès d’oncologie comme celui de l’European Society for Medical Oncology (ESMO) en 2018. Leur intérêt potentiel est de mettre à disposition d’un plus grand nombre de patients ces molécules à un coût plus faible.

La définition d’un médicament biosimilaire, donnée par la Haute Autorité de santé (HAS) en 2017[1], est «un médicament qui, comme tout médicament biologique, est produit à partir d’une cellule, d’un organisme vivant ou dérivé de ceux-ci et dont l’efficacité et ses effets indésirables sont équivalents à ceux de son médicament biologique de référence». Sur le plan réglementaire, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)[2]ajoute que «le médicament de référence a déjà été autorisé en Europe et que le principe de biosimilarité s’applique à tout médicament dont le brevet est tombé dans le domaine public».

Les médicaments biosimilaires sont également évalués par l’Agence européenne des médicaments (EMA) [3]. En pratique, un biosimilaire est une macromolécule biologique active analogue au médicament original. Les biosimilaires se distinguent donc des médicaments génériques, qui sont de petites molécules dont la structure chimique est identique au médicament de référence, mais diffèrent par leur formulation.

L‘oncologie est un domaine privilégié pour le développement de médica- ments biosimilaires, tels que les protéines naturelles dirigées contre la tumeur (interférons), les facteurs de croissance hématopoïétiques, les anticorps monoclonaux, les protéines de fusion.

Les biosimilaires, comme tous les médicaments biologiques, sont produits par des organismes vivants après un procédé de fabrication complexe incluant l’introduction du gène codant le biosimilaire (un anticorps, par exemple) dans un vecteur ADN, qui est transfecté dans une cellule vivante[4]. Les cellules synthétisent l’anticorps recombinant puis sont multipliées à grande échelle en vue de produire la protéine. Les modifications post-traductionnelles sont variables en fonction des conditions dans lesquelles sont faites les cultures et peuvent différer d’un lot de protéines produites à l’autre. Les protéines ont la même séquence d’acides aminés mais peuvent être chimiquement différentes.

Tous ces produits sont soumis à des contrôles de qualité au long du processus de production afin de vérifier de façon continue la biosimilarité, non seulement chimiquement mais aussi biologiquement.

Les médicaments biosimilaires requièrent des études précliniques et cliniques, des études de pharmacocinétique et de pharmacodynamie en vue de leur mise sur le marché : ces essais cliniques comparent l’efficacité, la tolérance et l’immunogénicité à celles du médicament générique

Pour citer cet article : de Cremoux P. Quelques mots sur les médicaments biosimilaires. Innov Ther Oncol2019 ; 5 : 53-54.

doi :10.1684/ito.2019.0158

Some words about biosimilar drugs

Patricia de Cremoux Hôpital Saint Louis

Unité doncologie moléculaire 1, avenue Claude Vellefaux 75475 Paris Cedex 10 France

<patricia.de-cremoux@sls.aphp.fr>

Remerciements et autres mentions : Financement: aucun.

Liens d’intérêts: lauteur déclare ne pas avoir de lien dintérêt.

Tirés à part : P. de Cremoux

Innovations & Thérapeutiques en Oncologielvol. 5n82, mars-avr 2019 53 doi:

10.1684/ito.2019.0158

Éditorial

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(Code de la santé publique, article L5121-10-2, et Directive européenne 2004/27/CE du 31 mars 2004). Si les essais précliniques et cliniques d’un biosimilaire peuvent être allégés, son autorisation de mise sur le marché (AMM) répond à des exigences réglementaires strictes afin de démontrer que sa qualité pharmaceutique, son efficacité et ses effets indésirables sont cliniquement équivalents à ceux du médicament biologique de référence.

L’American Society of Clinical Oncology(ASCO) a récemment publié[5]des données sur le cadre réglementaire dans lequel les biosimilaires doivent se placer, principalement pour évaluer les propriétés du biosimilaire par rapport au médicament de référence, mais aussi son coût et l’éducation des patients : la sécurité d’administration et la similarité d’efficacité clinique dans une indication considérée comme représentative. Il est possible de remplacer un médicament biologique par un autrefigurant sur la liste des médicaments biosimilaires, ce qui définit l’interchangeabilité, mais ce changement doit être décidé entre le médecin et le patient. Si le choix entre les deux médicaments biologiques reste libre en l’absence de traitement antérieur identifié, il n’est cependant pas souhaitable de modifier la prescription initiale, en remplaçant une spécialité par une autre.

Encore peu de biosimilaires sont autorisés en France et en Europe en raison de la complexité et du coût de développement de ces produits (entre autres, les biosimilaires du rituximab, du trastuzumab et du bévacizumab sont autorisés en Europe[6]). La liste des médicaments biosimilaires est disponible sur le site de l’ANSM[2].

Ainsi, l’AMM de médicaments biosimilaires permet la mise à disposition aux patients d’une gamme plus large de médicaments innovants. Grâce à leur moindre coût, les médicaments biosimilaires pourront améliorer l’accès aux soins [7]. Leur développement dépendra de la conviction des différents prescripteurs et patients de leur efficacité, tout en apportant les garanties nécessaires quant à la sécurité, l’immunogénicité et l’efficacité de ces produits à long terme.

RÉFÉRENCES

1.Haute Autorité de santé.Bon usage du médicament. Les médicaments biosimilaires.HAS, 2017. https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2017- 11/bum_medicaments_biosimilaires_v1.pdf

2.Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.Médicaments biosimilairesPoint dinformation. ANSM, 2011. https://ansm.sante.fr/S- informer/Points-d-information-Points-d-information/Medicaments-biosimilaires-Point-d-information

3.European Medicines Agency.Les médicaments biosimilaires dans lUE. Guide dinformation destiné aux professionnels de la santé. EMA, 2017. https://www.ema.

europa.eu/en/documents/leaet/biosimilars-eu-information-guide-healthcare-professionals_fr.pdf

4.Buske C, Ogura M, Kwon HC, Yoon SW. An introduction to biosimilar cancer therapeutics: denitions, rationale for development and regulatory requirements.

Future Oncol2017 ; 13 (15s) : 5-16.

5.Lyman GH, Balaban E, Diaz M,et al.American Society of Clinical Oncology statement: Biosimilars in oncology.J Clin Oncol2018 ; 36 : 1260-5.

6.Tabernero J, Vyas M, Giuliani R,et al.Biosimilars: a position paper of the European Society for Medical Oncology, with particular reference to oncology prescribers.

ESMO Open2017 ; 1 (6) : e000142.

7.Simoens S, Jacobs I, Popovian R, Isakov L, Shane LG. Assessing the value of biosimilars: A review of the role of budget impact analysis.Pharmacoeconomics2017 ; 35 : 1047-62.

P. de Cremoux

54 Innovations & Thérapeutiques en Oncologielvol. 5n82, mars-avr 2019

Éditorial

Références

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