ACTION DE LA PROGESTÉRONE
ET DES STÉROÏDES OVARIENS SUR LA SEGMENTATION DES ŒUFS CHEZ LA BREBIS
Suzanne
WINTENBERGER-TORRÈS
Léone RUBIN, Micheline GÉRARD, Aline SOLARI, C. CORNU Station centrale de
Physiologie
animale, ’Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
On a étudié le
rythme
desegmentation
des oeufsprélevés
sur des Brebis i à 1r jours après
l’ovu-lation.
Après
fixation, inclusion, coupe et coloration des oeufs, le dénombrement des noyaux surcoupes
histologiques
sériées a été fait.La vitesse de croissance est
beaucoup plus
élevée entre 8 et rrjours qu’entre
i et 7jours.
Ellea été
également
déterminée chez les oeufs provenant de Brebissuperovulées (la superovulation
étantun moyen
d’augmenter
naturellement le taux deprogestérone circulante)
et chez les oeufs issus de mères ayant eu des ovulationssimples
oumultiples,
mais soumises à différents traitements de pro-gestérone exogène.
De Iàjours,
l’oeuf fécondé est insensible au niveau deprogestérone auquel
estsoumis la mère. En revanche, de 8 à i
jours
il est fortement stimulé par l’élévation du taux de pro-gestérone.
L’accélération maximum dedéveloppement enregistrée,
est obtenuelorsqu’il
y asuper-
ovulation et non avec des apports
exogènes
deprogestérone,
cequi
fait penserqu’en plus
de la pro-gestérone,
des stéroïdes ovariensparticiperaient
activement à cette stimulation.INTRODUCTION
L’étude
de laprogression
des oeufs dans l’oviducte des Mammifères étudiésjusqu’à
cejour,
comme laSouris,
laRatte,
laLapine,
laTruie,
laBrebis,
laVache,
laisse
apparaître qu’elle
est sous ladépendance des
niveauxd’oestrogène
et depro- gestérone qui s’établissent après
l’ovulation.( 1
) Ce travail constitue une partie d’une thèse de Doctorat d’État (Sciences naturelles) présentée à la
Faculté
des Sciences de Paris le 15juin 1967(noAo rg93 à l’enregistrement du Centre national de la Recherche scientifique).En modifiant le taux
respectif
de ceshormones,
onagit
sur la durée des diffé-rentes
étapes qui
caractérisent letransit,
et par voie deconséquence
sur la survieembryonnaire.
A
DAMS
( 195 8)
a montré eneffet,
chez laLapine,
que la rétention des oeufsjus- qu’à
4
jours
dans lesoviductes, qui peut
êtreobtenue
parinjection
de fortes quan- titésd’oestrogènes,
arrête ledéveloppement
desblastocystes.
Par contre,l’accéléra-
tion de ladescente sous l’effet
de faiblesquantités d’oestrogène
et l’arrivéeprécoce
dans
l’utérus,
nepermettent
d’observer ledéveloppement
qued’une
faible propor-tion
d’ceufs.
r - - -Dans ces
conditions,
l’utérusn’ayant
pas atteint le stade deprogestation
corres-pondant
àl’âge
del’oeuf,
nepeut
en assurer la survie. Onpensait
quela désynchro-
nisation entre
l’âge
de l’oeuf et l’état de l’utérusétait
seule en causepour expliquer
la
mortalité embryonnaire après accélération
de la descente del’oeuf,
sous l’effetd’un
déséquilibre
hormonal.Or,
les travaux de Gx!!rrwn!,p( 1957 , 195 8)
sont venusmontrer que le traitement
oestrogénique_ après
ovulation entraînait un amincisse- ment de la zone albumineuse des oeufs chez laLapine,
non seulement parce que les oeufsséjournaient moins longtemps
dansl’oviducte,
mais aussi parce que les oestro-gènes empêchaient
ladécharge
de mucineprovoquée
dansl’épithélium
tubaire par laprogestérone.
On avait donc une preuve de
l’action
directe del’équilibre hormonal
sur la mor-phologie des
oeufs. Il restait à savoir si cette modification n’était pas sans influencer ledéveloppement
ultérieur des oeufs.I,a transplantation (Gx!!Nwn!,n, 19 6 2 )
deblastocystes
de 3jours
à zone albumineuseamincie,
en mêmetemps
que des blas-tocystes
normaux,respectivement
danschaque
corne utérine deLapines
receveuses, à oestrussynchronisé
avec lesdonneuses,
aboutissait à 29,2 p. 100d’implantations
tandis que pour les
blastocystes
normaux, laproportion d’implantations
était de68,
9
p. 100.Actuellement,
l’étude du mode d’action descontraceptifs
a remis enquestion
le
problème
de leur effet sur la motilité de l’oviducte et de l’utérus et de leur action propre sur le début dudéveloppement embryonnaire.
Ceuxqui n’agissent
pas commeanti-implantatoires perturbent
le transit des oeufs par rétention ou accélération à travers l’oviducte. Seul DnviDSOrr( 19 6 5 )
attribue auclomiphène (contraceptif
chez le
Rat)
unpouvoir cytolytique
direct sur l’oeuf.Dans nos
précédents
travaux(W!·rT!NS!xG!R-ToRx!s S., ig6i),
nous avionsconstaté la nécessité de l’établissement d’un
équilibre oestrogène/progestérone,
biendéterminé, permettant
laprogression
des oeufs chez laBrebis,
par action sur la moti- lité de l’oviducte. En fonction desproblèmes posés
chez d’autresespèces,
il nous a paru intéressant de suivre ledéveloppement
des oeufs chez des Brebis normales etsoumises à différents traitements hormonaux.
Comme nous avions constaté une accélération du
transport
dans les cas desuperovulations (WiNTEr!sExGEx S., tg5 3 ),
nous nous sommes attachés toutparti- culièiétrient
à l’étude de lasegmentation
enprésence
deniveaux élevés
de stéroïdes ovariens.On sait en
effet, depuis
SHORT( 19 6 1 ),
S’roxMSxeK et al.(ig6 3 ),
que la superovu- lation etl’augmentation
du nombre de corpsjaunes qu’elle entraîne,
provoque une élévationimportante, principalement
de laprogestérone dans
le sang.C’est
pourquoi,
dans une seconde séried’expériences,
nous avons étudié l’effet del’augmentation provoquée
de laprogestéronémie
sur la vitesse desegmentation
d’oeufs issus d’ovulation
simple
et desuperovulation.
MATERIEL
ETMÉTHODES
Afin de déterminer aussi
précisément
quepossible l’âge
des ceufs dont on veut étudier la seg- mentation, on déclenche l’ovulation 24haprès
le début deschaleurs,
par uneinjection
intraveineuseen début d’oestrus de 400 ut d’hormone
gonadotrope d’origine sérique (P.
M. S.Organon).
Troisaccouplements
sontprovoqués pendant
l’oestrus.On
déclenche unesuperovulation
par uneinjection
sous-cutanée, au r3ejour
1/2ou 14ejour
ducycle
de 2 ooo UI degonadotropine d’origine sérique (P.
M. S.Organon).
Les ovulations sontrégu-
larisées comme
précédemment.
L’apport exogène
deprogestérone
est fait sous forme de solution huileuseinjectée
par voie sous-cutanée et donnéejournellement de j
2à j
I(j
o étant le moment del’ovulation).
La dosejournalière
a été :a)
dans le cas d’ovulationsimple
de 20mg,b)
dans les cas desuperovulation
de 10, 20 ou 40mg.Les Brebis sont abattues toutes les 24h, entre i et I
jours après
l’ovulation.Les oeufs ou les
blastocystes
sontrécupérés après perfusion des
oviductes ou des cornespuis fixés,
colorés,coupés
à 10(L.Après
coloration àl’hématoxyline/eos*me,
leurdéveloppement
est estimépar dénombrement de tous les noyaux.
RESULTATS
I
.
État
desegmentation
desoeufs
« témoins »Chez les Brebis
n’ayant subi. aucun traitement,
lasegmentation
sedéroule
selonle schéma suivant :
La
première
divisionpeut
être terminée 24 haprès l’ovulation,
la deuxième lui succéder dès3 6
h. Le stade 8 est atteint à4 8
h et le stade 12à 72 h. Cestemps repré-
sentent des délais minimum
qui peuvent
êtreallongés ;
eneffet,
nous avons observé des stades 2 à 31h,
des stades 8 à 72 h. La division despremiers
blastomères n’est pastoujours synchrone puisqu’il
existe des stades 3,6,
7, 12 et 14.Le tableau i résume l’état de
segmentation
des oeufs de i à 5jours.
A
partir
du 6ejour,
il faut tenircompte
de ladifférenciation
dubouton embryon-
naire et dutrophoblaste. Les
résultats sontrapportés
dans letableau
2.. _I,a
croissance
estrégulière jusqu’à
7jours,
subit unléger fléchissement
à 8jours
et
repart
defaçon très accélérée
de 9 à iijours.
En transformant en racine carrée les données relatives au nombre de noyaux
(N)
on
peut représenter
ledéveloppement
par deux droites derégression
de formule :Le
segment
Acorrespond
à lapériode
de i - 7jours
et lesegment
B à celle de 8 - iZjours,
le coefficient de cette droite trèssignificativement supérieur
à la pre- mièretémoigne
de la croissance accéléréeaprès
8jours (fig. I ).
!.
I,e .trophoblaste qui
constitue lapartie
laplus importante
desblastocystes,
aévidemment les mêmes
caractéristiques
dedéveloppement. Quant
au boutonembryon- naire,
sonévolution, représentée
sur lafigure
2, estproportionnellement beaucoup
moins
rapide
que celle dutrophoblaste.
Si on fait le
rapport (R)
entre le nombre moyen : cellules du boutonembryon- naire/cellules
dutrophoblaste,
à 6jours,
il est voisin de 0,35 à mesure que le blas-tocyste croît,
il décroît pour tomber à 0,05 à Wjours (fig. 3 ).
2
.
État
desegmentation
desoeufs
«superovulés
oL’injection
d’hormonegonadostimulante permet d’obtenir environ
5 à 10 oeufs par Brebis. Leur état de divisionjusqu’à 5 jours
estreprésenté
dans le tableau 3.Comparés
aux oeufs « témoins », leurrythme
desegmentation pendant
cettepériode
n’est pas différent.Par
contre,
entre 6 et Ijours,
la vitesse de division est non seulementsupérieure
à la
période
de 1-5jours,
mais aussi très nettementaccélérée,
surtout àpartir
de8
jours,
parrapport
à celleenregistrée
chez les oeufs « témoins » de mêmeâge (tabl. 4 ).
En
effectuant la transformation en racine carrée de ces données on construit deux droites derégression
de formule :qui correspondent respectivement
aux oeufsâgés
de i à 7jours
et de 8 à mjours (fig. 4 ).
Parrapport
aux observations faites sur des oeufs issus d’ovulationsnormales,
on constate que les coefficients de
régression
des droites A(Y i
= 3,m x - 5,5 ety
a
= 3!22 x -5, 34 )
ne sont passignificativement
différents..Par contre, si on compare les coefficients de
régression
dessegments
de droitesB,
des deux séries d’observations(Y i
= 21,54 x - 155,47 etY 2
= 82 x -637)
ilssont
significativement
différents et trèssupérieur
dans les cas desuperovulation.
L’accélération
de lasegmentation qui
se manifeste ainsi àpartir
de 8jours
est consi-dérable,
certainsblastocystes
«superovulés
»présentant
en effetjusqu’à
8 foisplus
de cellules que les
blastocystes
« normaux ».Le
développement
desblastocystes
issus desuperovulation
n’en restepas moins
harmonieux. La courbe de croissance du
bouton embryonnaire
estexprimée
sur lafigure
5. Les croissances relatives dutrophoblaste
et du boutonembryonnaire
évo- luent selon unrapport qui
décroîtprogressivement
de 0,30 à 0,005 enpassant
à 9jours,
par la valeur o,05 trouvée à mjours
chez les Brebis « normales» (fig. 6).
3
. Vitesse de
segmentation
desceufs après
action de laprogestérone
Dans les différents groupes
expérimentaux,
les oeufs sontprélevés
à 3,g, 6,
8 ety
jours après
l’ovulation.a) Après
ovulation normale etinjection
de 20 mg deprogestérone de j 2 d j i 11.
I,e tableau 5 donne l’état de division
correspondant
à ces différentespériodes.
Après
transformation en racine carrée desrésultats,
on construit deux droites derégression qui
sont commeprécédemment,
pour lespériodes
1 -7 jours (A 3 )
et8 - m
jours (B,),
et de formule :et
qui
sontreprésentées
sur lafigure
7.Comparée
aux formules obtenues àpartir
des oeufs témoins(A, Y,
= 3,IlX - 5,55 etB, Y,
= 21,54 x -155,47),
la droite A n’a pas un coefficient derégression signi-
ficativement différent.
Par contre, si on compare les droites
B,
etB.,
on obtientaprès
le traitement deprogestérone,
une netteaugmentation : x
=3 8,66
au lieu de 21,54.L’injection journalière
de 20 mg deprogestérone
a une action sensible àpartir
du 8ejour.
Lecoefficient de
régression
n’atteintcependant
pas celui de 82 obtenu dans le cas desuperovulation.
b) Effet
du traitementprogestéronique après
ovulationmultiple.
Cette action stimulante de la
progestérone
sur lasegmentation
des oeufs « té-moins » nous a conduit à rechercher les limites d’action de la
progestérone
enessayant
de cumuler unapport exogène
et unehypersécrétion
naturelle parsuperovulation.
a)
Traitementjournalier
de 10 mg deprogestérone de j 2 à j 11.
Le tableau 6 donne les résultats des numérations effectuées sur les coupes his-
tologiques
des oeufs recueillis de 3 à 11jours après
l’ovulation. Les formules des droites derégression représentées
sur lafigure 8b,
sont :fi)
Traitementjournalier
de 20 mg deprogestérone.
I,e tableau 7 donne les résultats obtenus avec ce traitement et les droites de
régression représentées
sur lafigure 8c,
ont pour formule :As
Y5
= 3,4x - 7,1B, Y e
=5o,6 x
-360,24
y)
Traitement de 40 mg deprogestérone (tabl. 8).
Les droites de
régression correspondantes représentées
sur lafigure 8d,
sont de formules :Des doses variées de
progestérone
laissentinchangée
la vitesse desegmentation jusqu’à
7jours. I,’accélératior:
seproduit
àpartir
de 8jours,
parrapport
aux oeufstémoins, chaque
foisqu’existe
un niveau anormalement élevé deprogestérone.
Cependant,
bienqu’il s’agisse
d’oeufssuperovulés, l’apport
deprogestérone exogène
ne
permet plus
d’obtenir l’accélérationenregistrée
avec unesuperovulation simple,
sans
supplémentation
deprogestérone.
Sur le tableau 9, on trouve la
comparaison
des variances calculées à 5,6,
8 etet m
jours. Quand
celles-ci sonthomogènes,
le test de Student ou loi normale a étéemployé,
parcontre, lorsqu’elles
ne le sont pas, on utilise le test de Behrens et Fisher et les tables de Sukhatme.Comparés
au cas desuperovulation simple,
les trois traitementsprésentent
desvariances
significativement différentes, l’homogénéité
des résultats estparticulière-
ment nette pour les
points
8 et mjours. L’apport
deprogestérone
dans les cas desuperovulation
freine l’accélération dudéveloppement
et n’a pas une action cumuléeavec la
superovulation.
Les variations que subissent les
blastocystes
dans leur croissance sous l’effet des différents traitements ne troublent pas l’harmonie entre ledéveloppement
du boutonembryonnaire
et letrophoblaste.
Il s’ensuitqu’une
accélération de la vitesse de seg- mentation dublastocyste
se traduitégalement
par une accélération dudéveloppement
du bouton
embryonnaire.
Lafigure
9représente
pour lesquatre
traitements à laprogestérone
les courbes dedéveloppement
que suivent les boutonsembryon-
naires.
DÉGÉNÉRESCENCE
Au
cours de nos observationsmicroscopiques,
nous avonsenregistré
de nombreuxcas de
dégénérescence qui
se manifestent de troisfaçons
différentes :- soit par une
évolution picnotique
des noyaux. Cetype
dedégénérescence
survient à tous
les
stades dedéveloppement
étudiés.- soit par des anomalies
morphogénétiques qui
seproduisent
vers5 -6 jours
aumoment de la formation du
blastocyste
et à mjours pour les
oeufstémoins,
c’est-à-direquand
leblastocyste s’allonge
en vésiculefiliforme ;
chez les oeufs dont l’évolution estplus rapide
comme les oeufssuperovulés,
cettepériode critique
se trouvedéplacée
vers 9
jours.
- soit par un retard de
segmentation.
Nous avons considéré que les oeufspré-
sentant un retard de 2
jours
nepouvaient
survivre. Lesexpériences
detransplanta-
tions
asynchrones
ontmontré,
eneffet, qu’un
écart deplus
de4 8
h entrel’âge
de l’oeufet le
stade physiologique
del’utérus aboutissait
à unéchec.
On a
établi
pourchaque série expérimentale,
lepourcentage
dedégénérescence
observé chez les oeufs de même
âge.
La
figure
10 areprésente
la courbe obtenue avec les oeufs «témoins ».L’augmenta-
tion de la
dégénérescnece
vers6- 7 jours correspond
à lapremière période critique
que traverse l’oeuf au moment de la formation dublastoc y ste.
Le deuxième maximumvers io-m
jours correspond
à la secondepériode critique
au moment de sonallonge-
ment en une
longue
vésicule filiforme.Pour les
oeufs
«superovulés
»(fig.
10b)
on constate l’existence d’un maximumvers 2
jours qui correspond
aux oeufs non fécondés ou anormaux dont laproportion
est
plus importante
dans les cas desuperovulation.
Le deuxième maximum corres-pond,
commeprécédemment
à la formation dublastocyste,
et le troisième maximumqui
coïncide avecl’allongement
en vésicule filiforme estdéplacé
vers 9jours
car nousavons vu que ces
blastocystes
avaient undéveloppement
accéléré.Après
traitement à laprogestérone
et ovulationsimple,
lafigure
10 cindique
lepassage par une même
période critique
vers 6jours
et un taux dedégénérescence qui
reste élevé
jusqu’à
Ijours.
Dans les cas de
superovulation
combinée avec traitements à laprogestérone,
lescourbes de
dégénérescence
ont unaspect
assezanalogue.
DISCUSSION
Ces études laissent
apparaître
la constance relative dudéveloppement embryon-
naire
pendant
les 7premiers jours.
Lasegmentation
des oeufs parvenus dans l’utérusse
poursuit jusqu’au 7 e jour
sans quel’apport
deprogestérone endogène
ouexogène
modifiant lerythme
de descente dansl’oviducte, puisse
enchanger
le cours.. C’est à
partir
du 8ejour
que leblastocyste
devientsensible
àl’équilibre
hormonalmaternel. Cette
étape
de sondéveloppement correspond
à unstade physiologique.
Il
perd
alors sa membranepellucide,
les cellulesendodermiques
commencent àémigrer
du
bouton embryonnaire
versle trophoblaste
etla
vitessede segmentation
subit unetrès nette
accélération.
Si onaugmente
le taux deprogestérone
chez les Brebis« témoins » ou si on se
place
dans les conditions deprogestéronémie élevée (superovula- tion)
lerythme
des divisions est accéléré defaçon spectaculaire. Comment
laprogesté-
rone
peut-elle
provoquer une telle stimulation ?On
peut envisager
une action directe. Laprésence
deprogestérone
dans les sécré-tions de l’utérus n’a pas été démontrée actuellement chez la Brebis. Chez le Rat rece- vant des
injections
deprogestérone 1 ,C,
un très faible marquageapparaît
dansl’épi-
thélium
glandulaire (R OGERS , THOMAS, Y AT E S , I g65).
Parailleurs,
l’addition de pro-gestérone
au milieu de culture des oeufs de Souris(W HITTEN , 1957 )
et deLapine (DAN
I
EL
etLEV Y , I9 6 4 ),
s’est révélée arrêter lesmitoses.
Il y a donc peu de chance pour que ce circuitdirect
seréalise,
et s’ilexiste, favorise
lacroissance.
L’action indirecte de la
progestérone
sembleplus
vraisemblable. On connaît les variationscycliques
de lacomposition
des sécrétions de lamuqueuse utérine
chezle Rat,
laLapine,
la Brebis et la Vache(HE AP , 19 6 2 ;
HEAPetI,A!!INGS, I9 62).
Chezla
Lapine, après castration,
les traitementsprogestogènes,
non seulement restaurent la même teneur en acidesaminés,
des sécrétions utérines que chez les femellescycliques,
mais élèvent notablement la concentration en
glycine
et en sérine(GR!ÉGOIR!, GONGSA
K D I
, RA K OFF, 19 6 1 ),
DANIEL( 19 65)
a trouvé une action stimulante de laglycine
et de la sérine sur la croissance in vitro dublastocyste
deLapine
de 5jours.
On
peut imaginer
chez la Brebis une actionanalogue
de laprogestérone,
augmen-tant
dans
les sécrétions utérines la concentration de certainsarnino-acides, qui
stimu-leraient
ledéveloppement
desblastocystes.
Chez leRat,
uneaction hypertensive
exercée par la
progestérone
et lameilleure irrigation
de l’utérusqui
en résulte(CES- sioN-FossioN, I,1M!T, i 9 65)
aété
identifiée au niveau dumyomètre.
Si unphénomène
semblable se
produisait
chez laBrebis, l’apport accéléré
de métabolitespourrait également
intervenir dans la modification durythme
desegmentation
desblastocystes.
Cependant,
laproportionnalité qui
s’établit entre la taille dublastocyste
et letaux de
progestérone
est limitée. Eneffet,
la courbe de croissance desblastocystes
deLapine,
établie en fonction de laquantité
deprogestérone administrée,
trouvée parWu,
se termine enpalier
pour la dose de I mg/j.
Bien
qu’il s’agisse
dans nosexpériences
d’unapport supplémentaire
enprésence
de corps
jaunes fonctionnels,
nos résultats sontcependant comparables.
Notre
raisonnement suppose quel’apport exogène
deprogestérone peut
êtreidentifié
à la sécrétiond’un nombre correspondant
de corpsjaunes
assurant le mêmetaux de
progestérone
dans l’utérus. Cetteéquivalence
semble être démontrée par lesexpériences
de castrationpendant
lagestation
et de maintien desembryons
partraitement progestéronique (P I NC U S
etWE R T H ESSEN, 193 8 ; CORNER, ig28 ; ADAMS, 1
95
8 ; Wu, 19 6 1 ; H A FE Z , 19 64 :
chez laLapine ;
CANIVENC et LAFFARGUE,1957;
1CA
RP E N
T, 19 6 2 :
chez laRatte ; ME I TE S , W!BSTF;R, IT OUN G,
THORD etHATCH,
1951 : chez laChèvre ;
REASIDE etT URN E R ,
1950 : chez laVache). Cependant, :FOOTE, GOOCH,
Por! et CASIDA( 1957 )
ont amélioré très nettement la survieembryonnaire
chez les Brebis
ovariectomisées,
enaccompagnant
le traitementprogestéronique
d’aestrone.
Peut-on
imputer
à la seuleprogestérone,
l’action stimulante constatée ? Enprésence
d’un ou de deux corpsjaunes,
un traitement de 20mg deprogesté-
rone accélère
significativement
ledéveloppement
desblastocystes,
mais dans des pro-portions
toutefois bien inférieures à cequ’elles
sont avec 5 corpsjaunes
ouplus.
L’ovaire
secréteraitdonc,
enplus
de laprogestérone,
des stéroïdescapables
de ren-forcer de
façon
très sensible l’effet constaté enprésence
deprogestérone
seule.Reçu pou y
publication
enscptembrc 96y.
SUMMARY
EFFECT OF PROGESTERONE AND OVARIAN
STERO DS
ON EGG SEGMENTATION IN THE EWE
We have studied the egg
segmentation
rate of ewes killed i-iidays
after ovulation. After fixa-tion, embedment,
andcoloration,
the nuclei were counted in thehistological,
seriated sections. Thegrowth
rate has also been studied insuperovulated
eggs(which
contain more ovarian steroids and progesterone thanusual).
We have also studied the eggs of eweshaving
one or more ovulations andreceiving
exogenous progesterone.Egg segmentation usually
accelerated at 8days (fig. i),
but is was found that fromdays
i to7the
segmentation
rate was the same in every case(fig.
i, 4, !,8b-c-!.
Thus, theperiod
from 8days
onward was most
strongly
influencedby
the action ofsuperovulation
which increased the segmen- tation rate(fig. 4 ).
After progesterone treatmentduring
normalovulation,
thesegmentation
ratealso increased
(fig. 7 ),
but less thanduring superovulation.
Protesterone treatmentduring
supero- vulation slowed down thesegmentation
rate observedduring superowlation (fig. 8b-c-rt).
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
A
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