CONSTANCE DES FRÉQUENCES RELATIVES
DES STADES DU CYCLE DE L’ÉPITHÉLIUM SÉMINIFÈRE
CHEZ LE TAUREAU ET CHEZ LE RAT
Marie-Thérèse HOCHEREAU
Aline SOLARI
Laboratoire de
Physiologie
de laReproduction,
Centre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
Nous avons étudié chez le Taureau et chez le Rat la constance des
fréquences
relatives des stades ducycle
del’épithélium
séminifère.Nos résultats ont mis en évidence chez le Rat une
grande
constance desfréquences
relativesdes stades entre les coupes d’un même testicule et entre animaux. Chez le Taureau, il
n’y :
pas de variationsignificative
desfréquences
relatives dechaque
stade,malgré
des variationsqui
peuvent exister d’une coupe à l’autre, d’une zone à l’autre(près
du yete testis ou sousl’albuginée
dans lestrois zones étudiées :
pôle
caudal, zoneéquatoriale, pôle apical)
entre les testicules d’un même ani- mal et entre animaux. Les interactions entre ces différents facteurs ne sont passignificatives.
Étantdonné le
grand
nombre de circonvolutions présentes sur les tubes séminifères de Taureau, il est nécessaire de compter dans cetteespèce
un nombreimportant
de tubes par coupes (au moins300 )
et de coupes par zones (5) pour avoir la
fréquence
exacte d’un stade ;cependant
la localisation même de la zone ne semble pas avoir d’influence sur lafréquence
relative des stades.INTRODUCTION
La constance de la durée du
cycle
del’épithélium
séminifère a été démontrée chez différentesespèces
à l’aide deradioéléments ;
ORTAVANT(zg58),
chezle Bélier, CI,!RMONT,
MESSIER et I,!Bt,orrn( 1959 )
chez le Rat. La durée des différents proces-sus
spermatogénétiques
élémentaires a été calculée àpartir
de lafréquence
relativedes différents stades du
cycle
del’épithélium séminifère ;
or, celle-ci a été considéréecomme constante par CLERMONT et al.
( 1950 ,
1952, ig5g,ig6i)
sur le Rat et leMacaque,
par RoosEN-Rur·GE( 1952 )
sur leRat,
par ORTAVANT(1 95 8, 1959 )
sur leBélier et le
Taureau,
par AMMnrr( 19 6 1 )
sur le Taureau et variable par MOREE( 1947 )
chez
Pe y omyscus
et par KRAMER( 19 6 0 )
chez le Taureau.Si par ailleurs les études de
P>~x!y,
Cr,ERMONT et I,!BI,OND(rg6z)
et HOCHEREAU(
19 6 3
)
ont confirmé le déroulement continu ducycle spermatogénétique
lelong
dutube,
c’est-à-dire la vaguespermatogénétique
définie par REGAUD( 1901 ),
elles ontégalement
montré l’existence de variationsimportantes
dans leslongueurs
indi-viduelles des
segments
de tubeoccupés
parchaque
stade.Si les
fréquences
relatives des stades ducycle
del’épithélium
séminifère varient d’une zone àl’autre,
d’un testicule à l’autre et d’un animal àl’autre,
bien que la durée totale ducycle spermatogénétique
soit constante il faudrait admettre que les différents processusspermatogénétiques
élémentaires ne sont pas absolument fixes etqu’à
unallongement
d’un stade ou d’un processus succède un autre stade ou unprocessus
plus
court(K RAM E R , 19 6 0 ).
Nous avons donc
repris
l’étude de ceproblème
chez le Taureau et chez leRat, espèces
où nous avonsdéjà
étudié larépartition spatiale
des stades ducycle
del’épi-
thélium séminifère
(H O C H E R E AU , 19 6 3 )
afin de vérifier la constancegénérale
desfréquences
relatives pour l’ensemble du testicule et de connaître lapopulation
detubes minimum à considérer pour que cette constance, si elle
existe, apparaisse.
MATERIEL
ETMÉTHODE
Nos études ont porté sur 4rats de souche o3
Jouy-en-Josas
âgés de 3mois, déjà étudiés et sur3taureaux
pubères
de 2 ans I /z à 4ans appartenant aux races Frisonne( 2 ).
et Pie rouge de l’Est (I)La fertilité de ces animaux avait été contrôlée au
préalable.
Les
techniques histologiques
de fixation et de coloration ont été celles décritesprécé-
demment
(HOCHEREAU,
1963).Chez le Taureau, nous avons
prélevé
des blocs allant du rete testis àl’albuginée
dans troisrégions
du testicule :pôle apical,
zoneéquatoriale, pôle
central.Nous avons compté 300sections
orthogonales
de tubes séminifères par coupes, 5 coupes dis- tantes de 900 !t environ par zones, 3régions
par testicule, 2 localisations parrégion près
du retetestis et sous
l’albuginée,
ceci pour les 2 testicules dechaque
animal. La taille du testicule de Rat étant tellequ’une
sectionéquatoriale
de testicule comporte environ 450 sections orthogonales detubes séminifères, il ne nous a pas été
possible
de différencier des zones assezimportantes
pourpermettre l’étude de l’influence de la localisation; nous avons
compté
300tubes par coupes, 5 coupes distantes de 900 !L environ par testicule, i testicule par animal.La classification des stades est celle utilisée par CURTIS
( 191 8),
ROOSEN-RUNGE( 1950 ).
OR-TAVANT
( 1958 ,
1959) et AMMAN( 19 6 1 ).
Les résultats des comptages effectués sont
exprimés
enfréquence
relative pour cent sections de tube. Les étudesstatistiques
ont été faites soit sur les nombres observés de sections transver-sales
de
tube soit sur lesfréquences
relatives des stadesaprès
transformationangulaire
en arcsin
JP.
L’homogénéité
de la variance a été testée selon BARTLETT(SNEDECOR,
5e édition, 1956) etnous avons contrôlé
l’indépendance
des stades par rapport aux coupespuis procédé
à uneanalyse
de variance
hiérarchique
chez le Taureau(SN EDEC OR, 195 6)
et à un testde X 9
chez le Rat.RESULTATS
I°)
VARIATION DESFRÉQUENCES
RELATIVES DES STADESAU SEIN D’UNE ESPÈCE
; a)
Entrecoupes
Chez le
Rat,
l’étude des différentes coupes d’un même testiculeindique
unegrande homogénéité
desfréquences
relatives des différents stades ducycle
del’épi-
thélium séminifère
(tableau I ).
Cesfréquences
sontindépendantes
du numéro de la coupe observée(tableau 2 ).
La
comparaison
entre lesproportions
relatives des stades déterminées sur des coupes entières(de
300 à 40o sectionsorthogonales
de tubesséminifères)
et sur lei/
3
de la surface de celles-ci(8 0
à 100tubes)
révèle l’existence de différencesparfois significatives
suivant la surface de la coupe étudiée et parconséquent
selon le nombrede sections de tubes
comptées.
Les coupesayant
une faible surface montrent tou-jours
une variabilitébeaucoup plus grande
desfréquences
des stades. Deplus,
étantdonné le faible
pourcentage
des stades 5 et6,
il est nécessaire decompter
un assezgrand
nombre de tubes. Nous avons donccompté
300 sections de tubes par coupe.I,’examen
des coupes d’une même zone d’un testicule de Taureau révèle aussiune
homogénéité
de lafréquence
des différents stades(tableau 3 ) ; cependant,
ilpeut
exister des variationsimportantes
pour certains stadesquels qu’ils
soient : c’estainsi que par
exemple
pour le stade i, deux coupes d’une même zone montrent res-pectivement
desfréqences
relatives de 25 et 33 p. 100.L’indépendance
entre laproportion
des stades et le numéro de la coupe n’est pas alorspréservée (tabl. 4 ).
Le calcul des
fréquences
relatives sur 300 sections de tubes séminifères par coupe n’élimine pascomplètement
les variations dans lafréquence
des stades d’une coupe à l’autre. Il est donc nécessaire decompter plusieurs
coupes pour une même zone.b)
Localisation dans le testicule chez le TaureauL’homogénéité
de la variance desproportions
des différents stades étant res-pectée
dansl’ensemble,
il a étépossible
deprocéder
dans cetteespèce
à uneanalyse
de variance
hiérarchique
entre les différentes zones pour l’ensemble des testicules.Quelle
que soit larégion, pôle apical,
zoneéquatoriale, pôle
caudal du testicule ou lalocalisation
près
du rete testis ou sousl’albuginée,
les différences observées ne sont passignificatives (tableau 5 ).
c) Différence
entre testicules et entre animaaixI,’étude effectuée chez le Taureau met en évidence
l’homogénéité
desfréquences
relatives des stades entre testicules
(tableau 5 ).
De même elle n’a pas révélé de dif- férencessignificatives
entre les 3 taureaux sauf pour les stades 5 et 6(tableau 5 ) ; cependant
ces 2 stades ont unefréquence
faible :1 ,6 3
et5 ,8 7
p. 100respectivement,
on ne
peut
donc conclure à une variationpossible
entre animaux pour ces seuls stades.En général,
chez leTaureau,
les interactions entre deux facteursquels qu’ils
soient
(tableau 5 )
ne sont passignificatives,
cequi
prouvel’homogénéité
des fré-quences relatives d’une zone à l’autre et d’un testicule à l’autre. La seule interaction
significative
- entre animaux et testicule - n’est trouvée que pour le stade 8 et nepeut
donc êtregénéralisée.
Parmi les interactions entre troisfacteurs,
seule se révèlesignificative
pour lamajorité
des stades celle concernant: animaux X testicule X loca- lisationprès
du rete testis ou sousl’albuginée.
La localisationprès
du rete testis et sousl’albuginée pourrait
donc avoir une actionqui
ne serait pas la même suivant le tes- ticule et suivant l’animal.Cependant
cette interaction met enjeu
3 facteurs et il est difficile del’interpréter statistiquement.
On nepeut
donc conclure avec certitude àune
signification biologique
de cette action.Chez le
Rat,
étant donnél’inhomogénéité
de la variance nous avons seulement effectué un test deX Z qui
n’a pas révélé de différencessignificatives
entre animaux(tableau 2 ).
2°)
COMPARAISON ENTRE LESFRÉQUENCES
RELATIVES MOYENNESDES STADES DU CYCLE DE L’ÉPITHÉLIUM SÉMINIFÈRE
Pour l’ensemble des animaux à l’intérieur d’une même
espèce,
lafréquence
rela-tive des différents stades
apparaît
constante(tableaux
i et2 ) ;
lacomparaison
del’importance
relative du début ducycle spermatogénétique, représenté
par les stades I à 3(de
la fin de la libération desspermatozoïdes
dans la lumière des tubes séminifères au début despremières
divisions dematuration)
à celle de la fin de cecycle :
stades 5 à 8(de
la fin de la deuxième division de maturation à la fin de la li- bération desspermatozoïdes
dans lalumière) indique
que si chez le Taureau ces deux fractionsreprésentent respectivement
60 et 28 p. 100 environ ducycle
del’épithé-
lium
séminifère,
chez le Rat cesproportions
sont inversées et trouvéeségales
à 25et 68 p. 100. Il existe donc des différences dans lafréquence
relative des stades ducycle
del’épithélium
séminifère entreespèces.
DISCUSSION ET CONCLUSION
Nos résultats ont mis en évidence une constance dans la
fréquence
relative des stades ducycle
del’épithélium
séminifère dans les deuxespèces
étudiées : ainsi chez le Rat et chez leTaureau,
il existe une trèsgrande homogénéité
desfréquences
relatives d’une coupe à l’autre et d’un animal à l’autre. En outre chez le
Taureau,
nous avons pu montrer que cette constance des
fréquences
relatives se retrouvaitquelle
que soit la localisation dans le testicule etquel que
soit le testicule.Nos résultats confirment ceux obtenus chez différentes
espèces (C LERMONT
etal.,
1952, 1959,ig6i ; ORTAVArrT, 1 95 8,
1959 ;A MMAN , 19 6 2 ) qui
conduisent à la notion de constance desfréquences
des différents stades ducycle
del’épithélium
séminifèrepour une
espèce
donnée et à l’intérieur d’un même testicule(A MMAN , I g6z).
Ilss’op- posent
à ceux de MOREE( 1947 )
chezPeromyscus
et de KPAMER( 19 6 0 )
chez le TaureauDes observations de MOREE
( 1947 )
onpouvait
conclure à l’existence degrandes irrégularités
dans lesfréquences
relatives des différents stades chezPeromyscus ; cependant
MOREEa confondu lecycle
del’épithélium
séminifère avec la vague sper-matogénétique
et lafréquence
relative des stades avec leurslongueurs individuelles,
de sorte
qu’on
nepeut adopter
avec certitude sa conclusion.K RAM E
R
( 19 6 0 )
chez le Taureau conclut à la variabilité desfréquences
des dif-férents stades suivant la zone du
testicule,
le testicule et l’animal considéré. Cettedivergence
de résultatsprovient
vraisemblablement des méthodesd’échantillonnage.
La taille même des coupes et des zones étudiées par
K RAMER ,
moins de100tubes par coupe et de I o0o tubes par zone et par
testicule,
nous semble être lacause de la variabilité de ses résultats. En effet les différences d’une coupe à l’autre
peuvent s’expliquer
par le fait que chez leTaureau,
les tubes séminifèresprésen-
tent un
grand
nombre de circonvolutions(H OCHEREAU , 19 6 3 ) ;
uneportion
de tubeséminifère se trouvant
occupée
sur une certainelongueur
par un mêmestade,
ce- lui-cirisque d’apparaître plusieurs
fois sur une zone restreinte de la coupe histo-logique (fig. 1 ).
Mais
compte
tenu de cette restriction tenant àl’échantillonnage
onpeut
dire - que, leslongueurs
individuelles dessegments
de tubes séminifèresoccupés
par un stade ducycle
del’épithélium
séminifère étantvariables,
desphénomènes
de com-pensation
seproduisent
même sur des volumes testiculaires assez faibles si on seréfère aux résultats obtenus chez le Taureau. Il est donc
possible
chez l’animal normal de déterminer avecprécision
lesfréquences
relatives des stades ducycle
del’épi-
thélium séminifère
quelle
que soit la zone testiculaire choisie.SUMMARY
THE CONSTANCY OF THE RELATIVE FREQUENCIES OF THE STAGES
OF THE SEMINIFEROUS EPITHELIAL CYCLE IN THE BULL AVD THE RAT
In the bull and the rat, the constancy of the relative
frequencies
of the stages of the semini-!ferous
epithelial cycle
has been studied. In the bull the relativefrequency
of the stages has been examined andcompared, by
means of ananalysis
of hierarchic variants, on sections from the samezone, from different zones
following
two localisations - under thealbuginean
and near the rete;testis - and in three regions - the caudal
pole, equatorial
zone andapical pole
- this for the two testicles of the same animal and for different animals. In the rat,an Z 2
test was made on therelative
frequencies
of the stages on sections of the testicles of different animals.Results have shown that in the rat there is a constancy of relative
frequencies
of the stages between sections from the same testicle and between animals. In the bull,although
there are cer-tain variations between sections from one zone and another, from one testis and another and one animal and another, there is no
significant
difference between the relativefrequency
of the samestage.
Similarly,
the interaction between the different factors are not, on thewhole, signi-
ficant.
The seminiferous tubules do not show the same
morphology
in the twospecies.
Those of the bull reveal a greater number of circumvolutions. In thisspecies
a tubule is found to be cut a cer-1ain number of times on the same section. Because of this it is necessary to count a great number of sections of seminiferous tubules
by histological
sections - at least 300- and sectionsby
zones- at
least
5 - to obtain thefrequency
of a stage with accuracy. However the localisation and therregion
af the testicle do not seem to have a definite influence.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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