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Professionnalisation de la science

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Academic year: 2022

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Sciences, technologies et sociétés de A à Z

Presses de l’Université de Montréal

Professionnalisation de la science

Julien Prud’homme

DOI : 10.4000/books.pum.4339

Éditeur : Presses de l’Université de Montréal Lieu d’édition : Montréal

Année d’édition : 2015

Date de mise en ligne : 7 novembre 2017 Collection : Thématique Sciences sociales EAN électronique : 9782821895621

http://books.openedition.org Référence électronique

PRUD’HOMME, Julien. Professionnalisation de la science In : Sciences, technologies et sociétés de A à Z [en ligne]. Montréal : Presses de l’Université de Montréal, 2015 (généré le 30 janvier 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pum/4339>. ISBN : 9782821895621. DOI : https://doi.org/

10.4000/books.pum.4339.

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sciences, technologies et sociétés

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Salomon, Jean-Jacques, Science, guerre et paix, Paris, Economica, 1989.

Professionnalisation de la science Julien Prud’ homme

La « professionnalisation de la science » est d’abord une notion de sens commun. Plusieurs historiens et sociologues des sciences, même parmi les plus exigeants, l’emploient d’ailleurs couramment sans juger bon de l’expliciter. Souvent, cette formule réfère en gros au mouvement historique qui a favorisé l’autonomisation des sciences modernes. Cette histoire raconte une double trajectoire. D’une part, la science se « nor- malise », s’unifie autour de langages (mathématiques ou autres) qui favorisent le partage des problèmes dans des communautés plus cohé- rentes, mieux définies (voir Paradigme). D’autre part, la science s’insti- tue en épousant la forme de l’université de recherche, dont l’Allemagne donne le modèle au 19e siècle (voir Université). Tout cela facilite la repro- duction d’un corps de « vrais » savants, de scientifiques de formation et de métier devenus bien distincts de l’amateur, du curieux, du profane.

Dans ce récit qui s’étend, disons, de 1780 à 1920, la « professionnalisation de la science » désigne la différenciation d’un groupe social générique, celui des scientifiques, par rapport au monde profane.

Dans d’autres cas, cependant, sous d’autres plumes (et parfois les mêmes), l’expression prend un sens différent. Ces plumes racontent plutôt la « professionnalisation » d’une science en particulier, qui se distingue des autres. Sous cette rubrique, on raconte alors l’émergence

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de nouveaux secteurs du savoir dans l’université en général (l’apparition de la sociologie), dans les universités d’un pays donné (la diffusion de la chimie expérimentale en Russie), ou encore sur le fil du rasoir entre l’université et le monde profane (la science génétique qui se dissocie du politique). Ces récits décrivent alors les stratégies d’un groupe précis de savants pour se tailler une place à l’intérieur même de l’université et du champ scientifique.

Cette polysémie du concept de « professionnalisation » appliqué à la science est un problème en soi : ceux qui l’emploient devraient préciser de quoi ils parlent. Mais ce problème en soulève un autre : le concept est-il bien approprié pour embrasser l’ensemble de ces différents récits ?

L’application du terme à la science remonte aux années 1960, qui inaugurent l’âge d’or de la sociologie des professions. Le mot « pro- fessionnalisation » désigne alors l’émergence de corps de métiers qui, comme la médecine ou le droit, revendiquent un monopole sur un segment précis du marché des services. Les sociologues des professions n’ont toutefois pas façonné le concept dans le but précis d’y inclure les scientifiques de métier ; bien souvent, en fait, ils ont au contraire décrit les « professionnels » comme des consommateurs de science, bien distincts des producteurs de savoir que sont les savants (voir Sociologie des sciences). À ce titre, appliquer la notion de professionnalisation aux scientifiques eux-mêmes relève plus de l’analogie spontanée que d’un usage réellement orthodoxe du concept original, qui n’est pas calibré pour rendre compte des particularités du fait scientifique. Il y a trente ans, Porter s’irritait déjà de l’inadéquation du concept, qui l’empê- chait d’envisager à sa guise l’apparition de carrières universitaires en géologie. Gingras a montré que l’emploi de la catégorie « profession- nalisation » pour désigner l’autonomisation de la recherche dans des institutions dédiées et des langages exclusifs ne parvenait pas « à saisir la spécificité du processus qui mène à la formation des disciplines scientifiques en milieu universitaire ». Gingras disait préférer le concept de « discipline », justement, et celui de « champ scientifique », au sens de Bourdieu (voir Discipline et Champ).

Est-ce à dire que la « professionnalisation de la science » n’est qu’une expression vide ? On peut en recenser des usages utiles. Gieryn et ses collaborateurs ont ainsi usé de modèles tirés de la sociologie des profes- sions pour expliquer la revendication par les savants (considérés comme

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groupe générique) d’un monopole de la définition du savoir dit naturel, au détriment d’une parole religieuse ou profane (voir Controverse).

D’autres auteurs qualifient de « professionnelle » la communauté des universitaires qui, toutes disciplines confondues, partagent une même structure d’emploi et des intérêts économiques convergents. Enfin, cer- tains parlent de « savants professionnels » pour désigner la proactivité de chercheurs à se mettre au diapason des demandes politiques et éco- nomiques, ou encore pour amalgamer les chercheurs universitaires et industriels en une seule catégorie d’analyse (voir Politique des sciences et des technologies).

Une partie du défi réside dans la nécessité de distinguer la science en tant qu’espace social générique, distinct du profane, et la science en tant que mosaïque de disciplines. Mais il est probable que le croise- ment entre l’étude des sciences et la sociologie des professions prenne d’autres formes à l’avenir. Aujourd’hui, la sociologie des professions se préoccupe beaucoup des usages sociopolitiques de l’expertise en milieu de travail (voir Scientisme et politique). Dans ce contexte, l’analyse des échanges précis entre professions « de terrain » et disciplines scienti- fiques, considérées comme des entités différentes, se révélera sans doute plus féconde que le recours à de simples analogies de sens commun.

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Public et publics des musées Bernard Schiele

Parmi les changements qui ont marqué l’évolution des établissements culturels au cours des quarante dernières années, la prise en compte systématique des publics est certainement la plus significative. En fait, le champ des musées s’est complètement recomposé autour de l’idée de visiteur. La tendance s’est cristallisée à partir des années 1970, principalement en Amérique du Nord. Trois éléments, au moins, y ont contribué : la « communication » s’est imposée comme référent ; le statut du visiteur a changé sous la poussée du développement de l’évalua- tion, qui mettait en cause les pratiques muséales alors communément admises ; l’« interactivité » est devenue le moyen privilégié de réussite de l’appréhension des contenus muséaux par le visiteur. Le statut actuel du

« visiteur », et plus généralement du « public » ne se comprend pas sans ces changements.

Le mouvement de recomposition des musées doit beaucoup à l’arri- vée des centres de science, dont l’Exploratorium de San Francisco et le Centre des Sciences de l’Ontario de Toronto sont les archétypes. Ouverts l’un et l’autre en 1969, ils servent de points de repère, ayant marqué de leur empreinte presque tous les musées qui se sont ouverts depuis. Ce sont les premiers à avoir résolument fait de la communication avec leurs visiteurs le principal objectif de leur mission en transformant le musée en un espace de médiations multiples. Corollairement, ils ont conçu et réalisé des dispositifs essentiellement interactifs pour provoquer, stimuler et engager les visiteurs dans une démarche active de visite (voir Musées de science et centres de science).

Cette mise en médiation généralisée joue sur différents registres.

Les musées d’art ont tendance à dissimuler toute trace de médiation,

Références

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