Analyse de la forme des tiges du cèdre du Maroc Application à la détermination des courbes de profil
O. M’HIRIT J.G. POSTAIRE
Ecole nationale forestière d’Ingénieurs, B.P. 511, Sale, Maroc
*Centre d’Autumatique de l’Université de Lille 1, 59655
Villeneuve-d’Ascq
Cedex, France Détaché à la Faculté des Sicences, Université Mohamed V, Rabat, MarocRésumé
Pour estimer les volumes de bois
correspondant
à différentesdécoupes,
les forestiers utilisent des courbes deprofil
quiindiquent
le diamètre en toutpoint
de la tige d’un arbre,quelle
que soit sa taille. L’estimation du volume des arbres surpied
àpartir
de la mesured’un nombre réduit de dimensions nécessite donc une connaissance
approfondie
de laforme des tiges.
Dans cet
article,
la forme destiges
est d’abord soumise à uneanalyse
multidimen- sionnelie basée sur l’utilisation d’une nouvelletechnique
de classificationautomatique.
Cetteapproche
permet d’identifier les différentsmorphotypes
résultant de l’action des nombreux facteursqui
influencent la forme des arbres au sein d’unpeuplement.
Cette étude montre
ensuite,
en prenant pourexemple
le cèdre du Maroc, comment la construction d’une courbe deprofil
pourchaque morphotype
permet d’améliorer laprécision
de l’estimation des volumes des arbres surpied,
sans nécessiter pour autant une mesure de la forme des arbrespendant
l’inventaire.Finalement,
les résultats obtenus montrent l’intérêt d’utiliser des modèles deprofil
décrits
point
parpoint,
sans formemathématique sous-jacente.
Cettereprésentation
non-paramétrique
de la forme destiges, d’emploi
trèssimple
et extrêmementsouple,
estparfaitement adaptée
aux contraintes du calcul sur ordinateur.1. Introduction
1.1. But du travail
L’analyse
de la forme de latige
des arbres est l’un desproblèmes
fondamentaux de l’étude de laproductivité
des forêts. Eneffet,
le volume de boisdisponible
dans uneexploitation
forestière est non seulement fonction de la taille desarbres,
maiségalement
de leur forme
(BoocHOrr, 1974).
Pratique
courante degestion
des ressourcesforestières,
l’estimation du volume des arbres surpied
àpartir
de la mesure de leur hauteur totale H et de leur diamètre à hauteur d’homme D nécessite une connaissanceapprofondie
de la forme destiges.
Eneffet,
seule la courbereprésentant
les variations du diamètre d d’unetige
en fonctionde la hauteur h permet de calculer
précisément
soit le volume total de latige,
soit levolume de la
partie
detige comprise
entre deux hauteursh,
eth,,
soit encore le volumejusqu’à
unedécoupe
donnée.Afin que des arbres de même
forme,
mais de tailledifférente,
soientreprésentés
par une même
courbe,
lesprofils
destiges
sontgénéralement représentés
en coordonnées réduites. Les diamètres sontexprimés
enpourcentage
du diamètre à hauteur d’homme D et les hauteurs enpourcentage
de la hauteur totale H(cf. fig. 1) (L OETSCH
etal., 1973 ; B
E
HRE, 1927 ; CAILLIEZ, 1980).
Lorsque
la hauteur totale H et le diamètre à hauteur d’homme D d’un arbre sont connus,l’intégration
de la courbe :l ,j , 2 1 il 1
représentant
le carré du diamètre réduit en fonction de la hauteur réduite permet de calculer le volume de laportion
detige comprise
entre les hauteursh l
eth 2
sous laforme :
Si
h t =
0 et sih 3 = H,
on obtient le volume total de latige. Lorsqu’on
désire connaître le volumejusqu’à
unedécoupe donnée,
onapplique
la formule ci-dessusaprès
avoir déterminé la hauteur de cette
découpe
àpartir
de la courbe deprofil.
Pour
chaque arbre,
il est ainsipossible
de calculer les volumes de bois corres-pondant
aux différentstypes
d’utilisation : boisd’ébénisterie,
boisd’oeuvre,
bois detrituration,
etc. dont les valeurs marchandes sont très différentes.Le
problème
est donc d’obtenir la courbe deprofil
la mieuxadaptée
aucubage
des arbres d’un
peuplement,
c’est-à-dire cellequi
donne lesplus
faibles erreurs decubage. L’approche
laplus simple
consiste à déterminer une courbe deprofil repré-
sentant la forme moyenne des
tiges
de l’ensemble forestier étudié. Deux méthodes sont alorsenvisageables. Historiquement,
lespremières
courbes ont été obtenues en utilisantles mesures effectuées sur les arbres d’un échantillon
représentatif
pour déterminergraphiquement
le diamètre moyen à différentes hauteurs(G ERHARDT , 1930 ; MO LL ER, 1933 ;
HUMMEL &C HRISTIE , 1953).
Lesprofils
ainsiobtenus,
décritspoint
parpoint,
étaientexploités
par desprocédures essentiellement graphiques,
cequi explique
enpartie
leur abandonprogressif
avecl’apparition
des ordinateurs. La méthode laplus
utiliséeaujourd’hui
tireprofit
desgrandes capacités
de calcul des machinesnumériques
modernes. Elle consiste à
ajuster,
parrégression,
uneéquation
sur lesprofils
mesuréssur les arbres-échantillons
(L ARSON , 1963 ;
FRIES & MnTEarr,1965 ;
NASLUND,1980 ; P
ALM
, 1981 ;
KOZAK etal., 1969).
La courbe ainsi obtenue est définie par les valeurs desparamètres figurant
dans sonexpression mathématique.
Ils’agit
donc d’un modèleparamétrique
duprofil, qui
seprête
bien à desmanipulations mathématiques
telle l’in-tégration évoquée
ci-dessus.Nous
reviendrons,
au cours de cetarticle,
sur les mocè:es définispoint
parpoint,
sans forme
mathématique sous-jacente.
Ce type demodèle,
essentiellement non-para-métrique,
peut eneffet,
être mémorisé dans unordinateur,
de telle sorte que sonexploitation numérique
ne pose aucune difficultéparticulière.
Bien aucontraire,
nousverrons que la
grande souplesse
d’utilisation de cetype
de modèle doit contribuer à les faire ressortir de l’ombre et leur faire retrouver laplace qu’ils
ontperdu
auprofit
desmodèles
paramétriques,
souvent très lourds et difficiles àmanipuler.
Pour tenir compte de ces fluctuations d’ordre
morphometrique,
certains auteursont caractérisé le
profil
destiges
par un «quotient
de forme », défini comme un rapportentre 2 diamètres à des hauteurs différentes
(ScH!FFEL, 1905 ; J ONSON , 1910 ;
DE-COURT,
1965).
En divisant laplage
de variation de tels facteurs en intervalleségaux,
on peut diviser l’éventail des
profils
rencontrés dans unpeuplement
en classesplus homogènes
etdéterminer,
pour chacuned’elles,
une courbe deprofil particulière.
Lamesure du facteur de forme d’un arbre sur
pied
permet alors de lui associer la courbe deprofil
la mieuxadaptée,
cequi
améliore sensiblement laprécision
de l’estimation des volumes(BE H RE, 1927 ; N ASLU N D ,
1980 ; Î!ALDWIN & PALMER,1980).
Cependant,
cetteapproche
neprésente
pas que des avantages. La détermination du facteur de forme des arbres à cuber nécessite une mesuresupplémentaire
sur leterrain,
délicate de surcroîtlorsqu’il s’agit
d’un diamètre à une hauteur relative(N A S-
LUND ,
1980).
1.2.
Principe
de la mehodePour
pallier
les inconvénients liés à l’utilisation des méthodesévoquées ci-dessus,
nous proposons, dans cet article, une nouvelle
approche
auproblème
de la détermination des courbes deprofil
et de leur utilisation pour lecubage
des arbres surpied.
Cetteapproche
fait intervenirplusieurs
courbes deprofil
pour un mêmepeuplement,
afin deprendre
en compte les variations de la forme des arbres. Mais alors que la mesured’un facteur de forme ne permet
qu’une
division arbitraire des variations de la forme destiges
en un certain nombre declasses,
les courbes deprofil présentées
dans cetteétude
correspondent
à desmorphotypes
effectivementprésent
dans les forêts considérées et nettement différenciés. Deplus, l’analyse
de la forme destiges
n’estentreprise
quesur un échantillon
réduit,
utilisé enpartie
pour construire les courbes deprofil.
Sur leterrain les seules mesures nécessaires pour cuber les arbres demeurent le diamètre à hau- teur d’homme et la hauteur totale. Cette nouvelle
approche, présentée
sous son aspectméthodologique,
est illustrée par sonapplication
aucubage
des cèdres duMaroc.
Le
principe
de base de laméthodologie proposée
est den’envisager
la détermination des courbes deprofil qu’après
uneanalyse approfondie
de la forme destiges
des arbresauxquels
l’étude est consacrée. La même démarche adéjà permis
aux auteurs d’amé-liorer sensiblement la
précision
des tarifs decubage
pour le cèdre du Maroc(M’ HIR rT
&P OSTAIRE
, à
paraître).
Dans cetteétude,
comme dans celle consacrée aux tarifs decubage,
il n’est nullementquestion
de réduire la forme d’unetige
à un seulparamètre,
aussi
judicieux
soit-il. L’architecture d’unetige
résulte d’un ensemble derapports
entre ses dimensions. Elle ne peut donc être décrite et étudiée que par destechniques d’analyse
multidimensionnelle.
Pour
analyser
les variations descaractéristiques dendrométriques
des arbres d’unpeuplement,
on tire des arbres-échantillons dont lestiges
sont assimilées à des as-semblages simples
de 3 troncs de cône(section
Il -a).
Uneanalyse
multidimensionnelleportant
sur les 4paramètres
nécessaires pour caractériser ces formesschématiques, après
élimination du facteurtaille,
permet de découvrir les différentsmorphotypes présents
dans lapopulation
étudiée(section II - b).
C’est ainsi que 3morphotypes
biendifférenciés ont été mis en évidence dans 4
grandes
cédraies du Rif au Maroc(sec-
tion II -
c).
A
chaque morphotype
ainsi identifié est associée une formeschématique
moyenne.Mais celle-ci est
trop éloignée
desprofils
réels pour être utilisée pour le calcul des volumes. On construitdonc,
pourchaque morphotype,
la courbe deprofil
corres-pondante
àpartir
des arbres-échantillonsqui
lui ont étéassignés
parl’analyse
multidi-mensionnelle de la forme des
tiges.
Deux méthodes sontutilisées,
l’une avecajustement
d’une
équation
conduisant à un modèleparamétrique (section
111 -a),
l’autre avec modèlenon-paramétrique,
déterminé directement àpartir
des mesures effectuées sur les arbres-échantillons(section
lII -b).
Pourchaque type
demodèle,
on détermine ensuiteune moyenne
pondérée
des 3 courbes deprofil
obtenues. Les coefficients depondé-
ration utilisés sont les
fréquences
relatives de chacun desmorphotypes
dans lapopula-
tion. Ces courbes sont finalement utilisées pour cuber des lots de cèdres à différentes hauteurs de
découpe.
De nombreux tests ont montré que les volumes ainsi estimés sonttoujours plus précis
que ceux obtenus en utilisant une courbe deprofil
construitedirectement à
partir
d’un échantillonunique,
tiré aléatoirement de lapopuiation (sec-
tion III -c).
Finalement,
cette étude permet de montrer que lesgains
deprécision
lesplus importants
sont obtenus avec le modèle nonparamétrique, qui
donne d’excellents résultats tout en étant trèssimple
à utiliser(section IV).
2.
Analyse
de la forme destiges
2.1. Sché!natisation de la
forme
destiges
L’expérience
montre que, dans lesproblèmes
de reconnaissance desformes,
le fait de retenir de nombreux détails dans ladescription
des formes étudiées n’est pas un gage de succès. Bien au contraire laqualité
des résultats del’analyse
des formes dansune
population
est engénéral
conditionnée par le cho’x d’un nombre réduit de para- mètres décrivant l’architecture d’ensemble de ces formes. C’est dans cetesprit
que nousavons assimilé la
tige
dechaque
arbre étudié à unassemblage
de 3 troncs de cône de révolution(cf. fig. 2).
Lepremier représente l’empattement
de l’arbrejusqu’à
la hau-teur
d’homme,
c’est-à-dire 1,30 m. Le second permet de décrire latige entre
1,30 m et la mi-hauteur H/2. Ledernier, enfin, représente
la moitiésupérieure
de latige.
Afin d’éliminer le facteur taille et d’assurer la reconstitution de la
tige
sous la formeschématique proposée,
nous avons retenu, pour caractériserchaque arbre,
les3
paramètres
suivants :- Le coefficient de décroissance :
o =
dm=/ D
où
du,_
est le diamètre à mi-hauteur.- Le coefficient
d’empattement :
s=D/d,
où
d,
est le diamètre de la souche.- L’angle
de défilement :1 n - <i.- . ’B
dont la tangente caractérise la décroissance
métrique
sur le diamètredepuis
la hauteur d’hommejusqu’au
milieu de latige.
Pour nuancer cette schématisation de la
forme,
nousadjoindrons
v ces 3 para- mètres le coefficient de la forme f défini par la relation(P ARD É, 1961) :
où v est le volume exact de la
tige qui
peut être déterminé par la méthode de Huber àpartir
ducubage
de billons successifs(BoucHOrr, 1974).
Notons que les 4
paramètres qui
caractérisent ainsi la forme dechaque tige
peuvent être obtenus sans difficultéparticulière puisqu’ils
ne nécessitent que des mesures couramment effectuées sur le terrain. Cette méthode de caractérisation de la forme destiges
va nous permettre maintenant deprocéder
à leuranalyse
fine parl’emploi
destechniques
de reconnaissance des formes.2.2. Mélhode
d’analyse
de laforme
desprofils
Supposons
que l’ondispose
d’un échantillon constitué d’arbres tirés aléatoirement d’unpeuplement
etqu’à
la forme de latige
dechaque
arbre on associe l’observationquadridimensionnelle
constituée par les 4paramètres
définisprécédemment.
La forme dechaque tige
peut alors êtrereprésentée
par unpoint
dans un espace à 4 dimensions.Cette caractérisation de la forme des
tiges
permet d’aborderl’analyse morpho- métrique
des arbres par des méthodesd’analyse
multidimensionnelle. Eneffet, l’appli-
cation des
techniques
de classificationautomatique
à ces observationsquadridimen-
sionneites doit permettre
d’établir,
si ellesexistent,
laprésence
de différentes classesau se’n des échantillons extraits des forêts
étudiées, chaque
classecorrespondant
à unmorphotypc particulier.
Une nouvelle méthode de classification
automatique,
récemment mise aupoint
par l’un des auteurs, permet d’identifier toutes les classes en
présence
dans un ensembled’observations
multidimensionnelles,
sans aucune information apriori
sur les donnéesanalysées.
Deplus,
cette méthode détermineautomatiquement
lescaractéristiques
d’unélément
représentatif
dechaque
classe mise en évidence etindique
lafréquence
relativede leurs éléments dans la
population
totale. Finalement, laprocédure
fournit une classi-fication
optimale
des observations entre les différentes classesdétectées,
en ce sensqu’aucune
autrestratégie
ne peut donner un taux d’erreur de classificationplus petit.
Cette méthode et son
application
auxproblèmes
de reconnaissance desformes,
notamment en
foresterie,
sontexposées
en détail par ailleurs(P OSTAIRE , 1981 ;
l’os-T AI R
E & VnssEUR,
1981 ;
M’HtR!T & POSTAIRE, àparaître).
Nous allons maintenant montrer comment cette méthode permet d’aborder
l’analyse morphometriquc
des cèdres dansquelques
massifs forestiers du R:f au Maroc.2.3.
Polymorphisme
du cèdre dfi MarocLes cèdres étudiés
proviennent
de 4grands
massifs forestiers duRif,
au nord duMaroc. Les
profils
destiges
deplus
de 1 000cèdres,
abattus lors de coupes deregéné-
ration et
d’écla;rcie,
ont été mesurés avecprécision
en notant les diamètres tous lesmètres
jusqu’à
une hauteur de 5 mètres et ensuite tous les 2 mètresjusqu’au
sommetdes arbres. Les
tiges
ontégalement
été cubées par la méthode de Huber et ces mesures ont étécomplétées
par un relevéprécis
de leur hauteur totale H et de leur diamètre à hauteur d’homme D.La
répartition
des cèdres entre les 4 massifs forestiers estindiquée
au tableau 1.Les résultats d’une étude
préalable
sur ces arbres(M’ H iRlT
&P OSTAIRE ,
àparaître), qui
montrent que les
profils
des cèdres de ces 4 forêtsprésentent
despropriétés morpho- métriques
trèsvoisines, permettent
de regrouper les arbres considérés en un échantillonunique.
Ondispose ainsi,
pour l’ensemble des 4forêts,
d’un échantillon d’observationsquadridimensionnelles, chaque
observationreprésentant
leprofil
de latige
d’un cèdre.L’analyse
de cet échantillon par la méthode de classificationautomatique évoquée précédemment
apermis
de mettre en évidence unpolymorphisme
trèsmarqué
chezles cèdres étudiés. En
effet,
3 classes distinctes ont été détectées dansl’échantillon,
les arbres
assignés
à chacune d’ellesprésentant
le mêmemorphotype,
c’est-à-dire lemême
type
deprofil.
Lesprofils
moyens caractérisantchaque
classe sontreprésentés
sur la
figure
3qui indique également
1afréquence d’apparition
dechaque morphotype
dans l’échantillon.
Les cèdres du Rif
présentent
donc unpolymorphisme
naturel dontl’interprétation
sort du cadre de cette étude consacrée à la construction de courbes de
profil
pour ces arbres. La schématisation de l’architecture destiges
par 3 troncs de cône apermis
d’étudier les variations de la forme des cèdres et de
répartir
les arbres-échantillons tirés des forêts en 3 classes. Chacune d’elles constitue en fait un échantillonrepré-
sentatif d’un
morphotype
etpeut
être utilisée pour construire la courbe deprofil
caractéristique
de cemorphotype.
3. Construction des courbes de
profil
3.1. Modèle
paramétriqcce
De très nombreuses études ont été consacrées au choix
d’expressions
mathémati-ques
appropriées
pourreprésenter
leprofil
des arbres. Devant les difficultés rencontrées pour traduire une forme par une formulemathématique,
certains auteurs ontproposé
des
équations
detype polynomial
dedegré
extrêmement élevé(F RIES
&M ATERN , 1965).
D’autres ont
proposé
de diviser latige
en tronçons pourajuster
un modèle à chacund’eux en
imposant
des contraintes pour le raccordement des courbes(P ALM , 1981).
Notre propos n’est pas de
présenter
un nouveau modèlemathématique,
maisseulement de
disposer
d’une référence pourjustifier l’emploi
des modèles non-para-métriques.
C’estpourquoi
nousadopterons
le modèleparabolique classique
etsimple :
1 1 Il! 1- 1 L Il
en lui
imposant
la contrainte :de telle sorte que le diamètre d s’annule au sommet de la
tige (K OZAK
&S MITH , 1966).
Ce
modèle, qui
sesimplifie
sous la forme :1 ! 1 .! 1 ! 1 1 1 !, ,
a été utilisé avec succès pour 17
espèces
du Canada(K OZAK
etfil., 1969).
Afin d’obtenir la courbe de
profil
dechaque morphotype,
50 arbres ont été tirésau hasard
parmi
les éléments de chacune des 3 classes résultant de la classification de l’échantilloncomplet
tiré de l’ensemble des 4 forêts.L’équation (1 )
a alors étéajustée
par
régression
sur lesprofils
des 50tiges
de chacun des trois échantillons ainsi consti- tués.Les 3 courbes de
profil
ainsi obtenues sontreprésentées
sur lafigure
4 surlaquelle
on
distingue
unprofil
à tendanceconique (forme 1),
unprofil
à tendance para-boloïdique (forme 2)
et finalement un troisièmeprofil
à tendancecylindrique (forme 3).
On notera que les
plus grandes
différences de forme de cesprofils apparaissent
dans la moitiésupérieure
de latige.
Ces 3 courbes deprofil peuvent
êtrecomparées
à unecourbe notée
C vl ,
obtenue de manière conventionnelle àpartir
d’arbres tirés aléatoire-ment des forêts
considérées,
sans distinction de forme.L’intérêt d’avoir un modèle
paramétrique
pour définir ces courbes deprofil
estde
permettre
facilement le calcul du volume de laportion
detige comprise
entre2 hauteurs
h ]
eth!
parintégration
d’une fonctionanalytique. Mais,
comme nous allonsle montrer
maintenant,
cet avantage n’est pas déterminant car les méthodesd’intégration numérique
des courbes définiespoint
parpoint
permettent de calculer ce volumeégalement
pour les modèles deprofil non-paramétriques.
3.2. Modèle
non-paramétrique
Historiquement,
nous l’avons vu, lespremiers
modèles deprofil
n’avaient pas deforme
mathématique particulière.
Ils’agissait
essentiellement degraphiques qui repré-
sentaient l’allure moyenne d’un certain nombre de
profils
réels. La méthode laissait uneplace importante
àl’appréciation
du dendrométricien.Aujourd’hui,
il estpossible
d’obtenir unedescription point
parpoint
desprofils,
c’est-à-dire sans modèle
mathématique,
àpartir
d’un traitementnumérique
des donnéessur ordinateur.
Lorsque
leprofil
estmémorisé,
sonintégration
pour calculer le volume de latige
entre différents niveaux neprésente
aucune difficultéparticulière.
Le schéma
proposé
est decalculer,
en coordonnéesréduites,
la valeur moyenne du diamètre destiges
de l’échantillon à différents niveaux.Lorsque
les diamètres destiges
sont mesurés à des hauteursfixes,
les abcisses despoints
de mesures en coordon- nées réduites sontréparties
de manière continue sur toute la hauteur destiges (cf.
fig.
5a).
La méthode laplus simple
consiste alors àdécouper
la hauteur totale de latige
réduite en intervalleségaux adjacents
et de calculer le diamètre moyen despoints
situés à l’intérieur de chacun d’eux.
Chaque
diamètre moyen,assigné
à la hauteur du milieu de l’intervallecorrespondant,
définit ainsi unpoint
duprofil
moyen de l’échan- tillon(cf. fig.
5b).
L’ensemble de cespoints
constitue le modèlenon-paramétrique
dece
profil
moyen(cf. fig.
5c).
Cette
procédure peut
êtreprogrammée
avec des intervalles delargeur ajustable,
celle-ci étant d’autant
plus petite
que l’on désire unedescription plus
fine duprofil
des arbres de l’échantillon
analysé.
Onprendra
soin toutefois de ne pastrop
réduire lalargeur
de cesintervalles,
car, comme dans toutproblème
dediscrétisation,
le nombre depoints
situés à l’intérieur dechaque
intervalle deviendraittrop petit
pourpermettre
une estimation correcte du diamètre moyen des
tiges.
Cette
procédure
a été utilisée pour construire les courbes deprofil
des 3 mor-photypes
mis en évidence chez le cèdre du Rif. Les courbes ont été obtenues àpartir
des 3 échantillons de 50
arbres, déjà
utilisés pour construire les modèlesparamétriques
des
profils
de cesmorphotypes.
Lalargeur
des intervalles a étéajustée
de telle sorteque
chaque profil
réduit soitreprésenté
par 15points équidistants auxquels
viennents’ajouter
lepoint représentant
le diamètre moyen de la souche et celuireprésentant
le sommet de l’arbre. Les 3 courbes deprofil
ainsi obtenues sontreprésentées
sur lafigure
6 surlaquelle
on reconnaît à nouveau les tendancesconique (forme 1),
para-boloïdique (forme 2)
etcylindrique (forme 3).
Ces 3 courbes peuvent êtrecomparées
à une
quatrième
courbe deprofil,
notéeC. Pl , également
detype non-paramétrique,
mais construite à
partir
d’arbres tirés aléatoirement des forêtsconsidérées,
sans dis-tinction
de forme.L’intégration numérique
des courbes :f i , D r v ’B.
ainsi définies par 17
points
mémorisés dans un ordinateur peut être effectuée par la méthode de SIMPSON (BAJPAI et fil.,1975).
Cettetechnique
decalcul, d’usage
couranten
informatique,
permet d’aborder le calcul des volumes destiges
àpartir
des courbesde
profil non-paramétrique
sans aucune difficulté.3.3. Estirnation des volumes à
partir
des courbes deprofil
Il est évidemment hors de
question d’envisager
une reconnaissance dumorphotype
des arbres sur
pied
au cours des inventaires. Les connaissancesapprofondies acquises
sur la
morphologie
des arbres étudiéspeuvent cependant
êtreexploitées
pour améliorer laprécision
de l’estimation des volumes destiges.
Pour
chaque type
demodèle,
on définit unecinquième
courbe deprofil,
obtenueen
pondérant
les 3 courbescorrespondant
aux 3morphotypes
mis enévidence,
lescoefficients de
pondération
étant lesfréquences
relatives de cesmorphotypes
dans lapopulation
totale(cf. fig.
4 et6).
On
dispose
ainsi de 4 courbes concurrentes pourreprésenter
leprofil
moyen des arbres des cédraies étudiées. Pour les modèlesparamétriques,
unecourbe,
notéeCp l ,
est obtenue directement àpartir
d’un échantillon tiré aléatoirement desforêts,
sans distinc- tion de forme. L’autrecourbe,
notéeCp,,
est unepondération
des courbes associées àchaque morphotype.
Pour les modèlesnon-paramétriques,
la courbe notéeC,, Pl
estégalement
obtenue sans tenircompte
dupolymorphisme
descèdres,
alors que la courbe notéeC&dquo;p 2
résulte d’unepondération
des courbesnon-paramétriques représentatives
des trois
morphotypes.
Afin de comparer leur
représentativité
vis-à-vis de la forme réelle desarbres,
chacune de ces 4 courbes a été utilisée pour établir 2 tables decubage,
l’une donnant le volume de latige
de la souchejusqu’à
une hauteur de 5mètres,
l’autrejusqu’à
unehauteur de 10 mètres
(cf. annexe).
Ces tables ont ensuite été utilisées pour cuber 4 lots de 100 arbres tirés aléatoire- ment des cédraies du Rif. Suivant une
méthodologie déjà éprouvée (M’ HIRIT
& Pos-TAIRE
, à
paraître),
nous avonsdéterminé,
pourchaque lot,
la moyenne relative deserreurs de
cubage :
_
10
0 -
avec :
où
V I
et vi sontrespectivement
le volume estimé et le volume réel déterminé par la méthode de HUBER du ième arbre du lotjusqu’à
la hauteur dedécoupe. V désigne
le volume moyen exact des
tiges
du lot considéréjusqu’à
cette hauteur.Nous avons
également
calculél’écart-type
relatif de la distribution des erreurs decubage :
!oo
-,-. -Pour
chaque
courbe deprofil
utilisée et pourchaque
hauteur dedécoupe,
nousavons finalement
reporté
dans le tableau 2 les moyennes de ces valeurs relatives déter- minées sur les 4 lots.4. Discussion et conclusion
Les résultats de
l’analyse
de la forme des arbresprésentés
dans cette étude ontincité les auteurs à s’intéresser à la
conception
d’un instrument efficace pourdéterminer,
à faible coût les 4paramètres caractéristiques
de la forme des arbres surpied.
Eneffet,
un tel
instrument, qui
feraitappel
à destechniques apparentées
à larobotique,
per- mettrait d’utiliser la courbe deprofil
associée aumorphotype
de l’arbre considéré. Mais les difficultéstechniques
rencontrées pour la réalisation de ce typed’appareil risquent
d’en retarder l’utilisation en routine sur le terrain. En
attendant,
et compte tenu del’impossibilité
actuelle de déterminerrapidement
etsimplement
lemorphotype
d’unarbre sur
pied,
les résultats del’analyse
de la forme destiges
ont étéexploités
d’unemanière différente. La
précision
de l’estimation des volumes a été améliorée en défi- nissant des courbes deprofil uniques, qui,
pourchaque
ensemble de forêtsconsidéré,
reflètent le mieuxpossible
larépartition
des arbres entre les différentsmorphotypes
misen évidence.
Que
l’on utilise des modèles deprofil paramétriques
ounon-paramétriques,
l’exa-men du tableau 2 montre que la
prise
encompte
dupolymorphisme
des cèdres étudiéspermet
d’améliorer sensiblement laprécision
de l’estimation des volumes destiges.
En
effet,
pourchaque
type demodèle,
les volumes estimés àpartir
d’unprofil
obtenu par
pondération
des 3 courbes associées aux 3morphotypes
sonttoujours plus précis
que ceux résultant de l’utilisation d’unprofil
obtenu de manièreconventionnelle,
sans distinction de forme. Cette amélioration tient sans doute au fait
qu’en pondérant
les 3
courbes, chaque morphotype
contribue au modèle finalproportionnellement
à safréquence
relative. Par contre, rien negarantit
que les 3morphotypes
soientreprésentés
dans ces mêmes
proportions lorsqu’on
tire un échantillonunique
et forcément limité pour construire directement unprofil
moyen.Il
importe également
de remarquer que lesgains
deprécision
lesplus importants
ont été obtenus avec les modèles
non-paramétriques.
C’est en effet ce type de modèlequi permet
dereprésenter
au mieux les variations naturelles du diamètre en fonction de la hauteur. Cesvariations, qui
ne semblent pastoujours
soumises à desrègles formelles,
sontparfois
difficiles à modéliser par des fonctionsmathématiques.
Cesdernières ont en effet tendance à introduire un effet de
lissage
et àimposer
une formea
priori
aux modèles desprofils.
Par contre, le modèlenon-paramétrique
suit fidèlementles variations du diamètre
qui
sont ainsiprises
en compte dans la courbe obtenue parpondération
desprofils
des 3morphotypes.
Finalement,
ilimporte
de noter que l’utilisationde
nos tarifs decubage
nenécessite,
sur leterrain,
que la mesure de la hauteur totale H des arbres et de leur diamètre à hauteur d’homme D. Les tarifsprésentés
ne demandent aucune mesure deparamètre caractéristique
de la forme destiges.
Les résultats de cette étude viennent corroborer ceux obtenus
précédemment
par les auteurs pour la construction des tarifs decubage (M’ H IRI T
&PosTmRE,
àparaître).
L’amélioration des
plans d’échantillonnage
au moyen d’une stratification partype
de forme avaitdéjà permis
d’améliorer sensiblementl’adéquation
deséquations
de volume calculées parrégression.
Ilapparaît
maintenant quel’analyse
multidimensionnelle de la forme des arbrespermet également
d’améliorerl’adéquation
des courbes deprofil.
Il existe d’autres méthodes de classification
automatique,
il y a certainement d’au- tres moyens pour caractériser la forme destiges,
laméthodologie proposée peut
êtreadaptée
à d’autres essences forestières : tout un vastechamp d’investigation
resteouvert dont il est encore difficile de
prédire
les retombées au niveau del’exploitation
des ressources forestières.
Reçu
pourpublication
en décembre 1982.Summary
Analysis of
the stemform of
cedar trees in moroccoApplication
to taperfunctions
determinationThe estimation of stem volume
by
means of taper functions necessitates agood
knowledge of theshape
of the trees.In this paper, a new
procedure
to determine taper functions ispresented.
The stemforms of the trees of a forest are first
analysed
by a multidimensionnaltechnique
which isbased on a new classification scheme. The
approach
allows one to identifie different types of form which are the results of the numerous factors that influence the growth of a tree.Then, this study shows that the determination of a taper function for each type of form
yields
animprovement
of theprecision
of volume estimation withoutrequiring
any field measurement of form.Finally,
the results demonstrate the advantage in usingnon-parametric
models for taper functionswhich,
also, are welladapted
to computer analysis.Références
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CHIFFEL