A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
Z. C ARRIÈRE
Sur les déformations de l’alliage eutectique plomb- étain et les métaux visqueux
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 2
esérie, tome 7, n
o3 (1905), p. 317-382
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SUR LES DÉFORMATIONS
DE
L’ALLIAGE EUTECTIQUE PLOMB-ÉTAIN
ET LES
MÉTAUX VISQUEUX,
PAR M. Z. CARRIÈRE.
1.
L’alliage eulectique
deplomb
et d’étain contient3;, 2 pour
100 de Pb et62, 8
pour 100 de Sn. Il fond à 183°.J’étudierai,
dans cetravail,
lesdéformations grandes
etpetites
de fils de cetalliage,
soit partraction,
soit par torsion. ~ . Ils’agit principalement :
1° de déterminer ],infIuel?ce de là vitesse demation
sur lagrandeur
de ladéformation;
2° -d’étudier les modifications de la matièrequi
résultent de ladéformation,
çe quej’appellerai
endonnant à ce terme le sens le
plus général ;
3° de cheicher dansquelles
limitesles
phénomènes d’élasticité parfaite
et de réactivité subsistent dans un telmétal,
type des métauxvisqueux.
Ce travail a été fait sous la
direction,
avec les méthodes et, enmajeure partie,
avec les
appareils
de M. Bouassequi
s’est réservé la discussionthéorique
desrésultats. Il me suffit de dire ici
qa’ils
conduisent àdistinguer
les métaux en deuxgroupes
très tranchés : métaux nonvisqueux
et métauxvisqueux.
La distinction repose :i° Sur l’influence de la vitesse de
déformation,
énorme dans le cas quej’étudie,
secondaire dans le cas des métaux nonvisqueux.
2° Sur
l’application
ou la nonapplication
duprincipe
deCoulomb,
à savoirqu"un
métalqui
asupporté
un effort est à peu,près élastique jusqu’à
ceteffort.
,On peut encore
appeler
ces types,type à accommodation (métal
nonvisqueux) et type sans accommodation (métal visqueux).
.2. Wertheim
(.Amt.
de Chinl. et dePhys.,
3°série,
t.Xll)
étudie certains3I8
alliages
de Pb et de Snparmi lesquels l’eutectique.
Il détermine leur coefficientd’élasticité, prjncipalement
par la méthodedes
vibrationslongitudinales.
IlInaique
p.605)
une soi-disant limite d’élasticité. Je montrerai le peu designification
de ces résultats.D’ailleurs,
dans sesexpériences
detraction,
l’auteur déclare lui-même p.
~03~
que « l’on ne saurait déterminer leslongueurs finales
que lesverges.
peuvent atteindre sous l’action descharges ».
Ilfait la mesure « dès que
l’allongement
est devenu assez lent pour que lalongueur
ne
change plus
sensiblementpendant
le temps nécessaire à laprendre
».3.
Appareil
pourlafabrication des fils.
- J’utilisel’alliage
de Pb et de Snsous la forme de fils de
petit diamètre,
soit96.
L’appareil qui
sert à lesfabriquer
estreprésenté figure
i. Il est trèsanalogue
àl’apparcil
industriel pour la fabrication des tuyaux deplomb,
mais de dimensionsplus
restreintes.Un bloc d’acier G de 8em de diamètre est creusé suivant son axe d’un canal circulaire A bien
alésé,
de 2cm dediamètre,
danslequel
entre à frottementdoux un
piston plein
P enàcier.
A. l’autreextrémité,
visse dansl’épaisseur
dubloc,
un écrou F fcrnle lecanal;
il estpercé
d’un trou(filière)
à traverslequel
s’écoule le métal contenu dans le
cylindre quand
on exerce sur lepiston
unepression
suffisante. ’ _ , .,Le
cylindre
C estdisposé,
commel’indique
lafigure
i, sous le sommier d’une pressehydraulique,
sommierpercé
d’un trou en son milieu et d’un secondplus petit
auvoisinage.
Ce derniercorrespond
à une cavité B creusée dans lebloc, parallèlement
àl’axe,
sur un tiers environ de lalongueur
ducylindre.
Elle estremplie
de mercure et contient un thermomètre Tqui indique
latempérature
dubloc
pendant l’opération.
Lechauffage
s’effeclue au moyen d’unetriple
couronnade becs de gaz, sous forme de
serpentin,
entourant lecylindre qu’un disque
d’amiante isole du sommier. Une
plaque
de tôle recourbée DDprotège
l’ensemblecontre les courants d’air.
Le manomètre M
indique
àchaque
instant t lapression
sous lepiston
de lapresse et, à un facteur constant
près,
lapression
transmise en A. Ellepouvait
s’élever
jusqu’à 3420kg par
centimètre carré. J’ai utiliségénéralement
unepression
de 2850kg. J’obtenais ainsi une trentaine de mètres de fil par
heure,
à la conditionde maintenir une
température
convenable. ’A la sortie de la
filière,
le fil arriveverticalement,
tangent à un tambour R surlequel
il s’enroule sous l’actiondu poids
P’. Le tambour est formé par une feuille dezinc, large
deles rayons
sont des liteaux de bois trèslégers.
Ilsuffit,
pour l’entraîner,
d’unpoids
P’ inférieur àce qui correspond,
pour lefil à
unetension de 50g
environ,
soit70g
par millimètre carré. Le diamètre du tambour estégal
à7ocm.
Le fil est donc àpeine
fléchipendant
l’enroulement.Pour introduire le métal à tréfiler dans le
cylindre C,
on retirecelui-ci
dedessous le sommier de la presse, et on le renverse la filière en bas. On verse alors dans le canal
l’alliage
en fusionpréalablement agité pendant 2
minutes.L’expériencc
montre que, sous unepression
de 2850kg par centimètrecarré,
Fig, 1.
pour obtenir en 2 minutes lm de
fil,
il faut élever latempérature
a170"?
c’est-à-dire assez
près
dupoint
de fusion. Ils’agit
de déterminer si et commentvarient les
propriétés
avec latempérature
de fabrication.V oi ci,
pour unecharge
P = ~~6‘ob
imposée
sous débit constant, lesallongements
pour iooA,
de filsobtenus aux
températures
t, sous une- mêmepression 285okb-par
centimètre carré :Cette
expérience
montre quel’eu tee tique jouit
depropriétés
essentiellement variables avec latempérature
de fabrication. Le taux de variation0394A 0394t
croît beau-coup au
voisinage
de i8o°. Une variation de I° dans latempérature
de fabricationproduit alors,
dans les conditions del’expérience,
une variationd’allongement
dei pour 100. Entre
iz{2~
eti ~3~
)a variation est seulement de 0,07 pour 100. Il y a doncintérêt,
pour avoir du fil depropriétés
à peuprès invariables,
àopérer
à latempérature
laplus
bassepossible.
On est limité dans cette voie par la durée del’opération.
J’ai choisi latempérature
de1730
auvoisinage
delaquelle f1t
= o, 2pour I00. Un
régulateur
depression
installé sur la canalisation du gazpermet
de maintenir celle-ci constante à 10près.
,Cette
température
n’estqu’approximativement
celle du métal contenu en A.Elle n’est sûrement pas celle du métal au sortir de la filière. Cela
importe
peu, lethermomètre servant surtout de témoin de
température
uniforme auvoisinage
dela filière,
soitpendant
une mêmeexpérience,
soit d’uneexpérience
à l’au tre. Jene saurais
trop
insister sur la nature des résultats. Il nes’agit
pas, eneffet,
dedéterminer des constantes
numériques,
mais d’étudier l’allure desphénomènes.
Pour faciliter le
réglage,
il est avantageux de maintenir unepression
de 2000kgenviron par centimètre carré
pendant qu’on
élève latempérature,
celle-ci tendantasymptotiquement
vers Les contactsmétalliques
et les transmissions de chaleur par conductibilité sont ainsi à peuprès
les mêmes avant etpendant
le tréfi-lage.
Sous cettepression,
zoookb par centimètrecarré,
le fil ne passe que vers 1500et avec une vitesse assez faible.
Quand
on atteintt~5~,
on manoeuvre la pompe pour élever lapression
à2850kg,
et onl’y
maintientjusqu’à
écoulementcomplet,
à 50kg
près.
Saurais pu choisir une
pression
moindre ouplus
forte sans que lesphénomènes
que
j’étudierai
soientqualitativement
modifiés. J’aipréféré
celle-ci pour obtenirune vitesse de passage du fil ni trop
grande
ni tropfaible,
soit 1 lU en 2 rmnutesenviron. _
Le fil est
régulier, homogène
etidentique à
lui-même sur toute salongueur.
On en connaît
l’histoire
àpartir
del’alliage
fondu.L’alliage a;été
obtenu une fois pour toutes àpartir des
éléments constituantsPb et Sn purs du commerce. J’ai
préalablement
vérifié quel’alliage
obtenu àpartir
duplomb
et de l’étainchimiquement
purs donnentqualitativement
lesmêmes résultats.
ALLONGEMENTS PAR TRACTION.
4. Essai de traction. - Un fil vertical de
longueur
initialeLo
estchargé
depoids
P croissantproportionnellement
autemps jusqu’’à
larupture.
On
produit
un écoulement d’eau à débit constantD,
dans un seau attaché àl’extrémité inférieure du fil
( Cf.
H.BOUASSE,
Ann. Fac. Sc.Toul.,
t.I, 1899,
p.
332;
t.IV,
1902, p.35g~.
On lit lesallongements
avec unelunette,’
sur unerègle
verticale solidaire du seau decharge,
à1’-o
de millimètreprès,
soit avec uneapproximation
depourLo= 80°"~, longueur prise
ordinairement.Une enceinte
verticale,
autour delaquelle
circule un courantd’eau,
permet de maintenir constante latempérature
du filplacé
dans son axe Fac. ~S"c.Toul.,
t.
V, I903,
p.259).
Toutes lesexpériences
sont faites à latempérature
ordinaire.A ses
extrémités,
le fil est attaché à destiges
de connexion par une soudure à la ciregolaz.
Lacharge
maxima par millimètre carré que doitsupporter
le fil étanten
général
inférieure à3kg,
cette soudure esttoujours
suffisante. Elle a cet avan-tage que, pour son
application,
il suffit d’unetempérature
àpeine supérieure
à 100°.Le fil n’est donc pas détérioré aux
points
d’attache.Effectivement,
sauf les excep- tions quej’aurai
àsignaler (n° 20),
la rupture ne seproduit
pas en cespoints, jamais
elle ne s’estproduite
aupoint
d’attache inférieur.5. Courbe de traction. - Elle est donnée
figure
2, courbeI,
pourLo
-8o°m,
D =
77g
par minute..
L étant la
longueur
du fil sous lacharge
P.1° Une limite d’élasticité
parfaite
n’existe pas pourl’eutectique, quelque large
que soit le sens attaché à ce mot.Qui
dit élasticitépar faite
ditallonge-
ment
proportionnel
à Les courbes des métaux tels que le cuivre étiré ayant un certainchamp
d’élasticitéparfaite
ont, audébut,
uneportion rectiligne.
Ici,
il estimpossible
de délimiter un segmentrectiligne
même très court àpartir
de
l’origine.
La courbure n’est pas nulle dès lesplus
faiblescharges.
Je reviendraiplus
loin~n° 21)
par une méthodeplus précise
sur les déformations trèspetites.
2° Le fil
d’eutectique
ne casse, pour cedébit, qu’après
unallongement
énorme : 1exactement
9
pour 100. La vitessed’allongement mesurée
pard~
est alorsinfinie.
Mais,
comme le montre lafigure,
deA =1,20
parexemple
à A = savaleur
quoique
finie est, trèsgrande.
C’estprécisément grâce
à cette vitesse trèsgrande
que le fil peutsupporter quelques
minutes une tensionqui
est relativementFig.2.
considérable,
surtout euégard
à la diminution de section résultant de l’allon-gement.
Pour les métaux tels que lecuivre, l’allongement
permanent sous lacharge Pi produit
une modification dans la nature dufil qui
rend celui-ci à peuprès élastique
pour lescharges
inférieures àPi, capable
parconséquent
de lessupporter
sansallongement
permanent sensible.Or,
pourl’eutectique,
leprincipe
de Coulomb nes’applique
pas(n° 7).
Il nesupporte
aucunecharge
sanss’allonger (n° ~5~;
la vitessed’allongement
doitcroître avec la
charge
àsupporter jusqu’à
ce que la diminution de section consé- cutive àl’allongement change
peu à peu les conditions del’expérience
et amènela
rupture.
Cette conclusion
appelle
naturellementl’expérience
suivante : :6. Essai à vitesse constante. - Au lieu de faire croître la
charge P,
faisonscroître la
longueur
Aproportionnellement
autemps.
d dt = V = const. pourun même fil. D’un fil à l’autre faisons varier V.
L’expérience
consiste à déter-miner les tensions P du fil au moyen d’un
dynamomètre.
On sait que cette tension croît avec
A jusqu’à
unmaximum, puis
décroît trèsrapidement
auvoisinage
de la rupture. Je me suis contenté de déterminer les tensions maximacorrespondant
à une vitesse donnée.A cet
effet,
un ressort R( fig. 3 )
d’une force de a~b est fixé verticalement d’unepart
à une poutre solideS,
d’autre part à l’extrémité A d’un levier AIB mobileautour d’un axe horizontal I. Le fil en
expérience
F est attaché lui aussi enA,
dans le
prolongement
du ressort. Il est tiréverticalement,
enbas,
par une cordé CDqui
passe sur unepoulie
de renvoiP,
et s’enroule sur un treuil P’, >Le treuil est
monté sur l’axe
d’une forte roue en fonteQ qu’on
peut fairetourner d’un mouvement
uniforme,
dont la vitesse est déterminée au moyen d’un. Fig.3.
métronome.
Les vitessesimposées
étantconsidérables, j’ai négligé
dans leur calculle
déplacement
de l’extrémité inférieure du ressort.Un
style
T attaché au levierpeut enregistrer
les tensions àchaque
instant. Meproposant
de déterminer seulement les tensionsmaxima, j’ai simplement disposé,
tournant à frottement doux autour d’un axe I’
indépendant, parallèle
à celui dulevier 1 et tout
proche,
uneaiguille légère
l’L.Quand
on tire la cordeCD,
elleest écartée par le levier de sa
position première jusqu’à
une déviation maxima àlaquelle
elle resteaprès
larupture
du fil. La tensioncorrespondante
est déterminéeaprès chaque expérience
au moyen depoids marqués appliqués
en A. La sensi- bilité del’appareil
est deI00g, précision
suffisante pour le but à atteindre.Lorsque
la tension doit
dépasser
onplace
à l’extrémité B du levier despoids
M co’n-venables.
Voici,
avec les vitessesimposées
et lesallongements
pour 100 réalisés à la rupture, les tensionsmaxima. correspondantes.
Les vitesses sontexprimées
encentimètres par seconde pour V==oo
correspond
àrallongement
trèsbrusque
à la main. Les tensions sontexprimées
en grammes pour la section ini- tiale so =On’r"R, ~ 2.
.Je ne donne les
allongements
à la rupture que pour fixer les idées : ilsdépen-
dent des défauts du
fil, principalement
pour lesgrandes
vitesses. Il ne faudrait pas croirequ’il
existe un maximumcorrespondant
à la vitesse 70. Nous allonsvoir,
aucontraire,
quel’allongement
réalisable croîtgénéralement
à mesure que la vitesse diminue.Je peux, y en
effet, compléter
ces résultats par ceux que donnent les essais àcharge
constante. La tension s’abaisse au-dessous de 2000g pour une vitesse d’al-longement égale,
auvoisinage de
la rupture, à par seconde :l’allonge-
ment est alors de 70 pour 100 environ. Le même fil casse sous une
charge
constante de
4og,
parconséquent
sous une tension inférieure àaprès
unallongement
de 35 2 pour 100 obtenu en trois mois environ. Pour une vitesse extrêmementfaible,
le filpeut supporter
desallongements
véritablement extraor-dinaires
(voir
n°~~).
La section est alors évidemment très différente de la section initiale so.Quoi qu’il
ensoit,
le fild’eutectique peut supporter
des tensionsqui
croissenténormément avec la vitesse
d’allongement (et
moins vitequ’elle),
soit d’une cen-taine de grammes à 5kg environ par millimètre carré. Cette variation énorme est
la
première
descaractéristiques
des métauxvisqueux.
En voici une seconde : :7.
Non-application
duprincipe
de Coulomb. - Latechnique employée
con-siste à décrire la courbe de traction
jusqu’au point A(Pi’ 2), décharger
totalement et
brusquement [ce qui s’opère
aisément et sans secousse au moyend’une corde
passant
sur unepoulie
de renvoi et relevant le seau decharge,
oumieux le levier
qui
en est solidaire(Ann.
Fac. deToul.,
2esérie,
t.IV,
p.
359)], puis, après
avoir vidé le seau, sans rienchanger
aufil,
à rétablir l’écou-lement,
c’est-à-dire décrire une nouvelle courbe de traction àpartir
dupoint
Pour le
cuivre,
la nouvelle courbe de traction est sensiblement la droite A’A. Pourl’eutectique,
on obtient la courbe III. Sur cette nouvelle courbecomme sur la
première,
il estimpossible
dedistinguer
uneportion rectiligne.
Lefil
déformé
par lacharge P,
est aussiincapable qu’au
début desupporter
sansallongement permanent
unecharge
même trèsinférieure
àP,.
Comparons
1 et III et, pourcela,
donnons à I A’ pourorigine.
Elle vient en II.Cela ne suffit pas. La courbe III est décrite sur un fil
plus long
etpartant
de sec- tionplus petite.
Lacharge
par unité de section est donc sur une même horizon- taleplus grande
sur III que surII,
et Inversementl’allongement
pour l’unité delongueur plus petit
sur une verticale. Il y a donc une double correction à faire :1° contracter les abscisses de III dans le
rapport AI,
2° dilater ses ordonnées dans lerapport I 1.
La correction estlégitime, puisqu’il s’agit
delongueur
et de sectioninitiales,
et que, la densité variant peu, pour des~,
pastrop grands,
on a ap-proximativement
Ces
correctionsfaites,
la courbe III se confond à peuprès
avec II. Onpeut
donc conclure que le filallongé
de i à A reste à peuprès identique
à lui-même commematière;
il ne pas sensiblement.On peut,
d’après
la mêmetechnique, charger
etdécharger plusieurs
fois.Voici,
pour
L0
=P1
= I300gimposé
sous débit D =78g
parminute,
les1
à la ,charge
et lesâAi représentant l’allongement
pour 100 brutpendant
lacharge :
Les croissent pour la raison
déjà
donnée. Il serait illusoire de faire ici les corrections dontje parlais
tout àl’heure ;
car, dès quel’allongement
devient unpeu
grand,
la relation so = sA n’estplus vérifiée,
le fil ne restant pascylindrique
n°
~0~.
En
réalité, quand
ondécharge brusquement
dePi
à o, il y atoujours
un rac-courcissement ;
mais il est trèsfaible,
de l’ordre detoujours
8.
Influence
de la vitesse derecharge.
- J’aisupposé,
dansl’expérience pré- cédente,
le débit Didentique
à lacharge
et à larecharge.
J’en avais ledroit, puisque
leprincipe
de Coulomb suppose le métal déformé par lacharge Pi
devenuà peu
près élastique
pour lescharges
inférieuresà Pi.
Lesallongements élastiques
ne
dépendent
pas de la durée d’action de lacharge, ni,
parconséquent,
de lavitesse de
charge.
Prenons maintenant deux débits différents : D à la
charge, D,
à larecharge.
L’expérience
montre que, toutes choseségales
d’ailleurs :Si
Di D,
la courbe derecharge
est au-dessous deIII (fig. 2 )
et ne peut, parconséquent,
par descorrections,
être amenée à se confondre avec II. Elle rested’autant
plus
au-dessous queDi
estplus
Inférieur à D.Si
D
>D,
la courbe derecharge
est au-dessus deIII;
les corrections relatives à lalongueur
et à la section la ramènent au-dessus deII,
à une distance d’autantplus grande
de celle-ci queDi
surpassedavantage
D.En
général (soit
à lacharge,
soit à larecharge),
les courbes de traction sedisposent
l’une au-dessus de l’autre dans l’ordre des débits croissants.Le cas limite
Dt = 00 correspond
à uneréimposition brusque
deP,,
lacharge
continuant à croître à
partir
de cet instant sous le débit D decharge.
Autrementdit,
le débit restanttoujours identique,
oninterrompt
en A la courbe de tractionen relevant
brusquement
le seau et arrêtant l’écoulement.Après
un arrêt(dont
ladurée semble d’ailleurs sans
importance),
on abaisse à nouveau le seau non vidé etl’on rétablit en même
temps
l’écoulement.L’expérience
montrequ’alors
la courbede
recharge
se confond très sensiblement avec la droite A’A raccordée par une courbure trèsbrusque
à la branche AB aveclaquelle
elle se confond ensuite. Leprincipe
deCoulomb,
pour une vitesse decharge infinie,
estapproximativement
vérifié. Il l’est d’autant moins que la vitesse de
recharge
surpasse moins la vitesse decharge ;
pour D ~D,
il ne l’est pas du tout. Les conditions de débitimposées
montrent
qu’il
nes’agit
pas ici duprincipe
de Coulomb relatif à l’extension duchamp
d’élasticitéparfaite.
Elles montrentsimplement
l’influence énorme de la vitesse decharge, caractéristique
des métauxvisqueux.
9.
Cycles
de traction. - 1° Pour décrire uncycle
detraction, je
fais varier lacharge
de o àPi, puis
dePi
à o,proportionnellement
au temps. L’écoulement d’eau ne pouvantplus servir, je
déroule une chaînette de laiton tombant dans le’
seau de
charge, puis je l’enroule,
d’un mouvement uniforme. Ledispositif
est dé-crit
(Ann.
Fac. Sc. deToul.,
2esérie,
t.V,
p.258).
La courbe
P = f (A)
a unpoint anguleux correspondant
à Finversion du débit~
séparant
les deux branches decharge
et dedécharge ( fig. 4).
Si nous admettons que les
propriétés
du fil nedépendent
pas des parcours anté-rieurs,
et que lacharge,
pour une sectiondonnée,
nedépend
que du diamètre et parconséquent
du Aactuel,
la branche dedécharge
doit êtresymétrique
decelle de
charge
parrapport
à la verticale dupoint
d’inversion du débit. Plus exac- tement, en cepoint,
le fil s’étantallongé
de 1 àA,
etayant
diminué desection,
lacourbe de
décharge
doit être un peuplus éloignée
de la verticale.L’expérience
montre que cettehypothèse
n’est pas assezgénérale.
Lafigure 4
Fis. 4.
donne le 1 er et le 6é
cycles
effectués sur un filunique
sous D=io5s
par minutejusqu’à P,
===Lo===
8o~m.Voici,
en unitésarbitraires,
lesallongements
pen- dant lescharges
et lesdécharges successives,
et les A au début dechaque cycle :
C’est seulement
après
le 5ecycle
et pour A =i, 36
quel’allongement pendant
la
décharge
surpassel’allongement pendant
lacharge, ~36 ~> 470.
Pour un
cycle
deI260g,
c’est-à-dire pour unecharge
maxima très voisine decelle utilisée dans la
technique
du no7,
on a obtenu :et, pour un
cycle
deI800g,
Si,
pour de fortescharges, l’allongement pendant
ladécharge
est, dès lespre-
miers
cycles, plus grand
quel’allongement pendant
lacharge;
par contre, pour uncycle
de300g,
mêmeaprès
le 30ecycle, l’allongement
estplus
faible à la dé-charge.
Il est mêmenégatif
pour lespremiers cycles.
Nous sommes donc amenés à
généraliser
les conclusionsprécédentes.
On nepeut
admettre que le métal ne subisse pas une modificationplus
ou moins stable du fait de la déformation.Quand
le métal vientallongé
parcharges
croissantes,
il a tendance às’allonger
moins parcharges
décroissantes. Lephénomène
est bien dînèrent de celuiqui
caractérise les métaux obéissant auprincipe
de Coulomb. La modification se manifeste ici par une diminution de la vi-tesse
d’allongement qui correspond
à unecharge
donnée.Il y a
hystérésis
en ce sens que la courbe de retour ne se superpose pas à la courbed’aller;
iln’y
a pasaccommodation,
en ce sens que lescycles
successifsne tendent pas à se fermer. Nous pouvons
appeler
les métaux dontl’eutectique
est le
type
métauxvisqueux
ou métaux sans accommodation.2" On
peut imposer,
dans uncycle,
un arrêt T à lacharge
maximaP,.
Encroisant les
cycles
à arrêt nul(cycles précédents continus)
et lescycles
à arrêtT,
on obtient les courbes de la
figure
5 :Lo ! 80~"’, P,
== 1 D -1 1 osg parminute,
T = ~ 111.
Soient l’allongement pendant
lacharge, À2 l’allongement pendant
la dé-. charge,
pour les deux branches d’unmême cycle. Évaluons
lerapport? 2
et por-tons
savaleur,
enordonnées,
aux abscissesqui correspondent
au A moyen ducycle.
Lespoints
ainsi obtenusAo, Bo, Co
pour lescycles
sans arrêt seplacent
surune courbe
unique (fig. 5);
lespoints At, Bt correspondant
auxcycles
à arrêt TFig. 5.
. se
placent
sur une courbedifférente,
presqueparallèle
à lapremière,
mais trèssensiblement au-dessous d’elle.
En
A, ~‘i
est àpeine supérieur
àl’unité;
il estégal
à enBI,
alors que, enC
il est encore un peusupérieur
à un. Ce résultatindique
une modification du fil parl’allongement à charge
constante, modification que nousappellerons désagr’égation
et dont nous allons nous occuper dans les numérosqui
suivent.Elle tend à
augmenter
la vitessed’allongement
pour unecharge
par unitéde
section donnée. Ellel’augmente
d’autantplus
quel’allongement
àcharge
con-stante est
plus grand.
Eneffet,
les courbesAo Co
etA, B, divergent
vers la droiteoù l’on a
GH >
DF.3° On
peut opérer
un nouvel arrêt Td’égale
durée enC, C’,
C"( fig. 5),
sansallonyement,
à condition dedécharger brusquement
en cepoint,
laisser le fil aurepos sous
charge
nullependant
le tempsT, puis réimposer brusquement
lacharge
maxima
Pi qu’on
fait immédiatement décroîtreproportionnellement
au temps. Leschéma de
l’expérience comprend,
outre lescycles
de lafigure 5,
les verticales despoints C, C’,
(7 décrites deux fois en sens inverse.L’expérience
montre que lesrapports -~-
seplacent
encore sur les deux mêmes courbes.La modification
signalée
pour lescharges
croissantes subsiste mêmeaprès
inter-ruption
de cettecroissance,
pourvu quel’allongement
soit aussiinterrompu.
Amoins,
cequi
nousparaît
peuprobable,
que larecharge brusque
ne rétablisse lefil dans l’état modifié où il se trouvait avant la
décharge,
etqu’il
aurait abandonnéau repos.
’
/{°
Onpeut
enfinopérer
l’arrêt T à lacharge
sur l’une et l’autre branche.Le
cycle
se compose de deux branches avecpaliers.
On croise lescycles
avec pa-lier avec les
cycles
continus. ’, En fonction de
A,
les vitesses moyennesd’allongement pendant
l’intervalle Tsous la
charge ’ P,
seplacent
sensiblement sur une courbeunique. L’allongement
sous
charge
constante nedépend
pas dusigne
du débit antérieur. ’ En fonction deA,
lesf’ (),,
etÀ2
necomprenant
pas lesallongements pendant l’arrêt)
seplacent
sur une courbeunique,
soit pour lescycles
à arrêtT,
soit pour lescycles
à arrêt nul. Enréalité, d’après
les résultatstrouvés,
il doit y avoir une influence de l’arrêtT pendant
ladécharge
deiP
i à o. Elle n’est pasapparente,
parce quel’allongement
pour cet intervalle esttoujours petit
parrapport
à celui réalisé entrePi
etBien
plus,
commel’indique
enparticulier
lafigure 5,
unepartie
del’allonge-
ment pour cet intervalle
2 P~ ~ o
estnégatif,
conformément aux résultatssignalés
à la fin du n" 7.
10. Allongements à charge
constante. . - Si l’ou arrête le débit aupoint
A( fig. 6, 1)
de la courbe detraction,
le fil continue às’allonger
sous laFig. 6.
charge OA,,
La courbe OAreprésentant
les A en fonction de lacharge
se continuepar une branche AB
représentant
les A en fonction du temps. Lestemps
sont alors évalués encharges,
c’est-à-direreprésentés par la charge qui
aurait étéimposée
pendant
le mêmetemps
si l’on avait maintenu l’écoulement à débit constant.Pour le cuivre et les métaux du même
type,
la branche àcharge
constante a laforme
AB, ;
elle tendasymptotiquement
vers une verticale.L’allongement
souscharge
constante pastrop
considérable conduit àl’équilibre
pour unelongueur
limite. Pour
l’eutectique,
aucontraire,
la branche AB tend à devenirhorizontale,
et
l’allongement
réalisé amènetoujours
larupture, quelle
que soit lacharge OA1.
La courbe OAB’ est la courbe de traction à débit constant décrite
jusqu’à
la rup-ture avec un second fil aussi
identique
quepossible.
La distance relativement faible des branches AB et AB’ montre querallongement
del’eutectique
est fonc-tion
principalement
de la durée d’action de lacharge
et nonplus
fonctionprincipalement
de lacharge elle-même,
comme celui des métaux nonvisqueux.
11. Allongements
souscharge
constante par unité de section actuelle. - Dansl’hypothèse
d’un fil restanttoujours identique
àlui-même,
si la section restait constante, la branche AB devrait être une droitetangente
en A à lacourbe OA. On
peut
se demander si l’incurvation vers l’axe des A neprovient
pas : i~ du fait que la section actuelle diminue
quand
Acroît;
2.° du fait que, àchaque instant, l’allongement s’opère
sur un fil delongueur
croissante.Représentons ( fiy. 6, II)
en fonction de A la courbe des vitesses d’allon- g ement V. La deuxième correction consiste àprendre
àchaque
instant.~,
V étant la vitesse brute
d’allongement
et A lalongueur
actuelle ramenée à l’unitéde
longueur
initiale.On ne
peut
tenircompte
par le calcul de la diminution de section que d’une manière très arbitraire. Il estpréférable
de maintenir àchaque
instant lacharge
réelle P pour .la section actuelle s, telle que
A mesure que le fil
s’allonge,
onprélève
de temps entemps
uneportion
de lacharge
convenablement calculée.Pratiqueement,
il suffitd’opérer
ceprélèvement
aux A : 1,02,
1 ,03,
.... On lecalcule,
en admettant que la densité nechange
pas et que le fil restecylindrique,
enposant
d’oùeL
On détermine à l’avance pour les
A
> 1,01, > 1 ,02, y ... , la fraction P0-P P0 de lacharge
initiale. A l’instant voulu onopère
leprélèvement. Il
est réalisé très facile-ment et sans secousse en
aspirant,
au moyen d’unepipette graduée,
dans le seaude
charge,
laquantité
d’eaucorrespondante.
La
figure 6, II
donne les courbes V=f1() et V = f2() obtenuesd’après
cette
technique. Po = I500g,
soit 2083g par millimètre carré. Les vitesses sontexprimées
enallongements
pour 100 par minute. Même pour unecharge
con-stante par unité de section
actuelle,
non seulement la vitesse bruteV,
maisencore la
vitesse -.
croît avec lalongueur
A etplus
vitequ’elle.
L’hypothèse
que la matière du fil ne se transforme pas est doncincomplète.
Ilfaut admettre ou bien un
écrouissage qui
se traduirait ici par une diminution de laviscosité,
ou bien une modification d’un autre ordre que nousappellerons désagrégation,
sansspécifier
d’ailleurs si elle estpurement géométrique (le
filne reste pas
cylindrique)
ou d’un ordreplus
intime et intra-moléculaire.12..4ppareil
pourimposer brusquement
une’charge
constante ou unevitesse
d’allongement
constante. - J’ai vérifié que la courbe V =f (A)
obtenuesous la
charge
constantePo
a la même formegénérale,
quePo
soitimposé
brus-quement
ou sous débit constant àpartir
de lacharge
nulle. Lesexpériences
dun° 9
(4°)
et celles des n°S 16 et 17 montrent d’ailleurs que, au moinsaprès quelques
instan ts à
partir
del’imposition brusque, l’allongement
sousPo
nedépend
pas descharges préalablement supportées,
mais seulement du A actuel. Dans l’étude de ladésagrégation, je puis
doncremplacer l’imposition
sous débit constant par l’im-position brusque
et instantanée.L’appareil qui
sert à la réaliser(décrit
dans les Ann. Fac. Sc.Toul.,
t.V, 1903,
p.290)
estcomplété
comme il suit(fig. 7) :
Une
planche
fixe horizontale zz estpercée
d’un trou dans la verticale du fil enexpérience.
Dechaque
côté du trou sont vissés deux électro-aimants montés ensérie. Une
tige
de laiton Cporte
transversalement un barreau de fer douxF;
à sonextrémité inférieure est un crochet
auquel
onpeut
attacher despoids;
sur sonextrémité
supérieure
filetée sedéplace
un écrou E. Un anneau A est relié directe-ment par une
suspension
en fil d’acier à unerègle légère
R accrochée directementau fil
d’eutectique
enexpérience (non représenté
dans lafigure).
Pour la mise en
charge,
les électros étantexcités,
onapproche
le barreau de fer douxqui
vient se coller contre. Onsuspend
au crochet lepoids voulu;
on attachel’anneau A à la