Reflets du Valais 'e année No 9 Septembre 1977 Le num éro 3 fr. 50
Le best-seller suisse
de 1931 à 1977.
(Un p e tit livre que p ersonne ne lit e t qui p o u r ta n t fa it par aître le v o y a g e m oin s long.)
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Ce petit livre, nous le vendons depuis 46 ans. Avec un succès toujours croissant. Rien que l’année de r nière, nous en avons édité plus de trois millions d'exemplaires. Un nom bre impressionnant. D'au ta n t plus que cet im prim é c o m p te quelques pages seulem ent - que d’ailleurs personne ne lit, ou presque. C o m m ent expliquer ce succès?
D'abord, sans doute, par le fait q u ’il se renou velle sans cesse. Aussi souvent que vous l'ache tiez, il est à chaque fois différent. Il a po ur objet ta n tô t un voyage de Tokyo à Bombay. Tantôt un voyage de Rio de Janeiro à Genève, ou de Genève à New York, ou de Vienne à Bâle. Ou to u t autre voyage vers une des 87 destinations de Swissair dans le monde.
Mais il y a une autre raison, plus décisive: bien que ce petit livre analyse chaque voyage le plus s uccinctem e nt, le plus brièvem ent possible, il intéresse le le cte ur plus intensém ent que n’im porte quelle description touristique. Parce qu'il le concerne personnellement.
Existe-t-il encore une raison? Certainem ent. Et nous nous pe rm ettons de croire q u ’elle est dé te r minante: l’auteur du pe tit livre est une certaine Swissair.
La couverture de ce best-seller suisse fournit fort peu de renseig nem ents surSwissair. Essayons de c om b ler cette lacune.
A pro p o s de l'auteur: Swissair.
Fondation en 1931, en Suisse. Développem ent sain et rapide: la petite ligne aérienne devient com pagnie aérienne nationale. Cham p d ’action: 87 destinations dans le monde.
Grâce à un réseau d ’excellentes liaisons, notre auteur fait très tô t sensation sur le plan in te rna tio nal. Utilisant des m oyens et une tech niq ue t o u jours plus m odernes (actuellem ent le DC-10 et le Boeing 747 B), il étonne les critiques par sa science et sa maîtrise.
Son style dé no te une subtile facu lté de se m ettre à la place des autres. Par exemple, il est essentiel, à son avis, que les gens se sentent à l’aise lorsqu’ils voyagent avec lui. Quelques d é tails typiques à cet égard: sur les vols long-cour- riers, deux menus en classe économ ique, alim en
tation de régime et kascher sur dem ande préa lable, c o m p artim en ts fum eurs et non-fumeurs. Dans la plupart des cas, projection de films et huit program m es de musique. Et, à la disposition de tous dans chaque appareil: nécessaire de couture, rasoir, horaire suisse des chem ins de fer et des com m u nica tion s aériennes.
Disons p o u rfin ir que l’origine suisse de l’auteur se reflète discrètem e nt dans tou te s ses œuvres. C’est peut-être, qui sait, une des raisons de sa popularité croissante en Suisse et à l’étranger. Autres œ uvres connues:
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Les premiers magasins de vente furent ouverts à l’avenue de la Gare à Sion en 1959.
Ce fut un succès. Il s’avéra tout de suite nécessaire qu'un dépar tement de fa brication et de d é c o ration soit créé.
L'ancienne fabrique Widmann de venue disponible, c'est dans ces vastes locaux, avec l’aide pré cieuse d'une partie de l’ancien personnel de cette entreprise, que débuta la fabrication proprem ent dite.
Après la destruction de cette vétuste fabrique, c ’est à Martigny, au 46 de l'avenue de la Gare, que des locaux suffisamment grands furent trouvés, où, sous le même
p u b l i r e p o r t a g e - P h o to s O s w a l d R u p p e n
toit, il fut possible d'a m énager les magasins de vente et les ateliers. A part Martigny, l'activité actuelle de la maison dépasse largement les frontières valaisannes. De grandes expositions de meubles d ’art et de décoration furent orga nisées. Tout d'abord au m anoir de Valeyres sur Rance, près d ’Orbe, à la Grande-Ferme à Chancy, ceci durant plusieurs années ; actuel lement, depuis le mois d ’avril 76, au château de la Tour-de-Peilz, où des milliers de visiteurs ont le plaisir d ’adm irer cette grande rétrospective du passé.
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L ’industrie c him ique pollue, et elle ne s’en soucie guère. Telle est l’impression géné rale du public.
Les scientifiques ont un défaut : ils n'aiment pas faire parler d ’eux. Bien faire et laisser dire, voilà leur slogan.
Il y en a, pourtant, des choses à dire sur ce monde mystérieux. Savez-vous par exemple que les chim istes de CIBA-GEIGY ont mis au point des analyses d ’une précision effa rante ? Telle analyse d'h e rb icid e s dans les eaux résiduaires revient à détecter la pré sence d ’une personne dans un ville de 20 millions d ’habitants !
Ces spécialistes de la pollution possèdent leur propre bâtiment. Dans leurs laboratoi res, où travaillent 25 personnes, ils analy sent des échantillons d ’eau et d ’air, déve loppent des méthodes d'élim ination des produits polluants.
On ignore généralem ent que c ’est à Mon- they que fut réalisée, en 1949, la première station d ’épuration industrielle de Suisse, remplacée depuis 1972 par une installation ultra-moderne.
Depuis quelques années, des fours d 'in c i nération, véritables prototypes, permettent de brûler, à 1200°, des eaux contenant des matières nocives pour l’environnement. Dix-huit millions par an, ce sont les frais d ’exploitation du service écologique de CIBA-GEIGY Monthey.
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P a ra ît à M a rtig n y chaq u e mois E d ite u r responsable : Georges Pillet F o n d a te u r et présid en t de la com m ission de ré d ac tio n : M e E d m o n d G ay R é d a c te u r : A m a n d Bochatay P h o to g ra p h es : O sw ald R u p p e n , R en é R itle r A d m in is tra tio n , im pression, expéd itio n : Im p rim e rie P illet S. A., avenue de la G are 19 C H - 1920 M a rtig n y 1 A b o n n e m en ts : Suisse Fr. 38.— ; é tra n g er F r. 42.—
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La r e p r o d u c tio n de textes ou d ’illustrations, m êm e partielle ne p e u t être faite sans u n e a u to risa tio n de la réd actio n
27e année, N ° 9 Septembre 1977
Sommaire
Le livre du m o is D e v a n t la n ature R o b e r t H a in a rd à C h a n d o lin R e t o u r aux sources : C h e z les W alser de B o sc o -G u r in
T h e Secret V a lley Skyll L ’odyssée du C o m p t o i r de M artign y « T o u t n o u v e a u dans l’a m biance de toujou rs » M a rtig n y et ses a u to m o b ile s postales E va s io n E c o le de v o ile au B ou ver et L e ttre du L éman Le bridge M o ts croisés P o tin s valaisans Le C h e m in de Fer du F endant V in s du Valais C ro q u is valaisan : La p e tite p o litiq u e des petits trains
T o u r ism e , p e tite revu e m en suelle U n m o is en Valais
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Devant la nature
Ecrire passe volontiers, de la part d ’un peintre, pour un
aveu d ’impuissance. Eh bien! j’avoue volontiers me sentir
très petit d eva n t la nature. Mes gravures, sculptures, me
procurent de grandes satisfactions ; par elles, la nature m'a
élevé très au-dessus de m oi-m êm e. Mais lorsque j ’y ai tra
vaillé un certain temps, un dégoût me vien t de ce papier,
de ces couleurs épaisses où j’ai voulu enferm er l’espace, sa
transparence et sa lumière, la pulpe des végétaux dans sa
fraîcheur et la souplesse de la vie animale. E n retournant
à la nature, je sens combien le contact demeure superficiel
si je ne le travaille pas. Sans conteste, la part inexprimable,
ineffable croît en proportion de l’étroite conquête durem ent
mâchée, ce qui la m ultiplie infinim ent. Peut-être les pauvres
papiers que je salis avec tant de constance ont-ils pour rai
son dernière ces images plus belles que je suis seul à voir.
J ’espère qu’ils en fo n t éclore chez d ’autres, com me d ’autres
m ’ont appris à regarder.
Alors que j’exposais en Pologne, un vieu x monsieur (les
jeunes pensaient p lu tô t au fru it défendu de l’art abstrait)
m ’a d it: «Vos images ont non seulement des couleurs, mais
une odeur. » N u l com plim ent ne pourrait m ’encourager
davantage. Je ne me fais pourtant pas trop d ’illusions. Si
la peinture, je l’espère, va plus loin que la vue
—le m ou
vem ent, le vent, l’hum idité, n ’y figurent que bien allusive
m ent. E t surtout, nos impressions sont cueillies dans un vaste
ensemble, un long temps, allégées d ’immenses négligences.
La sévère image peinte ne perm et pas ces libertés, toute
absence y est un vide, tout rapprochement abusif change
la densité, tout rapport y est exact ou fa u x. L ’image verbale
est plus docile à notre vie intérieure.
C ’est donc pour me délivrer de tout ce qui ne passe pas bien
dans la peinture, de to u t ce que je n ’aurai pas le tem ps de
retracer, que j ’ai écrit. A v e u d ’impuissance, oui, mais toute
relative, et heureuse! Ce que j’aime, non seulement me
comble mais me dépasse infinim ent.
Robert Hainard.
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T exte R e n é -Pierre Bille P h o t o s G eorg es Pillet
C et é té , le h a u t village de C h a n d o li n a eu le privilège d ’a b r i te r sous les p outrai- sons plu sie urs fois c e n t e n a ire s de la salle bourg eoisiale une e x p o s i ti o n p e u banale : celle d u p e i n tre gra veur e t s c u l p te u r ani malier R o b e r t H ainard de G enève. Une tr e n ta i n e de gravures e t q u e l q u e s scu lp tu r e s tr a i t a n t plus p a r t ic u l iè r e m e n t de la fau n e m o n t a g n a r d e o n t re t e n u l’a t t e n t i o n des visiteurs qui se s o n t e m p r e s sés dès l’o u v e r t u r e e t les j o u r s qui sui vir ent de p r o f it e r de l’au b a in e ... Et q u a n d je dis " a u b a i n e ” , le m o t est e n core bie n faible. Car o n ne saurait rester in d i ff é re n t d e v a n t cet art à la fois dis cre t e t subtil, raffiné à l’e x t r ê m e , où l’in s tin ct c ré a t e u r e t la plu s h a u t e sensi bilité se rejoig nent avec b o n h e u r , d o n n a n t à la gravure u ne f r a î c h e u r de c o m m e n c e m e n t d u m o n d e .
C ’est d ’ailleurs p a r la s c u lp tu r e que R o b e r t H a in a rd a peu à p e u é té am ené à d é c o u v rir sa t e c h n iq u e personnelle de la gravure sur bois e n t o n s dégra dés. Il l’a d it lui-m êm e à m a in te s re prises: ”En p re m ie r lieu, je suis s c u l p t e u r .” L ’inven t i o n de c e t te taille q u ’H ainard est seul au m o n d e à p r a t i q u e r exige n o n seule m e n t u n doig té re m a r q u a b l e , une m a î trise artisanale hors du c o m m u n , mais e nc o re un la b e u r ach a rn é . Il n ’en fait d ’ailleurs m y s tè r e à p e rs o n n e , certain de n ’être ja m a i s im ité , pareille te c h n iq u e se m b la n t en définitiv e faire p artie de son être le plus in tim e e t ré sulter de t o u t e u ne philo so p h ie q u i, p o u r u n cré a t e u r de son espèce, ” n ’est pas l’a p t itu d e à brasser des n uées, mais la capacité d ’a d a p t e r , de re ctifier son outillage in te lle ctu el, une des d é m a rc h e s les plus f é c o n d e s et les plus effic aces qui s o i e n t ” . Et p ré c i s é m e n t, derriè re son oeuvre gra vée to u j o u r s adm irable de to n s , de fi nesse, de so b r iété, de ju ste sse d
’observa-I n s t a n t a n é s p r i s le j o u r d u v e r n i s s a g e à C h a n d o l i n : c i - c o n t r e , R e n é - P i e r r e Bi lle e n c o n v e r s a t i o n a v e c R o b e r t e t M m e H a i n a r d ; e n b a s , le c é r a m i s t e A l f r e d W i c k y , R . - P . Bi l le , le c u r é d e C h a n d o l i n e t l ' é c r i v a i n E l l a M a i l l a r t .
tio n e t de m o u v e m e n t , c ’est le p en seu r , le p h il o s o p h e , l’écrivain e t l’a r d e n t d é fe n s eu r d ’u n e n a t u r e entiè re et libre qui tr a n s p a r a î t sans cesse en filigrane, ma is fi n it p a r vous a c c ro c h e r d ’u n e f a ço n singulière, à la fois par le coeur et par t o u t e la fibre. C ’est en e f f e t , à t r a vers son oeuvre gravée et sculptée que l’o n repère peut-être le m i e u x l’h o m m e et sa sensibilité, l’écrivain et ses jo ies, le d e ss in a te u r à l’oeil a r d e n t e t sa longue p a t ie n c e , le c o u r e u r de fo r ê t, l’a m a n t passio nné de la b ê t e furtive saisie visuel le m e n t en u n e fr a c ti o n de se c o n d e d an s t o u t e sa p lé n itu d e et son milieu n a t u re l, q ue ce soit les h a u t e s racailles soleillées des Alpes valaisannes o u la d o u c e p é n o m b r e de la f o r ê t you goslave.
C ar c ’est bien d ’u n h o m m e singulier q u ’il s’agit ici, d ’u n - h o m m e tr ès e x c e p tio n n e l, p o u rv u de m u ltip le s ta le n t s , u n h o m m e q u i p eu à p eu s’est forgé une pen sée f o r t e , capable de le so ulever bie n au-delà de lu i-m êm e e t de ses s e m b la bles. Derrière son petit oeil in fatigable , R o b e r t H ain ard m e fait to u j o u r s songer à q u e l q u e d a n g e re u x e xplosif, p rêt à c r a c h e r sa p o u d r e sur les ta b o u s d ’un m o n d e ,”q ui pré p a r e in é lu c t a b le m e n t sa plus m o r te lle d é faite à force de t r i o m p h e r de son m ilieu ” .
Q u ’on ne s ’y t r o m p e pas : H a in a rd , p e i n tr e graveur e t sc u l p te u r anim alie r est avant t o u t u n visionnaire q u i par le t r u c h e m e n t de son oeuvre s’efforce de n o u s t r a n s m e tt r e le plus p u r, le plus grave, le plus urgent de t o u s les m essages: une réco n ciliatio n p r o f o n d e avec la n a t u r e . Sans elle, sans c e t te r é c o n c ilia tio n , sans le re spect le plus sacré p o u r t o u t ce qui reste e n c o re de n a t u r e vraie e n E u r o p e e t d an s le m o n d e , il est clair q ue n o u s c o u r o n s t o u s à n o tr e p e rt e ! L ’écrivain n ’y va pas de m a in m o r t e dan s ses
ou-v r a g e s 1 p o u r fustiger n o t r e so ciété de c o n s o m m a t i o n et d ’e x p a n s i o n é c o n o m i q u e illimitée. Avec une lucid ité p e u c o m m u n e , u n courage e x e m p la i re , il ne cesse de no u s m e t t r e en gard e e t de d é n o n c e r le m a l : " N o tr e civilisation - écrit-il q u elq u e p art dans ’’E x p a n s i o n et n a t u r e ” — m o n u m e n t d ’in c o h é re n c e , in carn e dans le paysa ge, à gra n d co u p s de b u lld o zers le ch a o s de ses p rin c ip e s .” O r, il n ’est pas b eso in d ’aller bie n loin p o u r vérifier la chose . Un simple c o u p d ’oeil sur la p lu p a r t de n os p e n t e s e t de nos alpages nous fera déco u v rir d ’im m e nses plaies b éantes.
Q u a n d d o n c c o m p r e n d r o n s - n o u s q ue la n a tu re a cessé d ep u is lo n g te m p s d ’être taillable et corv éable à m e rc i? Et q u ’elle p o u r r a it bien se venger un j o u r à sa m a n iè re de t o u t e s les ble ssures q ue l’h o m m e n ’arrête pas de lui infliger! Q u a n d d o n c l’e x p a n s i o n illimitée de n o tr e civilisation industrielle r e n c o n t re - ra-t-elle un obstacle suffis ant p o u r m e t tre fin à ses absurdes ravages? Q u a n d verrons-nous un to u r is m e intellig ent et m o d é r é faire cesser ce m assacre d ’arb res, de te rrains e t de b e a u x paysages , ta ris sant p a r là m ê m e les m eilleures sources de sa ra iso n d ’ê t r e ?
C o m b i e n R o b e rt H ain ard voit ju s te lo r s q u ’il écrit e n c o r e : " A c tu e l le m e n t n o tr e
re sponsabilité co sm iq u e s’im pose. Il
n o u s faut une m orale à l’échelle cos
1 " E t la n a t u r e ” , E d i t i o n G . d e B ü r e n ; " N a t u r e et m é c a n i s m e ” , E d it i o n d u G r i ff o n , N e u c h â te l ; " E x p a n s i o n e t n a t u r e ”, E d it io n le C o u r r i e r du Livre, Paris 6 e ; "D éf en se d e l’im age ” , L a Ba- co n n iè r e , N e u c h â t e l ; "Chasse au c r a y o n " , La B a co nn iè re ; " C ro q u is de t e r ra in ” , t ' d i t i o n P a y o t, etc.
m i q u e , o u m i e u x , u n e c h a rité , la charité é t a n t l’e x p a n s i o n la plu s g ra n d e , la plus h a u t e , la plu s intense de la vie, de n o tr e p ro p r e vie d ’a b o r d , e t p a r elle, de t o u t e s les autres. C ar ne l’o u b li o n s pas, l’a m o u r de la n a t u r e est seul capable de lim ite r, d a n s un b u t positif, la course d é v o ra n te à la pu issa nce é c o n o m i q u e . ”
Certes, ces dernières années, u ne prise de co nscience collective se fait p e u à peu j o u r dan s b ie n des d o m a in e s e t n o t a m m e n t d a n s celui de la p r o t e c t i o n de la n a t u r e . L ’o n n ’a ja m a is a u t a n t parlé — sans d o u t e à t o r t et à travers — d ’é c o l o gie, de p o ll u ti o n e t d ’e n v i r o n n e m e n t . Mais t o u t reste à faire p o u r sauver l’h o m m e d u ch ao s d a n s lequel n o t r e ci vilisation l’e n f o n c e ch a q u e j o u r d a v a n tage. R o b e r t H ainard m i e u x q u e q u i c o n q u e en est c o n s c i e n t ; sans relâche, avec m o d e s ti e , avec dis c ré tio n , mais avec u n e o p in i â tr e té et u ne ferveur qui l’h o n o r e n t , l’artis te n o u s m o n t r e le c h e m i n à suivre.
A c c ro c h é e s aux vieilles paro is de m é lèze de la salle bourg eoisiale d e C h a n d o - lin, ses m erveilleuses gravures s e m b le n t en fin avoir tr o u v é un d é c o r à le ur c o n v e n an ce. Elles n o u s p a rl e n t d ’u n m o n d e à la fois n e u f et très a n cien , un m o n d e p euplé de b ê te s , d ’arb res, d ’h e rb e s folles et de racailles, un m o n d e u n p e u m y s t é rieux o ù c o u r t le frisson de la vie sauvage saisie par le c ra y o n de l’artis te à l’in s tan t m ê m e o ù elle se m a n ife s te sous sa f o r m e la plu s h a u t e ! C e tt e possession i r r e m pla çable, c e tte c o m m u n i o n p r o f o n d e avec la n a t u r e , c e tte " r é v é la t io n ” , H a i n ard n o u s les res titu e avec u ne é m o t i o n d ’a u t a n t plu s vive et plus d u ra b l e q u ’elle
R o b e r t H a i n a r d : u n r i r e e t u n s o u r i r e « n a t u r e ». A g a u c h e , l i è v r e b l a n c s u r p r i s p a r l e c r a y o n d e l ' a r t i s t e
est m a îtr isé e e t c o n t e n u e . D ’o ù le p o u voir d ’e n v o û t e m e n t , la magie de cer ta in es de ses gravures.
N o u s ne p o u v o n s q u ’être in f in i m e n t r e co n n aissan ts à l’artis te d ’avoir su oeuvrer dep u is de longues a nnées en t o u t e i n d é p e n d a n c e , loin des m o d e s passagères et des th é o rie s en vogue. Et féliciter c h a le u r e u s e m e n t les a u t o r it é s c o m m u n a l e s d u h a u t village de C h a n d o li n d ’avoir su m e t t r e à la dis p o sitio n du célèbre gra v e u r la salle bourgeoisiale o ù m i e u x que nulle part ailleurs p e u t -ê tr e son oeuvre se charg eait d ’u n e significatio n p a r t i c u lière, délivrait a r d e m m e n t son p o ig n a n t
Retour aux sources
Chez les Walser de Bosco-Gurin
T exte G ilberte Favre Photos Oswald Ruppen
De Cevio, d an s le val Maggia, u n e r o u t e te r r i b l e m e n t é t ro it e e t sinueuse c o n d u i t dan s le val di C a m p o . O n s’a c c ro c h e à ces virages imprév isibles, loin des foules de to u r is te s agglutinées sur les plages, en bas. E t n o u s m o n t o n s . N o u s ne cessons de m o n t e r . Diable, B osc o-G urin ( 1 5 0 7 m è tr e s ) est le plus h a u t village du Tessin. Le seul, vous p r o m e t t e n t les j o y e u x d é p liants to u r is t iq u e s , à p o ssé d e r u n e école italienne et une école allem an d e. N o u s irons voir...
A p rè s u n u ltim e lacet, fini le vertige, voici B osco-G urin. N ’é t a i e n t les to its p o in t u s , le c l o c h e r de l’église e t certains détails a r c h i t e c t u r a u x t y p i q u e m e n t tes- sinois, on se cro ira it dan s un village h a u t- valaisan. U n e p a r e n t é qui n ’est pas due au hasard. Bosco-G urin est appelé ”le village des Walser” .
C ’est au X I I e siècle q u e les Walser, partis d u Haut-Valais et plu s p a rt ic u l iè r e m e n t du val de C o n c h e s 1 é m ig rè r e n t d an s le val Bosco. Ils y fo n d è r e n t le village de G u r in , s’in té g rè r e n t à c e t te région avec u ne aisance re m a rq u a b l e . E n 1 8 5 0 , le village de B osco-G urin c o m p t a i t 383 h a b i t a n t s . L e n t déclin p u is q u ’o n n ’y voit plus, a u j o u r d ’h u i, q u e s e p t a n te p e r sonnes. Parc e q ue les resso urc es é c o n o m iq u e s de Bosco-G urin s o n t p l u t ô t m a i gres (a g r ic u ltu re , élevage, un peu de to u r is m e l’été m ais s u r t o u t l’hiv er grâce à des pistes fabuleuses e t à d ’h o n o ra b l e s m o y e n s de r e m o n t é e m é c a n iq u e ) . Parce que le village des Walser est un f o r m i dable réservoir de bilingues q u i sero n t b i e n t ô t fo n c t io n n a i r e s a u x d o u a n e s , au x P T T , CEE e t d an s l’a d m in is tr a tio n c a n to n a le .
Plusieurs siècles ap rè s l’in sta lla tio n des Walser à Bosco-G urin, c o m m e n t cette
lo in tain e origine est-elle resse ntie?
existe-t-il e n c o re u n e id e n tit é Walser ou c e t te co nscience a-t-elle disparu au fil des siècles? Pas si facile à dire.
C e rta in s s e r o n t déçus, mais les Walser q u e n o u s av ons r e n c o n t r é s à Bosco-G urin n ’é p r o u v e n t q u ’un in t é r ê t m itigé, q u ’une indifférence polie p o u r la q u e s t io n wal- ser. T o u s se d is en t u n a n i m e m e n t Tessi- nois. Tessinois ”à cause de l’e n t o u ra g e , à cause de n os a ï e u x , nés ici, à cause du t e m p s qui a pass é” .
Et p o u r t a n t , h u i t siècles après, to u s so nt restés in é b ra n la b l e m e n t a t ta c h é s à la langue de leurs a ï e u x , ce dia le cte walser si p ro c h e de celui du val de C onches, selon Osw ald R u p p e n , qui dia lo gua allè g r e m e n t avec les c i to y e n s de Bosco- G u rin c o m m e il le fait avec ceu x de Eiesch ou de M ünster.
Née en 1 8 9 7 , M m e T o m a m ic h e l est allée d e u x fois d an s le Haut-Valais (à Brigue
et à Loèche-les-Bains ), l’u n de ses frères h abite G enève e t des h u i t e n f a n t s q u ’elle a eus, d e u x s o n t restés au village. Elle d it:
— N o u s avons e x a c t e m e n t les m ê m e s dro its q u e les a u t re s T essinois2 . Il n ’y a pas de p ro b l è m e s e n t r e n o u s , n o u s n o u s e n t e n d o n s p a r f a it e m e n t .
Et il est vrai q u e le c o n t a c t est ex c e lle n t entre les d e u x c o m m u n a u t é s , l’italo- ph o n e e t la walser. O u i, M m e T o m a m i- chel reg retterait la dis p aritio n d u d ia lecte walser et d ép lo re q ue les e n f a n t s , au j o u r d ’h ui, aient te n d a n c e à parler l’italien ( c ’est-à-dire le dia lect e tessinois) p lu t ô t q u e l’allem an d (le p ato is walser). — En famille, no u s p arlo n s n o tr e d ia lecte walser. Mes p e tits -e n fa n ts, e u x , s’e x p r i m e n t plu s volo n tiers en italien. Les écoliers de Bosco-G urin suivent l’école en la ngue italienne. L e u r i n s t i t u trice n ’est pas w alser mais it a lo p h o n e . Les co u rs d ’a l le m a n d , à raiso n de trois heures p a r sem ain e, s o n t d o n n é s p a r un hôte lie r suisse a l lém an iq u e établi à Bosco-Gurin d ep u is plu s de q u in z e ans. — Le p ro b l è m e w alser a été inve nté p a r
u ne é q u ip e d ’in tellectuels de Z u ri c h , n ’hésite-t-il pas à affirm er. Je ne crois pas qu e le dia le cte w alser ressemble à celui d u Haut-Valais. N o n , l’alle m a n d ne risque pas de p erd re d u te rra in , ici, c ’est l’italien q ui est m e n a c é de d is p a ritio n au Tessin car la langue allem an d e y est d e venue e x t r ê m e m e n t im p o r t a n t e . C o m m e n t le Suisse além an iq u e est-il a c c e p té par les Walser de Bosco-G urin, ses frères ” c u itu re ls ” , si je puis d ire? Pas du plus sim ple. E c o u te z :
— Ce n ’est pas parce q u ’o n parle la la n gue allem ande q u ’o n est A lle m an d o u Suisse allem and. Les Walser s o n t plus p ro c h e s des it a lo p h o n e s e t des Italiens q ue des Suisses a lém an iq u es. Moi, depuis le t e m p s que j ’h a b ite Bosco-G urin, je suis to u j o u r s l’étranger.
U n peu plus ta r d , l’h ô te lie r argovien n o u s c o u rr a après p o u r n o u s dire : — Savez-vous q u ’il est très difficile d ’e n seigner une langue à des e n fa n ts qui n ’a im e n t pas les Suisses alé m a n iq u e s? Ils re j e tt e n t le ur r e s s e n tim e n t à n o tr e
égard sur la langue q u ’ils é t u d i e n t . Je d o n n e ces cours p arce q u ’o n m e l’a d e m a n d é , d an s l’i n t é r ê t des en fan ts. Et d ’a j o u te r, a m e r:
— Les Walser s o n t c o m m e les Valaisans q ui o n t ad m is u n é vêque italien — Mgr N e s to r A d a m — m ais a c c e p t e ra ie n t m o in s fac ile m e n t u n Suisse a lé m a n iq u e . S o u p ir.
— Q ue l’on soit P olonais, Péruvien, C h i nois o u a u t r e , quelle i m p o r t a n c e ? E n 1 9 7 7 , la fo r ê t des in im itiés e n tre Suisses reste, plus qu e ja m ais, à d é f r i c h e r. A B osco-G urin, on le sen t aussi. G .F . 1 Les W a l s e r é m i g r è r e n t a us si d a n s l e V o r a r l b e r g , e n I t a l i e , d a n s le L i e c h t e n s t e i n , les G r i s o n s e t le c a n t o n d ’U r i . 2 II y e u t d ’a i l l e u r s u n b r i l l a n t r e p r é s e n t a n t w a l s e r d a n s la v i e p o l i t i q u e t e s s i n o i s e , l e m a j o r A d o l f o J a n n e r , d é c é d é e n 1974, q u i f u t d é p u t é a u G r a n d C o n s e i l , c o n s e i l l e r d ’E t a t e t c o n s e i l l e r n a t i o n a l .
Che\ les Wâlser de Bosco-Gurin
The Secret Valley
The Dranse R iver which emerges from a narrow gap in the mountains before it joins the R h one a short distance below Martigny, has three springs: one above the p o w e r reservoir Mauvoisin at the south end o f the valley o f Bagnes; a second in one o f the glaciers o f the Great Saint Bernard a t the to p o f the valley o f E ntrem ont ; and the third in the amphitheatre o f peaks and glaciers closing the Val Ferret. Whereas Bagnes and E ntrem ont are w ell known to tourists f o r their large resorts, the inhabitants o f the Val Ferret had little con tact with the outside w orld until the early tw entieth century. This is w h y they succeeded in preserving the seven villages and hamlets o f their valley fro m drastic change and their stone houses and w ooden barns are still built in the sty le typical o f the region. A t Orsières, the Val Ferret m eets the Val d ’Entrem ont, through which the Great Saint Bernard road passes. The first village o f the Val Ferret is Som-la-Proz - Top o f the Prairie - where the fanners o f Orsières used to send their cow s to graze before the herds m ou n ted to the summer pastures. In the n ext village, Issert, the main street is so narrow that the wooden balconies o f the upper stories o f the houses nearly shut o u t the sky. Across the m ilky glacier waters o f the Dranse lies Arlaches, a hamlet o f w ooden chalets scattered in m eadows and surroun ded b y trees. Then the traveller reaches Praz-de-Fort, a village o f grey stone houses situated f o r a splendid view up and down valley. This village has a lovely Baroque chapel. A fte r Pray on, the valley becom es stern and shortly b ey o n d here one reaches real mountain wilderness and in it the largest village o f the val ley, La Fouly, b edded a t the base o f high peaks and the glacier o f La Neuva. Farther up, one passés through q u iet alpine pas tures to the village o f Ferret, at 1700 meters, and here the road ends.
C ity fo lk s wanting to spend a holiday in a mountain town, will n ot fin d luxury hotels o r social activities in this valley. E xcept for La Fouly, the villages have on ly one o r tw o small hotels or boarding houses. B ut mountain climbers and nature lovers will find qu iet and restful the majestic surroundings o f mountains, glaciers, pastures, larch-wood forests and clear brooks frolic
king over boulders.
In addition to the f e w hotels La Fouly has vacation houses with dorm itories f o r groups or rooms f o r 4 to 10 beds. In win ter, La F ouly plays h ost to pupils from Geneva schools with their teachers f o r a w eek o f ’’snow classes”. They have their lessons in the morning and ski in the afternoons. This village also has a fam ous branch o f the Swiss Mountaineering Schools where beginners and advanced climbers develop mountainee ring skills. Guides are a t the disposal o f climbers wishing to make difficu lt excursions on rock and glaciers. A n d hikers o f all ages are n ot forgotten. The valley has well-marked easy trails and a map o f them as w ell as a list o f hotels, boarding
houses and restaurants in the whole valley, is available a t the Bureau de renseignements, La Fouly, 19 3 7 Orsières. People not travelling with their ow n cars, can take the train from Martigny to Orsières and from there the postal m o to r coach, which travels up and dow n the valley two, three o r fo u r times a d ay according to the season, bu t on ly once a day in winter. A private scholl, Maya-Joie, f o r studies and sports takes 10 to
15 years o ld children from S eptem ber to June, and those from 12 to 2 0 years in July and August f o r vacation courses and al pine lessons.
And, while staying in the beautiful "Land o f the three Dranse Rivers", w h y n ot pay a visit to the je w e l o f Lake Champex at 14 72 meters ? A winding, bu t g o o d road leads up to the lake from Som-la-Proz. One suddenly com es upon the lake, and here one sees the Grand Combin across the valley o f Entre m o n t and its image m irrored in the sparkling water o f the lake. Lake Champex was fo rm e d b y the Dranse o f Ferret which, ages ago, passed over a saddle betw een the Cotogne and the Breya mountains. Much later, the river changed its course to m e et the Dranse o f Entremont. Behind the lake, a rather dif ficu lt road descends through a steep and narrow valley toward
Les Valet tes and Martigny. B u t before reaching Les Valet tes, do n o t miss another wonder o f Nature, the wild gorge o f the Durnand. Stairs and bridges have been built in the gorge to allow visitors to see the churning river from a safe distance. A m odest fe e f o r the upkeep o f the stairs and bridges is char g ed at the restaurant at the entrance o f the-gorge.
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L’odyssée du Comptoir de Martigny
G râce au d y n a m is m e de ses dirig eants, le C o m p t o i r de M artigny c o n n u t , au cours de ses dix-sept années d ’ex isten ce, un essor c o n s t a n t.
Il a pris pied dan s le c a n t o n en s’officia- lisant en q u e lq u e sorte grâce à la p ré sence, c h a q u e année, des h a u t e s a u t o r i té s valaisannes.
Cela lui a p erm is de se d o n n e r la raison sociale plus élargie de "F o ire d u Valais” . Mais u n e fo ire, ce n ’est pas u n e a b s t ra c tion. C ’est une j u x t a p o s i t i o n de stands, d o n c u n besoin d ’espace.
Q u i se s o u v ie n t des t o u t p rem iers c o m p to irs qui se c o n t e n t a i e n t de l’an cienne salle de g y m n a s tiq u e de la Ville, d é n o m m é e a u j o u r d ’hui salle c o m m u n a l e , avec u tilisation de ses p e t ite s pla ces a n n e x e s ? Ce f u t d ’ailleurs de c o u r t e d u ré e , car la M unicip alité a m én ag ea peu après le Pré- G a n io z , ainsi d é n o m m é du n o m des p r o priétaires d ’a u tre fo is e t acquis un q u a r t de siècle aup arav an t.
Le Pré-Ganioz devint place du M anoir e t le M anoir lu i-m êm e f u t aussi a ch eté par la c o m m u n e en 1960 des m ê m e s p r o priétaires p o u r en faire u n e so rte de m a i son de la c ulture.
C ’est d o n c su r cet e m p l a c e m e n t e t en b é n é fic ia n t d u M anoir lui-m êm e, de ses étages p o u r des e x p o s i ti o n s t y p i q u e s e t de son sous-sol p o u r servir la r a c le tte
va-laisanne q u ’e u t lieu j u s q u ’à ce j o u r la m a n if e s ta t io n m a rtig n erain e.
Les avantages d ’u n e telle situ a t io n é t a ie n t év id en ts : p re s q u e u n h e c ta re de te rrain d is p o n ib le, p r o x i m i té d u c en tre ville e t des services c o m m u n a u x , d o n c osm ose e n q u e l q u e sorte e n t r e le C o m p t o i r e t ses h a b ita n ts .
Mais les in c o n v é n ie n ts n ’é t a i e n t pas m o in s grands.
D ’a b o r d , pas q u e s t io n de c o n stru ire en ’’d u r ” sur c e tte place réservée au parcage des v o itu re s e t au m a in ti e n d ’espaces d é gagés e n c e tte p artie de la cité.
E t ne p o u v a n t c o n s tru ire , le c o m ité du C o m p t o i r é ta it c h a q u e an n é e c o n d a m n é à d é p e n s e r de fo r te s so m m e s p o u r des halles de d urée précaire, d o n t il ne res ta it rien u n e fois la m a n if e s ta t io n te r m i née.
En o u tr e , la c o ex isten ce d u r a n t p resque d e u x m o is par an de ces c o n s t r u c t io n s provisoires — le te m p s de c o n stru ire , d ’e x p l o ite r, de d é m o lir e t de r e m e t t r e en é t a t — avec l’école p rim aire q u i d é b u t e à fin a o û t é ta it cause de d é ra n g e m e n t p o u r les élèves. Il f a u t e n fin p arler des en n u is d é c o u l a n t d u b r u i t e n plein c e n tre e t de l ’o c c u p a t io n à d ’a u tre s fins, d u r a n t le m ê m e te m p s , d ’u n p a rking apprécié. D o n c il fallait se m e t t r e à la r e c h e r c h e d ’u n a u tre e m p l a c e m e n t p o u r u n e c o n s tr u c t i o n définitiv e. A un m o m e n t d o n n é , la c o m m u n e e t le C o m p t o i r é t u d i è r e n t la so l u ti o n ”rue des H ôtels-rue d u N o r d ” sur des te rra in s a p p a r t e n a n t à la M unicipalité. Mais la sur face é t a it in suffisante e t des a ch ats c o m p lé m e n t a ire s aléatoires o u en to u s cas tr o p o n é re u x .
Puis, la c o m m u n e a y a n t décidé de tr a n s férer ses te rra in s de s p o r ts e n b o r d u r e de la rue du L ev an t, il a p p a r u t qu e le C o m p to i r p o u r r a it s ’édifier sur l ’ancien s tad e, à p r o x i m i té de la piscine e t de la p a t i n o ire. La so lu ti o n p a r u t ex c e lle n te et des plans f u r e n t étudié s.
T o u t e f o i s in t e rv i n re n t à ce m o m e n t- là les services officiels de la C o n f é d é r a t io n e t du c a n t o n so u c ie u x de la conserva tio n des vestiges ro m a in s e n fo u is d a n s le sol à cet e n d ro it. O n y tr o u v e e n e ff e t l ’ancien fo r u m , l’an cien n e basilique et d ’a u tre s restes n o n e n c o re id e ntifiés m a is c o n s t i t u a n t le c en tre vital de l’a n cienne O c to d u r e .
La M unicipalité d u t se re n d r e à l’évi dence. C e tte d e s t r u c t io n , in évitable en cas de c o n s t r u c t i o n , e û t été u n a p p a u v rissem ent c u ltu re l p o u r la cité.
C ’est alors q u e le C onseil m u n icip a l d é cida de vendre à la C o n f é d é r a t io n ces te rra in s co n v o ités par les arch éo lo g u es e t d ’utiliser l’argent o b t e n u p o u r en a c q u é rir d ’a u t r e s o ù va ê tre in a uguré, c e t te a n n ée, le C o m p t o i r en d u r p o u r l ’é d ific a tio n d u q u e l il au ra fallu dix ans de ré fle x io n e t d ’é tu d es.
Les p o u rp a r le rs f u r e n t longs e t délicats. Il fallait e nsuite m e t t r e au p o i n t bien des ch o se s : la c o n c e p t io n , les obje ctifs, l ’a rc h i te c t u re elle-m êm e, puis l’é tu d e d ’un e e x te n s io n possible, la f o r m e j u r i d iq u e de la p e rs o n n e m o ra le q u i c o n s tr u ir a it e t e x p lo ite ra it et le m o d e de mise à dis p o sitio n , p a r la c o m m u n e , des 25 0 0 0 m - acquis, surface q u i p e r m e t de v o ir l’avenir.
C ’est ainsi q u ’est né le C E R M , Société co o p é ra tiv e dirigée p a r u n conseil o ù la c o m m u n e est r e p r é s e n té e e t à q u i il f u t o c t r o y é un d ro it de superfic ie sur ces te rrains p o u r u n e longue durée.
E t ici le soussig né, q u i a vécu in t e n s é m e n t ces p o u rp a r le rs e t le u r a b o u tis s e m e n t , s ’arrête p o u r laisser au c o m ité lui- m ê m e dire ses im pressions e t ses i n t e n tions.
I n d i s c u t a b le m e n t, la nouvelle c o n s t r u c tio n se p ré s e n te bien e t l ’e m p la c e m e n t, d a n s une zo n e q u i n ’avait pas é té dési gnée p o u r un e d e s t in a t io n p articu lière, est d ’un accès facile grâce au n o u v e a u réseau r o u t ie r am énagé dans la partie
Bi en m o d e s t e e n c o r e , é r i g é e n p l e i n c œ u r d e M a r t i g n y
1961 : M . J e a n A c t i s , p r é s i d e n t , o u v r e le d e u x i è m e C o m p t o i r
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sud-est de la cité. Ainsi, le c e n tre p o u r r a conserver sa v o c a tio n de zo n e d ’h a b i t a t av an t t o u t e t les M artignerains s ’h a b i t u e r o n t vite à faire q u e lq u e s pas de plus p o u r aller à leur C o m p t o i r !
B o n n e chance au C E R M , c o m m e c en tre d ’a n i m a t io n de M artigny, car, bien sûr, ce b â t im e n t n ’est pas destiné au seul C o m p t o i r an n u e l e t va p o u v o ir m e ttr e ses lo c au x à dis p o sitio n p o u r de n o m breuses m a n if e s ta t io n s e x ig e a n t un es pace c o u v e rt d ’un e c ertain e i m p o r t a n c e : u ne c a n tin e p e rm a n e n te en q u elq u e s o r te , de plu s de 7 0 0 0 m 2 , c ’est u n iq u e e n Valais e t ça se p rê te à de n o m b r e u x usages. E d o u a r d M o ra n d A ncien p ré s id e n t de M artigny.
Le C o m p t o i r , c ’e s t a us si j o u r s d e liesse d a n s les r u e s : c o r t è g e s p i t t o r e s q u e s e t c o l o r é s , o ù d é f i l e n t les g r o u p e s v a l a i s a n s , c o n f é d é r é s e t é t r a n g e r s , les g e n d a r m e s en g r a n d a p p a r a t ; d a n s les s t a n d s , b o n i m e n t e u r s e t a r t i s a n s r i v a l i s e n t d ’a d r e s s e . C i - d e s s o u s , v u e g é n é r a l e d ’u n r é c e n t C o m p t o i r , d e v e n u F o i r e d u V a l a i s , a u c e n t r e c it é .
Evolution statistique du Comptoir de Martigny
O -O 5 g E “ o -2 .5 ° " l g " d •° 2 A n n e e Invites d ’h o n n e u r Z -o° U O u Z - o O y Z "O 1960 Régie fédérale d e s alcools 76 64 2 2 ’0 0 0 1961 Savoie, Po ste-T élég ra p h e-T élép h o n e 96 80 3 4 ’0 0 0 1962 G e n è v e , O ffice n a tio n a l suisse d u to u ris m e 115 89 3 8 ’0 0 0 1963 Vau d, R a d io -T V , O r i e n t a t i o n p rofe ssionnelle 183 120 4 2 ’0 0 0 1964 Vallée d ’A o s te , D a h o m e y 194 117 4 2 ’8 0 0 1965 F ra n c e , A g ricu ltu re d e de m a in 194 111 4 7 ’8 0 0 1966 Tessin, Swissair 227 132 5 1 ’5 0 0 1967 B ern e, A m é n a g e m e n t d u te rrito ire 231 125 5 5 ’2 0 0 1968 F rib o u r g , A frique d u Su d , Télévision r o m a n d e 284 156 6 5 ’3 0 0 1969 Bâle-Ville, U n io n i n te r n a tio n a le des t é lé c o m m u n ic a tio n s , Régieféd ér ale des alcools
328 174 7 5 T 2 0 1970 L u c e rn e , R a ffin erie s du Su d -O u est, F é d é r a t i o n é c o n o m i q u e du
Valais, Valais d u vin
326 172 8 0 ’ 111 1971 N e u c h â te l, S a n té p u b liq u e e t O rg a n isa tio n m o n d ia le d e la sa nté,
Forêt-Bois-Valais
3 3 0 177 8 3 ’5 3 8 1972 Z o u g , C o m ité in te r n a tio n a l d e la C r o ix -R o u g e , P ro t e c t i o n civile,
Régie fédérale des alcools, Savièse
33 0 175 9 0 ’ 112 1973 Province de T u ri n , C F F , Je u n e sse e t p rofe ssi ons, Vouvry 3 3 0 175 9 4 ’788 1974 B o u rgogne e t F ra n c h e - C o m t é , Viège, T C S, A s so c ia tio n valaisan-
ne des hor logers
337 177 100’3 4 0 1975 Z u rich , H é r é m e n c e , T r o u p e s d e tran sm issio n , O N S T ’’P ionniers
de l'h ô tellerie"
3 4 0 180 9 8 ’292 1976 A rt e t artis a n a t valaisans, Bagnes, U C O V A , Cercle valaisan des
in venteurs, U n io n valaisanne p o u r la v e n t e des fru its e t légumes
340 180 1 0 5 ' 148
«Tout nouveau
dans l’ambiance
de toujours»
C ’est sur ce thèm e que le C om ptoir de Martigny, Foire du Valais, marquera sa dix-huitième édition en inaugurant pou r l ’occasion les nouvelles installations du CE RM, abordant ainsi un tournant ex trêm em en t im portant de son existence. Le C om ptoir ”en dur" sera devenu une réalité e t c ’est un véritable pari sur l ’avenir d e la part des responsables de la grande manifestation d ’autom ne marti- gneraine. Ils ne f o n t en cela que suivre l ’exem ple de leurs prédécesseurs, ceux de 1960, la poignée d ’audacieux qui créa le prem ier C om ptoir e t qui crut à son avenir.
Ils avaient raison d ’y croire puisque le C om ptoir de 1960, avec ses 2 2 0 0 0 vi siteurs, est devenu la Foire du Valais accueillant plus d e 105 0 0 0 visiteurs en 1976, record absolu de la manifestation. Durant ces dix-sept ans d ’existence, que de chemin parcouru, que d e souvenirs amassés, que d ’expériences vécues! Une belle aventure.
E t c ’est f o r t de ces dix-sept années de réussite que le com ité actuel a active m en t collaboré à la réalisation du CERM en y apportan t sa f o i en l ’avenir, son en thousiasme et son esprit d ’équipe. Car il fau t bien le dire e t le reconnaître, sans le C om ptoir le CERM n ’existerait pas. C ’est le développem ent e t l ’ampleur prise par la foire martigneraine qu i a suscité cet élan, qui a permis ces inves tissements e t qui a créé les conditions nécessaires à une telle oeuvre. Une oeuvre qui, par sa conception technique e t ses équipements, d o it non seulement abri ter le C om ptoir mais être considérée com m e le fu tu r centre d ’une fou le d ’ac tivités bénéfiques p o u r to u te une région. En inaugurant ces nouvelles installa tions, le C om ptoir d e Martigny e t son com ité actuel auront une pensée d e re connaissance pou r les ouvriers d e la première heure, pou r les membres du permier com ité qu i aujourd’hui voient réalisé un de leurs rêves les plus fou s! Combien étaient-ils en 1960 à penser une telle réalisation possible? Peu sans doute, le souci d e l ’époque étant avant to u t d e faire vivre ce C om ptoir qu ’ils ve naient de créer. L ’enfant q u ’ils o n t mis au m onde a grandi e t p e u t se targuer
d ’avoir acquis sa maturité. A dix-huit ans, c ’est un exploit!
Que sera l ’avenir? Le C om ptoir de Mar- tigny continuera-t-il son développe m e n t? Une telle foire apporte-t-elle en core quelque chose ? La réponse est oui, sans hésitation.
Tant qu'il y aura des gens qu i o n t quel que chose à vendre e t d ’autres quelque chose à acheter, les foires auront leur raison d ’être. Elles ne sont pas nées d'aujourd ’hui, en témoigne la conces sion de foire qu ’accorda en 1392, à Mar- tigny, la com tesse Bonne d e Bourbon en ces termes: ”... nous voulons que dans ces foires tous e t chacun, marchands e t non-marchands, puissent venir, partir, s ’arrêter, demeurer, converser, acheter, avec leurs choses e t bien tranquillement, librem ent e t sûrement... ”
C ’était en 1392. Déjà Martigny, par sa position géographique sans d o u te e t le sens du com m erce de ses habitants, créait le perm ier Comptoir.
E t puis le C om ptoir c ’est aussi e t avant to u t une occasion d e rencontres e t de contacts. A u x côtés des affaires, il y a le besoin de l ’h om m e d ’aller à la rencontre d e l ’h om m e dans une société où chacun a trop tendance à vivre en vase clos. Dans l ’atm osphère déten due e t amicale qui règne dans les halles, on se sent pro che de son semblable, le visiteurs que l ’on cotoie ne reste pas longtem ps un inconnu, les relations amicales se créent avec facilité. E t année après année, l ’ép o que du C om ptoir devient celle des ami tiés retrouvées. C ’est le rôle social d e la foire e t Martigny de par ses dimensions à la taille de l ’homme, de par son am biance à nulle autre pareille, réunit les conditions nécessaires à ces relations si indispensables à l ’hom m e moderne. Oui, le C om ptoir d e Martigny a un ave nir, nous y croyons plus que jamais.
R aph y Darbellay Président du Comptoir.