Progrèsenurologie(2018)28,973—979
Disponibleenlignesur
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
REVUE DE LA LITTÉRATURE
Sédentarité et incontinence urinaire chez la femme : une revue de littérature
Sedentary lifestyle and urinary incontinence in women: A literature review
B. Steenstrup
a,∗, E. Le Rumeur
b, S. Moreau
c, J.N. Cornu
aaServiced’urologie,CHUCharlesNicolle,1,ruedeGermont,76000Rouen,France
bCabinetderééducation,2,rueLyautey,75016Paris,France
cCabinetderééducation,71,boulevarddeSébastopol,75002Paris,France
Rec¸ule20f´evrier2018 ;acceptéle19juillet2018 DisponiblesurInternetle8aoˆut2018
MOTSCLÉS Femmes; Incontinence urinaire; Sédentarité; Comportement sédentaire; Styledevie sédentaire; Activitéphysique; Exercice;
Sport
Résumé
Objectif.—Lasédentaritéestdéfinieparuneinsuffisanced’activitésmobilisatricesrégulières danslesactivitésdelaviequotidienne.L’objectifdecetravailétaitderassemblerlesdonnées concernantlelienpotentielentresédentaritéetincontinenceurinairechezlafemme.
Méthode.—Unerevuedelittérature(basesdedonnéesPubmed/MEDLINE)àpartirdesmots clés : femmes, incontinence urinaire, sédentarité, comportement sédentaire, style de vie sédentaire,activitéphysique,exercice,sport,surlapériode2008—2018aétéréalisée.
Résultats.—Cinqétudestransversalesobservationnellesontétéanalysées.Lesdonnéesétaient globalementenfaveurd’unlienentrecomportementsédentaireetincontinenceurinairechez lafemme.Plusieursfacteursconfondantspotentiels(âge,indicedemassecorporelle,comor- bidités,environnementsocio-familial)ontétéidentifiésdanslalittérature. Lesmécanismes physiopathologiquesrestentmalétablisincluantpotentiellementlesfacteursmétaboliques,les facteursposturaux,lesdysfonctionsmusculaires.Peud’articlesrespectaientladéfinitionstricte delasédentarité,etaucuneétudeprospectiveétudiantleliendecausalitéentresédentarité àmoyenoulongtermen’aétémiseenévidence.
Conclusion.—Les donnéeslimitéesdisponibles dansla littérature semblentindiquer que la sédentaritéestunfacteurderisqued’incontinenceurinaireféminine.Denombreuxfacteurs confondantsontétéidentifiés,justifiantdesétudescomplémentairesétudiantplusprécisément leliendecausalitéentresédentaritéetincontinenceurinairechezlafemme.
©2018ElsevierMassonSAS.Tousdroitsr´eserv´es.
∗Auteurcorrespondant.
Adressee-mail:benoit.steenstrup@orange.fr(B.Steenstrup).
https://doi.org/10.1016/j.purol.2018.07.006
1166-7087/©2018ElsevierMassonSAS.Tousdroitsr´eserv´es.
KEYWORDS Women;
Urinaryincontinence;
Sedentary;
Sedentarybehaviour;
Sedentarylifestyle;
Physicalactivity;
Exercice;
Sport
Summary
Aim.—Thesedentarylifestyleisdefinedbyalackofregularmobilizingactivitiesintheacti- vitiesofdailylife.Thepurposeofthisworkwastogatherdata relatedtothepotentiallink betweenurinaryincontinenceandsedentarylifestyleinwomen.
Method.—A literature review (Pubmed/MEDLINE databases) based on keywords: women;
urinary incontinence; sedentary; sedentary behavior; sedentary lifestyle; physical activity;
exercise;sport,overtheperiod2008—2018wascarriedout.
Results.—Fivecross-sectionalobservationalstudieswereanalyzed.Overall,thedatasuppor- tedalinkbetweensedentarybehaviorandurinaryincontinenceinwomen.Severalpotential confoundingfactors(age,bodymassindex,comorbidities,lowersocio-familialsupport)have beenidentifiedintheliterature. Pathophysiologicalmechanisms remainpoorlyestablished, potentiallyincludingmetabolicfactors,posturalfactorsandmuscledysfunctions.Fewarticles respectedthestrictdefinitionofsedentarylifestyle,andnoprospectivestudyinvestigatingthe causallinkbetweenmeddleorlong-termsedentarywashighlighted.
Conclusion.—Thelimiteddataavailableintheliteraturesuggeststhatsedentarylifestyleisa riskfactorforfemaleurinaryincontinence.Manyconfoundingfactorshavebeenidentified,jus- tifyingfurtherstudiesevaluatingmorespecificallythecausallinkbetweensedentarylifestyle andurinaryincontinenceinwomen.
©2018ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.
Introduction
Lecomportementsédentaire(dulatinsedere,«êtreassis») est défini par toute activité éveillée dont la dépense énergétiqueest=1500équivalentmétaboliqueparsemaine (METs) au cours desquelles la posture assise ou couchée est dominante (Sedentary Behaviour Research Network) [1].Lasédentaritéestainsicaractériséeparl’insuffisance d’activitésmobilisatricesrégulièresdanslesactivitésdela vie quotidienne. Cette notion est différente de celle du défautd’activité physique,définiparl’OMScommemoins de150mnd’activitéphysique(AP)parsemaine,cequicor- respond à une dépense énergétique de 600 à 1200 METs selon les individus et l’AP pratiquée (www.who.int.hpr).
Lamesure du comportementsédentaire peut être réalisé de manière subjective et qualitative à l’aide de ques- tionnaires [2,3]. Comme pour le calendrier mictionnel, un calendrier d’activité permet d’identifier les moments consacrés aux activités sédentaires [4]. Les méthodesde mesureobjectivesfontsouventappel àdes compteursde mouvements.Placéssurlahanche,ilspermettentdecomp- tabiliserl’accélérationverticaledubassinpourunepériode donnée. L’utilisation d’un inclinomètre permet en outre demesurer le temps passé assis, debout ouallongé. Une combinaisondesdifférentesmesures(objectivesetsubjec- tives) est le plus souvent utilisée. Lasédentarité est une problématique de santé publique pour l’OMS, qui estime que 60 à 85 % de la population mondiale a un mode de vie sédentaire. La sédentarité est associée à un risque majoré de mortalité toutes causes (HR 1,24 [IC à 95 % de1,09—1,41]) [5], de mortalité parcancer (HR1,17 [IC à 95 % de 1,11—1,24]), d’incidence de cancer (HR 1,13 [IC à 95 % de 1,05—1,21]), de diabète type 2 (HR 1,91
[IC95 % 1,64—2,22]),maisaussi d’obésité, d’hypertension artérielle,d’ostéoporose,detroubleslipidiques,dedépres- sionetd’anxiété.Le comportementsédentairedoublerait lerisquedemaladiescardiovasculaires.Enfin,desauteurs soulignent l’impact plus délétère sur la santé du temps passédevantlatélévision(tempspassif),comparativement au temps passé à la lecture ou sur les réseaux sociaux, cognitivement plus actifs [6]. À ce jour, les mécanismes parlesquels le comportementsédentaire auneffet délé- tèresurlasantérestentàdéterminer[7].Peudedonnées sontdisponiblesconcernantl’associationentresédentarité etincontinenceurinaire (IU)chezlafemme.L’objectifde cette revue de la littérature est de rassembler les don- nées récentes concernantle lien entresédentarité etIU, ainsi que les éventuelles hypothèses physiopathologiques sous-jacentes qui pourraient expliquer que la sédentarité participeàlagenèsedel’IU.
Objectif
Àl’aided’unerevuedelittérature,noussouhaitonsdéter- miners’ilexisteunlien entresédentarité etincontinence urinairechezlafemme.
Méthode
Une revue delittérature 2008/2018 a été menée à partir delabasededonnéesPubMedparMeSHTermsenutilisant les mots clés : femmes, incontinence urinaire, sédenta- rité,comportementsédentaire,styledeviesédentaire,afin d’identifierlesarticlesabordantlathématiquedel’IUdans
Sédentaritéetincontinenceurinairechezlafemme:unerevuedelittérature 975 les populations sédentaires féminines. Une sous revue a
étémenéeàpartirdesréférencesdesarticlesinitialement sélectionnésafind’identifierlestextesabordantlathéma- tique de l’IU etle niveau d’activité physique enutilisant lesmotscléscomplémentairessuivants:activitéphysique, exercice,sport.
Résultats
Une totalité de 33 articles ont été identifiés. Un article étaitjugépertinents’ilévaluaitunepopulationdefemmes présentant uneincontinenceurinaire respectantla termi- nologiedel’ICS,unniveaudesédentaritéet/ouunniveau d’activitéphysiqueàl’aided’aumoinsl’undesdeuxoutils recommandés par le Sedentary Behaviour Research Net- work. Sur ces critères, 5 articles ont été sélectionnés et inclusdans la synthèsefinale. L’ensemble des étudesque nousprésentonssontdesétudesobservationnellestransver- sales.LesdonnéessontsynthétiséesdansleTableau1.
En 2012, dans étude chez 300 femmes de population générale (âge62,1±7,8),Lee etal.ontretrouvéàl’aide dequestionnairesuneprévalencedel’IUde35,4%chezles sujetssédentaires versus 25,3% chezlessujets quiprati- quaientunemarcherégulière[8].Danscetteétude,23,6% defemmesIUprésentaientuneIUparurgenturie.Lesrésul- tatsconfirmaientl’associationinverseentrelasédentarité, mesuréeparlamarcherégulière,etl’IU.Ilsontretrouvéun risquerelatifde0,43 (ICà 95%0,20,0,96)encomparant lesmarcheusesfréquentes(marchesoutenueplusieursfois parsemaine>1000METs)parrapportauxparticipantesdéfi- niescommesédentaires(p=0,040).Lesauteursconcluaient quelamarcherégulière,ouuneAPéquivalented’aumoins 5heures/s,semblaitprotectricescontrel’IU.Cependantle niveaudesédentaritén’étaitpasdéfiniselonlesrecomman- dationsduSedentaryBehaviourResearchNetwork,maispar rapportàl’absencedemarcherégulière.
En 2015, Da Roza et al. ont comparé les niveaux d’activité physique et sportive (APS) dans une popu- lation de 81 jeunes femmes (âge 24,9±4,5) à l’aide d’accéléromètre [9]. Les auteurs ont retrouvé une pré- valence d’IU de 14,5 % dans le groupe sédentaire et de 11,6 % dans le groupe activité physique modérée (149,5±33,5mn/semaine)(p=0,019).On noteégalement unevaleurplusfaiblede13,5%d’urgenturieschezdesspor- tivesintenses(757,6±404,8mn/s).Lesauteursconcluaient qu’ilseraitbénéfiquepourl’IUdepratiqueruneAPSmodé- rée.Cependant,danscetteétude,leniveaudesédentarité définie par un seuil d’APS<30 mn/jour parquestionnaire ne correspondait pas aux recommandations du Sedentary BehaviourResearchNetwork.
En2015,Menezesetal.ontrapportélesrésultatschez 19femmes(âge69,32±6,0),avecunemesureobjectivedu niveaudemobilisationquotidienneparaccéléromètre(acti- vitésédentaire<100mn)associéàunquestionnaireICIQSF [10].Lafréquence(p=0,011)del’IUquotidienneétaitasso- ciéeàdefaiblesniveauxd’activitésphysiquesmaispasla sévérité(p=0,144nonsignificatif).Pourl’auteurencequi concerne la taille de l’effet,43,1 % de la variabilitédes niveauxdemobilisationquotidiennepeutêtreexpliquépar la fréquencedel’IU. Dans cetteétude defaiblecohorte,
c’estbienleniveaud’activitémobilisatricequotidiennequi aétéévalué.
En2017,Leirós-Rodríguezetal.observaientunepopula- tionde638femmes(âge72,2±8,1ans)àpartirdesdonnées de l’European Health Survey de 2014 [11]. L’enquête n’évaluait l’IU que par une seule question : Avez-vous des fuites urinaires ou des problèmes de contrôle des urines? Le niveaud’activité mobilisatrice quotidien était la seule variable qui identifiait le groupe de femmes IU versus contrôle (p<0,001). Les femmes qui pratiquaient uneactivitéphysiqueoccasionnelle etmarchaient plusde 120mnparjourprésentaientuneincidenceplusfaibled’IU.
Au total, 75 % des sujets IU présentaient un IMC élevé.
Lesauteurs concluaient à une forte relation entre l’IMC, l’environnement socio-familial, le comportement séden- taire et la prévalence de l’IU. Cependant, le niveau de mobilisation quotidienne défini par les auteurs, pour les 468femmesdugroupe«sédentaire»,étaituneactivitéphy- siqueoccasionnelleetunminimumde120mndemarchepar jourrapportésparquestionnaire.Cesdonnéesnecorrespon- daient pas aux recommandations du Sedentary Behaviour ResearchNetwork.
En 2018, Chu et al. relataient les résultats dans une population de 35 femmes (âge 71±(64—97)) placées en institution [12].Le niveaude sédentarité était définipar questionnaire+accéléromètre, en concordance avec les recommandations du Sedentary Behaviour Research Net- work. Toutes les femmes présentaient un haut niveaude sédentarité(tempssédentaire moyen74 %(54—89 %)soit plus de 8h (493,4 mn)), et un indice de masse corpo- relle élevé (30,4±7,47). Au total, 50 % présententaient une incontinence urinaire mixte et, chez 41,2 % d’entre elles, les auteurs ont retrouvé une IU par urgenturie. Le nombredepasétaitsignificativement plusfaiblechezles sujets IU : 2,8 vs. 19 (p=0,003), et le nombre de METs également(5,9vs.20,8(p=0,04)).Uneaugmentationsigni- ficativedel’utilisationdeprotectionschezlessujetslesplus sédentairesparrapportauxsujetspratiquantsuneactivité mobilisatriceaétéretrouvée(p=0,04).Leniveaudeséden- taritéétait associéà des scores denycturies etd’IU plus sévère (p=0,001, p=0,02). L’association entreune faible sévéritéd’hyperactivitévésicale(HAV) etunfaibleniveau desédentaritéfrôlelasignificativité(p=0,06).Lesauteurs concluaientquechezlesfemmesâgéesplacéeseninstitu- tion,unniveaubasdeMETsestassociéàlasévéritédel’IU.
Lecomportementsédentaireseraitunconceptquidevrait être pris en compte dans les symptômes du bas appareil urinaire.
Discussion
Problème de la définition de l’IU/IUE/IUU
L’incontinence urinaire à l’effort survient par dysfonc- tionnements des structures musculaires de la continence lors d’une hyperpression abdominale±conjointe à une altérationdes structuresfasciales.L’incontinenceurinaire par urgenturie (IUU) se définie t-elle, par la présence complémentaire d’une hyperpression vésicale d’origine psychogène ou somatique. Dans une étude par question- nairechez1216femmes,Coynearapportéquelesfemmes
B.Steenstrupetal.
Tableau1 Donnéesdesétudesretenues.
Référence n Âge IMC Social Méthode
d’évaluation
Mesure Objective
Prévalence IUSvs.NS
pvalue
Lee,2012 Japon
298 Âge:62,1±7,8
IMC:22,2(3,6)(C) IMC:24,4(3,7)(UI) Populationgénérale
IPAQ ICIQSF
Non 35,4%(S)
25,3%(NS)
p=,0,040
DaRoza,2014 Portugal
81 Âge:21,4±3,3
IMC:21,8±2,7(S) IMC:21,6±2,4(NS) Étudiantes
APS13itemsICIQ SF
Accéléromètre ICIQscore=5,1±2,3 (S)
ICIQscore=3,6±0,9 (NS)
p=,0,019
Ménézes,2015 Brésil
19 Âge:69,32±6,0
Retraitéesactives
Questionnaire Accéléromètre Svs.NS:F=6,050 p=,0,011 Leirós-Rodríguez,
2017 Espagne
638 Âge:72,8±8,2
IMC:26±2,9(C) IMC:27±3,5(UI) Populationgénérale
Questionnaire Non 73,4%(S)
26,6%(NS)
p<,0,001
CHU,2018 États-Unis
35 Âge:71(64—97)
IMC:30,4±7,47 Populationgénérale
Questionnaire ICIQSF IRUQ PASE
Accéléromètre Protection
42,9%(S) 28,6%(NS)
p=,0,04
IMC:indicedemassecorporelle;S:sédentaire;NS:nonsédentaire;IU:incontinenceurinaire;C:continenceurinaire.
Sédentaritéetincontinenceurinairechezlafemme:unerevuedelittérature 977 HAV présentaient un IMC et un niveau de sédentarité
significativementplusélevéqu’unepopulationcontrôlenon HAV.Letempspasséenpositionassiseétaitledoublechez lesfemmesHAVvs.contrôle(moyenne6,9—3,4;p<0,001) [13].Parlasuite,dansleurrevuedelittérature,McGrother etal.ontretrouvéquel’âgeetlefaibleniveaud’activité physique et/ou le comportement sédentaire seraient les seulsfacteursderisquedirectsliésdemanièreprospective au syndromed’HAV[14].Cesdonnéessontrenforcées par les résultats de Lee etal. qui retrouvaient 23,6 % d’HAV dansune populationdefemmes soixantenaires,etdeChu et al. qui retrouvaient 91,2 % d’HAV dans une popula- tion fortement sédentaire selon les recommandations du SedentaryBehaviourResearch.
Physiopathologie de l’incontinence urinaire chez les populations sédentaires
Onneretrouvepasencoredanslalittératured’hypothèses physiopathologiquesclairesetdéfinitivessurlelienentreIU etsédentarité.L’incontinenceurinaireestmultifactorielle.
Lesfacteursderisquereconnussont:l’âge,lesexe,latoux chronique,la constipation,les facteurs comportementaux etl’environnement socio-familial. On retrouveégalement certainespathologiesassociéesetleseffetssecondairesliés àleurstraitements,lagrossesseetlenombredegrossesse, le mode d’accouchement, lesdysfonctions des structures musculairesresponsablesdela continence,laménopause, l’hystérectomie, l’IMC, les infections urinaires, les défi- citscognitifset/oufonctionnels[15].Sinousanalysonsces facteursderisque,l’altérationdesfascias,lesexe,laméno- pause,lestatutdeparitéetlemoded’accouchementainsi quel’hystérectomiesemblentpeuliésàlasédentarité.Nous voyonsfinalementapparaître5facteursderisquequipour- raientêtreliésàlasédentarité:
• âge;
• facteursmétaboliques;
• dysfonctions desstructuresmusculairesresponsablesde lacontinence;
• facteurpostural;
• facteurssociauxetenvironnementaux.
Âge
Laprévalencedel’IU,quiestlaprobabilitéd’avoir uneIU dans unepopulationdonnée, àunmomentpréalablement défini,augmenteavecl’âge[16].Après70ans,onretrouve uneco-existencedel’IUaveclescomorbiditésliéesàl’âge etlesdéficitscognitifs, maisaussi ladiminutiondemobi- litéencasd’HAV[17].Lecomportementsédentaireserait plusimportantchezlespersonnesâgée (>65ans)[18,19].
Deuxétudesrapportentuneaugmentationnonsignificative dulienentrelecomportementsédentaireetl’IUavecl’âge [8,11].Ilmanquedesétudeslongitudinalesoudecohortes pluslargesentailled’âge.
Facteurs métaboliques
Les facteurs métaboliques sont des facteurs de risque reconnu d’IU. Ces comorbidités sont retrouvées en pré- valence plus importante dans les populations sédentaires commedanslespopulationsobèsesouensurpoidsdéjàévo- quéesplushaut.Cesélémentspourraientrenforcerlelien
probableentreIUetcomportementsédentaire.Cependant, en2013,Hsumontrechez447sujetsâgéseninstitutionque l’incontinenceurinaire resteindépendantedelaprésence d’unecomorbiditétellequelediabète.C’estl’inaptitudeà ladéambulationetautransfertautonomequiestunfacteur prédictifd’UI[20].Troisétudesrapportentl’augmentation dulien entrecomportementsédentaire etl’IU avecl’IMC [8,9,11].
Dysfonctions des structures musculaires responsables de la continence
D’une part, un lien entre syndrome métabolique et alté- rationdusystèmenerveuxautonomeaétéévoquécomme facteur physiopathologique et/ou étio-pathogénique de l’hyperactivité vésicale [21]. D’autre part, le comporte- ment sédentaire, parce qu’il est synonyme de moindres contractionsdes musclessquelettiques, peut-êtrerespon- sabled’altérationducontrôlemoteur[22].Parexemple,les patientsinsuffisantscardiaquesprésententuneréductiondu pourcentagedefibredetype1(musclesposturauxàméta- bolismeoxydatif,cequiestégalementlecasdesmusclesdu plancherpelvien),uneréductiond’enzymesoxydatives,de densitéenmitochondriesetencapillaires[23]conduisant à un déconditionnement des muscles locomoteurs (bas- sin+membres inférieurs) [24]. Même si l’activation des musclesduplancherpelvienestretrouvéelorsdelamarche, aucunarticledenotrerevuedelittératuren’évoquecette physiopathologie.
Facteur postural
Ladéfinitionmêmedelasédentaritémentionnelaposition dominantestatiqueassiselorsdel’activitéprofessionnelle oudeloisir.Sidestravauxontmontrélacorrélationentrela positionassiseetunemoinsbonnesantégénéralequedes populationstémoins [25,26], personneà ce jour n’a éva- luélacorrélationpossibleentrelapositionassiseetl’IU.Le lienéventuelentrealtérationdesfasciaspelvienetposition assisen’apasnonplusétéétudié.Sapsfordretrouveunlien entrelaqualité delapositionassise(enflexionouexten- sionlombaire),l’activationdesmusclesduplancherpelvien etdutransverseabdominal,etl’IU[27].Ilsembleraitdonc bienqu’unehygièneposturalerégulièreenpositiondebout commeenpositionassisesoitunfacteurfavorablepourles structuresmusculairesimpliquéesdans lesmécanismesde lacontinence.Dansnotrerevue,uneseuleétudeprenden comptelapositionassise[11],et4prennentencomptela marche[8,10—12]dansleursrésultats.
Facteurs sociaux & environnementaux
Les Franc¸ais passent en moyenne 4heures et 38minutes assis par jour (3489 sujets âgés de 15 à 75 ans) [28] et 12 % des Franc¸ais passent plus de 8h30 assis par jour (Eurobaromètre2013). Une étudefranc¸aiserécenteréali- séepar l’accéléromètre[29] aévaluéà 7heures parjour le temps moyen de sédentarité, soit 52,8 % du temps d’enregistrementquotidien. Chezlesujet âgé,laposition assise est en moyenne évaluée à 8,5—9,6heures. Ainsi,
«lasédentaritéreprésenteraitenvironlamoitiédutemps éveillé del’adulte ». L’OMS recommandeun minimumde 150mnd’activitéphysiqueparsemaine,cequicorrespond
à une dépenseénergétique de 600 à 1200 METs selon les individusetl’activitéphysiquepratiquée. Parexemple,la courseàpiedavecdeuxsortiesde30mn/scorrespondàune dépenseénergétiquede480METs. Iln’existepastoujours unlien entrele niveaud’activité physique etla sédenta- rité[1,30] : nous pouvons être sédentaire etsportif à la fois ! Même si quelques essais cliniques ont montré que l’activitéphysique modérée pouvaitavoir uneffet positif surlestatut decontinence[31,32], Chuetal.présentent leniveaudesédentaritécommeunfacteurderisqueindé- pendantdel’IU[12].L’incontinenceurinaireestresponsable d’altérationdelaqualitédevie[33],avecunimpactsocial significatifassociéeauxrestrictionsd’activitésetdepartici- pation[34].Ainsi,chezlapersonneâgée,Priceconstateque lefaitd’êtreincluseninstitutionestunfacteurderisque d’IU[35].Ilyadiminutiondesactivités(tâchesménagères, activitésliéesàl’alimentation,àl’hygiène)etrestrictionde participationssociales,deloisiretprofessionnelles.Cesres- trictionsvontdeplusrenforcerune«sédentaritéurinaire» (pas dedéplacements=proximité constante des toilettes, modificationdes apportshydriques). Hirayamasuggère en 2013qu’uneAP danslesgestesdelaviequotidiennepeut modérerledéveloppementd’uneIU[36].Dansnotrerevue de littérature, l’étude de Leirós-Rodríguez et al. retrou- vaientquelessujetsIUont5foisplustendanceàpercevoir unemauvaisesituationsocio-familialequelegroupeasymp- tomatique[11].
Biais
L’étudedulienentrel’IUetlasédentaritéresteuneanalyse difficilecardenombreuxfacteursconfondantsontétéiden- tifiés:obésité/surpoids/âge/comorbidités.L’hétérogénéité desméthodesd’évaluationdelasédentarité,commedel’IU danslesétudespubliéesàcejour,estunproblèmemajeur pourobtenirdesrésultatssatisfaisants.Enfinilmanquedes donnéeslongitudinales permettantd’observer à moyenet longtermelarelationentreâge,IMC,sédentarité,etsymp- tômesurinaires.
Conclusion
Lasédentarité est définie parune insuffisanced’activités mobilisatrices régulière dans les activités de la vie quo- tidienne. Le comportement sédentaire est différent de l’inactivitéphysique,quisedéfinieparl’insuffisancedepra- tiqued’uneactivitéphysiqueselonlesrecommandationsde l’OMS.Lesrésultatsdecetterevuedelittératuremontrent globalement un lien entre comportement sédentaire et incontinence urinaire chez la femme. Plusieurs facteurs confondants potentiels (âge, indice de masse corporelle, comorbidités,environnement socio-familial)ont étéiden- tifiés.Lesmécanismesphysiopathologiques quipourraient expliquerquelasédentaritésoitunfacteurparticipantàla genèsedel’IUrestentmalétablis.Ilsinclueraientpotentiel- lementlesfacteursposturaux,lesdysfonctionsmusculaires, ouencore les facteurs socio-environnementaux, avecune implicationprobabledel’HAV.Desétudesplusnombreuses, réaliséesavec lesbons critères d’objectivationdu niveau desédentarité,surdespopulationsplusdiverses,devraient
êtremenées,étudiantplusprécisémentleliendecausalité entresédentaritéetincontinenceurinaire.
Déclaration de liens d’intérêts
Lesauteursdéclarentnepasavoirdeliensd’intérêts.
Références
[1]BarnesJ,BehrensTK,BendenME,BiddleS,BondD,Brassard P,et al.Lettertotheeditor:standardizeduseoftheterms
‘‘sedentary’’and‘‘sedentarybehaviours’’.ApplPhysiolNutr Metab2012;37(3):540—2.
[2]Busschaert C,et al. Reliability and validity of three ques- tionnairesmeasuringcontextspecificsedentarybehaviourand associatedcorrelatesinadolescents,adultsandolderadults.
IntJBehavNutrPhysAct2015;12:117.
[3]WijndaeleK, DEBI,GodinoJG,Lynch BM,GriffinSJ, West- gate K, et al. Reliability and validity of a domain-specific last7-d sedentarytimequestionnaire. MedSciSportsExerc 2014;46(6):1248—60.
[4]DeRezendeLF,Rey-LopezJP,MatsudoVK,DoCarmo-LuizO.
Sedentarybehaviorandhealthoutcomesamongolderadults:
asystematicreview.BMCPublicHealth2014;14:333.
[5]OwenN,SugiyamaT,EakinEE,GardinerPA,TremblayMS,Sallis JF.Adults’sedentarybehaviordeterminantsandinterventions.
AmJPrevMed2011;41(2):189—96.
[6]CopelandJL,AsheMC,BiddleSJ,BrownWJ,BumanMP,Chastin S,etal.Sedentarytimeinolderadults:acriticalreviewof measurement,associationswithhealth,andinterventions.Br JSportsMed2017;51(21):1539.
[7]GianoudisJ,BaileyCA,DalyRM.Associationsbetweenseden- tarybehaviour and body composition, muscle function and sarcopeniaincommunity-dwellingolderadults.OsteoporosInt 2015;26:571—9.
[8]Lee AH, Hirayama F. Physical activity and urinary inconti- nenceinolderadults:a community-basedstudy.CurrAging Sci2012;5(1):35—40.
[9]DaRozaT, BrandãoS,Mascarenhas T,Jorge RN,Duarte JA.
Urinaryincontinenceandlevelsofregularphysicalexercisein youngwomen.IntJSportsMed2015;36(9):77680.
[10]MenezesEC,VirtuosoJF,MazoGZ.Olderwomenwithurinary incontinencepresentlessphysicalactivitylevelusual.RevBras CineantropomDesempenhoHum2015;17(5):612620.
[11]Leirós-RodríguezR, Romo-PérezV,García-SoidánJL. Urinary incontinenceintheSpanishelderly:prevalenceandriskfac- tors.JNovPhysiother2017;7:6.
[12]Chu CM, Khanijow KD, Schmitz KH, Newman DK, Arya LA, Harvie HS. Physical activity patterns and sedentary behavior in older women with urinary incontinence: an accelerometer-based study. Female Pelvic Med Reconstr Surg2018,http://dx.doi.org/10.1097/SPV0000000000000552 [Epubaheadofprint].
[13]CoyneKS, Sexton CC,Clemens JQ, Thompson CL,Chen CI, Bavendam T, et al. The impact of OAB on physical acti- vity in the United States: results from OAB-POLL. Urology 2013;82(4):799—806.
[14]McGrotherCW,DonaldsonMM,ThompsonJ,WaggA,TincellDG, ManktelowBN.Etiologyofoveractivebladder:adietandlife- stylemodelfordiabetesandobesityinolderwomen.Neurourol Urodyn2012;31:487—95.
[15]QaseemA,DallasP,ForcieaMA,StarkeyM,DenbergTD,She- kelleP,etal.Non-surgicalmanagementofurinaryincontinence inwomen:aclinicalpracticeguidelinefromtheAmericanCol- legeofPhysicians.AnnInternMed2014;161(6):429—40.
Sédentaritéetincontinenceurinairechezlafemme:unerevuedelittérature 979 [16] Markland AD, Richter HE, Fwu C-W, Eggers P, Kusek JW.
Prevalence and trends of urinary incontinence in adults in the United States, 2001 to 2008. J Urol 2011;186(2):
589—93.
[17] FritelX,LachalL,CassouB,FauconnierA,DargentMolinaP.
Mobilityimpairmentisassociatedwithurgebutnotstressuri- naryincontinenceincommunity-dwellingolderwomen:results fromtheOssébostudyBJOG2013;120(12):1566—72.
[18] GennusoKP,GangnonRE,MatthewsCE,etal.Sedentarybeha- vior,physicalactivity,andmarkersofhealthinolderadults.
MedSciSportsExerc2013;45:1493—500.
[19] VanCauwenbergJ,VanHolleV,DeBourdeaudhuijI,etal.Older adults’reportingofspecificsedentarybehaviors:validityand reliability.BMCPublicHealth2014;14:734.
[20] Hsu A, Conell-Price J, Stijacic Cenzer I, Eng C, Huang AJ, Rice-Trumble K, et al. Predictors of urinary inconti- nenceincommunitydwellingfrailolderadultswithdiabetes mellitus in a cross-sectional study. BMC Geriatrics 2014;
14:137.
[21] AmarencoG,SerikofA,Chartier-KastlerE,GriseP,FattonB, BruyèreF, et al. Troubles vésico-sphinctériens et syndrome métabolique.MedMalMetab2015;9(6):610—3.
[22] AadlandE,AndersenJR,AnderssenSA,KvalheimOM.Physical activityversussedentarybehavior:associationswithLipopro- teinparticlesubclassconcentrations inhealthyadults.PLoS ONE2013;8(12):e85223.
[23] HaykowskyMJ,TomczakCR,ScottJM,PatersonDI,KitzmanDW.
Determinantsofexerciseintoleranceinpatientswithheartfai- lureandreducedorpreservedejectionfraction.JApplPhysiol 2015;119(6):739—44.
[24] Keller-RossML,JohnsonBD, CarterRE,JoynerMJ,Eisenach JH, Curry TB, et al. Improved ventilatory efficiency with locomotor muscle afferent inhibition is strongly associated withlegcompositioninheartfailure.IntJCardiol2016;202:
159—66.
[25] OwenN,HealyGN,MatthewsCE,DunstanDW.Toomuchsitting:
thepopulation health scienceof sedentary behavior. Exerc SportSciRev2010;38(3):105—13.
[26]Gardiner PA, Eakin EG, Healy GN, Owen N. Feasibility of reducing older adults’ sedentary time. Am J Prev Med 2011;41:174—7.
[27]Sapsford RR, Richardson CA, Maher CF, Franzco G, Hodges PW. Pelvicfloormuscle activityin differentsittingpostures in continent and incontinent women. Arch Phys Med Rehab 2008;89(9):1741—7.
[28]EscalonH,BeckF,BossardC.Connectionbetweentheknow- ledgeoftherecommendationsoftheNationalNutritionand HealthProgramandpatternsofeatingbehaviourandphysical activity.RevEpidemiolSantePublique2013;61(1):37—47.
[29]OppertJM.Sédentarité,inactivitéphysiqueetobésité.In:Bas- devantA, Bouillot JL, ClementK, et al.,editors.Traité de médecineetchirurgiedel’obésité.MédecineSciencesLavoi- sier;2011.p.111—7.
[30]Inoue S, Sugiyama T, Takamiya T, et al. Television viewing timeisassociatedwithoverweight/obesityamongolderadults, independentofmeetingphysicalactivityandhealthguidelines.
JEpidemiol2012;22:50—6.
[31]VinsnesAG,HelbostadJL,NyrønningS,etal.Effectofphysical trainingonurinaryincontinence:arandomizedparallelgroup trialinnursinghomes.ClinIntervAging2012;7:45—50.
[32]Steenstrup B, BehagueL, Quehen M.Rééducation posturale aveclejeuvirtuelWii® enpelvipérinéologie:pourquoipas? KinesitherRev2015;15(160):45—50.
[33]LosadaL, AmundsenCL,Ashton-MillerJ,etal.Expertpanel recommendations on lower urinary tract health of women acrosstheirlifespan.JWomensHealth2016;25(11):1086—96.
[34]MinassianVA,DevoreE,HaganK,GrodsteinF.Severityofuri- naryincontinenceand effectonqualityoflifeinwomen by incontinencetype.ObstetGynecol2013;121:108335.
[35]PriceN,DawoodR,JacksonSR.Pelvicfloorexerciseforuri- nary incontinence: asystematic literaturereview.Maturitas 2010;67:309—15.
[36]Hirayama F, Lee AH. Preventive factors for urinary incon- tinence. In: Chung E, editor. Urinary Incontinence: Causes, Epidemiologyand Treatment.NewYork:NovaSciencePubli- shers;2013.p.63—70.