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Karsenty , C. Bastide , L. Guy , F. Bruyeres G. Conflict of interests Le conflit d’intérêts

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Le conflit d’intérêts

Conflict of interests

G. Karsenty

a,b,∗

, C. Bastide

a,c

, L. Guy

d

, F. Bruyeres

e

aAix-Marseilleuniversité,13284Marseille,France

bUrologieettransplantationrénale,hôpitaldeLaConception,AP—HM,147,boulevard Baille,13385Marseillecedex05,France

cUrologie,hôpitalNord,AP—HM,chemindesBourrely,13915Marseillecedex20,France

dUrologie,CHUGabriel-Montpied,58,rueMontalembert,63003Clermont-Ferrandcedex1, France

eUrologie,universitédeTours,CHRUBretonneau,2,boulevardTonnellé,37044Tours,France

Rec¸ule15septembre2013;acceptéle16septembre2013

MOTSCLÉS Conflitd’intérêt; Médicament; Compagnies pharmaceutiques; Biais;

Sécuritédupatient

Résumé

But.—Définirlanotiondeconflitd’intérêts(CoIs)engénéral,dansledomainebiomédicalet danslarelationmédecin-industriepharmaceutique(RMIP)enparticulier.Connaîtrel’impact duCoIliéàlaRMIPsurlesactivitésdesoin,derechercheetd’enseignementenmédecineet plusspécifiquementenurologie.Exposerlesmoyensproposéspourlimitercetimpact.

Méthode.—RecherchebibliographiqueutilisantlalittératuregriseviaGooglepouraffinerla définitionduCOIetl’outilPubMedaveclestermesconflictofinteresteturology.

Résultats.—Un médecinouunchercheur dansledomainemédicalestensituationde CoIs chaquefoisquesonjugement, normalementauservice exclusifdelasantédupatient, est influencéoupourraitl’êtrepardesintérêtssecondaires,qu’ilssoientfinanciersounonfinan- ciers.Ces situationsexistent en urologie comme dansle reste de la médecine et peuvent influencerlespratiquesdesoinetlaproductionscientifique.Ellessurviennentsouvent,mais pasexclusivementdanslecontextedelaRMIP.Laprisedeconsciencedela nécessitéd’une gestiondesCoIsestrécente.Troisaxesdepréventionexistent:latransparence,larégulation etlarestriction.

Conclusions.—LesRMIPsontinévitables.Ellesrevêtentaumoinsquatreaspects:la promo- tion pharmaceutique, la participation à la formation médicalele partenariatde recherche et l’expertise. Elles sont, au moins dans le cas des partenariats de recherche, indis- pensables audéveloppement de nouveaux traitements efficaces et en principe bénéfiques à l’objet premier de l’activité médicale qu’est l’amélioration de la santé à l’échelle individuelle et collective. Dans tous les cas, ces relations engendrent des situations

Auteurcorrespondant.

Adressee-mail:gilles.karsenty@ap-hm.fr(G.Karsenty).

1166-7087/$seefrontmatter©2013PubliéparElsevierMassonSAS.

http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2013.09.012

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deCoIsinhérent(inévitable).Pourautant,l’existenced’unrisquenedébouchepassystéma- tiquementsurundévoiementinconscient(influence)ouconscient(corruption)delapriseen chargethérapeutique,del’activitéderecherche,ouducontenudesrecommandationsetavis d’experts.Desdispositifsderégulationsontindispensables.Uneapprocheexclusivementpro- hibitionnisteseraitinadaptée.Desactionsconjointesd’éducationdesmédecins,deplusgrande transparence,derégulationéthiqueetdelimitationscibléesmisesenœuvreaveclessociétés savantespourraientrépondreàlaproblématiquedesCoIsliésauxRMIP.

©2013PubliéparElsevierMassonSAS.

KEYWORDS Conflictofinterest;

Drugs;

Pharmaceutical company;

Bias;

Patientsafety

Summary

Aim.—Todefine whataconflictofinterestisingeneral,inthefieldofmedicineandmore specificallyinthesettingofDoctorDrugCompanyRelationship(DDCR).

Method.—Bibliographic researchin thegreyliterature viaGoogle torefine definitions and PubmedsearchingtoevaluateimpactandmanagementofCoI.

Results.—DoctorsorresearchershaveaCoI(areinthesituationof)ifanotherinterest(financial ornot)isincompetitionwiththeprimarygoalofdoctorsandresearchersinmedicinewhichis topromotehealth.Suchsituationsoccuroften(notonly)duringDDCR.NeverthelessDDCRare necessaryandbeneficialatleasttothedevelopmentofnewtherapeuticdrugs.AlthoughCoIs signalsaninherentriskofbiasedpracticepublicationorrecommendation,thisdoesnotmean themisleadingwillhappened.LiteraturesearchdemonstratesthatfinancialCoIsmaychange drugprescriptionsandimpactpublicationqualityorobjectivity.Specificpoliciesareneededto preventandlimitCoIsimpact.Disclosure,regulationandprohibitionarethemaindirectionsof suchpolicy.

Conclusion.—DDCRareusually fruitful, atleastinthedomain ofresearchtodevelop new efficient drugs. Limitation ofCoIs relies on adaptedpolicies discussed in thispaper. Medi- caleducation,disclosure,ethicsregulationandspecificrestrictionssupportedbyourmedical associationsseemmorerelevant.

©2013PublishedbyElsevierMassonSAS.

Introduction

Plusieursscandalessanitairesrécents(Vioxx,Mediator,pro- thèsesPIP)ontrévélédesdéviancesgravesdanslesrelations entreindustriepharmaceutique,médecinsetagencessani- taires. Le CoI entre industrie et médecins experts ou prescripteurs a été mis en cause dans ces circonstances, installantunclimatdesuspiciond’influenceoudecorrup- tionvis-à-visdetouterelationentremédecin etindustrie pharmaceutique (RMPI). AuxÉtas-Unis, en Franceetdans d’autrepays européens,des dispositions légales etrégle- mentairesrécentesdécoulentdirectementdutraumatisme provoquéparcesaffaires:PhysicianPaymentSunshineAct inclusdanslaréforme Obamademai2010auxÉtats-Unis, décretdu21mai2013relatifàlatransparencedesavantages accordésparlesentreprisesproduisantoucommercialisant des produits à finalité sanitaire et cosmétique destinés à l’homme(prenanteffetau1eroctobre2013).L’OMSapublié en2009unguideintitulé«comprendrelapromotion phar- maceutiqueetyrépondre,unguidepratique».Traduiten 2013parlaHAS,ilpointel’influencedelapromotionphar- maceutiquesurlesprescriptionsmédicalesetl’activitéde productionscientifique(rechercheetrecommandations).

Pourtant,imagineruneséparationétancheentredéten- teursdelaconnaissancedesmaladesetdesmaladies,d’une part, et détenteur des capacités à fabriquer lesremèdes à ces maladies, d’autrepart, paraît absurde etcontraire à l’objectif premier detoutes lesactivités biomédicales.

Si elle n’est pas le seul aspect des RMIP, la participation

des médecins à la recherche menée par l’industrie est bien l’exemple d’une relation inévitable, souhaitable et portée par l’intérêt général, de développer de nouveaux médicamentefficaces pouraméliorer lasantédes popula- tions.Lesobjectifscommerciaux,ledésirdenotoriété,de reconnaissanceoul’attraitfinanciersontdesintérêtsparti- culiersqui,icicommedansdenombreuxautresdomaines, peuvent entrer en conflit avec l’intérêt général et don- nerlieu àdessituationsdeconflitsd’intérêts(CoIs). Nous proposons une mise au point sur cette problématique du CoIdans ledomaine biomédical, plusparticulièrementen urologie et dans le cadre des RMIP. Ce travail a pour objectifs:

• dedéfinirleCoI(engénéral,dansledomainebiomédical, danslaRMIP);

• de connaître son l’impact sur les pratiques (soin, recherche,recommandations);

• dedécrirelesmesuresderégulationexistantesousouhai- tables.

Méthode

Recherchebibliographiquelimitéeauxarticlesderevuesen franc¸aisetanglaispubliésdanslescinqdernièresannéesuti- lisantl’outilPubMedavecletermeconflictofinterestcroisé avecurology.Lesrésultats ontétéaugmentésdesarticles pertinentsissusdelabibliographiedesarticlessélectionnés.

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Laconsultationdelalittératuregrisevia Googleapermis d’affinerladéfinitionduCOI.

Résultats

Dix-neufarticlesrésultaientdelarecherchePubmedcroi- sant les termes urology et conflict of interest: un seul article de revueconcernait spécifiquement l’urologie[1], deuxéditoriauxconcernaientaumoinsenpartiel’urologie [2,3], trois articles traitaient du CoI et de l’éthique des publications [4—6], neuf traitaient de la question de

«l’auto-adressage»despatientsàdesstructuresderadio- logieouderadiothérapiedirigéespardes non-radiologues et des non-radiothérapeutes aux États- Unis, et quatre n’avaientpasderapportdirectavecnotresujet.

Définitions du conflit d’intérêt

Il n’y a pas de définition univoque officielle du CoI. De manièregénéraleleCoIpeutêtredéfinicommeunesitua- tionoùunindividuouuneorganisationestimpliquédansde multiplesintérêts,l’und’euxpouvantcorromprelamotiva- tionàagirsurlesautres.Cettesituationobjectivefaitpeser unrisquesurlaneutralité,l’objectivité,l’impartialitédela personneoudel’organisationetpeutsusciterlesoupc¸onet donclapertedeconfiancedanslacapacitédelapersonne oudel’organisationàremplircorrectementsamission.

Dansledomainedesservicespublics,l’OCDEreprispar l’Unioneuropéenne,définitleCoIcomme«unconflitentre lamissionpubliqueetlesintérêtsprivésd’unagentpublic, dans lequel l’agent publicpossède à titre privé des inté- rêts qui pourraient influencer indûment la fac¸on dont il s’acquitte de ses obligations et de ses responsabilités» [7].Dansledomaine biomédical,«Ilyaconflit d’intérêts lorsqueles choix opérés parle médecin, le chercheur ou l’expertdansundomaineessentielcommelebien-êtredu patient,l’intégritédelarechercheoulebien-fondéd’une recommandation, risquent d’être compromis de manière significativeparunobjectifconcurrenttellegainfinancier, lanotoriété,oulacapacitéàleverdesfondsderecherche» [8].On peut ajouter aux objectifs concurrents la volonté d’évolutiondecarrièrevoire,bienqu’ons’écarte alorsdu CoI au sens strict, l’appartenance à une école de pen- sée oude savoir-faire,l’ancienneté del’implication dans unethématique, lesconvictions politiques, religieuses ou philosophiques.Certaines de ces situations sont évitables (cadeauxenrétributiondeprescription parexemple)leur reconnaissance et leur évitement constituent un moyen simpledeprévenirle CoI.Cependant,lanatureinévitable d’autrescirconstancesquidansledomainebiomédicalcor- respondentàunesituationdeCoI(partenariatderecherche avecl’industriepharmaceutiqueparexemple)illustrentla notiondeCoIinévitableouinhérent[9]décritedansd’autres domainescommel’aviationcivileoùlesexpertstechniques sontpeunombreuxetontnécessairementacquisleurexper- tise en travaillant pour l’industrie qu’ils sont appelés à évaluer.

Deuxpoints sont importants à souligner dans de telles situations de CoI inévitables (inhérents). Premièrement, le risque (l’existence du CoI) ne signifie pas sa réalisa- tion, c’est-à-dire le dévoiement effectif et systématique

Tableau1 Principales situationsde conflitsd’intérêts personnelsfinanciersdansledomainebiomédical.

Possessiond’actionsdansuneentreprise pharmaceutiquea

Détentiondebrevetutilisédansl’industrie pharmaceutiquea

Contratd’expertisesoustouteforme(conseil, constructiond’uneétude)

Honoraires(ycomprisponctuels)pourparticipationen tantqu’expérimentateuràuneétude

Honoraires(ycomprisponctuels)enqualitéd’orateur

a Peuts’appliquerauconjointouauxparents.

de la pratique desoins, d’expertise, derecherche volon- tairement ou involontairement, au bénéfice d’un groupe d’intérêt particulier etau détrimentde l’intérêtgénéral.

Deuxièmement, lapréventionneconcernepas l’existence duCoI(lerisqueexistedéjà,ilestinhérentàlasituation) maislaréalisationdurisque.Lesmesuresde«régulation» apparaissent ainsi souhaitables et visent (par la transpa- rence,lacollégialité,lapluralitédespointsdevueoudes intérêtsenprésenceetparfoislarestriction)às’assurerde l’impartialitédeschoixafinqueceux-cisoientconformesà l’intérêtgénéraletnereposentquesurdesconsidérations objectivesetrigoureusementétablies.

Dans le domaine biomédical on distingue générale- ment lesCoIs d’ordrefinancier des CoIs intellectuels/non financiers (cette distinction peut s’appliquer à d’autres domaines). Les CoIs d’ordre financier font l’objet de l’essentiel des travaux de recherche et des mesures de régulation, probablement parce qu’ils sont plus faciles à identifier et qu’ils sont générateurs d’une plus forte réprobation dans l’opinion publique [1]. Les CoIs finan- cierspeuventêtrepersonnels(Tableau1)ouinstitutionnels concernantuneorganisationmédicale(sociétésavante,uni- versité,hôpital,agence derégulation).LesCoIs financiers personnels, plus étudiés que les conflits financiers insti- tutionnels. Ilsconcernent deuxsituationsprincipales: des médecins qui réfèrent leur patients vers des structures danslesquellesilsontunintérêtfinancieretdesrelations financièresentremédecinetindustriepharmaceutique.La premièresituationconnaîtuneforteprogressionenurologie auxÉtats-Unisquifait l’objetd’uneattentionparticulière dufait deson impactsurle coûtdela santé[10—12].La seconde est fréquenteen médecine en généralpuisqu’on estimait déjà,ilya 10ans,qu’un tiers des investigateurs universitaires nord-américains avaient des liens financiers personnelsavecdessponsorsindustriels[13].

Impact des conflits d’intérêts dans le domaine biomédical

LeseffetssurlespratiquescliniquesetlarecherchedesCoIs liésauxcadeaux(objets,repas,transportouhébergement etc.) offerts dans le cadre de la promotion pharmaceu- tiqueouliésauxrétributions(honorairesetfinancementde recherche)distribuéesdanslecadredelapromotionoudela rechercheetdéveloppementsont,deloin,lesplusétudiés

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parmilesdifférentesformesdeCoIsdudomainebiomédical.

Celaestdû,aumoinsenpartie,àl’importancedessommes investiesparlesfirmespharmaceutiquespourlavisitemédi- cale(5milliardsdedollars/an,9000dollars/an/médecinaux États-Unis) et dans le marketing (>10milliards de dol- lars/an)verslesmédecinsetlespatients.

L’impactdecetypedeCoIsurlespratiquescliniquesa été moins étudié que celui sur la recherche et les publi- cations. Il n’y a, ni dans un cas ni dans l’autre, d’étude spécifiqueàl’urologie.L’impactdelapratiquedescadeaux et rétributions distribués par les firmes pharmaceutiques sousquelquesformesquecesoitestuneaugmentationde prescriptiondesdroguesdescompagniesdonataires[1,14].

Pourtant, les praticiens bénéficiaires, en particulier les chirurgiens,sontmajoritairementconvaincusquecesinter- actionsnechangentpasleurpratique[15,16].Lesmêmes observationsontétéfaiteschezlesmédecinsenformation (internesetassistants)[17].L’impactdelaparticipationde l’industrieàlaformationmédicale(initialeoucontinue)en dehorsdelapromotionestpeuévalué.Danslecontextedu CoI ilpose laquestion del’influence du partenariat avec l’industriesurlecontenudesenseignementsetsurlespra- tiquespost-enseignements.Onpeutciterl’enseignementdu collèged’urologiedontl’indépendancedescontenusetdes débats ne fait pas question commeun exemple de situa- tionporteused’unbénéficemesurable(aumoinsenterme detempsd’enseignementrec¸u)pourlacommunautéurolo- giqueetpourlespatients(spécialistesmieuxformés)bien quecorrespondantàunesituationdeCoI.L’impactduCoI lié auxRMIPsur laproduction scientifique,et enparticu- lierlaconceptionetl’interprétationdesétudessponsorisées parl’industrien’estpasunivoque.Lesétudespromuespar l’industrie pourraient globalementêtre de meilleure qua- lité méthodologiquequelesétudesfinancées pard’autres sourcesbien quele choixdes objectifs, ducritèreprinci- pal d’évaluationet du design puissent être influencés en particulierparlavolontéd’observerunrésultatfavorable.

Leurs analyses des donnéeset leurs conclusions seraient, enrevanche,plussouventfavorablessanspourautantque le lien financieravec les médecinsconduisant l’étude ou interprétantlesrésultatssoientencausedemanièreexclu- sive [13]. La diffusion des résultats d’une étude pourrait êtrenégativementinfluencée(retardéelorsquelesrésultats sontmoinsfavorablesqu’attenduouletempsdedéposerun brevet)[18].

Lesrecommandationsdepratiqueclinique(RPC)basées sur l’analyse de la littérature par des collèges d’experts représententl’aboutissementessentieldel’evidencebased medicine. L’influence des CoIs, en particulier des liens avecl’industriepharmaceutique,etdeleurinfluencedans l’établissement de RPC n’a été que récemment envisa- gée. Ainsi une revue de la littérature de 2011rapportait une fréquence de 56à 87% des CoIs liés à l’industrie chezles membresde groupesd’experts detoutes spécia- lités chargés d’établir des recommandations [19]. Cette observation illustre bien la problématique du CoI et de l’expertise médicaleau sein des sociétéssavantesoudes instances de contrôle du médicament. Les experts d’un domaineétantbiensouvent,dufaitdeleurpositiondelea- derd’opinion,ceux-làmêmes quiconc¸oiventetanalysent lesétudesavecl’industriequ’ilsdevrontjugerenréunion d’experts.L’influencedecesCoIsinhérentssurlaqualitédes

recommandationsest,enrevanche,trèspeudocumentéeet devraitfairel’objetderecherchessupplémentaires.

Comment limiter l’influence des CoIs

DanslamesureoùuneinfluencenégativedesCoIsliésaux RMIPaétémontrée surcertainespratiquescliniques, des aspectsdel’enseignementoudelaproductionderecherche etpossiblement sur l’établissement des RPC, des moyens delimitercetteinfluence sontnécessaires (onpeut noter iciqu’aucuntravail [récent],à notre connaissancen’aeu pourobjectifdemesurerl’impact positifdesRMIPsurces domainesdel’activitébiomédicale).Troisaxesprincipaux existent:ladéclarationpublique(outransparence),larégu- lation(quimobilisedesoutilsd’éthiquestelquelaparitédes groupesd’experts,lacréationdecomitédegestiondesCoIs) etlarestriction(delalimitationcibléeàl’interdiction).

La déclaration publique des liens financiers avec l’industrie pharmaceutique par l’industrie elle même est à la base des deux dispositions légales visant à limiter l’impact des CoIs financiers dans les RMIP: Sunshine Act de 2010aux États-Unis et décret No2013-414du 21mai 2013relatifà la transparence des avantages accordéspar lesentreprisescommercialisantdesproduitsàfinalitésani- taire.Ce décretactualiselaloiNo2011-2012dedécembre 2012relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament en France et la loi No93-121de janvier 1993diteloi«anticadeaux»)[20].

Ces deux dispositifs ciblent particulièrement les avan- tages perc¸u par les médecins de la part des entreprises pharmaceutiques dans le cadre de la promotion des pro- duits.Si l’impact des «cadeaux»etde lavisite médicale sur les modifications de prescription est connu, l’effet deces déclarations publiques effectuées par le donateur n’a pour le moment pas été évalué. On peut remarquer plusieurs limites à ces dispositions: les liens financiers les plus forts et donc les plus susceptibles d’avoir une influence sur les pratiques ou la production scientifique (selonlaclassificationdesCoIsdel’ANSM:honorairesponc- tuelsrépétésoucontratspermanents,détentiond’action, de brevet, participation au capital) ne font pas partie des sommes publiquement déclarées, seule l’existence des contrats ou des honoraires est mentionnée sans leur montant. Il n’y a pas d’agrégation des données pour un médecin donné ce qui limite la portée de la mesure.

Enfinet surtout d’autres «cibles» de la promotion phar- maceutique elles aussi en situation de CoIs ne sont pas concernéespar ces dispositions: lesautres professionnels desanté(pharmaciens,dentistes,paramédicaux),lessocié- tés savantes, les associations de patients, les personnels d’administrationpubliqueoud’assurancesprivées,lesdéci- deurspolitiques.

La déclaration publique volontaire des CoIs par les médecinseux-mêmes est miseen œuvre depuisquelques annéesdéjàdansledomainedelarecherche(communica- tionencongrès,publication dans desrevues indexées) et commenceàl’êtredansledomainedessociétéssavantes.

Cependantl’appréciationdelaprobabilitéd’unbiaisinduit par les CoIs révélés par ces déclarations n’est pas stan- dardisée, elle est laissée à l’appréciation de l’auditeur, du lecteur ou de l’éditeur. Les politiques de déclaration varientsensiblementd’unerevueàl’autreoud’unesociété

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à l’autre (contraste entre le restrictif American Board of Internal Medicine et le permissif American College of Surgeons[1]).

Enfin la déclaration par le médecin lui même est à la base du décret No2013-413portant l’approbation de la charte d’expertise sanitaire (l’expertise y est définie par la norme Afnor NF X 50-110, comme un ensemble d’activités ayant pour objet de fournir à un commandi- taire,enréponse àlaquestion posée,uneinterprétation, unavisouunerecommandationaussiobjectivementfondés que possible, élaborés à partir des connaissances dispo- niblesetdedémonstrations,accompagnéesd’unjugement professionnel).Cettecharte précise4étapes duprocessus d’expertise:lesmodalitésdechoixdesexperts(I),lepro- cessusd’expertiseetsesrapportsaveclepouvoirdedécision (II),lanotiondeliend’intérêts,lescasdeconflitsd’intérêts etlesmodalitésdegestiond’éventuels conflits(III) etles cas exceptionnels dans lesquels il peut être tenu compte destravaux réaliséspar desexperts présentant unconflit d’intérêt(IV).Ellepourraitêtreappliquéeàl’établissement desRPC.

La limitation de l’impact des CoIs par la régulation revêtde multiples aspectset concerne principalement la recherche et l’expertise. On peut citer: l’exigences de l’enregistrement des études pour suivrela publicationde leurrésultats(pousseràpublieraussilesrésultatsnégatifs), lesuividesétudescliniquespromuesparl’industriepardes auditeursindépendants,lacréationdecomitédegestiondes CoIsenparticulierdanslessociétéssavantesmaisaussiau seindesstructuredesoin,derechercheoudesorganismes detutelle.

Enfinlesmesurelimitativesà l’attentiondes médecins sont encore peu nombreuses en France à l’exception du domaine de l’expertise publique où l’excès inverse a pu prévaloiruntempsexcluantsystématiquementlesleaders d’opinionliésàl’industriepharmaceutiquedecommissions d’évaluationàl’HASetàl’ANSM.Lachartedesorganismes commeleNationalInstitueofHealthrevoientlespolitiques delimitationenlesprécisant:gradationduniveaudeCoI dansunesituationdonnée,abaissementdesmontantsfinan- ciers,seuilsau-delàdesquelsunexpertneserapasretenu pour participer à un groupe d’expert. Une approche de classification comparable est en cours à l’ANSM. Dans le domainedelaformationinitialeetcontinuelesstructures d’enseignementenFrance(facultédemédecine)n’ontpour l’heure pas limité de manière uniforme le contact entre étudiants, médecin en formation initiale ou continue et industrie pharmaceutique contrairement à certain centre universitairenord-américains ayant adopté des politiques trèsrestrictives.

Conclusion

LesRMIPsont inévitables. Elles revêtent au moinsquatre aspects: la promotion pharmaceutique, la participation à la formation médicale, le partenariat de recherche et l’expertise.Elles sont, au moins dans le cas despartena- riats de recherche, indispensables au développement de nouveauxtraitementsefficacesetenprincipebénéfiquesà l’objetpremierdel’activitémédicalequ’estl’amélioration de la santé à l’échelle individuelle et collective.

Cesrelationsengendrentdessituationsderisqueinhérent deCoI. Pourautantces situations nedébouchentpassys- tématiquement sur undévoiement inconscient (influence) ouconscient (corruption)de laprise encharge thérapeu- tique,des contenusenseignés,del’activitéderecherche, ouducontenudesrecommandationsetavisd’experts.Des dispositifsderégulationsontindispensables.Uneapproche exclusivementprohibitionnisteseraitinadaptée.Desactions conjointesd’éducationdesmédecins,deplusgrandetrans- parence, de régulation éthique et de limitations ciblées mises en œuvre avec les sociétés savantes pourraient répondreàlaproblématiqueduCoIliéauxRMIP.

Déclaration d’intérêts

GKaétéinvestigateurpourdesétudes,orateursouconsul- tant pour les laboratoires Allergan, Astellas, Bouchara Recordati, Coloplast, IPSEN, Laborie, Medtronic, Pierre Fabre,Steba.

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Références

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