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Les fiançailles de Mademoiselle Malpot. Comédie en 5 actes. Philippe Laperrouse. 5 hommes 5 femmes

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Les fiançailles de Mademoiselle Malpot

Comédie en 5 actes

Philippe Laperrouse

5 hommes – 5 femmes

(un homme tient deux rôles de frères jumeaux)

Armand Malpot est un riche bourgeois qui s’apprête à recevoir ses invités pour une réception donnée à l’occasion des cinquième fiançailles de sa fille Elodie. Au moment où démarre la fête, un voleur armé fait irruption dans le salon des Malpot. Dans le même temps, un bijou de valeur est dérobé dans la chambre d’Elodie. Une Capitaine de police un peu déjantée qui s’est invitée préventivement, ouvre immédiatement l’enquête qui réserve quelques surprises…

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(Toute la pièce se déroule dans le même décor : le salon d’une grande villa bourgeoise) Acte I

Scène 1 (Armand Malpot, Elodie sa fille) Armand (se prépare à une réception) :

Bon, où sont encore passés ces satanés de boutons de manchettes ? J’aurais dû m’en douter : il me manque toujours quelque chose…

(Sa fille entre)

Armand : Ah ! Elodie ! Tu n’as pas vu mes boutons de manchettes ? Elodie (les découvrant):

Mais, ils sont là mon petit papa !

Armand : Des boutons de manchettes ! Si je tenais celui qui a inventé les boutons de manchettes !

Elodie : Presse-toi, papa ! Les invités vont arriver.

Armand : Pff ! Mais pourquoi a-t-il fallu faire venir cinquante-trois invités pour constater que tu te fiances avec… Comment s’appelle-t-il déjà ? Elodie : Bastien… il se nomme Bastien…

Armand : Ouais… bon… va pour Bastien ! Pff ! Quand j’y pense : cinquante-trois pingouins qui viennent s’empiffrer pour … ça !

Elodie : Ça … ce sont mes fiançailles, papa ! Tu pourrais faire au moins semblant d’être un petit peu plus enthousiaste.

Armand : La dernière fois que j’ai été enthousiaste pour quelque chose, tu m’as demandé si je me sentais bien ! Qu’est-ce qu’il fait Damien ?

Elodie : Bastien, papa ! Bastien ! Il est trader à la Banque d’Escompte…

Armand : Pff… Trader…. Voleur…

Elodie : Papa ! Bastien est très fier de son métier et je suis très fière de lui…

Armand : Bon… Il va encore falloir que je fasse un discours ?

Elodie : Euh… vu la manière dont c’est parti, il vaudrait mieux que tu ne fasses rien.

Dis que tu es heureux, ça changerait.Souris, serre des mains, passe des petits fours !

Armand : Je croyais qu’on avait engagé des extras !

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Elodie : Euh… oui… enfin … tu peux tout de même essayer d’être aimable. Il y aura du beau monde, ça peut t’aider dans tes affaires.

Armand : Ce sera toujours les mêmes têtes : Barruquet, Simenon, Potinot… Vous avez invité Potinot ? Même lui ? Je vais être obligé d’être aimable avec cet

imbécile de Potinot ?

Elodie : Papa, c’est ton banquier. Il est très influent.

Armand (en aparté) :

Je vais peut-être lui refiler mon faux caviar… il avale tout Potinot.

Elodie (dans devant son père) :

Et moi comment me trouves-tu ? Armand : Tu n’aurais pas un peu grossi ?…

(Entrée de la mère)

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Scène 2 (Armand, sa femme Mauricette, Elodie) Mauricette : Armand ? Tu n’es pas encore prêt ? Armand (excédé) :

Oui, oui, ça vient…

Elodie : Bon, moi je vais dans le jardin pour vérifier la préparation de la réception (Elle sort).

Mauricette : Tu as bien pensé à inviter Potinot ? Armand : Apparemment, il s’est invité tout seul…

Mauricette : Il y aura aussi Geneviève de…. Tu vois qui c’est… Geneviève de…Quoi ! Armand : Euh… comme ça, non pas vraiment…

Mauricette : Si tu sais bien… son mari est en prison pour proxénétisme. Elle interdit qu’on prononce son nom de famille, jusqu’à obtenir son divorce. Fais attention, mais présente-lui tes hommages !

Armand : Alors si je comprends bien, j’ai été cherché mes invités dans les milieux les plus louches de l’agglomération…

Mauricette : Armand ! Tais-toi ! Aujourd’hui, il y a des motifs très « classe » de passer devant la justice… Et puis Geneviève est une vieille amie ! Je sais soutenir les amies dans la peine, moi ! (elle prend une feuille de papier sur une table) Quoi ! Tu as invité cet imbécile de Martinet ?

Armand : Ecoute ! Martinet est le seul avec lequel j’ai envie de rigoler…

Mauricette : Mais William Martinet est un petit pisse-copie prêt à sauter sur tous les cancans de la région pour en faire un scandale…

Armand : C’est quand même grâce à son journal que le mari de Geneviève de… a été pris la main dans le sac et que Potinot a dû arrêter de financer les travaux dans sa propre résidence secondaire sur un terrain interdit à la construction dans le Midi !

Mauricette : … Ce qui prouve bien son manque d’éducation… Quand je pense qu’il a osé s’intéresser aux comptes bancaires de Papa aux Iles Caïman ! C’est d’un goût ! Mais d’un goût !

Armand : Bon, écoute ! Laisse Martinet tranquille et je ne te demanderai pas le nombre de fois que ma fille a organisé ses fiançailles chez moi…

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Mauricette : Comment ça, le nombre de fois ? Mais Elodie ne s’est fiancée que quatre fois, et j’en suis fière…Elodie ne s’engage jamais à la légère ! Elle teste d’abord ! Ce n’est pas de sa faute si aucun de ses prétendants n’est capable de la rendre heureuse !

Armand : Elle teste beaucoup !

Mauricette : Tu préfèrerais peut-être organiser une fête pour ses divorces ?

Armand : Euh … non, même là, Potinot, Geneviève de… et toute la clique se seraient précipités sur le buffet… Bon… à part ça, tout est prêt pour la fantasia ? Mauricette (apercevant un nouveau venu) :

Euh… voilà justement Giorgio, notre organisateur…

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Scène 3 (Mauricette, Armand, Giorgio)

Mauricette : Giorgio, mon petit Giorgio ! Est-ce que tout est prêt ?

Giorgio : Bien entendu, Madame. Le mariage de Mademoiselle votre fille va être une fête grandiose !

Mauricette : Fiançailles, Giorgio, nous n’en sommes qu’aux fiançailles ! Armand (goguenard) :

Oui, nous testons, Giorgio…nous testons ! Giorgio (lui tend un papier) :

Ah, Monsieur Malpot…. Justement… J’ai pris la liberté de préparer ma petite facture…

(Armand Malpot examine la note et manque de s’étouffer)

Armand : Est-ce qu’il était vraiment utile d’inviter la fanfare municipale ? Mauricette : Mais elle est très gaie, la fanfare, Armand ! Et puis ça faisait plaisir au

Maire, nous lui devons tant !

Armand : Et là ? C’est le prix des cartons d’invitation ?… A ce tarif-là, je réinvestis dans l’imprimerie !

Mauricette : Arrête Armand … Tu ne vas pas faire honte à ta fille devant cinquante-trois invités, tout de même ! Paie et tiens-toi !

Giorgio (tendant le doigt sur la facture qu’Armand tient entre les mains) :

Si je peux me permettre, vu que Monsieur est un client habitué et fidèle, la maison a consenti une remise exceptionnelle de 5%

Armand (goguenard) :

Ouf, ça me soulage… encore deux ou trois fiançailles de ma fille et on va vers les 15 %

Giorgio (flagorneur) :

Euh… Il faut dire que Mademoiselle Malpot est une jeune fille charmante et très convoitée !

Armand : Et surtout, potentiellement très riche !

Mauricette : Armand ! Règle cette facture te dépêche-toi, ils vont arriver ! (Armand rédige un chèque et le tend à Giorgio)

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Giorgio (sort en se prosternant) :

Ne vous inquiétez pas Monsieur Malpot, nous avons l’habitude. Notre maison gère même l’imprévu. Les fiançailles de Mademoiselle Malpot vont être un grand évènement mondain. Nous avons les meilleurs photographes ! Vous serez contents !

(Armand et Mauricette ajustent les derniers détails de leur tenue. Un homme entre un pistolet au poing).

L’homme : Haut les mains !

(Armand et Mauricette, pétrifiés s’exécutent)

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Scène 4 (Armand, Mauricette, l’homme, Potinot) Armand (s’avançant vers l’homme) :

Qu’est-ce que c’est ? Encore une attaque terroriste ? Mauricette (affolée) :

Armand ! Fais quelque chose !

Armand Euh… écoute, Mauricette, ce n’est pas vraiment le moment d’avoir des exigences avec Monsieur !

L’homme (très agité) :

Ne fais pas le malin ! On prend ta voiture ! Je prends aussi la vieille en otage !

Mauricette :

Comment ça, la « vieille » ?

L’homme : Ne discutez pas ! Si vous tenez à la vie, faites ce que je vous dis et ça se passera bien ! En route pour votre bijouterie !

Armand : Comment ça, notre bijouterie ? Mais je n’ai pas de bijouterie ! L’homme : Vous n’êtes pas les bijoutiers Poulichon ?

Armand : Pas du tout ! Les Poulichon, c’est la propriété d’à-côté ! Vous n’avez pas de chance, vous les ratez de peu, ils viennent juste de partir en vacances en Guadeloupe pour deux mois !

L’homme (s’assoit, abattu) :

Et voilà ! Encore raté ! Il faut dire que c’est très mal indiqué dans votre quartier ! Comment voulez-vous travailler proprement ?

Armand : En effet, je vais me plaindre à la Mairie !

L’homme : Les gens ne font plus attention à rien, c’est la troisième fois que je me trompe d’adresse !

Armand : Allons, allons, ce n’est peut-être pas si grave ! L’homme (prostré) :

Vous voyez : c’est vous qui me réconfortez. Je n’ai même pas réussi à vous faire peur ! Vous ne voudriez pas ressentir un peu de panique ?

Mauricette : Armand ! Appelle la police !

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Armand : Tu n’y penses pas Mauricette ! Un scandale chez nous ! Le jour des

fiançailles d’Elodie ! (se tournant vers l’homme). Vous voyez mon épouse a eu peur, ça vous convient comme panique ?

Mauricette : Euh… tu as raison…. (Désignant l’homme)… qu’est-ce qu’on va en faire ? (Hercule Potinot entre, très mondain)

Potinot : Chers amis ! Quel plaisir !

(Grandes effusion, puis Potinot se tourne vers l’homme, Armand hésite puis fait les présentations)

Armand : Euh… Hercule Potinot, fondé de pouvoir à la Banque d’Escompte… Euh … Monsieur ZZZZ (il prononce un nom inintelligible) …. Négociant en….

Bijouterie…

Potinot : Ravi de vous connaître, j’ai beaucoup d’intérêt pour la bijouterie ! Madame Potinot aussi, d’ailleurs ! Ah ! Ah !

Armand (il essaie de détourner l’attention de Potinot) : Alors Potinot, comment vont les affaires ?

Potinot : Mon pauvre ami, avec la crise, comment voulez-vous que les affaires aillent ? Les entreprises ne remboursent plus les prêts que nous ne leur faisons pas. Les déposants ne déposent plus au motif qu’ils n’ont plus rien à déposer. L’Etat nous taxe … Les chinois nous plument, les qataris nous dépouillent, les américains rigolent. Comment voulez-vous que ça aille ? Mauricette : Vous n’allez pas commencer à parler affaires, aujourd’hui ! Potinot,

accompagnez moi dans le jardin, un rafraîchissement vous sera servi.

(Mauricette et Potinot sortent)

(Armand se tourne vers le voleur toujours prostré sur le fauteuil.)

Armand : Bon, nous on a un problème à régler. Ne bougez pas, je reviens ! L’homme (seul, se sert un verre et se met à l’aise sur un fauteuil) :

Après tout, profitons-en, ça risque de ne pas durer !

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Scène 5. (Le voleur, Geneviève, Mauricette)

(Poulet est assis et sirote tranquillement, une femme bien habillée apparait sur scène, aperçoit Poulet, hésite un peu et l’aborde)

Geneviève : Monsieur…

Le voleur : Madame….

Geneviève : Euh… Monsieur ?

Le voleur : Euh… Alfred Ma … Alfred… Monsieur Alfred….

Geneviève : Enchantée… Geneviève de…

Le voleur : De quoi ? Geneviève (douloureuse) :

De… simplement, j’ai perdu mon nom de famille, Monsieur…

Le voleur : Ah ! C’est un accident gênant en effet ! Si jamais je le retrouve…

(Mauricette apparait) Mauricette (elle s’écrie)

Geneviève ! Enfin te voilà ! Merci d’être venu. Tu as bien fait. Il est temps de te divertir. Je vois que tu as fait connaissance de Monsieur. Monsieur est

… euh … un ami d’Armand…. Enfin de fraiche date ! Sans importance ! (geste vague)… Ne restons pas ici, passons plutôt au jardin pour rejoindre les autres invités.

(Fin de l’acte)

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Acte II.

Scène 1 (Armand Malpot, Martinet, Poulet)

(Armand Malpot et Alfred Poulet sont assis côte à côte)

Armand : Ecoutez Mastard. Parlons entre hommes. Certes, vous êtes un peu voleur, un peu délinquant, peut-être un peu dealer mais vous m’êtes sympathique. On n’a pas idée de tenter un coup aussi mal préparé ! Un vrai looser comme vous ne peut pas être méchant.

Mastard : Comment savez-vous mon nom ?

Armand : Je viens de me renseigner discrètement, vous êtes fiché à la Police. Elle vous recherche. On cite votre nom pour un vol de bijoux près de Cannes.

Mastard : Mais je ne suis pour rien dans cette affaire, Monsieur Malpot. C’est encore un coup de mon frère ! Je n’ai jamais mis les pieds à Cannes ! D’ailleurs, je loupe toutes mes affaires ! Vous l’avez dit : je ne suis qu’un pauvre looser, Monsieur Malpot.

Armand : Je vous crois, Mastard. Je vous crois, mais vous avez été dénoncé. La Police est sur vos traces. Si je vous glisse parmi nos invités, personne ne vous inquiètera.

(Un homme entre à grandes enjambées, Armand Malpot se lève pour l’accueillir)

Armand : Martinet, quel plaisir de te voir ! J’espérais un peu ta venue ! Je sais que tu es friand de ces petites réunions mondaines où tu peux picorer toutes sortes de rumeurs pour alimenter tes chroniques.

Martinet : Salut Malpot ! Tu as raison, je ne rate aucune occasion de tourner les notables du département en dérision. Les lecteurs raffolent de ce genre de chronique.

(Martinet aperçoit le voleur et s’écrie)

Martinet : Mastard ! Qu’est-ce que tu fais ici ? Armand : Vous … vous connaissez ?

Martinet : Tu parles ! Alfred Mastard, dix-sept casses à son actif dont quinze

complètements ratés. On s’interroge encore sur les deux autres, personne ne peut imaginer qu’il ait réussi le moindre larcin. Mais c’est un habitué des commissariats du département, très connu dans les couloirs de la maison d’arrêt car il souffre d’un grave handicap : il est le jumeau de Boris Mastard, qui lui, est un vrai caïd du milieu. A chacun des exploits de Boris, c’est Alfred qui est embarqué !

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Mastard : Euh… Monsieur Martinet, comment allez-vous ? Armand (prend Martinet par l’épaule et l’entraine à l’écart) :

Ecoute, Martinet, je ne peux pas t’expliquer pourquoi, mais j’ai envie d’aider cet homme. C’est la première fois qu’il se passe quelque chose d’intéressant dans les journées de fiançailles de ma fille ! Je l’ai déjà présenté à Potinot comme négociant en bijouterie.

Martinet : Tu peux compter sur moi, Malpot. C’est un petit apprenti malfrat, peu dangereux. En tous cas, beaucoup moins que son frère. Je sens qu’on va se marrer.

(Il se retourne vers le voleur)

Ecoute Mastard, tu vas t’appeler… euh… Poulet, c’est un peu paradoxal mais comme ça, ça égarera les soupçons. Alfred Poulet, c’est un peu ringard, ça te va très bien ! Tu es négociant en bijouterie, un vieil ami de la famille. Tu te mélanges aux invités et la Police ne te cherchera pas ici ! D’ici demain, ils auront mis la main sur ton frère Boris qui s’est encore mal conduit sur la Côte d’Azur ! Ça te va ?

Poulet : Euh… très bien, Monsieur Martinet… mais j’aimerais savoir pourquoi vous faites tout ça pour moi. Je ne suis qu’un pauvre hère, Monsieur Martinet, un pauvre looser…

Martinet : Allons ! Allons ! Mon brave Poulet… Si on additionnait le nombre de garde à vue qu’ont connues les invités d’aujourd’hui, plus les mois de cachot, plus les années d’inéligibilité, plus les interdictions d’exercer…. Je t’assure que tu es en bonne compagnie, mon pauvre Poulet ! Crois-moi ! Vous êtes entre spécialistes ! Entre fins connaisseurs des couloirs du Palais de Justice !

(Un temps. Il se tourne vers Armand.)

A propos, tu as invité Potinot. Tu sais qu’il est impliqué dans les affaires de fausses factures de la construction du stade nautique.

Armand : Je sais, je sais, Martinet, ça fait vingt ans que Potinot est impliqué dans tous les coups véreux du département.

(Il s’interrompt. Un femme entre et est accueillie par Armand par un baisemain cérémonieux) Armand : Madame la Sous-Préfète, quel honneur !

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Scène 2. (Armand Malpot, Martinet, Poulet, la sous-préfète) :

Malpot : Au nom de ma famille, je suis très honoré de votre visite, Madame la Préfète…

La sous-Préfète : Arrêtez votre cirque, Malpot. Les frasques de votre fille drainent tous les notables du département, je suis bien obligée de m’en mêler… Si vous croyez que ça m’amuse !

Malpot Vous connaissez sûrement William Martinet !

La sous-Préfète : Oui, je connais Monsieur Martinet… Il vient de rédiger un article

particulièrement documentée sur le coût de mes déplacements et le nombre des parties de pince-fesse auxquelles je suis obligée d’assister.

Compliments, Monsieur Martinet !

Malpot : Je vous présente Monsieur Poulet, un de mes amis, négociant en bijouterie.

La sous-Préfète : Ah, Monsieur Poulet ! Je suis bien aise de vous rencontrer ! L’Etat est très préoccupé par la multiplication des vols de bijoux. Il y a tant de malfrats qui parcourent nos rues, maintenant.

Poulet : A qui le dites-vous, Madame la sous-Préfète…

La sous-Préfète (se tourne vers Malpot) :

Bon alors, Malpot, soyons clairs. Je suppose que vous allez me fourguer vos petits fours, votre champagne de la dernière fois et que vous attendez que je fasse un petit discours sur cette future union entre grandes familles du département. A propos, c’est qui le fiancé, cette fois ?

Malpot : Ernest Boudin, euh…non, celui-là c’était l’avant-dernier. Le nouveau s’appelle Bastien Bougalon, des confitures Bougalon…

La sous-Préfète : Va pour les confitures, ça nous changera des sous-vêtements masculins et des hélicoptères de combat… Votre fille pense faire le tour de toutes les branches économiques présentes dans la région, Monsieur Malpot ?

Malpot : Euh… c’est un peu compliqué à expliquer, Madame la sous-Préfète.. Elodie est entrée dans une période d’hésitation, de longue hésitation…

(Mauricette Malpot fait une entrée « théâtrale »)

Mauricette : Madame la Sous-Préfète ! Quel honneur ! La sous-Préfète : Encore !

Mauricette : Permettez-moi de vous accompagner dans le jardin, vous serez mieux pour discuter avec nos invités !

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La sous-Préfète : Ce sont les mêmes que la dernière fois ? Il va falloir encore se coltiner Potinot ?

Mauricette : Monsieur Potinot est un homme charmant et …

La sous-Préfète : … insupportable. Martinet, accompagnez-moi ! Vous êtes insupportable aussi, mais au moins avec vous, on peut rire !

Martinet : Avec plaisir, madame la sous-Préfète !

(La sous-Préfète sort avec Mauricette et Martinet, puis on entend un brouhaha et un cri près de l’entrée)

LAISSEZ-MOI ENTRER ! (Une jeune femme en jean « style fofolle » apparait)

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Scène 3 (Armand Malpot, Poulet, le capitaine Moutardier, Martinet)

La jeune femme : Monsieur Malpot, je présume ! Capitaine Moutardier de la brigade mondaine !

Armand : Comment ça de la mondaine ? Mais vous êtes dans une maison aux mœurs tout à fait honorables, Madame ! Je suis étonné de votre présence !

Moutardier : Euh… il y a une méprise, Monsieur Malpot. J’appartiens à une brigade nouvelle, chargée d’assurer la sécurité des réunions mondaines dans le département. Vous avez réuni chez vous les principaux responsables économiques des environs, vous comprenez bien que c’est une occasion en or pour des terroristes qui voudraient se distinguer !

Armand : Des terroristes ! Comme vous y allez !

(Le capitaine se tourne vers Poulet lequel est visiblement mal à l’aise. Malpot s’interpose vivement.)

Moutardier : … Monsieur… il me semble que votre visage ne m’est pas inconnu…

Armand : Euh… je vous présente Monsieur Poulet, un ami négociant en bijouterie.

Monsieur Poulet nous revient d’un long séjour en Inde où il a appris son métier auprès des meilleurs spécialistes internationaux…

Moutardier : Ah ! La bijouterie ! Faites attention, Monsieur Poulet, les gangsters courent les rues et…

Armand (empressé de détourner la conversation) :

Euh, nous savons Capitaine, nous savons…Mais peut-être voudriez-vous vous mêler à la foule des invités pour mieux exercer votre mission ? Moutardier : Ne vous inquiétez pas Malpot, nous sommes habitués à organiser une

surveillance discrète dans ce genre d’évènements. Je suis en relation constante avec le Commissariat entrale, en cas de souci les renforts sont là en cinq minutes. J’ai une compagnie de CRS à ma disposition !

Armand (en aparté) :

Il ne manquerait plus que ça…

(Elle sort et croise Martinet en sortant)

Moutardier : Ah, Martinet, vous êtes là aussi !

Martinet : Capitaine Moutardier, toujours sur les coups durs à ce que je vois ! Le buffet est dans cette direction. Ouvrez l’œil : j’ai l’impression que les canapés au saumon sont très convoités ! On craint un trafic sur les crevettes de

Nouvelle-Calédonie !

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Moutardier : Ne faites pas le malin, Martinet, je vous ai dans le collimateur ! (Elle sort, Martinet vient vers Malpot)

Martinet : Tu l’as invitée, aussi ?

Malpot : Absolument pas. Il parait qu’elle est de toutes les cérémonies mondaines ? Martinet : Mon pauvre ! Tu sais qui c’est ? Albertine Moutardier, c’est la fille d’un

grand policier. Nommée Capitaine par protection. Au Ministère de l’Intérieur, personne ne sait qu’en faire. Pas le moindre fait d’arme à son actif, pas le moindre début d’arrestation. Un vrai tocard, quoi !

Poulet : Ouf, ça me rassure !

Martinet : La Police a créé une Brigade spéciale pour elle. Elle croit que ça l’autorise à se mêler de tout.

(On entend un cri) :

AU SECOURS ! AU VOLEUR ! (La fille et la femme de Malpot entrent affolées) La fille : Papa ! On m’a volé !

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Scène 4. (Armand Malpot, Poulet, Elodie, Mauricette, Martinet) Armand : Quoi ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Parle Elodie ! Elodie : Ma broche ! Celle que m’a donnée la tante Amélie ! Armand : Quelle broche ?

Mauricette : Allons, Armand ! La broche de tante Amélie ! Elle lui venait de sa grand- mère. Une libellule en or et argent au corps incrusté d’émeraude et de diamants. Une vraie fortune !

Elodie : Je la gardais précieusement dans un coffret posé sur ma cheminée et lorsque j’ai ouvert le coffret … (elle pleure)

(Elodie aperçoit Poulet) Elodie (en pleurnichant) :

Monsieur Poulet, il parait que vous êtes un professionnel de la bijouterie, vous connaissez sûrement la valeur d’un tel objet !

Poulet (sensible à son charme) :

Comment a-t-on pu vous voler une telle pièce ?... Un bijou de famille ! Quel brigand a-t-il pu commettre un tel forfait ? Le jour de vos fiançailles ! Je suis sûr que nous allons le retrouver Mademoiselle Malpot ! De toute façon, un tel objet ne peut pas être négocié ! Faites-moi confiance !

Martinet (en aparté) :

Euh… te faire confiance…c’est peut-être beaucoup demander, Poulet ! Elodie : Vous me rassurez Monsieur Poulet. Avec un spécialiste comme vous, je me

sens déjà mieux…

Armand : Euh… oui, bon….

Mauricette : Fais quelque chose, Armand !

Armand : Euh… voyons ! Gardons notre sang-froid ! Tu es sûre que tu ne la pas mise ailleurs, Elodie !

Elodie (elle tape du pied) : Papa !

Armand : Bon… Nous avons la chance d’avoir une capitaine de police parmi les invités ! Elle va peut-être servir à quelque chose !

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Mauricette : Viens Elodie ! Il faut tout de suite la mettre sur le coup ! Le coupable est peut-être encore ici !

(Elles sortent)

Armand : (se tourne vers Poulet) :

Euh… c’est vous, Poulet ?... Enfin, Mastard ? Poulet : C’est moi …quoi ?

Armand : La broche de ma fille !

Poulet (outré) Euh… Monsieur Malpot, comment pouvez-vous me soupçonner d’une pareille vilénie ?

Martinet : Poulet… enfin, Mastard… avec ton pédigrée … Tu ne crois pas qu’on peut avoir des doutes ?

Poulet (indigné)

Monsieur Martinet, vous m’offensez ! Quand on m’invite je ne dépouille pas. Ou alors pas beaucoup.

Armand : Allons rejoindre les invités, il faut que je parle au Capitaine Moutardier ! (Ils sortent)

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