MESURE DE LA QUANTITÉ D’HERBE INGÉRÉE PAR
UN RUMINANT EN LIBERTÉ AU PATURAGE AU
MOYEN DE LA COMPARAISON DES COMPOSITIONS
CHIMIQUES DU FOURRAGE INGÉRÉ ET DES
MATIÈRES FÉCALES EXCRÉTÉES
A. M. LEROY
I’rolesscur à l’Institut !ational
.!gronomique,
Paris.PLAN DU
MÉMOIRE
1
0 -
Exposé
desprocédés utilisés,
qui sont au nombre de trois.2
0 - Examen
d’après
ces trois méthodes de résultats obtenus par la mesure di- recte de la digestibilité d’échantillons d’herbe de qualités différentes.3
0 - Conclusion.
I
.
- EXPOSÉ
DESPROCÉDÉS UTILISÉS.
Dans un travail récemment paru
(juin 1949 ),
R.J.
LANCASTER a montré l’existence d’une relation entre la teneur en azote de la matière fécale d’un ruminant nourri avec del’herbe, exprimée
en p. 100 de la matièreorganique fécale,
d’unepart,
et laquantité
d’azote fécal restituée par le même animal pour unequantité
donnée de matièreorganique ingérée. D’après
cet auteur,si nous
appelons
N lepourcentage
de l’azote dans la matièreorganique fécale,
et M, la
quantité
d’azote fécalqui correspond
à unequantité
de matière orga-nique ingérée égale
à 100 g, la valeur de n serait sensiblement constante etégale
à0 ,8 3 , quelle
que soit la valeur de N. Si l’on admet cettehypothèse,
le coefhcient de la
digestibilité
de la matièreorganique
de l’herbepeut
se cal-culer au moyen de la
formule N
Il suffiraitdonc,
dans ces conditions demesurer la
quantité
totale de matièreorganique
fécale excrétée par un animalen 24 heures et de déterminer le
pourcentage d’azote
dans cette matière orga-nique
pour obtenir une mesure suffisammentprécise
de la masse d’herbeingérée pendant
le mêmetemps.
En examinant avec attention les résultats
d’expériences
dedigestibilité
effectuées en
Écosse
par S.J. W A’ rso N ,
en Suisse parJ.
GE!RrrrG et en Suède par KnutB RT I REM ,
nous avons constaté que la constance de laquantité
d’azotefécal n par 100 g de matière
organique ingérée
ne se vérifiait pas ; enréalité,
la valeur n varielégèrement
avec la valeur deN,
avec une suffisanterégularité
pour que l’on
puisse
déterminer l’une de ces valeurs àpartir
de l’autre. Au moyen des donnéesprécitées,
nous avons pu établir le tableauci-après (ta-
bleau
I), qui
fournit le moyen de connaître la valeur de nqui correspond
àun
pourcentage
donné N d’azote dans la matièreorganique
fécale.D’autre
part,
nous savonsqu’il
existe un certaindegré
de corrélation entre la teneur en cellulose Weende(crude fiber)
de la matièreorganique
del’herbe et le coefficient de
digestibilité
de cette matièreorganique.
D’après
les donnéesexpérimentales
des trois auteursprécités,
il estpossible
d’établir un tableau faisant connaître
approximativement
le coefficient dedigestibilité
de la matièreorganique
d’une herbe dont on connaît parl’analyse
le
pourcentage
de celluloserapporté
à cette même matière.Remarquons,
à cette
occasion,
que la courbequi exprime
le mieux cette variation n’est pasune
droite,
comme leprétend A XELSSON ,
maispossède
une forme en S carac-téristique. (Tableau II).
Enfin,
si nousrecherchons,
au moyen des mêmes donnéesexpérimentales,
s’il existe une relation entre la
digestibilité
de la matièreorganique
et la quan-tité de cellulose Weende fécale
qui correspond
à unpoids
donné de matièreorganique ingérée,
parexemple
100 g, nous obtenons un résultatpositif,
cequi
nouspermet
d’établir le tableau IIIci-après :
Supposons
maintenantqu’au
moyen d’un harnachementapproprié,
nous ayons récolté la totalité des fèces émises par un animal au
pâturage.
Nouspouvons ainsi connaître le
poids
Mo de matièreorganique
fécale excrétée par l’animal en 24 heures.L’analyse
des excréments recueillispermet
de connaître laquantité
d’azote N dans centparties
de matièreorganique fécale,
ainsi que laquantité
de cellulose Weendecorrespondante, C f .
Au moyen du tableau
I,
nous pouvons obtenir laquantité
n d’azoteexcrété pour 100 g de matière
organique ingérée correspondant
à la valeurexpérimentale
N, cequi
nous fournit unepremière
évaluation du coefficient dedigestibilité
de la matièreorganique ingérée,
au moyen de la formuleN ; n .
Nous avons pu
également
effectuer unprélévement
d’herbe dans lapâture
en
prenant
lesprécautions
nécessaires pour que ceprélévement puisse
corres-pondre
aussi exactement quepossible
à la matièrevégétale ingérée
par l’animal.L’analyse
de l’échantillon ainsi obtenu nous fait connaître la teneur desa ma.tière
organique
en celluloseWeende,
cequi permet d’obtenir,
avec l’aide du tableau II, une deuxième évaluationapproximative
du coefficient dedigestibilité
de la matièreorganique
de l’herbe.Admettons que nous
prenions provisoirement
comme coefficient dediges-
tibilité la moyenne entre les deux déterminations
précédentes ; soit Q,
le coeffi-cient ainsi
obtenu, exprimé
en p. ioo de la matièreorganique ingérée.
Nous pou-vons en déduire que pour 100 g de cette
matière,
la fractionqui
se retrottvedans les fèces est de
ioo-O.
Sachant que la teneur de cette fraction encellulose Weende est
C f ,
nous pouvons ainsi calculer laquantité
de celluloseWeende
qui correspond
u 100 g de matièreorganique ingérée,
et déterminerainsi,
au moyen du tableau II une troisième valeur du coefficient dedigesti-
bilité cherché. Ainsi que nous allons le
voir,
la moyenne des trois détermi- nationsprécédentes
est très voisine du coefficient réelexpérimentalement
mesuré. Soit
Qm
le résultat fourni par le calcul de cette mcvenne.Il suffit maintenant de
multiplier
lepoids
1B10 de matièreorganique
fécale, , 1,’
.
1 1 l, . 100 .
excrétée par l’animal en 2d heures par
l’expression
ï-
00
pour connaitreà ± 10p. ioo
près
la masse de matièreingérée correspondante,
dont la détermi- nation directe estpratiquement impossible, puis<ltte,
parhypothèse,
lesujet d’expérience
sedéplace
librement dans lepâturage
étudié.2
. - EB_1JIEB
0 APRES
TROISMETHODES
I)ES
HËStLT A TS H’J!X&dquo;J!UlE1BCES
[)IlŒtTES HEI)lliFii’l’Il%II/l’TlÎ
Dans le tableau IV,
ci-après, figurent,
à côté des donnéesexpérimentales
recueillies par les trois auteurs
précités,
les résultats des trois déterminations du coefficient dedigestibilité
et leur moyenne, obtenus par les méthodes quenous venons de décrire.
On remarquera que les écarts entre les déterminations de la
digestibilité
mesurée
expérimentalement
et les résultats des calculs dont nous venonsde montrer le mécanisme sont très inférieurs à ceux que
donnerait,
pour le mêmefourrage,
la détermination directe effectuée sur deux animaux différents.Il suffirait donc
d’opérer
surplusieurs sujets
pour obtenir par la méthode décrite ci-dessus des mesures dedigestibilité
aussiproches
de la vérité que celles que l’onpourrait obtenir,
avecbeaucoup plus
decomplications,
parl’analyse complète
desingesta
et excréta d’un même nombre d’animaux.L’emploi généralisé
de cette méthodepermettrait
d’étudier lecomportement
des ruminants laissés en liberté au
pâturage,
enapportant
desprécisions
concernant les
quantités
d’herbeingérées
dans cesconditions,
ainsi que les variations de cesquantités
avec la durée duséjour
dutroupeau
sur lepâtu-
rage étudié.
3
. - CONCLUSIONS : i
Il est
possible,
àpartir
de lapesée
des excreta d’un animal en liberté dans unherbage,
et del’analyse comparée
de la matièreorganique
contenuedans
l’herbe,
ainsi que dans les excretarecueillis,
de déterminer avec unesuffisante
précision
laquantité correspondante
d’herbeingérée
par cet animal.L’expérimentateur peut disposer
dans ces conditions de trois méthodessdifférentes,
dont les résultats combinés donnent des résultats suffisammentapprochés
de ceux del’expérimentation
directe. L’utilisation de cette tech-nique permettrait
d’étudier dans des conditions satisfaisantes lecomportement
d’animauxexploitant
librement les ressources d’unpâturage
de dimensionspratiquement
illimitées.BIBLIOGRAPHIE
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