LES PRÉFÉRENCES
ALIMENTAIRES DUPORCELET
I. - INFLUENCE DU MODE DE
PRÉSENTATION
DES ALIMENTS :
GRANULÉS
OU FARINEE. SALMON LEGAGNEUR R. FEVRIER Station de Recherches sur
l’Élevage
Centre National de Recherches
Zootechniques, Jouy-en-Josas.
Les besoins alimentaires du
porcelet
s’accroissent constamment, de la naissance au sevrage. C’est ainsi que A. M. LEROYet G. I,!Ry( 3 )
ont montré que la valeur
énergétique
de la ration deproduction
du porce- let par 100g degain
variait en fonction dutemps,
selon la formule :’
P = r62t1,41
dans
laquelle
P estexprimé
en calories et t enjours.
Les mêmes auteurs ont
montré,
dans uneexpérience
d’allaitement arti-ficiel,
que la vitesse de croissance duporcelet augmente également
avecl’âge.
C’est ainsi
qu’ils
donnent les valeurs suivantes dugain
moyenjournalier :
Or, la
production
laitière de la truie croîtpendant
les 15jours qui
suivent la
mise-bas,
se maintient à un maximumpendant
8 à i5jours,
et diminue ensuite. Cette double évolution des besoins du
porcelet
et dela
production
laitière de la truie montre donc que si leporcelet
ne com-plète
pas très tôt sa ration de lait maternel par d’autresaliments,
il nepeut plus,
dès la 3esemaine,
réaliser une croissance maxima. I,’observa- tion confirme d’ailleurs cetteconclusion,
et l’examen de nombreuses courbes de croissance révèle souvent, à cetteépoque,
un ralentissement de la vitesse decroissance,
même si toutesprécautions
ont étéprises
pour que l’anémie consécutive à une carence en fer nepuisse
êtreinvoquée
comme cause de ce
phénomène.
Il
importe
donc de faireingérer
auporcelet
la rationcomplémen-
taire
qui
lui estnécessa.ire,
et lapremière
condition que cet aliment doit (1
) Avec la collaboration technique de J. RETTAGLIATI.
remplir
est d’être bienaccepté
par lejeune.
Lespremiers jours,
voire lespremières semaines,
les considérationspurement
nutritionnellespeuvent apparaître
commesecondaires,
étant donné les faiblesquantités
d’ali-ment que le
porcelet
absorbe enregard
de laquantité
de lait maternelqu’il reçoit (environ
ikg
parjour
à r5jours).
Une
première
série de travaux a été réalisée à la Station de Re- cherches surl’Elevage,
pour déterminerl’appétence
des différents ali- mentssusceptibles
d’êtreprésentés
auporcelet.
On apris chaque
foiscomme critère de
valeur,
laquantité
d’aliment consomméejusqu’au
sevrage, c’est-à-dire à la fin du deuxième mois. Plus
tard, lorsque
desconclusions auront pu être tirées de ces
expériences,
undispositif expé-
rimental
plus complexe
sera mis enplace
pour vérifier sil’augmenta-
tion de consommation mesurée se traduit effectivement par une accéléra- tion de la vitesse de croissance.
Farine et
granulés
Jusqu’à
ces dernièresannées,
il étaitd’usage
de distribuer aux por- celets des alimentsbroyés
en farines trèsfines,
afin d’enaugmenter
-pensait-on - la digestibilité ( 2 ).
L’observation courante révèle
cependant
que les animaux semblentpréférer
des aliments seprésentant
enparticules plus
grosses, tels que lesgrains
entiers ougrossièrement
moulus(i).
De
plus,
les farines finesprésentent
d’autres inconvénients : gas-pillage
par suite de la difficulté depréhension,
irritation des muqueuses, del’épiderme
etparfois
même des voiesrespiratoires.
Afin de vérifier si le mode de
présentation
avait une influence sur laconsommation de la
nourriture,
nous avonscomparé,
à la suite de NELSONet al.
( 4 ),
lecomportement
deporcelets
devant diversmélanges
alimen-taires
présentés
simultanément sous forme de farine et degranulés.
l’rotoeole
expérimental
Nous avons
opéré
sur 25portées
de porcsLarge
White de notre éle-vage. Il était distribué à
chaque portée,
dans depetites
auges, le même alimentprésenté
sous forme de farine et degranulés.
Lesporcelets
pou- vaient en consommer à volonté et, parpesée
desrefus,
les consomma-tions
journalières pouvaient
être calculées.4
aliments différents
(A-B-C-D)
furent utilisés dans cetteexpérience
et distribués chacun à un groupe de
plusieurs portées
deporcelets,
confor-mément au
plan
suivant :Les aliments avaient la
composition
donnée au tableau II. Notonsqu’en plus
de cesaliments,
lesporcelets recevaient,
dans le cas desgroupes II, III et IV, du lait écrémé à volonté et, à
partir
de la 7esemaine, 2
repas humides de l’aliment C.Résultats
Les consommations totales de chacune des deux formes des aliments sont données par groupe, dans le tableau suivant :
I,es
porcelets
ont doncpréféré
lesgranulés
à lafarine,
dans une trèslarge
mesure, etceci, quel
que soitl’âge
duporcelet (groupes
I etII),
letype
de l’aliment(groupes
II, III,IV)
et la nourriturecomplémentaire (lait écrémé,
repashumides).
I,’analyse statistique
de ces résultats révèle d’ailleurs entre les deux modes deprésentation,
les différencessignificatives
suivantes :Signalons
néanmoins un cas aberrant dans le groupe II : uneportée
consomma
plus
de farine que degranulés.
Il reste
évident, également,
que lesrapports
des consommations des deux formes d’alimentsindiqués
au tableau II, ne traduisent pas les diffé-rences de consommation effectives que l’on aurait
enregistrées
si l’on avait pu distribuer auxporcelets
l’une ou l’autre desformes,
donnée seule(méthode qui
auraitexigé
undispositif expérimental beaucoup plus lourd).
Ces
rapports
ne font donc quesouligner
la différenced’appétence
existantentre
granulés
et farine. Il en ressort,toutefois,
que laprésentation
desaliments en
granulés
constitue un moyen très sûrd’augmenter l’appé-
tence et
donc,
la consommation des aliments pourporcelets.
RÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES (
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