UNIVERSITE CHEIKH ANT A l)IOP DE DAKAR
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES I-IUMAINES
DEPARTEMENT DE LINGUISTIQUE GENERALE ET DE
LANGUES NEGRO-AFRICAINES
DIALECTOLOGIE WOLOF :
ETUDE COMPAREE DU LEBOU DE OUAKAM
ET DU WOLOF DIT STANDARD
THESE DE DOCTORAT DE TROISIEME CYCLE
PRESENTEE ET SOUTENUE PAR
ABDOU KOUNTA DIOP
DIRECTEUR DE TIIESE
M. SOULEYMANE FAYE
MAITRE DE CONFERENCES
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• Mon père Feu El Hadji Moulaye Diop• Mon oncle paternel Feu El Hadji Assane Diop
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• Mon frère Feu Souleyrnane Diop
• Puisse ce travail être le couronnement du sens qu'ils ont bien voulu donner à mon existence.
• A cette dédicace, j'associe également El Hadji Alassane Guèye pour avoir fait de ce travail le sien, malgré ses multiples responsabilités .
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J
e remercie très ccrdialement Monsieu: Souleymane Faye pour la cenfiance qu'il m'atémoig~é en acceptant de diriger ce travail, pour sa disponibilité et ses précieuses suggestions .
J e renouvelle ma gratitude
à
mes premiers maîtres de linguistique :Mme le Professeur Youliya Timofeevna Listrova ( Université d'Etat de Voronej, Russie);
Mme le Professeur Geneviève Ndiaye Corréard ( Université Cheikh Anta Diop, Dakar) .
• M e s remerciements vont aussi
à :
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-Messieurs Amadou Dialo, Gabriel Marie Guèye,
Monsieur Mamadou Ndiaye du Département de Linguistique de la faculté des Lettres et Sciences Humaines et
à
Mme Arame Diop Fal du Département de Linguistique à lTF.AN. pour leur sollicitude ;Messieurs Thiemo Cissé, Pierre Marie Sambou, Chérif Mbodj, Waly Coly Faye, Alioune Mbaye et Alioune Ngoné Seck, tous enseignants à la faculté des Lettres et Sciences Humaines.
J
e remercie tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à ma formation et à la réalisation de ce travail.J
e tiens à adresser toute ma gratitude à El Hadj Alassane Guèye ( mon informateur principal), à son épouse Mme Mbao Guèye et à leurs enfants pour la disponibilité sans faille qu'ils ont manifestée à mon égard lors de mes enquêtes .• M e s remerciements s'adressent aussi à:
- Messieurs Frédéric, Dieudonné et Théophile Senghor ;
- Messieurs Amadou Wagué, Boubacar Barry, Jean Pierre Faye, Amadou Tahirou • Diaw, Thierno Diop, Mamadou Bop, Abdoul Aziz Diaw, Ismaïla Diagne, Bouna
Niang et Abdou Hamid Sar ;
Mesdames Fatim Bâ Senghor, Christine Lievremont et Fatimata Seydi ;
• Mes anciens instituteurs : Abdoulaye Dieng, Y oussou Diène et Abdoulaye Ndiaye .
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-J
e renouvelle ma gratitude à :- Monsieur Ousmane Ndiaye et son épouse Madeleine;
Monsieur Abdel Kader Boye et son épouse Marème Boye Diop ; Monsieur Abdou Sougoufara et son épouse Matou ;
Monsieur Alioune Badara Guèye et son épouse Anta ; Monsieur Pontien Ndabashinze et son épouse Chantale ;
Monsieur Cheikh Amalah Traoré, Abdoulaye Keita, Abdou Bâ, Moctar Sar, Ababacar Diaw, Ngadi Marone, Adrien Senghor, Dadié Bâ, Bocar Seck, Adama Hamady Diop, Seydou Yonoba, Oumar Ndiaye et Honoré Charles Ndiaye ;
Mesdames Fatou Kiné Cissé, Astou Diène et Mariama RoseSané .
J
e remercie particulièrement Mme Maty Ndiaye Paye et ses enfants, Mme Seynabou Cissé et son frère Sikkoor pour leurs précieuses informations sur l'histoire et la vie des Lébou.A
FeuEl
Hadj MborNdiaye...
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p o u r leur soutien et assistance, j'exprime ma profonde gratitude à :
Ma mère Mme Mariama Kounta
Mes frères, sœurs et amis : Alfred, Abdoulaye, Bou, Bocar Gallédou, Cheikh Tidiane Mbengue, Mamadou Kandji, El Hadj Fodé Diouf, Sawrou Diène, Demba Bâ, Lamine Ndoye, Khalilou Ndiaye, El Hadj Mamadou Ndoye, Cheikh Sougoufara et Djibril Ndoye.
- Mesdames : Lalla, Y aye fatou, Ndaaté, Seynabou, Salimata , Ndoumbé Bâ et Christiane Diop;
Ndèye Bineta Ndiaye ;
J
e prec1euse assistance . ~er.nercie ~onsieur Knox Hagie de la SIL ( Société Internationale de Linguistique) pour saJ
e salue le savoir-faire et la disponibilité de Madame Khady Sy et Monsieur Souleymane Kébé pour avoir bien voulu assurer la saisie.Il
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Il•
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE. ... 1 Intérêt du Sujet.... .. . .. . .. .. . .. .. .. .. .. . .. . . . .. .. .. . .. ... 1 Etat de la question . . . . ... 6Travaux sur la langue wolof.. . ... 6
Etudes descriptives ... 6 Etudes dialectologiques . . . . . . . ... 6 Justification du choix. . . . . . . ... 7 Objectifs de l'étude . . . . . . . ... 9 Méthodologie... . ... 11 Informateurs. .. . .. .. .. .. . .. .. . . .. . .. . .. . . .. .. . . .. .. . .. . . . .. . .. . .. . .. . .. .. .. .. . .. .. .. .. .. .. . .. 14 Structure de la thèse ... 15 PREMIERE PARTIE I. PHONOLOGIE ... 17 Introduction . . . . . . . ... 17
I.1 LES CONSONNES . . ... 17
I.1.1. I.1.1.l . I.1.1.2. I. 1 . 2. I. l . 2. 1 . I. l. 2. 2. I. l . 2. 3. I. l. 2. 4. I. 1. 2. 5. 1. 1 . 3 . I . 1. 3. 1. I. 1. 3. 2. I. 1. 3. 3. I. 1 5. 1. L 6. I. 1. 6. 1. I. 1. 6. 2. Correspondances /w/? / à l'initiale et en position interne ... 18
Correspondance /w/?/ à l'initiale ... 19
Correspondance /w/?/ en position interne ... 20
Correspondances /y/'l/ à l'initiale ... 23
Correspondance: /y/?/ à l'initiale devant ft! ... 24
Correspondance: /y/?/ à l'initiale devant /ée/ ... 25
Correspondance: /y/?/ -Il- devant /el ... 26
Correspondance· /y/?/ -Il-devant /ee/ ... 27
Cas isolés ... 27
Correspondance consonne simple/ complexe consonantique ... 28
Correspondance occlusive sonore/ prénasale ... 28
Correspondance consonne simple I géminée ... 29
Correspondance occlusive/ constrlctive ... 30
Les séquences consonantiques finales en wolof et leurs Correspondances en lébou de Ouakam ... 30
Syllabe et frontières sylJabiques ... 35
La Syllabe et la Syllabation ... 35
Frontières .Syllabiques ... 38
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L 2. l. 2. l. I. 2. 1.11.2. 1.2
I. 2.2.
I. 2. 2. L I. 2. 2. 2.12. 2.
3.12. 2.
4. I.2. 2.
5. I.2. 2.
6.12. 2. 7.
I.2.
3. I.2.
3. L I. 2. 3.2.
I.2.
3. 3. I.2.
4 . I.2.
4. 1. I.2.
4.2.
I.2.
4. 3 .12.
4. 4.1.2.
4. 5. I.2.
5 . I.2.
5. 1. I.2.
5.2.
I.2.
6 . 1.2.
6. 1. I.2.
6.2.
I.2.
6. 3 . I. 2. 6. 4. I. 3. I. 3. 1. I. 3. 2. LES VOYELLES ... .41 Introduction... . . . . . . ... .41Les systèmes vocaliques du wolof et du lél)ou de Ouakam ... 42
L'interprétation des phonèmes fa/... . . . . . . ... .42
1) L'interprétation des phonèmes fa/ en wolof. ... .42
2) L'interprétation des phonèmes fa/ en lébou de Ouakam ... 45
Représentations des systèmes vocaliques en wolof et Lébou de Ouakam ... 51
Correspondances entre voyelles brèves ... 55
Correspondance f i f - f 1 f . . . . . . . ... 5 5 Correspondance f u f - f u f ... 55
Correspondance f o f - f a f .. .. . .. .. . .. .. . .. .. . .. . .. . . . .. .. .. .. . .. . .. . .. . .. . . . ... 56
Correspondance f of - f u f en syllabe initiale ... 61
Correspondance f of - f 6 f . . . . ... 63
Correspondance f o f - f ëf . . . . ... 63
Correspondance de f 6 f ... 64
Correspondances entre voyelle brève et voyelle longue ... 66
Correspondance f of - f oo f . .. . . .. .. .. .. .. . .. .. .. .. . .. .. . .. .. ... 66
Correspondance f 6f - f 60 f ... 67
Correspondance f al - f aa f . . . . . . .. 68
Correspondances entre voyelle longue et voyelle brève ... 68
Correspondance f oo f - f u f ... 68
Correspondance f oo f - f e f . . .. .. . .. .. .. . .. . . .. .. ... 69
Correspondance f oo f - fa f ... 69
Correspondance f aa f - f a f ... 70
Correspondance f 6of - fa f Correspondances entre voyelles longues... . . . .. 71
Correspondance f
60
f - f ée f. . . . . . ... 71Correspondance f oo f - f aa f ... 71
Correspondances dans les emprunts ... 72
Correspondance f o f - f a f. . . . ... 72 Correspondance f of - f u f ... ... 74 Correspondance f 6 f - f e /. ... 74 Correspondance f 6 f - f é /... . ... 75 Conclusion ... 75 ~01'll~ VOC.t\l.I~~ ... 76 Introduction ... 76
Harmonie vocalique en wolof. . . . ... 77
Harmonie vocalique en lébou de Ouakam ... 85
Conclusion ... 94
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-..
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-DEUXIEME PARTIEIl. SYSTEME NOMINAL ... 98
II. 1. IL 2
II. 2.
1. II. 2. 1. 1. IL 2. 1. 2. IL 2. 2.II.
2. 2. 1II.
2. 2. 2.II.
3. IL 4 II. 5.II.
5. 1. II. 5. 2. II. 6.II.
7. II. 7. 1.II.
7. 2. II. 7. 3.II. 7. 4 .
Il. 7. 5. II. 7. 6. II. 8 IL 8. 1. Il 8. 2 . Il. 8. 3.II.
9. II. 10 Il. 10. 1. II. 10. 2. II. 10. 3. II. 10. 4. II. 11 II. 11. 1. II. 11 1. 1. II. 11.1.
2 . 11.11. 1. 3. II. 11. 1. 4. II. 11. l. 5. Introduction.. . . . . . . ... 98 CLASSIFICATION NOMINALE ... 98 DETERMINATION NOMINALE ... 100 Indéfini. . . . . . . . . . . . 1 OO Indéfini singulier. . . . . . . ... 1 OO Indéfini pluriel ... l 02 Défini... . ... 103 Défini éloigné ... 103Défini précédent une proposition relative. . . . . . . . . . ... 104
CONNECTIF... . . . . . . ... 105
MOTS SIGNIFIANT "AUTRE, ALTERITE" ... 108
DEMONSTRATIFS . . . . . . . . . . ... 109
Démonstratifs simples. . . . ... 109
Anaphoriques... . ...
111
MARQUE {
NG-} ... 113ADVERBIAUX, ADJECTIVAUX, PRONOMINAUX ... 116
Marque {- épp} ... 116
Marque {- enn} ... 116
Pronoms et adverbes interrogatifs... . . ... 117
Adjectifs interrogatifs ... 122
Pluriel des pronoms et adjectifs interrogatifs ... 124
Adjectif qualificatif. ... 124 Conclusion ... 132 PERSONNELS ... 132 Personnels indépendants ... 133 Personnels objets ... 135 Personnels sujets ... 136 POSSESSIFS ... 141 NUMERAUX ... 145 Numéraux cardinaux ... 145 Numéraux ordinaux ... 14 7 Expression du "nombre de fois" ... 149
Dénomination de la monnaie... . . . . . . ... 149
DERIVATION ET COMPOSITION ... 151
Dérivation... . . . 151
Réactualisation de la théorie... . . . ... 151
Evolution langagière du Wolof. ... 153
Suffixes de dérivation ... 155
1) Les suffixes de dérivation verbale ... 155
2) Les suffixes de dérivation nominale ... 156
Règles de dérivation ... 158
Dérivation verbale ... 168
1) La dérivation verbale dénominale.. . . . . . . ... 168
2) La dérivation verbale déverbale ... 170
3) La dérivation verbale marginale ... 186
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-II. 11. 1. 6. Dérivation nominale . . . . ... 187
l) La dérivation nominale dénominale. . . . . . . . . . . . . .. 188
2) La dérivation nominale déverbale ... 189
a - L'alternance consonantique initiale ... 189
b - L'alternance consonantique et Sùffixation ... 190
c - La suffixation... . .. .. . . .. .. .. .. . . . . . . . . . . ... 191
d - Le Redoublement ... 192
IL 11. 2. Composition ... 192
Conclusion ... 195
TROISIEME PARTIE ill, SYSTEME VERBAL ET SYNTAXE ... 197
III. 1. III. 1. 1. III.
1.
1. 1. III. 1. 1. 2. III.1. 1. 3. III. 1. 2. III. 1. 2. 1. III. 1. 2. 2.m.
i. 2. 3. III. 1. 3. III. 1. 3. 1. III. 1. 3. 2. III. 1. 3. 3. Ill 1. 3. 4 III. 1. 3. 5.m.
1. 3. 6 . III. 1. 3. 7. III. 1. 3. 8. III. 1. 3. 9 . III. 1. J. 10 III. 1. 3. 11 III. 1. 4. III. 1. 4. 1. III. 1. 4. 2. III. 1. 4. 3. III. 1. 4. 4. III. 1. 4. 5. III. 1. 4. 6. III. 1. 4. 7.m.
1. 4. 8. Introduction ... 197 SYSTEME VERBAL ... 197 Problèmes méthodologiques ... .200Tableau du système verbal du lexique wolof français du CLAD ... 200
Tableau du système verbal du dictionnaire wolof-français ... 201
Disparitéjet convergences terminologiques du système verbal du wolof... . . . . .. 203
Réactualisation des théories ... 205
A propos de l'aspect ... 205
Modes et sous- modes ... 206
Modalités verbales et copules ... 207
Système de conjugaison du wolof ... 211
Narratif . . . . ... 211 Enonciatif . . . . ... 214 Emphatique du sujet. ... 219 Hypothèse ... 222 Emphatique du verbe ... 224 Emphatique du complément ... 228 Présentatif. . . . ... 23 2 Négatif. ... 238 Injonctif affirmatif ... 240 a) L'impératif. .. .. . .. . .. . . .. . .. . . .. . .. .. . .. . .. . . . ... 240 b) L'obligatif ... 243 Injonctif négatif. . . . . . . . . ... .246 Expression du passé ... 248
Système de conjugaison du lébou ... 251
Narratif ... 251 Enonciatif ... 255 Emphatique du sujet... . . . . . . ... 258 Emphatique du verbe ... 261 Emphatique du complément ... 264 Présentatif. ... 268 Négatif ... 271 Injonction affirmatif. ... 275 1) L'impératif ... 275 2) L'obligatif ... 277 VIII
•
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-..
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..
...
-III.1.
4. 9. III.1.
4. IO. III. 2. III. 2. 1. III. 2. 1. 1 III. 2. 1. 2 Ill 2. L 3 III. 2. 2. III. 2. 3. III. 2. 3.1. III. 2. 3.2. III. 2. 3.3. Injonctif négatif ... 279 Expression du passé... .. . .. .. . . .. . .. .. .. .. .. . . . . . . .. . .. .. . .. .. .. . . . ... 282 Conclusion ... 287 SYNTAXE ... 290 Problèmes méthodologiques ... 290 Les "avantages"- ... 291 les "contraintes"- ... 292Typologies des phrases en wolof.. . . . ... 294
Quelques remarques ... 297
Variations syntaxiques wolof/ lébou ... 297
Série 1 ... 298 Série IL. ... 300 Série III. ... .303 Conclusion ... 306 CONCLUSION GENERALE ... 307 BIBLIOGRAPHIE ... 312 ANN'EXES .•.. ... 319
ANNEXES 1 ... 1-XX
ANNEXE 2 ... XXI-XXVI
LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Opposition /a/ -là/ ... ... .47Tableau 2: Opposition /a/ - /aa/ . . . . . . . . . . . . . . 48
Tableau 3: Opposition /à/ - aa/ ... 49
Tableau 4: Valeurs moyennes ... 50
Tableau 5: Personnels Indépendants ... 133
Tableau 6: Personnels Objets ... 135
Tableau 7: Personnels Sujets ... 136
Tableau 8: Possessifs ... 141
Tableau 9: Synthèse des différentes théories sur le système verbal Wolof. ... 203
ABREVIATIONS ET SYMBOLES A.P.I. : ATR: Cf: Circ.: Cs: F: H.V.: HZ: Le. : Lb: N.B.: Pers.: Plur.: P.P.: P.S.: RGPH: Sing: VS.:
wl :
-==:> :~---?. :
#:
Alphabet Phonétique International
Advanced Tongue Root : terme anglo-saxon qui signifie « avancement de la racine de la langue
»
Confer Circonstanciel Centiseconde Formaftt Harmonie Vocalique Hertz C'est-à-dire Lébou de Ouakam Nota Bene Personnel Pluriel Personne du Pluriel Personne du SingulierRecensement Général de la Population et de l 'Habitat Singulier
Versus Wolof
( cela) donne, produit (Cela) a donné, a produit Coup de glotte
s'oppose
se place devant les particules qui s'élident en cas de fusion
INTRODUCTION GENERALE
INTERET DU SUJET
La présente étude porte sur le parler lébou de Ouakam. Les par!ers !ébat! sont utilisés par le
groupe lèbou qui constitue une importante frange de l'ethnie wolof
L'ethnie wolof est celle majoritaire du Sénégal où elle représente 43,7%) de la population selon
les sources du dernier recensement général de la population et de l'habitat de 1988
(RGPH /8 8)
Le wolof est la principale langue parlée au Sénégal ; en effet, selon la même source
(RGPH ! 88), près de 71 % de la population l'utilise comme première ou deuxième langue.
Le wolof
fait
partie du sous-groupe nord des langues ouest-atlantiques. li est aussi parlé enGambie, notamment sur la rive nord du fleuve Gambie, ainsi qu'à Banjul, la capitale, et dans
ses environs immédiats. Comme le note C. M. NJIE ,
«
dans ce pays, comme au Sénégal , il tend à devenir un moyen de communication inter-ethnique » 1En dehors des deux Etats cités ci-dessus (Sénégal, Gambie), il existe une région wolophone en
Mauritanie comme l'atteste le travail de A DIALO. Ce dernier affirme
(< Le wol<~f de Mauritanie es/ considéré par ses propres locuteurs comme jàisant partie
intégrante du parler waalowaalo. (De fait, la zone wolophone de Mauritanie n'est que la partie nord de /'ancien royaume du Oualo. )» 2
1 C. M. NJIE. Description svntax1que du wolof de Gmnbie,N.E.A. 1982 p. 17
Quand on demande à un locuteur lébou quelles sont ses origines ethniques, sa réponse est la suivante· « Nous sommes des Wolof: nous sommes venus du Djolof dans un passé lointain >>
Aujourd'hui, il est difficile de trouver dans les statistiques ayant trait aux données démographi-ques des chiffres qui attestent du pourcentage des locuteurs lébous au sein des Wolof·. Ce n ·est que dans l'introduction de louvrage de S SAUV AGEOT que nous avons eu à rencontrer un chiffre concernant le nombre de locuteurs lébous lors d'une enquête soc10-démographique tèctuée par sondage au sem de la population sénégalaise. Les chiffres de cette enquête sont
« wolof l 150 000 auxquels se joignent 42.000 lébous sur une population dont l'ensemble est estimé à 3. 1OO.000 âmes . Ces chiffres sont trop anciens pour pouvoir nous aider à faire une estimation numérique actuelle du groupe lébou.
Selon l'historiographie produite sur le groupe lébou, situer ses ongmes lointaines n'est pas chose facile Les points de départ diffèrent selon les auteurs. Nous allons essayer de les re-grouper par chronologie et démarches analogues.
Nous pouvons placer dans un premier groupe, C. A DIOP et A ANSELIN Dans iVu11011s nègres et C11/111res, C. A DIOP situe lorigine des Lébous (celle des Toucouleurs, des Sérères et des Wolofs aussi ) à l'Est du Haut-Nil. Pour lui :
«Les /,èhous comti1ueJJ1 1111 groupe imermédiaire entre les Wak~j/ el les Sérères. Ils
som p/lls proches de ces derniers dont ils portent tous les noms ethniques : DIAGNJ::, FA Yi'.;,
NGOM,
etc. Ils ont le même type ethnique3 S. SauYageot. /Jescription svnchronique d'un dialecte wolof: le parler du 1:,olof Dakar. lF AN. mem.
N° 73 p. 1
~ C. A. Diop el A. Anselin emploient walaf à la place de wolof
Toujours dans son rapprochement, CA.DIOP fait la remarque suivante•
«/,'homogénéité des noms totémiques pour un groupe humaiJ1 relativement peu métis-sé en ,1/i·ique /h!rmet aux /,éhous et aux Sérères. ainsi qu'aux Wak~f\ d'ailli!urs, d'être certains que /)/()P n'est pas 1111 nom t}piquement Sérère-/,éhou » (J
A ANS ELIN dans son ouvrage /,a question peu le et l'histoire des eg}ptes ouest-afi'icumes, abonde dans le même sens en s'appuyant sur les découvertes faites par M11c RAVISE à Saint-Louis du SENEGAL en 1970, lors de fouilles archéologiques. (Parmi les objets trouvés et qui nous intéressent directement pour notre travail, il y a des filets de pêche) Il considère les Lébou comme la strate la plus ancienne des Walafs. A ce propo~il ajoute •
«Le rapprochement du woh!f sénégalais el du hafla camerounais saisit le lébou dans une ethnogenèse inédite qui ne doit rien des migrations plus tardives de RbW pharao-niques (mais qui ne les exclut pas pour autant) et qui cadre pmfaitemelll avec tout ce qui précède » 7
Pour mieux confirmer cette thèse, il poursuit son hypothèse en ces termes •
«Les Lébous sont vraisemblablement les "gens de la pêche" venus lancer leurs jïlets dans les eaux océanes. Tandis que d'autres groupes de pêcheurs délaissaient les rives du Tchad pour un sud plus vert el plus poissonneux» 8
r. fhidem p. 73
Continuant toujours sur cette lancée. ANSEUN donne en exemple les rapprochements
sui-var1ts .
Wolof Ba fia
law, prendre au filet leba, pêcher
.fo-lep, pêcher
lebu, pêcheur n-lebo, pêcheur
. .
1en, poisson ko-zen, poisson
Après ces isomorphismes donnés comme exemples, ANSELfN, continuant son argumentation
note ceci •
« Le Jeu Jes isoglosses de la liane et du pêcheur, de /'instrument et de / 'a;;enf s'étend ici à l 'oh;et, le poisson, pour ébaucher
un
ensemble lexèmatique unique. L 'isomorphie de cette séquence iexèmatique (lebujen .. ~ nlebo zen dans les deux langue.~) éclaire d '11n;o11r nouveau le problème de /'origine des /ebu » 9En effet, il pense que «Les Lébous sont des ba-lebo, des pêcheurs-pêcheurs dont l'origine
bantoue s'est dissoute dans l'ethnogenèse wolof 10».
En ce qui concerne les origines des populations noires d'Afrique de l'Ouest, nous pouvons
donc dire qu'ANSELIN rejoint
C.A DIOP
dans sa position, même s'il n'a pas la mêmeappro-che que lui.
A ANSELIN fait partie de ceux qui privilégient l'hypothèse d'une origine asiatique pour les
populations noires de
r
Afrique de l'Ouest, alors que CA. DIOP la situe dans la région des Grands Lacs 11Le deuxième groupe, dans lequel nous pouvons réunir les essayistes-historiens, les
anthropolo-gues et les Lèbou détenteurs de la tradition, situe les origines des Lèbou entre le XV' et le XVI" siècle, dans le Fouta-Toro, entre Podor et Boghé, « carrefour ou se sont croisés les peu-pies de le Sénégambie » 12
Selon la même source, ils auraient été refoulés de cette zone par les envahisseurs peuls
(no-tamment par Koli Tenguella). lis se sont alors installés dans le Djolof territoire qu'ils auraient
quitté par vagues successives, après s'être insurgés contre I' "autoritarisme" du Bourba Selon
AP. ANGRA~D, dans cette nouvelle aventure, certains d'entre eux seraient partis vers le Nord-Ouest, le long de la côte, vers Saint-Louis. Mais les groupes les plus importants auraient
pris la direction du couchant, passant par le Ndiambour, Pire, le Djander dans la région de
Thiès où ils auraient cohabité avec les Sérères Ndut;et le Saloum jusqu'à leur habitat actuel, la
presqu'île du Cap- Vert
Cette version d'essayistes-historiens et d'anthropologues correspond bien à celles de Lébou,
détenteurs des traditions. Ces derniers confirment la thèse des migrations par vagues
successi-ves venues du Nord-Est (Djolof) mais aussi du Sud (vers le Saloum et la Gambie). Toujours,
selon les mêmes sources et concernant la région de Dakar, les Lébou de Bargny constituent
1
" Ibidem p. 15
11 A M. LAM. /)e /'Origine l:gyptienne des Peuls .Présence Africaine p. 74 - 81
li-une branche plus proche des Sérères. C'est chez eux que l'on trouve le plus frequemment les
patronymes DIOUF. FAYE. NGOM qui existent aussi chez les Sérères.
[n attendant que de nouvelles études (en histoire, en anthropologie et peut-être en linguistique
diachronique) nous éclairent sur les origines lointaines des Lébou , nous pouvons nous poser
cette question. à la suite de A. ANSELIN • les Lébou seraient-ils le résultat de plusieurs mi-grations des "gens de la pêche" aux origines diverses qui se seraient dissoutes dans
l'ethnogenèse woloP
Les Lébou peuplent la presqu'île du Cap- Vert et une partie de la région de Thiès : Cayar (qui
constitue une partie du Djander), et une zone non moins négligeable de la Petite Côte. Leurs
sites les plus connus dans cette zone sont les villages traditionnels de pêcheurs disséminés le long de
la côte Atlantiq1.,1e (Ngaparou, etc)
ETAT DE LA QUESTION
Travaux sur la Langue \Volof
Etudes Descriptives
Depuis la colonisation, le wolof a été l'objet de travaux divers, parmi lesquels on compte
no-tamment des essais de missionnaires et d'administrateurs européens ou des études de certains
africanistes. La recherche s'est également développée ces dernières années parmi les linguistes
de l'Université CA. DIOP de Dakar et d'ailleurs. Beaucoup de domaines ont été explorés.
Sans être exhaustif, nous pouvons citer : la phonologie, la syntaxe, le système verbal, etc
Les études clialecrologiques publiées sur le wolof (contrairement aux études descriptives) sont
peu nombreuses li y a certes des travaux portant sur les parlers wolofs géographiquement
loc:.:lisès, mais elles ne sont pas, à proprement parler, dialectologiques En effet ces travaux ne
cherchent pas
à
marquer des différences avec d'autres parlers ou un parler choisi comme parlerde réference. Qans ce registre, nous pouvons citer les travaux suivants : sur la description
syn-chronique d'un dialecte wolof, voir S. SAUVAGEOT (1965) · le parler du f);olr?f ~ S SAR ( 1981) : le dialc:cte seedo-seedo du wuù?f, phonologie el mmphologie du verhe , descrip11m1 .'>yn1axiq11e d11 wolof de Uambie, CM. NJIE ( 1982) ; la seule étude dialectologique existante jusqu'ici est le travail de A DIALO (1984) le
v.·olql
de Mauritanie. Etudl! dialectologi-que.Nous pouvons aussi citer l'étude de Cheikh Tidiane Ndiaye: Au Sl!fet de la dia/ec10/ogie Wolqf Ce travail inédit compo11e des aspects fort intéressants, mème si son auteur pousse leniveau de comparaison au-delà de la langue wolof, car par moment il fait appel aux langues
dravidiennes.
JUSTIFICATION DU CHOIX
Comme nous venons de le dire, létude dialectologique du wolof est presque inexistante. Or la
langue wolof, selon certains linguistes, présente quelques variétés régionales Ces dernières,
même si elles ne sont pas très marquées (ne posant pas de grands problèmes
d'intercompré~ension entre locuteurs) doivent être considérés comme des dialectes, constat
qui revient souvent dans les rapports et décrets relatifs à lorthographe et
à
la séparation desmots dans nos langues nationales.
,< j11Sl/ll 'ici, 011 11 'u pas assez fait attenfion au fait que le 1vo!qf possJdwt plusieurs
dia/eues. 011 JJeut distinguer sommairement ceux d11 Nord, du Centre. du ( 'ap-1 c'!"I e1
du Su!o,11111 » 1; (voir rapport de présentation du décret n° 71-566 du 2 1 mai 1971)
Cette constatation reste encore valable aujourd'hui. Par rapport à ce qui a éte déJà fait concer-nant le vvolof d'une manière générale, son étude dialectologique demeure embryonnaire
Nous estimons, pour ces diftërentes raisons, qu'une étude exhaustive du wolof ne saurait oc-culter ce domaine.
Pour apporter ~otre modeste contribution à l'étude dialectologique de ce dernier, notre choix s'est porté sur le lébou qui est parlé
à
Dakar et dans ses environs.La présente étude porte plus précisément sur le parler lébou Ouakam. Des enquêtes préliminai-res sur le terrain, dans les villages de Ouakam, Ngor, Y off et Bargny nous ont révélé que le lébou ne constitue pas un parler homogène, mais plutôt un ensemble de parlers, ce que recon-naissent les locuteurs lébou d'un village à l'autre. Les différences peuvent ètre phonologiques, lexicales, ou syntaxiques. Comme dans les exemples suivants :
lébou de Ouakam
t,1\Jnt yaa ng1 .1ure \
lébou de Bargny
gunt yaa ngi daane /
[Les enfants sont en train de se battre]
En tenant compte de cette constatation, nous avons voulu procéder par étape, en choisissant le
lébou de Ouakarn comme point de départ <ie. ncrre. Q,tud(!..
Le village de Ouakam est situé
à
l'ouest du centre-ville de Dakar, au pied des Mamelles. 11 estlimite à l'Ouest par les Almadies, au Nord et à l'Est par l'aéroport et sa piste d'envol
La localité de Ouakam comptait en 1988, d'après les résultats du RGPH/1988, 2133
conces-sions et une population de 28. 193 14 habitants. Nous ne disposons pas de statistiques plus
ré-centes, mais ces chiffres ont très ce11ainement évolué entre temps, car le village de Ouakam est
aujourd'hui une zone résidentielle en pleine expansion.
Le lébou y est parlé dans sa forme "originelle" dans la partie que nous pouvons appeler
au-jourd'hui le vieux centre. Cette partie se trouve dans les anciennes limites du village. C'est là
que vit une bonne proponion des natifs du village.
OBJECTIF DE L'ETUDE
Le présent travail est une étude dialectologique d'un parler du wolof, le lébou de Ouakam. Une
étude dialectologique consiste à recenser d'éventuelles variations dites dialectales, d'un parler
donné par rapport
à
une langue ou à un autre parler auquel on attribue les mêmes originesContrairement
à
ce que fait la linguistique génétique, ici le travail consiste à constater desva-riations en synchronie.
Nous partirons d'un même sens pour voir comment il est manifesté dans un parler A par
En d'autres termes. nous pouvons dire que là où pour la même signification, un parler A
pré-sente un terme donné, le parlerB en a un autre .Les variations n'étant généralement pas
incohé-rentes. il s'agira d'établir les règles d'apparition de tel ou tel phénomène du parler A par
rap-port au parler B, etc.
Il s'agit de faire une étude comparative du parler lébou de Ouakam et du wolof qui est reflété
par le l>ictio111wire Wolof-f!'a11çais de A FAL, R. SANTOS et J.L. DONEUX 15• wolof
habi-tuellement appelé wolofstu'lda.-d,i que nous, nous appellerons conventionnellement pour les
besoins de notre étude, wolof de référence C'est un travail
COY'ltrtlstif
dans lequel nousrecen-serons d'éventuelles variations. Nous établirons le cas échéant pour un même sens (signifié) ce
qui est dit (réalisé) en lébou de Ouakam par rappo11
à
notre wolof de référence et établirons lesrègles expliquant ces variations autant que faire se peut, pour les mots qui sont
furrnel
1 ement et sémantiquement comparables dans les deux parlers.En effet, la structure d'un parler est révélatrice de son organisation interne ainsi que des
straté-gies des locuteurs pour exprimer la réalité Dans ce cadre précis il s'agit du wolof dit
Sblttd'drd
et du lébou de Ouakam Nous mettrons ces parlers en parallèle afin de dresser les éventuelles
variations susceptibles d'apparaître au sein des différents niveaux d'analyse que nous aurons
à
mener.
Ces variations (ou séries de correspondances) du lébou de Ouakam par rapport au wolof de
référence seront établies tour à tour au niveau phonologique (c'est-à-dire des consonnes et des voyelles), à celui du système
nominal~4conceme
la morphologie du nom, la détermina-tion, les démonstratifs, les anaphoriques), età
celui du système verbal (la morphologie duverbe sera examinée le plus exhaustivement possible).
METHODOLOGIE
Nous opérons
à
l'int~rieur d'une langue, en l'occurence le wolof Con~me précédemmentan-noncé . nous adoptons comme wolof celui dit standard ( commun ) et qui est reflété par le
Dictionnaire Vlo/of-:f;w1ç·ais ( 1990).
Nous avons choisi comme terrain de recherches le village de Ouakam
Pour la collecte des données, en dehors de la recherche documentaire, notre démarche
privilé-gie le corpus Celui-ci est établi en fonction des objectifs visés. C'est un type de questionnaire
soumis sous forme d'entretien.
Parallèlement, nous procéderons à l'observation indirecte, c'est-à-dire
à
l'enregistrement deconversations libres, le plus largement possible, afin de recueillir le maximum d'informations
Notre corpus a été transcrit phonétiquement et phonologiquement aussi bien en lébou de
Oua-kam qu'en wolof; ceci pour donner une idée de ce que peuvent être les variations
phonologi-ques quand nous passons d'un parler à l'autre, c'est-à-dire du lébou de Ouakam au wolof
(voir annexe.I.,.) Pour la transcription phonétique, nous utiliserons I' AP.I. (la présentation de
1989). Cependant,
à
cause des difficultés liées à la saisie et à la prise en compte du trait ATR 16en lébou de Ouakam, les voyelles maximalement fermées -A TR (moins A TR) seront transcrites
par ( 1] et [ u ], étant entendu que l'aperture est étroitement liée à la position de la langue.
1
' A. FAL R Santos. J. L Doneux. Diuionnaire lf'o/of-Français Karthala 1990
avan-Pour la transcription phonologique, nous utilisons celle qui est pratiquée dans les travaux rela-tifs au wolof Ainsi, les sons [i], [u ], [ e], [ E ], [ g ], [ u ], [ o
J, [
J] sont notés respectivement/u/, . /e( , !01, Io/ Les sons [i] et [u] sont les réalisations des voyelles maximalement fermées + A TR Leurs contreparties -A TR seront transcrites phonétiquement et phonologi-quement par [1], [u] et /u/.
Le coup de glotte (/'? !) nous avons remarqué qu'en lébou de Ouakam le coup de glotte appa-raît à l'initiale de monèmes lexicaux (lexèmes) et parfois grammaticaux quand un des autres phonèmes non-vocaliques du parler n'apparaît pas dans cette position
Exemples • On aura /dugelel ?aanda bi/ «fais rentrer!' encensoir» Et jamais /dugëlëlaanda bi/
Durant notre étude comparative nous nous sommes rendu compte que /?/ peut alterner soit avec IJl /wl du wolof~ à l'initiale comme en position interne.
Exemples wl yenu ajuwaat
Lb
/?enu/ (?énV] /?ajtfiaat/ [lu1u?u:t] sens"porter sur la tête"
"s'accrocher à nouveau"
Nous reviendrons sur ces exemples en détail dans la partie qui suivra.
Par contre pou! certains types de monèmes grammaticaux (ou morphèmes) le coup de glotte n'apparaît pas.
1-.xemples ·
/fuuk:~aax beenna/
[fu~K:~:~ bt·n:~]
/faatoox '(ami/
(fukke ?ax beena) "onze"
(faat\f?ax?amt) "Fatou et Ami"
Ces types d'exemples sont aussi valables pour le coup de glotte dans cette position en wolof
Nous pensons que le/?/ peut-être considéré comme phonème à part entière pour deux raisons
au moms:
l . li figure dans des unités phoniques structurelles.
2. li figure aussi dans des structures grammaticales (morphologiques comme la dérivation
verbale)
C'est pourquor dans notre transcription, le cas échéant, le coup de glotte est noté et figure
dans le tableau des consonnes
Le /ë/ final après complexe consonantique (i e géminée , groupe consonantique hétérogène
comme rt, nt, st>etc) : son interprétation ne pose pas de problème en lébou de Ouakamn Elle
est par contre nuancée en wolof, dans cette position. P M. SAMBOU et C MBODJ remar-quent dans leur article intitulé 11
Phonologie du wolor' :
«Après une séquence de consonnes identiques ou non en finale, la langue fai! appa-railre une voyelle ë (réalisé en voix normale après consonne sonore, el en voix
chu-choh;e U/>rès 1111e co11sm111e \0111de) l/llUlld aucune des sept 0111res V<~ve/les n 'esr ut
tes-/Je» I~
Quant à A. DIALO,il souligne dans "Eléments ·'J'Slémafiques du H•olofco11te111porai11" 1'), que est susceptible d'apparaître comme voyelle de soutien dans cette même position. C'est
pourquoi, nous n'avons pas intégré le dans notre transcription du wolof compte tenu des
positions encore mitigées sur cette question (voir corpus).
Les Informateurs
Nous avons travaillé avec plusieurs informateurs, 6 au total Ceci pour les besoins de l'enquête
préliminaire que nous avons menée entre Ouakam, Ngor et Y off pour mieux camper notre
su-jet et
d,w,s
un souci de contrôle rigoureux des données collectées.A Ngor, nous avons travaillé avec Mmes Khardiata Guèye et Walimata Samb. A Yoff, nous
avons recueilli des informations auprés de Youssou Ndir . A Ouakam, nous avons enregistré
un récit historique sur le village avec Monsieur Diogaye Ngom. Cependant les informateurs
principaux à q~i nous avons soumis notre questionnaire sont:
1) El Hadj :rvtbcrNdiaye, né en 1912, domicilié au quartier Terme-Sud à Ouakam.
2) El Hadj Alassane Guèye (Colonel en retraite de l'armée sénégalaise) domicilié au quartier
Taglou de Ouakam. De parents lébou , il est né en 1932 à Ouakam et~tlrégulièrement
,,
vécujusqu'à l'âge de 23 ans. li a ensuite effectué un séjour de 9 ans en Europe; séjour durant
le-quel il est venu 3 fois en vacances au pays. Depuis lors, il vit à Ouakam et occupe
aujour-d'hui d'importantes fonctions coutumières.Il est:
1
' Cf A. K. Diop. « Contribution à l'étude dialectologique du wolof: Le lébou de Ouakam » Mémoire de
Maî-trise UCAD \994•p. 24 - 27
1~ P. M. Sambou. C. Mbodj ·· Phonologie du wolof .in'--Annales de la Faculté des Lettres et S'ciences Humaines N° 20. Universtié de Dakar p. 179 - 192
-membre du co'nseil supérieur des notables ( appelés Diambours )
-sécretaire général du conseil de la collectivité lébou de Ouakam
-sécretaire général du regroupement des Ouanères (Waneers)
Il parle français et anglais, et a des connaissances en espagnol et en arabe.
STRUCTURE DE LA THESE
Nous aborderons une étude contrastrive des deux parlers en examinant tour à tour la
phono-logie, la morphologie et la syntaxe.
En phonologie, nous procéderons a un recensement des variations phonologiques aussi bien au
niveau des consonnes qu'à celui des voyelles. Nous parlerons ensuite de la morphologie du
nom et du verbe En ce qui concerne le nom, il sera question d'évoquer la classification
nomi-nale, la détermination , le connectif, les démonstratifs, les anaphoriques, les constituants du
nom ( possessifs), les substituts du nom ( pronoms), la dérivation et la composition. S'agissant
de la morphologie du verbe, les différentes formes de conjugaison et leurs variations seront
traitées Enfin, en syntaxe, le travail consistera à répertorier ditiérents types de constrnctions
syntaxiques qui peuvent se révéler qu.u1cl nous mettons les deux parlers en parallèle
Dans le corps de l'étude, afin d'é\~ter la r~tit1c,i'1, les termes lébou de Ouakam et wolof seront écrits respectivement Lb et wl .
1.
PHONOLOGIE
INTRO DU CflO !\
Dans cette partie, nous allons procéder à!' étude des correspondances entre consonnes d'abord,
entre voyelles ensuite Nous opérons au niveau du lexique Pour un signifié donné, nous
éta-blissons comment il est dît (est réalisé) en wl par rapport au Lb. Les types de variations
possi-bles (ou correspondances) peuvent se manifester tant au niveau des consonnes que des
voyel-les. Car pour le mème signifié, les deux parlers peuvent parfois ne pas procéder de la mème
distribution tant au niveau des consonnes que des voyelles.
l.1 LES CONSONNES lntroduction
Les cas de correspondances de consonnes que nous envisageons de traiter dans cette section
se manifestent ·
-à l'initiale de mot,
- en position interne,
"-"
et parfois" finale.
A l'initiale sont concernées, d'une part , les consonnes /w/ et /y/ qui correspondent,
éventuel-lement à (l'occlusive glottale) /?/. C'est le cas le plus systématique de correspondance entre
consonnes. D'autre part, mais dans une proportion très infime, nous avons relevé des
carres-pondances entre consonne simple (occlusive nasale) et complexe consonantique (occlusive
nasale-occlusive orale). Il s'agit des consonnes lb/, ln!, qui ont respectivement comme
corres-pondances /mb/, /nd/. En position interne (à la limite de monèmes), les consonnes concernées
~ous avons relevé cette correspondance avec certains verbes pour la résolution des hiatus, lors
de l'adjonction de certains sufüxes li s'agit des verbes à la finale vocalique pour lesquels, lors
de l'adjonction d'un suffixe à l'initiale vocalique, il ne se produit pas d'assimilation entre la voyelle du radical et celle du sufüxe
Toujours en position interne, nous avons noté un autre type de correspondance, consonne
sim-pie/géminée. Il s'agit des consonnes /n/, /r/, et /y/ Elles ont respectivement comme
correspon-dance /nn/, /rr/, et /yy/
En position finale, la correspondance retenue est de type occlusive/ constrictive Il s'agit des
~ C•ll"
consonnesjic:gf.Eîles "pour correspondante /xi
A propos de /w/ et /y/ à ! 'initiale, les correspondances ne concernent pas les démonstratifs et les anaphoriques commençant par ces consonnes. Il en va de même pour les autres mots ayant
les classificateurs /w/ et /y/ (à l'initiale) comme yëpp "tout, le tout", etc.
Nous allons maintenant exposer en détail les correspondances énumérées ci-dessus. Pour
cha-que cas d'espèce, nous établirons la règle qui serait à l'origine de ces correspondances car,
comme nous l'avons supposé dans notre introduction, elles ne sont pas fortuites Donc nous
donnerons les règles d'apparition de telle ou telle correspondance (variation) avec le
pourcen-tage d'apparition. Afin de constituer les pourcenpourcen-tages, nous procéderons par comppourcen-tage, en
excluant d'une part, les types de mots qui ne subissent aucune variation tels que les
démonstra-tifs et les anaphoriques, d'autre part, les mots qui subissent une variation lexicale.
1.1. 1.1 Corre.\pmulance W! 'l à l'initiale
A a J' initiale de mot en wl, correspond /V en Lb, quand la voyelle adjacente est
posté-neure. La voyelle postérieure peut être : /u,6,o/. Cette règle est quasi absolue. Sur les 80 mots du Dictionnaire Wolof'-:/rançws commençant par /w/ devant une voyelle d'arrière. il y a 70 rr.ots qui ont un équivalent phonîqL1e et sémantique en Lb. Sur ces 70 mots. 49 subissent la règle annoncée ci-dessus, soit un pourcentage de 70%.
Fxemples wl wonoant; b b " womb woom w6Ilëré wudd Lb sens /?oggantr/ "réajuster" [?::>g:untr] /?omba/ "ourler"
/?oom/ "être abondant"
[?::>:m]
/?6llëré/ "relation"
[?ol:~re]
[7ud ;:;i ]
wuudé 17uudé/ "cordonnier"
f?u de]
Quand la voyelle suivante est non postérieure (antérieure ou centrale), il n'y a aucune différence
entre les deux parlers. /w/ apparaît à l'initiale de mot en
Lb
comme en wl.1,,xemples
wl
Lb
senswafi /wafi I "tordre (le linge)"
wefi /wef\/ "mouche"
wittë lwittël "cueillir"
( qit:d]
1.1.1.2 Correspondance W/I en position interne
Il s'agit ici de consonnes épenthétiques pouvant apparaître lors de la dérivation. En wl, lors de
l'adjonction d'un suffixe à initiale vocalique à un radical verbal à finale vocalique brève ou
Ion-.
gue, s'il n'y a pas assimilation pour réduire le hiatus, la langue a recours à /w/ ou /y/ selon la.
~truc.-· tured
u
verbe.r ' ,
. C'est ce que 0 KA décrit dans son travail intitulé : [,a dérivation et la compo-sition en H'olof par sa règle 6. Il dit •
« i I y a apparition d'une consonne épenthét iq11e :
-après 11t1 thème àfinale vocalique et devant un srdfixe à voyelle longue initiale. -après 1111 radical mono.\yllahiq11e à.finale vocaliq11e et devant un s1{/fixe à initiale
1•0-caliq11e. Cette consonne est y devant une voyelle antérieure, H" devant une voyelle
I . . 22
centra e 011 postene11re »
En Lb, les cor:sonnes épenthétiques /w/ ou /y/ du wl correspondent à /7/. Dans les exemples
qui suivent, il faut remarquer qu'il ne s'agit pas d'un passage en revue du système verbal. Mais
dans le souci de faire ressortir la régularité de cette série de correspondances, en dehors de
l'infinitif, nous donnons quelques exemples dans différentes modalités verbales pour illustrer
nos propos.
Exemple
wl Lb sens
ajuwaat /7ajtfiaat/ "s'accrocher à nouveau"
àttewaat /?<1atte7aat/ "juger à nouveau"
[~ E71U]
awuwaat /7aawwu7aat/ "retenir à nouveau"
bayyiwaat a11uwoon àjjiwaat jiwaat yeewaat jiwal jiwati barewoon /ba'yy 1? aat/ [bU:i 1?12 t J /?artu?oon/ /?~jj1?aat/ [?t..>j 1?wt) 1j r?aat/ [J1?trt] /?ee?aat/ [?~:?u:t] I
jt?al/
f11?ul) /j1?at1/ [Ji'?1m) /bare?oon/ fburt:?:):n] "laisser à nouveau""mettre en garde _._ passe"
"décrocher à nouveau"
"semer (graine) à nouveau"
"réveiller à nouveau"
"semer+ impératif~'
"semer+ itératif'
"être abondant passé"
batalewoon
deewoon
/bat,ale?oon/
[butulE:?::i n]
/dee?oon/
Ll.2. Correspondances Y/? à l'initiale
"confier passé"
"mourir passé"
Ce cas de correspondance ne constitue pas une règle absolue. En effet, en wl, comme en Lb,
/y/ peut apparaître devant n'importe laquelle des voyelles que compte le système (du wolof)
En passant en revue l'inventaire des mots que contient le Dictionnaire V/oh?f-:fi'a11çais
lcommençant par /y/, nous constatons parfois une correspondance entre /y/ en wl et
171
en Lb.Ces cas de correspondance se produisent quand la voyelle suivante est non-postérieure
(anté-rieure ou centrale) mais seulement dans une minorité de cas, car pour une voyelle
non-postérieure donnée, la règle ne fonctionne pas de manière absolue.
En Lb, commll en wl, /y/ apparaît régulièrement devant /u, uu/ ; devant lé/ ; devant /6, 60/ ;
devant lël ; devant /a, à/ et /aa/.
Cependant, il faut noter que nous avons rencontré deux cas avec 17/ à l'initiale devant /a/ en
Lb. Il s'agit du personnel indépendant ymy "toi" et de son dérivé Yfü! "c'est toi0
Avec /ii/, /y/
apparaît en Lb comme en wl. Mais il y a des mots avec lesquels 17/ apparaît devant cette même voyelle en Lb. li s'agit des mots pour lesquels, outre la correspondance /y/
171,
nous avonsNous constatons le même phénomène avec y~J<~~Ji "soulever", yÇ.[n_QJJ ''épier"21.
Devant /e/ et iee/, le plus souvent c'est /y/ qui apparaît en Lb, comme en wl.
Les séries de correspondance entre /y/ et /?/ à l'initiale étant complexes (absence de règles systématiques); nous allons les étudier cas par cas devant chaque voyelle donnée, en
distin-guant le cas de la voyelle brève de celui de la voyelle longue.
l. J.2.1. Correspondance lï JI à l'initiale devant
/il
Pour ces cas d'espèce, nous avons répertorié en wl 13 mots, dont l'un a un autre
correspon-dant lexical. Il s'agit de yitt "battre ... Son correspondant lexical en Lb est çi6or De cet
inven-taire, 12 mots sont formellement et sémantiquement apparentés au Lb, 7 mots subissent la
règle donnant la correspondance /y/ en wl et
171
en Lb.lxemples
wl
yidda yikkët yilif ~1 cf cas isolés Lb /?iddë/ [?id:g] /?ikkët/ [?ik: gt] /?ilif/ [?il if] sens"délai de viduité pour les
femmes divorcées"
"sanglot"
yilimaan /?ilimaan/ "Imam"
[?11Imu n]
yilla /?illë/ "idée centrale, substance"
[?il:;;i]
. '
y1tte !?itte/ "prévenance, attentic1n"
[?it:e]
11.2.2. ÜJrre.']JOndance
Wl
à l'initiale devant/ée/
Nous avons enregistré en wl 12 mots ayant un correspondant phoniquement et
sémantique-ment comparable au Lb. De cet inventaire, 6 mots sont concernés par cette correspondance
On peut noter cependant que parmi les 6, deux connaissent aussi une correspondance /ée, ii/
quand on passe du wl au Lb (cfI. l.2.5. cas isolés).
f,,xemples
wl Lb sens
yéene /?eene/ "souhait"
[?e:ne]
yéene /?eene/ "déclaration, annonce publique»
!. 1.2.3. Corre.1,po11dance Il? à l'initiale devant /e/
Nous avons relevé en wl 24 mots ayant un rapport phoniquement et sémantiquement
compara-ble en Lb. 5 mots sont concernés par cet!e règle en Lb.
/:xemples wl yelloo yernb yen yenu yenm Lb /?eelloo/ [?e-1:)] /?emba/ /?en/
[?rn]
/?enu/[?mu]
/?eennr/ [?oo:r] sens "mériter" "ëtre au complet""aider à charger sur la tète »
"porter sur la tète"
"aider (qqn) à enlever une
/. Ll.4. Corre.vwndance lli' à /'initiale devant
/ee/.
Nous avons recensé en wl 9 mots ayant un équivalent phonique et sémantique en Lb En Lb, 3
mots sont concernés par cette série de correspondances
/<,\emples wl yee yeetal yeewu 1.1.2.5. Cas isolés Lb /?ee/ [?E ) /?eetal/
[?t
ml]/?ee2
u/ (?E:7u) Sl'llS "réveiller quelqu'un" "endormir" "se réveiller"lei, outre la correspondance /y, ?/, les mots en question subissent aussi une loi de correspon-dance entre voyelles, quand nous passons du wl au Lb.
Er:emples wl yéex Lb /?iix/ [?i:x] sens "être lent"
veexal yëkkëti vër yërndu 17iixël/ [?ix~ll /7ékkëti/ [?ek dti] /?iir/ [?i:r] /?iirndu/ [?i:r"du] "retarder'' "soulever, lever"
"jeter un coup d'oeil''
"épier"
I.1.3. Correspondance consonne simple/ complexe consonantique
A l'initiale et en position interne, nous avons rencontré quelques cas de correspondances entre
consonnes simples et complexes consonantiques ( ici prénas.\\î>). Cependant, il s'agit de cas
isolés
/.1. 3.1. Corre.\jJOndance occlusfre sonore/ pré..tiasale
Nous avons recensé deux cas, tous deux à l'initiale.
Exemples
wl
Lb sens/b/ /mb/
/n/ - /nd/
ntJaay /ndrjaay/
(ndl jB:j]
"oncle maternel"
/. 1.3. 2. corre.vwmlances consonne simple/ g'4nzinée
Trois cas, tous en position interne,ont été recueillis
h.xemples wl ton et won layoo
Lb
/tonnet/ [t::tnt:t] /?oorn/['èf'rr]
/laayyoo/ [l~:::i:] sens"coverbe au sens de répliquer"
"fêter la rupture du jeûne"
"être en procès, procès"
"Tonnet" est un mot expressif, donc très exposé aux variations. Par contre pour /'hrrt/, il
s'agit d'un inversif dont la marque est, pour de nombreux verbes, redoublement de la consonne
finale + /il. Le mot lébou est donc plus régulier que la forme /wori/ du wolof, car ce
pari
el"semble répugner
à
la gémination du /r/. Comme nous le remarquons, la gémination du /r/ estexpres-sifs En ce qui concerne /laayyoo/, en Lb devant le suffixe /oo/, on a fréquemment une gémination,
contrai-rement à ce que nous avons en wl Nous pouvons donner les exemples ci-dessous
/jubbÔo/ ltub o ] /?aayyo/ (7B:j ;) ] /laayyoo/ (lB:j:J ] "se réconcilier" "se quereller" "être en procès"
1.1.4. Correspondance occlusive/ constr i.ctive
Nous avons relevé un cas, en position finale
Exemples wl ag/ak Lb /?ax/ (7Bx] sens "avec, et"
l.1.5. Les séquences consonantiques finales en wolof et leurs correspondances
en Lébou.
Dans différents travaux sur le wolof, il a été fait mention du /ë/ final (de soutien pour DIALO),
qui pouvait apparaître après séquence de consonnes. Sa manifestation a fait l'objet d'une étude récente dans le cadre d'un article intitulé "phonologie du wolof'de P.M.SAMBOU et C MBODJ.
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«Après séquence de coJ1su11nes idenlhfites 011 11011 en/inale, lu la11g11efàlf oppuruitre 1111e wJyelle ë (réalisée à voix 11onnale après consonne sonore et il l'oix ch11cf10tée après consonne sourde) llllllnd aucu11e des sept autres voyelles n'est attestée» 2'
Ce passage nous parait iméressant dans le cadre de notre étude, car le phénomene ainsi décrit
ne se retrouve pas dans le parler que nous étudions. Cependant avant de passer a l'étude de ce
/ë/ final en Lb1 nous émettons quelques réserves à propos de la citation ci-dessus. En effet,
f-a1re.
SAMBOU et MBODJ passent sous silence la nécessité defigurer dans la graphie de cet /ë/ final (car, à notre avis, c'est un élément phonique attesté).5itet élément ne semble être attesté
qu'à voix normale après consonne sonore, n'est-ce pas parce que, en wolof les consonnes
simples sont implosées en position finale!En revanche, avec les géminées, l'explosion des
con-sonnes sonores est réalisée pleinement du fait du redoublement. Nous donnons lexemple de
gëdd
Ce même mot avec le suffixe {-am} donne gëddëm. En Lb nous avons
gëddë
et
gëddaam
/aa/ obtenu avec la loi de l'assimilation vocalique existante dans la langue.
En Lb, une voyelle pleinement réalisée est toujours manifestée, après une séquence de
conson-nes sonores ou. sourdes finales. En d'autres termes, une voyelle pleinement réalisée est
réguliè-rement réalisée après un complexe consonantique.
-La voyelle réalisée, là où en wl, on aurait /ë/, est une centrale /ë/ ou /a/. L'apparition de !'une
ou J' autre de ces voyelles est réglée par les lois de l'harmonie vocalique .
L'apparition ou non de ce /ë/ final a des incidences (difiërenciatives) quand nous pratiquons la
syllabation dans nos deux parlers mis en parallèles
f,~v:emples :
Après complexes consonantiques sourds
wl sikk witt pepp njort
Lb
/sikkë/ [sik:~] /wittë/ [ wit:aJ /peppa/ [pep:B] /njorta/ [nprtn]
Après complexes consonantiques sonores
Exemples digg /diggë/ [ dig:g] sens "imperfection, défaut" "cueillir" "graine" "préjugé" "milieu, centre"
séhb /sébbë/ "feu de paille, de feuilles mortes [seb :J] ou de branchages mis en tas"
sedd /sedda/ "être froid"
[ssd ti]
senn /senna/ "couler, fuir (pour un
récî-[srnv] pient percé)''
Ces voyelles finales apparaissent aussi à la fin du premier élément de formation dans le cas de la composition ou de la dérivation. Elles apparaissent aussi à la fin de chaque élément en cas de reduplication. ·
f<,\emples
wl Lb sens
nàppkat /naappakat/ "pêcheur"
[nu.p:ukut]
romb-jaan /romba· j aan/ ''natte avec rebord"
màtt-matt /maatta maatta/ "morsure"
[mut:B mut u]
dam-dam /daamma jaamma/ "fracture"
Ces observations nous permettent de tirer les conclusions suivantes . Il n'y a pas de diflèrence de nature, sur le plan phonétique entre les voyelles /ë/ et /a/ et les autres voyelles finales en Lb Elles sont pleinement réalisées et non facultatives. La dérivation peut confirmer cela car avec ces voyelles lë( et !al finales apparaissant après complexe:.-i consonantiques, lorsqu'elles sont suivies d'un suffixe à initiale vocalique, il y a fusion avec la voyelle du suffixe comme cela se passe pour les autres voyelles finales normales. Les deux voyelles fusionnent et donnent une voyelle longue l~xemples wl njortam rafetul Lb /njortaam rafetul/ [ n3.>rtB: mrnfrttrl]
noppam dafay metti /noppaam daxay m1tt1/ [n::>p:B:m dBxBj mtt:r]
rakkam
nëw
na /rakkaam nëw në/[rnk:B:mJ1~WnB]
sens
"son point de vue n'est pas positif
une pers. anim. d1une mauvaise conscience"
11
son oreille lui fait mal"
"son frère est arrivé''
Ces exemples confirment qu'en Lb, les voyelles /ë/ et /a/ apparaissant en finale après com-plexes consonantiques, sont des occurrences de phonèmes et non de simples réalisations fa-cultatives prévisibles au moyen d'une règle simple comme on l'a fait jusqu'à présent pour le
wi2
4 En Lb elles ont une valeur phonologique. Ce qui nous amèneà
parler brièvement de lastructure syllabique en Lb et en wl.
24
1.1.6. Syllabe et Frontières Syllabic1ues
l 1. 6. 1. La ,\y/labe et la ,\y/labation
Le problème de la syllabe est délicat. Son interprétation diflëre selon la langue et le niveau
d'analyse auquel on se trouve (phonétique, phonologique, etc ... ).
Nous n'avons pas la pretention de la traiter
à
fond dans le cadre de notre travail Par rapportà
ce qui précède (la réalisation d'un /ë/ ou d'un /a/ après complexes consonantiques et
prénasa-les), mais aussi
à
ce qui suit (l'analyse des correspondances au niveau des voyelles en nousbasant sur les structures syllabiques des unités phonologiques pour mieux faire le discernement
des correspondances quand nous passons du wl au Lb), nous essayerons d'en développer
quelques tendances en nous plaçant du point de vue phonologique.
Pour ce faire, n,ous allons passer au peigne fin un certain nombre de critères inhérents aux deux
parlers mis en parallèle afin d'opérer une coupe syllabique qui puisse, le plus possible, refléter
la réalité des faits étudiés.
Rappelons que la structure canonique du wl, comme du reste celle du Lb, est la structure
cvc
C'est pourquoi le wl utilise beaucoup de connecteurs (ou glide9. Nous pouvons citer le cas du
[a] qui sert de connecteur dans :
bëgg a lekk ___, vouloir manger
ttt !tt!
CV C V CV C
CVC V CVC
Da:1s nos deux parlers mis en parallèle, il existe des éléments phoniques complexes (plus
préci-sèment des éléments consonantiques complexes) dont les prénasales, les géminées, les suites
consonantiques homorganiques telles que /mp, nt, ne/. . (appelées à tort prénasales sourdes) et
d'autres plus hétérogènes comme /11, sk, st/ .. etc.
Les prénasales sont des phonèmes consonantiques attestés dans les deux parlers. Elles se
com-posent d'une occlusive nasale et d'une occlusive sonore. En d'autres termes, elles sont formées
d'un elément oral et d'un élément nasal homorganiques. Elles constituent une seule articulation
c'est-à-dire des articulations mono phonématiques.
Les géminées la géminée aussi constitue une seule articulation Leur particularité phonique
est qu'on a l'impression d'avoir un redoublement de l'élément consonantique en question
(donc géminé).
Une étude phonétique et articulatoire25 a montré que la pai1icularité de ces articulations (dites
géminées) résidait dans la tenue. Elles ont une tenue plus longue (qui dure plus) que celle
d'une simple avant l'explosion
Les suites consonantiques telles que /mp, nL ne, nk, nq/ sont des combinaisons de phonèmes,
réalités que l'on peut rencontrer dans nos deux parlers, mais elles ne sont pas classées parmi les
phonèmes qui constituent le tableau phonologique. Leur utilisation a des limites Elles
n'apparaissent pas à l'initiale de mot
25 M.T Cissé Descritpîon articulatoire des occlusives du wolof
•
..
•
•
•
•
•
•
Les suites consonantiques hétérogènes, de même que celles dont nous venons de parler
(sui-tes consonantiques homorganiques) n'apparaissent pas
à
l'initiale.En wl les prénasales, les géminées et les suites consonantiques (homorganiques ou hétérogè-nes) peuvent apparaître en position finale Concernant le Lb, ces articulations que nous venons
d'énumérer n'apparaissent jamais en finale, elles sont toujours suivies d'un /a/ ou d'un /è/
Apr~s ces préalables, essayons de répondre
à
la question suivante: Qu'est-ce-qu'une syllabe ·7 "La syllabe est le plus petit segment de chaîne parlée, articulation détachable entre deuxpau-Dans ces dits segments, ce sont les éléments phonématiques d'une langue qui se combinent
entre eux· pour former des syllabes D'une manière générale, ces combinaisons s'articulent
autour d'une voyelle. C'est la voyelle qui assure Je rôle de noyau (ou centre de syllabe) et la
consonne (ou les consonnes) celui de marge .
En eftèt dans nos deux parlers mis en parallèle, la voyelle constitue le noyau de la syllabe
En appliquant cette définition de la syllabe en Lb comme en wl, nous pouvons faire,
concer-nant la syllabation, les remarques suivantes :
En position initiale, une syllabe ne commence jamais par une consonne géminée (le radical
..
•
•
•
•
•
••
En position interne, la syllabe ne commence pas par une géminée ou une suite consonan-tique. Dans cette position, seules les consonnes simples ou les prénasales peuvent
appa-raitre (étant entendu que ces dernières constituent des articulations
monophonèmati-ques).
En
position finale, la syllabe ne peut ètre terminée que par une consonne simple ou unevoyelle en Lb.
Les géminées. les suites consonantiques et les prénasales n'apparaissent jamais en position
fi-nale absolue. Au contraire en wl, elles peuvent le faire. Ainsi en Lb, comme en wl, les types de
syllabe que nous pouvons avoir se présentent comme suit : CV, CYC, CYV et CYVC. La
for-mule syllabiqué CV(VC) se trouve ètre la plus courante .
/.1. 6.2. Frontières Syllabiques
La frontière (ou jointure) syllabique est le point de césure entre deux syllabes Pour chaque
langue, elle est déterminée par les types et structures de la syllabe. Dans nos deux parlers mis en
parallèle, en tenant compte des remarques concernant la syllabation, la frontière syllabique n'est pas
toujours la mèlne d'un parler à l'autre .
En effet celle-ci passe toujours entre les deux éléments d'une géminée.Elle passe aussi entre les
deux éléments d'une suite consonantique (homorganique ou hétérogène). Sur ce point précis,
cette affirmation n'est valable que pour le Lb quand nous prenons l'exemple d'un segment
minimal autonome (i.e le mot). Pour le wl, cette interprétation n'est possible que dans le
ca-dre d'un énoncé minimal