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L'Educateur n°8 - année 1958-1959

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Texte intégral

(1)

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15 Janvier

195j 8

Revue pédagogique bi. m ensueHe de

l'Institut Coopératif de ]'École Moderne - - - -

(2)

France Etranger L'flJll;A'.IHIR, revue pédagog 1 que, 20 numéro!; par an ••••• 1. !<('(\

I3Il3LIOTIIEXlJE DE TRAVAIL (documentation pour élèves et

maîtres), 30 numéros par an •••••••••••••••• 3.:!Xl 3.F«>

D.T.T. (supplément à Bibl iothè~ue de Travail). 20 nu-

lA GERP.E (10 numéros par an )

Les règlements par virement postal sont à effectuer au compte de L.C.E.1.!., place Bergia1 CANNES (A.M.) - C.C.P. lldfl-:U MARSEIIIE

Imprimerie C.E.L. - Le Gérant C. FREINET

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4

Techniques Freinet

Depuis la rentrée d'octobre, nous avons opéré un certain nombre de considéra- tions et de redressements qui visent non à nous donner raison face à ceux qui chez nous ou ailleurs ne pensent pas comme nous, mais à continuer patiemment dans notre pédago- gie, ce tâtonnement expérimental qui, ma foi, porte dèjà sa généreuse part de fruits.

Notre Revue n'est pas, ou du moins pas encore, une revue de vulgarisation. Il nous faut rôder encore passablement nos outils et nos techniques, les acclimater dans les classes que nous disons traditionnelles, pour les mettre un jour prochain à la portée de tous. C'est cette commune expérience, ce sont les péripéties de ce tâtonnement que nous brassons longuement, dans nos classes, dans nos réunions, nos stages, nos Congrès, dans nos Bulletins et dans notre Revue.

Encore faut-il, pour que l'expérience soit bénéfique, que nous soyons nombreux à savoir où nous allons et ce que nous voulons, à placer à point nommé les panneaux de signalisation, les feux verts et les feux rouges.

Ce n'est pas assez de dire que nous devons nous imprégner d'un esprit Ecole Moderne. Si nous ne disons pas comment acquérir cet esprit, nous risquons de laisser croire qu'il est comme une grâce mystérieuse dont nous ignorons les secrets.

Cet esprit s'acquiert à même notre travail pédagogique bien sOr, mais il résulte surtout d'une nouvelle conception des processus psychologiques et du comportement, d'une nouvelle psychologie, d'une philosophie tout à la fois scolaire et extra-scolaire, d'une nouvelle formule pour notre fonction d'hommes et d'éducateurs.

C'est parce que je l'ai compris ainsi depuis longtemps que j'ai personnellement écrit tant d'articles au cours desquels j'ai essayé d'élargir et d'approfondir notre horizon et que j'ai mûri pendant la clandestinité mes deux livres : !'Education du Travail , et Essai de Psychologie sensible appliquée

à

/'Education, qui peuvent servir de base à nos recherches.

L'Education du Travail est épuisé et nous pensons le rééditer prochainement. Les camarades qui ont lu Essai de Psychologie sensible sont mieux armés pour progresser vers la recherche psychologique et philosophique qui soutient, prépare et explique notre esprit Ecole Moderne.

Il est indéniable cependant qu'une reconsidération permanente s'impose. La vie marche vite. Des problèmes nouveaux naissent à tout instant, auxquels il nous faut cher- cher une solution et reste également à mener - délicate et laborieuse - la lutte contre les systèmes périmés, qui ont pour eux la tradition et l'autorité, ces montagnes contre lesquelles il est miracle que nous ayons pu susciter un ébranlement et un grignotement à poursuivre et renforcer.

L'ébranlement s'est produit d'abord chez nous. Nombreux sont les camarades qui ont saisi intuitivement le sens, la portée et les moyens de cet esprit Ecole Moderne, dont ils savent imprégner leur propre conduite, les articles qu'ils écrivent, les explications qu'ils donnent, les stages qu'ils animent.

Et voilà que quelques-uns d'entre eux veulent aujourd'hui dépasser cette intui- tion pour aller à la connaissance. Une étape, peut-être définitive, prend ainsi naissance et nous nous en réjouissons.

C'est notre ami Le Bohec, de Trégastel (Côtes-du-Nord), qui donne le branle en nous écrivant : (Le Bohec destinait à !'Educateur un simple appel ; je m'excuse de donner sa lettre en entier, tellement je la crois fondamentale et déterminante) :

«J'ai bien reçu votre lettre (d'Elise Freinet) qui me recommandait la lecture du

«

Phénomène Humain

»

de Teilhard de Chardin. Je l'ai lu pendant les grandes vacances, insuffisamment je crois, car je ne l'ai lu que trois fois el, pour bien l'assimiler, il m'aurait fallu encore deux nouvelles lectures. Mais toute-

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fois cela m'a sufft

à

comprendre pourquoi Freinet le recommande tant. Il y a là comme une justification biologique de nos techniques. Elle concerne à la fois les techniques appliquées aux enfants et nos méthodes de recherche au sein de l'/.C.E.M. Ce sont les procédés de la vie.

En lisant le livre de Teilhard de Chardin, je pensais sans cesse: «Freinet a raison ».

J'y ai trouvé beaucoup d'idées intéressantes. Beaucoup, c'est peu dire ; elles foisonnent. En voici une par exemple :

«

Le tigre a poussé l'amélioration de ses griffes à un degré de perfection.

L'homme, comme les autres animaux, a travaillé

à

l'amélioration de l'un de ses organes, mais ce qui fait la différence dans son cas, c'est le cerveau qui en a été le bénéficiaire

».

J'ai pensé établir aussitôt une analogie sur le plan social. Qu'est-ce qu'un instituteur ? Un travailleur comme les autres, qui améliore son métier comme les autres travailleurs. Seulement, ce qui fait toute la différence, c'est que son effort tend à améliorer les techniques d'éducation, ce qui me parait actuellement essentiel.

J'étends toujours nos découvertes à des domaines extra-pédagogiques.

Freinet a raison lorsqu'il écrit - dans sa lettre où je me sens tant d'accord avec lui - «Si nos idées n'étaient valables que pour la pédagogie, elles seraient vile condamnées

».

C'est vrai; je n'en avais pas encore pris conscience; elles ont un caractère d'universalité. Cela je le sens, mais encore très confusément. A ce propos, je voudrais m'enrichir, m'éduquer, accroitre mes connaissances.

Nous avons maintenant à /'Ecole Moderne une foule de faits d'expérience - entre autres, des faits psychologiques qui sont tant négligés par les scien- tistes - (el ils prétendent expliquer le monde). Eh bien, j'éprouve le besoin de voir ces faits étendus, raccrochés

à

de grands ensembles, non pas pour les in- sérer de force à des groupes d'idées préalablement établis, mais pour les voir vivifier des théories existantes, el au besoin pour en susciter de nouvelles.

Je m'exprime mal, très mal; je suis comme le jeune enfant qui a besoin d'un bain linguistique pour acquérir sa langue. Moi, j'ai besoin d'un bain de pen- sée pour mieux comprendre.

Nous devons être ainsi plusieurs à /'Ecole Moderne à éprouver le besoin de grandir, de s'agrandir! de s'universaliser.

Est-ce que les camarades intéressés par, mettons : les fondements philosophiques des Techniques Freinet ne peuvent essayer de grouper leurs connaissances, de joindre leurs infinitésimales étincelles de génie pour en faire un feu d'artifice ?

Je pense qu'un cahier de roulement - formule nouvelle et e{flcace - ne serait pas inutile

».

Le Bohec nous envoie l'appel suivant :

Plusieurs camarades voudraient lancer un cahier de roulement ayant trait aux «Fondements Philosophiques des Techniques Freinet». Il s'agirait de discuter entre copains et non entre gens supérieurement calés. Chacun ferait part de ses réflexions, de ses découvertes, de ses interrogations

à

partir des faits d'expérience, car, fidèles à l'esprit de nos techniques, nous voulons partir des faits de la vie pour nous enrichir coopérativement. Que chacun de nous apporte aux copains sa petite part du maître el des horizons peut-être insoupçonnés s'ouvriront.

Si vous voulez recevoir ce cahier, même si, au départ, vous n'avez pas l'intention d'y écrire, envoyez votre adresse à LE BOHEC - Trégastel, qui éta- blira le circuit.

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camarades intéressés par cette initiative, que je dirai fondamentale, ne dépasse pas la douzaine, nous demanderons à Le Bohec, dans huit jours, de lancer son cahier de roule- ment.

Mais il semble que nous devrions avoir plusieurs centaines de participations, tellement nous sommes riches en personnalités curieuses et idéalistes, préoccupées, comme Le Bohec, de progression en profondeur pour s'enrichir et s'universaliser.

Dans ce cas, nous polygraphierions les participations des camarades et nous enverrions de longues circulaires. Mais nous ajouterions à chaque circulaire une feuille en blanc, de roulement, que vous devriez obligatoirement nous renvoyer avec votre parti- cipation, si humble soit-elle. Le service serait automatiquement suspendu à qui aurait décroché la chaîne.

Pourquoi alors, penseront une majorité de nos lecteurs, ne pas confier ces recher- ches à l'Educateur où une telle rubrique serait précieuse ?

Parce que, que nous le voulions ou non, !'Educateur est déjà une revue, où on n'écrit pas n'importe quoi et n'importe comment. Il y a de nombreux camarades - et Le Bohec, pour si paradoxal que cela soit, est du nombre - qui ont des idées plus qu'inté- re2santes, qui nous écrivent des lettres de quatre ou huit pages, mais seront paralysés si nous leur demandons un article de dix lignes. Il nous faut aussi faire coopérativement notre tâtonnement expérimental.

Et Le Bohec précise bien dans son appel : apportez-nous l'écho de vos propres interrogations, de vos doutes, de vos découvertes ; donnez-nous des faits d'expérience.

Nous chercheroï1s ensemble, et peut-être pourrons-nous aller plus loin que nous le sup- posions. au départ.

Cette circulaire roulante sera servie exclusivement aux Coopérateurs. Elle n'est pas destinée à la publicité. Nous la rédigeons entre nous d'abord. Ce qui ne nous empêche pas, au contraire, d'en extérioriser par la suite, dans l'Educaleur d'abord, ailleurs si né- cessaire, les pages les plus instructives.

Le service de la circulaire roulante est gratuit. L'l.C.E.M. en prend la charge, C'est un outil de travail supplémentaire que nous mettons

à

la disposition de nos meilleurs travailleurs, Mais nous précisons bien que la forme même, pour ainsi dire interne de cette

coopéra~ion, ne nécessite nullement que vous soyez chevronnés en Ecole Moderne. Au contraire, ce sont les questions que se posent les nouveaux venus quand ils abordent notre mouvement, les inquiétudes et les doutes des jeunes qui doivent tout particulièrement être étudiées. Aucun programme non plus. Le titre même choisi par Le Bohec nous pa- raît suffisamment éloquent :

LES FONDEMENTS PHILOSOPHIQUES DES TECHNIQUES FREINET Qui s'inscrit?

Dans huit jours, nous démarrerons, soit le cahier de roulement, ~i nous n'avons pas plus de douze réponses, soit la circulaire roulante si nous bénéficions d'une plus grande richesse.

C. FREINET.

P. S. -

Une collègue de Seine-el-Oise nous accuse de mêler la politique

à

l'enseignement,

à

cause de «cette mise en épingle des systèmes russes et chinois sur lesquels vos articles s'étendent avec largesse, ce plagiat de la mode

russe

d'appeler chacun camarade; tout cela, nous n'en avons pas besoin pour créer un sysléme laïque français fort

».

- 21

~

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Nous nous sommes excusés à diverses reprises de n'avoir aucune rubrique ré- gulière de la pédagogie anglo-saxonne, où nous aurions, nous n'en doutons pas, à puiser tant d'exemples et d'enseignements. Malheureusement, malgré tous nos efforts, et nous ne savons au jus~e pourquoi, nous n'avons pas encore pu trouver, ni en Angleterre, ni aux U.S.A., aucun noyau, si petit soit-il, de collègues (ne disons pas camarades) qui nous aurait donné des renseignements sur la pédagogie telle qu'elle se pratique dans ces pays.

Nous n'avons à notre disposition que les livres traduits de l'anglais et dont nous rendons compte le plus possible.

Nous sommes par contre renseignés beaucoup plus généreusement sur la péda- gogie sov:étique. Et si nos collègues anglais et américains veulent bien répondre aux in- vitations que nous leur faisons pour notre Congrès, nous les accueillerons avec la même fraternité que nous avons manifestée à nos amis Yougo-Slaves, Polonais et Soviétiques.

Si les autorités anglo-saxonnes peuvent faciliter le voyage de nos délégués comme l'ont facilité les autorités soviétiques, nous irons en Angleterre et en Amérique.

Ce n'est cependant pas notre faute si les Soviétiques poursuivent leur tâtonnement expérimental en éducation comme dans tant d'autres branches, sans crninte de bousculer les traditions et les formules. Comme ce n'est pas notre faute si les Soviétiques ont été les premiers à placer dans l'orbite du soleil un satellite artificiel.

Ou devrions-nous nous abstenir d'étudier les nouveautés si elles viennent de l'Est au moment où le Président Eisenhower lui-même félicite les savants russes pour leur exploit sensationnel?

Cette collègue définit d'ailleurs justement notre programme :

«

Dégager de toutes les théories ce qu'il y a de bon, de façon à bâtir quelque chose de solide sur l'expérience des autres, devrait être votre seul souci. Tous les instituteurs ont envie que l'on n'en reste pas à ce stade négatif de la pédagogie actuelle, qu'il y ait liaison entre la maternelle et la primaire, que l'on fasse entrer la vie dans l'Ecole. Beaucoup sont avec vous, seraient avec vous, car tout ce que vous dites est juste et fondé. Seulement, si le fond y est, c'est la forme qui n'y est pas. On veut penser Français uniquement, mais ni Russe, ni Chinois, pas plus qu'Américain d'ailleurs ...

».

Des camarades avaient protesté quand j'avais choisi comme titre à mon livre : L'Ecole Moderne Française. Nous pensons aussi que, instituteurs français, nous ne pouvons pas faire d'autre pédagogie qu'une pédagogie française, mais que, en cette deuxième moitié du xxc siècle, alors que la radio, les avions et la télévision effacent les frontières, aucune pédagogie n'est valable, pas plus qu'aucune science, si elle ne s'appuie sur l'expé- rience qui se poursuit dans les divers Pays. Et l'Année Internationale de /'Education dont nous avons lancé l'idée, visait justement à cette mise en commun des efforts pédagogiques internationaux, afin que chaque pays puisse bâtir sa pédagogie nationale avec un maxi- mum d'efficacité technique et humaine.

Quant au mot camarade, il est très antérieur à la Révolution soviétique. Il est un des plus beaux mots, et le plus chargé de sens

et

de vie de la langue française.

Nous sommes fiers de pouvoir traiter de camarades les milliers d'éducateurs qui ont trouvé chez nous le réconfort d'une précieuse fraternité.

~

.

- 22 -

..

(7)

EN BELGIQUE

Du nouveau dans les Programmes

J'ai sous les yeux le dernier Plan d'Etudes Belge, résultant de l'arrêté du 20 no- vembre 1957, et qui vient d'être publié.

Le temps et la place nous manquent pour donner l'analyse méthodique de ces nouvelles instructions officielles, où l'on sent l'influence grandissante des Techniques Freinet dans leur ensemble et (il faut bien le dire à l'honneur de nos camarades) à l'in- fluence de notre mouvement belge, auquel participent des représentants de la hiérarchie.

Aussi nous limiterons-nous à citer les passages les plus éloquents. Une seule remarque préliminaire : même dans les détails destinés à aider les jeunes instituteurs belges, les recommandations ne lâchent pas les principes pour le procédé.

« ... Ce souci de précision ne doit pas freiner les initiatives ni les interprétations heureuses du praticien éprouvé. Mais le jeune instituteur y trouvera des indications qui lui éviteront les tâtonnements souvent difficiles et hasardeux du début».

LE MILIEU.

«Sans système et sans maître, il (le milieu) procure à l'enfant une infinité de no- tions . . . il lui offre ... des occasions de développer ses potentialités par !'EXERCICE».

L'OBSERVATION.

«Il n'est pas question d'étudier le milieu pour lui-même, mais de profiter adroite- ment de l'intérêt qu'il suscite pour motiver la plupart des activités scolaires.

«Le concret qu'on trouve à l'école n'est pas toujours intéressant. Mais il s'en trouve, et du meilleur à côté de l'école ... ».

«ÉCHANGES INTERSCOLAIRES. - Les écoles €changent non seulement des lettres et la revue qu'elles impriment, mais encore des documents.

La préparation de l'envoi par la classe qui l'expédie et son utilisation par celle qui le reçoit motivent judicieusement et concrétisent un long travail scolaire ».

«L'ACTUALITÉ. - Certains évènements s'imposent à l'attention du hameau, du village, du quartier .. . quand surgiront ces imprévus, il serait maladroit de les négliger, il ne faudra pas hésiter à rompre avec un ordre préétabli».

BIBLIOTHEQUE DE TRAVAIL, RADIO, etc ...

«Les élèves chercheront, se documenteront, individuellement ou par équipes, guidés par le maître. Ils apprendront à utiliser une documentation que la classe réunit peu à peu et organise en bibliothèque de travail».

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EDUCATION MORALE.

«Il est des enfants affligés de défauts graves. Leur imposer des ordres, des impé- ratifs, des défenses, c'est sans doute prévenir des fautes, mais ce n'est pas corriger des défauts. Mieux vaut que ceux-ci se manifestent, que l'individu se heurte - comme plus tard dans la vie - à la résistance du groupe».

DISCIPLINE.

«Mieux vaut enfin que l'enfant puisse faire l'apprentissage des responsabilités sociales en concourant à l'ordre, à la police, à la justice qui doivent régner dans la petite société qu'est la classe ou l'école ».

« La morale s'enseigne moins qu'elle ne se vit. Dans une classe où chacun est chargé de responsabilités à l'égard de soi-même et des autres, l'enfant participe active- ment à l'existence du groupe. Il comprend l'avantage que celui-ci retire de son adhésion disciplinée et dévouée».

LA LANGUE MATERNELLE.

«Spontanément, l'enfant parle de lui, de ce qu'il fait, de ce qu'il voit, de ce qu'il aime ou de ce qu'il n'aime pas. Le maître respectera et encouragera cette spontanéité.

Il évitera de briser l'élan par des corrections et des consignes inopportunes ».

«

CONFËRENCES D'ENFANTS. - C'est souvent le simple compte-rendu fait d'un fait vécu, d'un voyage, d'une lecture. Ce peut être aussi la communication des ré- sultats d'une recherche, d'un travail de documentation, d'une «enquête», ces activités ayant été individuelles ou collectives ».

«La lecture silencieuse est la vraie lecture».

«La lecture à haute voix exige des auditeurs attentifs et réceptif~. Le lecteur ne lira donc pas une page de manuel que chacun a sous les yeux, mais bien, après s'y être préparé, un texte inconnu : rédaction d'élève, article de journal scolaire, extrait choisi d'un livre, conte, légende, correspondance interscolaire, etc ... ».

«APPRENTISSAGE DE LA LECTURE. - Nos préférences vont à la méthode glo- bale . .. elle permet l'indispensable intimité entre l'enseignement de la langue d'une part, la vie de l'enfant et les activités de la classe d'autre part.

« . . . des exercices systématiques d'analyse isoleront les éléments en suivant les découvertes faites par les enfants. Les phrases seront généralement assez courtes : l'élève y retrouvera souvent sa vie, sa petite expérience et aussi son langage propre, riche d'action et d'affectivité.

«LES TEXTES A LIRE: - 1. Textes collectifs - 2. Textes libres - 3. Textes améliorés ... enrichis à partir d'un texte libre ...

».

« RËDACTION. - Mieux que la rédaction classique, le texte libre, habitue

! 'enfant à penser, puis à écrire naturellement ce qu'il pense. Il doit être pratiqué dès le 1er dégré.

« La rédaction classique est moins personnelle. Trop préparée par la leçon, par les lectures, par les exercices préalables d'élocution, de vocabulaire, de phraséologie, elle expose l'enfant à s'en tenir aux idées et à la forme d'autrui ... ».

- 24-

(9)

On retrouve ici le souci de l'orthographe liée non à des règles de grammaire, mais.

à des mécanismes : «après TU = S, etc ...

».

VOCABULAIRE.

L'étude des contraires, synonymes, etc ... est bien indiquée, mais la dangereuse·

confrontation des homonymes est évitée.

ARITHMETIQUE.

« L'enfant doit pouvoir résoudre le problème sur le plan de la pensée propre à son âge et à son développement psychologique.

« Les problèmes trouvent leur motivation dans le milieu. Si la classe est organisée sur une base sociale, elle fournit constamment de véritables problèmes de vie (coin vi- vant, jardin, imprimerie, revue, échanges, coopérative, bibliothèque, fêtes scolaires, tra- vaux manuels, etc ... ). Losrque l'observation directe est insuffisante, ou impossible, la documentation y supplée (enquêtes, tarifs, catalogues, prospectus, fiches de renseigne-

ments, etc ... ). ·

L'ES SCIENCES NATURELLES.

« Il convient de ne pas confondre initiation et étude. La première seule relève de l'école primaire. Elle vise moins à transmettre une certaine somme de connaissances qu'à développer l'esprit d'observation, à éveiller le besoin d'explications, l'appétit des pourquoi et des comment.

«On renoncera donc aux programmes encyclopédiques, aux notions hâtivement acquises sans observations préalables.

DESSIN.

«Tout jeunes, les enfants dessinent volontiers librement ce qui les intéresse, tout comme ils aiment parler d'eux-mêmes, de ce qu'ils pensent, ressentent, souhaitent. A ce stade, leur expression graphique comme leur expression verbale est inexacte et mala- droite. Mais il faut encourager l'une et l'autre. L'essentiel est que l'enfant s'exprime, par le dessin comme par la parole, chaque fois qu'il en éprouve le besoin

».

Mais à notre avis, c'est à tort que le Plan sépare et fait suivre dessin créateur et dessin d'après nature, comme si ce dernier n'était pas aussi une interprétation personnelle et comme s'il n'était pas le prolongement naturel du dessin libre. Les maîtres sont cepen- dant mis en garde contre le dessin de copie, à éviter le plus possible.

Enfin, les activités manuelles et pratiques ne sont pas oubliées, depuis le bac à sable, jusqu'à la décoration de la classe.

Ce sont donc, à très peu de choses près, TOUTES LES TECHNIQUES FREINET qui se trouvent ainsi explicitement recommandées par le nouveau Plan d'Etudes Belge ..

Roger LALLEMAND.

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RASSEMBIEMENT' INTERNATIONAL D 1 ENFANTS & D 1 ADOLESCENTS du 23 au 2~ mars 1959 à MULHOUSE

oans 1e cadre du XV° Congrès 1nternat1ona1 de 11Eco1e Moderne

Un congrès de l 1Ecole Moderne sans lu va.rticipation effective des en1'ants, serait incauplet.

Nous avons votùu cet Le année renouveler 11 expérience du Congrès de NANTI:S et offril' la possibilité à des jew1es de France et d ~autres pays de pouvoir se ren- contrer, de travailler ensemble et d apprendre ainsi à mieux se connaître.

La situation particulière de MUI1l.OUSE1 ville-carrefow· au contact de trois frontières, ne peut que faciliter 1 organisation d'un tel rassemblement.

Si nous avons tenu à limit.er 1 effect.if de cette rencontre h. 61 jeunes en- viron, c1est pour nous pet·mettre de mener A bien cette expérience qui nécessite tme

importante préparation matérielle et éducative.

Mais i l importe que tous les enfants et adolescents qui y participeront;

aient p1·nt.iq11é la conespondance scolaire et que MUUIOUSE soit pour etLx la première étape rle leur voyage échange de fiu d ·année" Enfants et adolescents accompagnés de leurs éducateurs seront en quelt1ue sorte les r·eprésentants de leur coopérative sco- laire.

Voici le programme des activités prévues au cours de cette semaine de ras- semblement

LUNDI 23 ~!ARS

lli\fUH 24 MARS

SPECTACLE : MERCREDI 2..=ï MARS

JE11H 26 ~(AHS

VENDREIH 27 MARS

SA'JEDI 28 MAilS:

Accueil, p1 ise de cont.acl .•

Réuni on de~ responsables • répart 1 tl on du programme de la semaine

Réunion générale présent.atlon des régions et des pays par les délégations, adoption du programme, élection du bureau eL désignation des responsables aux act1v1tés.

RéparLll ion des parL1c1pants pa1 groupes de travail pour la 1 éal1sat.lon d·un journal, pour 1a peinture, le cbant, le 1 olk1ore" •

ma101Les, p1dscntée& par un spécialiste suisse.

Atelier& de L1avail Repa., 1 ég tonal

Débat ~ Comment la correspondance scolaire enrichit nœ connalssan.,es "

VlH1Le du zoo de MULHOUSE Ateliers de L1avatl Spo1ts

Sv!1ée cultu1e11e ave~ 1es adultes.

Séance plén1è1'e. Lectu1 e et exposition des mess ges des enfants du monde constitution d·un bureau 1nternatlo - na1 d'entanLs. Jeu du planisphère, Vts1te des expositions eL de la vllL.

Excursion tnLernat1ona1e &.vee, 1es adulLes,

'l'el est le progrw.mue présenté très SOllJllail'ement et que les organisateurs ont étudié plus en détails. Il serait néanmoins sotùmitable que les ca - maracles intéressés par ce rasserubleu:ent se fassent connaître sans tarder à:

André IEllOY 16, !lue de l'Etang.- THA~'N ( lit Rhin )

26-

.. ...

(11)

. .

~)_~~ ·~el

·UN HOMME·EXTRAORDINAIRE

(TEXTE n• 1 )

•A•là fête foraine de St Vaast-la-Hougue~ J"al vu un homme extraordinaire, 11 avait des sabres et des baTonnettes.

Il montrait une baTonnette en main, puis la laissait gl ls- ser dans sa gorge,

Quand elle était descendue jusqu'll la polgné.e, Il attendait Il peu près deux secondes et la ret 1ra1 t,

Cette fols, Il prenait deux

baTon~ettes et les avalait, et ensuite recommençait avec trois.

Maintenant, ciest une baîon nette· allemande de quarante huit dents qu'il ln.trodulsalt dans sa gorge jusqu'll l.a. poignée.

Ensulte,·c•est un sabre de 75 cm de long ~u'll avalait en partie avec l'~tul.

1 1 fa 1sa1 t 1 a quête.

11 Introduisait dans sa gorge l'étui entier d'une baTon- nette,

Quand on ne le voyait· plus, 11 hoquetait et l'étui reven_alt;

Voici le dernier numéro: Une baTonnette Introduite par la main d'un ."cl lent",

Au moment

0

de la quête,une partie des spectateurs s'en ai- l a 1 t,

Louis BELLAMY

*

PRESTIDIGITATa.JR

(TEXTE n' 1)

"Silence! "• crla-t-11.

Il monta sur une chaise, se coiffa du bonnet pointu parsemé d'étoiles, retroussa les manches de son veston sur ses avant-bras

TEXTE LIBRE ·FRANCAIS

AU Clrf ET CFE

Le te.xte libre est, comme son nom·1l,' indique, LIBE- RATION, au même titre que le dessin ; 11 permet à 11enrant de s1expr1mer. Mals de même que nous devons apprendre à parler correcteme.nt en enr 1ch1ssant le langage de tout ce qui peut permettre à nos auditeurs ou interlocuteurs de saisir parra1tement notre pensée, de même 11 raut appren- dre à l'e~rant à d1sc1pl1ner et à enrichir sa pensée écri- te. Il semble que le texte d'auteur soit icl nécessaire pour orrr1r, non pas un modèle, mals un type d'expression qul montre avec quelle variété la langue rrançaise peut décrire des scène~ identiques, Caire part d'impressions semblables, nous peindre des portraits ~·animaux ou d1hu- ma lns.

Comment procéder ? Vole! ce que rait GONNAUD à Montrarvllle, avec sa classe de 26 CM - CFE

A- Les ~lèves écrivent quand et où lls veulent. Ré- sultat : 52 textes en octobre ; seu,ls 4 él.èves n'avaient produit qu:un texte. Ces textes sont lus le samedi solr, mardi soir et mercredi solr. Le texte du samedi est mis au tableau, pr€t, grosses rautes corrigées pour l'entrée en classe le lundi ; 11 est mls au point par toute la clas- se, puis imprimé par l'auteur et un ou deux camarades de son équipe ; le mardi matin, la classe reçoit le texte Im- primé auquel est Joint un texte d1auteur •

Ex. n Un homme extraordinaire " (TEXTE n' 1

" Le prestidigitateur " {TEXTE n° 2

Les élèves collent sur le cahier de rrançais, sur deux pages race à race, à gauche le texte de l'élève et à droite le texte d'auteur. Il est très rare qu•on ne trouve pas un texte d1auteur ayant le même sujet que'le texte d1 élève.

1°- travail de rapprochement entre les deux textes: l'élève s•aperçott bien vite qu'il aurait .pu aJouter des détails intéressants et que la raçon de s'exprimer manque souvent d'élégance.

2°- travail de grammaire •

(12)

120

• sujet et verbe

• sujet, verbe, compléments

• la proposition

• verbe d'action et verbe d'état

• sens de la phrase marquant

• un état ou une action même si le ver- be manque.

B- mercredi matin : texte du mardi soir mis au point puis imprimé ce Jour; faire remarquer les expressions ty- piques, amusantes, tristes, exclamatives, etc ••••

Vendre1i matin : teJte du mercred(~lstrlbué avec texte d'auteur, remarques de conjugaison: emploi du pré - sent de narration, imparfait, passé simple ou composé ••••

le texte du mercredi soir aura été au préalable mis au point et imprimé mals ne sera pas distribué car •••

c-

Samedi matin : dictée de contrôle

Il peut se raire qu'un terLe comme celui-ci :

" La Laiterie coopérative d'Elle-et-Vlre"(TEXTE n"2)

oblige à vlsiier une laiterie qui se trouve à proximité ceci est très important car orrrant un large éventail de travail en sciences, calcul, géographie et ••• français (mi- se au point : rédaction de l'enquête), travail qui se pour- suivra sur plusieurs jours.

M. GONNAUD Montfarville (~ranche)

Evidemment, il raut pouvoir orrrlr aux enrants le texte d'auteur qu•on pourra mettre en parallèle avec ce- lui de l'élève ; cecl suppose une certaine documentation. Comment la réaliser ? Ayez un dossier alphabétique dans une chemise carton à sourrlet ( on en trouve dans le commerce) Dans chaque case, à la lettre de référence, vous garderez, par centre d'intérêt, les textes que vous trouverez dans les Journaux pédagogiques (Ecole Libératrice, Ecole Eman- cipée ••• ) les revues littéraires ou les Journaux d'lnrorma- tlon. Ces textes, vous }es retrouverez racllement quand be- soin sera.

Ayez aussi une bibliothèque de travail comportant une section •11vres de français" (tous les speclmens que vous aurez pu vous procurer); vous connaissez mal tous ces ouvrages ? distribuez-les donc rapidement dans la classe et hop l en chasse l chaque élève s1errorcera de trouver le texte d'auteur traitant du même sujet que le Texte Libre choisi.

blancs.

11 prl t un oeuf dans sa trousse, le palpa longuement, et, soudain, de la coque tira trois mouchoirs de sole noués bout à bout, et qui figuraient le dra- peau français.

Ensuite, 11 dévissa un pe- tit cylindre de nickel plein de terre noire, nous fit entendre le son plein que rendaient ses parolœ

le revissa, le frôla de la pointe de sa baguette magique, et, le couvercle à nouveau retiré, nous désigna d'un doigt triomphant le minuscule arbrisseau de carton verdâtre poussé là par le prodi- ge de son Intervention.

Enfln,salslssant un couteau, Il se le planta dans la paume avec des contorsions et des grl~

maces de douleur, pendant qu'un crissement de ressort nous aver- t lssal t qu'au 1 leu de traverser· les chairs saignantes, la lame s'enfonçait dans le manche len- tement.

Je savais bien que 1 'arme était Inoffensive.

H. TROYAT

LA LAITEillE COOPERATIVE

d 1ELIK Er VIRE

( TEXTE n • 2 ) La laiterie coopérative d' Elle et Vire est une laiterie quatre fols plus grande que celle de Quettenou.

Elle est située à i2 Km de Torigny, à Condé sur Vire.

En arrivant, nous sommes allés voir où on fait le lait en

poudre. Le lait arrive par des ro- binets, passe entre deux gros cy- 1 lndres chauffés à 350 •. 11 res- sort sur un tapis en forme de feuilles de papier, puis passe dans des grands réservoirs où Il est ml s en sacs de chanvre et sert à engtalsser les cochons.

Nous sommes a:>·lés voir où on fait la crème. Quand elle est faite, elle passe sur un tapis roulant où el le est mise en boi- tes.

Nous avons vu de grands bâ- t lments où Il y a plusieurs ml I- l Ions de bouteilles de lait pas- teurisé, de un l ltre, trois quart&

un demi 1 ltre, un q1;art.

(13)

. '

La 1 lgne de chemin de fer pa~se près de la laiterie, car les bouteilles de lait par- tent dans le train.

11 y a aussi une rivi- ère, car dans les laiteries Il

faut beaucoup d'eau, J'ai vu aussi une nouvelle cuve car la

laiterie s'agrandit,

Ensuite ? Il raudra trouver quelques minutes à l'inter- classe ou après la classe pour réaliser la copie·hectographi- que ( si vous avez une pierre humide ) ou pour graver le sten- cil ( si vous avez le limographe ). Le tirage ? Je vous si - gnale lei ce que je rats: j'ai demandé à chacun de mes gars d' acheter un bloc sténo 13,5 x 21 ( 17 Frs les 100 reuilles à UNIPRIX)~·)Avant qu'ils ne quittent la classe, je leur deman- de de laisser une feuille sur leur table ; à la rentrée, il A cette laiterie, 11 y

a 150 camions. y en a toujours quelques uns arrivés bien avant l'heure, ils J,

1 1 h

1 ont vite rait de tirer les 25 ou 30 feuilles nécessaires et, a vu auss une c aud -.

~re à charbon avec une grande lorsqu'il rentre en classe, chaque élève est en possession cheminée, maintenant c'est une du texte d'auteur, il n'y a plus qu'à le coller sur le 9ca- chaud lère à gaz, elle sert à ré-

chauffer le lait, hier de vie" et à l'étudier (?), par exemple y souligner les

Roger CASTEL

AU FEU

(TEXTE n° 3) Au mols de juillet, je suis allé faire les foins.

Le matin, nous avons mis le foin en "rances" et en "ca- bols", l'après-midi, nous avons bottelé et nous avons mis les bottes en meules car le fenil étant occupé 11 fallait laisser le foin dans le champ,

Mals alors que nous al- 1 Ions "fa 1 re· coll at Ion" , une odeur de brGlé se répandit dans l'air : quelqu'un avait di je- ter sa cigarette sur une meule et celle-ci prenait feu, A la vue des flammes, les chevaux s'affolèrent, 11 fut difficile de les maitriser.

Les bottes enflammées tombaient comme des torches dans des gerbes d'étincelles et, chaque fols, le brasier re- doublait de violence.

Le commis de ferme était parti ch~rcher un tonneau d'eau et revenait à bride abattue;

mals le vent s'était levé et aucune hale ne lui faisait obs- tacle. Tout le monde avait peur.

adjectifs et voir si le texte du camarade esc aussi riche, ou bien comparer les verbes des deux textes, etc •••

Voici quelques sujets traités en un mols avec leurs références aux auteurs :

Je construis une maquette (élève)· maquettes de navires, par Haffner

(dans un livre de la bibliothèque coopérative) Au château de Domfront (élève)

"Le donjon de l'an mil' (texte d'un roman de ma bibli- othèque personnelle : L'AN MIL, édité par l'Arn1t1é par le Livre)

A la ro~re de Lessay (élève)

Le ro1ra11, de Flaubert (texte trouvé dans un sp~cimen de la bibliothèque de Traxall)

Au reu (élève)

L'incendie des meules, de Flaubert (page parue autre- fois dans l'Eco1e· Libératrice.)

NOTE

(TEXTE n°

3)_

l\O~f. _i

• * *

li'

LECANU

Cherbourg (Manch~)

Si vous avez des correspondants réguliers, lorsque vous imprimez, deman- dez aussi une reullle de ce bloc sténo à chaque gosse pour son correspondant ; le livre de vie sera ainsi constitué. Avec des seaux, on fal ==1-·

sait la chaine pour attaquer le

feu. NOTE 2 Notre camarade GILIGNY d'Alençon, utilise

un procédé semblable et les stagiaires de Grand-Camp en septembre s'en souviendront sans doute.

Après une heure d'ef- forts 1 'Incendie était éteint:

deux mille bottes étalent per- dues.

Louis HENRY

NOTE DE FREINET : la réalisation de Gonnaud et Lecanu nous remet sur la vole d'une saine conception du texte libre.

(14)

Le jeune entant n•améllore pas son langage s'il n•

entend pas parler autour de lui une langue parfaite, Le tex- te libre ne saurait se surr1re. ·Il lui raut, en complément, les modèles éminents. Le recours aux textes d'auteurs est une chose naturelle et indispensable.

Lorsque, en 1929, nous avons commencé l'édition de notre Fichier Scolaire Coopératif, nous ne pensions qu'aux textes d'auteurs. Et si nous avions tait des tirages sur papier, c'était justement pour pouvoir les joindre à notre livre de vie en pendant aux textes libres des enfants. Et si nous avons édité des B.T.T. ( BT de textes d'auteurs) c•est encore parce que nous sentons l 'usage du texte d'auteur com- me indispensable.

Comment, techniquement, parvenir à cette conjugal ··

son de deux éléments indispensables. OONNAUD nous présente une solution qui est peut être la meilleure pour le CM ou FE.

Qui dit mieux ?

C. FREINET

Les journaux scolaires

L'idée en est aujol!_rd'hul bien lancée. De nombl'eill journaux scolaires naissent chaque mols, polycopiés, poly- graphlés ou imprimés. J'en re~ols u~ nombre important, assez pour avoir une connaissance approfondie d'un mouvement qul, avec ses milliers de titres, ses centaines de milliers de lecteurs, est Incontestablement un des aspects les plus ori- ginaux de la pédagogie rran9a1se.

Nous allons es~ayer de raire le point, de rayon à conseiller les camarades en vue du rendement maximum de cet- te technique.

LA PRESENTATION D1ABORD : Elle a évidemment une grande importance, non seulement pour la dltruslon éventuel- le et l'accueil des parents et des autorités, mals aussi à cause de notre souci dominant d'éducation par l'ordre, la pro preté, l'aspect artistique, les illustrations qui donnent toute sa valeur au journal scolaire.

Disons d'abord, en règle générale, qu111 y a eu de très grands progrès de faits pour ce qul concerne la tech- nique pure de 111mprimer1e et du journal.

Notre matériel est certes bien au point et per- met aux nouveaux venus, des résultats très sat1sta1sants dès les premiers numéros. D'autre part, 11ensemble de nos

L1INCENDIB·DES A~

(TEXTE n• 3) La chaleur des meules de- vint si forte qu'on ne pouvait

plus en approcher. Sous les flammes dévorantes, la paille se tordait avec des créplta- t Ions, les grains de blé vous cinglaient le figure comme des grains de plomb,· Puis la meule s'écroulait par terre en un large brasier d'ob s'envolaient des étincelles ; et des moires ondulaient sur cette masse rou- ge qui offrait dans les alter- nances de sa couleur des par- t les roses comme du vermillon et d'autres brunes comme du sang caillé, La nuit était ve- nue. Le vent souffla 1 t ; des tourbillons de fumée envelop- paient la foule. Une flam- mèche, de temps à autre, pas- sait sur le ciel noir,

G. FLAUBEI\T

Pierre DAIX ( avec la collabo- ration de Guillevic, Charles Camproux et René Lacôte):

Naissance de la I'oésie Fran- çaise ( Club des Amis du Livre Progressiste) Centre de Dir- ruslon du Livre et de la Pres- se,

" La poésie française, dit

l'auteur dans sa préface, naît dans un monde que nous mécon- na lssons. SI ce 1 Ivre condui- sait à réévaluer la civil isa- tion originale qui grandit en France du mil leu du 11° siècle à la fin du 12•, à lui rendre la part qui lui revient dans la formation de·notre culture, si cette élaboration du chant français que nous avons tenté de suivre aidait à comprendre mieux d'ob nous venons et com- ment la France s'est faite, nous aur 1 ons atte lnt notre but."

Oui, le but est atteint, Au cours de ces pages, à la lec- ture de ces mlll lers de vers · originaux doublés de leur tra- duct Ion, vous verrez la poésie sortir du chant popul~lre, se rôder à la technique des let- trés, s'épanouir dans les ro- mans et les chansons d'amour,

L'importance nouvelle don- née aujourd'hui grâce à la ra- dio, au chant populaire, nous aidera peut-être à reconsidé- rer 1 'étude de cette naissan- ce concommltante du chant et de la poésie.

(15)

•, j'

1

1

Pendant longtemps. jus- qu'au début du siècle pour- rait-on dire, les récits des.

bardes, comse ceux des trou- badours étalent faits sur un ton chantant. Et l'habitude scolaire de chanter en 1 lsant n'en est peut-être que la sur vlvance, Le rythme et la tlm~

sont. pourrait-on dire na- turels aussi à qui raconte parce qu'ils sont tout à la fols moyen mlnémotechnlque et base du chant.

• La prose est le signe que des oeuvres feuvent se transmettre par a lecture et elle n'apparaît dans 1°hls tolre de notre langue qu'au moment ob la transmission orale n'est plus la seule,•

Et les mêmes raisons ex- pl lquent que les enfants mê- lentdès le début de leur lan- gage, répétition rythmique et chant, L'étude de ce phé- nomène. à peine noté par les auteurs, mériterait à elle seule tout un ouvrage à la fols historique, psycholo- gique et pédagogique.

Nous devons louer le soin le talent, avec lesquels les

auteu•~ se sont appl lqués à . traduira pour les lecteurs d'aujourd'hui le texte origi- nal que seuls savent 1 Ire les spéc lai lstes,

Et malgré cela. cette traduction reste trahison parce qu'elle laisse croire au lecteur que cette poésie était balbutiante, hésitan- te, Imparfaite, Il faut bien

~e rendre com~te que la lan- gue du XI' siècle, comme les patois actuels, est Intra- duisible, 11 y a des mots originaux qu'aucune expres- sion française ne peut ap- pfocher, à moins qu' un foè- te s'essaie à exprimer· a mê me Îdée,mals par un chant· qui lui serait personnel,

Je crois qu'il serait bon que les' auteurs avert ls- sent les lecteurs non pré- venus, ceux - et 11 s sont de plus en plus nombreux ~

qui n•ont pas parlé un patois que sl on pouvait restituer par le disque l'ampleur, l' éloquence, la finesse d'ex- pression des textes origi- naux, on serait étonné et surpris, Alors oui on aurait une Idée de ce qu'étalent ces balbutiements de la poé- sie française,

Quand dans nos Congrès, un délégué ltal len s'essaie à parler notre langue, quand à Bruxelles la déléguée Chl- 1 lenne s'exprime en un fran- çais pourtant très correct, nous avons l'impression

journaux a bénér1c1é des exemples et des conseils donnés par quelques-uns des n$tres : FOI~OT à Beauvoir (Somme), qui con- tinue à éditer un journal abondamment illustré qu1 reste un cheC-d'oeuvre à travers les années. Et plus près de nous, 11 équipe DELBASTY - PONS, qui a montré com,ment, en s 1appllquant à la présentation, en réservant des bla_ncs, en usant artisti- quement des couleurs, en ~irant à part linos et zincs, on peut obtenir des jounnaux d1une haute qualité, même dans leurs pages 11mograpb1ées.

L'usage des zincs gravés, dont Jeannette DEBIEVE a tiré ses chefs-d'oeuvre, les stencils en plusieurs couleurs, le tex- t1croche, la sérigraphie, une recherche attentive de la mise en pages, ront que nous pouvons montrer un large choix de journaux scolaires qui supportent la comparaison avec tant de tirages de

proress tonne ls.

On peut se reporter, pour renseignements techniques, à notre brochure : Techniques d11l~ustrations, à "La Linogravure", aux nombreux articles de notre revue. Nous nous proposons de sortir prochainement un vrai livre de conseils techniques, ac- compagnés chacuns de modèles pris dans les n:e i l leurs Journaux scolaires.Notre nouvel équipement en orsett grand ~ormat, que

nou~ complèterons sous peu d'un équipement photographique nous p'ermettra cette édition dans le genre - et plus copieux - de la brochure éditée par l' I.P.N. à l'occasion de l'exposition du journal scolaire.

Il y a cependant encore un certain nombre d'erreurs et d'insuffisances qu'il nous raut signaler,

1- L'imprimerie - outre ses avantages pédagogiques auJourd' bu! ·reconnus - reste le procédé ldéal pour la ré~lisation du jour- nal. Les autres techniques, dont nous allons parler, ne sont que des ersatz et des pis-aller.

2- Il arrive que certains camarades, espérant régénérer leur police ratlguée~ achètent des caractères neurs en réassorti- ment et les incorporent à la vieille police. C'est ce qu111 ne

raut jamais faire. Les caractères usagés soht nécessairement moins hauts que les neurs, ne serait-ce que d'un 1/10 de milli- mètre. Au tirage, ils seront toujours flous, écrasés par les ca- ractères neurs. Le résultat'èst déplorable.

. Il n'y a pas d'autre solution en cas de fatigue de la po- lice, que de la changer et de retondre les caractères. on peut naturellement conserver les blancs. On peut même décapiter les caractères usagés qui dèviennent des blancs.

3- Ne composez pas de pages trop longues, au début surLout. Il raut ménager des blancs.

4- Les débutants ont toujours beaucoup d'ennuis pour le ti- rage des linos.

Vous pouvez les tirer en même temps que le texte, mats

1

alors il faut qu'ils soient rigoureusement de la hauteur des ca-

(16)

124

ractères. Il faut coller sous le porte-cliché, de minces feuil- qu,elles usent elles aussi les de papier jusqu'à ce qu111 donne exactement. Attention J d'une langue sans richesse ni

subt 111 té. Je leur demande a- sl ce cliché est trop haut, ce sont les caractères qui ne mar- lors de nous sâluer dans leur

quent plus. propre langue. Nous ne compre-

nons pas ce qu'elles disent Le tirage à part des linos est plus simple et peut

se raire plus facilement en couleurs. Mais Il nécessite un deuxième tirage, ce qui est long pour certaines classes

6- En faisant varier les cou1eurs de l'encre, on obtient de Jolis effets. Il est pr~Cérable de toujours tl~er le texte en noir.

6- Le iIMOGRAPHE est le complément presque indispensable de l' 1mprlmerie.

a) pour tirer certaines pages -pour les grands surtout- qui n1ont pas d'incidence artistique ~ enquêtes, renseignements, statistiques ou autres.

b) pour le tirage facile de"dcsslns, de plans et de cartes à 11 intention des correspondants.

cl pour l~ tirage presque excluslC du journal dans les classes surchargées.

mals nous sommes émus par une éloquence naturelle qui est expression de l'âme.

Sl vou3 voulez que pren - nent vie dans votre culture ces notions de littérature qu'on nous a enseignées à l' extérieur avec des définitions et des formules, achetez ce

livre. Il a été écrit par de bons ouvriers, amoureux d'une oeuvre à laquelle les éditeurs ont ajouté la majesté d'une

présentation Impeccable.

C. FBEINEl'

Il est des journaux llmographiés qui valent les jour- naux Imprimés : mais il y raut beaucoup d'attention pour la gra vure des stencils. Les textes notamment doivent être très soi- A

·propos de deux livres: gnés. Il n'est pas recommandé de les laieser écrire par les en-

fants. Ne jamais écrire en é~1 iture cou ante mals en script La COM.\IUNAIE de Jean L'hote lié. Le tirage est parfait si '.L'on dispose d'une machine à (Ed. du Seuil)

écrire. INTRODUCTION A UNE·SOCIO-

7-letirage au llmographe main donne d'excellents résultats.

Mals 11 nécessite une poigne solide. Le 1imographe automati- que est recommandé.

8- Attention 1 ne mélangez pas les encres. L'encre à 11- mographe ne doit jamais être employée pour le tirage à l'lmpri merle.

9- ATTENTION AUSSI : La qualité du papier est très im-

portante~ Vous n1obt1cnarez que de mauvais résultats avec un carton ou demi carton dur, ou du papier satiné su~ lequel l 'encre ne prend pas.

La qualité que nous vendons convient parfaitement. Non pas que nous vous demandions de nou.s réserver· vos comman- des. Au contraire, acbetez ou faites acheter sur place si vous le pouvez, mais prenez 1a qualité éc1·itm'e. Le papier bourrant, ou Gestetner granité est parfois recommandé pour le limographe. Il ne vaut rien pour l'lmprlmerle.

10- ~a polycopie et les appareils à alcool sont à pros- crire, saur pour de petits tirages ou si l'on a un appareil perfectionné. Ces appareils ne tirent jamais ~u1en violet, ils bavent souvent un peu, ns· plhtssent vite. Bien stlr, sl vous avez un de ces appareils, utilisez-le au mieux, surtout au début. Mals ne l 'achetez jamais pour votre journal. Le limographe ma1n 13!5 x 21 est d'ailleurs meilleur marché.

- IOGill DE LA ~ruSIQUE de A. Sllbermann ( P.u.r)

SI les mental ltés humai- nes laissaient toujours des empreintes comme celles que

les fougères ont formées dans les houilles carbonifères.

nous pourrions les étudier comme on étudie les fossiles, témoins d'autres âges.

C'est à cela que nous fait penser un petit 1 Ivre, tendre et trl!s spirituel • La Communale ~ ob Jean L'Hote raconte I~ vie d'un fils d' Instituteurs.

Nous voyons se dessiner le portrait d'une autre épo- que, d'un autre Instituteur, d'une autre pédagogie. Le

temps passe.

Peut-ltre devrait-on donner aux Ecoles Normales,

pour 1 'édification des jeunes maîtres. de ces 1 Ivres qu 1 rempl Iraient pour la pédago-

gie un rôle analogue à celui

que " l'introduction à la paléontologie stratigraphi- que 11 rempl lt pour la paléon- tologie. On y apprendrait à

(17)

i

~

. '

à reconnaître de quelle épo- que est un lnst !tuteur, à le replacer dans la société qui l'a façonné.

Avec quel étonnement dé couvrirait-on alors, comme on découvre ces fossiles at- tardés dans des couches gé- o 1 og l ques récentes, ces per- sonnages anachroniques~ ceux là m€mes qui nous appellent parfois • les r€veurs", eux qui sont toujours déterminés par une société défunte, ac- cordés sur des fantômes et Insensibles aux réal ltés du progrès.

La Sociologie pourrait certainement. se rendre ut I- le si elle s'attachait à montrer, comme le fait A.

SILBERHAHH pour la mus ique, dans une étude remarquable

" Introduction à une soclo- logl_e de la musique• que la pédagogie véritable est com- me l'ouvrier et l'artiste

•transparente"~ eff lclente doit-on dire• oes nécessi- tés d'une société à une épo- que donnée.

Il en est de cêtte adaptation perpétuelle ce qu'il en est de celle des vé gétatlons à la surface de la terre. 11 apparaî'l parfois au sein des tâtonnements In- cessants de nouvelles espè- ces, de nouvelles pédago- gies, de nouveaux • Insti- tuteurs• qui assurent la con- tinuité de la seule tradi- tion qui survit à·toutes les autres et• qu 1 nous dépanne

Infiniment : LA VIE.

DEŒASTY

J.J. Rousseau: Fl!IIE•ou·DE

L' EDUCATION

Editions Sociales- Paris. Les Editions Sociales publ lent dans leur collec- tion • les classiques du peuple• ces pages choisies des écrivains et des penseu~

qu'on copie et démarque; mals qu'on surpasse rarement. S.

Simon, Paszeur, A. France, Fourier, Robespierre, Dide- rot, etc •••

Le présent recueil de pages choisies de l0Emlle est plus particulièrement à recommander aux éducateurs.

11 est excellemment préfacé par Henri Vallois qui s'ap- pl lque h faire découvrir aux

11- c•est le format 13,6 x 21 qui est le plus commode.

12- Nos Journaux sc ola Ires sont autorisés à circuler en périodiques à tarif ~éduit. Mais pour cela il vous raut :

raire une déclaration au bureau de la sous-préfec- ture qui vous en donne récepissd.

faire à nos bureaux une demande d'inscription à la Commission Paritaire des Papiers de Presse. Les demandes doi- vent, conformément à une 101 spéciale, pas~er par nous. Nous vous délivrerons un numéro.

muni du récepissé et du numéro, vous rerez la de- mande à la Poste.

13- Un Journal ne rend pleinement que s'il sert à la correspondance. Demandez-nous des correspondants rran9ais et étrangers.

"' .

Venons-en maintenant au CONTENU.

Là, comme pour .notre Educateur, deux tendances s•ar- trontent:

Ceux qui, selon la tradition, éditent un Journal nourri avec des textes lo~gs, des pagea polygraphlées lntructives et intéressantes, qui sa~ritient un tout pettt peu parfois - com- me dans notre revue, la présentation à l' Importance des ~ex tes·.

- . Ceux qui à l'instar de DELBASTY et PONS, sacrifient parfois le cdntenu ' la présentation. Nous taisons par exemple une page du lundi oh s•entassent les nouvelles. DELBASTY ne met que trois ou quatre phrases, particulièrement choisies, rehaus- sées de couleurs, vraiment mises en valeur.

Il est bien dlrr1c11e de choisir.

J'ai vu travailler PONS à l'Eco1e Freinet et Je dots reconnaître que le soin apporté à la mise en pages,

l

l 'illustra- tion, à la gravure des stencils, aux t11ages sans bavures, don- nent pleinement aux enfants le sentiment qu11ls font oeuvre émi- nemment valable• ce qui ·est éducatif et équ1llb1•ant, et donne le rendement maximum à l'emploi de l 1imprimerle et· à la rédaction du

J~urhal scolaire. Cette tendance serait, de ce rait, tout parti- culièrement recommandable aux petites classes et aux classes de perfectionnement, d1autant plus qu'on n1est pas talonné alors var les horaires et les programmes •

Pour les autres c1asses, Je penoe que le Journal, comme notre EDUCATEUR' doit devenir davantage un·tnstrument de la beauté, mais des textes et des docunents et cela sans perte de temps., même si cette perte de temv.s n1e8t ,Qu1apparente.

L'idéal est certes que puissent être combinées les deux comme y pa1·vlenneht certains camarades, étant bien entendu que le Journal doit rester très lisible et d'une présentation at- tirante.

Il y a une pratique que nous recommandons et qul com- bine un peu les deux soucis. Lorsque le texte est pr&t, nous en . raisons un tirage à part, particulièrement soigné, avec titres et 1llustrat1011s en couleurs : 6 ou 10 exemplaires sont alns l ti- rés puis on rait tourner normalement. Les ti~ages à part, relié~

en fin d 1année, constituent des souven\rs P.récleux.

LA QUALITE DES TEXTES ENFIN :

Nous ferons là une critique peut-être un peu inatten- due, les textes, surtout chez les débutants, sont trop souvent des textes libres bruts. Nous voulons dire des texees qu1 ont été mis au tableau avec un souci évident de ne rien changer à l'ex- pression de l'auteur. On a seulement corrigé les fautes.

C'est un début, mais 11 raut aller plus loin en appor- tant une PART DU MAITRE, déltcate certes, mals tndlspensable.

(18)

Il faudrait à ce sujet que nous puissions réunir sous peu, en édition spéciale, les articles qu1Ellse FREINET a écrits sous ce titre suggestif.

Il y a la part du maître élémentaire qul consiste à remettre en ordre le texte choisi, à le rendre plus explicite, mieux équilibré, en faisant expliquer collectivement ce qul n•

est pas sufflsamme~t clal~, en faisant d1un brouillon parfois Informe une belle page dont tout le monde est fier. ·

Il y a la PART DU MAITRE dont Elise s1est appliquée à nous révéler les secrets, qui nous permet d'aller en profondeu non seulement dans l'expérience, m~ls aussi dans la pensée et dans le subconscient des enfants.

c•est par cette vole que nos textes libres dépassent le stade " chien écrasé " des journalistes J'JOUr devenir éléments de culture, expression profonde de 1'1ndlvldu. Alors nous aurore des textes où l'enfant ne se contente plus de dire ce qu'il a vu, mals réfléchit, analysel cherche, rêve. Nous touchons alors à des voles qul conduisent a l'être lntlme, où nous atteignons le diffus, le sensible, l'inénarrable.

Al2rs stouvrlra la porte aussi à la poésie. Nous conseillons meme d'engager tout de suite les enfantd à écrire des poèmes, car ils savent~ lls sentent, par Instinct dirait-on, qu•un poème n'est pas de meme nature qu•un texte ordinaire, que pour le réussir 11 faut se replier sur sol, fermer les yeux et ouvrir les sens aux subtils langages du monde.

Essayez-vous y. SI vous n'êtes pas poètes vous-mêmes, peut être le redeviendrez-vous à cet exercice. Mals vous tou- cherez là à la vraie richesse de l'être et de 11lme enfantine. Mals de grâce, plus de rimes, plus d'alexandrins ou des octo- syllabes. Ce n'est pas cela la poésie.

Et pour terminer, quelques observations encore, et des projets que nous réaliserons puisque nous voilà enfin dé- livrés des graves menaces que l'aventure Rossignol a fait peser pendant deux longues années sur toutes nos entreprises.

Par le texte libre, par l'expression libre, par les correspondances, par le dessin, par cette culture en profon- deur qui s'accroche à la vle et à la pensée de l 'enfant, nous mettons à jour, ne serait-cc que quelquefois dans 11année,·des documents d'une exceptionnelle valeur.

Notre GERBE que nous avons fait vivre 30 ans, nos ENFANTINES, QU! s'appelaient à 11orlglne EXTRAITS DE LA GERBE et des .JOURNAUX SCOLAIRES, nos GERBES DEPARTEMENTALES et RE- GIONALES, et maintenant nos GERBES INTERNATIONALES, ont publié par milliers, la fleur de ces documents.

Nous n1avons plus aujourd1huique les huit pages men- suelles de notre Gerbe actualités, ce qui est très lnsurr1sant.

La mise au jour de nos communes réussites ne se fait plus ; nos richesses restent inexploitées. Notre tâtonnement expérimental ne joue plus..

Il nous faut trouver une formule adaptée aux techr niques contemporaines qui nous permette de publier et de dif- fuser nos réussites.

La revue genre La Gerbe ancienne formu~e est désor- mais trop gra..-ement concurrencée par les Journaux illustrés. Nos ENFAlnINES sont trop pauvres et trop bon marché à tel point que nous parvenons dlff1c1lement à liquider le stock restant. Mals deux ou trois recueils paraissant chaque année sous forme de livre, bien présentés et agréablement Illustrés, avec de la couleur, aur~lent certainement du succ~s. Nous a~ons la possl- blllté maintenant de les éditer sans gros stockage. Les docu- ments ne nous manquent certes pas. dans nos archives. Mals je voudrais que ces recueils soient comme un florilège des jour- naux scolaires actuels, une motivation et un encouragement pour les mllllers d1écoles éditant un journal scolaire et en même

lecteurs la masse complexe d'idées autrefois paradoxa-

les que Rousseau a brassées dans son l Ivre.

Non, !'Emile n'a pas vieilli, Que dis-je, Il n'est pas encore né à la réal lté.

Il reste en bien des points un rêve généreux dont nous gagnerons toujours à nous

Inspirer.

'ln livre à lire et à rel Ire, en attendant qu'un CLUB DU LIVRE PEDAGOGIQUE offre à ses lecteurs, dans des éditions de première main, des ouvrages de che- vet, parmi lesquels l'Emlle de J.J. Rousseau.

C. F.

Initiation au Cfllctù dans les classes maternel- les et enfantines

( l 1 vret pédagog 1 que) par Melle Abaddle et Mme Brossat,

(Ed. Armand Col ln)

De .bons con se 11 s.

" Il faut être ble11 persua- dé que l'essentiel n•est pas que 1 'enfant acquière des connaissances d'ordre ma- thémat lque, mals qu'il ait compris un certain nombre de choses et qu' il soit capable de prendre devant les quan- t l tés et le nombre une at- titude objective, nécessai- re à l'étude ultérieure de l 0arlthmérlque."

Mals c'est la méthode qui, à notre avis est mau- vaise. On enseigne les trois premiers nombres, puis U, puis 5. C'est conforme au programme mais non aux pro- cessus d'acquisition de 1°

enfant qui sont à base de tâtonnement expérimental.

C'est notre Calcul Vivant qui est la l lgne pé- dagogique vraie de demain.

C. F.

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