Analyse hilbertienne et de Fourier, corrig´e de l’examen partiel du 30 mars 2009
— Exercice I —
On d´efinit une fonctionf sur Ren posant f(x) =xe−x2/2 pour toutx r´eel.
a.V´erifier que f est int´egrable surR, et calculer sa transform´ee de Fourier bf.
Preuve. — La fonction f est continue, donc mesurable, ce qui permet de donner un sens `a l’int´egrale de LebesgueR
R|f(x)|dx. On remarque quef est impaire ; on a donc Z
R|f(x)|dx= 2 Z +∞
0
xe−x2/2dx.
En posantu=x2/2, on trouve Z
R|f(x)|dx= 2 Z +∞
0
e−u du= 2h
−e−ui+∞
0 = 2<+∞.
Par int´egration par parties, et en utilisant lesrappelssur la transform´ee de Fourier de la fonction gaussienne, on obtient
fb(y) = Z
R
xe−x2/2e−ixy dx=
−e−x2/2e−ixy+∞ x=−∞+
Z
R
e−x2/2(−iy) e−ixy dx
=−iy Z
R
e−x2/2e−ixy dx=−iy√
2πe−y2/2.
Pour tout entiern≥1on d´efinit une fonctiongnimpaire surR(c’est-`a-dire quegn(x) =−gn(−x) pour toutx) en posant pour tout x >0
gn(x) =x−1/2 si 0< x≤n, et gn(x) = 0 si x > n.
b.V´erifier que gn appartient `aL1(R). Exprimer la transform´ee de Fourier degn; montrer que la transform´ee de Fouriergbn est impaire.
Preuve. — Puisque la fonction gn est impaire,|gn| est paire et Z
R
|gn(x)|dx= 2 Z n
0
x−1/2dx= 2h 2√
xin 0 = 4√
n <+∞. On a par imparit´e,
∀y ∈R, gbn(y) = Z
R
gn(x) cos(xy)−i sin(xy)
dx=−i Z
R
gn(x) sin(xy) dx.
Comme sin(xy) est impaire aussi, la fonction produitx→gn(x) sin(xy) est paire et (∗) ∀y∈R, gbn(y) =−2i
Z n 0
x−1/2sin(xy) dx.
Sur cette expression on constate que gbn(−y) =−gbn(y), puisque sin(xy) change de signe quand on change y en−y.
c.Montrer que la transform´ee de Fourier def∗gn est une fonction paire, qui est ´egale poury >0
` a
κ√ye−y2/2Z ny
0
t−1/2sin(t) dt ,
o`uκ est une constante qu’on calculera.
Preuve. — On sait que f et gn sont dans L1(R), donc on peut consid´erer leur convolution hn =f∗gn qui est int´egrable, et on sait d’apr`es le cours que
∀y∈R, hbn(y) =fb(y)gbn(y).
Commefbet gbn sont impaires, leur produit est pair. Pour y >0, on va transformer l’expression obtenue en (∗) pour obtenir le r´esultat demand´e. En supposanty >0 et en posantt=xy,
gbn(y) =−2i Z n
0
x−1/2sin(xy) dx=−2i Z ny
0
(t/y)−1/2sin(t) dt/y
=−2iy−1/2 Z ny
0
t−1/2sin(t) dt.
Il en r´esulte que
hbn(y) =
−iy√
2πe−y2/2
−2iy−1/2 Z ny
0
t−1/2sin(t) dt
=−2√
2π y1/2e−y2/2Z ny
0
t−1/2sin(t) dt , ce qui donne le r´esultat demand´e, avecκ=−2√
2π.
Pour la question suivante, on pourra admettre sans d´emonstration que l’int´egrale g´en´eralis´ee I =
Z +∞ 0
t−1/2sin(t) dt est convergente.
d.Peut-on appliquer le th´eor`eme d’inversion pour exprimer(f∗gn)(0)`a partir de la transform´ee de Fourier de f ∗gn? Exprimer (f ∗gn)(0) de deux fa¸cons, puis faire tendre n vers +∞ pour montrer que I =p
π/2.
Preuve. — La fonction f ∗gn est continue comme convol´ee d’une fonction continue born´ee f avec une fonction int´egrable gn,
(f ∗gn)(x) = Z
R
f(x−t)gn(t) dt;
en effet, cette int´egrale d´ependant du param`etrexest continue enxd’apr`es le cours d’int´egration : la fonction h(x, t) =f(x−t)gn(t) sous l’int´egrale est continue en x, et major´ee par la fonction int´egrable fixe C|gn(t)|, o`u C est le maximum sur R de la fonction s→ |f(s)|= |s|e−s2/2 (par
´etude de fonction, on peut voir que le maximum est atteint pour s= 1, donc C = e−1/2. Ensuite, on a d´ej`a dit quef∗gn est int´egrable. De plus,
ψ:u>0→ Z u
0
t−1/2sin(t) dt
est born´ee sur [0,+∞[ puisqu’elle est continue sur [0,+∞[ et qu’elle tend vers la limite finie I quandy→+∞. D´esignons par M un majorant de|ψ|sur [0,+∞[, et posonsψn(y) =ψ(ny). La transform´ee de Fourier dehn =f∗gn admet la majoration
|hbn(y)|=|hbn(|y|)|=−2√
2π|y|1/2e−y2/2ψn(|y|)
≤2M√
2π|y|1/2e−y2/2≤M√
2π(1 +|y|) e−y2/2
(on a utilis´e l’in´egalit´e 2uv ≤ u2+v2, appliqu´ee avec u = 1 et v = |y|1/2), et ce majorant est int´egrable surR, Z
R
(1 +|y|) e−y2/2dy=√
2π+ 2<+∞.
On a donc toutes les hypoth`eses pour pouvoir ´ecrire la formule d’inversion en tout pointx, hn(x) = (f∗gn)(x) = 1
2π Z
R
hbn(y) eixy dy.
Pourx= 0, on obtient
(f ∗gn)(0) = 1 2π
Z
R
hbn(y) dy.
Commehbn est paire,
(1) (f∗gn)(0) =− 4
√2π Z +∞
0
√ye−y2/2ψn(y) dy.
D’un autre cˆot´e, on a par d´efinition de la convolution (f∗gn)(0) =
Z
R
f(0−t)gn(t) dt, et commet→f(−t)gn(t) est paire,
(2) (f ∗gn)(0) =−2 Z n
0
te−t2/2t−1/2dt=−2 Z n
0
√te−t2/2 dt.
En appliquant le th´eor`eme de convergence domin´ee `a chacune des deux expressions (1) et (2), on obtient `a la limite quandn→+∞
− 4
√2π Z +∞
0
√ye−y2/2I dy=−2 Z +∞
0
√te−t2/2dt <0,
donc I = 12√
2π = p
π/2. Pour justifier l’application du th´eor`eme de convergence domin´ee, on
´ecrit les expressions dans (1) et (2) sous la forme Z +∞
0
un(y) dy,
Z +∞ 0
vn(t) dt, avec
un(y) =− 4
√2π
√ye−y2/2ψn(y), vn(t) =−21]0,n](t)√
te−t2/2, qui tendent simplement sur ]0,+∞[ vers −√42π√ye−y2/2I et −2√
te−t2/2 respectivement, en
´etant domin´ees en valeur absolue par √4 2π
√ye−y2/2M et 2√
te−t2/2 respectivement, qui sont des majorants int´egrables ind´ependants den.
— Exercice II —
Dans cet exercice, on d´esigne parHl’espace de HilbertL2(R) avec son produit scalaire habituel.
a.On d´esigne parϕla fonction d´efinie surRparϕ(x) = 1− |x|quand|x| ≤1etϕ(x) = 0quand
|x|>1. Calculer la transform´ee de Fourier ϕ.b Preuve. — Commeϕest paire, on aura pour y6= 0
ϕ(y) = 2b Z 1
0
(1−x) cos(xy) dx= 2nh
(1−x)sin(xy) y
i1 x=0+
Z 1 0
sin(xy) y dxo
=
= 2h1−cos(xy) y2
i1
x=0= 21−cos(y)
y2 = 4sin(y/2)2 y2 ,
et de plusϕ(0) = 1 en prenant la limite quandb y→0, ou en calculant directement 2R1
0(1−x) dx.
b.Pour tout entiern∈Zon posefn(x) =ϕ(x−n). Calculerfbn. Sur un mˆeme sch´ema, indiquer les graphes def0,f1etf2. Calculer les produits scalaireshf0, f0iethf0, f1i, puis calculerhf0, fki pour tout entier k≥2. Montrer quehfn, fn+pi ne d´epend que dep.
Preuve. — Par le changement de variablet=x−n, on obtient fbn(y) =
Z
R
ϕ(x−n) e−ixy dx= Z
R
ϕ(t) e−i (t+n)y dt= e−inyϕ(y).b On a
hf0, f0i= Z 1
−1
(1− |x|)2dx= 2 Z 1
0
(1−x)2dx= 2h
−(1−x)3 3
i1 0= 2
3.
Le produitf0(x)f1(x) =ϕ(x)ϕ(x−1) est nul quand x ≥1 et aussi quand x−1≤ −1, donc il est nul sauf si 0< x <1, par cons´equent
hf0, f1i= Z 1
0
x(1−x) dx= Z 1
0
(x−x2) dx= 1 2− 1
3 = 1 6.
On notera quehf0, f0i= 4hf0, f1i. Enfin, pourk≥2, on ahf0, fki= 0 carf0(x)fk(x) est toujours nul : f0(x) =ϕ(x) est nul pour x ≥1, et fk(x) = ϕ(x−k) est nul pour x−k≤ −1, donc nul pourx≤1≤k−1.
Par changement de variable, hfn, fn+pi=
Z
R
fn(x)fn+p(x) dx= Z
R
f0(x−n)fp(x−n) dx= Z
R
f0(u)fp(u) du=hf0, fpi.
c. D´eterminer ar´eel tel que−1< a <0 et tel quef1 etf0+af1+a2f2 soient orthogonales (on trouvera queaest racine d’une ´equation du second degr´e). Montrer que la s´erie de fonctions
g=X
k>0
akfk
converge uniform´ement, et converge dansH. Montrer quegest orthogonale `afp, pour toutp≥1.
Calculer la transform´ee de Fourier bg.
Preuve. — En utilisant l’invariance du produit scalaire par d´ecalage des indices, on trouve hf1, f0+af1+a2f2i=hf1, f0i+ahf1, f1i+a2hf1, f2i
= (1 +a2)hf0, f1i+ahf0, f0i= (1 + 4a+a2)hf0, f1i. Pour avoir l’orthogonalit´e demand´ee, il faut que
0 = 1 + 4a+a2= (a+ 2)2−3, donca=−2±√
3. La racine voulue esta=−2 +√
3 (l’autre racine−2−√
3 de cette ´equation est<−1, donc ne convient pas `a la question).
Comme |a|< 1 et que toutes les fonctions fk ont la mˆeme norme (`a cause de l’invariance par translation), on aura
Xkakfkk<+∞
pour la norme uniforme ou pour la norme de H (ou pour la norme L1). La s´erie de fonctions converge donc dans les espaces norm´es complets : dans l’espace H, ou dans l’espace complet des
fonctions continues born´ees muni de la norme uniforme (ou aussi dans L1). Comme le produit scalaire avec fp est lin´eaire et continu sur H, on a
hg, fpi=
+∞
X
k=0
akhfk, fpi.
Dans la s´erie il ne reste que les termesk=p−1, p, p+ 1, et en d´ecalant tous les indices dep−1 on aura
hg, fpi=ap−1hfp−1+afp+a2fp+1, fpi=ap−1hf0+af1+a2f2, f1i= 0.
On aura par convergence normale dans L1(R), qui implique la convergence uniforme du cˆot´e Fourier
bg(y) =
+∞
X
k=0
akfbk(y) =
+∞
X
k=0
ϕ(y)b ake−iky=ϕ(y)b
+∞
X
k=0
ake−iky= ϕ(y)b 1−ae−iy.
d. Pour tout n ∈ Z on pose gn(x) = g(x−n). Montrer que les fonctions (gn)n∈Z sont deux `a deux orthogonales. On consid`ere le sous-espace ferm´eFdeHengendr´e par les fonctions (fn)n∈Z. Montrer qu’il existe une constantebtelle que la famille(bgn)n∈Z soit une base hilbertienne deF.
Calculerb.
Preuve. — Supposonsm < n. Par translation on voit que hgm, gni=
Z
R
g(x−m)g(x−n) dx= Z
R
g(u)g(u−n+m) du=hg0, gn−mi.
La fonctiongn−m,n−m >0, est la somme de la s´erie convergente dans H des vecteurs akfn−m+k
avec k≥0, donc p=n−m+k≥1 et
hgm, gni=hg0, gn−mi=
+∞
X
k=0
akhg, fn−m+ki= 0.
Par translation on voit que toutes les fonctionsgn ont la mˆeme normec >0, donc les fonctions c−1gn sont orthonorm´ees. Les sommes partielles de la s´erie qui d´efinit gn sont dans F, donc gn
aussi puisque F est suppos´e ferm´e. Enfin la relation
gn−agn+1=fn+afn+1+a2fn+2+· · ·
−afn+1−a2fn+2− · · ·
=fn
montre que l’espace engendr´e par les gn contient toutes les fonctions fn, donc il est dense dans l’espace F et (c−1gn)n>0 est une base hilbertienne de F.
Pour finir hg, gi =
+∞
X
k=0
akhg, fki=hg, f0i=
+∞
X
j=0
ajhfj, f0i=hf0, f0i+ahf1, f0i= (4 +a)hf0, f1i= 4 +a 6 . Comme (4 +a)a= 4a+a2=−1, il vient
c2=hg, gi=− 1 6a, doncb=kgk−H1 =p
6|a|=p
12−6√ 3.