I NTRODUCTION
Au cours des deux dernières décennies, la recherche sur les ontologies a fait des progrès notables. Les connaissances sur les langages d’expression d’ontologies ont fortement progressé, en particulier grâce aux travaux théoriques sur les logiques de description. Des standards, tels que RDFS et OWL, ont émergé de ces travaux, ainsi que des algorithmes et outils de raisonnement utilisables à grande échelle. Des méthodologies de développement et d’analyse d’ontologie ont également été mises en place. Les ontologies sont peu à peu devenues des éléments utilisables, et utilisés, dans des applications aussi variées que la recherche d’information, l’intégration des données et des services, l’indexation sémantique des documents.
L’utilisation des ontologies dans la pratique soulève de nouvelles questions qui motivent les recherches actuelles dans ce domaine : Comment gérer l’évolution d’une ontologie sur le long terme ? Quelle notion de modularité devrait-on proposer pour les ontologies ? Quels liens opérationnels devrait-on établir entre ontologies et bases de données ?
Parallèlement, la mise en œuvre des principes et outils du web sémantique a également suscité des recherches sur l’alignement d’ontologies, la création et la gestion d’entrepôts d’ontologies ou encore l’utilisation des ontologies pour interpréter des requêtes exprimées en langue naturelle.
Depuis 2007, les Journées Francophones sur les Ontologies ont réuni les chercheurs du monde francophone travaillant sur ces questions. L’édition 2011 a été représentative des questions évoquées ci-dessus, tant en ce qui concerne les ontologies elles-mêmes que leur intégration dans le web sémantique. Parmi les articles présentés lors de ces journées, le comité scientifique a jugé que sept d’entre- eux pouvaient être étendus et soumis pour ce numéro spécial de TSI. Après un processus de relecture rigoureux, quatre articles ont finalement été retenus pour publication.
– L’article « Évolution d’une ontologie hybride. Application au domaine de la géotechnique » de Mina Ziani, Danielle Boulanger et Guilaine Talens propose un modèle multi-ontologie pour représenter la connaissance d’un domaine. Une ontologie globale définit les concepts communs alors que des ontologies locales, mises en correspondance avec l’ontologie centrale, définissent les concepts propres à chaque métier du domaine. Les auteurs présentent une analyse fine des types de changements qui peuvent survenir au cours du temps, de leur sémantique, de leur impact local et global, et des recalculs de correspondances qu’ils entraînent.
– L’article « EvOnto : un outil d’évolution de ressource termino-ontologique pour l’annotation sémantique », d’Anis Tissaoui, Nathalie Aussenac-Gilles, Philippe
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786 TSI. Volume 32 – n° 7-8/2013
Laublet et Nathalie Hernandez, aborde également la problématique de l’évolution des ontologies mais cette fois dans le contexte de l’annotation de documents. Les auteurs considèrent une ressource termino-ontologique (RTO) qui est utilisée pour annoter sémantiquement un corpus de documents. Ils montrent que l’évolution du corpus, par ajout ou suppression de documents, peut entraîner une inadéquation entre la RTO et le corpus à annoter. Les auteurs proposent des algorithmes et un outil pour calculer automatiquement les changements à appliquer à la RTO pour maintenir son adéquation au corpus.
– Dans l’article « Production de requêtes SPARQL à partir de mots-clés et de patrons de requêtes », Catherine Comparot, Ollivier Haemmerlé et Nathalie Hernandez partent du constat que les utilisateurs finals du web sémantique ne connaissent pas les langages de requêtes formels, comme SPARQL, et ont besoin de langages simples, comme les listes de mots-clés. La question est alors de traduire une liste de mots-clés en une requête SPARQL jugée équivalente. L’article présente une solution basée sur l’emploi de patrons de requêtes. Il a en effet été observé que la plupart des requêtes peuvent être classées selon un petit nombre de familles.
L’article montre de manière détaillée comment passer successivement d’une requête sous forme de mots-clés à une requête conceptualisée, faisant référence à une ontologie de domaine, puis au choix du meilleur patron et finalement à la génération de la requête SPARQL. Il fournit également des évaluations de cette technique par rapport à des requêtes SPARQL idéales écrites par des experts.
– L’article « Approche de couplage de BD et d’ontologie pour l’aide à la décision sémantique. Contribution pour la satisfaction des requêtes SQL et SPARQL », de Mariem Mahfoudh et Wassim Jaziri, s’attaque au problème de l’utilisation commune d’une base de données et d’une ontologie pour répondre à des requêtes SQL ou SPARQL. Les requêtes exprimées dans ces langages peuvent faire référence au vocabulaire du schéma de la base de données, de l’ontologie, ou des deux. Les auteurs proposent un ensemble d’algorithmes pour analyser les requêtes et les résoudre en accédant à l’ontologie et à la base de données.
Nous tenons à remercier les membres du comité de lecture ainsi que les lecteurs externes pour leur aide précieuse dans l’élaboration de ce numéro.
En espérant que ces articles vous apportent de nouvelles perspectives sur les développements actuels dans le domaine des ontologies, nous vous souhaitons une bonne lecture.
RAFIK BOUAZIZ
MIRACL, FSEG, Université de Sfax, Tunisie PIERRE BOURQUE
École de Technologie Supérieure, Montréal, Canada GILLES FALQUET CUI, Université de Genève, Suisse
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