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Article pp.61-62 du Vol.25 n°267 (2006)

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Texte intégral

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BIOFUTUR 267 • JUIN 200661

Quelques pages

par Maël Knoll knoll@lavoisier.fr

Comprendre l’organisation du vivant et son évolution vers la conscience Gilbert Chauvet Vuibert, 2006 Coll. Automates intelligents

ISBN 2-7117-7157-1

• 20 Comment faire cohabiter dans le désir de lecture un titre

annonciateur d’un corpus strict avec une couverture aussi avenante ? Et comment rendre justice à l’auteur en prou- vant qu’il n’y avait pas erreur sur la marchandise ? La preuve par le vécu peut-être ? Gilbert Chauvet a connu une sorte de marginalisation propre à sa triple forma- tion : physique, mathématiques, médecine. Et fait preuve d’un courage certain à ne renier aucune des trois disci- plines en s’inscrivant dans le courant de la biologie inté- grative, née des principes généraux des mathématiques appliqués aux sciences du vivant. Le paradigme fon- dateur en est le principe de l’auto-association stabili- satrice (PAAS).

En quoi consiste-t-elle ? Une interdépendance qui décrit pourquoi deux structures physiques ont tendance à s’associer, réalisant, de ce fait, une fonction nouvelle sur le modèle de la relation source/puits ; ou, si l’on veut une unité structurale (éventuellement fermée par une membrane) et contenant des seuls processus phy- siques de réaction/diffusion. Entre les deux s’est jouée une interaction dynamique stabilisatrice, initialement aléatoire pour chaque unité proposée, mais devenue déterministe pour l’unité composante résultante (revoilà Darwin…), puisque, pour l’auteur aussi, évolution équi- vaut à « hasard contraint ».

Cette première étape de l’intégration est faite des pre- mières unités structurales, auto-instruites. Mais cette association n’existe pas (ne survit pas) dans le monde de la physique où il n’y a que des relations de causalité.

C’est là que survient l’avantage de la contrainte mathé- matique : elle permet de raisonner par symboles et donc d’organiser une classification hiérarchique, autrement impensable en physiologie. D’une part, mathématiques et physique font bon ménage (G. Chauvet le sait pour s’être d’abord intéressé à la vibration et à la rotation des macromolécules, comme l’ATP (1)). D’autre part, biolo- gistes et mathématiciens travaillent tous sur des systèmes (qui dit système dit interactions). Les lois de la nature impliquent des couplages et peuvent donc être mises en équation.

Nul n’ira contester l’organisation de la matière, dont la physique a découvert les fondamentaux : relativité, conser- vation de la matière etc. La thermodynamique du non- équilibre en physique a été démontrée par I. Prigogine.

Aux deux protagonistes, ajoutons enfin le rôle de la chimie, science quantitative décrivant les interactions moléculaires dans la biologie. «…Ajoutons aussi que la non-localité fonctionnelle biologique est un concept fondamental, comme la non-symétrie, car elle implique une spécialisation topographique (géométrique) des fonctions qui est la caractéristique essentielle de l’être vivant ».

Àprésent, où commence le vivant ? Comment cette inter- action primaire est-elle apparue ? Grâce à des propriétés

« émergentes » qui apparaissent au niveau supé- rieur dans une autre structure. Les interactions fonctionnelles au fil du temps se sont combinées pour aboutir à LA CONSCIENCE.

Et la dernière étape, sans doute la plus complexe : cette auto-reproduction de la cellule primitive provient de l’existence d’un code génétique : la cellule fonctionne comme un tube à essais dans lequel les réactions chimiques se produisent sans discontinuité et donne naissance à une nouvelle unité : ADN mitochondrial ou ADN nucléaire conservant l’information (toujours le puits et la source).

L’évolution vers l’espèce serait cette auto-organisation ou les conséquences sur l’auto-reproduction des mutations internes et des contraintes environnementales sur un fond de cohérence vitale (ou invariance). Ainsi la sexualité, née

«…d’un chromosome-source ou unité mâle et d’un chro- mosome-puits, unité femelle…»

Après cela, l’identité de l’espèce est donc l’interaction fonctionnelle non-symétrique et non-locale de la bac- térie mâle vers la femelle, soit s’organiser sans rien perdre.

Ici, comme principe « d’unification » à mécanisme cau- sal, le PAAS est avantageux, puisqu’il place le monde vivant bien au sommet de la hiérarchie. Est-ce irréver- sible ? Y a-t-il une direction du temps ? Le temps est phy- siologique. Le monde vivant est-il régulé en temps optimal ? OUI, car c’est une des raisons de l’irréversi- bilité et de la spécialisation physiologique. Le temps est optimal car il ne revient pas à un état antérieur.

L’évolution vers les fonctions cognitives notifie un accroissement majeur de la complexité.

Autrement dit : «…dans combien de puits chaque pro- duit émis va-t-il tomber ?»

L’intelligence est-elle une fonction physiologique ? Sommes-nous pour autant des ordinateurs (on confond souvent biologie intégrative et bio-infor- matique) ? NON, puisqu’il nous faut retrouver le souvenir pertinent, prenant en compte du contexte.

La conscience est réflexive, elle permet de se recon- naître dans l’autre, elle doit émerger des processus cérébraux, elle est un phénomène biologique, une caractéristique du cerveau.

Conclusion ? La biologie pourrait devenir une science dure.

La biologie ne se réduit pas à la physique. L’intelligibilité de la nature biologique est aussi mathématique, l’évo- lution une stabilisation par complexification. L’homéo- stasie ne peut être définie que par la stabilité mathématique.

Une démonstration ne reste-t-elle jamais qu’une véri- fication a posteriori? La pertinence et la robustesse de la démonstration pourrait-elle se retourner contre son auteur ? Pourtant elle nous réconcilierait presque avec les maths…●

Comprendre l’organisation du vivant et son évolution vers la conscience

(1)Adénosine triphosphate, à la base du mécanisme énergétique.

12 - quelquespages 19/05/06 9:20 Page 61

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur biofutur.revuesonline.com

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BIOFUTUR 267 • JUIN 2006 62

Après nous le déluge ? Jean-Marie Pelt, illes-Éric Séralini Co-édition

Flammarion/Fayard, 2006

ISBN 2-08-210549-0

• 16

peuvent avoir lieu qu’en « chaîne ». Les scientifiques sont écartelés et les politiques écartelés devant l’écar- tèlement des scientifiques : l’effet est sidérant. Un scien- tifique aujourd’hui est bien loin d’un naturaliste. Sans aller jusqu’à le dessiner, pourrait-il, avec des outils simples, décrire un taxon ?

Un cocktail qui tient au corps. REACH ne concerne malheureusement que les produits chimiques à pro- duction excédant une tonne. Même si la prudence consisterait plutôt à étudier les produits chimiques qui ont des affinités connues avec certains organes. On a pourtant recensé un cocktail additionnel différent chez chacun d’entre nous, environ 41 substances chimiques par personne.

Quel avenir pour l’espèce humaine ?Trois voies s’offrent à nous : adaptation, extinction, spéciation. La première n’est jamais documentée comme transformation pro- gressive, mais enregistrée comme disparition ; la deuxième pourrait bien découler de la première par tri ; la troi- sième, même si elle n’était que bifurcation de l’évo- lution, glisse tendancieusement vers les différences sociales, culturelles et éthniques. Chèque en blanc pour des théories malsaines.

Quelle humanité voulons-nous ?Pour la restauration par thérapie cellulaire de cellules souches, qui paraît réaliste, combien d’affaires Hwang ? Quelles nouvelles affections psychologiques enclencherons-nous : enfant de secours vs enfant ordinaire ? Mais 45 % du maté- riel héréditaire est constitué de transposons, ou gènes sauteurs.

La terre en partage.L’or vert, l’or bleu, l’or transpa- rent. J.M. Pelt et G.E. Séralini, opposés à tous types de

« pansements », transforment les plaintes en vraies ques- tions, même en ayant recours à un humour parfois assez noir, sans être jamais cynique. Une jolie prouesse.

Sur le modèle du serment d’Hippocrate, un Serment éthiquepour les jeunes chercheurs figure en fin d’ouvrage.

Il n’est pas particulièrement matière à sourire. ●

Après nous le déluge ?

Présenter Jean-Marie Pelt et Gilles-Séralini serait presque déplacé. Enseignant fervent et chercheur ardent et tenace, trop peu sédentaires pour rester rivés au labo, ils ont réuni leurs efforts dès lors qu’il s’agissait de dénoncer le manque de concret, le défaut de « repré- sentation » qui nous fait « flotter » de peurs abstraites en solutions virtuelles. « Microscopes et ordinateurs n’ont ni rétroviseurs ni zoom arrière ». D’où cet angle mort spatio-temporel dans lequel nous nous déplaçons.

La vie ne va pas de soi. En termes d’évolution, ce que l’on qualifie de « constantes » sont en fait des variables lentes. Nous sommes l’espèce ayant le plus d’impact sur la biosphère, donc et cependant la plus vulnérable, selon le classique paradoxe du rapport dominant/

dominé.

Pas de je sans toi. À quoi servent les espèces ? Que signifie perdre une espèce ? La biodiversité des espèces, y compris les espèces dites « redondantes » rend l’éco- système performant. Une stratégie de cohabitation est garante de durabilité. La loi du système, vaut même à l’intérieur d’une cellule. Les auteurs pensent que de déprédateur on devient prédateur par rupture de contrat et qu’espèce vaut pour espace (cf. exemples du loup et de l’ours.)

Le point de non-retour. La brutalité pourrait s’avérer salutaire : « Il faudrait peut-être, direz-vous, discuter du niveau à partir duquel nous pouvons survivre.» À quel ratio d’espèces ? Question gênante. Peut-être faudra-t-il encore et encore raconter aux enfants l’his- toire emblématique et ô combien littéraire du dodo et des 280 000 tortues de l’Océan Indien ?

Déforestation, suppression des habitats naturels, déser- tification, barrages, prélèvements directs, le danger consiste souvent en pollutions soustractives. Choc ? Chaque semaine 200 000 ha de forêt disparaissent.

Lassés d’aligner les chiffres, les auteurs savent bien qu’ils n’ont jamais produit l’électrochoc nécessaire.

Pourtant, les disparitions d’espèces, dont la nôtre, ne

Serons-nous immortels ? Ray Kurzweil, Terry Grossman Éditions Dunod, 2006 ISBN 2-10-049419-8

• 25

à la nanotechnologie et à au projet d’intelligence arti- ficielle, certes plus futuriste, mais porteuse d’espoir de longévité, sinon d’immortalité.

Nul doute que cette familiarité avec le futur, sans cesse retouchée de réalisme et de quotidien, rencontrera son quota de lecteurs, sinon davantage.

Serons-nous immortels ?

Ce genre de titre laisse évidemment perplexe.

Ray Kurzweil, passé par le MIT, s’y distingua par ses recherches en intelligence artificielle (A.I.), spéciale- ment à propos de la reconnaissance des formes. Son style personnel le porte (dès « The age of spiritual machine», paru en 1999) à mêler chapitres de fond, notes pédagogiques, apartés de vulgarisation et conseils pratiques. Il défend encore et toujours sa thèse d’une Loi de croissance exponentielle des technologies infor- matiques, mais loin d’en faire l’apanage d’une élite – même s’il aimerait en voir sortir des « super-cerveaux » – il préfèrerait la voir divulguée chez ses contempo- rains, pour leur plus grand profit.

C’est ainsi qu’il s’est rapproché d’un éminent spécia- liste américain de la médecine du vieillissement, direc- teur du Frontier Medical Institute, Terry Grossman. À eux deux, ils élaborent un projet reposant sur les piles de trois ponts : 1)le Programme de longévité, sorte de pacte de compliance santé (lignes de conduites et de traitements) passé avec son propre corps ; 2)la révo- lution biotechnologique, constamment nourrie des découvertes scientifiques récentes et les recyclant en amélioration du potentiel humain ; 3)l’obédience faite

Le Chaos Ivar Ekeland

Éditions Le Pommier, 2006 - Coll. Poche ISBN 2-7465-0159-7

• 6 €

Les biocarburants - État des lieux, perspectives et enjeux du développement Daniel Ballerini

avec la collaboration de Nathalie Alazard-Toux Éditions TECHNIP, 2006

ISBN 2-7108-0869-2

• 115 €

Reçus également à la rédaction :

12 - quelquespages 19/05/06 9:20 Page 62

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