HAL Id: hal-00888517
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Submitted on 1 Jan 1987
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Sur la teneur en protéines et la digestibilité d’une paille de blé traitée par Trichoderma viride et Myrothecium
verrucaria
A. Larwence, Samia Abada
To cite this version:
A. Larwence, Samia Abada. Sur la teneur en protéines et la digestibilité d’une paille de blé traitée par
Trichoderma viride et Myrothecium verrucaria. Annales de zootechnie, INRA/EDP Sciences, 1987,
36 (1), pp.23-38. �hal-00888517�
Sur la teneur
enprotéines et la digestibilité
d’une paille de blé traitée par Trichoderma viride et Myrothecium verrucaria
A. LARWENCE Samia ABADA
Institut National Agronomique,
Département de
ZootechnieEI-Harrach
(Algérie)
Résumé
Nous avons étudié en milieu semi-solide
(taux
d’humidité 80, 84 et 87 p.100)
et pour trois valeurs depH (4,
5 et6),
lapossibilité
d’améliorer la valeur nutritive(teneur
enprotéines
etdigestibilité)
d’unepaille
de blé, à l’aide de deux souches dechampignons
filamenteux : Tricho- derma viride etMyrothecium
verrucaria.Sur la
paille
traitée obtenue au bout de huitjours
de culture sont évaluées : la teneur enmatière sèche, en
protéines
et encomposés pariétaux
ainsi que ladigestibilité
in sacco.Il
apparaît
que :1)
La teneur en cellulose Van Soest despailles
traitées diminue pour les deuxorganismes
par rapport aux témoinspaille
non ensemencée. Toutefois, la diminution estplus
forte pour les échantillons traités avec Trichoderma(12 points
contre 8 pourMyrothecium).
Cettedégradation
dela cellulose a entraîné une
augmentation
de la teneur enlignine
de 8 et 1points respectivement
pour Trichoderma et pour
Myrothecium.
2)
La teneur enprotéines
des échantillons traités augmente en moyennerespectivement
de 3,3et de 4,7
g/100 g de
MS pour Trichoderma et pourMyrothecium,
amenant la teneur totale enprotéines
des échantillons à 7,1 et 8,4g/100
g de MS. Ces teneurscorrespondent
à un rendementde 0,31 et 0,60 g de
protéines mycéliennes/g
de cellulose utilisée.3)
Ladigestibilité
des échantillons témoins s’établit en moyenne à 59 p. 100 contre 54 p. 100 pour Trichoderma. Par contre, celle des échantillons traités avecMyrothecium
estplus
élevée(61
p.100) ;
notamment avec lepH
6 et une humidité de87 p.
100, on atteint67 p.
100 dedigestibilité.
Les valeurs de la
digestibilité
évoluent dans le même sens que la teneur des échantillons enprotéines
et en cellulose et en sens inverse pour la teneur enlignine
et pour les pertes en matière sèche.Mots clés : Trichoderma viride,
Myrothecium
verrucaria,paille
de blé traitée,digestibilité
insacco, teneur en
protéines.
1. Introduction
Dans de nombreux pays, la diminution du
rapport (0,3 Nombre d’habitants en
Algérie)
atteint des seuilsqui obligent
leplanificateur
à consacrer l’essentiel des terres (*
) SAU : surface agricole utile.
aux
productions végétales
destinées à l’alimentation humaine. Ledéveloppement
del’élevage
des ruminantsproducteurs
de lait et de viande(dont
le fumierqui
en résulteest nécessaire au maintien de la fertilité du
sol)
est menacé par manque de terressusceptibles
deporter
des culturesfourragères.
Aussi,
l’utilisation despailles
dans l’alimentation des ruminants suscite-t-elle de vifs intérêts(K IFLEWAHID ,
Pou-rs &D RYSDALE , 1982).
Ellepermettrait
deproduire,
d’unseul coup sur le même
hectare,
les denrées alimentaires destinées à l’homme et lefourrage
pour le ruminant.Malheureusement,
ladigestibilité
despailles
est faible carelles sont riches en
composés pariétaux,
pauvres en sucres, en azote et en vitamines(H ODEN
, 1972 ; X ANDE ,
1978 a ;H ORTON ,
NicHOLSON &C HRISTENSEN , 1982). Classique-
ment, l’amélioration de la valeur nutritive des
pailles
est obtenue par unecomplémenta-
tion azotée et minérale correcte
(X ANDE ,
1978b)
ou par des traitementschimiques (pour
rendre lescomposés pariétaux plus digestibles)
notamment à la soude(W ILKINSON
&
GONZALEZ, 1978 ;
KATEGILE &FREDERIKSEN, 1978 ;
BEN-GHEDALIA &MIRON, 1981 ;
§ DULPHY et
al., 1982)
et à l’ammoniac(W AAGEPETERSEN
&T HOMSEN , 1977 ;
On &M OWAT
, 1979 ; B ORHAMI ,
SUNDST0L &G ARMO , 1982).
Ladigestibilité augmente
alors de 8 à 12points.
Néanmoins,
cet accroissement de ladigestibilité
nesupprime
pasl’apport
d’unconcentré
adéquat
dans la ration(K ATEGILE , 1979 ;
CORDESSE &T ABA -T ABAI , 1981 ; WILLIAMS,
MAC DEARMID &INNES, 1983)
dont laproduction pourrait
se révélerdifficile.
L’enrichissement en
protéines
de cespailles
par le biais demicro-organismes pourrait représenter
uneautre possibilité
decomplémentation
etd’amélioration,
sansfaire
appel
à des hectaressupplémentaires
de terres. Dans cetteoptique,
et dans l’état actuel desconnaissances,
leschampignons ligninolytiques
ne conviennent pas car lesystème ligninolytique
estréprimé
enprésence
d’azote(Z ADRAZIL
&B RUNNERT , 1982).
Les
champignons cellulolytiques
par contre, enrichissent effectivement lapaille
enprotéines ;
mais une activitécellulolytique trop
fortepeut
entraîner une diminution dedigestibilité
de lapaille
traitée(D EMEYER
&V ERVAEKE , 1985).
Nous avons donc voulu
étudier,
chez le mouton, à l’aide de latechnique
dessachets en
nylon,
ladigestibilité
d’unepaille
de bléaprès
traitement(dans
desconditions différentes de
pH
etd’humidité)
par deux souches de moisissurescellulolyti-
ques : Trichoderma viride connu pour sa forte activité
cellulolytique
etMyrothecium
verrucaria moins actif vis-à-vis de la cellulose.
II. Matériel et méthodes
A. Souches de
champignons
utiliséesIl
s’agit
de deux souches sauvages Trichoderma viride etMyrothecium
verrucariaisolées du sol
algérien
par une méthodeclassique
de dilution(L ARPENT
& LARPENT-G
OURGAUD
, 1970).
B. Procédé de culture et traitement des
pailles
traitéesLes cultures sont menées en milieu
semi-solide,
enprésence
de trois taux d’humi-dité
(80,
84 et 87 p.100).
Pourchaque
taux, trois valeurs depH
sont testées(4,
5 et6),
soit 9 échantillons par souche.Dans une boîte de
pétri
de 210 mm dediamètre,
16 g depaille (dosant
92 p. 100 de MS et3,7
p. 100 deMAT)
finementbroyée
sont amenés àchaque
taux d’humiditéavec la solution minérale STARON
(1984) ajustée
aux différentspH
avec une solutionnormale d’acide
ortho-phosphorique. Compte
tenu des différencesd’humidité,
les solu-tions minérales sont calculées de telle sorte que les
quantités
d’éléments soient identi- ques danschaque
boîte depétri.
Les boîtes de
pétri
ainsipréparées
sont stérilisées à l’autoclavependant
30 minutesà 120 °C. Pour
chaque
taux d’humidité et pour unpH
de5,
un témoin non ensemencéest réalisé et traité dans les mêmes conditions que
précédemment.
Par addition de la solution minérale de sulfate d’ammonium enrichie dumycélium
d’insémination(culture
de trois
jours),
tous les échantillons sont amenés à la teneur de 10 p. 100 en matières azotées totales parrapport
à la matière sèche(3,7
p. 100 natifs de lapaille ; 6,3
p. 100apportés
par la solutionminérale).
Après
huitjours
de culture à28 °C,
lapaille
obtenue est traitée selon le schéma 1.C.
Analyse
Les
composés pariétaux (NDF ; ADF ; cellulose ;
hémicellulose etlignine)
sontdéterminés sur les échantillons avant et
après
traitement selon la méthode de VAN SOEST & WINE(1967).
Les
protéines
vraies des 30 ml desurnageant
sont dosées sur unepartie aliquote
de1 ml selon la méthode de LOWRY et al.
(1951) (le
réactif de FoLIN-CIOCnLTEU mis enprésence
d’uneprotéine
est réduit en uncomplexe
bleu demolybdène ;
la lecture de la coloration est faite à 750nm) puis
calculée pour 5 g depaille
traitée(schéma 1),
etenfin pour la totalité des
pailles
désincubées.La méthode de LowRy et al. est recommandée pour le
dosage
desprotéines mycéliennes (R AIMBAULT , 1981).
Le
pourcentage
des matières totales du sulfate d’ammonium transformé en pro- téines par les moisissures(p.
100MAT,)
est obtenue parl’expression :
La teneur en
protéines
de 100 g depaille
traitéepeut
être alors facilement calculée. Dans cecalcul,
nous considéronsqu’au
bout de huitjours
deculture,
lesprotéines
natives de lapaille
ne sont pasdégradées.
D. Mesures 1. Pertes en matière sèche
Elles sont mesurées par
pesée
des échantillons avant etaprès
culture.2.
Digestibilité
Elle est mesurée in sacco
pendant
48 heures dans le rumen de trois moutons(6
sachets par
échantillon)
de raceOuled-Djellal
recevant une rationcomposée
de foin de vesce-avoine dequalité
moyenne et de 200 g de tourteau desoja
50. Laprise
d’échantillon est de 3 g et les
caractéristiques
des sachets sont cellesproposées
parDEMARQUILLY
& CHENOST(1969).
III. Résultats
Après
24 à 36 heures deculture,
la surface des échantillons depaille présente
denombreux boutons blancs de
mycélium.
L’envahissement total du milieu commence aubout de 48
heures ;
à la fin de laculture,
lapaille
estprise
en masse etprésente
unaspect grumeleux.
A. Teneur en matière sèche des échantillons de
paille
traitéeAu
départ
de laculture,
la teneur en matière sèche despréparations
était de20,
16 et 13 p. 100. A la fin de la
période
de culture(8 jours),
elle est tombée en moyennerespectivement
à16,
13 et 11 p. 100 indistinctement pour les deux souches dechampi-
gnons
(tabl. 1).
Cet enrichissement en eau n’est pas affecté par lepH ;
elles’explique
par la
production
d’eaumétabolique
par lesorganismes.
B. Teneur en
composés pariétaux
despailles
traitéesLe tableau 2
présente
d’unepart,
laquantité
de matière sèche solubilisée par la solution NDF ainsi que les valeurs de NDF et d’autrepart,
laproportion
decellulose,
d’hémicelluloses et de
lignine
que renferme le résidu NDF.Comparativement
aux témoins autoclavés mais nonensemencés,
la matière sèche soluble despailles
traitéesaugmente
en moyenne de6,2
et de2,7 points respectivement
pour les échantillons Trichoderma et
Myrothecium.
Cet accroissements’explique
parl’apport
en éléments solubles dumycélium ;
il en résulte donc une diminution de la teneur en NDFqui
s’établit à6,6
et3,3 points respectivement.
Il est intéressant
d’analyser
lacomposition
centésimale de laparoi végétale :
ilapparaît
que la cellulose est le seulcomposant
de laparoi
utilisé par les deux souches de moisissures. En moyenne, la «ponction
» effectuée par Trichoderma estplus
forte(- 12 points)
que celle effectuée parMyrothecium (- 8 points).
Cette diminution de la teneur en cellulose du résidu NDF entraîne unelégère augmentation
des teneurs enhémicelluloses
(environ
2points)
mais une forteprogression
de lalignine
notammentpour les échantillons Trichoderma
(8,5 points)
et à moindredegré
pour les échantillonsMyrothecium (1,1 point).
Le
pH
et le taux d’humidité ne semblent pas affecter lacomposition
enparoi
despailles
traitées sauf relativement pour les échantillonsMyrothecium pH
5 etpH
6 dutaux d’humidité 87 p. 100 pour
lesquels
nous notons uneplus
faibledégradation
de lacellulose
(2,1 points
enmoyenne).
C. Pertes en matière sèche en cours de culture
Les
moisissures,
pour tirerl’énergie
nécessaire à leurcroissance, dégradent
lesubstrat
paille ;
il en résulte dorr. despertes
de matière sèche dont les valeurs sontprésentées
dans le tableau 3. Pour 100 g depaille incubée,
elles s’établissent enmoyenne à
9,36
et à7,5
p. 100respectivement
pour les échantillons Trichoderma etMyrothecium.
Concernant ce dernierorganisme,
nous avonsenregistré
despertes
de matière sècheplus
faibles pour les échantillons du taux d’humidité 87 p. 100(6,2
p. 100 contre7,5
p. 100 en moyenne pour l’ensemble deséchantillons).
Cespertes qui
intéres-sent essentiellement les
composants cellulosiques
de laparoi (tabl. 2)
ne sont pasplus
élevées que celles que l’on relève
classiquement
pour lesensilages.
D. Teneur en
protéines
despailles
traitéesPour une teneur en matières azotées totales au
départ
de la culture de10 p.
100(3,7 p.
100 deprotéines
natives de lapaille
et6,3 p.
100apportées
sous forme desulfate
d’ammonium),
la teneur finale enprotéines
des échantillonsdépend
du rende-ment de la transformation de l’azote du sulfate d’ammonium en
protéines mycéliennes.
Ce rendement s’établit en moyenne à
52,9
et à74,1
p. 100respectivement
pour les échantillons Trichoderma etMyrothecium ;
ces valeurscorrespondent
à desquantités
deprotéines
vraies de3,3
et4,7
g(tabl. 4).
En considérant que lesprotéines
natives de lapaille
n’ont pas étédégradées
par leschampignons
au cours des huitjours
deculture,
nous aboutissons
respectivement
à une teneur totale enprotéines
de7,1
et de8,4 g/
100 g de matière sèche de
paille
traitée.La
quantité
deprotéines mycéliennes synthétisées
par gramme de cellulosedégra-
dée varie du
simple
au double pour les deuxorganismes. Ainsi,
s’établit-elle à0,31
et à0,60
grespectivement
pour les échantillons Trichoderma etMyrothecium.
Les valeurs lesplus
élevées s’observent pour les échantillonsMyrothecium
au taux d’humidité de87 p.
100.Myrothecium
verrucaria semblepréférer
des taux d’humidité élevés. Enrevanche,
pourTrichoderma,
lasynthèse
deprotéines mycéliennes
laplus
élevée estobservée pour le taux d’humidité de
80 p.
100(tabl. 4).
E.
Digestibilité
des échantillons depaille
traitéeLe tableau 5
présente
les résultats dedigestibilité
despailles
traitées par les deuxorganismes,
dans différentes conditions depH
et d’humidité.Pour les échantillons traités par
Trichoderma,
le taux d’humidité et le niveau depH
n’affectent pas dans l’ensemble ladigestibilité qui
s’établit en moyenne à53,8
p.100,
soit 5points
de moins que les échantillons témoins(P
<0,01).
Pour ceux traités par
Myrothecium,
ladigestibilité
moyenne s’établit à61,1
p.100 ;
elle est
significativement
différente d’unepart
de celle des témoins(61,1
contre58,8
p.100 ;
P <0,05)
et d’autrepart
de celle de Trichoderma(61,1
contre53,8
p.100 ;
P <0,01).
Pour ce dernierorganisme,
le taux d’humidité influencepositi-
vement la
digestibilité ;
ainsi le taux d’humidité de 87 p. 100 associé aupH 6, présente
une
digestibilité
de66,6
p. 100. Notons par ailleurs que cet échantillon est leplus
richeen cellulose
(tabl. 2)
et enprotéines (tabl. 4).
IV. Discussion
Les
objectifs
que nousassignons
à un telprocédé
de valorisation despailles
dansl’alimentation du ruminant sont de deux ordres :
1) augmenter
ladigestibilité
despailles
traitées dans les mêmesproportions
que celleenregistrée
pour un traitementclassique
à l’ammoniac(environ
10points) ;
2) augmenter
la teneur enprotéines
dusubstrat,
de manière à diminuer ou àsupprimer
lapart
du concentré dans la ration. Ce dernieraspect
estparticulièrement important
pour les pays dont lerapport SAU
est faible etqui
doiventNombre d’habitants tout de même maintenir ou
promouvoir l’élevage
des ruminants.A. Amélioration de la teneur en
protéines
despailles
traitéesLe
ruminant, grâce
auxmicro-organismes qui
vivent dans sa panse, est un valorisa- teur desfourrages
pauvres car ilsynthétise
desprotéines
de bonnequalité
àpartir
d’une source d’azote
simple
etd’énergie, qui
dans les conditionsclassiques
d’alimenta- tion dans les payschauds,
estapportée
essentiellement par lesparois végétales
desfourrages
pauvresingérés.
Les nombreuses études consacrées à cet
aspect
de la nutrition du ruminant montrent que lesquantités
deprotéines synthétisées
dans le rumenlorsque
les rations sont constituées defourrages
pauvres varient entre 8 et13
g par 100g de
matièreorganique digestible (revue
de DEMEYER & VANN EVEL , 1986).
Les calculs effectués àpartir
des résultats de CORDESSE & TABA TABAI(1981)
pour unepaille
traitée àl’ammoniac,
la situe à 15 g. Dans cesconditions,
est-il nécessaire de « court circuiter » le ruminant pourproduire
cesprotéines ?
Selon STARON
(1984),
le rendement moyen de bioconversion deschampignons
estde l’ordre de
60 p. 100 ;
ensupposant
une teneur enprotéines
dumycélium
de50 p. 100,
le rendement desynthèse
serait de l’ordre de30 p.
100. Ce rendement moyen est en accord avec celui que nous obtenons pour les échantillons Trichoderma(31
p.100).
AvecMyrothecium qui
métabolise dans nos conditionsexpérimentales
trèscorrectement cette source d’azote
(74 p. 100),
le rendement de transformation de l’azote du sulfate d’ammonium enprotéines mycéliennes
s’établit à 60 p. 100, soit ledouble de celui observé pour Trichoderma. En
première analyse,
ce dernier résultat semblesurestimé ; cependant,
le même auteur rapporte des rendements de bioconver- sionextrêmes,
de 82 p. 100 pourEpicoccum Sp.,
RhizoctonSp.,
et pour Trichoderma album.Sur cette
base,
et enprenant
comme rendement moyen desynthèse
dans le rumen,10 g de
protéines
par 100 g de matièreorganique digestible
defourrages
pauvres, lesdeux souches de moisissures que nous avons testées transforment la cellulose en
protéines mycéliennes
avec un rendement 3 à 6 foisplus
élevé.Il semble
logique
d’arrêter ici notrecomparaison
car nous nedisposons
pas d’informations sur lecomportement
in vivo de tels aliments.Néanmoins,
nous pouvonsnous attendre à une stimulation de la
synthèse
deprotéines
dans le rumengrâce
auxvitamines,
àl’énergie rapidement fermentescible,
et auxprotéines apportées
par lemycélium.
Par
ailleurs,
le tauxprotéique
des échantillons traitéspeut-être
améliorépuisque
IcoNOMOU
(1982)
ainsi que NOJAC(1984) rapportent
des niveaux d’enrichissement de 26 p. 100 pour lapaille
et de 20 p. 100 pour lapulpe
de betterave.Il convient donc
d’expérimenter
des dosesplus
élevées d’azote en diversifiant la nature de la source.B. Niveau de
digestibilité
et teneur encomposés pariétaux
des
pailles
traitéesLa croissance des deux
organismes
s’effectue essentiellement auxdépens
de lacellulose
qui
voit sa teneur diminuer de21,1 g et
de14,1
g par 100g de NDF, respectivement
pour les échantillons Trichoderma etMyrothecium.
Cette cellulose se tranformepartiellement
enmycélium
riche enprotéines.
Lespertes
en cellulose necorrespondent
évidemment pas aux pertes de matière sèche au cours de la culturequi
sont
plus
faibles(respectivement 9,36
et 7,50 p.100) ;
la différence devrait correspon- dre trèsgrossièrement
aupoids
demycélium qui
s’est accumulé durant la culture. Dansce cas, le
poids
demycélium
serait de11,84
et6,6
grespectivement
pour les échantil- lons Trichoderma etMyrothecium.
La teneur en éléments solubles dans la solution NDF(NDFS)
devrait êtreplus
élevée pour les échantillonsTrichoderma ;
c’est bien ce que les résultats du tableau 2 nous révèlent(33,2
contre29,7
pourMyrothecium
et 27 gpour les témoins
autoclavés).
L’enrichissement du résidu NDF en
lignine, qui
résulte de la consommation des constituantscellulosiques
par lesorganismes,
estgênant
car lalignine
estnégativement
corrélée avec la
digestibilité ;
àl’inverse,
ladigestibilité
est en relationpositive
avecNDFS.
Cependant,
pour les échantillonsTrichoderma, malgré
uneprogression
de22,9
p. 100 de NDFSaprès traitement,
iln’y
a pas eucompensation
de la diminution de ladigestibilité
résultant del’augmentation
de la teneur enlignine (103,6
p.100) qui
s’établit en moyenne à
53,8
p. 100 ±3,2.
Pour les échantillonsMyrothecium,
NDFS etla teneur en
lignine progressent respectivement
de10,0
et de13,4 p.
100 établissant ainsi ladigestibilité
en moyenne à61,1
p. 100 ±3,0.
La teneur enlignine
a donc uneffet
plus drastique
sur ladigestibilité
quel’augmentation
de NDFS.Il
apparaît
donc nécessaire de limiter ladégradation
de la cellulose(source d’énergie
pour lesmicro-organismes
durumen)
par la souche dechampignons
pour éviter un trop fort accroissement de la teneur enlignine
de lapaille
traitée.L’utilisation
d’organismes ligninolytiques
sembleraitplus appropriée (A GOSIN , 1985). Mais,
si dans ce cas, la cellulose estquasi épargnée,
conduisant à desdigestibi-
lités de l’ordre de 65-70 p.
100,
les temps de culture sont trèslongs (60
à 120jours) ;
en outre, la teneur de la biomasse en
protéines
n’est pas modifiée(Zn!RnztL
&B RUN NERT, 1982).
La
délignification biologique épargnant
l’essentiel de la cellulose estpratiquée
defacon naturelle à
l’image
des « Palo Podrido» (bois pourris qui
servent d’aliment auxbovins et aux chevaux au
Chili)
contaminésprincipalement
par Ganodermaapplanatum.
Sur 30 échantillons de « Palo Podrido
» (à
desdegrés
dedécomposition différente)
examinés par
ZADRAZtL,
GRINBERGS & GONZALEZ(1982),
la teneur enlignine
a variéentre 32 et 1 p. 100 et la
digestibilité
in vitro entre 2 et 78 p. 100. Quant à la teneur en matières azotéestotales,
elle est très faible(entre 0,5
et 3 p.100).
En
revanche,
comme le montrent nos résultats et ceux d’autres auteurs(IcoNOMOU, 1982 ; N OJAC , 1984),
leschampignons cellulolytiques
enrichissent effectivement les substratsligno-cellulosiques
enprotéines
en untemps
de culture très court(3
à 8jours).
Dans nosexpériences,
nous avons observé untemps
de culture de huitjours qui
semble convenir à la souche
Myrothecium puisque
lespertes
en cellulose et en matière sèche sontfaibles,
lasynthèse
deprotéines
élevées ainsi que ladigestibilité
pour lecouple pH
6-humidité 87 p. 100(67
p.100).
Par contre, pour
Trichoderma, qui
a une très fortecapacité
àhydrolyser
lacellulose,
cetemps
estprobablement trop long.
Outre la teneur en cellulose des échantillons
traités,
la teneur enprotéines
a uneffet
positif
sur ladigestibilité ;
àl’inverse,
lespertes
en matière sèche au cours de la culture sont en corrélationnégative
avec ladigestibilité (tabl. 6).
En
réalité,
lespertes
en matière sèche s’identifient àl’augmentation
de la teneurdes échantillons en
lignine.
Le tableau 6 montre par ailleurs que
53, 66,
55 et 64 p. 100 des variations(R2)
dela
digestibilité (y)
mesurées’expliquent respectivement
par la teneur en cellulose(xl),
en
protéines (x2)
et enlignine (x3)
des échantillons ainsi que par lespertes
en matière sèche en cours de culture(x4).
Ellepeut
être estimée par larégression mutiple
suivantequi explique
79 p. 100 des variations.V. Conclusion
Quel que soit le facteur
abiotique
de culture(taux
d’humidité etpH),
ladigestibi-
lité des échantillons traités avec Trichoderma a été inférieure en moyenne à celle des témoins à cause d’une forte consommation de la cellulose par
l’organisme,
accroissant du même coup la teneur enlignine
de la biomasse. Cephénomène
a été limité pourMyrothecium. Ainsi,
nousenregistrons
desdigestibilités
élevées pour certains échantil-lons,
notamment lepH 6-humidité
87 p. 100(67 p. 100)
et lepH 5-87 p.
100(64
p.100),
pourlesquels
la teneur enprotéines
est maximale et ladégradation
de lacellulose minimale.
L’augmentation
dedigestibilité
obtenue(8 points)
est correcte mais mérite d’êtreaméliorée,
en étudiant defaçon approfondie
les facteurs de variation de ladigestibilité :
teneurs en
lignine, cellulose, protéines
etpertes
en matière sèche au cours de laculture ;
nousajouterons
à cesfacteurs,
letemps
deculture,
la dose d’azote et l’inocuité pour l’animal deMyrothécium
verrucariaqui apparaît
comme étantplus performant
que la souche de Trichoderma viride dans l’amélioration de ladigestibilité
de la
paille.
Reçu
en mars 1986.Accepté
en décembre 1986.Summary
Protein content and
digestibility of
wheat straw treated with Trichoderma viride andMyrothecium
verrucariaA semi-solid medium
(moisture
content 80, 84 and 87 p. 100,pH
4, 5 and6) containing
twostrains of
hyphomycetes :
Trichoderma viride andMyrothecium
verrucaria was used toimprove
nutritive value
(protein
content anddigestibility)
of wheat straw.After 8
days
of culture,dry
matter,protein
and cell-wall constituent contents,dry
matterlosses and
digestibility
in sacco were measured.The
following
results were obtained :1)
Van Soest cellulose content of treated straw wassignificantly
lower than that of control untreated straw. The reduction was more marked insamples
treated with Trichoderma(12 points
versus 8 with
Myrothecium). Lignin
content was increasedby
8 and 1point, respectively
withTrichoderma and
Myrothecium (tabl. 2). Dry
matter losses did not exceed on an average 10 p. 100 for bothorganisms (tabl. 3).
2)
Protein content of treated straw was increased on an averageby
3.3 and 4.7g/100
g DM,respectively
with Trichoderma andMyrothecium corresponding
to a totalprotein
content ofsamples
of 7.1 and8.4 g/100 g DM.
These contentscorresponded
to ayield
of 0.31 and 0.60mycelian protein/g
of cellulose used(tabl. 4).
3) Digestibility
of Trichoderma viride - treated straw was on an averagesignificantly
lowerthan that of controls
(54
p. 100 versus 59 p.100).
However,digestibility
ofMyrothecium
verrucaria- treated straw was
slightly higher (61 p. 100).
With the lattermicroorganism, digestibility
increased with moisture content to reach 67 p. 100 in the
sample
cultured atpH
6 with 87 p. 100 moisture.Myrothecium
verrucaria was more efficient to treat straw than Trichoderma viride(tabl. 5).
Digestibility
valueschanged
in the same direction asprotein
and cellulose contents of thesamples
and in reverse direction forlignin
content anddry
matter losses. These 4 factorsexplained
79 p. 100 of variations.
Key
words : Trichoderma viride,Myrothecium
verrucaria, treated wheat straw, in saccodigestibility,
protein content.Remerciements
Nous remercions M&dquo; ROQUEBERT du Muséum d’histoire naturelle de Paris
qui
a bien vouluidentifier les deux souches de
champignons
et M. TISSERAND de l’E.N.S.S.A.A. deDijon
pourl’intérêt qu’il
porte à ce travail.Références
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