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Le choix du conjoint dans le Clos du Doubs (Jura bernois, Suisse)

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Le choix du conjoint dans le Clos du Doubs (Jura bernois, Suisse)

PELLI, Enzo

Abstract

Cette analyse, qui se réfère aux trois quarts des couples mariés du Clos du Doubs, montre l'existence d'une forte tendance à l'homogamie socio-culturelle dans le choix du conjoint. Il a été mis en évidence cinq facteurs principaux d'homogamie: origine géographique, statut socio-professionnel, confession, langue et âge. On constate en outre assez souvent d'autres caractéristiques du choix du conjoint : lieu et circonstance de la première rencontre, durée des fréquentations, âge des deux conjoints au mariage.

PELLI, Enzo. Le choix du conjoint dans le Clos du Doubs (Jura bernois, Suisse). Archives suisses d'anthropologie générale , 1974, vol. 38, no. 1, p. 29-55

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:103177

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1 / 1

(2)

Archives suisses d'anthropologie générale, Genève, 3&, 1, 1974, 29-55.

Le choix du conjoint dans le Clos du Doubs (Jura bernois, Suisse)

pat

Enzo PELL!

Introduction

Le Clos du Doubs est une petite région dans le Jura bernois, là où le Doubs fait une boucle en, territoire suisse avant de sortir définitivement du pays. Huit communes composent cette région: un bourg semi-industria­

lisé (St-Ursanne) et sept petites communes rurales (Epauvillers, Epiquerez, Montenol, Montmelon, Ocourt, Seuleute et Soubey) 1. C'est là qu'une vaste enquête interdisciplinaire a eu lieu 2, et mon travail montre les résultats obtenus dans un des domaines couverts par cette enquête.· Les d<?nnées utilisées ont été tirées en partie du fichier de la population de la région, établi au Département d'anthropologie de l'Université de Genève, et en partie des données obtenues par un questionnaire sociologique. Les résultats ne comprennent que des couples de pe:rsonnes mariées avant novembre 1972.

Variables indépendantes et homogamie dans le choix du conjoint

l. HoMOGAMIE GÉOGRAPHIQUE

I. Lieu de naissance des deux conjoints.

En laissant de côté quelques couples composés de personnes dont l'origine est inéonnue, les lieux de naissance des habitants mariés du Clos du Doubs se distribuent de la façon suivante:

Autochtones (nés dans le Clos du Doubs) 3 Immigrés

Total

. 370 = 39.45 %

568 = 60.55 %

938 = 100.00 %

1 Vnir.i la répart.it.inn selon.les distrir.ts. Poueutray; Mo11te11ol, Mo11tll'.lelon, Ocourt, Saint-Utsanne, Seleute.

Franches-Méntaglles: Epauvillers, Epiquerez, Soubey.

2 MoESCHLER, Pierre. r971. Anthropologie et analyse régio11ale: enquête interdisciplinaire dans le Clos du Doubs (Jura bernois, Suisse). Arch. suisses d'Antbr. gén., 35, 1-49.

a On considère comme a autochtones» les personnes nées dans l'entité géographique en question (commune, région, etc.) et1y habitant encore au rhoment de l'enquête.

(3)

30 ENZO PELLI

Si l'on exclut la population de St-Ursanne, en ne considérant que la popu­

lation de la campagne du Clos du Doubs 1, on obtient les résultats suivants:

Autochtones (nés dans la campagne du CDD): Nés à St-Ursanne 193 13 =

=

49.23 % 3.32 % }

Immigrés d'ailleurs 186 = 47.45 %

392

52.55%

On voit que la campagne a conservé son identité mieux que la région dans son ensemble. Au contraire, à St-Ursanne on observe:

Nés à St-Ursanne Nés dans le CDD Immigrés d'ailleurs

II7 = 21.43 % 47 = 8,61 % 382 = 69.96 % 546

} 30.04%

Mais si dans la campagne du CDD les natifs sont assez nombreux (50%), ceci n'implique pas une absence de mouvement dans la population: il y a eu une remarquable migration interne: des 193 natifs de la région, 137 seule­

ment habitent encore le village natal, les autres ayant émigré dans les villages voisins. Par exemple, les natifs d'Epiquerez habitant encore la commune natale ne sont que cinq, tandis qu'ils sont sept dans le reste de la campagne du CDD, et quatre à St-Ursanne.

On peut faire une première approche vers la détermination du choix du conjoint en partageant les habitants du CDD en trois catégories:

I. personnes domiciliées dans le village natal ( � autochtones) 2. personnes immigrées d'un autre village du CDD

3. personnes immigrées d'ailleurs (

+

personnes d'origine inconnue).

En les séparant par sexe, on obtient 9 combinaison de couples:

Mari I. -autochtone 2. autochtone 3. autochtone 4. du reste du CDD 5. d'ailleurs 6. du reste du CDD 7. du reste du CDD 9. d'ailleurs

Femme autochtone du reste du CDD d'ailleurs autochtone autochtone du reste du CDD d'ailleurs d'ailleurs

A St-Ursanne une seule des 9 catégories est fortement représentée, les couples d'immigrés << d'ailleurs n, qui représentent plus de la moitié du nombre total. Deux seules autres catégories sont assez bien représentées,

1 Dorénavant on emploiera l'abréviation CDD pour Clos du Doubs.

(4)

CHOIX DU CONJOINT DANS LE CLOS DU DOUBS 31 les couples cc mari autochtone - femme d'ailleurs n (14%) et cc femme autochtone - mari d'ailleurs n (13%).

Au total, dans plus de 80% des couples, il y a au moins un conjoint qui n'est pas né à St-Ursanne ou dans le reste du CDD, ce qui mesure entre autres l'importance de l'immigration vers St-Ursanne.

Dans les communes rurales du CDD le pourcentage des couples « d'ail­

leurs n reste fort, mais est réduit à la moitié (25%), tandis que le groupe le plus nombreux est « mari autochtone - femme d'ailleurs» (30%), suivi de « mari autochtone - femme du reste du CDD » (13%) et de « mari et femme autochtones n (ro%).

Entre les sexes, une différence très frappante est liée au lieu de naissance.

A St-Ursanne, il y a 85 hommes et 77 femmes natifs du CDD, dont le nombre de natifs de St-Ursanne même est de 62 hommes contre 54 femmes.

Il y a donc un certain équilibre. Dans la campagne 1, au contraire, le nombre de natifs du CDD est de 122 hommes contre 72 femmes et le nombre de personnes habitant le village natal est de ro4 homines contre 32 femmes.

La différence est très grande: il est évident qu'à la campagne, dans la grande majorité des cas, c'est la femme qui suit le mari dans son village.

Le cas inverse ne représente que le 7% du total (14% à St-Ursanne);

évidemment, ce qui est valable pour le CDD doit l'être aussi pour les régions voisines. Le bas pourcentage de femmes autochtones est donc dû aux nombreux mariages avec des hommes des villages ou régions voisins, où les femmes ont suivi le mari.

A St-Ursanne, les cas de mariage d'un natif avec un conjoint du CDD ont eu lieu de préférence avec une personne de Montmelon qui, d'une part, est le village le plus rapproché et, d'autre part, a une population assez nombreuse.

Les cas de mariage d'un autochtone avec un immigré (ou une immigrée) venant d'ailleurs, ont eu la distribution suivante:

Jura bernois : 62.50 % - District de Porrentruy 59%

- District de Delémont 31%

- District de Moutier 16%

- Autres 4%

100%

Suisse: 23.61 % - Reste du canton de Berne II%

- Reste de la Suisse 89%

100%

1 L'expression « la campagne >1, souvent employée, signifie« la campagne du CDD )),

(5)

32

France: 9.72 %

Italie: 4.17 %

ENZO PELL!

- Jura français_

- Reste

43%

57%

rno%

Comme on·pouvaît s'y attendre, dans la majorité des cas, les natifs de St-Ursanne épousent un conjoint venant du Jura bernois, et en particulier des districts les plus· rapprochés (Porrentruy, Delémont, Moutier, dans l'ordre). La seule chose qui peut surprendre est l'absence de conjoints venant des Franches-Montagnes.

En ce qui concerne la campagne du CDD, on peut remarquer que si l'on ne considère comme «étranger» que les non jurassiens, leur nombre diminue fortement. Ori avait vu que déjà à St-Ursanne 62.50% des conjoints ((d'ailleurs» étaient jurass�ens; pour la campagne, 75% dès conjoints sont jurassiens. Il est évident que les .limites du CDD ne constituent pas une frontière au-delà de laquelle on hésite à choisir un conjoint. Le cas de Souhey en est un exemple: c'est une commune aux marges du CDD et les choix se dirigent surtout vers les communes du district le plus proche, les Franches-Montagnes, ou sinon indifféremment vers le CDD (Epauvillers surtout, le plus rapproché), les districts de Porrentruy et Delémont.

On peut facilement remarquer que plus une commune est en. position centrale dans la région, plus les conjoints venant du reste du CDD sont nombreux par rapport aux Jurassiens:

Co'mmunes centrales CDD Jura CDD/J.ura

Montenol 6 5 1.2

Epiquerez 1 1 .I.O

Ep_auvillers 8 9 0.9

15 15 1.0

Communes périphériques

Montmelon 4 6 0.7

Ocourt 2 5 0.4

Souhey 4 23 0.2

-

10 34 0.3.

Seleute fait exception, probablement à cause de la. proximité de St­

Ursanne. En général, le choix d'un conjoint jurassien se fait de préférence vers les trois districts entourant la région, Porrentruy, Delémont, Franches­

Montagnes et surtout vers le district le plus proche de la commune.

(6)

CHOIX DU CONJOINT DANS LE CLOS DU DOUBS 33 Pour mesurer la tendance à l'homogamie dans le CDD on a comparé les fréquences théoriqµes des mariages avec les unions réellement contractées, et on a calculé le x2 des écarts pour évaluer la signification.

Mariages: Fréquences théoriques F réq1tences observées

I. CDD/CDD 70-48 89

2. CDD/D'ailleurs 140.52 122

3. D'ailleurs/CDD 86.52 68

D'ailleurs/D'ailleurs 172.48 lQl

Ceci démontre que les mariages homogames; natifs avec natifs, immigrés avec immigrés, ont été plus fréquents, les mariages mixtes moins fréquents qu'il n'était probable. Cette différence est très significative car le x2 est de r3.260 pour I degré de liberté, ce qui donne un haut degré de certitude (probabilité de résultats dus au hasard <0.0005).

On retrouve les mêmes tendances aussi bien à St-Ursanne que dans les cqmmunes rurales du CDD.

Pour St-Ursanne on a:

Mariages: Fréquences théoriques Fréquences observées

r. St-Ursanne/St-Ursanne 12.285 16

2. St-Ursanne/CDD 5.187 8

3. CDD/St-Ursanne 4.641 3

4. St-Ursanne/D'ailleurs 44.499 38

5. D'ailleurs/St-Ursanne 37.128 35

6. CDD/D'ailleurs 16.380 15

7. D'ailleurs/CDD 15.834 10

8. CDD/CDD I.9II

s

9. D'ailleurs/_D'ail!eurs 135.135 143

X2 = 12.017. Degrés de liberté : 4. Probàbilité de hasard

<

0.025.

On voit que chaque fois qu'on considère le mariage entre une personne de St-Ursanne ou du CDD et une autre d'ailleurs, la fréquence réelle �st inférieure à la fréquence probable. Inversement, les mariages homogames sont plus fréquents (seule exception: les mariages entre une femme de St-Ursanne et un h�mme du CDD, mariages qui, bien qu'homogames, sont moins fréquènts que la probabilité).

A la campagne la tendance est la même:

Mariag�s:

1. CDD/CDD 2. CDD/St-Ursanne

Arch. suisses d'anthrop. gén., 38, 1974

Frl.qur.nr.r..ç -th!.nriqu,e, 44.52

4.93

Fréquenc,s obs11rvüs 50

3

(7)

34

3.

4.

5.

6.

7.

8.

9:

ENZO PELL!

St-Ursà.nne/CDD 1.38

CDD/D'ailleurs 72.50

D'ai!leurs/CDD 25.81

St-Ursanne/St-Urs·anne 0.20

St-Ursanne/D'àilleurs 2.36

D'ailleurs/St-Ursanne 2.96

D'ailleurs/D'ailleurs 42. 16

z2 = 12.832. Degrés de liberté : 4. Significatif au seuil de 0.025.

La tendance à l'homogamie est claire.

3 69 19

On possède au,ssi des résultats plus détaillés sur toutes les communes du �DD et sur les différents lieux de naissance des conjoints immigrés. La matrice ainsi obtenue est trop grande pour être facilement lisible. On préfère donc renoncer à sa publicàtion, tout en rappelant que les résulta�s confirment exactement la tendance homogamique.

On a donc mis en évidence . le premier grand facteur qui influence le choix du conjoint. Les résultats sont clairs: bien que le CDD ne constitue pas une région fermée (il ne fait même pas partie d'un seul district), bien que les mouvements de population, vers et de l'extérieur; soient nombre1,1x et fréquents, le facteur géographiquè et toutes les conséquences culturelles liées à l'appartenance à un certain villa,ge ou à une certaine région jouent encore un rôle très important.

2. Lieu d' habita,tion des parents des deux conjoints lors de la première rencontre de ces derniers.

Pour des raisons indépendantes de notre volonté, nous n'avions pas à disposition des données sur le lieu d'habitatio� dès deux conjoints lors de leur première rencontre. Les données les plus proches dans cet ordre d'idées étaient celles relatives au lieu d'habitation des parents à ce moment-là.

On a supposé (bien conscient des limites de l'hypothèse) qu'une bonite majorité des individus habitaient avec leurs parents . avant le mariage.

Ceci �·est sûrement pas loin de la vérité en ce qui concerne les femmes et les agriculteurs, et probablement assez vrai aussi pour les autres. De toute façon, si malgré ces limites une relation était trouvée, elle n'aurait que plus de valeur.

Les résultats montrent qu'il y a une relation trè.s forte entre ces deux variables, ce qui confirme la tendance à l'homogamie géographique vue dans les pages précéden'tes.

(8)

CHOIX DU CONJOINT DANS LE CLOS DU DOUBS 35 Il est confirmé :

que les.hommes nés dans la campagne du CDD et y habitant sont beau­

coup plus nombreux que les femme� : la femme (( suit )) le mari ; -,-- _qu'à St�Ursanne, au contraire, la différence est très faible.

TABLEAU I. -Lieu d'habitation des parents des deux conjoints lors de la première renéontre de ces derniers (% par ligne).

Parents

/

Parents dela femme l Campagne du

1

St-Ursanne

1

Jura

1

Ailleurs

du mari CDD (72) (57) (93) (55)

Campagne du CDD (us) 47.8 9.6 33.9 9.7

St-Ursanne (59) 15.3 4.5.8 23.7 15.3

Jura (60) 6.7 20.0 61.7 l 1.7

Ailleurs (43) 9,3 16.3 7.0 67-.4

z

2 � 146.05. Degrés de liberté : 9. Significàtif au seuil de 0.0005.

Les chiffres entre parenthèses indiquent le nombre d'individus appartenant au groupe indiqué. Ceci pour tous les tableaux.

· On voit que malgré la diff�rence des pourcentages dans les sous-groupes pour les hommes et les femmes; l'homogamie est manife�te : les pourcentages de la diagonale sont toujours très hauts et dépassent toujours largement . les fréquences théoriques, comme il est montré par les ·dor_mées suivantes :

TABLEAU 2. - Mariages selon le l'ieu d'habitation des parents des deux conjoints lors de la première rencontre de ces derniers. (Chiffres de gauche : fréquences théoriques.

Chiffres de droite : mariages réellement contractés).

/

Parents de 1

Campagne

1

St-Ursanne Jura

1

Ailleurs

Parents la femme

du mari CCD (72) (57) (93) (55)

Campagne du CDD. (n:s) 29.89 55 23.66 II 38.61 39 22.83 IO St-Ursanne (59) 15.34 9 12. 14 27 19.81 14 r r.71 9

Jura (60) 15 .60 4 12.35 I2 20.14 37 r r.91 7_

Ailleurs (43) II.I8 4 8.85 7 14-44 3 8.54 29

z

2 = 146.05. Degrés de liberté : 9. Significatif au seuil dé 0.0005.

Les seuls mariages « mixte!:l » qui respectent la probabilité sont parents du mari: campagne/parents de la femme : Jura, et parents ·du mari : Jura/

·parents de la femme : St-Ursanne.

(9)

ENZO PELLI

Les indications de ces dernières données tiennent compte du facteur cc distance géographique » car ce qui est mesuré ici est en un certain sens la relation entre position respective de deux villages et probabilité que deux personnes nées dans ces deux villages se rencontrent et se marient.

La tendance individuelle, personnelle, déterminée par un choix, à l'homogamie n'est mesurée ici que très indirectement: le facteur principal qui entre en jeu est d'ordre surtout géographique et physique. L'influence de ce facteur est donc vérifiée.

Le manque de place et sa lecture difficile nous a poussés à ne pas repro­

duire une matrice encore plus détaillée qui, au lieu de diviser les habitants en <1uatre catégories, donnait les domiciles des parents village par village et faisait des distinctions aussi sur les différents domiciles des parents des gens d'ailleurs.

En tout cas, les résultats montrent la même tendance ; les écarts sont cohérents et significatifs.

IJ. HOMOGAMIE SOCIO-PIWFESSIONNELLE

r. Statut socio-professionnel du mari et du père de sa f emrne.

On a utilisé les catégories suivantes : om riers, agriculteurs, employés et cadres supérieurs, classes supérieures ; cette dernière catégorie est peu représentée.

Les résultats montrent une forte tendance à l'homogamie ; toutes les classes s'y conforment mais les plus homogames sont les agriculteurs, les moins homogames les employés qui souvent épousent des filles d'ouvriers.

Les hommes semblent plus homogames que les femmes, mais ceci est en grande partie dû au fait que, pour ces dernières, le statut socio­

professionnel utilisé est celui de leur père, donc une génération en arrière par rapport au mari ; mais il y a eu une diminution du nombre d'agriculteurs d�ns la génération suivante: donc les filles des ag.riculteurs « en plus » doivent avoir nécessairement changé de statut en se mariant.

En résumant les résultats, on remarque que:

54% des ouvriers ont épousé une fille d'ouvrier, 3r% une fille d'agricul­

teur ;

84 % des agriculteurs ont épousé une fille d'agriculteur.

Le choix des employés a été au contraire distribué parmi les filles d'ouvriers, agriculteurs et employés.

(10)

CHOIX DU CONJOINT DANS LE CLOS DU DOUBS 37

TABLEAU 3. -Homogamie socio-professionnelte des hommes (% par ligne).

Ouvriers Agriculteurs Employés Classes

I

Père de la 1

1 1 1

femme

Mari (48) (70) (23) supérieures (4)

Ouvriers (48) 54.2 31.3 14.6 0.0

Agriculteurs (49) 10.2 83.7 4.1 2.0

Employés (44) 38.6 31.8 29.5 o.o

Classes sup. (4) 0.0 0.0 25.0 75.0

x2 = 107.38. Degrés de liberté : 9. Signification au seuil de 0.0005.

Si on considère d'autre part les femmes :

54% des filles d'ouvriers se sont mariées avec un ouvrier, 35% avec un employé. ,

59% des filles d'agriculteurs ont épousé un agriculteur, 21% un ouvrier, 20% un èmployé.

56% des filles d'employés ont épousé un employé, 30% un ouvrier.

TABLEAU 4. - -Homogamie socio-professionnelle des femmes (% par colonne)

/

Père de la

1

Ouvriers Agriculteurs 1

Employés 1

Classes Femme

Mari (48) (70) (23) supérieures (4)

Ouvriers (48) 54.2 21.4 30-4 o.o

Agriculteurs (49) 10.4 58.6 8.7 25.0

Employés (44) 35-4 20.0 56.5 o.o

Classes sup, (4) 0.0 0.0 4.3 75.0

x2 = 1�7.38. Degrés de liberté : 9. Significatif au seuil de 0.0005.

Quant aux classes supérieures, elles n'étaient représentées que par 8 per­

sonnes, 4 hommes et 4 femmes. De ces 8 personnes, 6 s� sont marié_es entœ elles, ce qui montre (malgré la prudence à laquelle la petitesse du groupe nous oblige) une très forte tendance à l'homogamie.

Ces résultats sont c;léjà très frappants en eux-mêmes et montrent une nette tendance à l'homogamie socio-professionnellè.

Mais ce fait est tendu encôre pltis évident par la comparaison entre les fréquences théoriques et observées des mariages et ce qu'ils auraient été s'ils avaient été faits au hasard.

(11)

ENZO PELL!

TABLEAU, 5. -Mariages probables (chiffres-de gauche) et observés (chiffres de droite) selon le statut socio-professionnel du mari, et' du père de sa femme.

/

Père de la 1

Ouvriers 1

Agriculteurs 1

Employés 1

Classes Femme

Mari (48) (70) (23)

-

supérieures (4)

Ouvriers (48) 15.95 26 23.20 15 7.39 7 r.30 0

Agriculteurs (49) 16.24 5 23.60 41 7.54 2 r.30 I

Employés (44) 14.50 17. 21.17 14 6.67 13 I.I6 0

Classes sup. (4) r.30 0 2.03 0 0,58 I 0.14 3

X2 = 107.38, Degrés de liberté : 9. Significatif au seuil de 0.0005.

On voit tout de suite que pour les mariages homogames (sur la diagonale) les fréquences observées sont supérieures aux fréquences théoriques et que po1ir tous les autres types de mariages elle_s sont plus petites, sauf pour les mariages entre ei:nployés et filles d'ouvriers.

Ces résultats montrent donc que non seulement le choix du conjoint est influencé par des considérations économico-sociales, mais que cette 1

influence est très forte, surtout chez le� agriculteurs, mais aussi dans les autres classes sociales. Une analyse ultérieure a montré qu'entre les ten_dances à la campagne et celles à St-Ursanne, il n'y a pas de différences appréciables.

2. Statut socio-professionnel des deux pères.

Les résultats du tableau suivant confirment une nette tendance à l'homogamie économico-sociale: les chiffres suivent la même distribution que celle vue dans le paragraphe précédent'.

TABLEAU 6. -Mariages probables (chiffres de gauche) et observës (chiffres de.droite) selon le statut socio-professionnel des deux pères

/

Père de la Ouvriers 1

Agriculteurs

1

Employés Classes

Mari Femipe (4r) (71) (22) supérieures (4 )

Ouvriers (25) 7.45 15 12.83 6 4.00 4 0,69 0

Agriculteurs (73) 21.67 ro 37.54 56 r r.59 7 2.07 0 Employés (37) 1r.04 r6 19.04 9 5.93 II r.ro l

Classes sup. (3) 0.97 0 r.52 0 0.42 0 o.'r4 3

x2 = 103.88. Degrés de liberté : 9. Significatif au séuil de 0.0005,

(12)

CHOIX DU CONJOINT DANS LE CLOS DU DOUBS 39 Les mariages homogames (diagonale) sont beaucoup plus nombreux qu'il ne l'était probable, les autres, sauf encore une fois les mariages entre un fils µ'employé et une fille d'ouvrier, moins fréquents. Les différences ,cmtre les résultats de St-Ursanne et ceux de la campagne du CDD sorit

tr-ès faiblès. - - - - - -

On n'a pas considéré les cas où la femme travaillait aussi avant le

�arjage. Ces cas étant très rares, on a pr�féré considérer le statut d'une fille d'après celui de son père.

Après le facteur géographique, on voit donc qu'un autre facteur influence le choix des habitants · du CDD. Non seulement on est porté à épouser quelqu'un de la même catégorie sociale, mais dans certains cas ceci devient presque une obligation (agriculteurs) ; en général, la liberté dans le choix du conjoint semble être signi;ficativement limitée.

Ill. CONFESSION ET LANGUE DES DEUX CONJOINTS

r. C on/e_ssion.

Dans le CDD, deux confessions sont représentées-: la majorité de la population est catholique (85%) et le reste protestant (15%).

La confession est un facteur très important dans le choix du conjoint : les mariages mixtes sont assez rares.

Si on compare les fréquences -théoriques à la réalité observée, on voit que la tendance à l'homogamie est très nette aussi ,bien pour les catho­

liques que pour les protestants.

Catholiques-Catholiques Protestants-Prote.:,tan ts Protestants-Catholiques

J;rtfquences théoriques 73-6%

2.0%

24.4%

Fréquences observées 81 %

9-4%

9-7%

X2 =. 117-844. Degrés de liberté : r. Significatif au seuil de 0.0005

On remarquera tout de suite que dans plus de 90% des mariages, les deux conjoints sont de la même confession. Un troisième type d'homogamie s'ajoute· donc aux deux autres -précédents.

2 . Langue.

Nous n'avions maiheuteusement pas la possibilité d'analyser de la même façon l'homogamie linguistique car on n'a pas à di�position de données sur la langue des deux conjoints, on ne connaît que celle d'un des deux.

(13)

ENZO PELL!

On a dans le CDD 82% des personnes qui sont de langue française, 13% de langue allemande, le reste étant composé d'immigrés d'autres pays.

La corrélation langue/confession, c'est-à-dire français=catholique/alle­

mand = protestant n'est valable que pour les Suisses romands qui sont catholiques dans gr% des cas. Les Suisses allemands, au contraire, sont protestants seulement dans le 60% des cas.

Donc on ne peut étendre à la langue le résultat concernant la confession qu'avec une certaine prudence, du moins en ce qui concerne les habitants de langue allemande.

On peut cependant faire remarquer que les catholiques sont très forte­

ment homogames (96% des catholiques ont épousé un conjoint catholique) et 88% des catholiques sont de langue française ; il y a donc sûrement une forte homogamie des habitants de langue allemande car le choix est limité à cette alternative. L'homogamie linguistique, même si elle n'est pas démontrée, nous· semble donc extrêmement probable. On aurait donc là un quatrième facteur d'homogamie, qui n'est cependant pas complète­

ment indépendant du précédent.

IV. FONCTIONS POLITIQUES DES PÈRES

Le but de cette partie de l'analyse était de vérifier si le fait d'avoir obtenu des charges politiques (lato sensu) comportait une certaine acquisi­

tion de prestige, une amélioration du statut personnel et familial, et si cela entraînait une certaine tendance à l'homogamie parmi les familles

« importantes ». Les données qu'on obtient peuvent s'expliquer aussi diffé­

remment ; toujours est-il qu'entre les fils et filles de personnes remplissant ou ayant· rempli une fonction politique, les mariages sont plus nombreux qu'ils ne le seraient s'ils étaient dus au hasard. Les mariages homogames sont plus nombreux et les mariages mixtes moins nombreux que les fré­

quences théoriques; les écarts sont statistiquement significatifs au seuil de 0.005. L'hypothèse de l'homogamie semble vérifiée ; l'explication qu'on en donne peut être discutée. Surtout il ne faut pas oublier que très probable­

ment ce facteur n'agit pas de manière indépendante des autres facteurs mais qu'il leur est lié, si par exemple les fonctions politiques sont liées à la profession des individus, l'homogamie mise en évidenèe ici ne serait qu'un type particulier d'homogamie socio-professionnelle.

Il serait peut-être utile de pousser l'analyse en cette direction, non seule­

ment en ce qui concerne ce paragraphe, mais aussi en général, pour voir

(14)

CH.OIX DU CONJOINT DANS LE CLOS DU DOUBS

l'interdépendance de toutes les variables vues jusqu'ici, les unes par rapport à toutes les autres. Ce travail ne nous est malheureusement pas encore possible ici, mais il fera l'objet d'une prochaine publication.

V. AGE RESPECTIF DES DEUX CONJOINTS

On donnera des résultats plus détaillés plus tard, lorsqu'on parlera de l'âge des deux conjoints au mariage. On se limitera ici à montrer la relation qui existe entre l'âge du mari et l'âge de sa femme (classes d'âge = rn ans) :

Même classe d'âge 60.9%

}

92.5

Femme de la classe précédente 31.6%

Femme encore plus jeune 3-4%

}

7.5

Femme de la classe suivante 4- 1 %-

On voit sans difficulté que la femme appartient dans la grande majorité des cas à la classe d'âge du mari, ou à celle immédiatement précédente.

La situation dans le CDD n'a tien d'extraordinaire ; l'âge des deux conjoints est strictement lié et ceci constitue donc un autre facteur influen­

çant 1e choix du conjoint.

Autres caractéristiques des choix du conjoint

l. CIRCONSTANCES DE LA PREMIÈRE RENCONTRE

I. Types de rencontre et leur fréquence.

Evidemment, pour qu'il y ait un mariage, il faut que le� deux futurs conjoints- aient la possibilité de se rencontrer. La société,' dans une certaine mesure, institutionnali$e les circonstances de rencontre; les bals et les fêtes par exemple, sont des lieux institutionnalisés de rencontre entre.

jeunes. Une rencontre peut naturellement avoir lieu dans n'importe quelle circ�mstance, même si le cadre n'est pas (< prévu» dans ce but.

Dans cette analyse, nous avons considéré sept catégories de rencontres :

1. Lorn d'un bal, fôto ou manifoatation sportive 2. Connaissance d'enfance

3. Lors d'une rencontre de famille (fête familiale, anniversaires, mariages) 4. Sur le lieu du travail

...

(15)

42 ENZO PELLI 5. Dans le cadre d'une association (laïque)

6. Dans le cadre d'une association ou manifestation religieuse 7. Autres

Beaucoup de couples se sont rencontrés lors d'un bal, fête ou autre mani­

festation « locale » (sport, etc.) Ces cas représentent un tiers du total, ce qui montre que ces manifestations jouen,t encore un rôle très important.

Les _autres genres de première rencontre ont une importance moin_s gi;ande.

Les rencontres sur le lieu de travail représentent 12% du total, Jes con­

naissances d'enfance rn%, les. rencontres lors d'une fête de famille 7.5%.

Quelques personnes se sont aussi rencontrées dans le cadre d'une mani­

festation religieuse (3-4%) ou d'une association \aïque Ü-4%). Plus de 70%

des répondants ont connu leur conjoint dans des circonstances cc classiques», pourcentage que l'.on peut considérer comme élevé.

2. Statut socio-professionnel et circonstance de la première rencontre.

Nous considérons ici le statut du mari.

TABLEAU 7. -Statut socio-professionnet et circo.nstance de ta première rencontre (% par ligne)

Fête, sance en-Connais- Rencontre famille Au travail Dans asso- Manifes-dation tation reli� Autres bal (rn5) lance (28) (23) (35) (rr) gieuse (ro) (68)

- ---

Ouvriers (rn4) 43.3 8.7 7.7 15.4 r.9 0.0 23.1

Agriculteurs (80) 37.5 17.5 11.3 5.0 2.5 IO.O 16 .. 3

Employés (82) 32.9 4.9 6.1 17.1 7.3 2.4 29.3

Classes sup. (14) 21.4 7.1 7.1 7.1 7.1 0,0 50.0

x2 = 41.534. D�grés de liberté : 18. Significatif au seuil de 0.05.

Fêtes, bals, manifestations sportives. Le bal est ·un lieu de rencontre privilégié pour les futurs conjoints ; cependant il semble l'être un peu moins pour le's employés et surtout pour les classes supérieures, et uri peu plus pour les ouvrièrs.

Connaissances d'enfance : Ce sont surtout les agriculteurs qui se sont màriés après une connaissance qui date de leur enfance ; cela peut se pro­

duire également chez les ouvrie,rs, bien que nettement moins fréquemment., tandis que ·chez les employés le fait est beaucoup plus rare. En ce qui eo_n-

(16)

CHOIX DU CONJOINT DANS LE CLOS DU DOUBS 43 cerne les classes supérieures, on ne peut pas dire grand chose car il n'y a eu qu'un seul cas de ce genre.

Rencontres de famille : Comme dans le cas précédent, mais moins·nette­

ment, cette circonstance de i:encontre est fréquente chez les agriculteurs et chez les ouvriers, et pas rare chez les employés ( classes supérieures : r seul cas).

Rencontres sur le lieu de travail : Comme l'on pouvait s'y attendre, ce sont les employés et les ouvriers qui se sont rencontrés le plus souvent sur le lieu de travail; les deux catégories sont bien au-dessus de l'expecta­

tive probabiliste. D!autre pai:t, les agriculteurs ne se sont connus que rare­

ment en cette oécasion (classes supérieuœs: r seul cas).

Rencontres dans le cadre d'une association : Onze couples seulement se 'sont rencontrés en œtte circonstance; cela s'est produit le plus souvent pour les employés.

R,encontres lors d'une manifestation religieuse : Dix cas seulement;

en grande majmité il s'agissait d'agriculteurs, jamais d'ouvriers.

Autres : De nombœux cas divers (environ � du total) ne sont pas ' compüs dans la typologie considérée qui comprend les cir,constances cc classique? » de première· i:enconüe. La catégorie qui s'y· conforme le plus, et .qu'on pourrait considérei: tomme étant la plus traditionnelle, est celle des agriculteurs.

En résumant, on voit que :

les ouvriei:s se sont connus le plus souvent lors d'une fête (43%) ou.

au travail (15%) ;

- les agriculteurs se sont connus lors d'une fête (37%), dès l'enfance (17%) ; l;rs d'une fête de famille (rr%) ou d'un_e manifestation ;eligieuse (10%) ; les employés, comme les ouvriei:s, se·sont souvent connus à une fête (33%) ou au travail (17%) ;

les membres des .classes supérieures, au contrafre, ne se sont pas œn­

contrés souvent dans les cii:c,onstances cc classiques » considérées.

3. L'âge de l'interviewé et la circonstance de la première rencontre.

Le but du tableau 8 est de voir si les pers�nnes aujourd'hui agees s'étaient œnconüées dans. des circonstances différentes de celles des jeunes:

(17)

44 ENZO PELL!

TABLEAU 8. � Age de !'interviewé et circonstance de la première rencontre (% par ligne)

Fête, bal Connais- Rencontre Au travail Dans asso- Manifes- Autre

Age (109) sance en- de famille

(40) ciation tation reli- (74)

fance (31) (24) (rr) gieuse (rr)

2 1-30 (46) 45. 7 8.7 4-3 I0,9 o.o. 4.3 26. 1

31-40 (75) 46.7 9.3 2.7 12.0 8.o 1 . 3 20.0

41-50 (54) 44.4 9.3 9.3 1 1 . 1 3 .7 3 .7 18.5

51-60 (69) 24.6 7.2 17.4 14.5 2 .9 2.9 30.4

61-70 (39) 28.2 15-4 5. 1 15-4 2.6 7.7 25.6

71 et + (15) 6.7 13.3 6.7 26.7 0.0 6.7 40.0

X2 = 58,440. Degrés de liberté : 42. Significatif au seuil de 0.05

On voit que la situation semble avoir changé à peu près avant la guerre:

bals, fêtes et manifestations sportives sont incontestablement devenus le facteur le plus important, et la fréquence des premières rencontres lors de ces occasions a presque doublé. Au contraire, les connaissances d'enfance ont perdu un peu de l'importance qu'elles avaient il y a 40-50 ans. Les rencontres pendant le travail sont en diminution, lente mais continue ; on peut aussi discerner une diminution des renc�ntres lors d'une fête de famille. Quant aux autres circonstances, il est un peu difficile de reconnaître une tendance, les cas de rencontres en ces occasions n'ayant pas été nom­

breux. Les rencontres non cc classiques n semblent avoir d'abord diminué (jusqu'il y a 20-30-ans), et être à nouveau en train de devenir plus fréquentes.

4. L'âge au mariage et la circonstance de la première rencontre.

On a désiré voir si les .couples qui se sont mariés tardivement se sont connus dans des circonstances différentes de ceux qui se sont mariés jeunes.

A cause des différences d'âge au mariage, on a regroupé hommes et femmes de la façon suivante :

Hommes

1

30

Age au mariage 31-35

36 et +

Femmes 25 26-30 31 et +

Groupe

2 3

Le procédé de classement utilisé nous semble judicieux car, comme nous le verrons plus tard, la différence des âges moyens au mariage entre hommes et femmes est d'environ 4 ans.

(18)

CHOIX DU CONJOINT DANS LE CLOS DU DOUBS 45

TABLEAU 9. -Age au mariage et circonstance de la première rencontre (% par ligne)

Fête Connais- Rencontre Au Dans Manifesta- Groupes d'âge (co8) bal enfance sance (30) famille (24) travail (38) association (rr) relîgieuse tion (II) Autres (73)

1 (202) 41.0 12.3 4.4 12.3 3.9 4.4 21.2

2 (64) 25.0 7.8 15.6 12.5 4.6 3.1 31.,2

3 (29) 31.0 o.o 17.2 17.2 0,0 0.0 34.4

X2 = 27.65. Degrés de liberté : 12. Significatif au seuil de 0.01

Parmi ceux qui se sont mariés jeunes, la fréquence des rencontres à un bal, etc. est supérieure à la probabilité (et aux fréquences pour les autres classes d'âge) ; on observe le même résultat pour la fréquence des connais­

sances d'enfance. L.a tendance contraire se réalise en ce qui concerne les connaissances lors d'une fête de famille ou dans des circonstances « non classiques )), et aussi dans une certaine mesure sur le lieu de travail:·elles semblent avoir été plus fréquentes chez les personnes qui se sont mariées plus tard.

5. Domicile et circonstances de la première rencontre.

On a divisé l'échantillon en deux sous-groupes: d'un côté St-Ursanne, de l'autre la campagne du CDD.

TABLEAU 10. -Domicile et circonstance de la première rencontre (% par ligne)

Fête Connais- Rencontre Au Dans Manifesla- Domjcilc bal s:ancc de famille travail association tion Autres

(109) enfance (24) (40) (n) religieuse (74)

(31) (rr)

St-Ursa�ne (163) 33.7 8.o 6 . 1 17.8 5.5 1 .2 27.6 Campagne (137) 39,4 13.1 10.2 8.o 1 . 5 6.6 21.2

X2 = 19.847. Degrés de liberté : 6. Significatif au seuil de 0.005.

C'est le plus souvent à une fête que les conjoints se sont rencontrés pour la première fois. Mais à la campagne la fréquence est plus haute, plus nombreuses également les connaissances d'enfance, les rencontres lors d'une fête de famille ou pendant une manifestation religieuse. En ville,

(19)

ENZO PELL!

au e0ntra).re, les connaissances dans le cadre du travail ou d'une association sont plus nombreuses. A la campagne, les rencontres dans dés circonstances

<c non classiques n sont également moins nombreuses.

6. Habitat et circonstances de la première rencontre.

Nous avons voulu aller encore plus en profondeur dans l'analyse et faire une. différence entre les individus qui ha:bitent une ferme isolé(l et ceux qui habitent dans les villages ou à St-Ursanne. Les résultats ont été encore une fois significatifs (tableau n).

TABLEAU 1 1 . -Habitat et circonstance de la première rencontre (% par ligne)

Fête Connais- Rencontre Au Dans Manifesta- Habitat bal sance famille travail ;1ssor.intiot1 tian Autres

(109) enfance (24) (40) (II) religieuse (74)

(31) (n)

Centres (230) 37.4 7.8 5.7 15-7 4.3 2.6

1

26.5

Fermes isolées (70) 32.9 18.6 15.7 5.7 1 .4 7.r

1

18.6

xi

= 22.699. Degrés de liberté : 6. Significatif au seuil de O.OO I .

Pour les habitants· des fermes isolées, le bal perd un peu de son impor­

tance comme lieu de rencontre ; très nombreuses sont les connaissances d'enfance et les. rencontres lors d'une fête de �amille. Les rencontres au cours d'une manifestation religieuse sont également fréquentes. Faibles, au contraire, sont les fréquences des rencontres sur le lieu de travail et dans le cadre d'une association; les rencontres dans d'autres circonstances sont aussi moins nombreuses.

Il. LIEU DE LA PREMIÈRE RENCONTRE

I. Lieu d'habitation des parents du mari et de la femme au moment de la première rencontre de ces derniers, et lieu de la première rencontre.

bn a 1déjà vu qu'il existe _une relation certaine et très étroite entre les lieux d'habitation des deux familles au moment de la première rencontre des deux futurs époux. Une des manifestations de cette influence s'exerce sur le lieu de cette première rencontre, qui dépend fortement de ces deux vàriables. La première . rencontre a en effet eu lieu souvent dans le village

(20)

CHOIX DU CONJOINT DANS LE CLOS DU DOUBS 47

même des familles ou, si celles-ci habit.aient dans deux villages diff�rents, dans le village d'une des deux (surtout dans le village des parents.du mari).

Ce fait confirme une fois de plus l'influence du facteur géographique dans le choix du conjoint.

Pour rendre les résultats plus faciles à lire, on peut regrouper les lieux en quatre catégories : campagne du CDD, St-Ursanne, Jura bernois, ailleurs.

La tendance est claire.

TABLEAU 12. -Lieu d'habitation des parents de la femme lors de la première rencontre des deux conjoints, et lieu de cette première rencontre (% par ligne)

1

Lieu de la première rencontre

Lieu d'habitation des parents de 1 Campagne 1

St-Ursanne 1

Jura 1

Ailleurs

la femme, etc. (87) (66) (83) (45)

----

Campagne CDD (71) \ 74.6 1 2,7 9.9 2.8

St-Ursanne (58) 1 5.5 63.8 10.3 10.3

Jura (94) 19. r l 1.7 66.o 3.2

Ailleurs (58) .1 2. T 15.5 13.8 58.6

X2 = 257.839. Degrés de liberté : 9. Significatif au seuil de 0.0005.

TABLEAU 13. -Lieu d'habitation des parents du mari lors de la première rencontre des deux conjoints, et lieu de cette première rencontre. (% par ligne)

1

Lieu de la première rencontre

Lieu d'habitation des parents Campagne 1

St-Ursanne Jura Ailleurs

du mari (88) (68) (84) (44)

Campagne (II4) 62.3 7.0 22.8 7.9

St-Ursanne (62) 9.7, _ 69-4 16. 1 '!-,8.

Jura (64) 14.1 ·17.2 64. 1 4.7

Ailleurs (44) 4.5 13.6 15.9 65.9

x

2 = 251.04 1 . D�grés de liberté : g._ Significatif au seuil de 0.0005.

On _remarquera donc .la fréquence très élevée des rencontres dans la région où habitent les parents.

(21)

ENZO PELL!

Ce fait n'est évidemment pas surprenant après les résultats qu'on avait obtenus sur l'importance du facteur géographique dans le choix du cm�joint:

ces tableaux en constituent un confirmation.

III. L'AGE AU MARIAGE

I·. L'âge au mariage.

On a déjà vu que l'âge du mari et celui de la femme sont fortement cor­

rélés. On avait employé des classes d'âge de dix en dix ans et on avait trouvé que la femme est, presque toujours, ou de la classe d'âge de son mari, ou de la classe immédiàtenient précédente. Ces résultats sont confirmés par l'ana­

lyse de l'âge des deux conjoints au mariage, où on obtient dès données plus exactes, car on a employé des classes· d'âge plus restreintes : 5 ans.

Voici les résultats ( en

%) :

Hommes Femmes

moins de 20 ans 2.2 12.0

2 1-25 31.0 51.8

26-30 38.1 73.9

3 1-35 17.0 7. 1

36-40 6.5 1 .5

41 et plus 4.3 2.8

On voit tout de suite que les femmes en général se marient plus tôt que les hommes ; de plus, tandis que pour les hommes les mariages se situent rarement après 35 ans, pour les femmes, la limite est placée à 30 ans. D'autre part, il y a un bon nombre de femmes qui se sont mariées avant 20 ans. Ces faits se reflètent dans l'âge moyen au mariage qui est d'environ 28.6 ans pour les hommes et de 25.I pour les femmes.

Les hommes se sont mariés surtout entre 26 et 30.ans, et entre 2I et 25.

Nombreux sont encore ceux qui se sont mariés entre 3I et 35 ans; 28% des hommes se sont mariés ·après 30 ans.

Les femmes se sont mariées généralement entre z:i: et 25 ans, mais il y a e� un grand nombre de femmes qui se sont mariées entre 26 et 30 ans et avant 20 ans. Les mariages après 30 ans sont très rares: II.4%-

2. L'âge respectif des deux confoints au mariage.

La corrélation entre ces deux variables est évidemment très forte. Sur 3i8 couples, l'énorme majorité est comprise dans 2-3 catégories :

(22)

CHOIX ou- CONJOINT DANS LE CLOS DU DOUBS 49

Même classe d'âge (5 aris) 138 43.1 %

Femme 1 classe au-dessous 97 30.3 %

2 classes (( 39 12.2 %

1 classe au-dessus 20 6.2 %

3 classes au-dessous : I I 3-4 %

4 classes 6 I.8 %

2 classes au-dessus 4 I.2 %

Autres 1 0.3 %

On voit donc que le mariage le plus fréquent est celui entre un homme d'une certaine classe d'âge et une femme de la même classe d'âge, ou avec une femme de la classe immédiatement précédente. Du reste, comme on vient de le voir, la différence des moyennes d'âge au mariage est d'environ trois ans et demi.

3. Lieu d'habitation et âge ait mariage.

Il y a une relation certaine pour l'âge au mariage entre le fait d'habiter à la campagne ou à St-_Ursanne.

TABLEAU 14. -Domicile et rî,ge du mari au mariage (% par ligne)

Age du mari au mariage Domicile

1 1

26-30 1 1 36-40 1 41 et +

-20 21-25 31-35

(3) (39) (57) (28) (13) (3)

St-Ursanne (83) 2.4 36.l 38.6 18.1 4.8 o.o

Campagne du CDD (60) 1 .7 15.0 41.7 21.7 lj.-0 5.0 X2 = 14.236. Degrés de liberté : 5. Significatif au seuil de 0.025.

TABLEAU 15. -Domicile et dge de la femme au mariage (% par ligne)

Age de la femme au mariage -

Domicile

1

21-25 1 26-30 1 31-35

(21) -20 (96) (43) (15)

St-Ursanne (94) 9.6 54.3 27.7 8.5

Campagne du CDD (81) 14.8 55.5 21.0 8.6

X2 = 12.831. Degrés de liberté : 6 . . Significatif au seuil de 0.05.

Arch. suisses d'anthrop. gén., 38, 1974

(23)

50 ENZO PELLI

A la campagne les hommes se marient plus tard qu'en ville : la fréquence des mariages avant 25 ans est beaucoup plus taible (16.7%, contre 3�-5% à St-Ursanne), et la fréquence des mariages après 35 ans est largement supé-·

rieure (20%, contre 4.8% à St-Ursanne). Quant à la fréquence des mar:iages entre 25 et 35 ans', elle est assez semblable.

Pour les femmes, bien qu'un peu moins nettement, se manifeste une tenda11ce inverse : elles semblent se marier en moyenne plus tôt à la campagne qu'à St-Ursanne : la fréquence des mariages avant 20 ans est de 14.8% contre 9.6% et celle des mariages après 25 ans de 28.6 contre 36.2.

Par contre, la fréquence des mariages entre 21 et 25 ans est semblable à la campagne et en ville. Ces différences sont confirmées par les âges moyens au mariage : pour les hommes il est de 29.3 ans à' la campagne et de 28.1% à St-Ursanne. Pour les femmes respectivement de 24.9 et de 25.3 ans.

4. Le statut socio-pro/essionnel et l'âge au mariage,

En làissant de côté les membres des classes supérieures, qui ne sont pas assez nombreux pour permettre des considérations sûres, on voit que le statut socio-professionnel a une certaine' influence sur l'âge du mari au mariage, tandis que cette influence n'est pas aussi évidente pour l'âge de la femme.

En ce qui concerne le mari, on remarque que les ouvriers se marient en moyenne plus tôt que les autres classes sociales.

T-ABLEA? ·16. -Statut socio-professionnel et âge du mari au mariage (% par ligne),

Age du mari au mariage Statut socio-professionnel

-25 (38) 1 26-35 (73) 1 36 et plus (14)

Ouvriers (51) 45.1 45.1 9.8

Agriculteurs (34) 14.7 67.7 17.6

Employés (40) 25.0 67.5 7.5

X2 = rn.8. Degrés de liberté ; 4. Significatif au seuil de 0.05.

Le fait que ce soient surtàut les agriculteurs qui se marie�t tard constitue une vérification de la tendance qu'on avait remarquée à propos des diffé­

rences entre campagne et St-Ursanne.

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