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Idéologie des associations islamiques en Ivoire d’Ivoire (1954-2009) pp. 68-77.

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KONATE Moussa (2014). Idéologie des associations islamiques en Côte d’Ivoire (1954-2009).

Rev. hist. archéol. afr., GODO GODO, N° 24 - 2014

IDEOLOGIE DES ASSOCIATIONS ISLAMIQUES EN CÔTE D’IVOIRE (1954-2009)

Dr KONATE Moussa Attaché de recherches Université Félix Houphouët-Boigny

(Abidjan - Côte d’Ivoire)

RESUME

Cet article porte sur la manière de penser des acteurs des associations islamiques et leur façon de comprendre l’œuvre associative en Côte d’Ivoire. Il s’agit en outre de l’analyse de l’évolution des différents aspects de pensée, le mode de fonctionnement des associations islamiques selon leurs tendances idéologiques et l’esprit qui anime l’organisation islamique en Côte d’Ivoire relativement à son historique, à son rayonnement, à sa vision doctrinale, culturelle, économique et politique.

Mots-clés : Idéologie, Association, Islamique, Côte d’Ivoire

SUMMARY

This article takes on the Islamic association’s philosophy and their comprehension of asso- ciation’s work method in Ivory Coast. It also means, the evolution analyzing of the different aspects ideas.

Mainly, our work rives on the evolution of different ideals, the function mode of Islamic foun- dation according to the different ideologies, the way who means the Islamic organization and the path of moving on the association life in Ivory Coast. According to its history and progress, it’s doctrinal, cultural, economic and political direction

Keys words: Ideology, Association, Islamic, Côte d’Ivoire

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INTRODUCTION

La Côte d’Ivoire, à l’instar des autres pays de l’Afrique de l’Ouest, compte une communauté musulmane repartie en deux sociétés idéologiquement différentes : une société traditionnelle et une autre moderne. Cette différenciation a, pour corollaire, la naissance de divergences au niveau pratique des activités associatives islamiques.

Si les traditionalistes accordent moins d’importance au bouleversement causé par le modernisme et s’intéressent peu à l’évolution des institutions islamiques dans la société, la couche moderne, par contre, est constituée d’élites réformistes. Ce sont en majorité des jeunes qui prennent en compte le changement réel et les évolutions contemporaines.

En effet, les défis nouveaux que sont le développement de la communauté et les exigences de plus en plus marquées d’ouverture sur le monde requièrent une attention particulière de ceux qui assurent la gestion quotidienne de la communauté musulmane.

Cette étude couvre la période de 1954 à 2009 étant donné que sur le plan organisationnel, l’année 1954 représente le début d’une nouvelle orientation dans la vie de la communauté musulmane en Côte d’Ivoire, pendant que celle de 2009 correspond à des réalisations de projets communautaires islamiques. Cette date nous paraît importante dans la mesure où elle peut être envisagée comme la période d’observation d’une évolution dans l’idéologie de la communauté musulmane en Côte d’Ivoire.

La Côte d’Ivoire depuis sa naissance a connu de différentes tendances islamiques et idéologiques entre autres, la tendance traditionaliste qui adapte l’Islam à la tradition africaine que l’on peu qualifier aussi d’Islam pacifique.

Ensuite, il y a eu la tendance salafiste qui a pour principe de suivre les textes religieux et le chemin des ancêtres sans interprétation aucune en vue d’apporter une réforme à l’Islam traditionnel par la violence. Cette tendance est appelée le wahha- bisme ou le salafisme radical.

Enfin, la tendance réformiste modérée qui a adopté l’Islam traditionnel en y appor- tant de légères réformes par la voie pacifique. Ces différentes tendances ont suivant une idéologie opposée les uns aux autres.

La préoccupation essentielle est la suivante : quel est le fonctionnement des structures de la communauté musulmane en Côte d’Ivoire ?

Cet article se propose d’analyser, dans un premier temps, la spécificité de chaque idéologie à travers les différentes périodes de son évolution et dans un second temps de ressortir l’aspect politique, économique et doctrinal depuis l’émergence des associations islamiques en Côte d’Ivoire jusqu’à ce jour (2009).

En déterminant la nature de la vision de la communauté musulmane et souli- gnant les aspects positifs et négatifs des structures islamiques. D’où se situe l’intérêt de cet article, qui permettra de donner un éclaircissement sur le monde du fonctionnement des structures islamiques et sur la vision de la communauté musulmane en Côte d’Ivoire.

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I- L’EMERGENCE DES ASSOSSIATIONS ISLAMIQUES

L’émergence des associations islamiques commence en Côte d’Ivoire avec l’Union Culturelle Musulmane (U.C.M) créée en 1954. Elle avait pour objectif d’unir les musulmans de la sous- région. Mais, cet objectif fut mal apprécié par la plupart des musulmans de la tendance salafiste qui venait de naître en Côte d’Ivoire en 1945 dont le chef de fil était Tiékoro Kamagaté (se comprendre:1998 :2).

En effet, les salafistes1 ont combattu Aboubabacar Sako2, le premier président de l’Union Culturelle Musulmane du fait de son appartenance à la confrérie tidjanite3 et de sa formation approximative en Islam. Le changement par la violence fut leur méthode. Cette querelle doctrinale, entre les membres de l’U.C.M-CI, a abouti à la démission d’Aboubacar Sako de l’Union Culturelle Musulmane, conséquemment, son projet sous-régional d’unir les musulmans et particulièrement ceux de la Côte d’Ivoire n’a pu voir le jour.

Le mouvement salafiste, voulant changer les coutumes et les traditions par la vio- lence a provoqué de nombreuses dissensions au sein de la communauté musulmane.

Il fut alors, qualifié de l’aile dure de l’Islam sunnite en Côte d’Ivoire (Bamba Kassimi 2004 :27). (Sidibé Ladj1987 :30).

Le rôle important des dignitaires musulmans de la Côte d’Ivoire pendant la période de création des associations islamiques reposait sur la sensibilisation de la com- munauté musulmane à adhérer et à militer au sein des associations islamiques. La conséquence qui en découle, est la création de différentes associations islamiques en Côte d’Ivoire. Pendant la période de l’émergence, la priorité fut accordée à la classe intellectuelle ou aux cadres musulmans parce que, la plupart d’entre eux n’avait pas une maturité en éducation islamique du fait de leur formation dans les écoles mission- naires catholiques (Simon- Pierre M’bra Ekanza :1989 :179). L’accent, fut également, mis sur l’encadrement des élèves et étudiant. C’est ce qui justifie la naissance de l’Association des Elèves et Etudiants Musulmans en Côte d’Ivoire (AEEMCI).

La violence comme moyen d’action des wahhabites4 a occasionné des disputes entre les musulmans et a freiné les activités de l’Union Culturelle Musulmane. L’idéo- logie de la majorité des musulmans semble être basée sur la défense de doctrines en vue de réserver la foi dans la communauté musulmane. La période d’émergence des associations islamique fut celle de l’apprentissage d’œuvres associatives. En fait, les musulmans de Côte d’Ivoire n’avaient pas l’habitude d’appartenir à des associations islamiques structurées. L’Islam était pratiqué de façon traditionnelle. L’enseignement islamique demeurait classique5. Il fallait donc, apprendre aux musulmans le sens de l’œuvre associative et son importance afin qu’ils en prennent conscience.

1 - Est une idéologie musulmane fondée sur le respect stricte de doctrine des ancêtres musulmans notamment dans les questions relatives à la théologie.

2 - Il fut un homme de dialogue car il présidait le comité de dialogue islamo-chrétien depuis des années 1970.

3 - Est une confrérie fondée en 1781 en Algérie par Ahmed Tijani.

4 - c’est un mouvement réformiste religieux créé par Mohamed ben Abdoul Wahab au début du 18è siècle en Arabie Saoudite. Il a mené son combat contre toute innovation en Islam.

5 - l’évolution linguistique et la capacité culturelle étaient très lentes.

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Un intérêt particulier semble être accordé à la formation des cadres capables de soutenir la communauté musulmane par le biais des associations islamiques.

Plusieurs associations furent donc créées et représentaient les grandes tendances doctrinales en Côte d’Ivoire. Au nombre d’entre elles, figurent l’Association des Elèves et Etudiants Musulmans en Côte d’Ivoire créée en1972, l’Association Islamique pour l’Organisation du pèlerinage (AMOP) créée en 1973, l’Association des Musulmans Sunnites (A.M.S-C.I créée en 1975), l’Union des Enseignants de la Langue arabe (U.E.L.A créée en 1975), l’Association des Jeunes Musulmans de Côte d’Ivoire (A.J.M- CI créée en 1978) et le Conseil Supérieur Islamique (CSI créé en 1979).

L’AEEMCI représentait la classe de la jeunesse intellectuelle et prônait un Islam d’ouverture et de tolérance. L’AMOP portait sur l’aspect structurel et économique de l’Islam ivoirien. L’A.M .S-CI s’appuyait sur l’aspect doctrinal dans la pratique associative.

Sa politique se basait sur la distinction entre les musulmans selon leur tendance doctrinale.

L’AJMCI, quant à elle s’appuyait sur l’encadrement de la jeunesse non scolarisée pour sa participation effective au mouvement associatif ivoirien. Elle militait en faveur d’un Islam d’ouverture. Toutefois, l’encadrement des membres de l’AJMCI, pose un certain nombre de difficultés. Ces difficultés se situent au niveau du regroupement des jeunes de différentes éducations.

Le CSI représentait tous les musulmans de Côte d’Ivoire. Son objectif était la défense de la communauté musulmane sans tenir compte de la tendance idéologique et doctrinale de ses membres.

I-2- L’expansion des associations islamiques (1980-1992)

En Côte d’Ivoire les associations islamiques ont connu une expansion dans la période1980-1992 est caractérisée par l’accroissement du nombre d’associations islamiques. Au nombre de celles-ci, on peut citer la Confédération Islamique de Développement (CID créé en1981), l’Association des Scouts Musulmans de Côte d’Ivoire (A.S.M en 1984), le Conseil Supérieur des Imams (COSIM en1987), la Ligue Islamique des prédicateurs (LIPCI en1988), et la Fondation Djigui (F.D en1988) etc.…

Au cours de cette période (1980-1992) la prise de conscience et l’amour de l’œuvre associative expliquent le développement et la diversification des associations islamiques sur plusieurs plans : spirituel, secours et social. On constate, également, une réflexion sur les projets d’investissement économique dans quelques rares associations telles que la Ligue Islamique des Prédicateurs et l’Association des jeunes Musulmans de Côte d’Ivoire. La première a essayé de créer une plantation d’anacarde à Mankono au centre nord du pays entre 1989 et 1991 (Adama Koné : 2011). La seconde par contre, a tenté de monter sans succès un projet immobilier (Marie Miran : 2004 :447).

Toutes ces associations sont le fruit d’une sensibilisation menée par les dignitaires musulmans dans le but de réformer les organisations islamiques et de changer l’esprit qui les anime pour qu’elles soient non seulement productives, mais qu’elles puisent aussi répondre aux exigences du temps moderne.

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I-3- Rayonnement des associations islamiques (1993-1996)

A partir de 1993, le Conseil National Islamique a été créé. Pendant cette période, les associations islamiques ont connu une évolution en nombre et en genre6. De même, l’on constate un changement positif au niveau de la mentalité. Ce fait a été observé lorsque le président du Conseil National Islamique Koné Idriss s’est entêté dans sa déviation des règles fondamentales de l’association7. La réaction des membres du CNI montre leur maturité à travers la tenue de congrès ordinaires et extraordinaires qui avaient pour but de ramener à la raison ceux qui sont soupçonnés d’être à l’origine du blocage des activités de l’association et de leur rappeler le respect de ses fondements et de ses conventions.

En dépit des divergences qui les opposent, les musulmans étaient tous favo- rables à la préservation des intérêts de la communauté à travers le Conseil National Islamique. C’est dans ce cadre que deux colloques sont organisés. Le premier en 1996 par le CNI et le second par la coordination du CNI sud-section de Yopougon (CNI-Cosy) en 1998. En effet, ces deux colloques avaient pour but d’examiner les anomalies constatées dans le fonctionnement de l’association. La rencontre organisée à Dabou à l’initiative des bureaux de coordination du CNI- Sud le 30 mai 1998 sous la présidence de Metogra Bakayoko avait pour objectif de situer les responsabilités, de proposer des solutions et de déterminer le rapport entre les associations membres et l’association fédérale (Rapport CNI : 1996 : 2).

Malgré ces efforts fournis par des responsables de la communauté musulmane de façon consciencieuse, les objectifs assignés aux associations islamiques, lors de leur création, n’ont pas été atteints en raison d’incompréhensions et des querelles de leadership. Ces incompréhensions s’expliquent par le désir de certains dignitaires religieux de défendre leurs propres intérêts ou de s’imposer comme les seuls inter- locuteurs de la communauté musulmane.

L’étape de la promotion se caractérise par le nombre important des associations islamiques. Toutefois, le constat général est le manque de formation préalable des dirigeants à la vie associative. Il en résulte une incohérence dans les rapports entre les différentes associations islamiques.

La multiplicité des associations islamiques en Côte d’Ivoire est un signal qui montre que les musulmans ont pris la conscience de l’importance des activités associatives.

Par ailleurs, les querelles internes entre les responsables des associations sont liées au fait qu’ils n’arrivent pas à faire la part des choses entre un acte lucratif et le bénévolat. (Ahmed Mouhamad Abdoul Azim : 2009 :17)

Il faut noter que plusieurs problèmes freinent le bon fonctionnement des asso- ciations islamiques en Côte d’Ivoire. Telle fut la situation qu’a vécue le CNI dans ses rapports avec les autres associations islamiques en 1996. La conséquence en est l’orientation vers de nouvelles visions notamment politique, économique et doctrinale.

6 -Telles que : Association des Femmes Musulmanes, 1994 (AFM-CI). Assistance Sociale Islamique, 1996 (ASI- CI), Confédération Islamique de développement, 1998 (CID), Union des Cadres Musulmans, 2001 (UCAM-CI) et Communauté Estudiantine Musulmane de l’Université de Cocody et de l’ENS, 2003 (CEMUCE..).

7 - Il s’agit de vouloir changer le statut et le règlement intérieur afin de se maintenir à la tête du CNI.

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II– VISION POLITIQUE, ECONOMIQUE ET DOCTRINALE (1992-2009) II-1- Vision politique

Les associations islamiques sont apolitiques et leurs responsables se contentaient de la formation spirituelle et sociale des musulmans. Mais, au fil du temps, les rapports entre l’autorité politique et les associations ont changé.

La communauté musulmane a entretenu différents types de rapports avec l’autorité politique. Avant la création des associations islamiques, il fallait se soumettre à l’auto- rité politique, accepter tout ce qu’elle posait comme acte sans réagir. Cette fatalité est la méconnaissance de la nature des rapports entre les dignitaires religieux et les autorités politiques. Mais cette situation va changer de façon progressive.

Les responsables des associations islamiques se rapprochent de l’autorité politique et lui adressent des doléances. Lamine Cissé, le Président de l’Union des Ensei- gnants de la langue arabe créée en 1975, a adressé une demande au Président Félix Houphouët-Boigny pour obtenir le financement de projets de construction d’écoles islamiques par le biais de l’association. (Abdrahamane Koné : 1982 :163) et (Marie Miran : 2004 : 250-283). Cette démarche n’a pas connu de succès. (Marie Miran : 2004 : 250-283) Mais, quoi qu’il en soit, elle annonce de nouveaux rapports entre la communauté musulmane et le pouvoir politique.

Le véritable changement des rapports entre la communauté musulmane et l’autorité politique commence à partir de 1992. Ce changement est dû à l’évènement qui a pré- cédé la création du Conseil National Islamique, lors de la première réunion du congrès constitutif le 28 novembre 1992 à la grande mosquée d’Adjamé. Au cours de cette réunion les dignitaires religieux furent humiliés et dispersés violemment par la police.

Dès lors les rapports entre le pouvoir politique et la communauté seront tendus (Koné Ibrahim : 2005). Il ne s’agit plus d’un simple courrier adressé aux responsables politiques, mais plutôt, d’un tête-à-tête ou d’un contact direct avec Félix Houphouët- Boigny, Président fondateur de la République de Côte d’Ivoire. Pendant cette ren- contre, un certain nombre de revendications sont faites par la communauté musul- mane. Parmi celles-ci, il faut citer l’acquisition de biens immobiliers, d’une radio pour les musulmans, d’un espace pour la construction d’une mosquée au Plateau,quartier administratif d’Abidjan (Marie Miran : 420) des jours fériés à l’occasion de certains événements islamiques comme la nuit du destin et le lendemain de la commémoration de la naissance du Prophète Mohamad (que salut et paix soient sur lui (maouloud).

Toutes ces demandes furent accordées par le Président Félix Houphouët-Boigny.

En dehors des doléances, la communauté musulmane se pose désormais en défenseur des droits et des intérêts des musulmanes. Quand elle estime que des décisions prises par l’autorité politique vont à l’encontre de leurs intérêts, elle réagit par des mises en garde ou des avertissements. (Le patriote : 2000 :2) et ( le Jour : 2002 :2). Tel fut le cas avec Henri Konan Bédié le successeur de Félix Houphouët,

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dans sa prise de position sur la question de l’ivoirité8. De même quand Robert Gueï a commencé ses représailles contre les responsables musulmans et montré son mépris pour les lieux de cultes musulmans ; la communauté musulmane a réagi par des mises en garde (Le patriote : 2000 :2) et (Le réveil : 2005 :2). Le CNI s’est également opposé à la politique d’agression contre des citoyens par rapport à leur appartenance ethnique ou religieuse, au temps de Laurent Gbagbo (Ivoir soir 2001 :1-2) et (le jour 2002 :2).Toutes ces réactions montrent le changement d’idéologie qui se manifeste au sein de la communauté musulmane dans ses rapports avec l’autorité politique.

II-2- Vision economique

Au début, les associations islamiques ne se préoccupaient pas d’investissement économique. Ce désintérêt commence depuis l’émergence des associations en Côte d’Ivoire (1954) et continue jusqu’à 2006. Ce qui a fait qu’avant cette date, la plupart de des biens communautaires ont été détournés par des responsables à cause du manque de volonté et de suivi régulier comme ce fut le cas de projet immobilier à Bingerville9.

A partir de 2006, le COSIM commence à parler d’investissements au cours de ses réunions. Or, ce sujet était jusque là absent lors de ses réunions hebdomadaires. Il com- mence à s’intéresser aux questions d’investissements économiques et à la réalisation de projets pour des causes islamiques. Cet intérêt s’explique par le fait que, le COSIM est dorénavant dirigé par des personnes soucieuses des questions de développement.

C’est dans ce cadre que l’on note l’apparition d’institutions comme l’Université Musul- mane Africaine (UMA)(Lanciné Coulibaly :2012) et l’Institut International de l’Imamat en Afrique (3iA) créé en 2009, pour des objectifs précis10. Cette vision a permis la naissance des boutiques autour de quelques édifices islamiques telles que la mosquée d’Aghien, d’Adjamé, de Yopougon Wassakara et enfin, des magasins en bordure du siège de la Ligue Islamique des Prédicateurs dont l’inauguration a eu lieu le 29 juin 2013 (Aboubakar diaby : 2014). Ces réalisations pourraient être un fonds d’appui au fonctionnement des édifices islamiques.

En effet, l’idéologie générale des associations islamiques de 1954 à 1990 n’était pas orientée vers des réalisations économiques. Mais, cela est dû à des facteurs ci- dessous11.

II-3- IDEOLOGIE TENDANCIEUSE

Sur le plan idéologique, il se dégage deux tendances principales : le traditionalisme et le réformisme.

8 - la communauté musulmane se sentait visée en premier lieu et les ressortissants du nord de façon générale 9 - C’est à partir de 2006 que naissent des débats animés sur la table du COSIM concernant les investissements dans

des projets communs. Ce genre de débats était presque absent au cours des réunions hebdomadaires du COSIM.

Même si cela se faisait, ils étaient rares ceux qui appuyaient l’idée. Même les associations qui y ont pensé n’ont pas eu de succès. Tels furent le cas de la LIPCI et l’AJMCI.

10 - L’Institut a pour but de former les Imams et les bacheliers arabophones et d’assurer l’encadrement et la cohésion sociale entre les imams d’une part, de garantir la cohabitation durable et pacifique dans le pays, d’autre part.

11 - il s’agit d’intérêt personnel, de la culture sociale et souvent de la pression politique qui faisait l’obstacle aux associations islamiques de mettre en place des projets économiques.

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1- La tendance traditionaliste peut être présentée sous deux aspects: un tradi- tionalisme rattaché aux coutumes et un autre qui est inspiré des textes. Le premier renvoie à l’Islam traditionnel dont la fidélité aux pratiques coutumières n’est pas négociable au profit des textes religieux. Il a pour objectif de conserver les pratiques préislamiques parallèlement aux enseignements islamiques. Cela est le contraire de l’idéologie du groupe salafiste (les wahhabites).

2- Le courant réformiste se repartie en deux qualités : un réformisme tolérant et un réformisme violent. Le réformisme tolérant est proche de l’Islam traditionnel qui représente la majorité des musulmans en Côte d’Ivoire d’autant plus que de nom- breuses associations telles que le COSIM, l’AJMCI, le CID, l’AEEMCI, l’AFMCI et le CNI s’y reconnaissent.

Quant au réformisme violent, il représente le mouvement wahhabite. Ce mouve- ment est attaché fondamentalement à la tradition des textes religieux. Cette tendance est connue pour sa violence à l’égard de toute forme de pratiques innovatrices. Elle se focalise sur les textes authentiques de l’Islam12 en refusant toute sorte d’inter- prétations dans le but d’adapter les textes divins aux réalités contemporaines. Son idéologie doctrinale se limite aux pratiques des aspects apparents du prophète : sa manière de marcher, de manger, de s’habiller etc. Elle combat certaines pratiques que le Coran n’enseigne pas de façon claire. On peut citer comme exemple, la com- mémoration de la naissance du prophète (maouloud) et la célébration du début de l’année lunaire de l’hégire.

Par ailleurs, il faut préciser que la violence de ce groupe en Côte d’Ivoire, n’est pas une violence jihadite, mais plutôt un combat interne au sein de la communauté musulmane.

Chez les wahhabites il existe comportements qui ne favorisent pas l’unité musul- mane. A titre d’exemple, la lettre de Yao Koum, le premier président de l’association sunnite de Côte d’Ivoire au ministre de l’intérieur le 10 juillet 1978, qui stipule : «obliger un musulman orthodoxe à prier derrière un musulman traditionnel, c’est le contraindre à renoncer purement et simplement à sa religion, c’est l’anéantir moralement» (Marie Miran : 339). Ce genre de propos de la part de (wahhabites) fait qu’ils sont souvent combattus par les musulmans et leur idéologie est rejetée.

La branche salafiste est représentée en Côte d’Ivoire par l’Association des Musulmans Orthodoxes (A.M.O.CI créée en 1975). Elle a été transformée en Asso- ciation des Musulmans Sunnites (A.M.S.CI) en 1997.Cette tendance a provoqué de nombreuses bagarres dans les mosquées, dont les causes sont liées à la question de l’imamat. (Marie Miran : 311).

En général, la particularité des associations à tendance réformiste tolérant est liée au fait qu’elle n’affiche pas un symbole doctrinal dans la dénomination de leurs associations. Même si elles ont souvent des dénominations basées sur des couches sociales telles que l’Union des Cadres Musulmans de Côte d’Ivoire (U.C.A.M.CI) l’Association des Jeunes Musulmans de Côte d’Ivoire. Cela est différent dans leur

12 -Les textes coraniques et la tradition du Prophète Mohamed que la paix et le salut soient sur lui.

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dénomination à base doctrinale ou sectorielle telle que l’association des musulmans sunnites ou des jeunes sunnites, etc.

CONCLUSION

L’œuvre associative a connu plusieurs bouleversements en Côte d’Ivoire tant dans la forme que dans l’idéologie. Car l’avènement des associations a apporté un change- ment positif à la pratique de l’Islam traditionnel de façon progressive, en revalorisant certains événements islamiques qui étaient célébrés de manière traditionnelle. Les activités associatives ont demeuré entre le progrès et la régression. Chaque période a connu une vision particulière eu égard aux différentes lectures de la pratique asso- ciative islamique. Comme on trouve chez certaines personnes, parmi les responsables des associations islamiques, une idéologie archaïque, qui pense que diriger une association est similaire à un pays sur le plan autoritaire. Cette idéologie a poussé d’autres à poursuivre le chemin de la violence pour le changement de la société.

Dans cette analyse on retient que :

- Ces différentes tendances ont souvent créé une rupture entre les associations islamiques.

- La confrontation entre les tendances a affaibli l’esprit de la cohésion sociale et le développement économique de plusieurs associations.

- Après des années de querelles internes et des incompréhensions entre les asso- ciations islamiques, elles semblent entreprendre des projets de bien-communautaires et d’échange afin d’instaurer un terrain d’entente entre les tendances confondues.

En effet, la promotion de l’esprit d’investissement et des projets communautaires reste l’enjeu majeur à revaloriser en tant que facteur de rayonnement et de dynamisme de la communauté musulmane en Côte d’Ivoire.

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