• Aucun résultat trouvé

Valeur, fonction et médiation dans les espaces naturels sensibles : une patrimonialisation inachevée de la nature. Exemples dans les Pays de la Loire

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Valeur, fonction et médiation dans les espaces naturels sensibles : une patrimonialisation inachevée de la nature. Exemples dans les Pays de la Loire"

Copied!
17
0
0

Texte intégral

(1)

VertigO - la revue

électronique en sciences de l'environnement

Hors-série 16  (juin 2013) Patrimonialiser la nature

...

Céline Barthon, Céline Chadenas, Arnaud de Lajartre et Antoine Pancher

Valeur, fonction et médiation dans les espaces naturels sensibles : une patrimonialisation inachevée de la nature. Exemples dans les Pays de la Loire

...

Avertissement

Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur.

Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue, l'auteur et la référence du document.

Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France.

Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'édition électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV).

...

Référence électronique

Céline Barthon, Céline Chadenas, Arnaud de Lajartre et Antoine Pancher, « Valeur, fonction et médiation dans les espaces naturels sensibles : une patrimonialisation inachevée de la nature. Exemples dans les Pays de la Loire », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Hors-série 16 | juin 2013, mis en ligne le 30 mai 2013, consulté le 01 septembre 2016. URL : http://vertigo.revues.org/13621 ; DOI : 10.4000/vertigo.13621 Éditeur : Les éditions en environnements VertigO

http://vertigo.revues.org http://www.revues.org

Document accessible en ligne sur : http://vertigo.revues.org/13621

Document généré automatiquement le 01 septembre 2016. La pagination ne correspond pas à la pagination de l'édition papier.

Les contenus de VertigO sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.

(2)

Céline Barthon, Céline Chadenas, Arnaud de Lajartre et Antoine Pancher

Valeur, fonction et médiation dans les espaces naturels sensibles : une

patrimonialisation inachevée de la nature.

Exemples dans les Pays de la Loire

Introduction

1 Avec l’extension du champ patrimonial de la nature à la biodiversité (Maris, 2010), la protection de la nature revêt aujourd’hui une dimension sociétale planétaire qui tend, d’une part, à l’affranchir des périmètres qui lui ont été initialement réservés (Parc National, Réserves Naturelles, Arrêtés de Protection de Biotopes) au profit d’une logique de réseaux (Natura 2000, trames verte et bleue des lois Grenelle) et, d’autre part, à multiplier les espaces et les acteurs par lesquels ces stratégies de patrimonialisation peuvent s’opérer (espaces naturels sensibles des départements, sites du Conservatoire du littoral ; collectivités locales, associations, propriétaires privés… ).

2 C’est ainsi que la nature, dans ses dimensions écologique et fonctionnelle, devient un bien à préserver, à conserver et à valoriser, quels que soient les milieux et les espaces de référence (naturels - au sens de peu anthropisés -, mais aussi urbains, périurbains, de loisirs…) au nom du développement durable et du droit des générations futures à bénéficier d’un environnement de qualité au moins égal à celui que nous connaissons aujourd’hui. Patrimonialiser la nature repose donc sur des fondements culturels et sociétaux (Grandjean, 1995 ; Micoud, 1995  ; Héritier et Guichard-Anguis, 2009) dont les objets évoluent, de la reconnaissance de monuments naturels et espèces remarquables à différents titres, à celle d’une nature plus ordinaire dont les enjeux de protection ne cessent de croître (Godet, 2010).

3 Dans un contexte d’écologisation des politiques publiques, plusieurs questions se posent alors sur les logiques de patrimonisalisation en cours et sur le sens donné à la protection :

• quels sont les lieux et les objets identifiés comme patrimoine naturel, notamment sur des milieux de plus en plus artificialisés ?

• Quel est le degré d’appropriation, matérielle et immatérielle, de ces lieux et objets par les différents acteurs et groupes sociaux impliqués par ce processus : peut-on réellement parler d’appropriation du patrimoine naturel (Ripoll et Veschambre, 2005) ?

• quel changement de valeur induit la patrimonialisation ? En effet, l’interprétation de ces lieux n’entraîne-t-elle pas un changement d’identité ? Ce changement n’est-il d’ailleurs pas l’une des finalités recherchées ?

4 S’il ne s’agit pas d’évaluer si une pelouse calcaire en site périurbain, une zone humide reconstituée dans une friche industrielle, x kilomètres de talus routiers ou encore l’avifaune (exemples non exhaustifs, mais représentatifs de l’évolution actuelle) peuvent être considérés comme des biens dignes d’être transmis aux générations futures selon la définition usuelle du patrimoine, il demeure néanmoins utile de s’interroger sur l’émergence de ces catégories dans la typologie des patrimoines naturels, sur les valeurs qui y sont associées et sur la médiation qui en est faite afin de mieux cerner les modalités d’appropriation en cours.

5 Ciblé sur les Espaces Naturels Sensibles (ENS) des départements, cet article repose sur les travaux menés dans le cadre du CPER1 « Évaluation des ENS en Pays de la Loire : protection de l’environnement et projet de territoire » et privilégie une approche pluridisciplinaire. Il s’appuie sur une évaluation des politiques départementales des ENS en Pays de la Loire, croisée à une analyse du rôle et de l’action des principaux acteurs impliqués dans la protection, la gestion et l’ouverture des sites au public2. Une attention particulière est enfin portée aux dispositifs de médiation et d’interprétation présents sur deux sites-tests afin de révéler les messages et les discours véhiculés sur les patrimoines identifiés.

(3)

De l’appropriation de l’outil ENS à son évaluation : des politiques patrimoniales départementales inégalement réalisées

6 L’ancienneté relative de l’outil juridique ENS n’explique pas totalement la diversité du maillage des ENS observable à travers la France. Il faut y ajouter un critère : l’ENS représente l’un des premiers instruments décentralisés du droit de l’environnement. Nul étonnement de ce fait à constater une diversité d’appropriations de cette réglementation non seulement à l’échelle nationale, mais aussi, logiquement, à celle des départements ligériens ; la maîtrise foncière autorisée au titre de cette politique environnementale en constitue certainement la meilleure illustration.

L’ENS, un outil juridique décentralisé et donc différemment approprié

7 Si les ENS ne représentent bien entendu qu’un dispositif de protection des espaces naturels parmi une large gamme d’outils nationaux et internationaux (Collectif, 2005), ses caractéristiques en font un instrument à la fois original et potentiellement diversifié d’intervention environnementale.

8 L’outil ENS se différencie effectivement de nombreux instruments de patrimonialisation institutionnelle tant par la collectivité compétente pour l’exercer, par les mécanismes juridiques lui donnant corps, que par la diversité textuelle des objets susceptibles d’être labellisés ENS. Sur ce point, le droit international comme le droit français reposent le plus souvent sur une spécialité thématique qui ne souffre guère l’hybridité logique des composantes environnementales ; ils sont, à leur manière, sectoriel, pour ne pas dire monomaniaques…

Ainsi, de Natura 2000 aux réserves naturelles, parcs nationaux ou arrêtés de protection de biotopes, pour ne citer qu’eux, ce droit de l’environnement ne jure que par la biodiversité, rien que la biodiversité, toute la biodiversité. En sens inverse, la loi du 2 mai 1930 relative aux sites et monuments naturels, comme les trop rares directives paysagères ouvertes par la loi du 8 janvier 1993, offrent le moyen de patrimonialiser les joyaux esthétiques du territoire national. Le régime juridique des ENS réussit quant à lui cet exploit, que devrait également permettre la notion de trame verte récemment consacrée par la loi dite Grenelle II du 12 juillet 2010, de viser dans la même disposition les deux faces de ce même patrimoine environnemental : paysage et biodiversité. Pour les gérer, le choix des outils révèle également de fortes spécificités : l’autorité habilitée est une collectivité territoriale, le Département, cette compétence étant remarquable au regard de la place prépondérante jouée par l’État en matière de protection de l’environnement. Enfin, le mode de gestion décentralisée ainsi établi court- circuite le standard juridique des logiques de conservation environnementale que représente une réglementation unilatérale et déconnectée de tout support financier. Or, l’ENS repose sur un miracle organisé par la loi : il s’autofinance ! Cette seule affirmation sonne comme un défi pour de nombreux gestionnaires d’espaces naturels accaparés par une course permanente aux ressources budgétaires.

9 Ces différentes marques de fabrique s’expliquent en partie par l’histoire relativement ancienne (Prieur, 2004) des ENS au sein du droit de la « nature ». L’outil trouve en effet son origine dans une succession de textes réglementaires puis législatifs courant de 1959 à 1977 et visant à une mise en place progressive de « périmètres sensibles », en zones littorales tout d’abord, pour être ensuite élargis à l’ensemble des départements français (1968).

10 Dans cette optique, 28 départements avaient déjà délimité des périmètres sensibles et une douzaine étaient sur le point de le faire lorsque fut votée la loi d’aménagement urbain 85-729 du 18 juillet 1985 transformant le dispositif existant en un système d’Espaces Naturels Sensibles. L’article principal ainsi créé au sein du code de l’urbanisme, le L.142-1 remanié par la loi Barnier du 2 février 1995 puis par la loi Bachelot 30 juillet 2003, offre ainsi aux départements une nouvelle compétence pleinement décentralisée « afin de préserver la qualité des sites, des paysages, des milieux naturels et des champs naturels d’expansion des crues et d’assurer la sauvegarde des habitats naturels selon les principes posés à l’article L.110 ». Le département est ainsi considéré « compétent pour élaborer et mettre en œuvre une politique de protection, de gestion et d’ouverture au public des espaces naturels sensibles, boisés ou

(4)

non », trois étapes essentielles à toute politique patrimoniale. Pour cela, plusieurs outils sont à disposition des conseils généraux, telles la protection des espaces boisés, les conventions de gestion ou l’adoption d’une réglementation de protection (L.142-11). Mais les mécanismes juridiques les plus importants, les plus connus et les plus usités sont au nombre de deux : le prélèvement d’une taxe départementale et le recours au droit de préemption.

11 La TDENS, héritière de la taxe sur les espaces verts au sein des périmètres sensibles, est perçue par tout département s’engageant dans la politique ENS sur la totalité de son territoire et à l’occasion de toute construction, reconstruction, etc., et travaux visés par l’article L.442-1 ; le taux peut varier jusqu’à un plafond de 2  % de la valeur de l’ensemble immobilier, et son produit (151 millions d’euros chaque année !) se trouve légalement affecté (L.142-2) à l’acquisition directe ou indirecte d’espaces ENS ainsi qu’à leur gestion, leur aménagement et à leur ouverture au public, sauf contrainte majeure. L’article L.142-3 autorise quant à lui le département à délimiter des zones d’exercice d’un droit de préemption, opérationnel lors de toute aliénation volontaire à titre onéreux d’un terrain non bâti, le droit de préemption pouvant être délégué à certaines structures comme le Conservatoire du littoral ou les communes.

L’étude de l’usage de ces deux outils s’avère particulièrement instructive tant ce dernier révèle l’appropriation par chaque département d’une compétence éminemment décentralisée.

12 Cette évaluation fut réalisée au niveau national par l’Inspection générale de l’environnement lors de la remise du rapport du 5 mars 2003 dit rapport Balland consacré à « La contribution des départements à la politique de protection des espaces naturels ». Cette étude, examinée l’année suivante par les conseils généraux, a souligné à la fois une généralisation de l’outil ENS dans la mosaïque départementale de l’hexagone, mais aussi de fortes disparités dans son utilisation territoriale. La carte nationale des ENS formait ainsi, au début des années 2000, sur les trois quarts des départements français3 ayant activé l’article L.142-1, « un ensemble extrêmement hétérogène qui va de l’espace vert traditionnel, fortement aménagé et artificialisé, à des initiatives très avancées et coordonnées de préservation des espèces et des milieux, d’entités paysagères ou de création d’itinéraires verts » (Assemblée des départements de France, 2004). Le rapport Balland décrivait ce faisant un patchwork de « politiques encore trop souvent opportunistes », « un patrimoine hétérogène et mal identifié », une TDENS

« inégalement répartie entre les départements » ainsi qu’« une gestion à géométrie variable » des espaces reconnus comme ENS. Huit ans plus tard, il n’est pas certain que le constat puisse être inversé à en examiner le collectif des départements ligériens.

Une maîtrise foncière des ENS révélatrice d’enjeux patrimoniaux différenciés

13 Bien que la propriété juridique du foncier ne conditionne pas à elle seule les différentes formes d’appropriation d’un espace, il n’en demeure pas moins que les structurations juridiques de l’espace orientent, au moins en théorie, les pratiques et les usages de celui-ci (Bergel, 2005).

Appliquée aux ENS, l’opportunité donnée aux départements d’exercer un droit de préemption sur les espaces sensibles et de mener une politique d’acquisition foncière peut constituer un premier niveau d’appropriation par la maîtrise de l’espace. Rares sont en effet les conseils généraux qui n’utilisent pas ce droit (14 % selon l’enquête réalisée en 2004 par l’Association des départements de France). Face à la baisse de ce poste de dépense dans l’usage de la TDENS, le rapport Balland (2003) soulignait d’ailleurs que « la politique d’acquisition devrait rester une priorité pendant encore quelques décennies afin d’éviter la disparition rapide de nombreux espaces naturels ».

14 À l’image de ce constat observé à l’échelle nationale, les cinq départements de la région des Pays de la Loire révèlent un usage et une prise en main inégaux de l’outil ENS et de ses dispositions (fig. 1). Ces variabilités entre les départements s’observent aussi bien sur les dates d’adoption de la TDENS, que sur l’utilisation qui en est faite. On notera en effet des politiques d’acquisitions foncières très disparates : 2 500 hectares pour la Vendée et 54 hectares pour la Mayenne à titre d’exemple. Les départements de la Loire-Atlantique et de la Vendée peuvent être présentés comme les départements pionniers, au sein de la région des Pays de la Loire.

Avec une mise en place de la TDENS dès 1971 pour le premier et 1985 pour le second, qui se

(5)

substituait en fait à la Taxe départementale, existante depuis 1973, sur les Espaces Verts, ces deux départements proposent une politique volontariste en termes d’acquisitions foncières4, de mise en valeur des sites et d’ouverture au public. La TDENS et le droit de préemption sont considérés comme consubstantiels à toute politique de protection et présentés comme les leviers incontournables à la mise en œuvre d’une politique patrimoniale à l’échelle du département. Tous les ENS présentant un intérêt départemental sont donc acquis (2 500 ha en Vendée ; 830 ha en Loire-Atlantique) et au préalable intégrés dans un périmètre de préemption (20 000 ha en Vendée et 37 148 ha en Loire-Atlantique) élaboré en concertation avec les communes et le Conservatoire du littoral pour le second.

Tableau 1. Comparatif des politiques ENS des 5 départements de la région des Pays de la Loire

Départements Loire-Atlantique Vendée Maine-et-Loire Sarthe Mayenne

Année de vote et  % de la TDENS

1971 => TDEV 1992 => TDENS 1 à 2 % (selon la catégorie du site)

1973 => TDEV 1985 => TDENS

1 % 1989 =>0,7 % 1992 =>0,5 %

1999 =>0,7 % 2007 =>1 % Sites/surfaces

propriétés du CG versus Sites/

surfaces affichés ENS

860 ha propriétés du CG

110 sites propriétés du CG soit 2 500 ha propriétés du département

3 sites propriétés du CG sur 89 sites affichés ENS

4 sites propriétés du CG

3 sites ( = 54ha) propriétés du CG sur 22 sites inventoriés

Direction / service

Direction de l’aménagement et du

développement / Environnement

Service Environnement / Pôle Ens

Commission environnement et cadre de vie

Direction de l’aménagement, agriculture et environnement

Service environnement, sécurité sanitaire

Inventaire ENS Conseil Général

(CG) Conseil Général

(CG)

Conseil Général (CG), Comité de pilotage (*) => mise en place du Plan départemental des ENS

Conservatoire du patrimoine naturel sarthois (CPNS)

Mayenne Nature Environnement (MNE)

Périmètre de

préemption 37 148 ha 20 000 ha Non défini (en

cours) Non défini Non défini

Intervention

Acquisition, gestion, suivi technique (interne au CG), aménagement.

Acquisition, gestion aménagement, communication et études diverses (inventaire...)

Veille sur zonage Ens, accompagnement des porteurs de projets, aides (plan de gestion, suivi, aménagement et acquisition pour les collectivités)

Gestion, aides (dont subvention au CPNS)

Acquisition, gestion, PDIPR

Plan de gestion : maîtrise d’ouvrage / maître d’œuvre

CG / Bureau d’études, associations

CG / Bureau d’études, associations ou établissement public (ONF)

Variable en fonction des sites et des gestionnaires

Conservatoire du patrimoine naturel sarthois (CPNS)

Mayenne Nature Environnement (MNE)

Gestion des sites

Avant 2004 : communes.

Depuis 2010 : comités de gestion sur site clé (partenariat CG, collectivités territoriales, association)

CG en direct sur 2 sites + délégation de gestion aux collectivités territoriales et associations.

Variable en fonction des sites (dont acteurs du comité de pilotage)

Conservatoire du patrimoine naturel sarthois (CPNS) + collectivités + agence de l’eau

Mayenne Nature Environnement + collectivités

(6)

Accueil des publics, animation

CG : conventions de partenariat et de prestation auprès d’associations nationales et locales +

CG : conventions de partenariat et de prestation auprès d’associations nationales et territoriales.

++

Collectivités (porteuses de projet ou gestionnaire), conventions de partenariat et de prestation auprès d’associations nationales et territoriales.

_

Conservatoire du patrimoine naturel sarthois (CPNS), collectivités _

Mayenne Nature Environnement, collectivités _

Ce tableau présente les différences de politiques dans les 5 départements de la région des Pays de la Loire, qu’il s’agisse de nombre de sites dont chaque conseil général est propriétaire ou des partenariats établis pour gérer ces espaces.

This board presents the differences of policy in 5 departments of the region of Pays de la Loire, that it is about number of sites every General Council of which is an owner or on partnerships established to manage these spaces.

15 À l’opposé, le conseil général du Maine-et-Loire défend une approche radicalement différente et considère que sa politique ENS ne doit pas « se restreindre à cette notion de propriété. Le but c’est d’avoir une vision des enjeux de milieux et d’espèces sur le territoire départemental (…). La préemption c’est une chose différente : c’est une possibilité donnée par le législateur au département, mais aujourd’hui nous n’avons pas décidé d’aller dans ce sens. Il n’y a pas de périmètres de préemption ENS sur le territoire départemental » (conseil général 49). Malgré une TDENS votée assez tôt (1989), les acquisitions sont donc peu nombreuses (3 sites). De même, les démarches d’ouverture au public et de mise en valeur des sites en tant qu’ENS restent faibles et peu visibles. Le département envisage ainsi son intervention plus sous la forme d’un zonage ENS et par le biais d’un soutien aux acquisitions pour les communes, tout en laissant entrouverte la possibilité de préempter sur les espaces ligériens à forts enjeux, naturel, emblématique et culturel (classement de la Loire à l’Unesco).

16 Enfin, les départements de la Sarthe et de la Mayenne ayant instauré le prélèvement de la TDENS plus récemment (respectivement 1992 et 2007) ont privilégié l’acquisition de quelques sites remarquables, mais sans faire usage du droit de préemption, la propriété et le coût élevé du foncier agricole constituant pour le second un enjeu économique de taille et un facteur de tensions. Une spécificité caractérise cependant le conseil général mayennais : une politique d’acquisitions foncières antérieure au vote de la TDENS, sous l’impulsion de l’association naturaliste Mayenne Nature Environnement. 54 hectares répartis sur trois sites sont aujourd’hui propriétés du département, alors que 22 sites ont été inventoriés en 2007.

La Mayenne, tout comme la Sarthe, n’ont en revanche, que très peu investi les dimensions de mise en valeur et d’ouverture au public. Le rôle stratégique évident de cette association naturaliste mayennaise dans l’impulsion et la définition de la politique ENS du département n’est cependant pas une exception. L’étude menée dans les Pays de la Loire révèle une montée en puissance de l’approche écologique dans la définition des ENS.

Les ENS, une politique patrimoniale départementale à visée strictement naturaliste ?

17 De la définition des critères de sélection des ENS à leur acquisition, de la détermination des modalités de gestion et d’accueil des publics à leur réalisation et attribution, chaque conseil général est amené à opérer des choix (plus ou moins concertés) qui vont orienter la construction du patrimoine départemental, ses usages, son marquage ou encore sa valorisation. L’analyse plus fine des sites dits « ENS » associée à celle des configurations d’acteurs en présence (tableau. 1) impulsées par les départements (en tant qu’institution et territoire) permet ainsi de poser la question de l’appropriation du dispositif ENS et de ses répercussions.

Une montée en puissance des critères écologiques

18 La carte des «  ENS  » (figure 1) réalisée en assemblant les informations cartographiques délivrées par les cinq départements de la région se lit à plusieurs niveaux. Tout d’abord, on observe une répartition relativement homogène des ENS, toutes couleurs confondues, attestant d’une politique dynamique, et ce, quel que soit le département concerné. La réalité rejoint

(7)

l’analyse faite dans la précédente partie. Les départements côtiers sont propriétaires de leurs sites et leur importance, avec une forte représentation sur le littoral notamment, atteste de l’ancienneté de leurs acquisitions. Le Maine-et-Loire présente une « vitrine » ENS qui cache une politique de non-acquisition, malgré un vote de la TDENS « ancien » par rapport aux départements de la Sarthe et de la Mayenne.

Figure 1. Carte des espaces naturels sensibles dans les Pays de la Loire

Cette carte présente les sites ENS des cinq départements de la région des Pays de la Loire. Il est nécessaire de distinguer deux catégories de sites : ceux qui sont propriétés des conseils généraux (en rouge sur la carte) et ceux qui sont gérés, par chaque conseil général (en bleu sur la carte), sur le type des propriétés du conseil général, mais sans que celui- ci en soit pour autant propriétaire.

This map presents the ENS’s sites of five departments in the region of Pays de la Loire. It is necessary to distinguish two categories of sites : those who are properties of the general advice (in red on the map) and those who are identified by each council as ENS (in blue on the map) but without land property.

19 La cartographie proposée illustre également la forte superposition des sites ENS (quelle que soit leur couleur) avec les ZNIEFF5 (aplat vert sur la carte, les ZNIEFF 1 et 2 étant confondues pour faciliter la lecture) et traduit une nette tendance à choisir, depuis quelques années, des espaces naturels par ailleurs reconnus pour leur riche biodiversité. D’ailleurs, les conseils généraux ne s’en cachent pas et si la Vendée souligne l’accumulation de valeurs contribuant au classement en y intégrant notamment la notion de « zone naturelle d’intérêt historique », tous considèrent aujourd’hui l’importance d’une mise en cohérence écologique des espaces naturels protégés :

« Concrètement, si on parle aujourd’hui de trames verte et bleue au niveau national et régional, nous dans notre réflexion sur les ENS, ce sera des éléments qu’on devra prendre en considération, même si instinctivement on le prend déjà en compte autour des rivières (trame bleue) ; la trame verte, c’est un peu moins évident : y’a toute une réflexion à avoir sur les relations entre les ENS mais aussi entre l’ENS, les réserves, les forêts domaniales, etc. » (conseil général 85)

(8)

20 D’ailleurs, la Sarthe et la Mayenne plus récemment impliqués ont dès le départ élaboré leurs listes de sites ENS en s’appuyant sur les dispositifs existants (ZNIEFF, Natura 2000, Réserve naturelle régionale, etc.). La collaboration forte qui existe entre les conseils généraux de ces départements et les associations de protection de la nature (Conservatoire du Patrimoine Naturel Sarthois, CPNS et Mayenne Nature Environnement, MNE, comme nous le verrons par la suite), n’est pas étrangère à cette influence. Cependant, les départements côtiers ne sont aujourd’hui pas en reste et la lecture de leurs dépliants consacrés aux ENS, la consultation de leurs sites internet, les entretiens menés confirment cette tendance, alors que la priorité, à l’origine, était bien, grâce aux acquisitions, de créer une « protection » contre l’urbanisation, notamment sur le littoral :

« Il y a 10-15 ans, il y avait une approche qui était plus touristique. Maintenant on est plus dans une sensibilisation environnementale, naturaliste. Cela se fait progressivement, on sent de plus en plus les élus motivés sur l’approche biodiversité » (conseil général 85) ; « Aujourd’hui, depuis une dizaine d’années, les problématiques environnementales, les espaces naturels sont réaffirmés  : les élus veulent vraiment faire de la protection de paysages, de la nature. En sachant qu’on ne pourra jamais faire de la protection de la nature au sens d’une association » (conseil général 44).

21 Le protocole d’évaluation des ENS dans le Maine-et-Loire illustre pleinement cette évolution (fig. 3) : alors qu’en 1996, date du premier schéma départemental des ENS, les potentialités à caractère socio-économique présentaient un score de 90 points contre 45 pour les critères scientifiques, en 2001, l’indicateur de l’accueil du public (seul critère faisant directement référence à la valeur sociale de la nature) ne compte plus que pour 6 points (sur un total de 40) dans le choix d’un site, soit au même niveau que les services écosystémiques rendus par la nature.

Tableau 2. Protocole d’évaluation des ENS du Maine-et-Loire (1996 et 2001).

Source : conseil général du Maine-et-Loire

Ce tableau illustre la progression des critères écologiques dans l’évaluation des ENS dans le département du Maine- et-Loire.

 This board illustrates the progress of the ecological criteria in the evaluation of the ENS in the department of Maine- et-Loire.

22 On assiste donc, depuis une quinzaine d’années, à une montée en puissance des critères écologiques dans les logiques d’identification du patrimoine naturel des ENS et l’on est progressivement passé d’une préoccupation centrée sur des paysages singuliers, des sites emblématiques (littoraux notamment, mais aussi des parcs et jardins, des lieux de mémoire dans le Maine-et-Loire et en Vendée) à des critères de sélection basés sur les habitats naturels et la biodiversité qu’ils abritent. Les milieux et les espèces annexés dans la directive Habitats

(9)

en particulier servent de référence, contribuant à focaliser l’attention sur certains d’entre eux, jugés emblématiques (par exemple, des pelouses calcaires). La patrimonialisation par le biais des ENS s’effectue donc de plus en plus, et presque exclusivement pour certains départements, à travers des habitats et espèces, évolution qui s’explique aussi en partie par les groupes d’acteurs impliqués.

Des groupes d’acteurs plus ou moins impliqués entraînant un marquage de l’espace différencié

23 Si chaque conseil général se présente généralement comme maître d’ouvrage de sa politique, tous font néanmoins appel à des partenaires afin, d’une part, de légitimer leurs critères de sélection et leur choix de protection et, d’autre part, d’assurer le suivi de la gestion et l’accueil des publics. Parmi les cinq départements des Pays de la Loire, on observe ainsi différentes formes de gouvernance qui ne sont pas sans incidence sur la visibilité des ENS de la région.

24 La Vendée et la Loire-Atlantique disposent de moyens financiers considérables et de services bien pourvus en personnels, autorisant une élaboration et un suivi étroit des différentes étapes de la politique ENS. De l’inventaire des sites à la délimitation des périmètres de préemption, les choix sont réalisés en interne (présence d’un service «  environnement  » voire même, pour le 44, d’une « véritable » section dédiée aux « ENS ») et validés par la commission permanente des élus. Néanmoins, ces deux départements ne disposent pas de régie directe ce qui les oblige à rechercher une concertation auprès des acteurs associatifs et des collectivités pour la gestion de leurs propriétés. Leur rôle est alors assez proche de celui du Conservatoire du littoral (Barthon et al., 2009) dont le patrimoine foncier en Loire- Atlantique est d’ailleurs géré par le département depuis 2005. Les plans de gestion sont élaborés en interne ou par des bureaux d’études ou des associations. Ils sont partagés sur le terrain avec les acteurs locaux, communes, agriculteurs, riverains et associations, bien que ces diverses parties prenantes n’aient pas toujours la même vision du rôle et des objectifs d’un espace protégé. De nos entretiens auprès des services départementaux, il ressort que si les communes ont évolué vers plus d’environnement, les associations gardent de leur côté une vision plus sectorielle où priment les enjeux d’espèces et d’habitats qui ne cohabitent pas toujours très bien avec ceux liés à l’ouverture au public. Aussi le conseil général de Vendée privilégie-t-il l’intégration territoriale de sa politique en déléguant (et finançant) la gestion de ses sites aux collectivités… ce que celui de la Loire-Atlantique a abandonné en 2004, suite au changement de majorité départementale, au profit de la mise en place de comités de gestion partenariale sur les sites emblématiques et à enjeux. Pour autant, ces deux départements gardent la mainmise sur l’aménagement des sites, leur équipement et leur signalétique, et si la Loire-Atlantique s’appuie sur la charte des ENS de l’Assemblée des départements de France (2006), la Vendée a choisi de son côté une charte spécifique privilégiant l’appartenance au département, avant la thématique « naturelle et sensible » de l’espace. Il en résulte un patrimoine totalement approprié par la collectivité départementale, mais dont les objectifs de conservation restent flous, à l’exception des deux réserves, celle biologique de Nalliers- Mouzeil et celle ornithologique des landes de Genusson (Cité de Oiseaux) gérées par le conseil général.

25 Le deuxième ensemble comprend les départements de la Sarthe et de la Mayenne, moins bien dotés d’un point de vue financier (et donc en propriétés ENS) et dans lesquels on observe une forme de délégation de la politique ENS au Conservatoire du Patrimoine Naturel Sarthois (CPNS) et à Mayenne Nature Environnement (MNE). Par leurs compétences naturalistes et leur rôle fédérateur dans ce domaine, ces acteurs associatifs se sont imposés dès la définition des critères de sélection des ENS tout en étant sollicités pour la gestion (réalisation des plans de gestion et suivi des espèces patrimoniales) des sites (acquis ou non) par les départements.

Si l’on peut parler de partenariat fort entre conseil général et associations, il reste cependant plus nuancé pour le volet « accueil du public et équipement », considéré par ces dernières comme secondaire par rapport aux enjeux de préservation : « sur les sites suivis par le CPNS, l’ouverture au public n’est pas un enjeu fort. Ils n’ont pas mis l’accent là-dessus parce que ce sont des scientifiques et que leur intérêt à eux c’est de suivre les espaces et aller dans

(10)

le sens de la préservation… même si après ils organisent une sortie ou deux dans l’année » (conseil général 72). Aussi les deux départements se tournent-ils aujourd’hui vers d’autres acteurs (CPIE6, collectivités et Agence de l’eau) afin d’élargir leur politique aux territoires et accroître leur visibilité auprès du public.

26 Enfin, le Maine-et-Loire représente un cas à part  : dans le cadre de la réalisation de son plan départemental des ENS (2010), ce département a totalement réorienté son approche et ses objectifs en s’appuyant sur un comité de pilotage7 à forte représentation naturaliste pour définir ses priorités en matière de sélection d’ENS et de suivi. Cette démarche, qui privilégie la concertation en amont tout en mettant en avant des critères présentés comme « objectifs », trouve néanmoins ses limites dans la faiblesse des acquisitions. Les modalités de gestion et d’accueil des publics sur les périmètres éligibles semblent donc négociées et instituées au cas par cas, tout en dépendant étroitement de la capacité des acteurs locaux et des partenaires associatifs à s’approprier le dispositif ENS. Plus que la maîtrise des sites et leur gestion, le conseil général se positionne donc comme un accompagnateur de projets en espace sensible, en finançant des actions très diverses et en soutenant des programmes d’actions déjà existants (Natura 2000, actions agro-environnementales...). Il ressort ainsi un manque de lisibilité et de visibilité de l’action départementale que l’on retrouve d’ailleurs sur les sites où aucun élément de marquage et d’identification (au département comme aux ENS) ne paraît (Collectif, 2010).

27 De cette analyse, on retiendra finalement la diversité des formes de gouvernance des ENS (ascendante / descendante ; introduisant des niveaux de participation et une maîtrise foncière du patrimoine naturel très inégale) dont découle en partie le manque de lisibilité globale de cette politique. La visibilité des conseils généraux dans leur capacité à se positionner comme « acteur clé » de la protection des espaces naturels se traduit parallèlement par une appropriation matérielle et symbolique de l’espace très différente selon les départements, mais également selon les sites. Plus largement, le changement de valeurs qui s’est opéré depuis une dizaine d’années, notamment dans le choix des sites à acquérir et/ou à gérer selon les départements, vise à mettre en avant la biodiversité dans ces espaces, dont le décryptage, à une échelle plus fine, permet de mieux saisir le processus de patrimonialisation de la nature en cours.

Un changement de valeur révélateur de nouveaux usages

28 Quelle que soit la nature des sites ou des espaces naturels protégés, leur mise en patrimoine implique un changement de valeur qui dépend étroitement des groupes d’acteurs impliqués, des rapports qu’ils entretiennent vis-à-vis des lieux et des patrimoines identifiés, des intentions qu’ils y projettent, mais aussi des usages de l’espace qu’ils souhaitent (ou non) voir se développer. Ainsi, l’analyse du processus de patrimonialisation et des dispositifs de médiation associés sur deux sites-tests du Maine-et-Loire et de Loire-Atlantique se révèle particulièrement instructive pour comprendre les manières de faire et de transmettre le patrimoine naturel sur des ENS de plus en plus artificialisés.

Les ardoisières de Trélazé (49) : quand la nature se surimpose à l’héritage industriel d’un site minier

29 Localisées dans l’agglomération d’Angers, les Ardoisières de Trélazé représentent un des derniers sites miniers du département. Exploité à ciel ouvert dès le XVe siècle puis extrait au XIXe, le schiste va être à l’origine d’un paysage particulier composé de terrils et de carrières ponctués de cheminées et de chevalements emblématiques de l’activité (fig. 4.4). Près de cinq siècles verront ainsi se succéder les différentes phases d’exploitation au gré de l’évolution des techniques. Puis viendra progressivement le temps de l’abandon et de la reconversion (2000).

Mais alors que les traces et la mémoire ouvrière du site et de la commune de Trélazé laissaient supposer une mise en patrimoine d’un héritage industriel, c’est une tout autre interprétation qui s’est mise en place en quelques années.

30 En effet, acquises par l’agglomération d’Angers en 2002 et gérées par le service « Parc et Jardins » d’Angers Loire Métropole (ALM), les Ardoisières vont tout d’abord être identifiées comme ENS par le département sur des critères historique et paysager. Le schéma de

(11)

recensement et de gestion des ENS de l’Anjou de 1996 évoque «  un site unique pour l’exploitation du schiste ardoisier et pour sa culture industrielle » avec pour enjeux « la gestion du paysage, du patrimoine historique et industriel devant conduire à l’élaboration d’une charte de gestion accompagnée d’une étude de risque et de protection du site ».

31 De 2002 à 2006, les Ardoisières vont donc faire l’objet d’un premier inventaire du patrimoine naturel, suivi d’un plan de reconversion de friche industrielle pour sécuriser le site. La clôture des petits et grands carreaux d’exploitation, accompagnée de la démolition de bâtiments d’exploitation et de chevalements, contribuera d’ailleurs à la forte mobilisation des associations de défense du patrimoine et au processus de patrimonialisation du site et de sa mémoire ouvrière (Veschambre, 2008).

32 Néanmoins, la période 2007-2010 marque un tournant puisque les Ardoisières vont alors faire l’objet de deux études portant sur l’aménagement de la «  Loire à Vélo  » et sur la valorisation du site en parc de loisirs (Boughenou, 2010). Au-delà de la protection et de la valorisation du patrimoine paysager, historique et industriel faisant l’esprit des lieux, ces aménagements doivent désormais répondre à des objectifs de requalification récréative du site : pistes cyclables, sentiers de découverte, points de vue, stationnement, rampe pour accéder aux plans d’eau (ancienne excavation) réservés à l’activité de plongée encadrée… autant d’équipements qui permettent aujourd’hui de relocaliser le site au cœur de l’agglomération tout en y découvrant un patrimoine renouvelé : celui de la friche (non plus industrielle), mais ennoblie par de nouvelles fonctions écologiques et des zones humides associées.

33 Le nouveau plan départemental des ENS de 2010 requalifie d’ailleurs les Ardoisières sur des critères exclusivement naturalistes. La présence de zones humides (aujourd’hui réaménagées – figure 2.3), de pelouses schisteuses, de prairies et d’étangs conjugués à un intérêt faunistique pour les invertébrés lui permet désormais d’assurer la fonction « de corridor avec la vallée de la Loire, jusqu’au cœur de l’agglomération ». Cette évolution des critères d’identification se répercute sur le plan d’interprétation du site qui privilégie les références naturalistes aux dépens de l’héritage industriel, tout en proposant une lecture de son histoire sur le temps long en partant de ses origines post-industrielles. Le plan d’interprétation du site (Atelier Cépage, 2008) débute sur un visuel dont le titre « Avant l’ardoise, il y avait des prés, des vergers, du maraîchage » est sans équivoque : l’exploitation de l’ardoise n’est qu’un épisode de l’histoire du site dont la valorisation patrimoniale, essentiellement technique, ne représente qu’une clé de lecture parmi d’autres. Sur les treize panneaux programmés, plus des deux tiers sont dédiés aux milieux et notamment à la végétation pionnière (figure 2.1) contribuant à modifier l’image du site et progressivement son identité. Si la mémoire ouvrière n’est pas totalement occultée, il reste que la biodiversité et le paysage naturel chaotique et minéral des Ardoisières, issus de leur abandon, sont désormais les patrimoines mis en valeur par la collectivité... dans un parc public périurbain où les usages récréatifs (promenade, jogging, plongée... - figure. 2.2) sont dorénavant analysés à l’aune de leur répercussion sur la nature et où la fréquentation et l’urbanisation sont perçues, par le comité de pilotage ENS, comme des menaces (PDENS, 2010).

(12)

Figure 2. Planche photographique présentant quelques aspects des deux ENS, Les Ardoisières (Maine-et-Loire) et le Marais de Lyarne (Loire-Atlantique).

34 Les dépliants élaborés par les conseils généraux illustrent leur volonté de valoriser les habitats naturels de leurs sites. Cependant, ces espaces sont avant tout des lieux de promenade et sont plus intégrés, par les habitués, comme tels que comme des milieux naturels possédant une biodiversité singulière.

35 Leaflets elaborated by the general advice illustrate that they want to value the natural habitats of their sites. However, these spaces are above all places of walk and are more integrated, by regular pedestrians, as such as natural circles possessing a singular biodiversity.

Le Marais de Lyarne (littoral 44) : préserver la nature, mais aussi les usages sur un site d’origine anthropique

36 Le marais de Lyarne est situé sur la commune des Moutiers-en-Retz, à l’extrémité sud du littoral du département de Loire-Atlantique. Dès le XIe siècle, le site a subi de nombreuses modifications avec la réalisation d’aménagements hydrauliques et la constitution de bassins

(13)

salicoles. L’envasement de la baie de Bourgneuf, mais aussi la concurrence avec d’autres salines plus productives, n’ont pas permis à cette activité de perdurer. L’agriculture a progressivement remplacé la production de sel, au gré des comblements des anciens bassins ; l’ostréiculture a pris la place du sel, contribuant à maintenir un paysage fait de marais et de digues enherbées.

37 Le marais de Lyarne offre une grande diversité de milieux naturels imbriqués les uns dans les autres : anciennes salines, fossés en eau, végétations pionnières de prés salés, dunes, roselières saumâtres. Un cordon dunaire protège les bassins et les prés de la mer.

38 Cet ENS8 illustre bien les paradoxes qui peuvent exister, sur ce type d’espace, entre l’ouverture au public du milieu naturel, qui est une volonté du conseil général (mais aussi de la commune) versus sa préservation, qui passe par la résolution de la dialectique ouverture/fermeture du site (souhait souvent émis par certaines associations conservatrices de protection de la nature). Or le marais de Lyarne est une construction anthropique dont la gestion actuelle dépend encore en partie de la gestion hydraulique du marais et du maintien du cordon dunaire.

39 Intégré au sentier littoral (figures 2.5 et 2.7), l’accès y est libre (bien que délimité) et les équipements plutôt conventionnels pour ce type d’espace naturel protégé : un cheminement a été aménagé (passage entre des ganivelles) à travers le site et un observatoire, installé au niveau de la station d’épuration (comme souvent dans les marais littoraux). Quelques panneaux du conseil général (figure 2.8) donnent des explications sur le marais, mais la médiation la plus importante se fait en période estivale, avec l’arrivée d’étudiants recrutés sur le budget ENS, pour l’animation. L’objectif de la visite guidée qu’ils élaborent n’a pas une visée strictement naturaliste : elle est globale et intègre l’approche historique, l’idée étant d’« arriver à la nature par le lien culturel, historique (constitution du marais) pour arriver au milieu naturel, le marais tel qu’il est aujourd’hui avec quelques espèces à repérer, visibles, qu’on voit sur le marais, la dune. Ce n’est pas une visite de spécialistes » (conseil général 44). La vision globale du site est privilégiée et cherche à sensibiliser le visiteur sur l’origine des marais et les impacts touchant ce type d’espace tel que ceux relatifs à la fréquentation, l’envasement de la baie, etc.

40 Le renouvellement du plan de gestion illustre la volonté du conseil général de travailler dans une démarche partenariale  : la commune, les associations de protection de la nature, les riverains et les usagers du site sont associés à l’élaboration de ce nouveau document dont les objectifs combinent à la fois des enjeux écologique, hydraulique, socio-économique, mais aussi culturel. Si les inventaires faunistiques et floristiques en sont une composante essentielle, l’ouverture au public et ce que cela implique en termes de piétinement, de dégradation relative du milieu naturel est pris en compte, sans pour autant que celle-ci soit remise en question.

L’éducation à l’environnement, au sens général du terme (et pas seulement du point de vue de la nature) est l’axe majeur qui guide le travail mené sur cet ENS dont l’acquisition et l’aménagement ont parallèlement permis de rendre accessible cet espace de transition entre le port du Collet et le quartier balnéaire des Moutiers-en-Retz.

41 Sans être représentatifs de l’ensemble des ENS des départements, ces deux exemples illustrent l’importance du rôle du gestionnaire, de sa perception de la nature à préserver et des usages de l’espace à intégrer dans la gestion et l’accueil des publics. À ce titre, les deux gestionnaires des sites analysés soulignent le rôle social des espaces de nature en ville et sur un littoral de plus en plus urbanisé. Néanmoins, alors que le marais de Lyarne est présenté comme un espace anthropisé dont la richesse écologique et patrimoniale résulte des activités passées et dans une moindre mesure, actuelles, le site des Ardoisières « renaît » aujourd’hui de son activité minière héritée sur des référents quasi exclusifs de biodiversité, issus de sa déprise. Ces deux exemples soulignent l’une des principales ambiguïtés du patrimoine naturel dans son rapport au temps « changeant et mobile » (Micoud, 1995), les enjeux liés à sa préservation et à sa transmission pouvant justifier une réinterprétation des lieux sans toutefois les placer totalement hors de portée du temps.

Conclusion

42 À l’image des départements de France, ceux des Pays de la Loire observent de fortes inégalités dans l’appréhension de la compétence ENS et dans la mise en œuvre des objectifs qui leur sont

(14)

assignés. Si la maîtrise foncière ne constitue pas à elle seule la marque d’une appropriation matérielle du patrimoine, reconnaissons que l’action des départements est d’autant plus marquée et visible dès lors qu’ils disposent de cette assise spatiale. Cette dernière est d’ailleurs à corréler avec des services ENS anciennement structurés dans les départements et, dans lesquels, le droit de préemption, comme la gestion des sites, restent étroitement encadrés par les conseils généraux. Ainsi, les départements littoraux apparaissent plus actifs que les départements intérieurs où la constitution d’un patrimoine repose moins sur une politique d’acquisition que sur la mise en place d’une gouvernance environnementale où acteurs associatifs naturalistes et services « environnement » des territoires sont étroitement associés.

43 Cependant, si les types de gouvernance diffèrent entre les départements (top-down pour les départements littoraux, bottom-up pour les départements intérieurs), la montée en puissance des critères écologiques dans la définition des ENS et dans leur valorisation souligne un trait commun. Alors que l’on pouvait assimiler les ENS à des « géotopes, dont la protection se différencie d’une simple protection de biotope en ce qu’elle concerne aussi la protection des sites culturels et des paysages, envisagés dans leur double dimension naturelle et sociale » (Depraz S., 2004), ils tendent aujourd’hui à calquer leurs objectifs de protection sur ceux relatifs à la biodiversité, établis aux échelles régionale, nationale et européenne.

Dès lors, la spécificité des ENS tend à se diluer dans les autres dispositifs de protection et ce, d’autant plus que l’on y retrouve fréquemment les mêmes acteurs : bureau d’études, associations naturalistes, conservatoires, collectivités locales, etc. pouvant, en fonction de leurs compétences, intervenir à tous les niveaux de la gouvernance environnementale et de la chaîne patrimoniale.

44 La question du rôle du Département dans la mise en œuvre d’une politique patrimoniale d’ENS prend d’ailleurs une connotation particulière dans le contexte actuel de réforme des collectivités territoriales privilégiant une fusion des compétences des départements à la région.

2012 a marqué d’ailleurs la fin de la TDENS en tant que telle, celle-ci devant intégrer une taxe globale d’aménagement associée à la taxe locale d’équipement. Si la politique ENS des départements des Pays de la Loire laisse entrevoir une patrimonialisation inachevée de la nature, son avenir semble aujourd’hui conditionné à la capacité des conseils généraux à appréhender le caractère multi scalaire et multi fonctionnel de la biodiversité sans toutefois mésestimer ses dimensions patrimoniale, sociale et culturelle.

Bibliographie

Assemblée des départements de France, 2004, Synthèse de l’étude des politiques qualitatives des ENS, 15 p. [en ligne]

URL  :  http://terresdeloire.net/paysages/ressources/publications/ideal_ens/Synth_ENS2_finale.doc.

Consulté le 10 septembre 2012

Atelier Cépage, 2008, Aménagement du site des Ardoisières, Angers Loire Métropole, 13 p.

Balland, P., J. Duchamp et M. Prats, 2003, La contribution des départements à la politique de protection des espaces naturels, Inspection générale de l’environnement, Paris, ministère de l’Écologie et du Développement durable, 101 p. [en ligne]

URL : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/034000671/index.shtml. Consulté le 10 septembre 2012

Barthon, C., V. Andreu-Boussut et M. Tsayem-Demaze, 2010, « La gestion de la nature littorale en quête de légitimité ? L’exemple du Conservatoire du littoral sur les rivages guyanais », Actes du colloque international « Espaces protégés, acceptation sociale et conflits environnementaux », 16-18 septembre 2009, Les Cahiers de Géographie, collection Edytem, n° 10, p. 249-263.

Bergel, P., 2005, « Appropriation de l’espace et propriété du sol. L’apport du droit immobilier à une étude en géographie sociale », Norois, PUR, n° 196 (2005/2), p. 17-27.

Boughenou, K., 2010, Présentation des espaces naturels sensibles du Maine-et-Loire : étude du site des Ardoisières de Trélazé, Rapport de stage de Master 2 « éco-ingénierie des zones humides et biodiversité », Université d’Angers, 46 p.

(15)

Collectif, 2005, Outils juridiques pour la protection des espaces naturels, Ed. Medd-Aten. [en ligne]

URL : http://bibliothequeenligne.espaces-naturels.fr/outilsjuridiques/. Consulté le 10 septembre 2012 Collectif, 2010, Les Espaces Naturels Sensibles et l’accueil des publics : évaluation de l’accessibilité et des dispositifs d’accueil des publics dans les ENS du Maine-et-Loire, Projet d’étude appliquée de Master 2 « chef de projet conseil en développement, parcours tourisme et environnement », Université d’Angers, 40 p.

Conseil général du Maine-et-Loire, 1996, Schéma départemental pour le recensement et la gestion des sites naturels majeurs de l’Anjou, Angers, 33 p.

Conseil général du Maine-et-Loire, 2010, Plan départemental des espaces naturels sensibles, Angers, 66 p.

Depraz, S., 2008, Géographie des espaces naturels protégés, Armand Colin, Paris, collection U géographie, 320 p.

Godet, L., 2010, « La « nature ordinaire » dans le monde occidental », L’Espace géographique, 2010/4 Tome 39, p. 295-308.

Grandjean, D., 1995, « Des modes d’action et d’information différents, in Fondements et institution, un patrimoine en commun » ? Actes du colloque "Patrimoine culturel, patrimoine naturel" du 12-13 septembre 1994, Paris, École nationale du patrimoine, la Documentation Française, p. 50-70.

Guichard-Anguis, S. et S. Heritier (coord.), 2009, Le patrimoine naturel, entre culture et ressource, Géographie et Cultures, l’Harmattan, 143 p.

Maris, V., 2010, Philosophie de la biodiversité, Buchet & Chastel, Paris, col. Écologie, 213 p.

Micoud, A., 1995, «  Le bien commun des patrimoines  », Actes du colloque "Patrimoine culturel, patrimoine naturel" du 12-13 septembre 1994, Paris, École nationale du patrimoine, la Documentation Française, p. 25-38.

Prieur, M., 2004, Droit de l’environnement, Dalloz, 5e éd., p. 436-440.

Veschambre V. et F. Ripoll, 2005, « L’appropriation de l’espace comme problématique », Norois, PUR, n° 196 (2005/2), p. 7-15.

Veschambre, V., 2008, Traces et mémoires urbaines, enjeux sociaux de la patrimonialisation et de la destruction, PUR, Rennes, 315 p.

Notes

1 CPER : Contrat de Plan État Région, 2007-2013, volet Sciences Humaines et Sociales, axe 2 intitulé :

« Espaces, environnement et cadre de vie : entre héritages et prospectives. Groupe « Évaluation des Espaces Naturels Sensibles en Pays de la Loire : protection de l’environnement et projet de territoire ».

2 Cette analyse repose sur une série d’entretiens menés auprès des services «  environnement  » des conseils généraux et de quelques gestionnaires de sites clés (9 personnes).

3 Début 2011, 95 départements mènent une politique ENS sur 170 000 hectares acquis et/ou gérés, au sein de plus d’un million d’hectares en zones de préemption.

4 La première acquisition de la Vendée date de 1975, sur les fonds de la Taxe Départementale sur les Espaces Verts.

5 ZNIEFF : Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique.

6 CPIE : Centre permanent d’initiative pour l’environnement.

7 Associations et institutions du comité de pilotage du PDENS 49 : l’Association des maires de Maine- et-Loire, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL), le Parc naturel régional Loire Anjou Touraine, le Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement (CAUE), la Chambre d’agriculture, l’Agence de l’eau Loire Bretagne, la Sauvegarde de l’Anjou, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), le Conservatoire botanique national de Brest (CBN-B), le Centre permanent d’initiatives à l’environnement (CPIE) Loire et Mauges, la Fédération pour la pêche et la protection du milieu aquatique (FPPMA), la Mission bocage, le Conservatoire des rives de la Loire et de ses affluents (CORELA) ainsi que l’association d’études des équilibres naturels (EDEN). À noter que les organismes en italique sont ceux ayant participé au protocole de détermination et hiérarchisation des ENS.

8 Inclus dans la Znieff 2 du marais Breton identifiée pour son patrimoine écologique faunistique et floristique et pour ses intérêts paysager, géomorphologique archéologique, scientifique et pédagogique.

(16)

Pour citer cet article Référence électronique

Céline Barthon, Céline Chadenas, Arnaud de Lajartre et Antoine Pancher, « Valeur, fonction et médiation dans les espaces naturels sensibles : une patrimonialisation inachevée de la nature.

Exemples dans les Pays de la Loire », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Hors-série 16 | juin 2013, mis en ligne le 30 mai 2013, consulté le 01 septembre 2016.

URL : http://vertigo.revues.org/13621 ; DOI : 10.4000/vertigo.13621

À propos des auteurs Céline Barthon

UMR ESO-Angers 6590 CNRS, Université d’Angers. 5 bis Boulevard Lavoisier, F 49 045 ANGERS Cedex, France, courriel : celine.barthon@univ-angers.fr

Céline Chadenas

UMR LETG 6554 CNRS (Géolittomer), Université de Nantes, Campus du Tertre, BP 81227, 44 312 NANTES Cedex 3, France, courriel : celine.chadenas@univ-nantes.fr

Arnaud de Lajartre

Centre J. Bodin – EA 4337 – Université d’Angers. 13 allée François Mitterrand, BP 13633, 49 036 ANGERS Cedex, France, courriel : arnaud.delajartre@univ-angers.fr

Antoine Pancher

UMR ESO-Le Mans 6590 CNRS, Université du Maine. Avenue O. Messiaen 72085 LE MANS Cedex, France, courriel : antoinepancher@gmail.com

Droits d’auteur

Les contenus de VertigO sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.

Résumés

 L’article suivant propose une évaluation des usages du dispositif «  Espaces Naturels Sensibles » (ENS) au sein des cinq départements - Loire-Atlantique (44), Vendée (85), Maine- et-Loire (49), Sartre (72) et Mayenne (53)- de la région Pays de la Loire (France). Partant du constat d’un usage inégal et diversifié de l’outil ENS entre les départements, révélateur des fortes disparités d’appropriation du dispositif, nous mettons en évidence un trait commun dans l’évolution générale des critères de sélection des sites affichés comme ENS : la montée en puissance des critères écologiques dans la définition des sites retenus comme ENS. Cette tendance illustre le passage d’une patrimonialisation d’espaces emblématiques d’un point de vue naturel, paysager, culturel ou historique, à la patrimonialisation de la biodiversité des espaces. L’analyse de deux sites-tests du Maine-et-Loire et de la Loire-Atlantique, et notamment de leurs dispositifs de médiation sera enfin l’occasion, de mettre en évidence un changement de valeur révélateur des nouveaux usages de ces espaces et donc d’affiner la compréhension du processus de patrimonialisation de la nature à l’œuvre.

 The following article proposes an assessment of the use of the «  Espaces Naturels Sensibles  » (Sensitive Natural Areas) or ENS programme within the five

“départements” (counties) of the region “Pays de la Loire”. We started from the observation of an unequal and diversified use of the programme among counties. That disparity reveals large differences in the appropriation of ENS concerning the aims (whether legal or administrative) as well as the stakeholders/users. We were able to put forwards a common feature in the evolution of the criteria for the selection of ENS sites : the growing importance of ecological criteria. This tendency illustrates the drift from identifying emblematic sites – natural, scenic, cultural or historical sites – as heritage to identifying biodiversity in an area as heritage.

(17)

The two tests sites’ analysis (Maine-et-Loire and Loire-Atlantique), and in particular of their mediation mechanisms, will be the opportunity of illustrating this new tendency, but more importantly, of highlighting a relevant change in values for the use of these areas. We will then be able to refine our understanding of how the identification of nature as heritage works.

Entrées d’index

Mots-clés : patrimonialisation, protection de la nature, appropriation, valorisation, Espace naturel sensible

Keywords : patrimonialisation, nature protection, appropriation, valorisation, Sensitive Natural Areas

Lieux d'étude : Europe

Références

Documents relatifs

[57] Cet écart un peu plus faible dans la fonction publique s’explique en particulier par le fait que l’écart de rémunération entre bas et hauts salaires est plus faible

Dans la fonction publique de l’État, le salaire mensuel brut moyen est plus élevé parmi les corps et emplois à la décision du gouvernement (12 084 euros) que parmi les autres

Le dispositif des contrats d’objectifs territoriaux (COT) est apparu parmi les nombreux outillages contractuels accompagnant le double mouvement d’évolution des politiques publiques

Mais toute sa vie elle aspire à un ailleurs mythique et quand, enfin, le docteur, à l’indépendance, propose de lui donner sa maison, elle refuse le cadeau malgré

Considérant que, statuant sur les pourvois formés par les sociétés Les Grands Moulins Storion, Les Grands Moulins de Paris, Les Grands Moulins de Strasbourg, Les Grands Moulins

Concernant les Éditions Didier Richard, la convention pour la réalisation et la publication de cartes touristiques du 26 octobre 1994, n° 6026 signée entre la société Didier Richard

Considérant, en premier lieu, que la Fédération départementale des groupements de défense contre les ennemis des cultures de l’Orne, association de la loi de 1901, à

champs d’expansion des crues et d’assurer la sauvegarde des habitats naturels - Aménager ces espaces pour être ouverts au public, sauf exception justifiée.. par la fragilité du