CONSIDÉRATIONS
SURLES
RÉSULTATS DE LA PARACENTÈSE
DANS LA
PLEURÉSIE PURULENTE
Paris. A. Parent, imprimeur de laFacultédeMédecine, rue
M
r-le-Prince,31.3
CONSIDÉRATIONS
SUR LES RÉSULTATS
DELA
PARACENTÈSE
DANSLA
PLEURÉSIE PURULENTE.
PAR
Le D
rAristide ATTIMONT
INTERNE EN MEDECINE ET EN CHIRURGIE DES HÔPITAUX DE PARIS.
LEFRANÇOIS, LIBRAIRE-EDITEUR
RUE CASIMIR-DELAVIGNE, 9 ET 10, PLACE DE l’ODÉON
1869
' '
:
CONSIDERATIONS
SUR LES RÉSULTATS
DE LA
PARACENTÈSE
DANSLA
PLEURÉSIE PURULENTE.
La
pleurésie estune
des maladies les plusfréquentes del’ap- pareil respiratoire; aussia-t-elle été de touttemps
l’objet denombreux
travaux, et son étude nosographiquelaisse-t-elle au- jourd’huipeu
de chose à désirer.Mais,
parmi
les formes variées qu’elle présente, il en estune
qui solliciteau
plus haut point l’attentiondu médecin
par la difficulté de son diagnostic et l’incertitude de son traitement :c’est lapleurésiepurulente.
Les épanchements
purulents de laplèvre primitifsou
secon- daires sontloin d’ètre rares; etleur guérison spontanéeestun
fait exceptionel. Aussi, frappés des accidents qu’ilsentraînent, laplu- partdes médecins anciensetmodernes
ontcherché àles prévenir parune
intervention active. Ils ont observéque
la guérison spontanée s’opère,non
par larésorptiondu
pus, mais parl’ou- verturedu
foyerau
dehors etl’évacuationdu
liquide qu’il ren- ferme.Imitantdonc
l’œuvredelanature, ilsontcherché àouvra au
pusun
issue facile parune
opération : celle de Yempyème.Toutefois cetteopération aétésuiviesouventd’insuccès; cequi luiavaludetout
temps
des contradicteurs.Nous
n’exposerons pas ici les vicissitudesqu’asubies son his- toire:M.
Sédillot (1) etM.
Trousseau (2) en ontdonné un
ta- bleaucomplet.Nous nous
borneronsàindiqueren quelquesmots
l’étatactucdu
sujet.«Je suispersuadé,avaitdit Laënnec,
que
l’opération de l’em-pyème
deviendrabeaucoup
pluscommune
etplus utile,àmesure
(1)Del'Opérationdel'empyème,2eédition,1841.
(2) Cliniquede l'Hôtel-Dieu,2eédition, 1865, tome I,page 619.
1868.
—
Attimont, l6
que l’usage de l’auscultation médiate se répandra. » (Loc. cit.,
tome
II,page
219).Cependant
quelquesannéesplustard, la discussion soulevée à l’Académie demédecine
parlemémoire
deFaure
(1836), ne fut rienmoins que
décisive.Le
traitement del’empyème
avaitdonné
en effet entre lesmains
deBoyer, de Delpech, deDupuytren,desrésultatspeu fa- vorables, grâce à laméthode
opératoire inaugurée par ces chi- rurgiens, celle desponctions sucessives.En
1841,M.
Sédillot établit, àl’aide denombreuses
observa- tions, lasupérioritédel’ancienneméthode
surcelle deBoyer.Mais
déjàcommençaient
àsevulgariserlesingénieuxprocédés, quipermettent dedonner
issueaux
épanchements,sans craintede l’accès del’airdans lacavitéthoracique.Pour
la plupart des médecins, laprésence del’air était consi- déréecomme
le pointde départ des accidents consécutifsà l’opé- ration.De
plus, l’application heureuse decette découverteau
traite-ment
des pleurésies séreuses (1843),donna
l’espoir de pouvoir l’étendreàceluidesépanchements
purulents.Trousseau, Aran, et ne
nombreux
médecins aveceux,traitèrent dèslors tous lesempyèmes
par cetteméthode,
quilit oublier denouveau
l’aucienne,remise enhonneur
parM.
Sédillot.Notre travaila eu
pour
luit deréunir lesobservationsde pleu- résiespurulentes, traitées parchacune
decesdeux
méthodes.Sans doute,lessuccès sontrelativement
peu communs,
et tou- jourson
répétera,avecChomel
(loc. cit.)que
les reverssontpassés soussilence.Ilsuffit, ce nous semble,
qu’un nombre
considérablede guéri- sons aientétéobtenues,pour
légitimerune
étudeminutieuse des conditions qui ontprésidéà cetteheureuseissue.Nous
avons choisi ladénomination
de paracentèse thoraciquecomme
titre de ce travail. Elle s’appliqueégalement
bienen eifetà
l’empyème proprement
dit etaux
simples ponctions.L’évolution de la maladie modifiéepar le traitement,
nous
a servideguide, cequinous
apermis de traitersuccessivementdes résultats immédiats,puis desrésultats consécutifsde la paracen- tèse.Dans un
troisième chapitre,nous
avons étudié lafistulebron- cho-pleuraleet laphthisiepulmonaire,en
tantque
complications delapleurésie purulente.— Nous
omettons dans cetteétude tout détail sur lemanuel
opératoire,nous
bornant à signaler les procédés qui semblent remplir, delamanière
la plus satisfaisante, les indications de laméthode
adoptée.CHAPITRE PREMIER.
DES RÉSULTATS IMMEDIATS DE L’ÉVACUATION DE L’ÉPANCHEMENT.
Il n’est plus permis aujourd’hui de dire avec Corvisart
que
« l’opération dans le pyotliorax procure
même rarement un soulagement
éphémère, etqu’ellehâte dans tousles cas lamort
desmalades» (1).«Cette opération, disaitHeister, est toujours très-dangereuse, etilestàpeinepossible
que
lesmalades
nemeurent
paspendant
qu’on l’exécuteou immédiatement
après» (2).Ces exagérations, oubliées aujourd’hui, n’en
démontrent
pasmoins
l’utilitéderecourirà l’observationpour
déterminerla série régulière desphénomènes
qui suivent l'écoulement. Cette étude importe d’autant plus qu’elle rendcompte
delavaleuretdela fréquencedes accidents attribuésàl’opérationmême. La
syncope, l’inflammation et la fièvreconsécutive méritent-elles réellement de préoccuperlemédecin
?A
ne considérer que le résultat habituel de l’opération, lepremier fait quifrappe l’attention, c’est la sédation
immédiate
de touslesaccidents fonctionnels préexistants, aussitôt aprèsl’issue d’une quantité,même
relativementminime, du
liquide épanché.D’une manière
générale,deux
conditions nécessitentl’inter- ventionactivedans la pleurésie purulente : tantôtla suffocation est imminente, tantôtune
fièvre hectique, rebelle, se manifeste avec des exacerbations etune marche
qui rappelle celle dela phthisiepulmonaire
avancée; et l’on saitcombien
laconfusion de cesdeux
maladiesa été souventcommise.
Dans
lesdeux
cas, lecalme
suitrapidement
l’opération, la fièvrecède, larespirationdevientlibre et facile, jusqu’àlarepro- ductiondu
liquide,laquelleramène
lesmêmes
accidents.C’est là
un
fait régulier, constant, dirions nous, sinous
en exceptions les observations dans lesquelles, sous l’influence de l’altérationdu
pus, se sont déjà développés les accidents de l’infection putride.(1) Corvisart;loc. cit.,p. 39.
(2) Sédillot; loc.cit.,p.120.
8
I,
i
Mieux
qu’uneappréciation générale, l’analyse des observations suivantes suffiraàmontrer
quels sontles résultats immédiats de l’écoulementdu
pus.Nous
les citons à titre d’exemples; toutes celles qui rendentcompte
desphénomènes
immédiats parlent dans lemême
sens.Obs.
Au
vingt-quatrième jour d’unépanchement,
Delpech retireune
livre etdemie
depus.Ce
jour là, la fièvre est bien moindre, l’oppression cesse ainsique
la toux, le décubitus devient indifférent,—
sommeil. Les lèvres de laponction, uniespardu
diachylon, sont cicatrisées
complètement
le quatrième jour de l’opération : l’oppression réparait, fièvreun peu moins
vive qu’avantlaponction.Une
seconde ponctiondonne du
pus sanguinolenten
abondance;même
résultat,même
sédation de tous les accidents(1).Obs.
Un
enfantde quatre ansetdemi
porte depuis plus d’unmois un épanchement
pleuraldu
côté gauche. Il existe des accidents d’asphyxie;hecticité complète, pouls à150, exacerbation fébrilele soir, sueurs abondantes, dilatation notabledu
côté.La
ponction évacue quelques cuillerées seulement de pus; le liquides’écouleen
bavant aprèsl’issue de la canule; la poitrine se vide encore la nuit.Le lendemain
matin, le bien-être est sensible; nidyspnée, ni cyanose, nilièvre, le côté estvisiblementdiminué
(2).
Obs. 32ans, lathoracentèse
donne deux
litres depus.La
nuitquisuit: toux, oppression, agitation.
L’appareil se défait et laisse écouler
une
grande quantitéde liquide;calme, sommeil.Le
lendemain, amélioration : larespiration estlibre, le poulsmoins
fréquent, régulier,plus développé.Le
surlendemain, laplaie estfermée;même
étatque
la veille.Le
quatrièmejour, seconde opérationsurune tumeur
quis’estdéveloppée au-dessus delaponction.
Mêmes
conséquences (3).Dans
le cas deDelpechetdans cedernier,une
périoderiebien- être succède à laponction; cet état durependant
quatre jours,époque
oii le pus a dilaté denouveau
la cavitépleurale, retenu(1) Uelpech, loc.cil.
(2) MaiTotle; Unionrnèd.,ü° 44, 1852, p.181.
(3) Massiani;loc.cil.
9
qu’il estpar l’occlusion delaplaie.
Dès
lors lesaccidents fébriles et asphyxiquesreparaissent,jusqu’aumoment où une
nouvelle ponction vient rendrelacirculation et la respiration à leur type normal.Il est rare,
nous
le verrons,que
la sédationdes accidents se prolonge après lequinzième jour de l’opération, suiviedecicatri- sation del’ouverture.Obs.
Un homme
de 25 à 30 ans est atteint, depuisplusieurs semaines, d’une pleurésie droite.La
respiration estcourte, sac- cadée; le pouls petit, déprimé, très-fréquent, la face bouffie, les lèvres cyanosées;maigreur
extrême, faiblesse excessive;aucun mouvement
ne lui est possible; espaces intercostaux soulevés, très élargis.Ponction : troislitresde pus assez
mal
lié,grumeleux.
Quintes detoux àla suite,pendant
plus d’une demi-heure.Sonde
élasti-que
laissée àdemeure
et bouchée.Quelques heures après, bien-être
marqué;
la journée et la nuitsont très-bonnes relativementaux
précédentes ; lesphéno- mènes généraux
s’amendent sensiblement.Le lendemain
matin, le litestinondé depus
échappéentre la sonde et la plaie.Pendant
quatre jours, toutvabien; l’écoulementdu
pus s’est faitsans difficulté; mais alors il y a arrêt complet de l’écoule-ment;
la fièvre reparaît, lemalade
estmoins
bien.La
sonde obstruée estdébouchée;on commence
àfaire des in- jections; pasd’accidents à partir dece
moment
(1).Obs.
Au
septièmemois
d’une pleurésie, lemalade
est pris de suffocation : orthopnée, insomnie, face bouffie, terreuse;l’appétit estconservé.
Une tumeur
fluctuante semontre
sousles fausses côtes.Qn
pratiquel’empyème
en passantune
sonde avecune
aiguille àséton : issuede sept livres de sérosité inodore, semblable àdu
petit-lait
.
Le soulagement
est très-marqué, respirationfacile; lemalade
se couchesur le côté sain.
Le
soir, lacanulelaisséeàdemeure
est ouverte; quatrelivres deliquide.v
1) Boinet; loc. cit.
/>
La
nuit est tranquille,une
quinte seulement... (1).Obs ...
Reybard
retire par la ponction quatre litres deliquide trouble, semblable àdu
petit-lait,cliezun
jeunehomme
dei7 ans,malade
depuisdeux
mois etdemi.Pour
vidercomplètement
laplèvre, il fait incliner lemalade du
côtéde l’épanchement.Un
bien-être considérable succède à l’oppressionetaux
acci- dentsde l’asphyxie; les forces seraniment pendant
l’opération.Sommeil
decinq à six heuresla nuit; transpiration légère.11ne reste quelatoux, qui cèdeau
bout dedeux ou
troisjours... (2).Cette observation contient
un
détailque
l’on retrouve dansun
certain
nombre
d’autres, et qui soulèveune
question controversée parles auteurs :nous
voulons parler de l’effort tentépour
éva- cuerla totalitéou au moins
la plusgrande
partie de l’épanche-ment.
Préoccupés de l’idée dela syncope, des médecins ont formulé
le préceptede ne
donner
issuequ’àune
portiondu
liquide. «Ceux
qui ont de l’eau
ou du
pus dans la poitrinesuccombent
lorsque l’on évacue à la fois tout le liquide par l’incisionou
par le feu (3). »Skoda
insiste fortement sur ce précepte; ilrecommande en
outrede nelaisser écouler le liquideque
lentementet avecbeau- coup de prudence. « Ilfaut éviterque
la compressiondu cœur
et des gros vaisseauxne
cessebrusquement
etque
les conditionsmécaniques
delacirculationne soient ainsitrop rapidementmo-
difiées.
De
plus, l’activité circulatoire qui se produit aussitôt l’afflux desang
dans les alvéoles, suffit à produireune
con- gestion, etmême une pneumonie;
enfin, si les faussesmem-
branes qui recouvrent le
poumon
sont encorepeu
résistantes, elles serompent
parplaces, l’exsudâts’infiltre desang, etilpeut enrésulterune
nouvelle pleurésie. »M.
Sédillot semontre
partisan delamême
opinion(4).Nous
venons devoirlapratique de Reybard, quiest complète-ment
en opposition avecles conclusions précédentes.Dans
ses(1) Valleix
;Arch.gén., 1839;3e sépie,t.V,p. 80.
(2) Reybard; loc.cit.
(3) Hippoc.
;liv.vi, n° 27. Aphorismes,
(4
) Sédillot;ioc. cit,,p. 143,
leçons sur la thoracentèse,
M. Moutard-Martin recommande
égalementd’enlever laplusgrande
quantité possibledu
liquide purulent (1).En
résumé,deux
questionsse posentici,d’unepart celle de la syncope, d’autre partcelle de l’utilité de l’évacuation totaledu
liquide
comparativement aux
dangersque
peut présenter cettemanière
d’agir.Disons tout d’abord
que nous
n’avons rencontré dans nos observationsaucun
casoù
la syncope aitjouéun
rôleimportant;elle est signalée dans
un
très-petitnombre
d’entre elles,mais
sansjamaisavoir entraînéde suitesfâcheuses, et rienn’indiqueque
la déplétion subitedela poitrineen
aitété la seule cause.On
saitqu’iln’enestpasdemême
danslesépanchements
séreux, surtout récents.Le
déplissementpulmonaire
seproduit alorsli-brement, sans entraveset sans subirde ralentissement de la part des fausses
membranes. —
C’estpour
obvier à cette syncope etaux
accèsdetouxsicommuns
et quelquefoistrès-pénibles, qui ac-compagnent
l’écoulementdu
liquide,que mon
excellent maîtreM.
Blachez a proposé de substituerau
trocartordinaireun
tro-cart capillaire(2). Cette simple modification
met complètement
à l'abridecescomplications, et serait applicableaux épanchements
purulents récents, qui laissent espérerque
lepoumon
est encore dilatable.—
C’esticilelieuderappelerun
principe d’unegrande
importance pratique : celui de toujours attaquerune
pleurésie avecla pensée qu’elle est séreuse. L’oubli de cette pratique aamené
de fâcheuses méprises,témoin
l’incisionque
pratiquaM. Trousseau
dansun épanchement complètement
séreux.—
Rien
n’estplus difficileen
elfetque
lediagnostic dela naturedu
liquide, avant l’opération.
Quant
à l’utilité de l’évacuationtotaledu
pus, l’observation etle raisonnementsont d’accordpour démontrer que
ce n’est là qu’une question accessoire.Dans
les casoù
les injections lancées enabondance
dans la cavité pseudo-pleurale ont lavé ses parois et enlevé tout le liquide,aucune
des craintesma-
nifestées par
Skoda ne
s’estréalisée, etil estpermis d’avancer(1) Moutard-Martin;loc.cit.,p. 17.
(2) Blachez; Bull,delaSoc.mèd.deshôpitaux,octobre 1868.
12
qu’en cequiconcerne les
épanchements
purulents, cesidées théo- riques nesont pasvérifiées parles faits.Plustard, en pénétrant dansl’étude denosobservations,
nous
verronsque
l’essentiel n’est point de vider la cavité pleurale d’une manièrecomplète, mais bien de pourvoir àl’issue libredu
pus, dès qu’ilseforme
denouveau.Cherchât-on
du
restepar toutessortes demoyens
cettevacuité absoluedu
kyste, il semble difficileque
le but puisse être réalisé.La
reproductiondu
liquide ne se fait pas attendre,comme
leprouve son
abondance aux
premierspansements
qui suivent l’opération.Souvent
le pusse faitjourparla plaie directement,si ellea étéfermée, sinon, entrelaplaie et la canule
ou
le tube.C’est là
un
des dangers -immédiats de l’ouverture thoracique: il n’est pas rare, en effet, d’observer l’infiltrationdu
pus sous les téguments, etmême
à distance; des fuséespurulentes éten- dues en ont été parfoislasuite(1).Quelquefois aussi de
l’emphysème
a été observéau
niveau de la plaie, sans dépasser d’ailleursdebeaucoup
ses limites.Si, dans quelques cas, les chosesseprésententavec
une
appa- rencedifférenteau
début,très-ordinairementc’estdansun
écoule-ment
insuffisantdu
liquidequ’ilimporte d’en chercher la cause, soitque
l’on aitaffaireàune
pleurésiearéolaire, soitque
des flo-cons
pseudo-membraneux
soientvenus
]obturer [l’ouverture, soit enfin
que
lacrainteou
l’imminence d’une syncope aientconduitle
médecin
àarrêterlui-même
l’écoulement. C’est ainsique,dansle cas suivant, l’évacuationne produisit]les résultats qu’en se complétant.
!0fe...l3ans et demi, l’épanchement date de
deux
mois...Le
poinçon retiré, le pussort enarcade,une menace
de syncope force à arrêter l’écoulement.La
journée et lanuitdel’opération, l’enfant se plaint de douleurs versla plaie; il éprouvedu
reste lemême
état de faiblesse qu’avant l’opération, bien qu’il soit sorti, la veille,au moins une
pinte de pus.Au pansement du
lendemain, sortie, « avecune
force éton- nante,» deplusdedeux
pintesde matière purulente. L’airpénètre facilement, le lit est inondé de liquidependant
vingt-quatre heures encore..1) Lncazt'-Dnlliiers.
L’enfant éprouve alors
un soulagement marqué
; leventre qui étaitdur
etsaillants’estaffaissé, et lasaillieformée parlesvraies côtes<ne se laisse plus apercevoir.Loin
d’être affaibli, lemalade
paraît avoirrecouvré ses forces;son pouls
prend du développement
et dela souplesse,lesommeil
a lieuavecune
tranquillitéinconnue
depuislongtemps
; le décu- bitus estdevenu
indifférent, l’appétitrenaît (1).Signalons en passant la tension
énorme qu’annonce
ce jet énergiquedu
liquideau moment
del’ouverture.Nous
n’ajouterons pas de nouvellespreuvesaux
précédentes:c’est
un
faitbien établique
l’absencede réaction plilegmasique est larègle, dans lespremiersjours qui suivent l’opération.Ilestjustecependant de signalerl’influence des injectionsirri- tantes faitesàlasuitede l'opération. Ellesdéveloppent habituel- lement des
phénomènes
fébriles et inflammatoires, nullement imputablesaux
suites naturellesde l’ouverturede l’épanchement purulent. L’intensité de cette réactiondépend
surtout,nous
leverronsplusloin, deladurée d’actiondel’injection surlesparois
du
kyste.Dans
lesépanchements
traitésparM.
Aran, lateinture d’iode était laisséedans
la poitrine.Ce médecin
l’employait de plus assez concentrée (près de moitiédu
liquide): il se produit dans cesconditionsune
véritable action caustiquesurune
vaste surface suppurante, etenmême temps une
légère intoxication iodique.En
dehors decettecause, les quelquesexceptions qu’on a rap- portées serencontrentaussibiendans les casoù
l’occlusion a été faiteque
dans ceuxoù
elle a éténégligée. Elles tiennent àun
débutd’infection putride, souventantérieure à l’opération.übs.
Un homme
de40
ans qui, cinqmois
avant, avait subi la thoracentèsepour un épanchement
aigu séreux, rentre chezM.
Malice,avecun
nouvelépanchement
quis’accompagnedefièvre, de sueurs abondantes, d’amaigrissementet teintesubictérique.La
ponctiondonne
issueàprèsde2litresde pusverdâtre,mal
lié.Lavage
àl’eau tiède.Le
soir,emphysème
toutautour de laponc-tion etdanstoute laparoi postérieure dela poitrine; poulsà 140, large, fort, vibrant, frissons répétés,
pommettes
rouges, réaction vive.(1) Prête,ni;/oc.cit.
Le
lendemain,!, a réactionfébrilediminue
;l’emphysème
dispa- raît authorax,mais
envahitle cou.Le
quatrième jour, le liquide était reproduit; la fièvre re- paraît.Trois semaines après cette ponction,
une
secondedonne
issue à plusieurs verres deliquide purulent, épais,comme
mélicérique, répandantune
odeur infecte.Sonde
àdemeure
; toniques.— Le
lendemain,ladyspnée était prononcée.Lesjours suivants, lafièvre persiste etdevient très-intense, sur- toutvers le soir; le pus
répand une
odeur d’œufspourris (1).Dans un
casdu même
genre, rapporté par Reybard, les acci- dents toxiques de l’infection putride étaient déjà assez avancés,quand
futfaite l’opération (2).Qbs, Il s’agit d’un
homme
de 40 ans, atteint d’une pleurésie traumatique.
L’épancliementouvert,
au
lieu d’élection,donna
2litresetdemi
de sang corrompu,extrêmement
fétide, couleur lie devin épais, mêlé à quelqueshuiles degaz.—
Injectiond’eautiède; canule à demeure.Aucun changement
ne se produisit, la fièvremême augmenta
;le lendemain, très-grande prostration.
Le
troisième jour,mêmes symptômes
: la toux est plus fré- quente.Pendant
tout cetemps
lemalade
délire.Cesaccidents continuent jusqu’au sixième jour, puisle délire cesse, l’état général est
moins mauvais
, la fièvretombe du
huitièmeau
dixièmejour.Dès
cemoment,
lepus s’échappefaci- lementet la convalescencecommence.
Un
faitanalogue,où
lesaccidents furent cependantetmoins
ac- cusés etmoins
prolongés à la suite de l’empyème, est rapporté parValentin; il s’agissaitégalement d’une pleurésietraumatique.Ilseraitinjuste de mettresur le
compte
del’opération des phé-nomènes
consécutifs qui appartiennent àune
complication.Dans
les cascités, déjàles accidentsde l’infection putrideexistaient,
ou
bien de l’airpénétra dans la cavité et contribua, par son con- tact avecune
collectionpurulentenon
renouvelée,à produire cette complication.
(1) Lagrange;Th.,loccit..
(2) Reybard; Gaz. méd.,23 janvier 1841.
15
—
L’époque récentedelamaladie modifie-t-elle les suites
immé-
diates de laparacentèse?
C’est
un
préceptedonné
partousles auteurs d’attendrepour
opérerque
la période aiguë soitpassée, saufurgence.La
période desédation, c’est-à-dire l’intervalleplusou moins
prolongéqui sépare lesaccidentsdelasécrétiondu
liquide deceux qui vont résulterde la présencedu
pus, constitue lemoment
le plus favorablepour
agir.Malheureusement,
le diagnostic de lapurulenceàcemoment
est
extrêmement
difficile,aucun ensemble
desymptômes
ne per-met
del’affirmer;on
peut avancerqu’il n’estpossible qu’àl’aide d’une ponction exploratrice.Deux
considérations cependantde- vront laissersoupçonner
la nature purulente de l’épanchement :d’unepart,l’ahsencederésorptionchez
un malade
jeune; etd’autre part, l’étiologiedelapleurésie.On
saiten
effetcombien
fréquentes sont les pleurésies purulentes causées parles fièvreséruptives,; les fièvres graves etl’état puerpéral.
Les casne sont pas rares cependant
où
lathoracentèse adû
être pratiquée d’urgence
pour
desépanchements
dedate récente.Le
plussouventalors, leliquideestséreux, toutau
plusprésente- t-ildans certains casune
teintelouche, opalescente. Cette circon- stance,^— M. Moutard-Martin
a insisté sur ce point,—
ne doitpasen
imposer et faire àimputer à la thoracentèse l’état purulentdu
liquide que vontdonner
denouvellesponctions : ce n’estpasune
transformation de l’épanchement qui a eulieu dans ces cas; l’évolution de la maladie était seulement incomplète à la pre- mièreponction, et s’estachevée dansl’intervalle quila sépare dela seconde.
Suivantcertains auteurs, il n’y a pas, à
proprement
parler, de(
pleurésie purulente d’emblée.
«Les cellules
du
pus naissentaux
dépens des éléments de la plèvre(cellules épithéliales et conjonctives), etmalgré
larapidité fabuleuse de leur développement, il doit sepasser quelquetemps
(six à huitjours), avant
que
la cavité pleuralesoit remplie de pusfranc, tandis qu’unépanchement
séreux a besoindebeaucoup
moins
detemps pour
seproduire.u
On
peutdonc
admettre que jamaisl’exsudât pleurétiquen’estfranchement
purulent d’emblée; mais quepeu
àpeu
les éléments celluleux quis’yadjoignent luidonnent une
teintelouche, puis16
opaline, puis lactescente;
que
sa consistanceen
estaugmentée,etqu’ainsi se
forme l’empyème.
«
Néanmoins
cette modification complète n’est, pas constante ; latranssudation liquide séro-fibrineuse peutaugmenter
en pro- portion suffisantepour
que,malgré
l’adjonction de cellules de pus, le liquide ne présentependant un temps
fort longaucune
modification (1).»L’épanchement
après l’opération peut se reproduire surtout dans ces cas depleurésie récente, avecune
rapidité excessive; sonabondance
amême pu
entraînerdes accidents immédiats mortels d’asphyxie. (Lacaze-Duthiers, Blumenthal,page
8-L)Dans
le cas de Malle(2) lamort
survint la nuit de l’opération;il
y
avait6 litres deliquidenouvellement épanché.Un
fait analogue demort
dans lesvingt-quatreheures, parre- production rapide etexcessive de l’épanchement, est citédans la thèse deM.
Verliac(3).Les pleurésies purulentes, dans lesquelles ce
danger
est à redouter, sont cellesoù
le kyste pseudo-pleural est encoredépourvu
de résistance. 11 n’offre pas alors,comme
il offrira plustard,une
force suffisantepour
limiterlapressiondu
liquide sur les organes voisins; en outre, la sécrétion est plus active, alors que l’organisation des parois, incomplète encore, esten
voie des’opérer. Ilrésulte qu’une pleurésie encore récente ex- posera plus à cet accident qu’une pleurésie ancienne, et cela d’autant plus que les accidentsplilegmasiquesexisterontencoreàun
hautdegré, lorsdelàponction.En
résumé,il ressortdenotre étude,que
la crainte d’accidents graves, à la suite de l’opération, n’estpasjustifiée parles faits.De
là découlecette conclusion importante: lemédecin
doit tou- jours avoir recours à l’opération, si elle semble susceptible d’apportermême un
simplesoulagement au
malade.(1) Th.Billroth; art.Thoracentèse,p.149-139;3evol.,2epartie, lreliv.,1865.
Nous devons la traduction de ce passage à notre excellent collègue et ami, M.Berger.
(2) Malle; Bull,del’Acad.roy. deméd., p.415, 13mars 1837.
(3) Verliac; foc.cit.,p. 100.
17
CHAPITRE IL
DES RÉSULTATS CONSÉCUTIFS DE L’ÉVACUATION
DU
PUS.Nous
avons déjàremarqué
que,parmi
les médecins, les uns cherchaientl’occlusion delaplaie faite àlapoitrine, les autres la maintenaientbéante, aveclibreécoulement du
pus.Lesrésultats de ces
deux modes
de traitement sont assez diffé- rentspour
mériterd’ètre étudiésséparément,en deux
articles.Article Itr.
Résultats consécutifs des'ponctions simpleset desponctionssuccessives.
Il existe
un nombre
de cas, très-limitédu
reste,où une
seule ponction apu
suffire à la guérison; etmême
quelquesmé-
decins se sont bornés
méthodiquement
àune
ponction simple et unique, recherchant ainsiune
oblitération rapide, très-excep- tionnelleen réalité. Enfin, et ce fait est plus fréquent, il arrive qu’àla suite d’une seuleponction, il s’établitune
fistule d’em- blée;ou
bien la plaie se referme, et à la placemême
qu’elle occupe,ou aux
environs de la cicatrice, seforme une tumeur
quis’ouvrespontanément
etdonne
également lieu àun
trajetfistuleux; sinon, denouvellesponctions sont nécessaires.
Quoi
qu’ilen
soit,lebutessentiel delaméthode
estdefavoriser la diminution graduelle de la cavité purulente, tout en per- mettant au liquideépanché
de se modifier, de devenir deplus enplus séreux, demoins
enmoins
purulent.« Si, après
une
premièreponction, ditM. Moutard-Martin
(1),vous retirez la canule,
en abandonnant
la cavitéà elle-même,(1) Loc.cit.,p.8.
18
souventcelle-ci se rétrécit, il se fait des adhérences, l’épanche-
ment
qui se reproduit estmoins
considérableque
le premier.La
seconde ponctiondonne
des résultatsanalogues, etainsi de suite.Enfin, il s’établit
une
fistule sinueuse permettant bienla sortiedu
pus, mais s’opposant à l’entrée de l’air, et, aprèsun temps
plusou moins
long, laguérison peuts’opérer...L’empyème,
lui,met au
contact del’airune
surface assezcon- sidérable etsuppurante; ils’ensuit desphénomènes
deputridité, d’altérationdu
pus, la fétidité semanifesteau
bout de quelques jours,malgré
lesinjections détersives, et, le plussouvent, la ter-minaisonest funeste.»
Ainsi comprise, cette doctrine devaitfaire ouliber
l’empyème
:les résultats
que
la canule deReybard
avait procurés dans lesépanchements
séreux, portaient tout naturellement à généraliser son emploi à touslesépanchements
dela poitrine.C’estaujourd’hui la
méthode
la plus suiviepour
les épanche-ments
purulents.Trousseau,Aran,
Legroux,Landouzy, M. Mou-
tard-Martin, l’ont acceptée et développée (1).
M.
Siredey, plusrécemment,
dansun remarquable
travail, s’enmontre
aussi par- tisan(2).«
La
thoracentèse,ditM.
Siredey, doit seule être faite, à cause de l’entrée del’air; ici, en effet, elleestplus à redouter
que
ja- mais; car elle peut convertirun épanchement
purulent simple enépanchement
putride. »Cette seule considération suffirait
donc
à exclurel’empyème?
«
Par
des ponctions successives,on
arrivera peut-être à dimi- nuerlapurulenceetàtransformerl’épanchementen épanchement
séreux. »L’observationjustifie-t-elle cespropositions? Quels résultats a donnéscette
méthode
?Si la plaie est fermée et reste telle, il peut se produiredes effets différents, susceptibles de se diviser en trois catégories.
(1) Lire le rapport de M. Marrotte, à laSoc. méd. des hôp. Bull, de cette SociétéetArch., 1854, t.I, p.451.
(2) Arch.gèn.de méd., 1864,t.II, p.276
A
.La
guérisonen
est la conséquence rapide. B.De
nouvelles éliminationsdepus vont devenir nécessaires. C. 11 persisteune
fistule.
A. La
guérisonsuitrapidement laponction.Nous
avons recueilli seulement quelques exemples de cette heureuse terminaison dans lesnombreuses
observationsque nous
avons mises àcontribution.Obs.
Le malade
deM. Aran
avait24
ans, et, circonstance remarquable, lapleurésie dataitde quinzeà dix-huit mois. Elle étaitsurvenueau
déclin d’une scarlatine.La
thoracenthèsedonna deux
litres de pusbien lié, et futsui- vied’uneinjection iodée, qu’on laissaentièrement danslacavité.L’opération fut
rendue
douloureuse par des quintes de toux répétées.A
la suite, quelquessymptômes
d'iodisme.Immédiatement
après Fopération, lecœur
revient à saplace, lefoie et laratedemême;
larespiration s’entendpartoutdu
côtémalade, maisfaible etmêlée
à des râles crépitants.Le
soir, ily
eutun peu
de frisson avec moiteur; la nuit fut bonne.Le
lendemain, lepouls est large, la face animée, appétit; res- piration parfaitementlibre.Pas
de reproductiondu
liquide. Guérison radicale,avecrétrac- tion très-notabledece côtédelà
poitrine (1).Deux
casdecetteheureuseetrapide terminaison sontrapportés parM.
Marcowitz.Dans
le premier, c’estun
sujetde30 ans dont l’épanchement, situéà droite, remontait à vingtjours.La
thoracentèse fait écoulerdeux
litresde sérositépurulente.La
guérisonétaitcomplète quinze jours après(2).Le
secondcas atraitàune
pleurésie survenue chezun
enfantde de 4 ans etdemi.L’épanchement
date dedeux mois
et siège à droite.(1) Ai'an; Bull,dethèrap., 1853.
(2) Marcowitz; loc, citeobs.15.
La
thoracentèsedonne un
litredepus.Les jours suivants, l’é-panchement
parut augmenter,puisily
eut résorption rapide, la guérisonse maintint.L’observation suivante
montre
la guérisonobtenue aprèsdeux
ponctions(1).Obs.
M.
Matice pratique lathoracentèse chezun
pleurétique,malade
depuis 4mois
: issue d’un verre de pusverdâtre.Un mois
plustard,lareproductiondu
liquide exigeune
seconde thoracen- tèse. Injection d’eautièdedans lacavité pleurale.«
Un peu
de liquide se reproduisit,mais
l’amélioration fut rapide.»
Plus d’un
an
après, cemalade
ne conserve qu’un rétrécis-sement du
côtégauche
; lemurmure
respiratoire s’y entend bienmalgré une
résonnance thoraciqueun peu moindre que
del’autre> côté (2).
A
ces cas,nous
en ajouteronsun
tout récent, encore inédit, qui appartient àM.
Marrotte : la guérison survint aussi aprèsune
seuleponction.Ces faits, lesseuls
que nous
connaissions, rappellentlesbeaux
résultatsobtenusdansles
épanchements
séreux;leur raretémême
indique qu’on ne saurait cependant fondersurcette hase d’ob- servation
une méthode
thérapeutiquegénérale, surtoutquand on
se reporte
aux
faits sansnombre où
les choses se sont passées tout autrement.Il est à
remarquer au
surplus,que
dansplusieurs deces cas, l’épanchementétaitséro-purulent, et, que,saufle faitdeM.Aran,
lesplourésies étaientdedate assez récente.
Une
autre considération fournie par l’ensemble de ces quel- ques faits, c’est que, à partun
seul,où
la thoracentèse fut faitedeux
fois, tous les autres guérirent aprèsune
ponction unique.M.
Beau, dans ses cliniques, avançait qu’une collection puru- lente, qui avait récidivé aprèsune
première thoracentèse, récidi- vait fatalement aprèsune
seconde. Cette opinion,on
le voit, serapprochaitbeaucoup
de la vérité.
(1) Marcowitz;loc.cü., obs.18.
(2) DeManny;Thèsede Paris, 1867,p.75.
21
B. —
DE NOUVELLES ÉLIMINATIONS DE PUSDEVIENNENT
NÉCESSAIRES.A
côté de ces résultats exceptionnels, obtenus parune
seule ponction, quellessontles conséquences ordinaires des ponctions suivies d’occlusionde laplaie ?Les guérisons sans fistule doivent être rares, puisque
nous
n’enavonspu
découvrirqu’un
seulexemple
(1).Obs.
La
maladie dataitd’un an,le sujet étaitâgé de 34 ans.Les sixpremièresthoracentèsesdonnèrent issue àdu
liquide séreux, puisil devintpurulent.La
guérison fut obtenue après quinze ponctions, faitesdans l’espaced’unan au
moins. Sixmois
après ladernière ponction, le résultat s’étaitmaintenu.Très-habituellement, l’épanchementsereproduitindéfiniment.
Le soulagement du
premiermoment
estplusou moins
durable;iloscille dans des limitesassezétendues.
On
peut, sansêtre taxé d’exagération, fixer sonmaximum
de durée à quinze jours, a partquelquescasdontnous
parlerons.En
revanche assezsouventau
bout detrente-sixheures, vingt-quatreheures, parfoismoins
encore, l’améliorationest déjàcompromise.
S’il fallait indiquer lamoyenne
la pluscommune,
il seraitpermis d’avancer que,lequatrièmejour,l’oppressionet lesaccidentsfébrilesreparaissent.
Ce
taitn’acertesriendesurprenant, sil’on réfléchit, d’un côté,au
videthoraciquequi, danslaplupartdescas,ne
peutsecombler, puisquelepoumon
refouléreste fixé parles faussesmembranes,
et
que
lesparois résistent detout côté; sil’on considère, d’autre part, l’affluxdu sang
qui doitproduireune
sécrétionabondante
àla surfacedes parois.Pour
mettreplus d’ordre dans cetteétude,nous
allons séparer des autresles casoù
la ponctionn’aété faite qu’unefois,deux au
plus, le
médecin
ayantlaisséensuite la maladie suivre samarche
naturelle, assez souvent par l’obstination
du malade
àrefuserune
nouvelleopération.(1) Hughes; Arm.,1848, t.III,p.479.
1868.
—
Attimont.22
Obs.
Sur un
enfant de 2 ans etdemi, chezlequel l’asphyxie est imminente, il sort par la canule420 grammes
deliquide séro- purulent. Dix minutesaprès, l’amélioration estsensible, l’anxiété etla suffocation ontcessé (50respir.;132 puis.;)Pendant
quatrejours, lemieux
continue, les respirationstom- bent à44 par minute, lepouls à120; l’état général est satisfai- sant.Le
sixièmejour,mauvaise humeur,
agitation, respiration plus anxieuse, lamatitéaremonté.Mort
leneuvième
jourdel’opération.L’autopsiemontre
300gr.deliquidedans laplèvre (1).
Obs.
Une femme
de 23 ans, chezlaquelleune
pleurésiepuer- pérale étaitdevenue
chronique, présente des accidentsde suffoca- tion : oppression très -vive, pouls filiforme, côtégauche
de la poitrineinfiltré, etc.La
ponctiondonne un
pus épais, visqueux, verdâtre, d’une grandefétidité :soulagement
à la suite.La
suffocation semontre
denouveau
quelques joursaprès, et nécessiteune
secondeponction, faite aveclesmêmes
résultats.Un
mois après,mort
dans lemarasme
leplus complet.A
l’autopsie, lacavitépleuralegauche
estremplie depusépais; onne
trouvenulle partdetubercules (2).Cette observation
nous
fournit l’occasion d’insister surdeux
points.
Le
pusétait fétide avantque
l’onpût enaccuserl’influence del’air.Ce phénomène
quin’estpasrare danslescollectionspleu- ralespurulentesnon
ouvertes, et sansfistule bronchique, relève delapathologie générale des abcèsplacésau
voisinage desorganes contenant desfluides gazeux,desorganesrespiratoiresetabdomi-
naux. Aussile voit-onse produiredans descollectionspurulentes des paroisdelapoitrine sans relationavec laplèvre,comme nous
avonspu
l’observer dernièrement encore dans le service denotrehonoré
maître,M.
leprofesseur Laugier.Ce
faitestimportanten clinique, et spécialement dans le cas quinous
occupe.M.
Le-(1) Archambault;Ardu, 1833,t.II,p. 102.
(2) Cruveilhier
;loc.cit.
23
—
plat (1)a réuni
un
certainnombre
d’observationsoù
des collec- tions depus se sontformées dansles parois thoraciquespendant
le cours delapleurésie, sans
communication
avec la plèvre.De-
puislongtemps M.
Cruveilhier etd’autres avaient signalé cefait, et l’onconçoitla possibilitéd’une erreur, surtout si la fétiditédu
liquide vient encoreappuyer
l’idée d’unecommunication
avec la plèvre.Cette altération
du
pus d’embléeen
quelque sorte, est bienmoins commune cependant
qu’àlasuited’une première ponction,même
pratiquéeavectousles soins possiblespour empêcher
lapé- nétration de l’air.Une
autreremarque
à propos de cettedernière observation :il n’y avait pas de tubercules.
La
questiondes tubercules dans lapleurésiepurulenteestassez importantepour que nous
la trai- tions d’une façon spéciale dans le cours de cette étude :nous y
reviendrons plus bas. Disons paranticipationque
leur fréquencecomme
causeou
complication de cette maladie, parait avoir été exagérée.A
ce propos, ilnous
aparu
ressortirde nos observationsun
fait clinique assez généralpour
fixerl’attention : c’estlaconservation del’appétit,même
dans les dernièrespériodesde lamaladie. Cela n’a rien de surprenantpuisque,une
foislapoussée inflammatoiredu
débutpassée,lamaladie estdevenue purement
locale.M.
Bar- thez insiste sur cepointà proposdu
diagnostic, souventindécis, de la phthisiepulmonaire
et de la pleurésie purulente, à lapé- riode d’hecticité.Dans
la phthisie, dit cetéminent
clinicien,on
voit les petits
malades
engloutir des quantités considérablesd’a- liments, sansque
l’étatgénéral se modifie, et alorsmême
qu’il n’existepasdediarrhée. Iln’en estpasdemême
danslapleurésie purulente :lemalade
se soutient mieux, l’assimilation n’estplus en pureperteet l’amaigrissement, s’iln’y a pasdecomplications,ne
faitpas des progrèstrès-rapides (2).Ilestfacile deserendre
compte
de l’importancede cette don- née,quand on songe
à l’énorme, spoliation de matériaux nutritifs(1) Leplat;Arch.
(2j Verliac;loc.cit.,p. 80.
que la suppuration prolongée répétée
va
fairesubir à l’écono-mie
déjà affaiblie et détériorée.Après
cesréflexionsqui'nous ontétéinspiréesparles observa- tions citéesplus haut,nous
allons poursuivre l’étude desphéno- mènes
consécutifsaux
ponctions. Voicil’analyse de quelques autres observations dans lesquellesnous
puiserons denouveaux
enseignements :Obs.
Un
enfantde 4 ans etdemi,un mois
etdemi
environ après le début de l’épanchement, subit la thoracentèse;un
flotdepus
verdâtre, épais, inodore, s’écouleparlacanule.Le
soulagement fut de courte durée, lemalade succomba
dix jours après.A
l’autopsie,toutela cavitédelaplèvre estremplie de pusmêlé
à des faussesmembranes. Le poumon
est réduit àune lame
mince, etc. (1).Obs.
A
lasuite d’une scarlatine,compliquée d’anasarque, sur- vientune
pleurésie, à gauche.En
quelquesjours, orthopnée,face cyanosée, livide, infiltrationœdémateuse
delaparoi thoracique, extrémités refroidies, parole entrecoupée, poulspetit etrapide,cœur
à droitedu
sternum,di- latationdu
côté, diarrhée, etc.La
thoracentèsedonne
1 litre depus, lecœur
revient en place.Amélioration,
l’œdème
généraldiminue
avec les autressym-
ptômes.Au
bout de quelquesjours, lecœur
est sur la ligne médiane, l’affaiblissementaugmente,
«bienque
l’appétit soitrevenu
»; la diarrhée estabondante.Mort
le treizième jour de lathoracentèse.A
l’autopsie, toute la plèvre est remplie de pus; tubercules (?)dansles ganglions bronchiques seulement(2).
N’est-il pas logique d’attribuer àla seule présence
du
pus des accidents qui disparaissent après son évacuation, et reviennentsi manifestement avec la reproduction de l’accumulation
puru-
lente?(1) Marcowitz,p. 42.
(2) Trousseau; Clin.,t, I,2®édit., p,648.
—
25—
Obs.
Au onzième
jour de l'accouchement,une femme
contracteune
pleurésie à gauche.La
ponctiondevient bientôt urgente,au neuvième
jourdu
dé- butdes accidents.On
retireun
liquidelouche «ressemblant àdu
bouillon épais ettrouble. » Quelques joursse passent, l’épanchement se repro- duit.Deux
semaines environ aprèsla ponction, elle se rouvre, endonnant
issueàune grande
quantité depus fétide.Mort
rapide.La
cavité pleuraleest trouvée remplie de gaz et depusfétide,
ilexistaitdeplus
une
pleurésie interlobaire (1).Ici encore
on
voit la fétiditédu
pus et lesaccidents dela fièvre putride suivreune
ponction, faite avec la canule à baudruche, sans nulle pénétration del’airpendant
l’opération.L’expulsion spontanée
du
liquide observée dans le cas pré- cédent, àlapériode ultime, quelques heures avant la mort, se rencontre dans plusieurs autrestraités parlesmêmes moyens.
Le mémoire
deFaure
contient sept cas,où
la pleurésie fut ainsitraitée; ily
eut six morts, et le seul qui guérit se compliqua
d’une fistule, ressource providentielle dans ces circon- stances.Les faitsde
même
natureabondent du
restedans les auteurs; tous ontproduitlesmêmes
conséquences,nous
croyonsdonc
su- perflu demultiplierici les citations (2).
Aujourd’hui, cette
manière
^d’agir n’est plus acceptée; et lemédecin
recourt à denouvelles ponctions toutes les foisque
les accidentsle réclament d’urgence.Nous ne
citerons icique deux
faits.La
suite de cette étude devantnous en montrer un grand nombre
d’analogues.Obs.
Après un accouchement
laborieux,une femme
de 25 ans(1) Trousseau;loc.cit.,p.647.
(1) Lire sur ce sujet:
Bégin; Dictionn. en30 vol., art., Empyème. Obs.de Piogey, thèseLacaze- Duthiers, p. 41. Lacaze-Duthiers; loc. cit., p. 67. Brotherston;Arch., 1853,
t.II,p.331.Vignes;loc.cit., p. 49.Meunier; ThèsedeParis, 1801,p. 86.
est atteinte d’un
épanchement
purulent, à droite, le huitième jour.Première ponction (1500
grammes
desérositétrouble).Soulagement
immédiat.Deux
jours après,retourdes accidents.Seconde
ponction :deux
litres de liquide verdâtre; trois jours plustard,même
état d’asphyxie; troisièmeponction:deux
litresdepus épaiset très-fétide.
Le
délire préexistant continue; quatrejours aprèsla dernière thoracentèse, lamalade
succombe.La
plèvre contenaitdu
liquideet des gazfétides(4).Lespartisansdes ponctions successives espèrent obtenir
une
transformation de la sécrétion purulenteen
séro-purulente, etléfinitivcmenten sérosité franche.
Dans
le casprécédent,nous
assistonsàune
transformation ab- solumentinverse; d’abordà l’état desérosité trouble, le liquide se convertitenpus,et celui-cià la seconde ponction estde plus altéré. Ilimporte cependantd’observer
que
dans ce cas, l’épan-chement
était à la période aiguë, etdans lesconditions les plus défectueusespour
la guérison. L’observation suivante est bien plus probanteà cepointdevue.Obs.
Un
jeunehomme
d’une constitutionrobustecontracteune
pleurésie.Au
bout d'un mois, l’épanchementprovoque
delàsuf- focation.Ponction:
un
litre etdemi
desérosité lactescente avec floconsalbumineux.
Sixjours après, seconde ponction, suivie de plu- sieurs autres,pour
ainsi dire de suite;chacune donne
deun
litreet
demi
àdeux
litres de liquide deplus enplus purulent.L
Jmalade meurt un mois
après lapremière ponction (2).Dupuytren
fitenun an
soixante-treize ouvertures chezun malade
quifinitpar succomber.A
la suite des ponctions, ilpeut cependant se passerune
autre série dephénomènes
aboutissantàune
période assez prolongée de rémissiondes accidents graves. Ces périodes de rémission sont analogues à celles qu'il estnormal
de rencontrerdans le cours de lapleurésiechronique, alternantavec des exacerbations.Cet état en imposerait bien àtortpour une
amélioration durable.(1) Lacazc-Duthiers,p.26.
12) Bégin
; loc. cit.
Ainsi voyons-nous, dans le travail de
M.
Lacaze-Duthiers, l’observation d’unhomme
de22 ans,indemne
de tubercules etmalade
depuisun
an.A
cette époque, l’épanchement réclame d’urgence l’opération.La
thoracentèsedonne du
séro-pus.Le cœur,
qui battaitun peu
en dehorsdu mamelon
droit«revient dedeux
pouces etdemi
en basetdetrois poucesà gauche. »La
canule est laissée jusqu’au lendemain. Lesforces résistent: appétit.Cependant au
bout d’un mois, l’amélioration estpeu
notable; la poitrinecommence
àsubirun
retrait.En
résumé, la pleurésie chronique a étéamendée
provisoire-ment;
elle suitensuite lamarche
naturelle qu’elle a parcourue déjàpendant un
an.L’épanchement
esten
quelque sorte latent, etnon
guéri.Ces faitssontd’ailleurs
moins communs
(i)que
ceux de répé- tition rapide des accidentsaprèslaponction.C. Fistule consécutiveà ce traitement.
L’ouverture spontanée et la persistance de l’ouverture après l’opération, sont des circonstances heureuses; elles ont
amené
bien desguérisons.Ilen estde
même du
casoù
lemédecin,voyant que
l’amélio- rationest éphémère, après deux, trois ponctions, se résout àmaintenirl’orificebéantet l’écoulementlibre.
Obs.
M.
Tessier (deLyon)
fait lathoracentèse chezun
soldat de 36 ans,au
secondmois
dela maladie.Cet
homme
estréduiten
cemoment
àun
état de cachexie avancée : abattement, exacerbations fébriles vespérales, sueur nocturnes, toux,aucun
signe physique de tubercules.
Des
syncopesrépétéeset lacyanose décident àla thoracentèse,que
l’onfaitsuivrededeux
litresd’injection iodée.La
plaie reste fistuleuse etsuppurependant deux
mois, puis se cicatrise.La
guérisonestcomplète àcetteépoque
(2).(1) TeissieretRécamier; Gaz.des hôp., 1842.
(2) Vignes; p.50.