-p
|?-6'5.T
7vu Y"
CONVENTION NA II ON AL E.
OPINION
/
. ..ms©
D
EPHILIPPE AUX, Député de
laSarthe,
A
la feancedu
y brumaire.Sur V égalité des partages.
Imprimée par ordre de la Convention-.
Citoyens,
Le
plusgrand
bienfaitque
vous puïïiez offrirauPeuple
français après la conftitution , étoic, fans contredit , la
prompte
émiflion d’uncode
civil qui balayât toutes les orduresamoncelées du régime
féodal, Sc rattachât ,pour
ainfidire , à
un
centrecommun,
toutesles fedtions éparfesde
laRépublique
,en
fixant d’unemanière uniforme
cette partie eflentiellede
l’économie fociale, anarchifée dansun
fouillisde
préceptions incohérentes&
barbaresqui , par leur aétion plus vive Sc plus.directe fur les fenfations
humaines
, écoientune
fource perpétuellede
fédéralifme. .
O
!A
X
A
la fuitede
cegrand
ôc falutaireouvrage, quinze
articles d'appendice ont fait
remonter au 14
juillet1789
le principe éternel
de
l’égalité deî partages,en annul-
lant toutes les difpofîtions faites depuis cetteépoque
contre levœu de
la nature ,ou
par efpritde
haine ôcde
malveillance contre les apôtresde
notrefublime
révo- lution.A
peine le décret fut-ilrendu,
qu’on vit arri- verde
toutes parts les réclamations&
les crisdouloureux de
l’ariftocratie, fous .des dehors hypocrites; plusieurs d’entre
nous
ont craint d’avoir outré lamefure
ôc portéle tFoüble
dans
les familles. îls vous ont ditque
tout effet rétroactifdonné
à la loieh un crime
: j’encon-
viens avec eux}mais
je nieque
le décretdont on
fol- licite le rapport puifle offrir ce caractère.Le premier
article
de
la déclaration des droits décrétéeen 1789,
porteque
tous leshommes
fontégaux
en droits :de
cemoment
toute violationdu
principe d’égalité eft de-venue un crime
,un
attentat puniffable,
que
vousne
pouvez
fanélionner fans trahir le plus faintde
vosde-
voirs.
Le
rapportqu’on
vous propofeeh un hommage
à la tyrannie » Ôcun
brevetd'encouragement
aux contre-ré- volutionnaires.A
partirdu
14juillet1789
,tousleshommes
ont
dû
être parfaitementégaux dans
l’exercicedes droits politiques :comment
pouvoiradmettre
qu’ilsn’ont pasdu
l’être
dans
la jouiffance des droits civils ?Par
quelle bi- zarrerie, lorfque lerégime
fraternel avoirune
exiftence ïîôceffaire entre l'habitant desAlpes &
celuidesVofges, ne
feroit-il exclus de repouffé qu’entre les enfansdu
même
père, bien plusftri&emenr égaux
entreeux de- vant
la nature ôc les principes républicains?Les hommes
féparés par
deux
cents lieuesde
diftanee fontdevenus
politiquement égaux par la déclaration des droits, par
l’immortelle révolution
du 14
juillet1789
; êc ceux quiont
été élevés fous lemême
toit, qui ont reçu lesmêmes
impulsons
, contracté lesmêmes
habitudes, lesmêmes
befoins, auroient été civilement inégaux 1l’un auroit
eu
?
îe
bonheur en
partagejÔc l’autre la misère avec le défef- poir!Quel
eftonc
cet étrange jfophifme, qui veut faire confacrer la plus odieufede
toutes les barbaries ?Quand
le
Peuple
françaisa manifefté favolontéfuprême dans
la déclaration des droits, n’a-t-il pas anathématife ce fÿl-tême
abfurde? n’a-t-ilpas garanti à tousles citoyensque
déformais il n’y auroit plusde
différence entre le fort des uns ôc des autres? Si la loi réglementairequi
devoit ap- pliquer à tous les cas ce principefécond
ôc régénérateur ,a
éprouvé
des retards, le droitde chacun
n’en étoit pasmoins rigoureufement
acquis, ôc toute atteinte à ce droit étoitun
vol.Quand
le corps conftituant décréta, le inovembre
,
que
les biens ecdéfiaftiques écoientune
propriété nationale , ilne
rendit pas incontinent les lois qui réalisèrent dans la fuite cette déclarationfolem-
nelle} ôc cependant n’a-t-on pas
remonté
jufqu’au ino- vembre pour
déclarer milles routes les difpofitionsma-
térielles
de
la fainteéglifedepuis cetteépoque
?L
égalité des partages depuis le14
juillet n’eft clone pasune mefure
rétroactive; elle n’eftque
ledéveloppement
né-i ceffaire d’une loi préexiftante Ôc inviolable.
Vous
aviezcj
déjà confacréce
grand
principe par votre loidu
x3mars,
fur les émigrés,dont
l’articleXXXVIII
déclare milles.I toutes difpofitions par eux faites depuis le
premier
|
juillet
1789
:ceta<5tede
juftice en faveurdu
fiscne
vousl
permet
pasde
prendre, dans la légiflation civile,une
attitude oppofée. Citoyens ! veuillez réfléchieque
lesj
opinions politiques fe font prononcées
au moment même de
l’explolion révolutionnaire : lescœurs géné-
|
reux ôc faits
pour
la liberté ont treftaiilide
joie à lavue
I
de
cettegrande
fecoufle, ils fe font élancés avec ravif|
fement
vers l’autelde
la patriej mais cet élan
fublime
1 a été contre la plupart
un
lignaide
profçription,Les
|
vieillards, qui tiennent
généralement
à leurs anciennes;
habitudes, ont regardé le nouvel état
de
chofescomme
i
une grande
rébellionaux
idolesdu temps
; lesorgneiL
Â
z4
leux , leségoïftès,
en
.ont frémi ,&
tousont cm
devoir traiteren ennemis
les héritier parriotes,
pour
favoriferceux
qui partageoient leurs principesimmoraux. Veut- on que
ces viébimes intérelfantes foient réduites a envi- fager les vertus républicainescomme une
caufe efficientede
misère ôcde
réprobation ? Ellesvous
conjurentde
leur tendreune main
prote&rice&
fecourable ; repouf- ferez-vous fans'pitié leurs doléances?vous
déclarerez-vous
complices des oppreffieurs qui les' ont dépouillées ?manifefiierez-vous par
un
décretque
les malvcillansont droit à la proteélion exclu/ivedu
fenat, ôcque
lesamis du Peuple
n’en ontaucun
àfa juftice?On
objeéleque
les' fucceffionsou
donations déjà recueillies font des chofes facrées, fur la foi defqueîlesen
aformé
des établiffemens,contra&é
des mariages5 créé des dettes, ôcque changer
l’exiftence des pof- feffeurs , ce leroit opérerun
bouleverfement
généraldans
les familjes , endonnant
ouverture àune
multi-tude de
procès.Cet argument de
barreaune
peutme
féduire : la loi
de
nature eft antérieure à toutes les dif- pofitions. Si la loidu
plus fort a confacréun
larcin,
que
m’importent
les fpéculations fubféquentes !Le
vol peut^*il être légitimé par la crainte
de
nuireau malhonnête
homme
qui s’eneh
enrichi ?Parce que mes
auteurs ont étégénéreux
àmes dépens
, ôc qu’ilsm’ont rendu mifé-
rable depuis17^9
, s'enfuit-ilque
je doive l’être tou- jours ?Parce que mon
frère a époaféune femme
riche8
c joi e , fur la foi d’une fortunemal
acquife , s’en- fuit-ilque
je doive réfter célibataire 8cmalheureux
?"Vous dites
que
ces acquifitions,illégitimes font aujour- d’hui l’arche fante, à laquelle il n’eft pas permisde
touch'T fanscommettre ine
violationdu
droit facréde
propriété\
mais
le droit d’aindîe, qu’on tenoit
de
la oi , avoirun
caractèremoins
odieux,moins
repoufïant,eue
l’expropriationophée
par la pure volontédç
Ihaaune
:cependant
tous lçsengagemens
formés- futï
la foi
de
ce privilège légal font évanouis par l’effetdes
nouveaux
décrets.On
avoit aufliformé
des établif-femens
8c contraété des mariages fur la foi des penfionsde
la cour, des places de finance , des magiftuaturesde
l’ancienrégime
, des droitsféodaux fupprimés
fansindemnité
•cependant
le génie révolutionnaire a fait difparoître toutes ces créationsde
la tyrannie , fans s’inquiéterdu
fort des po(Te;feurs 8cde
leurs cliens.Si votre
argument
étoit adirnilible, il faudroit, par
une
conféquence
naturelle, rétablir les penfionsde
la cour,
les 'parlemens
, les fermiers-généraux, le
régime
féodal:vous
devez
,pour
être d’accord avecvous-mêmes
, faire décréter la contre-révolution. Jene veux
pasen
diredavantage pour démontrer
dans quellemonftrueufe
erreur je font jetés ceux qui follicitent le rapportde
votre décret.On
vous ditque
ce décret , s’il n’eft pas détruit parnous
-mêmes
, le lera par nos fucceffeurs.Ne
craignez point cette innovation : i’œil fevèrede
l’o- pinion publiqueen
impofera trop à la légiflaturepour
quelle le permetteune
telle licence ; 8c fi elle l’ofoit,
le peuple, fans la fanétion
duquel
fes décrets feront fans force, en auroit bientôc fait juftice, parceque
les principesde morale
8c d’équité ne s’altéreront jamaisdans
fes mains. Il vous aenvoyés
, ce peuple ,pour
réparer autant qu’il eft en vous les vexationsde
l’ancienrégime
} vousen
avezune
occafion précieufe.Aimeriez-
vousmieux
perpétuer dans lamain
d- vosennemis
ces fortunes colofiaîes quimenacent
laRépublique
, 8cen
feroient le polype rongeur,
que de
faire des heureuxen
les divifantau
gréde
la juftice ? Citoyens, s’il eftparmi nous
quelques êtresdont
l’intérêt perfonnel fe trouveen
oppofitionau
décret , qu’ilsen
faffent le fa- crihcegénéreux au bonheur
général.Quand
le peuplenous
a inveftisde
fa puiflancepour
fonderune Répu-
blique , ilnous
a diftinguéscomme
les plusmagnanimes
perfonnages,comme
les plus capablesde
l’abnégationI
é
te
du dévouement
qu’exige la félicitécommune. Pé-
ttétrons-nou?